POV Tifa
Les autres étaient sortis dormir à l'auberge la plus proche. Il ne restait plus que moi, Cid et Vincent. Si je m'étais portée volontaire pour nourrir ce dernier, c'était parce que je ne voulais pas qu'il parte, je m'étais en quelque sorte attachée à sa présence. Je commençais d'ailleurs à apprécier son côté solitaire et distant. Même s'il était froid et paraissait sans sentiments, je m'étais rendue compte que s'il se comportait ainsi, c'était sans doute pour cacher une grande sensibilité, j'avais lu dans son regard. Il devait en avoir vécu des choses pour en arriver là…
Je me rendis dans la petite chambre entre les deux autres et, épuisée par cette journée, je m'affalais sur le lit et m'endormais presque aussitôt.
POV Vincent
Les jours passèrent et Cid se remettait peu à peu. Il faut dire que je ne l'avais pas ménagé. Quand je le croisais, je n'osai pas affronter son regard. La culpabilité prenait le dessus, est-ce qu'il m'en veux ?
Pour en avoir le cœur net, il fallait que j'aille lui faire mes excuses, c'était la moindre des choses. Après un repas où je restais assis a table et regardais les autres manger, j'étais décidé à lui parler. Il se leva, je le laissa monter jusqu'à sa chambre puis je le suivis et je frappai à la porte de sa chambre.
-Qui c'est ?
-C'est Vincent.
Un silence se marqua.
-Va-y entre.
Je poussai la porte et le vit allongé, les mains derrière sa tête comme à son habitude. Il me fixait et devait se demander ce que je faisais là… Hésitant, je parvins tout de même à sortir quelques mots.
-Je…excuse moi pour l'autre soir…
-Oh mais ce n'est rien ! C'est pour ça que tu m'évitais ces jours ci ? Dit-il avec le sourire.
Un peu surpris je continuais.
-Tu es sur que ça ne t'ennuie pas ?...Si j'avais été plus loin j'aurais pu te…
-Mais tu ne l'as pas fait…
Je soupirai.
-Décidément je ne suis qu'un monstre…
Il se releva et s'assit au coin du lit. Je baissais la tête.
-Arrête de dire ça tu veux ? Si tu l'aurais vraiment été tu n'aurais jamais chercher a me sauver comme tu l'as fait !
-Oui mais…
-Tu es sujet d'une expérience ! Tu n'y es pour rien !
Il y avait tant de choses qu'ils ne savaient pas…
Sur un air de résignation, je hochais la tête puis fit mine de partir.
-Merci Cid.
-Mais de rien !
Je sortis. Il ne savait apparemment pas qui s'était proposé pour être mon calice, ma nourriture.
Assis sur le rebord de la fenêtre de ma chambre, j'étais perdu dans mes pensées. La lune formait un croissant et les étoiles scintillaient autour d'elle. A ce moment là, je me sentais comme étranger au groupe qui avait bien voulu de moi. Pour rester parmi eux j'étais contraint d'être nourris par Tifa. Elle n'avait rien demandé mais je savais que c'était par gentillesse envers moi qu'elle avait agit. Je la voyais tout autrement a présent. Elle était bien différente des autres. Peut être était-ce la seule capable de me comprendre ?
Ce monstre tout au fond de moi, non, la bête que je suis, un être malsain capable de mordre n'importe qui pour arriver a ses fins…Je ne méritais pas de vivre alors que mon amour, Lucrécia elle était morte en donnant la vie a Sephiroh. D'ailleurs c'est pour ça qu'aujourd'hui, je ferais tout pour l'arrêter…Mais fallait-il vraiment l'éliminer ? Savait-il qui était sa vraie mère ? Qu'avait fait Hojo de lui après m'avoir enfermé dans ce sinistre cercueil ? Je croyais connaître la réponse.
Je me posais trop de question.
On frappa à la porte.
-Entrez.
-Bonsoir Vincent.
J'ouvris grand les yeux. Elle n'avait pas cherché à m'échapper. Elle était venue.
POV Tifa
Il était vêtu de sa veste et de son pantalon noir. La lune illuminait la moitié de son visage et paraissait étonné de ma venue. J'aimais le voir comme ça.
Je m'approchais et m'assis en face de lui sur le rebord de son lit. Je dégageais mon cou en balançant mes cheveux sur le côté. Je voyais dans son regard qu'il semblait hésiter, il avait l'air si triste.
-Va-y Vincent.
Mes yeux étaient clos. Je ne cessais de me répéter que ce ne serait qu'un mauvais moment à passer. Finalement, je sentis deux mains me prendre par les épaules. Je sentis son souffle chaud puis ses lèvres me caresser. C'était agréable, mais je me doutais que le pire restais à venir. D'un seul coup une douleur horrible me fit tressaillir, je sentis deux choses pointues, deux crocs me percer la peau. Mon sang fut aspiré. J'entendais le vampire déglutir à chaque bouchée. Cela me donnait la nausée, je n'aurais jamais cru qu'on pouvait éprouver tant de plaisir à sucer le sang d'un être vivant. Peu à peu, je me sentais faiblir, j'espérais qu'il n'avait pas oublié de me laisser en vie. Le liquide chaud dégoulinait bien qu'il essayait de tout boire. Je cru que ce moment durait une éternité. Soudain il me relâcha, je ne me sentais pas bien et il me porta jusqu'à mon lit.
-Je vais te chercher à manger. Murmura-t-il de sa voix douce.
Il revint avec pleins de bonnes choses sucrées.
-J'espère que je ne t'ais pas fait trop mal.
-Non non ça va. Ai-je mentis.
-Bien…j'y vais.
Au moment où ses mains atteignirent la poignée de la porte, je ne voulais pas qu'il parte…
-Vincent !
Il se retourna, surpris. J'aimais voir ses magnifiques yeux rouges s'agrandir, son visage d'habitude si triste avoir une expression de surprise.
-Reste, s'il te plait.
Il s'essaya sur le coin de mon lit visiblement troublé.
-Je…j'aimerais que tu restes un moment…avec moi…
Peut-être était-ce un caprice de ma part…mais cet être qui avait bu mon sang, effrayant en apparence mais cachant une grande sensibilité, m'attirait énormément.
Je sentis mes joues devenir rouges, j'espère que dans la pénombre de la chambre, il ne le remarquerait pas.
Lui, fixait le ciel, les étoiles sans doute. Moi, j'étais couchée et je l'admirais en cachette. Je savais a présent que j'éprouvais des sentiments pour lui. J'avais eu du mal à l'admettre car, au début il m'avait effrayée, mais depuis le moment où je sentis ses lèvres si douces sur ma peau, son visage si près des miens, tout s'était éclairé.
Sentir ton souffle sur ma peau,
Te voir si près de moi,
Rien n'aurait pu paraître plus beau
Que ce jour qui m'a mise en émoi
POV Vincent
Je fixais la lune, la seule chose qui me portait conseil.
Je n'osai rien dire dans cette ambiance. Tifa, elle, semblait dormir, je n'osai la regarder.
Je m'étais nourris aussi sauvagement que je l'était. A présent, elle, mon calice, était avec moi, son bourreau qui vivait grâce a ce qu'elle avait de plus pur : son sang, doux et sucré. Je dois avouer que j'avais pris plaisir à mordre dans ce cou si jeune. Malgré tout je savais que je commettais le énième péché de ma vie, mais rien n'aurait pu m'arrêter.
Après ça je ne pouvais plus me débarrasser de ce statut de monstre qui me hantait tant.