Gryffondor et Serpentard
Harry passa le reste de sa nuit à l'infirmerie, mais ne réussit pas à trouver le sommeil. Il ne voulait pas retourner dans son dortoir et avait refusé d'aller à Grimmauld Place. Au matin le château serait quasiment vide étant donné que ce serait le premier jour des vacances de Noël. Mais le plus important était qu'Ombrage quitterait elle-aussi le château qui ne serait alors habité que par quelques professeurs et élèves.
Avant l'aube, Harry était de retour dans la Chambre des Secrets.
'Vous n'êtes pas la personne la plus ponctuelle que je connaisse, Mr. Potter,' dit Salazar en voyant son apprenti remonter le chemin entre les statues. 'Mais je ne vous ai jamais vu à ce point en avance. J'imagine qu'il y a une chose qui ne peut attendre dont vous souhaiter discuter?'
'Pouvez-vous me dire tout ce qu'i savoir au sujet des Prophéties?' Demanda Harry en atteignant la fontaine pour se placer face au fondateur.
'Ah, la magie du Troisième Œil,' répondit Salazar en fronçant les sourcils. 'C'est une magie rare mais impressionnante lorsqu'on en est témoin. Mais j'ai toujours pensé qu'elles n'étaient que des promesses liant ceux qui sont trop crédules pour les croire.'
'C'est parce que les personnes concernées ne sont jamais complétement liées par leur destin jusqu'à ce que l'une d'entre elles ne se décide à agir, n'est ce pas?' Demanda Harry décidé à aller au cœur de la question.
'Je vois que vous avez élargi vos sources de connaissances, jeune homme,' sourit Salazar avec un air rusé. Harry tenta de se défendre mais le fondateur leva sa main. 'Il n'y a aucune raison de vous excuser Mr. Potter. Bien au contraire, je vous en félicite. Je suis heureux de constater que mes leçons ne sont pas tombées dans l'oreille d'un sourd. Cela dit, voilà qui est curieux. Si vous avez déjà discuté des Prophéties avec votre nouvelle source, pourquoi ne pas lui avoir posé l'intégralité de vos questions?'
Harry resta silencieux. Il était décidemment impossible de cacher quoique ce soit à Salazar Serpentard.
'Il y a quelque chose de très intéressant dans le silence,' reprit Salazar d'un ton stoïque. 'Il ne ment jamais. Vous ne faites pas entièrement confiance à cette personne. En tout cas, suffisamment pas assez pour partager tout ce que vous savez avec elle.' La fierté perçait dans sa voix. 'Le jeune Gryffondor grandit. Je ne peux que vous encourager dans cette voie-là. Partagez seulement ce qui est nécessaire, et gardez vos secrets saufs.'
'Dumbledore a gardé ses secrets,' s'écria Harry, 'et regardez où ça m'a mené!'
'Dans la Chambre des Secrets,' sourit Salazar. 'Ce qui, vous en conviendrez, n'est pas si mal. Mais vous vous trompez. Dumbledore n'a pas gardé ses secrets saufs. En ce qui vous concerne, il les a partagés parce qu'il n'avait plus le choix. Il sait que vous gagnez en puissance et en savoir, et il sait aussi qu'il a perdu votre confiance. C'est pour ça qu'il s'ouvre à vous.'
'Est-ce que je peux lui faire confiance?'
'Ce sera à vous d'en juger et décider, jeune homme.' Salazar considéra son apprenti quelques secondes. 'Maintenant auriez vous l'amabilité de bien vouloir m'apprendre la Prophétie que vous avez entendu?'
Lorsqu'Harry finit de la répéter, il vit que quelque chose dérangeait le vieux maître.
'De ce que vous m'avez dit,' dit-il d'un air malicieux, 'est ce que ça veut dire que Tom Jedusor a été suffisamment crédule pour la croire?'
Le garçon perdu que Salazar n'avait pas réussi à haïr était devenu un jeune homme découvrant son indépendance, assez audacieux pour le taquiner. L'insouciance de Gryffondor et la langue d'argent de Serpentard. Il comprenait maintenant combien le choix du Choixpeau avait dû être difficile.
