Auteuse:Howan
Base: I'll
Titre: Do it faster makes us stronger
Chapitre: 04
Genre: ou comment faire des couples toujours plus tordus à partir d'histoires vécues.
Rating: bof ... ça veut dire quoi ?
Pairing: comme d'hab', surprise !
Disclaimer: cache deux ou trois bishô derrière son dos ... toplé Asada-sama ... soit cool, t'façon tu t'en sert même plus !


Notes: un grand merci à Zif, ma béta/seunsei/collègue-hayamazakiste pour ses corrections autant du point de vue orthographique que grammatical et contenu/incohérences ... parce qu'elle a du mérite, mes brouillons et premières versions ont vraiment de quoi se suicider .


04

En pleine imitation de la baleine échouée sur les plages –mais sur son pieu- Takaiwa fut relativement surpris lorsque son portable se mit à sonner et à vibrer simultanément sur sa table de nuit, à dix centimètres de son visage. Son coeur loupa une demi douzaine de battements d'un coup et le blond put ponctuellement apprécier le défilé de sa courte vie devant ses yeux avant de se décider à enfin répondre.

Qui était le rustre qui osait l'appeler alors qu'il se préparait mentalement à tenter de faire ses premiers devoirs de l'année ?
Dans ces conditions, il ne fallait pas s'étonner s'il n'y arrivait pas.

"- Allô !", aboya-t-il, très convaincant dans son rôle de molosse, " ... Ah ... Naruse ... ouais et toi ... euh, demain ?"

Il se leva prestement de son lit, se prit les pieds dans sa couette, manqua de se bouffer le coin de son bureau dans le menton et finit par trouver ce qu'il cherchait.

"- Ouais ... j'ai des trous ...", marmonna-t-il en déchiffrant tant bien que mal son emploi du temps.

Il mit ses restes de neurones à contribution pendant cinq minutes, le temps d'arranger un rendez-vous avec son ex-equipier préféré et embraya directement sur un racontage-de-vie no jutsu, lui narrant en long, en large et en travers ses dernières incroyables aventures, en oubliant d'ailleurs la moitié, et racontant le reste plusieurs fois pour compenser. Naruse avait toujours du forfait à claquer alors ils pouvaient rester des heures pendus au téléphone à pétasser. Un vrai bonheur.

Ce fut finalement un grand coup tapé dans le mur par son rabat-joie de père qui mit fin à la conversation à sens unique, très tard dans la soirée, ou très tôt dans la matinée, selon le point de vue.

Rendu à ce stade là de l'histoire, Takaiwa estima que se coucher relèverait du pur masochisme étant donné que son réveil lui gueulerait à la face à peine trois heures plus tard, aussi alluma-t-il sa console histoire de se tenir éveillé devant une bonne partie de tetris endiablée.
Le suspens fut insoutenable jusqu'au lever du jour.


"- Prêt ?"

La calculette au milieu de la table, un roux d'un côté, un blond de l'autre, la bataille s'annonçait serrée.

"- Partez !"

Aussitôt, les deux joueurs s'acharnèrent avec virulence, l'un sur une touche quelconque du moment qu'elle affichait quelque chose sur l'écran, l'autre sur la touche 'del', le but étant, selon les cas, de remplir ou vider sa ligne préalablement fixée au milieu.
Ou comment passer le temps en cours, et accessoirement défoncer une calculatrice toute neuve.

Gaku soupira, quelques tables plus loin. Ces deux-là s'entendaient comme larrons en foire, ils devaient avoir un ou deux neurones en commun, voire en co-propriété.

"- Hey, Takaiwa ...", fit le roux, une fois qu'il eût latté son voisin de table une bonne dizaine de fois au jeu de con, " ... Pourquoi tu lui refous pas ton poing dans la gueule et on en parle plus ?"

Ben ouais, c'était marrant une heure de les voir se faire mutuellement la gueule, mais il se lassait vite une fois fois qu'il entrevoyait tous les inconvénients de la chose. Etre obligé de faire sans cesse la navette entre ses deux potes, de raconter sa vie et ses blagues en double, de faire le tampon, c'était fatigant à force.

