L'apprenti sorcier

Lorsque Harry se réveilla le lendemain matin, il cru d'abord que sa nuit n'avait été qu'un rêve. Un rêve, certes, bizarre, mais surtout invraisemblable. Mais lorsqu'il vit sa Cape d'Invisibilité gisant sur sa pile de vêtements, et qu'il constata l'étrange odeur de son pantalon, il dû se rendre à l'évidence. Il avait en effet conversé la nuit passée avec nul autre que Salazar Serpentard. Enfin… Avec le souvenir du célèbre sorcier. Mais tout de même. Alors qu'il attrapa un nouveau pantalon, il se souvient de l'offre. Il n'avait aucune idée de ce qu'il devait faire et encore moins de ce qu'il voulait faire. Il décida de repousser sa décision à plus tard.

Durant le petit déjeuner ils découvrirent avec consternation qu'Ombrage avec été nommée Grande Inquisitrice de Poudlard. Elle avait maintenant le droit d'inspecter les professeurs. Son pouvoir grandissait. Harry sentit la cicatrice picoter sa main, mais il n'était pas le plus choqué par cette nouvelle. Hermione était scandalisée.

Ils étaient encore en train de digérer cette mauvaise nouvelle lorsque Rogue leur rendit leur essai de la semaine passée, noté selon le barème des B.U.S.E.s.

'J'espère que vous ferez un plus grand effort pour votre devoir de cette semaine qui portera sur les divers types d'antidotes aux venins, sinon, je serai obligé de donner des retenues aux ânes qui n'arrivent pas à obtenir plus qu'un D.'

Harry sentit ses joues devenir brûlantes. Il savait que cette remarque sournoise lui était spécialement destinée. Si Rogue avait la moindre idée de ce qu'il avait fait hier soir, Harry était sûr que son ton aurait été un tantinet différent. À ce propos, qu'était-il censé faire ce soir?

Il écouta d'une oreille distraite ses amis commenter le système de notation lors du déjeuner, et c'est seulement lorsqu'Ombrage débarqua dans leur cours de Divination qu'il fût arraché à ses pensées. Son sourire avait rarement été plus mauvais, et la classe entière assista, désemparée, à l'intimidation du professeur Trelawney. Harry échangea un regard avec Ron. Aucun des deux ne prenait Trelawney au sérieux, mais leur haine pour Ombrage était plus forte. Personne ne méritait le mauvais traitement que la professeure de Divination était en train de subir. Harry réalisa que le but d'Ombrage n'avait jamais été d'inspecter les professeurs. Son objectif était de rappeler à tout le monde qui tenait réellement les rênes de Poudlard. Et ce n'était pas Dumbledore.

Tout ceci n'était qu'une démonstration de pouvoir. Harry se sentit impuissant face à tant d'injustice. Poudlard était son foyer, et Ombrage était en train de tout mettre en œuvre pour détruire ce qui avait donné à Harry la force de vivre et de survivre.

Ce sentiment d'injustice culmina lorsqu'elle ôta cinq points à Gryffondor lors du cours de Défense Contre les Forces du Mal, parce qu'une étudiante avait eu l'audace de discuter de la leçon pendant le cours… Et cette étudiante n'était autre qu'Hermione Granger. C'en était trop pour Harry.

'Et pourquoi?' Demanda Harry avec colère.

'Pour avoir perturbé mon cours avec des interruptions intempestives,' répondit le professeur Ombrage de sa voix doucereuse.

Elle commença ensuite à expliquer aux élèves tout le mal qu'elle se donnait pour leur enseigner une méthode approuvée par le ministère qu'aucun de ses prédécesseurs ne s'était donné la peine de suivre sauf, peut-être, le regretté professeur Quirrell. D'ailleurs à propos de Quirrell…

Lorsqu'il sortit du bureau d'Ombrage à une heure avancée de la soirée, en tenant sa main ensanglantée contre lui, Harry savait qu'il n'aurait pas dû mentionner le petit défaut de Quirrell, à savoir qu'il avait eut Lord Voldemort collé à l'arrière de la tête. Il se dirigea vers la tour de Gryffondor en tentant de dissimuler sa main blessée. Heureusement pour lui, les couloirs étaient pratiquement désert à cette heure-ci. Il s'arrêta à côté d'une fenêtre pour reprendre son souffle et réfléchir à la situation.

