La retraite d'Ombrage
McGonagall se dépêchait dans les couloirs de Poudlard. Elle avait reçu un message de la part de Dumbledore et marchait aussi vite que possible en direction de son bureau. S'il n'y avait pas eu d'élèves dans les couloirs, elle aurait probablement couru.
Ce n'est pas que le message était alarmiste, mais il lui manquait le ton plaisant habituel. Et cela était suffisant pour qu'elle devine que les nouvelles qu'elle était sur le point d'entendre seraient parmi les pires de sa vie. Elle rencontra les professeurs Flitwick et Chourave devant la Gargouille. Apparemment tous les directeurs et directrices des Maisons de Poudlard avait été convoquées. Sa nervosité monta d'un cran.
Rogue était déjà là lorsqu'ils arrivèrent dans le bureau et il salua ses collègues d'un mouvement de tête. Le directeur les attendait debout devant son fauteuil. Ses yeux n'avaient pas leur pétillement habituel et il avait un air très grave. Une fois la porte fermée, il prit son inspiration et leurs livra les faits aussi directement que possible.
'À l'heure où je vous parle, Lord Voldemort rassemble ses forces pour marcher sur Poudlard.' Le professeur Flitwick retint une exclamation et Chourave mit sa main sur sa bouche avec un air horrifié. McGonagall cligna des yeux mais ne bougea pas d'un pouce. Quant à Rogue, il semblait avoir été pétrifié sur place. C'est donc pour cela que sa Marque le brûlait tant depuis quelques heures.
'J'ai envoyé une demande de renfort au Ministre mais il n'y a pas répondu favorablement. De fait j'ai bien peur que nous ne devions compter que sur nous même pour défendre notre école.' Dumbledore ferma brièvement ses yeux avant de reprendre. 'Je comprendrais parfaitement que vous préfériez partir. Je vais répéter ce même message aux autres professeurs dans quelques minutes et je leur donnerai le même choix.'
Il regarda ses collègues tour à tour. Tous avaient une expression de défi et Dumbledore sourit intérieurement. Il n'en avait pas attendu moins de la part des quatre directeurs et directrices.
'Nous devons évacuer les élèves,' dit soudainement McGonagall d'une voix urgente.
'Je suis d'accord avec vous,' répondit calmement Dumbledore. 'Pomona, Filius, je souhaiterais que vous organisiez et supervisiez cette évacuation. Je ne suis pas en mesure de vous dire de combien de temps vous disposez précisément, mais nous pouvons nous attendre au début des hostilités dès demain.'
'Les élèves seront dans le Poudlard Express demain matin première heure,' répondit Flitwick d'une voix assurée. Il jeta un coup d'œil à Chourave qui acquiesça d'un air confiant.
'Excellent,' dit Dumbledore. 'Minerva, les membres de l'Ordre ne vont plus tarder. Je voudrai que vous vous chargiez des arrangements nécessaires pour s'assurer qu'ils soient correctement reçus. Severus vous allez m'accompagner car j'ai besoin de votre concours dans le renforcement des protections du château.'
'Que fait-on pour le professeur Ombrage?' Intervint Rogue avec un air de dégoût sur le visage.
'Je me charge d'elle,' répondit Dumbledore paisiblement. 'J'ai tendu la main au ministère aussi longtemps que la situation me l'a permis, et je crois que le temps de la politesse est révolu. Notre école est en danger et je compte bien tout faire en mon pouvoir pour la protéger.'
Une vague de murmures approbatifs parcouru les portraits et Minerva esquissa un sourire victorieux. Si elle se dépêchait, elle pourrait peut-être assister à l'échange qui s'annonçait délicieux entre Ombrage et Dumbledore. Un coup d'œil à ses collègues lui confirma qu'elle n'était pas la seule à se réjouir de cette perspective.
Ron et Hermione étaient en train de sortir de la Grande Salle lorsqu'ils aperçurent un groupe de professeurs se dirigeant précipitamment vers la Gargouille qui gardait le passage menant au bureau de Dumbledore. Ils échangèrent un regard et les suivirent discrètement à distance, tentant de capter n'importe quelle information relative à leur comportement. Tout ce qu'ils obtinrent fut Trelawney qui confirmait avec ses collègues qu'ils avaient tous reçu le même message. C'était peu. Ils observaient les professeurs s'engouffrer dans le passage quand ils entendirent un pas très familier derrière eux. Ils se tournèrent vers la géante silhouette qui venait d'apparaître au bout du couloir.
