Pardon
Comme il s'en était douté, le message venait de Dumbledore qui souhaitait voir Harry le rejoindre ce soir dans son bureau. Harry devina qu'il partirait alors pour Grimmauld Place. Il passa la matinée à avancer tout ce qu'il pouvait dans ses devoirs et vers onze heures, McGonagall vint s'assurer que tout était en ordre dans la salle commune des Gryffondor. Elle salua Harry d'un mouvement de tête approbateur en le voyant attablé à proximité des autres élèves.
Au milieu de l'après-midi, sa dissertation en Métamorphose était terminée.
Le Basilic remarqua le changement dans l'humeur de son maître dès qu'il entendit l'écho de ses pas. Harry se dirigea immédiatement vers lui sans un regard pour Tom. Il ne pouvait se résoudre à le haïr mais cela ne voulait pas dire qu'il n'éprouvait pas de la rancœur.
'Je vais devoir m'en aller,' siffla Harry en direction du basilic. 'Je reviendrai à la fin des vacances.'
Le serpent hocha la tête bien que Harry remarquât sa tristesse à l'idée d'être seul. Son cœur se serra. Il détestait décevoir le Basilic.
'S'il y avait un moyen de t'emmener avec moi,' reprit-il, 'je t'assure que je le ferais.'
'Il y a le Charme d'Agrandissement si tu veux,' intervint Tom.
'Quoi?' Demanda Harry irrité.
'C'est un sortilège permet d'agrandir les dimensions internes d'un objet sans en changer l'apparence.' Il pointa le sac de Harry du doigt. 'De plus, le contenu s'en retrouve suffisamment alléger pour transporter à peu près n'importe quoi.'
Harry le regarda avec méfiance. Accepter son aide le rebutait mais il ne voulait pas laisser son Basilic seul. De plus, il pouvait déjà lire l'espoir dans les yeux de la créature. Il soupira.
'Quel est le sort?'
'Capacious extremis,' répondit Tom.
Harry jeta un œil au sac en formulant le charme dans sa tête. Il le prit pour regarder à l'intérieur et cru d'abord que rien ne s'était passé. Cependant, le Basilic se faufila entre ses jambes pour aller se blottir au fond du sac. Harry était perplexe. Le sac semblait à la fois gigantesque et normal. Il cligna des yeux et regarda Tom qui arborait un sourire satisfait.
'Merci,' dit Harry froidement.
Il tourna les talons et se dirigea vers la sortie de la Chambre.
'Harry attends!' S'écria Tom.
'Qu'il y a-t-il?' Demanda Harry qui s'était arrêté sans se retourner.
'C'est peut-être un peu tard mais je m'en fiche.' La voix se fit hésitante. 'Je suis désolé… Je ne peux pas tout regretter mais en ce qui te concerne, je suis sincèrement désolé du mal que j'ai pu te faire. Je n'ai que mes excuses à t'offrir.'
Harry hocha brièvement la tête et reprit sa marche. Réfléchir à tout cela était au-dessus de ses forces pour l'instant.
Il se présenta dans le bureau du directeur, serrant son sac contre lui. Cela avait été tellement bizarre de traverser l'école en portant la créature qui en avait hanté les couloirs quelques années auparavant. Si quiconque découvrait ce que son sac contenait… Il s'interdit de penser à ça. Personne ne s'en rendrait compte de toutes façons.
'Ah, Harry,' dit Dumbledore joyeusement. 'J'ai réussi à organiser un passage vers Grimmauld Place ce soir. Je suis sûr que Sirius et les Weasleys seront très heureux de te voir.'
Harry acquiesça, sentant son corps se tendre. Dumbledore l'observa quelques secondes. Il avait deviné depuis quelques temps déjà que le garçon lui cachait quelque chose. Mais il ne forcerait pas Harry à lui révéler ce que c'était. Il en avait perdu le droit, si tant est qu'il l'ait déjà eu un jour.
Il sorti d'un tiroir la même bouilloire qu'il avait utilisé pour les Weasley et la posa sur son bureau.
'Que se passera-t-il quand l'école reprendra?' Demanda Harry anxieux. Que se passerait-il quand Ombrage serait de retour?
'Mon autorité à Poudlard est limitée,' murmura Dumbledore. Harry devina que la question lui était douloureuse. 'Mes mains sont liées et maintenant, plus que jamais, je ne peux pas me permettre d'être éloigné de toi.'