'Du calme Gryffondor,' siffla Serpentard en Fourchelangue. Cela dit, le garçon n'avait pas tort. Si son Héritier avait effectivement choisi de laisser une Prophétie lui dicter son destin, s'était qu'il s'était réellement perdu dans sa quête de pouvoir.
Harry vit une lueur de tristesse passer brièvement dans les yeux de son mentor et regretta sa plaisanterie.
'Pardonnez-moi,' commença-t-il. Mais Salazar le coupa immédiatement.
'Frappez une fois et frappez juste. Ne vous excusez jamais d'avoir raison,' dit-il d'une voix sévère. 'Et vous avez raison.'
'Comment suis-je supposé sauver Jedusor s'il a mit en route la Prophétie?' Questionna Harry au bout de quelques instants. 'De ce que j'ai compris, nous finiront par nous affronter au cours d'un duel. Est-ce-que cela veut dire que je dois mourir?'
'Ce n'est pas parce que la première partie de la Prophétie s'est réalisée qu'il doit en être de même pour le reste,' répondit Salazar. 'Les Prophéties ne sont que des règles dictées par le destin. Mais je ne vois pas en quoi cela les rend moins méprisables que les autres.'
Harry acquiesça comprenant où le sorcier voulait en venir. Ce n'est pas parce que Lord Voldemort avait choisi de passer à l'action qu'il devait suivre son exemple. Et avec l'aide de Dumbledore, il n'avait aucun doute qu'ils trouveraient une solution à tout cela.
'Réparez la statue.' La voix de Serpentard résonna sur les murs de la Chambre et Harry se figea.
'Attendez… quoi?'
'Vous m'avez parfaitement entendu,' dit Salazar paisiblement. 'Réparez la statue.'
Harry se tourna vers les fragments de pierre disséminés sur le sol autour de l'endroit où s'était dressée la statue en question. Il n'était pas prêt… C'était beaucoup trop tôt! Il avait encore besoin de Salazar, maintenant plus que jamais! Il soupira et se prépara. Si Salazar Serpentard avait décidé qu'il était temps, alors il n'y avait aucune discussion à avoir.
Il considéra les statues jouxtant celle qu'il devait réparer. Elles étaient toutes identiques et faites de la même pierre. Les débris étaient de la même nature. De fait, il n'avait pas nécessairement besoin que les morceaux de la statue soient à leur place originale, juste que le résultat soit identique à ce qu'il avait brisé. Il leva sa main et se concentra sur les débris. D'abord il devait les rassembler. Un grondement parcouru la Chambre alors que les débris de la statue s'assemblaient en une masse informe au-dessus du sol.
'Maintenant je dois lui donner sa forme,' pensa Harry.
Il projeta l'image mentale de la statue vers l'amas de débris et sentit ses doigts vibrer sous la magie qu'il canalisait. Lentement, les pierres rejoignirent leur piédestal et une tête de serpent émergea, bientôt suivi du corps. Les crochets apparurent, et, enfin, les yeux se dessinèrent sur la statue. Quand Harry laissa retomber son bras, il n'y avait plus aucune différence entre sa statue et les autres. Il avait réussi.
'Excellent Mr. Potter,' dit Salazar avec un sourire satisfait. 'Promettez-moi que vous prendrez soin de cet endroit. Vous n'êtes maintenant plus un invité.'
Harry tourna son regard vers le vieux maître. Qu'est-ce que cela signifiait?
'Est-ce que vous allez quelque part?' Demanda-t-il confus. Il n'était pas sûr d'avoir envie d'entendre la réponse.
'D'une certaine manière,' répondit Salazar toujours souriant. 'Je pense que Godric, Helga et Rowena m'ont attendu assez longtemps. Surtout Godric,' ajouta-t-il en riant.
'Vous êtes en train de me dire que vous allez mourir?' Demanda Harry désemparé.
'Mourir? Jeune homme, cela fait maintenant bien longtemps que je suis mort.'