"- J'ai pas envie ..."

"- T'es bien précieuse."

"- Ah, la ferme !"

Harada haussa les épaules et n'insista plus pour cette fois, se concentrant plutôt –chose rare- sur le cours toujours aussi incompréhensible que dans ses maigres souvenirs.


Vêtu d'un magnifique survet' adidas vert fluo à bandes noires élimées, le coach inspectait ses troupes d'un oeil qui se voulait acéré, mais qui ne réussissait qu'à paraître encore plus glauque. Est-ce qu'il dormait des fois ?

Toru bailla ostensiblement et sursauta au raclement de gorge de l'adulte.

"- Bonjour à tous, même aux moins réveillés !"

Le roux se demanda un instant s'il se foutait de sa gueule ou si son sens de l'auto-dérision était si développé que ça, puis haussa les épaules pour lui-même.

"- Aujourd'hui, suite aux matchs d'hier, je vais vous répartir en deux groupes de niveau. Le premier groupe restera avec moi, tandis que le second rejoindra l'équipe de la fac et le capitaine Hiiragi-kun."

Aussitôt le silence qui régnait plus ou moins dans le gymnase se transforma en un brouhaha typiquement masculin : voix graves, accents aggressifs, éructations diverses et variées.
Le grand Hiiragi Takuya était dans leur fac ... ils avaient limite oublié.

"- Bon ...", reprit le coach en haussant le ton histoire de se faire entendre, à défaut de pouvoir ramener le calme, "Je vais appeler les six selectionnés. Vous récupérerez vos affaires et irez au complexe Hamuro pour rejoindre votre équipe. Asagoe-kun !"

Un garçon aux mèches bleues psychédéliques se leva et rejoignit tranquillement les vestiaires.
Toru attrapa une poignée cheveux de Gaku assis devant lui et se mit en devoir de les recenser un par un, poussant même le vice à les ranger par tailles.

"- Si j'ai bien compris ... ceux qui ne sont pas selectionnés se font baiser sur le gymnase et les douches pourries ..."

"- Harada-kun !"

"- Hein, quoi ?", sursauta-t-il les doigts toujours plein de cheveux.

Gaku couina de douleur et récupéra son bien tandis que le coach les fixait avec une impatience fort mal contenue.

"- Harada-kun, bouge-toi le cul, tu changes d'équipe ! ... Bon ... Kano-kun ! ... Takaiwa-kun !"

Le blond bondit sur ses jambes, pressé de bouger, et rejoignit ses équipiers sous les acclamations inexistantes de son propre cerveau en délire. Pour un peu, Hayamazaki lui manquerait presque.

"- Takayanagi-kun ! ... Et Yamashi-kun !"


Finalement, la fac, c'était le bien, décida subitement Saki lorsque son prof de composition termina son improvisation sur un ultime accord sublime et dissonnant.
Il soupira pour la énième fois et gratouilla les cordes de sa propre guitare, trônant comme une reine sur la chaise à côté de lui.

"- Bon, vous n'avez rien à préparer pour le cours prochain ... recherchez juste trois ou quatre musiciens qui vous plaisent, et on en discutera pour choisir le thème du prochain examen."

L'homme d'une trentaine d'années se leva de son bureau et commença à rassembler ses affaires, accompagné par la douce mélodie des râclements de chaises.
Saki esquiva ses camarades de classe et s'éclipsa gracieusement par la porte, son étui sur le dos. Il erra un peu dans les couloirs en chantonnant, les mains dans les poches.
Son prochain cours était en amphi, autant dire qu'il n'en avait pas. Il sourit pour lui-même en considérant la possibilité éventuelle de retrouver son charmant guide s'il se pointait l'air de rien à la cafét'.
De toute façon, c'était l'heure de son thé.
Il bifurqua dans le couloir et élabora mentalement divers plans machiavéliques.