'Hagrid!' S'exclama Hermione en courant vers lui.
'Vous ne devriez pas être ici,' répondit Hagrid d'un ton inhabituellement grave.
'Qu'est ce qu'il se passe là-dedans?' Demanda Ron en montrant la Gargouille du pouce.
'Ce ne sont pas vos affaires,' dit Hagrid décidé à ne laisser échapper aucune information. 'Vous devriez retourner dans votre dortoir.'
Et avant que l'un des deux élèves n'ait pu ajouter quoique ce soit, il les dépassa et entra à son tour dans le passage derrière la Gargouille.
'Alors ça c'est vraiment bizarre,' dit Ron déconcerté.
'Pas bizarre,' corrigea Hermione en fronçant ses sourcils, 'inquiétant. Quelque chose de terrible est en train de se passer.'
Alors qu'il finissait sa phrase, ils entendirent la voix du professeur McGonagall résonner le long des murs du couloir.
'Tous les élèves sont priés de rejoindre leur dortoir immédiatement et d'y attendre le directeur de leur Maison.'
Ron jeta un coup d'œil à Hermione. Il n'avait pas besoin d'écouter son raisonnement. La dernière fois qu'il avait entendu un tel message, sa sœur avait été enlevée dans la Chambre des Secrets et l'école avait été sur le point d'être évacuée.
'Il va venir ici,' murmura-t-il.
'Qu'est ce que tu dis?' Demanda Hermione d'une voix aiguë.
Ils étaient en train de rejoindre la masse d'élève en direction des escaliers.
'Je n'aurais jamais cru être celui qui t'expliquerait quoique ce soit un jour,' dit Ron avec un sourire crispé. Hermione le foudroya du regard. 'Je te paris que Harry a réussi ce pourquoi il est parti. Et maintenant V… Tu-Sais-Qui est en train de venir pour le chercher. Souviens-toi, Harry nous avait prévenu.'
'Tu as raison,' dit Hermione en jtant un bref coup d'oeil autour d'eux.
Ils tentaient de garder leurs voix aussi basses que possible, mais avec le chaos ambiant, personne ne les aurait entendus.
'On ne peut pas quitter l'école,' murmura-t-elle finalement. 'Nous devons prévenir les autres!'
'Je suis d'accord avec toi,' dit Ron. Il sortit le Gallion magique de sa poche pour planifier une réunion d'urgence avec les membres de l'Armée de Poudlard. Une fois que cela fut fait, il fit un bref mouvement de tête en direction d'Hermione. Ils venaient d'arriver dans leur salle commune.
Comme prévu, McGonagall les y rejoignit rapidement après pour leur annoncer que, pour des raisons qu'elle ne pouvaient pas leurs partager mais néanmoins graves, ils devaient tous prendre le train demain matin en direction de Londres, et ils étaient, de fait, priés de faire leurs bagages. Dans un silence de mort, les élèves obtempérèrent.
Ron arriva près de son lit et jeta un coup d'œil à celui de Harry. Le cœur lourd, il souhaita secrètement que son meilleur ami aille bien, peu importe où il se trouvait.
Comme les étudiants avaient la soirée pour se préparer, ils avaient l'autorisation de partir récupérer les affaires qu'ils auraient pu laisser dans des classes ou la bibliothèque. Tout le monde devait être de retour dans son dortoir avant dix heures du soir.
Ron attendit Hermione et ils prirent la direction de la Salle sur Demande. Ils avaient imaginé que les couloirs seraient remplis d'élèves affairés, mais ils étaient étrangement calmes.
'J'espère vraiment que je me trompe,' dit Ron d'une voix blanche.
Hermione ne répondit pas. Son visage était tendu et elle ne s'était jamais sentie aussi nerveuse de sa vie. Dire que deux heures auparavant sa seule inquiétude avait été les B.U.S.E.s à venir.
La salle d'entrainement était déjà remplie lorsqu'ils arrivèrent. Tout le monde était silencieux et les visages, anxieux.
