Que la Chasse Commence
Il était tard lorsqu'il revint à la salle commune des Gryffondor. Il avait promis à Tom de réfléchir à son offre et s'assit à côté de Ron et Hermione pour sortir ses livres et parchemins de son sac. Ils passèrent le week-end à travailler sur leurs devoirs et à étudier.
Le lundi matin leur fit l'effet d'une gifle. Ron et Harry arrivèrent dans la Grande Salle pour le petit déjeuner peu de temps après Hermione. Harry s'installa et s'absorba tellement dans son repas qu'il ne remarque pas tout de suite le journal qu'Hermione essayait de lui mettre sous les yeux. Il était très fatigué car son sommeil avait été troublé par sa cicatrice qui n'avait pas cessé de le brûler pendant toute la nuit. Cette douleur était plus étrange que d'ordinaire. D'un côté la brûlure était si cuisante qu'elle l'avait empêché de dormir, mais de l'autre cela le mettait de très bonne humeur. Il bu une gorgée de son Jus de Citrouille le temps que ses yeux soient capables de distinguer les lettres du document qu'Hermione lui tendait. Il comprit qu'il s'agissait d'une copie du Prophète et l'étrange sensation provenant de sa cicatrice prit brutalement tout son sens.
'Évasion Massive d'Azkaban,' lut-il sur la première page. Son cœur dégringola dans sa poitrine alors qu'il lisait les noms des dix Mangemorts qui étaient parvenus à s'échapper de la prison hautement surveillée. Lorsqu'il eut fini, il reposa l'article sur la table et enfouit sa tête dans ses mains. Voldemort avançait. Jusque-là il avait profité de l'entêtement du ministère pour positionner ses forces dans l'ombre, mais il semblait maintenant ne plus prendre la peine de se cacher.
'Le Ministère craint que Black ne soit le « point de ralliement » d'anciens Mangemorts.' Et le pire, c'est que Voldemort avait raison de le faire.
Il releva la tête et fixa la table des professeurs de son regard le plus venimeux. Ombrage avait la tête plongée dans son porridge et n'avait jamais eut l'air aussi misérable. Il aurait pu s'en réjouir, mais il savait que bientôt elle répandrait la propagande officielle du ministère dans les couloirs de l'école. Elle utiliserait toute l'influence maléfique dont elle disposait pour s'assurer que ce soit la seule version dont les élèves parleraient. Il reporta son regard sur le centre de la table où McGonagall et Dumbledore, l'air grave, étaient plongés dans une grande conversation.
Harry n'écouta rien en classe, trop occupé à réfléchir à la situation. Si Voldemort n'en avait plus rien à faire de frapper au grand jour, c'est qu'il avait suffisamment confiance en sa puissance grandissante pour risquer de se faire prendre. Avant la fin de la journée, Harry réalisa quelque chose de bien pire. Même si Dumbledore avait été sincère dans sa volonté de l'aider, Harry ne pouvait quand même rien lui révéler. Si Voldemort sortait de l'ombre, Poudlard serait bientôt l'une de ses cibles. Alors qu'ils traversaient la cour pour se rendre en Soins aux Créatures Magiques, Harry s'arrêta net.
Autour de lui des élèves marchaient ensemble et d'autres discutaient entre eux. Malgré les multiples décrets d'Ombrage, tous essayaient de se comporter le plus normalement possible. Ce n'est seulement que lorsque Rusard ou les espions d'Ombrage apparaissaient au détour d'un couloir que les conversations cessaient, les rires s'atténuaient et les groupes se brisaient. Son regard flotta d'un élève à l'autre, tous acteurs de cette petite résistance.
Ils ne méritaient pas la guerre à venir. Personne ne le méritait.
'Harry qu'est ce que tu fabrique?' Entendit-il Hermione demander.
Il reporta son attention sur ses amis, se rendant compte qu'il s'était figé au milieu de la cour et que ses camarades de classe le dévisageaient.
'Désolé, ce n'est rien,' dit-il en reprenant son pas. Il ne partagea pas ses réflexions et Ron et Hermione le suivirent, perplexes.
Une autre mauvaise nouvelle les attendait en cours. Hagrid venait d'être mis à l'épreuve par Ombrage. Il tenta de les rassurer en expliquant que c'était bien mieux que ce qui aurait pu lui arriver si Dumbledore n'était pas intervenu, mais cela acheva de détruire le moral de Harry.
