L'éveil de l'Horcruxe

Harry arriva au déjeuner le lendemain complètement épuisé de son escapade de la veille, mais d'une humeur excellente. Personne ne semblait avoir remarqué son excursion de la nuit passée et il avait réussi à récupérer l'Horcruxe. Il n'y serait jamais arrivé sans l'aide du Basilic et remercia secrètement Salazar en remplissant son assiette de tout ce qui lui tombait sous la main.

Il mangea silencieusement. Les autres élèves semblaient avoir tous décidé de l'ignorer et cela lui allait parfaitement. Il jeta un coup d'œil à la table des professeurs et remarqua que Dumbledore et McGonagall discutaient à mi-voix. Rogue n'était pas là, probablement en mission pour l'Ordre. L'estomac de Harry se noua et il reposa sa fourchette sur la table. Il n'avait eu aucune nouvelle de l'Ordre depuis l'attaque sur Mr. Weasley. Il avait été tellement absorbé dans ses recherches qu'il avait complètement oublié la condition critique dans laquelle se trouvait le père de Ron.

Il décida d'aller voir Dumbledore dans l'après-midi.

'Bonjour Harry,' salua Dumbledore en voyant Harry entrer dans son bureau. 'Je ne t'attendais pas avant demain-matin. Que puis-je pour toi?'

'Professeur je voulais savoir comment allait Mr. Weasley, s'il vous plaît. Personne ne m'a rien dit concernant son état.'

'Il est sorti de Sainte Mangouste hier,' répondit le directeur – Harry souffla, soulagé –'À dire vrai, c'est exactement ce dont je voulais t'entretenir demain matin.' Il posa le parchemin qu'il lisait sur son bureau et croisa ses mains, ses yeux rivés sur le garçon. 'Souhaiterais-tu te rendre à Grimmauld Place pour la fin des vacances de Noël?'

Harry hésita. Avec le contrôle qu'il avait acquis sur sa connexion et ses prédispositions en occlumancie, il n'avait plus d'excuse en réserve pour esquiver cette éventualité. Ce n'est pas qu'il voulait éviter ses amis, mais il avait des choses bien plus importantes en tête à l'heure actuelle. Cependant, décliner l'offre attirerait une attention dont il n'avait vraiment pas besoin.

'Oui j'aimerais beaucoup,' répondit-il en tentant de cacher sa réticence.

'Je pensais que tu aurais été heureux de revoir Sirius,' dit Dumbledore à qui l'hésitation n'avait pas échappé.

'C'est juste que… Comment dire… Nous nous sommes disputés.' Dit-il enfin.

'Hmmm, je vois,' dit Dumbledore. Sa voix devint plus grave. 'Ce n'a pas été facile du tout pour Sirius dernièrement. Nous n'avons pas d'autres choix que de la garder enfermer à Grimmauld Place et je ne sais que trop bien qu'il n'est pas de le genre d'homme à qui la réclusion convient. Mais je n'ai trouvé aucun autre moyen pour le garder en sécurité.'

'C'est si dangereux que ça pour lui s'il va à l'extérieur?'

'S'il se fait attrapé, il subira le baiser du Détraqueur séance tenante.' Dumbledore regarda Harry avec compassion. 'J'aurais aimé que le Ministre se montre plus raisonnable l'été dernier. Mais en ces temps troublés, Cornelius Fudge n'a pas les idées claires.'

'Il pense que vous voulez lui voler son poste,' gronda Harry. 'Il est terrifié et faible!'

'Il est terrifié, c'est le moins que l'on puisse dire,' répondit Dumbledore d'une voix apaisante. 'Mais je ne pense pas que son manque de confiance soit une marque de faiblesse.' Il observa Harry quelques secondes. 'Beaucoup de sorciers et de sorcière peuvent, à cause de la peur, emprunter un chemin qu'ils finissent souvent par regretter. Tu devrais montrer plus d'empathie envers ces gens-là.'

'Parce qu'ils ont de l'empathie pour moi, peut-être?' Siffla Harry en retour.

Dumbledore hocha la tête. Harry était encore jeune et sa réaction était normale. Surtout pour quelqu'un qui a été laissé dans l'ignorance pendant si longtemps.

'Je pensais que tu pourrais peut-être rejoindre les Weasleys et Sirius pour Noël,' dit le directeur en changeant de sujet.

Noël était dans trois jour, ce qui laissait le temps nécessaire à Harry pour trouver une solution au sujet de l'Horcruxe.

Il se reposa pendant le reste de l'après-midi, tentant de rattraper son sommeil manquant, et se dirigea vers la Chambre juste après le dîner.

Il posa l'anneau sur le sol à côté de la fontaine et s'assit devant. Le fragment d'âme présent dans l'Horcruxe pouvait prendre une forme humaine. C'était ce qui était arrivé avec le journal et il n'y avait pas de raison que cela ne puisse pas se produire dans ce cas. La question était donc de savoir comment il pourrait extraire l'Horcruxe de l'anneau.

Harry considéra ses options. Les fragments d'âme contenus dans les Horcruxes étaient ceux d'un mage noir avec lequel il avait un étrange lien. Il se demanda si cela pouvait l'aider à atteindre l'âme de Voldemort contenu dans l'artefact. Il ferme les yeux et se concentra.

Retour aux bases.

Il se représenta dans son esprit la longue salle noire dans laquelle il était assit, ainsi que le petit anneau posé sur son sol. Il entreprit ensuite d'éliminer tout ce qui était inutile. La fontaine, les statues, les restes du Basilic, même la pierre sertie. Bientôt, il ne visualisait plus que l'anneau et lui-même. Il se remémora les ombres dansantes sur la surface d'argent et projeta son esprit vers celles-ci. Mais elles étaient aussi insaisissable qu'un filet d'eau. À chaque fois qu'il était sur le point d'en attraper une, elle s'échappait hors de portée. Il devait les laisser venir à lui. Mais comment les convaincre de l'approcher? Comment pouvait-il leur montrer qu'il n'était pas une menace?

Il changea de stratégie. Tom et lui avaient souffert des mêmes tourments dans leur enfance. Il devait montrer à l'Horcruxe qu'ils étaient pareils.

Il entendit un son étouffé comme celui qu'aurait fait une pièce de tissu frottant le sol et ouvrit les yeux. Devant lui un jeune homme d'environ son âge tentait de reprendre son équilibre comme s'il venait de chuter. Il se redressa et regarda rapidement autour de lui avant de prendre un air supérieur. Lorsqu'il vit Harry qui était en train de se relever, ses lèvres s'étirèrent en un sourire cruel.