'Vous avez une idée de se qu'il se passe?' S'exclama le plus jeune des frères Crivey dès que la porte se referma.
'Des hypothèses seulement,' répondit rapidement Hermione.
Le groupe s'assembla naturellement autour d'eux.
'Il va venir ici, n'est ce pas?' Demanda brutalement William.
'Nous pensons que ce que Harry est parti faire en quittant Poudlard a suscité le courroux de Voldemort,' dit Hermione d'une voix forte pour couvrir les murmures. 'Avant de partir, il nous avait averti, Ron et moi, que s'il réussissait, Voldemort tenterait à tout prix de le retrouver et que Poudlard serait alors en danger.'
'Et qu'a-t-il fait exactement?' Demanda un Serdaigle sur un ton de défi.
'Il ne nous l'a évidemment pas dit,' répondit Ron un peu irrité. 'Il savait qu'Hermione et moi serions interrogés après son départ. Cependant nous pensons qu'il l'a… affaibli, en quelque sorte.'
Il jeta un coup d'œil à Hermione qui acquiesça.
'Mais Harry n'est plus à Poudlard!' Intervint Cho. 'Vous-Savez-Qui doit sûrement être au courant!'
'Pour nous, Poudlard est notre seconde maison,' dit Hermione, 'pour Harry c'est la seule qu'il n'ait jamais connu. Voldemort le sait… Oh ça suffit vous tous! Il est temps d'arrêter de craindre de prononcer son nom! Ignorez vous que la peur d'un nom renforce la peur de la chose elle-même ?!'
'C'est le sorcier le plus terrifiant de tous les temps,' gémit Ernie.
'Et dans quelques heures, il frappera à la porte de Poudlard et vous pouvez être sûr qu'il n'hésitera pas à vous tuer si vous êtes sur son chemin,' dit William d'une voix trainante. La situation l'irritait plus qu'elle ne l'effrayait.
'Alors qu'est ce qu'on fait?' Demanda Fred en coupant toute tentative de débattre ce que William venait de dire.
'C'est évident non?' Dit la voix rêveuse que tout le monde reconnu. Le groupe se tourna vers Luna qui souriait paisiblement. 'Nous sommes l'Armée de Poudlard. Que fait une armée lorsqu'elle est attaquée?'
'Ah là on cause!' Dit Georges en se frottant les mains.
'Mais vous êtes cinglés!' S'exclama Michael Corner. 'Il s'agit de V…V… Bon sang! Il s'agit de Voldemort! Vous ne vous attendez quand même pas à ce qu'il se pointe seul pour attaquer l'école de Dumbledore ?! C'est la guerre!' Il essayait de cacher la panique grandissante dans sa voix.
'Écoutez, on ne va forcer personne à faire quoique ce soit!' Dit Hermione en levant une main apaisante. Elle était soulagée d'avoir réussi à calmer le ton aigu de sa voix. Elle avait un plan et sa confiance en elle était de retour. 'Le train part demain matin et si vous voulez le prendre, allez-y! Personne ici ne vous en voudra pour ça!' Elle fixa le groupe. 'Ce qu'on a réussi à construire au cours des quatre derniers mois c'est… incroyable. C'est vraiment génial. Mais faire réellement face au danger… on ne sait pas ce que c'est! C'est plus effrayant que tout ce qu'on peut imaginer et je peux comprendre ceux qui voudront rester en sécurité.'
'Est-ce que vous allez rester ici?' Demanda William.
Hermione prit une grande inspiration.
'Oui. J'ai peur comme je n'ai jamais eu peur de ma vie, mais je vais rester. Poudlard mérite d'être défendu… Harry mérite d'avoir ses amis à ses côtés.'
'Je reste aussi,' ajouta Ron. 'Comme Hermione l'a dit, je ne sais pas ce qui nous attend. Mais s'il y a une chance que tout soit fini, je suis prêt à la saisir!'
'Ah Fred… Il est enfin en train de devenir un homme.'
'Oui Georges, ces petites chose… Ça grandit si vite!'
'Oh fermez là tous les deux,' dit Ginny en levant ses yeux au ciel. 'Je reste aussi et n'essayez pas de m'en empêcher!' Ajouta-t-elle en pointant un doigt menaçant en direction de ses frères.