Il n'apprendrait rien cette année pour se défendre face à Lord Voldemort s'il devait l'affronter à nouveau. Le monde des Sorciers le considérait comme un menteur, et le seul adulte le croyant entièrement, Albus Dumbledore, avait décidé de l'ignorer complètement. Harry n'avait aucune idée de pourquoi il se comportait ainsi, mais cela lui faisait mal rien que d'y penser. Il avait besoin d'aide. Il avait besoin de soutien et de conseils, et personne n'était là pour lui en donner.

Enfin… Il y avait bien quelqu'un. Mais soyons sérieux! Il ne pouvait pas faire confiance à cet homme! Il ne pouvait pas faire confiance à l'ancêtre du mage noir qui essayait en ce moment même de le tuer! N'est-ce pas?

Y-avait-il quelqu'un d'autre?

Soudainement, Harry se sentit très vulnérable. Il n'était qu'un pathétique garçon isolé essayant de dissimuler ses blessures dans un couloir sombre. Il avait l'impression d'être une proie tapie dans l'ombre en attendant de regagner suffisamment de courage pour se montrer devant ses amis. Parce qu'il ne voulait pas de leur pitié. Il était las d'être le petit orphelin laissé au bon vouloir d'adultes ne le considérant pas assez mature pour lui expliquer ce qu'il se passait.

Il ouvrit son sac et, après avoir jeté un œil aux alentours pour s'assurer qu'il était bien seul, il récupéra sa Cape et l'enroula autour de lui. Il changea de direction pour rejoindre les toilettes des filles du deuxième étage. Après s'être à nouveau assuré que nul ne le verrait, il ouvrit pour la deuxième fois la Chambre des Secrets.

Salazar observa le jeune homme traverser la salle pour le rejoindre avec satisfaction. Il n'avait jamais douté car il savait à quel point Harry était désespéré. Il avait beau être enfermé dans la Chambre, Poudlard restait son château. Et il possédait bien des moyens de savoir ce qu'il se passait dans son école.

'Bonsoir Mr. Potter,' dit-il paisiblement. 'Je vois que vous avez pris votre décision.'

Harry s'arrêta devant lui, raide, et hocha la tête.

'Alors allons-y,' sourit Salazar. 'Rangez votre baguette,' il ordonna avec un sourire malicieux. 'Dites-moi ce que vous savez au sujet de la magie sans baguette.'

Harry prit son temps avant de répondre. Il avait découvert la magie sur le tard, mais cela ne voulait pas dire qu'il n'en avait pas fait l'expérience avant. C'est juste qu'il ne savait pas ce qu'il faisait vraiment. Cependant, il est vrai qu'il avait été capable d'utiliser la magie… une faible magie sous l'influence de ses émotions. Des émotions fortes. Il était bon de remarquer que le résultat était souvent chaotique.

'J'ai appris en cours de Sortilèges que la magie est aussi naturelle dans ce monde que… l'oxygène si on peut dire,' commença Harry en se remémorant ses cours. 'Les baguettes sont un moyen de la canaliser afin d'obtenir l'effet souhaité. Mais je sais que certains sorciers et sorcières peuvent manipuler la magie sans y avoir recours.'

'Bonne réponse, quoique très théorique,' dit Salazar. 'Vous est-il déjà arrivé de pratiquer une telle magie?'