Cinq minutes plus tard, il était devant la vitre du bar de section, quinze minutes plus tard ... il y était encore. Foutue queue de merde.

Il se renfrogna dans son col et shoota des poussières invisibles par terre, pestant contre tout et n'importe quoi, comme à son habitude.
Il sentit une main sur son épaule et un souffle chaud et sucré contre sa joue.

"- Asakura-kun ... ?"

Saki leva la tête et planta ses pupilles étoilées sur le grand jeune homme blond qui lui tendait une tasse de chocolat.

"- Tu es encore perdu ?"

"- Ouais ... enfin ... non."

Il connaissait la fac en long, en large et en travers désormais. Hiiragi était un très bon guide.

"- Et tu es libre pour boire un verre alors ?"

Takuya désigna les deux tasses qu'il avait toujours dans les mains, puis une table venait de se libérer. Le brun quitta la file avec soulagement et suivit docilement son aîné jusque dans le coin de la pièce, pour poser son petit cul bien moulé sur une des chaises à barreaux.
Il détestait ça, ça laissait toujours des marques fort inesthétiques sur ses pantalons en cuir. Heureusement qu'il était en baggy ce jour là.

Le blond poussa le chocolat sous son nez et Saki le huma avec délice avant de s'auto-baffer mentalement pour le sacrilège de diététique qu'il allait commettre encore une fois.

Il allait falloir du jeûne, et du sport pour compenser. Beaucoup de sport.
Son pied sous sa table glissa contre la jambe du grand basketteur et il lui sourit, l'air de rien.


Ce fut avec vingt minutes de retard, rouge et complètement essouflé, que Takuya débarqua enfin dans la grande salle du complexe sportif où l'attendaient les nouveaux membres de son équipe.

Il les considéra un par un, en reconnaissant certains vaguement, et d'autres très clairement.

"- Takaiwa-kun ...", soupira-t-il en rendant son salut à son cadet blond.

Il déposa son sac sur un banc et attrapa la liste des noms qui traînait à côté, se familiarisant déjà avec ses nouveaux coéquipiers.

"- Bon ...", lâcha-t-il finalement, " ... On va commencer tout de suite, on est pas en avance ..."

"- A qui la faute ...", marmona Toru dans son col, "ça fait trois plombes qu'on attend ..."

Takuya l'ignora superbement –il était au dessus de ça– et sortit une caisse pleine de ballons.

"- Pour commencer ...", il balança brusquement le ballon qu'il avait dans la main sur Harada, qui se le bouffa en pleine face, un juron au bout des lèvres, "... pas de bavardage dans les rangs, si t'avais été attentif t'aurais esquivé ... je disais donc, pour commencer, vous allez me faire cinq ou six tours de terrain ..."

Les étudiants râlèrent en coeur et Hiiragi les menaça d'aller les faire courir sur le terrain de foot dehors, les calmant aussitôt dans leur mouvement contestataire.
Toru s'étira avec humeur et s'élança sur le parquet aux côtés de Gaku. Il se calait toujours sur le rythme du brun, celui-ci étant un métronome vivant.

"- Gakuuu ... t'as vu comment y m'a jeté le ballon ?", s'indigna-t-il d'une voix suraigue.

"- Ferme-là, tu gaspilles ton souffle."

Le rouquin ouvrit la bouche, la referma et tira une gueule de trois pieds de long avant de ralentir un peu son allure pour se retrouver au niveau de Takaiwa, derrière.

"- Hey, t'as vu ça, Hiiragi se la joue trop !"

Peut-être que le blond daignerait le plaindre et prendre sa défense, avec un peu d'espoir.

Resté en tête du mini peloton, Gaku ricana pour lui même. Takuya n'avait pas été cool avec son pote, aîné ou pas aîné, ça allait se payer.
Il se débrouillait très bien en pression psychologique selon son entourage.


"- Des douches ! Des vraies douches ... le pied !"