Ils revinrent à la Grande Salle après le cours pour dîner. Les coups d'œil à la dérobade et les murmures sur son passage, qu'il avait réussi à atténuer, avaient repris de plus belle. Mais il pouvait cependant détecter un changement dans le ton des élèves. La curiosité avait pris le pas sur les moqueries et les accusations, et le doute avait changé de camp.
Pendant le dîner, Harry aperçu Rusard et Ombrage se diriger vers le tableau de l'école armés d'une échelle. Plusieurs élèves, curieux, leurs emboîtèrent le pas. Ron, Hermione et Harry se joignirent à eux.
« Il est interdit aux enseignants de donner aux élèves toute information qui n'est pas strictement liée aux matières qu'ils sont payés pour enseigner »
Lorsque le décret fut fixé au tableau au côté des autres, Ombrage se retourna face à la petite foule qui s'était rassemblée devant, arborant son air le plus satisfait. Lorsqu'elle remarqua Harry parmi les élèves, elle sourit et quitta les lieux.
'Cette immonde… immonde femme,' murmura Hermione.
'Si même les professeurs subissent sa censure,' répondit Ron, 'il n'y a quasiment plus aucune chance que nous obtenions des informations avant longtemps.'
Hermione lui jeta un coup d'œil, surprise de sa clairvoyance.
'Où est passé Harry?' Demanda-t-elle soudainement. Ron se tourna vers là où se trouvait son ami quelques secondes auparavant, mais il avait, encore une fois, disparu.
Harry émergea dans la Chambre des Secrets, son pas résonnant furieusement contre les murs. Il arriva près de la fontaine et se mit à faire les cent pas, jetant des coups d'œil à Tom qui l'observait calmement, assit sur le rebord de la fontaine. Il lui était aisé de constater que quelque chose de grave s'était passé.
'Je suppose que tu as pris ta décision?' Demanda-t-il d'un ton si paisible que Harry eut l'impression d'entendre la voix de Dumbledore.
Harry s'arrêta net devant lui, et lui tendit la page du Prophète relatant l'évasion. Tom baissa son regard sur l'article avant de le reporter sur Harry. Ses yeux avaient pris un éclat féroce.
'Ça a commencé,' dit-il calmement.
Harry acquiesça nerveusement.
'C'est là qu'il va être le plus dangereux et téméraire,' reprit Tom sans ciller. 'Il est encore à l'abri des mensonges du ministère et il va le provoquer pour voir jusqu'où il compte rester aveugle. Chaque semaine, il accomplira quelque chose de plus atroce que la précédente jusqu'à ce que le ministère se rende compte de son erreur.'
'Tu en parles comme si tu étais au courant de ses plans,' dit Harry avec fureur.
'Je n'ai aucune idée de la nature de ses plans,' répondit Tom d'une voix apaisante. 'Mais je me souviens du mien.' Il se leva lentement. Harry remarqua qu'il était plus grand que lui de quelques centimètres. 'L'Ascension est la partie la plus grisante.'
'Un Serpentard n'hésite jamais,' murmura Harry se souvenant des mots de Salazar. 'On ne peut plus l'arrêter maintenant, n'est-ce pas?'
'Il y a un moyen,' murmura Tom en retour. Ses yeux atteignirent une nouvelle intensité.
Harry hocha la tête et regarda l'article à nouveau. À quoi bon survivre s'il n'y avait aucune vie à vivre?
'Tu me laisserais vraiment rassembler les Horcruxes et les détruire?' Demanda-t-il avec méfiance.
'Tout à fait,' dit Tom avec un étrange sourire. 'J'ai créé le monstre qui menace le seul monde qui m'ait accueilli à bras ouverts. J'étais alors trop aveugle pour m'en rendre compte, mais je ne reproduirai pas cette erreur.'
Harry l'observa quelques secondes. Tom ne mentait pas. Il n'en avait aucune preuve mais il en était convaincu.
'J'accepte ton offre,' dit-il enfin.
'Vraiment?' Répondit Tom d'une voix excitée. Il plissa ses yeux. 'Es-tu prêt à aller jusqu'au bout?' Son sourire s'agrandit. 'Lorsque viendra le moment, auras-tu ce qu'il faut pour faire le sacrifice ultime?'
'Pourquoi n'irions-nous pas le découvrir ensemble?' Dit Harry d'une voix forte.
'Alors je suggère de commencer dès maintenant,' dit Tom sur le même ton. Il pointa le médaillon du doigt. 'Avec celui-là.'
