Le dernier Basilic
Harry sentit le Vif d'or se débattre avec fureur au creux de sa main alors qu'Ombrage annonçait, souriante, que Fred, Georges et lui seraient, à partir de maintenant, interdits définitivement de rejouer au Quidditch. Ils venaient de remporter le match contre Serpentard, mais leur victoire avait été gâché par les railleries de Malefoy qui avait insulté violemment, entre autres, leurs mères respectives. Lorsque Harry avait repris ses esprits, Malefoy était dans un état pitoyable et il se trouvait dans le bureau de McGonagall avec les jumeaux Weasley.
C'était déjà dur d'avoir déçu un des professeurs qu'il respectait et appréciait le plus à Poudlard, mais l'intervention d'Ombrage était pire que tout. Quand la sentence tomba, il eut l'impression que son esprit avait quitté son corps pendant un instant. Quoi ?!
Il ne pouvait pas être interdit de jouer au Quidditch! Et elle prenait son Éclair de Feu avec elle ?!
Pendant l'espace d'un court instant, il s'imagina utiliser les pouvoirs qu'il avait développé auprès de Salazar pour réduire à néant cet infâme crapaud qu'était cette femme. Il imagina son sourire doucereux se tordre en une grimace de douleur alors qu'il lui faisait subir mille et un tourments. De la haine pure pulsait dans ses veines.
Lorsqu'Ombrage, intacte, quitta le bureau dans un silence horrifié, Harry pensa qu'il était devenu aveugle et sourd. C'en était trop. Le Quidditch était la dernière chose lui restant qui lui permettait de s'évader. Il n'arrivait pas à éprouver cette sensation de liberté intense ailleurs sur son balai. Là-haut, il était invincible et tout ses problèmes s'évanouissaient. Si McGonagall dit quelque chose, il ne l'entendit pas, et il quitta le bureau sans attendre les jumeaux. Abasourdi, il traversa tel un automate les couloirs de l'école sans trop savoir où il allait.
Il se retrouva devant le lavabo qui commandait l'ouverture de la Chambre des Secrets et dû se retenir aux rebords pour ne pas tomber au sol. Le lavabo était rempli d'eau et Harry pouvait voir son visage nauséeux se refléter dedans. Peut-être y avait-il une fuite. Ou bien Mimi Geignarde avait encore inondé les toilettes des filles. Quelle importance?
Soudainement, il frappa du poing le miroir au-dessus du lavabo si fort qu'il explosa en une myriade de tessons qui s'éparpillèrent autour de lui. Certains d'entres eux restèrent plantés dans sa main, et son sang commença à couler. Voilà qui avait été extrêmement stupide de sa part, mais en même cela lui fit du bien. Insouciant de qui pourrait bien le voir, il ouvrit le passage et s'engouffra dans le tunnel.
Salazar ne s'était pas attendu à voir le jeune Mr. Potter aussi tôt. Mais lorsqu'il vit son visage et sa main, il su que quelque chose de grave se passait. Ce n'est pas que la vie de Harry comptait beaucoup à ses yeux, mais un apprenti blessé ne pouvait pas apprendre efficacement. Et cela l'ennuyait profondément.
'Bonjour, Mr. Potter,' salua-t-il poliment. 'Vous êtes un peu en avance aujourd'hui.'
Harry ne lui répondit pas et s'approcha de la fontaine pour atténuer la douleur qui transperçait sa main.
'Saviez-vous qu'avec une blessure de ce genre vous auriez pu sectionner certains de vos nerfs et perdre l'usage de votre main?' Demanda Salazar sarcastiquement. 'Remarquez, cela n'aurait pas été très grave étant donné que vous commencez à devenir compétent en magie informulée. De ce fait, que vous ne puissiez plus tenir une baguette ou un balai ne serait pas si dramatique.'
La raillerie n'échappa pas à Harry et se tourna vers le vieux sorcier. Ce n'était pas la première fois qu'il remarquait les allusions étranges de Salazar.
'Comment faites vous pour savoir ce qu'il se passe dans le château?' Demanda Harry en enveloppant sa main d'un morceau de tissu propre.