Takaiwa enleva son tee-shirt, bazarda son short à un bout du vestiaire, ses pompes à l'autre bout et son slibard dans la gueule du malheureux joueur qui se trouvait derrière lui, puis attrapa sa serviette et se jeta dans une des cabines.
Il allait quand même pouvoir prendre sa douche peinard, seul sous son jet brûlant. Il n'était pas pudique, loin de là, mais le regard d'un certain grand brun sur lui avait le don de le foutre mal à l'aise.

Un ou deux remakes des chutes du niagara plus tard, il tâtonna à l'aveuglette pour choper son gel douche et dut se rendre à l'évidence.

"- Et merde !"

"- Un problème bondinette ?", se moqua Toru, depuis la cabine voisine.

"- Harada, mon sauveur ! File-moi ton gel douche !"

"- Ah, je sais pas ... tu sais, il est très timide, il va peut-être pas vouloir venir dans ta cabine, surtout si t'es tout nu hu hu hu !"

"- Harada ...", grinça le blond, ponctuellement hermétique à l'humour de son camarade.

"- Ouais c'est bon ...", il se servit généreusement et balança le flacon par-dessus la paroi avant de se retourner vers ce qu'il estimait être les autres cabines, " ... Gakuuu ... t'es là ?"

Le roux tendit l'oreille et n'entendit que les marmonnement de Takaiwa et d'autres joueurs, mais pas de Takayanagi dans le tas.


Le nez collé contre la grande baie vitrée, les mains posées à plat de chaque côté de son visage, Saki observait les étudiants déambuler dans le grand hall du bâtiment principal, un sourire satisfait jouant sur ses lèvres.
Il devait avoir cours à ce moment précis, mais il ne se sentait pas vraiment de rester assis une heure sur une chaise dans l'état actuel des choses. Ou plutôt de la chose.

Hiiragi était si conciliant, aimable et gentleman, une vraie perle des couloirs sombres. L'homme idéal en quelque sorte. Dans tous les cas, il était calmé au moins pour le mois à venir. Ou la semaine ...

Le reste de la journée, ça c'était certain.

Il se décolla de la vitre et s'essuya le visage d'un revers de manche avant de récuperer son étui et de le hisser souplement sur son épaule. En bon étudiant presque modèle, il allait faire son pélerinage journalier au panneau d'information de sa section, des fois qu'un prof serait absent, ou aurait eu la charmante envie de leur donner des devoirs en plus à récupérer au secrétariat.


"- Hiiragi-san ?"

Takuya termina de ranger la caisse de ballons dans la réserve et se retourna pour faire face à un de ses nouveaux joueurs.

"- ah ... euuh ..."

"- Takayanagi."

"- Certes, Takayanagi-kun ... qu'est-ce que je peux faire pour toi ?"

Il tenta de contourner le brun pour rejoindre la porte de la réserve, mais manifestement l'autre n'avait pas l'intention de bouger. Takuya soupira et attendit que son cadet daigne s'exprimer. Ce qu'il était patient quand même, et à l'écoute de ses joueurs, aussi indésirables soient-ils.

"- Et bien ..."

Gaku esquissa un sourire en sentant le blond s'impatienter. Il repoussa doucement la porte et attendit le léger claquement caractéristique pour reprendre l'air de rien.

"- Je trouvais seulement que ta façon de nous coacher était un peu rude ... personnellement ça me dérange pas, mais dès le départ, ça peut démolir le moral de certains ... non ?"

"- Si les j ..."

"- Mais je ne viens pas te demander d'être moins dur ... je voulais juste te faire part de nos sentiments en tant que joueurs ...", il se rapprocha du garçon qui le dépassait tout de même d'une demi tête, " ... c'est important la communication dans une équipe, n'est-ce pas ?"

Il leva lentement la main et le blond eut un mouvement de recul. Gaku ricana froidement en remettant une de ses mèches en place.

"- On se voit demain pour l'entraînement ... Hiiragi-san ..."


