L'Envol de l'Héritier
Harry s'assit sur son lit dans le dortoir des Gryffondors, l'émeraude brisée posée devant lui. Il savait que Salazar ne resterait pas indéfiniment, mais il ne s'était jamais imaginé que les adieux seraient aussi durs.
Il enfouit sa tête dans ses mains. Il avait tellement de choses à faire, il ne savait pas par laquelle commencer.
Il envisagea d'impliquer Dumbledore, mais quelque chose l'en empêchait. Le vieux sorcier savait manipuler les membres de son entourage à leur insu. C'était un fin stratège dont l'intérêt était la sauvegarde du monde des Sorciers. Son objectif était donc d'arrêter Voldemort par n'importe quel moyen. Si Harry avouait se qu'il savait à Dumbledore, il en perdrait le contrôle et il ne pourrait jamais remplir sa part du marché.
Un rayon de soleil le chatouilla au travers des rideaux à moitié tirés. Il tourna sa tête vers la fenêtre pour savourer la douceur du soleil hivernal, et son regard tomba sur le lit défait de Ron. Il n'avait reçu aucune nouvelle concernant l'état de Mr. Weasley et il espérait de tout son cœur qu'il soit sain et sauf. Le cœur amer, il pensa à Sirius qui avait dû accueillir la famille Weasley pendant la nuit, s'apercevant que Harry n'était pas parmi eux. Il se demandait quelle avait été sa réaction. Après sa remarque sur son père, Harry n'avait pas essayé de le recontacter. Entre ses entraînement, Ombrage et ses cours, son parrain lui était presque sortit de la tête.
Quant à lui, il ne savait pas ce qui lui arriverait au cours des prochains jours. En quittant le bureau de Dumbledore, il s'était d'abord sentit soulagé. Le directeur l'avait guidé jusqu'à l'infirmerie, et traverser les couloirs de Poudlard à l'abri de son ombre protectrice lui avait apporté un réconfort qu'il n'avait pas ressenti depuis longtemps. Son mentor lui avait manqué. Mais il n'était pas sûr de vouloir encore de lui.
Il se leva et s'étira. Le déjeuner ne pouvait plus être très loin.
Dans la Grande Salle, il remarque que la majorité des professeurs étaient absents. Les directeurs des maisons étaient cependant là, et Dumbledore était absorbé dans une conversation avec eux. Il salua Harry d'un mouvement de tête et le garçon y répondit poliment. Il s'assit à la table à laquelle étaient regroupés les élèves restant pendant les vacances d'hiver. Il reconnut quelques Gryffondors qui l'ignorèrent complètement. Il ne s'était pas attendu à beaucoup plus de la part des Serdaigles et encore moins des Poufsouffles qui n'avaient pas encore digérer la mort de Cédric. Certains le tenaient même pour responsable. Quant aux Serpentard, ce n'était même pas la peine d'en parler.
'Si seulement ils savaient,' songea-t-il avec un pincement au cœur.
Il mangea silencieusement et rapidement, jetant des rapides coup d'œil à la table des professeurs. Il croisa le regard sombre de Rogue et le soutint jusqu'à ce que le maître des Potions soit appelé par le directeur. Le regard avait été presque accusateur et Harry perdit soudainement son appétit. Rogue faisait partie de l'Ordre dont il avait attaqué le chef la nuit passée. Avec le… départ de Salazar, il avait complètement oublié de réfléchir aux répercussions que pourraient avoir l'agression de Dumbledore.
Il prit un morceau de pain et commença à jouer machinalement avec. Si Dumbledore ne l'avait pas manipulé la nuit dernière, cela voulait dire qu'il lui faisait à nouveau confiance. Ce qui d'un côté était réconfortant. Mais de l'autre, cela voudrait dire que Harry devrait le trahir. En revanche, si le directeur l'avait mené en bateau, ce qui était fort possible, cela voulait dire qu'il était en danger. Pas en grand danger cela dit. Il ne pouvait pas imaginer Dumbledore en vouloir à sa vie. Mais il le savait assez rusé pour convaincre tout le monde de le maintenir enfermé quelque part pour son bien.
Dans tous les cas, son champ d'action risquait de se retrouver restreint et il ne pourrait pas honorer la promesse qu'il avait faite à Serpentard.
Trahir Dumbledore pour sauver Jedusor.
Un faible sourire se dessina sur ses lèvres. Qui était Tom Jedusor? Un jeune homme assoiffé de pouvoir, qui avait décidé d'asservir le monde des sorciers. Il avait rallié à sa cause les sorciers et sorcières désireux comme lui de purger le monde de ceux qui étaient nés de parents Moldus. Mais Harry l'avait vu en présence de ses serviteurs. Pour Voldemort il n'y avait que lui qui comptait. Le premier indice de son mensonge était que, malgré tout, il accueillait dans ses rangs aussi bien des sangs purs que des sangs mêlés. Cette hypocrisie ne voulait dire qu'une chose, Voldemort se fichait éperdument du sang de ses serviteurs. Tout ce qui comptait, c'est qu'il soit le maître incontesté.
Pourquoi voudrait-il sauver quelqu'un comme ça? Quelqu'un qui le désirait mort plus que n'importe quoi d'autre au monde?