'Quand j'était petit, je l'utilisais souvent pour me protéger de mon cousin,' répondit Harry. 'Il était… ce n'est pas très important. Disons qu'il n'était pas spécialement amical. Je ne savais encore rien du monde des Sorciers, et je n'avais aucune idée de ce que je faisais. J'était persuadé d'être anormal, un monstre, et je me souviens que j'étais souvent en colère ou effrayé. Pendant ces moments là des choses étranges se passaient autour de moi. Je savais que c'était plus ou moins à cause de moi, mais je ne savais pas comment et je n'avais aucun contrôle dessus.'

Salazar écoutait attentivement. Harry avait presque eu la même enfance que son Héritier et il trouvait cela fort intéressant. « Un Monstre? » Typique des Moldus… Bref.

'Vous dites que vous ne saviez pas comment vous déclenchiez ces étranges évènements,' releva Salazar. 'Mais vous souvenez vous de ce à quoi vous pensiez pendant ces moments?'

'Ça dépend.' Harry se concentra. 'Si j'étais effrayé, il arrivait souvent que je me téléporte...'

'Que je transplane,' corrigea Salazar.

'Ah, ok. Donc je transplanais souvent à des endroits bizarres. Lorsque j'étais en colère, mes poursuivants pouvaient trébucher sur des obstacles invisibles. Mais c'est déjà arrivé que ce soit plus… compliqué. Une fois j'ai même enfermé mon cousin derrière une vitre au zoo.

'Le zoo?' Demanda le vieux sorcier.

Harry expliqua en quoi consistait un zoo ainsi ce qui s'était passé ce jour-là. Il avait réussi, à sa grande surprise, à parler avec le serpent derrière la vitre. Son cousin l'avait ensuite bousculé, le projetant au sol, et il se souvient de la colère et de l'indignation qu'il avait alors ressentit. Si on lui avait demandé son avis, Dudley était un animal et c'est lui qui aurait dû se trouver enfermé derrière la vitre.

Les yeux de Salazar scintillèrent et il leva un doigt.

'C'est précisément ce que je voulais entendre!'

'Vous voulez dire que ce qui s'est passé ce jour-là n'était pas un accident?' Demanda Harry confus.

'Un accident?' Se moqua Salazar. 'Non ce n'était pas un accident. C'était un plan élaboré et parfaitement exécuté.' Il fixa le garçon et continua. 'Vous avez dit tout à l'heure que les baguettes étaient un moyen de canaliser la magie, et vous avez tout à fait raison. Saviez-vous qu'autrefois elles n'existaient même pas? Les sorciers et les sorcières ne pouvait compter que sur leur affinité avec la magie pour interagir avec leur environnement. Les baguettes nous ont aidé à produire une magie puissante et suffisamment efficace pour nous permettre de grandir dans l'ombre, invisibles aux yeux des Moldus. Mais j'ai bien peur que cela nous ait fait oublier le don avec lequel nous sommes nés.' Il marqua une pause afin de laisser le temps au garçon d'absorber ce qu'il venait d'expliquer. 'Nous avons façonné des sortilèges, des enchantements et des malédictions pour faciliter notre manipulation de la magie, mais avec le temps vous comprendrez que tout ceci ne constitue qu'une limitation de nos pouvoirs.'

Les yeux de Salazar pétillaient et une aura intense l'enveloppa pendant son explication. Harry ne put s'empêcher de penser que si ses professeurs étaient comme lui, il n'aurait eu aucun problème à écouter en classe.

'Pour quiconque capable de visualiser clairement ce qu'il veut accomplir, l'usage de la baguette devient trivial.'

'Donc on a juste besoin d'imaginer ce qu'on veut faire et… c'est tout?' Demanda Harry surpris par la simplicité de la tâche. Il en était presque déçu.

'C'est tout,' sourit Salazar avec un air rusé. 'Cependant, ne vous y trompez pas. Visualiser l'impact que vous souhaitez avoir sur votre environnement peut sembler simple. Mais je peux vous en assurer le contraire.' Il considéra le jeune homme pendant quelques secondes et ajouta : 'Voyons ce que vous pouvez tirer de ces explications.'