Takaiwa se prit la tête entre les mains et s'arrêta au beau milieu du couloir, préservant consacrant ainsi son energie pour à ses neurones au lieu de ses jambes. Mais où était ce putain d'amphi ?
Il n'avait pas l'habitude de se balader dans le bâtiment dédié aux langues et celui-ci s'averait être un sacré labyrinthe pour les néophytes.
Au bord du gouffre, sa raison le mena à demander son chemin à une tierce personne, tiens, pourquoi pas la bombe sexuelle lobotomisée devant un papier coloré sur le panneau d'affichage.
Tout pimpant, le blond s'approcha sournoisement de sa victime potentielle.

"- Excuuuuuuse-moooooooi ..."

"- ... Oui ?"

L'adolescent se retourna légèrement –un peu gêné par l'étui à guitare sur son épaule– et jaugea le basketteur du regard, le détaillant de haut en bas avant de lui adresser un petit sourire en coin.

"- Je peux faire quelque chose pour toi ?"

Satoru chassa ses hormones à grands coups de pieds dans le derche et tenta de se concentrer sur sa demande initiale, ignorant à regret le sourire aguicheur du brun.

"- Euh ouais ... j'suis un peu paumé, je cherche ... l'amphi Tokugawa ..."

"- En fait", le guitariste se mordit la lèvre, un peu amusé par l'attitude d'enfant perdu du blond, fort mignon au passage, mais il était rassasié pour la journée, "... t'es pas vraiment dans le coin ... c'est assez compliqué à expliquer, je vais t'y emmener ..."

"- Vraiment ? Ça te dérange pas ?"

"- Non, c'est bon ... j'ai rien d'autre à faire", ses lèvres s'étirèrent, à la fois moqueuses et tentatrices, "... et j'aime bien aider la veuve et l'orphelin ... ça me donne l'impression d'être un ange."

"- L'impression seulement ?"

"- Me cherche pas ...", répliqua le brun sur le même ton tout en réajustant son étui sur son épaule.

Il jeta un dernier coup d'oeil à l'affiche colorée qui avait attiré son attention, en mémorisant rapidement les données, et s'engagea dans un couloir, le basketteur à sa suite.

"- Tu y vas ?", commença Satoru sur le ton de la conversation.

"- Hein ?"

"- La convention sur le panneau que tu regardais ..."

"- Ah ... je sais pas ..."

Takaiwa hocha machinalement la tête et se mit à la recherche d'un nouveau sujet de discussion. Le brun avait une guitare, pourquoi pas la musique ? En même temps, il ne s'y connaissait pas du tout alors autant éviter de se ridiculiser. Le temps ! ... La pluie, le soleil ... non, trop bateau. Le sport ? Le musicien n'avait pas l'air d'être une lopette, mais il n'avait pas non plus la carrure d'un grand sportif et Satoru n'avait aucune envie d'avoir à parler tout seul.
Son petit cul appétissant alors ... non, trop direct, ça pourrait être mal pris.
Le blond eut soudain une illumination divine et se tourna vers son compagnon de couloir pour lui demander son nom et éventuellement sa section.

"- Tu ..."

"- Voilà, c'est ici ... j'espère que t'as retenu le chemin pour une prochaine fois !"

"- Ah euh ... merci."

"- Tu voulais me dire quelque chose ?"

Takaiwa observa une dernière fois le brun et secoua négativement la tête.

"- Non non ... c'est bon ..."

"- Bon cours alors."

Tout en fixant un point précis de l'anatomie du musicien s'éloignant, le blond lâcha un soupir vaguement frustré. Il n'allait même pas en cours, c'était pas son genre, son pélerinage universitaire devait simplement l'amener à son cher, tendre et tyrannique Naruse.
Dommage pour le mignon petit brun qui venait de lui passer sous le nez, il avait juste manqué de temps.


Toru effectua un dernier dérapage contrôlé sur le carrelage et arriva au coin du couloir. Sa classe était déjà entrée en cours, la poisse. Il fit une dernière pointe de vitesse et freina un mètre avant la porte histoire de se redonner une contenance et de commencer à chercher une excuse pas trop bidon. Il s'était fait séquestrer par son oreiller ? Non, difficile à croire pour l'après-midi. Son chien venait de bouffer son devoir ? Non ... il n'avait aucun devoir à rendre, il mettait celle-ci de côté pour une prochaine fois.