Une idée s'illumina dans son esprit. Les Horcruxes étaient des mémoires d'une autre époque. Si Voldemort avait divisé son âme au fur et à mesure des années, cela voulait dire que chaque Horcruxe contenait une version différente de son passé. Le Tom qu'il avait rencontré en seconde année n'avait rien à voir avec le mage noir qu'il avait vu renaître il y a quelques mois. Même s'il s'agissait dans les deux cas du même psychopathe, Harry avait pu discuter avec Tom, et l'Horcruxe avait été intrigué par Harry. Il n'avait pas voulu le tuer immédiatement, il voulait comprendre avant tout. Comment Harry avait fait pour survivre alors qu'il n'était qu'un bébé? Qui était-il vraiment? Voldemort, lui, avait immédiatement essayé de l'affronter.
Avec Voldemort, il n'y aurait aucune discussion possible. Mais peut-être avec un Tom suffisamment jeune pourrait-il comprendre comment un garçon qui avait grandit dans les murs de Poudlard avait pu devenir le mage noir le plus terrifiant de tous les temps. C'était la même chose qu'en cours ou que lorsqu'il avait étudier le fonctionnement de la magie informulée sans baguette. C'était exactement la méthode que Salazar que lui avait enseignée. Revenir aux fondamentaux et construire ses connaissances à partir de là.
Le pain qu'il tenait disparut et il se rendit compte que les élèves étaient tous partis sans qu'il s'en aperçoive. Il se leva pour partir à son tour et leva les yeux vers le plafond magique. Une neige épaisse tombait d'un ciel sans nuage. Il s'était rarement sentit aussi seul de sa vie et ses pensées s'envolèrent vers ses amis. Il aurait tellement aimé pouvoir les rejoindre.
Mais il était une menace pour eux, et le resterait tant que tout cela ne serait pas fini. Il se dirigea vers la sortie du réfectoire mais une voix sifflante qu'il reconnut immédiatement l'arrêta net.
'Pas si vite, Potter.' Le ton du maître des Potions était aussi charmant que d'habitude.
Harry se tourna vers le professeur avec un air aussi poli que possible. Il ne pouvait pas dire que sa relation avec Rogue s'était particulièrement améliorée au cours des derniers mois, mais au moins il s'était mis à le traiter correctement en cours et à le noter équitablement. Ce qui, ironiquement, était déjà beaucoup de la part de ce professeur. Mais il se méfiait encore beaucoup de cet homme qu'il savait être un Mangemort. Apparemment sa loyauté était acquise à Dumbledore et tous les adultes autour de lui semblait le penser. Mais Harry ne lui faisait pas confiance, et que tout ceux qui n'étaient pas d'accord avec lui aillent au diable. C'était lui qui était traqué. C'était lui dont le destin était scellé par un duel à mort avec Lord Voldemort.
Il attendit que Rogue le rejoigne.
'Vous devrez vous présenter dans mon bureau demain après-midi tel que l'en a ordonné le directeur,' dit Rogue. L'idée d'être enfermé seul avec Harry dans une pièce lui était aussi répugnante qu'elle l'était pour le garçon.
'Pourquoi donc?' Demanda Harry brutalement, surpris par la requête du professeur.
'Pour vous enseigner l'occlumancie,' sourit Rogue avec dédain. 'Non pas que je m'attende à ce que vous y compreniez quoique ce soit, mais le professeur Dumbledore m'a demandé de vous initier à cette subtile magie.'
'La magie de l'esprit,' rétorqua Harry en savourant la surprise qui était apparu dans les yeux de Rogue. 'Être capable de vider son esprit tout en dressant les barrières mentales nécessaires à la protection de nos pensées et émotions.'
'C'est magnifique que vous sachiez lire des définitions,' répliqua Rogue avec ton sarcastique, 'mais vous comprendrez vite qu'il y a un fossé séparant la théorie de la pratique.'
'Et pourquoi ne pas essayer maintenant alors?' Dit Harry avec provocation. Il en avait assez d'être prit pour un idiot. Tout le monde au sein de l'Ordre savait ce qu'il se passait, sauf lui alors qu'il était le premier concerné, et cela l'irritait beaucoup. Mais c'en était trop qu'on le prenne pour un incapable. Il n'était peut-être pas le sorcier le plus puissant du monde et il reconnaissait qu'il n'aurait même pas parié sur lui s'il devait affronter un septième année. Mais il n'était pas un incompétent. Insulter ses aptitudes revenait à insulter les leçons qu'il avait pu recevoir de Salazar. Et ça, il ne pouvait pas le supporter.
'Peut-être que vous préféreriez être à l'abri de votre bureau,' reprit Harry sur le même ton. 'Comme ça si vous ratez votre coup, personne ne le verra.'
À sa grande satisfaction, il remarqua la surprise grandir sans les yeux de Rogue. Harry ne craignait pas de répliquer. On aurait dit qu'il ne se souciait même plus des conséquences qu'un tel comportement aurait pu entraîner. Il fallu beaucoup de maîtrise de soi à Rogue pour ne pas mettre le morveux en retenue pour le reste du semestre.
'Mon bureau. Demain. Quinze heures,' gronda-t-il dangereusement. Il se dirigea ensuite dans un tourbillon de tissu noir vers la sortie de la Grande Salle sans attendre de réponse.
Une fois qu'il fut hors de vue, Harry pouffa. Peut-être qu'il était allé un peu trop loin. Mais Merlin que cela lui avait fait du bien!
Il avait toute l'après-midi devant lui pour effectuer ses recherches sur les Gaunt car Dumbledore ne lui avait pas demander de le rejoindre. Il prit donc la direction de la bibliothèque, encore griser par son insolence.