Salazar hésita un instant mais, après tout, il ne serait bientôt plus de ce monde, et il aurait besoin de quelqu'un pour prendre soin de la créature. Il s'approcha de la statue le représentant et siffla un ordre que Harry reconnu immédiatement. Avec horreur, il vit la bouche de la statue s'ouvrir, et un serpent émergea de l'ouverture. Harry ferma immédiatement ses yeux.
'Cela ne sera pas nécessaire,' dit Salazar doucement. 'Ce Basilic n'aura pas la maturité nécessaire pour tuer de son regard avant au moins cinquante ans.'
Harry ouvrit ses yeux et considéra le serpent. C'était évident qu'il n'était ordinaire bien qu'il eût seulement la taille d'un boa.
'Où l'avez-vous trouvé?' Demanda Harry.
'Nul part,' dit Salazar avant de pointer la carcasse du Basilic mort de son doigt long et fin. 'C'était une femelle et son fils est le dernier Basilic en vie à ce jour.'
Le serpent s'approcha de Harry avec un air curieux.
'Heu Salut,' siffla Harry peu sûr de lui. Il regarda le serpent hocher sa tête en réponse et il se blotti contre sa cheville. Immédiatement, Harry oublia l'intégralité de ses problèmes et Ombrage. Il ressenti l'étrange sensation d'être très proche de la créature.
'Un Gryffondor et un Basilic,' dit Salazar avec un petit rire. 'Si seulement Godric avait pu voir cela.'
Harry jeta un coup d'œil vers le fondateur qui regardait le serpent avec un air tendre que Harry n'avait encore jamais vu auparavant. Lorsque le vieux sorcier leva ses yeux sur Harry, toute trace de tendresse disparu.
'À présent, je suggère que nous fassions bon usage de votre présence ici, si vous le voulez bien.'
Harry emprunta le passage derrière le portrait de la Grosse Dame avec le cœur lourd. Il avait réussi à ne pas se ridiculiser devant Salazar, mais les récents évènement lui revinrent dès qu'il quitta la Chambre. Ron, Hermione, Fred et Georges étaient assis devant le feu de cheminée. Tout le reste de l'équipe était parti se coucher, et quelques autres étudiants parlaient discrètement dans leur coin.
'Harry où étais tu passé?' S'exclama Hermione. 'Que s'est-il passé avec ta main?'
'Ce n'est rien,' dit Harry d'un ton maussade. 'J'avais juste besoin de prendre l'air.'
Hermione hocha la tête. Elle savait ce qu'il s'était passé dans le bureau de McGonagall. Il se joignit au group silencieux et regarda misérablement le feu. Il n'y avait rien à dire.
En se mettant au lit, Harry regarda la neige qui avait commencé à tomber à l'extérieur. Ils avaient gagné contre Serpentard et leur soirée aurait due être consacrée à faire la fête. Mais l'ambiance était pire que s'ils avaient perdu.
Cependant, il avait réussi à manipuler deux rochers, autrement plus gros que de simples galets, en même temps et du premier coup sans avoir recours à sa baguette ou à des sortilèges. Il considéra tous les progrès qu'il avait effectué auprès de Salazar au cours des trois derniers mois. Tout n'allait pas si mal et peut-être que, finalement, il n'était pas un sorcier aussi mauvais que ce qu'il pensait.
Aussi, il avait fait la rencontre du Basilic. Ils avaient discuté ensemble avant qu'il ne s'en aille. Heureusement pour lui, la créature n'était pas du genre rancunier et comprenait la dure loi de la Nature : « Tuer ou être tué. ». D'autre part, les liens familiaux n'étaient pas aussi importants pour les Basilics qu'ils ne l'étaient pour les humains. Apparemment, il était né quelques jours après le combat de Harry dans la Chambre des Secrets lors de sa seconde année. Salazar s'était occupé de lui et lui avait appris à chasser et à se débrouiller seul. En échange, le serpent utilisait les conduits de l'école pour récupérer les informations qui pouvaient s'avérer utiles au fondateur. Harry n'avait pas vu le temps de leur conversation passer.