Sa franchise déconcerta Harry et il sentit sa gorge se nouer en pensa à tous les secrets qu'il lui cachait.
'Je comprends professeur,' répondit-il d'une voix basse. 'Merci.'
'Je t'en prie,' sourit Dumbledore. 'Ainsi que le professeur McGonagall aime me le rappeler, rien de tout cela ne serait arrivé si j'avais adopté une meilleure stratégie.'
Il laissa échapper un soupir et enfouit son regard dans les yeux de Harry.
'Je ne te demanderai jamais de m'excuser pour tout ce que je t'ai fait car je ne pense pas mériter ton pardon. Mais je veux que tu saches que quoi qu'il arrive à partir de maintenant, tu pourras compter sur moi. Peu importe les conséquences.'
'Et qu'en est-il du monde des Sorcier?'
'Qu'il trouve son propre champion,' répondit Dumbledore. 'Je leur ai proposé le mien et il l'a rejeté. Cependant, comme je l'ai toujours dit, une aide sera toujours apportée à Poudlard à ceux qui en font la demande.' Il fit une pause de quelques secondes avant d'ajouter : 'Je me suis toujours vanté de mes talents d'orateur. Mais je souhaiterais, en l'occurrence, modifié ce que j'avais pour habitude d'énoncer. Une aide sera toujours apportée à Poudlard, à ceux qui la méritent.' Ses yeux brillaient sous ses lunettes.
Harry sourit. Ce Dumbledore lui avait manqué.
'Et toi, mon garçon,' reprit Dumbledore, 'es, par bien des égards, l'élève le plus méritant que cette école ait jamais vu depuis très longtemps. Il serait peut-être temps que je considère ta loyauté à sa juste valeur.'
Il continua d'observer Harry pendant quelques secondes qui restait sans voix. Sa gorge n'avait jamais été aussi serrée. Ses yeux brillaient de gratitude, mais ses lèvres restèrent scellées.
'Répète après moi,' dit une voix dans sa tête. 'J'ai découvert le secret de Voldemort.'
'Nous nous verrons en janvier alors,' dit Harry d'une voix étranglée.
Dumbledore se retourna finalement vers son bureau et saisit la bouilloire. Il la donna à Harry qui la prit avec appréhension. Il pouvait déjà sentir la sensation désagréable derrière son nombril.
'Joyeux Noël mon garçon,' répondit Dumbledore avec un sourire.
'Joyeux Noël professeur.'
Il fut happé dans un tourbillon de couleurs avant de terminer sa phrase. Il atterrit brutalement dans l'une des nombreuses pièces de Grimmauld Place et, avant même qu'il eut le temps de reprendre ses esprits ou d'ajuster ses lunettes sur son nez, il sentit deux bras puissants l'attirer dans une étreinte serrée.
'Je suis désolé pour ce que je t'ai dit la dernière fois,' murmura Sirius à son oreille. 'C'était cruel de ma part et je ne le pensais même pas. Pardonne-moi.'
Harry s'était attendu à tout sauf ça et sentit une sensation de chaleur se répandre dans son corps. Il baissa complètement sa garde et joignit ses mains dans le dos de Sirius. Il enfouit son visage dans la veste de son parrain et respira profondément. Pendant quelques minutes, il n'était qu'un enfant dans les bras du dernier membre de sa famille et rien d'autre ne comptait.
Quand il relâcha son filleul, Sirius remarque ses yeux rouges et il se maudit intérieurement. Comparé Harry à son père avait été extrêmement maladroit. Comment avait-il pu se permettre de donner une leçon sur le danger à celui qui avait remonté le temps pour sauver son âme damnée? Il posa sa main sur l'épaule de Harry et le guida dans les escaliers jusqu'à la cuisine où Hermione et les Weasleys l'attendaient.
Harry s'était rarement sentit aussi heureux de sa vie. Ils rirent et discutèrent de tout et de rien. À son grand désarroi, Mr. Weasley insista pour porter un toast en son honneur auquel tout le monde se joignit avec joie. Pendant une soirée, ils oublièrent tous la guerre imminente. Harry ne quitta jamais son sac bien que Mme. Weasley offrit plusieurs fois de l'en débarrasser. Il réussit même à y glisser un peu de nourriture sans que personne ne s'en rende compte.
