Un pion parmi tant d'autres

Il s'immobilisa devant la gigantesque statue blanche en attendant l'arrivée de Salazar, méditant la conversation qu'il venait d'avoir avec Dumbledore. Il avait compris que le directeur avait tenter de le provoquer. Et il ne savait pas à quoi Dumbledore s'était attendu, mais clairement ce n'était pas arrivé. Peut-être avaient-ils été interrompu trop tôt. Cette satanée bonne femme avait vraiment l'intégralité des couloirs de l'école sous étroite surveillance. Harry serra sa Cape d'Invisibilité dans sa poche. Heureusement qu'elle n'en était pas au courant.

Mais il y avait autre chose qui le tourmentait. Il ne savait pas pourquoi il s'était montré aussi insolent envers Dumbledore, et cela l'effrayait presque. Bien sûr qu'il éprouvait une certaine rancœur envers celui qu'il avait considéré comme étant son mentor, mais il n'avait jamais voulu se montrer agressif. Exaspéré peut-être, mais rien de plus. Tout ce qu'il voulait, c'étaient des réponses. Et pourquoi avait-il ressenti cet étrange désir d'attaquer Dumbledore? Pendant un moment, il avait eu l'impression d'être un serpent. Un serpent prêt à mordre, prêt à…

'Bonsoir Mr. Potter,' dit une voix qui le fit sursauter. C'était la deuxième fois ce soir. 'Oh je ne voulais pas vous faire peur, jeune homme,' reprit Salazar en voyant le bond que Harry avait fait. 'Vous sembliez perdu dans vos pensées.'

Harry hocha la tête, encore embarrassé par sa réaction. Peut-être serait-il bon qu'il commence à faire attention à ce qu'il se passait autour de lui.

'Puis-je vous demandez quelque chose, monsieur?' Demanda-t-il avant que le fondateur ne lui indique l'exercice de cette nuit.

'Vous le pouvez.'

'La nuit où m'avez averti de ne pas Le laisser m'inonder de Ses émotions,' dit Harry, 'vous ne parliez pas juste de ma colère, n'est-ce pas?'

Salazar l'observa en souriant. Le jeune Mr. Potter avait pris son temps pour réfléchir à ses conseils, mais il commençait enfin à se poser des questions. Il était curieux de savoir si ces questions seraient les bonnes.

'Cette connexion entre Voldemort et moi, vous m'avez dit que je pouvais la voir comme une liaison avec son esprit. Cela veut dire qu'il a aussi accès à mon esprit.' Harry sentit que sa bouche devenait de plus en plus sèche. 'Est-ce que ce genre de chose arrive souvent dans le monde des Sorciers?'

'Non,' répondit Salazar un peu irrité. Ce n'était pas une bonne question. 'C'est même assez unique. Mais cela a sûrement dû susciter des préoccupations plus intéressantes dans votre esprit!'

'Pourquoi peut-il m'atteindre comme ça?' Demanda alors Harry en essayant de calmer la peur qu'il sentait ramper en lui. 'Il y a-t-il un moyen pour que je puisse me défendre?'

'C'est mieux,' sourit Salazar. 'Mais le savoir est quelque chose de précieux qui se mérite. Dites-moi donc, jeune homme. Quand sentez-vous qu'il arrive à vous atteindre? Que ressentez vous lorsque votre contrôle semble vous échapper?'

'De la colère, principalement,' dit Harry en réfléchissant. 'Est-ce que vous pensez qu'il pourrait utiliser certaines de mes émotions à son avantage?'

'Vous avez beaucoup en commun avec mon Héritier,' répondit Salazar. 'Vous partagez beaucoup d'expériences similaires et cela veut dire que les émotions que vous avez construit à partir de ces expériences sont, dans une certaine mesure, pratiquement les mêmes.'

'C'est pour ça que m'avez conseillé d'apprendre à maîtriser ma colère,' s'exclama Harry. 'Si j'arrête de ressentir… les émotions qui nous lient, il ne pourra alors plus m'atteindre?'

'Ce qui nous amène à votre deuxième question,' acquiesça Salazar. 'Pouvez-vous vous défendre?' Un étrange sourire se dessina sur ses lèvres. 'Êtes-vous familier avec les arcanes de l'esprit? Avez-vous déjà entendu parler d'occlumancie ou de légilimancie?'

Cette nuit, ils ne s'entrainèrent pas. Harry écouta le vieux maître lui exposer différentes branches de magies dont il n'avait jamais entendu parler jusque-là. Maîtriser ses pensées et émotions pour en barrer l'accès ne constituait que la première ligne de défense face à un Legilimens. Mais il y avait d'autres types de bouclier mentaux qui pouvaient être mis en place. Harry appris aussi que le contact visuel rendait la légilimancie bien plus puissante. Ce qui souleva plus de questions dans son esprit.

'Mais Voldemort n'est pas à Poudlard,' observa Harry. 'Est-ce qu'il y a vraiment un moyen efficace utiliser la légilimancie d'aussi loin?'

'À votre avis?' Répliqua Salazar satisfait de la qualité croissante des questions de son apprenti.

'Ma cicatrice…' maugréa Harry. Voilà qui n'était vraiment pas juste, mais il ne perdit cependant pas espoir. 'Pouvez-vous m'apprendre l'occlumancie?' Demanda-t-il à Salazar. Les yeux du fondateur s'illuminèrent.

Harry se coucha ce soir-là avec une fatigue qu'il n'avait jamais connue jusque-là. Même après une longue séance de révision avec Hermione. Il avait l'impression d'avoir perdu la capacité de penser. Il avait passé la fin de sa soirée à tenter de se vider l'esprit sous les conseils de Serpentard. Il ne lui laissait pas un instant de répit. Lorsqu'il s'agissait de pratiquer la magie informulée, avec ou sans baguette, ce genre de cadence ne gênait pas Harry. Mais pour ce genre de magie, seule la fierté l'avait empêché de demander une pause.

Demain… dans quelques heures il serait en cours de Potions. Il posa la tête sur son oreiller, et en un instant il sombra dans un sommeil sans rêve.


Pendant les jours qui suivirent sa rencontre avec Dumbledore, il se concentra sur ses entraînements avec Salazar. Parfois ils continuaient sa formation en magie et parfois ils discutaient des mystères de l'esprit. Vers la moitié du mois de décembre, il avait réussi à mettre en place une routine efficace qui ne fut perturbée que par une nouvelle qui le réjouit grandement. Hagrid était de retour. Dès qu'ils s'en aperçurent, Ron, Hermione et Harry se précipitèrent chez lui.

Mais quand ils se décidèrent à rentrer, le cœur de Harry était plus lourd que jamais. Une guerre se préparait. Des armées consolidaient leurs forces et forgeaient des alliances, tapies dans l'ombre. Alors qu'ils remontaient la pelouse en direction du château, il réalisa qu'il ne s'était jamais sentit aussi vulnérable de sa vie. Comme une mouche piégée au milieu d'une toile, il se trouvait au milieu d'un conflit géant dont il ignorait tout. Il ne savait pas où se trouvait l'araignée bien qu'il puisse la sentir observer chacun de ses mouvements. Et pire que tout, il ne savait pas si quelqu'un pourrait le sauver à temps.