Il frappa finalement à la porte et entra en faisant des courbettes.

"- Excusez-moi ... je suis en retard ... parce que ...", son regard fit le tour de l'assemblée, à l'affût d'un souffleur potentiel, " ... parce que ça a sonné avant que j'arrive."

A la tête du prof, Toru sut que ce n'était pas la bonne réponse, il eut néanmoins le droit d'aller s'asseoir là où il restait de la place, à savoir au premier rang, collé au bureau, le tout sous les ricanements de ses charmants camarades.
Ben quoi, ça arrivait à tout le monde de ne pas avoir un stock d'excuse dans la poche à tout moment.

Il soupira et sortit avec une mauvaise volonté manifeste ses affaires, jetant des coups d'oeil furtifs et fort peu discrets vers l'arrière. Il avait vu Gaku en arrivant, mais aucun trace de la présence blondesque de Satoru.
Le garçon avait quitté précipitamment le gymnase, prétextant à la fois un bus inexistant, un four encore allumé et un rendez-vous chez le dentiste pour finalement disparaître dans les méandres de la fac, et ne jamais réapparaître.

Toru était seul au monde, il fallait absolument qu'il se trouve un amant à cacher dans son placard, ou une copine à accrocher à son bras dans la rue ... ouais, c'était un bon plan ça !


Après avoir discuté quelques minutes –retard oblige– avec Naruse, Takaiwa s'était de nouveau aventuré dans les couloirs du bâtiment, à la recherche d'une quelconque et hypothétique –des fois qu'ils séquestreraient les étudiants– sortie. Bien sûr, il n'avait absolument pas repéré le chemin lors de sa visite guidée avec le guitariste, trop occupé qu'il était à adapter sa technique de drague à l'énergumène. Il était donc normal qu'il s'égare une seconde fois.
Son errance désespérée finit par le conduire au fameux panneau d'affichage où il fit une pause bien méritée histoire de se remettre les idées en place, et accessoirement arracher avec une discrétion toute takaiwaienne l'affiche de la convention pour la fourrer dans sa poche.

Il la soumettrait plus tard à Toru, il le soupçonnait d'être du genre à traîner dans ce genre d'endroit.

En attendant, il n'avait plus rien à faire, son cours finirait dans plus d'une demi-heure, et il n'avait aucune envie de faire le poireau devant la porte. Il avait un minimum de dignité tout de même, surtout lorsque Takayanagi et son horripilant ricanement de hyène muette traînait dans le coin.


Naruse boudait. Penché sur sa feuille presque à 90°, il faisait ce que l'on appelle communément la gueule. Il pondait un beau boudin sur sa chaise ...

Bref, Naruse était d'humeur presque normale, à ceci près que ce n'était pas normal.

Takaiwa était venu, avait vu, et était reparti comme une fleur, les mains dans les poches et le regard trop brillant pour être honnête.
Ce qu'il pouvait regretter de ne plus l'avoir sous la main pour le surveiller, même si au final, il devait avouer que son taux de stress avait fortement baissé depuis qu'il fréquentait moins le blond. Ce gars-là devait être la hantise de tout psychiatre ou psychologue se respectant. Limite, il aurait fallu prélever des bouts de son ex-capitaine et en distiller en faible quantité et régulièrement par intra-veineuse à tout les grands dépressifs du monde. Avec un peu de chance, ils auraient fini par produire des anti-corps.

Naruse ricana et soupira en même temps avant d'attraper son taille-crayon dans sa trousse.
Il faudrait qu'il parle du don de corps à la science au blond, quand il le reverrait.

"- Naruse ...", lâcha Inoue à côté de lui, " ... tu es en train de tailler ton stylo-plume ..."

"- ... merde."


A suivre …