Fred et Georges levèrent leurs mains d'un air innocent.
Bientôt la salle se remplit de bruit alors que tout le monde se précipitait pour dire qu'eux aussi resteraient.
'Bon,' dit finalement William d'une voix forte pour couvrir le vacarme, 'quel est le plan?'
'Nous revenons à nos salles communes et nous faisons nos bagages comme on nous a demandé de le faire,' répondit Hermione les yeux brillants. 'Rendez-vous demain matin dans la Salle sur Demande. Nous nous y cacherons.'
'On aura besoin de se cacher pendant combien de temps?' Demanda Ernie.
'Je ne penses pas que ce sera très long,' répondit Ron. 'Nous avons vu les professeurs se rendre dans le bureau de Dumbledore. Ça ne se présente pas bien.'
'De plus,' ajouta Hermione avec un petit sourire, 'peu importe combien de temps on doit attendre, je suis sûre que la Salle nous fournira ce dont nous aurons besoin.'
Plusieurs têtes approuvèrent avec enthousiasme. La Salle ne les avait jamais laissé tomber. C'était comme si Poudlard les encourageait à résister.
Alors qu'ils prenaient la direction de leurs salles communes respectives, ils entendirent des cris provenir du Hall d'entrée. Ils s'y précipitèrent pour découvrir une Ombrage rouge pivoine qui fulminait devant le souriant et serein directeur de l'école. McGonagall et Rogue se tenaient un peu en retrait. Ils avaient l'air de vivre l'un des meilleurs moments de leur vie.
'Vous n'avez aucun pouvoir dans cette école!' Hurla Ombrage. 'Je suis la Grande Inquisitrice de Poudlard! Vous ne pouvez pas me renvoyer!'
'Ma chère Dolores,' répondit Dumbledore qui avait l'air de beaucoup s'amuser. 'J'ai bien peur que parmi les pouvoirs qui me restent figure celui de renvoyer les élèves chez eux si j'estime que leur sécurité ici est compromise. Et comme je vous l'ai déjà expliqué, je ne vous démets pas de vos fonctions à Poudlard, non.' Il sourit. 'Vous me l'avez répété suffisamment pour que je sache que cette prérogative appartient au Ministre seulement. Je vous interdis tout simplement l'accès à l'enceinte de Poudlard ainsi qu'au château.'
'C'est inacceptable! Quand Cornelius l'apprendra…'
'Mais je vous en prie, dites-lui tout!' Coupa Dumbledore qui avait l'air ravi de sa suggestion. 'Je vous serais très reconnaissant de bien vouloir revenir au plus vite avec lui.'
Ombrage semblait sur le point d'avoir une attaque cardiaque. Elle sortit lentement sa baguette.
'Je ne peux pas accepter cela,' dit-elle avec une douceur menaçante en détachant chacun de ses mots. 'Vous avez définitivement perdu la raison et je ferai régner l'ordre ici!'
'Êtes vous réellement en train de me menacer dans ma propre école?' Demanda Dumbledore en la fixant par-dessus ses lunettes. 'Je suis sûr que vous pouvez choisir une alternative plus sage.'
Le ton de Dumbledore était calme, et ses mains étaient croisées devant lui. Cependant, l'atmosphère s'alourdit considérablement. Pendant un instant il semblait que la silhouette d'Ombrage se faisait écraser par l'imposante stature du directeur. Elle cligna des yeux et se racla la gorge, réalisant contre qui elle venait de tirer sa baguette.
'Je reviendrai,' dit-elle de la voix la plus doucereuse possible. Le résultat fut pathétique.
Dumbledore ne répondit pas et la suivit du regard tandis qu'elle marchait droit vers la porte principale. C'en était trop pour Fred et Georges qui commencèrent à applaudir de toutes de leurs forces et à acclamer le directeur. Bientôt les autres élèves se joignaient à eux, et la Grande Inquisitrice de Poudlard disparu dans la nuit sous les quolibets des étudiants qui avaient assisté à la scène.
NA: J'oublies trop souvent de remercier ceux qui commentent! Merci! Vous êtes une grande source de motivation!
