Le voyage de Salazar

Salazar Serpentard se tourna vers la statue blanche et prononça l'ordre pour ouvrir le passage vers l'antre du Basilic. Le serpent se dirigea vers eux, tenant un joyau vert qu'il plaça délicatement dans les mains de Harry. Il se tint ensuite à sa place habituelle près de sa cheville, observant patiemment ce qu'il savait sur le point d'arriver.

'Savez-vous ce que c'est?' Demanda Salazar en regardant Harry tourner la pierre entre ses mains pour l'inspecter.

'Je ne sais pas… une pierre précieuse?' Tenta Harry. 'Une émeraude peut-être?'

'Vous l'avez bien décrit,' sourit Salazar mystérieusement. 'Intéressant…' Il pointa son doigt vers la trace noire à côté de la fontaine. 'Qu'est ce qui vous a poussé à croire qu'en détruisant le journal de Tom Jedusor il y a trois ans, vous réussiriez à le vaincre?'

'Je savais qu'il était lié au journal d'une certaine manière,' répondit Harry. Pour être honnête, il était à ce moment à moitié en train de délirer sous l'effet du venin, et ne savait plus trop ce qu'il faisait. 'Je ne sais pas comment j'en suis arrivé à cette conclusion, mais pour moi, le journal était Tom Jedusor.'

'C'était le cas,' approuva Serpentard. 'Il s'agissait de la mémoire du Tom Jedusor de 1943.'

Harry examina la pierre plus attentivement. Elle n'était pas ordinaire. Il avait presque l'impression qu'elle était en vie.

'Est-ce que ça veut dire que cette émeraude contient votre mémoire?' Demanda-t-il soudain conscient de la fragilité du joyau.

'Mr. Potter, savez-vous ce qu'est qu'un Horcruxe?'

'Un Horcruxe…' répéta Harry en fouillant sa mémoire. Le mot lui était familier… Et pourtant il aurait bien été incapable de dire où il aurait pu entendre ce terme. 'Non je ne sais pas ce que c'est.'

'Un Horcruxe est un artefact dans lequel il est possible d'enfermer un fragment de son âme. Une mémoire de sa propre personne à un instant donné,' dit Salazar avec un regard pétillant. 'Cela peut servir plusieurs desseins comme celui de survivre au temps.'

Les yeux de Harry voyagèrent de la pierre à Serpentard.

'C'est… votre Horcruxe,' souffla-t-il réalisant la précieuse relique qu'il tenait entre ses mains. 'Je n'ai jamais entendu parler de ça…' Il y avait quelque chose qu'il ne comprenant pourtant pas. Il pouvait comprendre le désir d'immortalité que certains entretenaient bien que cela ne l'ait jamais intéressé. Cependant, le seul sorcier qui avait réussi, et dont il avait entendu parler, était Nicolas Flamel. 'Mais pourquoi cette magie n'est-elle pas plus répandue?' Reprit-il. 'Pourquoi s'embêter à créer quelque chose d'aussi compliqué que la Pierre Philosophale quand il suffirait de créer son propre Horcruxe?'

'Finement observé, Mr. Potter,' approuva Salazar. 'Pour répondre à votre question, il nous faut prendre en compte deux… particularités liées aux Horcruxes. Je pense que vous comprendrez aisément qu'un objet aussi précieux possède un certain prix?' Harry hocha la tête. 'Laissez moi vous parler de ce prix. Tout d'abord, sachez que vous pouvez créer autant d'Horcruxes que vous le désirez, mais pour chacun d'entres eux, vous devrez y laisser un fragment de votre âme.'

'Donc pour ceux désirant atteindre l'immortalité,' dit Harry lentement, 'il est possible de créer plusieurs Horcruxes, afin d'être sûr de survivre même si l'un d'entre eux est détruit?' Il jeta un coup d'œil à la marque noire. Salazar lui avait dit que son souvenir était du même type que celui de Tom Jedusor. Le journal de Tom avait donc été un Horcruxe. Les pièces du puzzle commencèrent à s'assembler dans sa tête. Voldemort devait posséder plusieurs Horcruxes afin d'être sûr que le détruire ne soit pas chose aisée.

'Il y a-t-il un moyen de savoir combien d'Horcruxes une personne a pu créer?'

'Je vois que la qualité de vos questions s'améliore, jeune homme,' dit Salazar avec satisfaction. 'Ce qui nous amène à la deuxième particularité de ce fameux prix à payer. La deuxième partie du prix. La première est un fragment de votre âme, la deuxième est la vie elle-même.' Les yeux de Harry s'écarquillèrent d'horreur. 'Oui Mr. Potter, pour pouvoir enfermer une partie de votre âme dans un artefact, vous devez voler une vie humaine pour compléter le rituel. De fait, vous ne pouvez pas posséder plus d'Horcruxes que le nombre de vie que vous avez volé.'

'Je crois que le mot juste est « assassiné »,' répliqua Harry d'un ton acide. Il regarda l'émeraude avec dégoût. 'Et qui avez-vous assassiné?'

'Personne,' dit Salazar d'un air malicieux. 'J'ai toujours pensé que les règles existaient pour que nous puissions jouer avec. Lorsque j'ai créé cette Chambre, mon temps était presque révolu. Mais j'était curieux de savoir si mon plan fonctionnerait et si mon héritage serait respecté. Créer un Horcruxe était donc ma meilleure alternative. Mais je ne voulais pas n'avoir qu'un seul fragment de mon âme qui survive aux siècles à venir. Je voulais créer l'Horcruxe le plus puissant possible, et pour ce faire il n'y avait qu'une vie suffisamment précieuse pour en payer le prix.'