Harry récupéra l'Horcruxe et alla chercher l'un des crochets du Basilic mort. Son propre serpent, qui était revenu de sa chasse, observait la scène avec attention.
'Il va falloir que tu l'ouvres, et attends-toi à ce qu'il se défende,' avertit Tom tandis que Harry positionnait le médaillon au sol devant lui.
Il prit une grande inspiration et se concentra sur le serpent figurant sur le bijou.
'Ouvre-toi,' dit-il en Fourchelangue.
Une gigantesque silhouette noire surgit du médaillon et Harry distingua deux yeux qui ressemblaient fortement à ceux de Tom. Une voix glaciale retentit dans la Chambre alors qu'il lui semblait qu'une main empoignait son cœur.
'Harry Potter le Survivant, le Condamné. Le garçon abandonné par son monde et qui a passé sa vie à chercher la famille qu'il n'a jamais eu. Tu crois que tu peux me détruire? Et où penses-tu que cela te mènera? Tu es si désespéré que tu as choisi de faire confiance à celui qui est responsable de ta misérable vie. Et tu es pitoyable, Harry Potter. Tu donnes ta confiance confiance à des gens qui finissent par te tourner le dos. Écoute-moi bien. Personne ne viendra te sauver et peu importe ce que tu fais, tu finiras seul comme tu l'as toujours été. Et tu finiras ta vie dans le désespoir car j'ai vu ton âme et elle m'appartient.'
Harry était hypnotisé par la voix qui résonnait dans la Chambre. Elle le secouait jusqu'au plus profond de son être et il n'avait jamais ressenti ça auparavant. Il s'aperçu que Tom était en train de gesticuler devant lui. Il pouvait voir ses lèvres bouger mais sa voix semblait tellement lointaine.
'Ne l'écoute pas,' entendit-il enfin alors qu'il tentait de conserver son équilibre. 'Il essaye d'exploiter tes faiblesses, ne l'écoute pas!'
'Il t'abandonnera à la première occasion comme Dumbledore l'a fait avant lui,' reprit la voix. 'Et à cause toi, tout le monde mourra.'
Une scène terrifiante surgit devant les yeux de Harry comme un sombre souvenir d'un autre temps. La cour croulait son les corps des élèves pendant que les Mangemorts s'avançaient vers l'école. Il voulait retrouver Ron et Hermione mais il n'y arrivait pas. Il voulait se réfugier auprès de Dumbledore, mais il n'était nulle part en vue.
Il réalisa que c'était ce qui se passerait s'il ne faisait rien.
Il laissa échapper un hurlement de rage et, fermant son esprit à l'Horcruxe, plongea la main qui tenait le crochet du Basilic sur le médaillon. Le venin explosa en plein cœur du bijou, perçant le métal. Un cri interminable remplaça la voix glaciale et bientôt, l'ombre s'évanouit. C'était terminé.
Harry haletait et regarda les restes brisés du médaillon sur le sol. Il se sentit soudain très épuisé et su que ses jambes ne le retiendraient pas plus longtemps. Il trébucha dangereusement et avant qu'il ne tombe au sol, une silhouette se glissa derrière lui et il se retrouva assis sur les anneaux de son Basilic.
'Là, repose-toi un peu,' dit le serpent avec un doux sifflement.
Harry leva faiblement sa main pour caresser le cou de la créature et respira profondément.
'Tu as réussi,' murmura Tom avec un sourire.
'Est-ce qu'il vous tous se défendre comme ça?'
'J'en ai bien peur,' répondit Tom. 'Ce genre de magie noire est aussi puissante que l'artefact la contenant l'est. Et je crois, hélas, que j'ai développé très tôt un certain goût pour les artefacts puissants.'
'Est-ce que ça veut dire qu'on va devoir se battre?' Demanda Harry avec une pointe d'inquiétude.
Tom éclata de rire. Harry réalisa qu'il ne l'avait jamais entendu son rire auparavant. Ce n'était pas le sinistre sifflement qu'il avait entendu chez Voldemort. C'était le rire clair d'un jeune garçon en qui il restait encore de l'humanité, malgré les épreuves qu'il avait rencontré au cours de sa vie.
'Nous ne nous battrons pas, Harry,' dit-il enfin. 'Lorsque je t'ai vu pour la première fois, je pensais que tu n'étais qu'un enfant pleurant encore la mort de ses parents. J'avais tort. Tu m'as fais réaliser des choses que je n'avais encore jamais considérer auparavant. ' Son regard était presque amical. 'Je ne te combattrais plus jamais.'