'Vous avez pris votre propre vie,' réalisa Harry.

'Précisément,' répondit Salazar qui avait l'air très fier de lui. 'Ce qui est assez ironique. Avec le temps, j'ai commencé à comprendre mon erreur. Grâce à mon Basilic, j'ai pu observer l'école, apprendre dans l'ombre et améliorer mes connaissances magiques.' Il ricana amèrement. 'La pureté du sang n'a rien à voir avec l'affinité à la magie ou le mérite. C'est peut-être la plus grande leçon qu'il m'ait été permis d'apprendre. ' Il leva son regard et contempla sa Chambre. 'Et à cause de mon aveuglement, j'ai condamné ma descendance à poursuivre cette illusion.'

Le silence accueilli ses paroles, seulement troublé par l'écho des gouttes d'eau heurtant les tuyaux de canalisation, et le doux sifflement du Basilic blotti sur les pieds de Harry. Le garçon respecta la quiétude. Il se sentait écrasé par la tâche considérable qui l'attendait. Il lui restait cependant une question à poser.

'Comment trouve-t-on un Horcruxe?' Demanda-t-il en brisant le silence.

'Telle est la question, n'est-ce pas?' Répondit Salazar. 'Je vous répondrai sans détour, ce n'est pas facile. Cependant, Voldemort a une faiblesse. Il est obsédé par les artefacts puissants et symboliques. De toutes façons, pour pouvoir contenir un fragment d'âme, l'objet choisi doit être de cette nature.' Il s'arrêta et réfléchi quelques secondes. 'Si j'étais vous, je commencerais par la maison de ses ancêtres. La famille Gaunt. Il y a une bague précieuse qu'il est allé y chercher lorsqu'il était encore à Poudlard. Je ne serais pas étonné qu'il s'en soi servi comme vaisseau pour son âme.'

La famille Gaunt. Ce nom ne disait rien à Harry et il devrait effectuer ses recherches. Il se demanda s'il devait avertir Dumbledore.

'Souvenez vous de notre accord,' dit Serpentard. 'Vous êtes le détenteur de mon héritage, et en tant que tel, je vous demande de sauver Tom Jedusor. S'il vous plaît.'

Les yeux verts se rencontrèrent. Est-ce que Salazar Serpentard était réellement en train de le supplier lui, Harry Potter, ennemi juré de Lord Voldemort?

Il n'avait absolument aucune idée de comment il procèderait, mais il promit. Serpentard avait respecté sa part du marché en l'entraînant, nuit après nuit, dans la Chambre. Il lui avait enseigné tout ce dont il aurait besoin et lui avait révélé le secret de Voldemort. C'était maintenant à lui de prendre ses responsabilités. Il était un Gryffondor, portant sur ses épaules l'héritage de Serpentard. Il espérait juste pouvoir être à la hauteur.

Le fondateur s'approcha de lui.

'Vous ne serez pas seul dans cette tâche.' Il baissa son regard sur le Basilic qui siffla avec un air approbateur. 'Il vous aidera car vous êtes maintenant son maître, de la même manière que vous êtes aussi celui de la Chambre des Secrets. Vous êtes l'Hériter que je n'espérais pas.' Il sourit. 'Et quand je dirai cela à Godric, il ne me croira jamais.'

Dire cela à Godric… Harry leva l'Émeraude au niveau de ses yeux.

'Vous voulez que je détruise votre Horcruxe,' conclu-t-il avec réticence. 'Mais alors… vous disparaîtrez!'

'Ce qui est le destin de toute choses et de tout être,' acquiesça Salazar. 'Mon temps ici est révolu. Ne voyez pas cela comme une fin, mais comme un nouveau départ.'

Il observa le jeune Gryffondor poser la pierre précieuse sur le rebord de la fontaine, à côté de la trace noire.

'Pour détruire un Horcruxe, qui un objet d'une magie conséquente, vous devez utiliser une magie aussi puissante.' Le Basilic siffla, enthousiaste, comprenant ce que son maître attendait de lui. 'Je vois que notre ami a compris de quoi je parlais,' rit Salazar en regardant le serpent avec affection. 'Le venin des Basilics est capable de détruire n'importe quelle matière physique entrant en contact avec.'

Harry regarda Salazar, puis le serpent. C'est donc pour cela qu'il avait aussi hérité du Basilic. Serpentard n'avait rien laissé au hasard.

'Eh bien qu'attendez-vous jeune homme?' Demanda Salazar impatiemment. 'Vous êtes en charge maintenant, et c'est à vous de donner l'ordre.'

'Mais je ne suis pas prêt à vous laisser partir!' Pensa Harry avec désespoir.

'Ah ces Gryffondors…' Soupira Salazar en voyant Harry hésiter. 'Ces incorrigibles Gryffondors.' Répéta-t-il en souriant avec une pointe de tendresse dans le regard. Harry cru d'abord que cela était encore adressé au serpent, mais non, c'est bien lui que le fondateur regardait. Il leva sa main et attrapa le bijou d'argent serpentant autour de sa barbe. Il le donna à Harry qui le prit délicatement. Au contact de sa peau, le serpent d'argent s'anima et alla doucement s'enrouler au-dessus de son poignet.

'Un Serpentard n'hésite jamais,' déclara Salazar en Fourchelangue. 'Je ne partirais pas si je ne vous pensais pas prêt. Au travers de vous, Gryffondor et moi seront éternels.' Ses yeux intenses étaient enfouis dans ceux de Harry. Le garçon ne cilla pas.

'Maintenant, jeune homme,' dit finalement Serpentard, 'si cela ne vous dérange pas, je suis attendu. Vous serez donc bien aimable de ne pas me retenir ici plus longtemps.'