La loyauté de l'amitié
'Visa Augere', marmonna Harry en plissant ses yeux pour scruter l'orée de la forêt qui faisait face à l'enceinte de Poudlard. Dès qu'il finit son sort, la zone qu'il regardait s'élargit comme s'il la voyait à travers une loupe.
La nuit venait de tomber, et la lune se levait à l'horizon. Il avait été sur le point de retourner dans la grotte quand un mouvement avait attiré son regard. Il avait vu les élèves quitter l'école la veille au matin et en fut soulagé car ce qu'il était en train d'observer était une masse grandissante de sorciers et de sorcières transplanant devant Poudlard. La guerre était imminente. Dans quelques heures, tout serait terminé.
'Penses-tu que les gens du château les ont repérés?' Demanda Supra qui avait réalisé ce qu'il se passait.
'Je ne sais pas,' répondit Harry. Il tourna ses yeux vers l'école, mais son simple sort ne pouvait pas traverser les multiples protections défendant son enceinte. Le château avait l'air silencieux et quelques fenêtres étaient allumées. Il ne savait pas si les habitants de Poudlard s'était aperçus de la foule de mage noirs qui s'assemblait devant leur porte. Il soupira et se tourna vers Supra. Il savait ce qu'il avait à faire.
'Bon, je vais les avertir. Mais dès que je l'aurais fait, nous serons repérés et en danger.'
Supra acquiesça d'un air compréhensif.
'Supra,' reprit Harry, 'je ne suis pas sûr de m'en sortir ce soir et je ne veux pas qu'il t'arrive quoique ce soit.' Il fit un mouvement de tête en direction de la Forêt Interdite. 'Dans ces bois, tu pourras vivre librement, sans être dérangé par qui que ce soit.'
'Je t'arrête tout de suite,' siffla Supra en lui coupant la parole. 'Il est hors de question que je te laisse y aller seul. Serpentard m'a demandé de veiller sur toi et je le ferai !'
'Salazar n'est plus là,' rétorqua Harry. 'Écoute, je te jure de faire tout mon possible pour survivre. Je ne veux pas te perdre. Crois-moi, tu es la créature la plus exceptionnelle que j'ai pu rencontrer dans ma vie.' Il soupira. 'Mais je dois l'affronter, et je dois le faire ce soir, mon ami.'
'Ami?' Demanda Supra avec curiosité.
'Ah, excuses-moi de cette familiarité,' répondit Harry un peu gêné. 'Tu sais, je t'ai toujours considéré comme un allié. Mais on a traversé tant de choses, toi et moi, je ne sais pas, je…'
'Je plaisante,' siffla le Basilic amusé. 'Ça me plairait bien d'être ton ami. Mais n'est-il pas vrai que les amis se soutiennent les uns les autres, quelles que soient les conséquences ?'
'Dire que je suis censé être le têtu des deux,' dit Harry en levant ses yeux au ciel.
Le Basilic entoura Harry de son corps géant et le poussa gentiment du nez. Harry tituba et se retrouva assis sur les anneaux du serpent.
'Où que tu ailles, j'irai,' siffla doucement Supra. 'C'est aussi simple que ça.'
Harry eut un petit rire et leva sa main vers la tête du Basilic qui accepta la caresse avec joie.
'J'imagine que je n'ai pas vraiment le choix,' sourit le garçon.
'Finement observé,' répondit Supra.
Le serpent accepta le Charme de Désillusion et écouta le plan de Harry. Dès qu'il aurait averti le château, il quitterait la grotte. Supra accepta de rester cacher et de n'intervenir qu'en cas d'urgence. Quand ils furent prêts, Harry leva sa baguette et envoya le Charme du Periculum. Une gerbe d'étincelles rouges surgit de sa baguette et explosa dans le ciel. Harry disparu dans la forêt sous sa Cape d'invisibilité, Supra sur les talons.
'Combien de temps pensez-vous que nous devrons attendre?' Demanda Cho, brisant le silence qui s'était installé dans la Salle sur Demande.
Une vingtaine de membres de l'Armée de Poudlard avait réussi à fausser compagnie aux professeurs qui les accompagnaient à la gare. Ils avaient réussi à trouver refuge dans la Salle sur Demande qui avait pris l'apparence d'un dortoir confortable doté d'un coin cuisine et suffisamment grand pour tout le monde. Ainsi qu'Hermione l'avait prévu, la Salle leur avait fourni ce dont ils avaient besoin. Cela faisait presque deux jours qu'ils étaient là.
'On peut prendre les paris, si vous voulez,' répondit Fred d'un ton enjoué. 'Lee semblait croire que Voldemort ne se montrerait pas avant au moins une semaine.'
Les élèves faisaient un effort considérable pour prononcer le nom maudit. Mais mieux valait passer ce mauvais moment que de subir l'irritation d'Hermione.
'Avec Fred,' continua Georges, 'on pense que ce sera bien plu tôt.'
'Je parie cent Gallions qu'il est déjà là,' dit Ron avec un sourire nerveux.
Toutes les têtes se tournèrent vers lui. Il tenait la Carte du Maraudeur et ses yeux suivaient les points qui bougeaient dessus. En une poignée de secondes, les étudiants se rassemblèrent autour de lui et il posa la carte sur la table en pointant du doigt les noms des professeurs ainsi que des membres de l'Ordre du Phénix qui s'assemblaient dans le hall d'entrée.
'Qu'est-ce qu'on fait maintenant?' Demanda William, anxieux.
'Il est temps d'assumer,' répondit Hermoine d'une voix étranglée. 'Après tout c'est la raison pour laquelle nous sommes restés.'
Plusieurs élèves hochèrent la tête dans un silence pesant.
'De toutes façons on va soit se faire tuer, soit se faire renvoyer,' dit Ron en regardant Hermione avec un air malicieux. 'Autant se faire tuer, non?'
Hermione leva ses yeux au ciel mais ne put réprimer un sourire.
'Ah la phase des private jokes,' soupira Georges
'Ça commence toujours comme ça,' continua Fred d'un air faussement résigné.
Ron fusilla ses frères du regard.
Ils quittèrent la Salle sur Demande d'un pas lourd et se dirigèrent vers les escaliers menant au hall d'entrée. Le temps qu'ils y arrivent, presque tout le monde était parti sauf Dumbledore, McGonagall et Sirius Black.
Les professeurs et le « meurtrier » interrompirent leur conversation en apercevant la procession d'élèves s'approcher d'eux. McGonagall n'avait jamais eu l'air aussi indigné et Dumbledore les observa de ses yeux pétillants que teintait une certaine curiosité.
'C'est complètement inacceptable,' dit McGonagall d'une voix blanche. 'Je ne sais pas ce qui vous est passé par la tête, mais vous n'avez aucune idée du danger dans lequel vous vous précipitez. Si la sécurité de l'école n'était pas compromise, je vous aurais tous mis en retenue! Je retire mille points à Gryffondor… Poufsouffle… Serdaigle… et Serpentard?' Elle avait prononcé le nom des Maisons au fur et à mesure qu'elle reconnaissait les visages. Quand elle réalisa que des élèves de toutes les Maisons étaient présents, elle fronça encore plus ses sourcils.
'Du coup ça ne change pas trop le résultat, pas vrai?' Demanda Fred innocemment. C'est seulement parce que le risque le plus élevé était celui de se faire tuer qu'il avait osé cette boutade.
'Le professeur McGonagall a raison,' dit Dumbledore avant que le silence ne devienne gênant. 'L'école court un grave danger. De ce fait j'ai bien peur que le système de distribution des points ne soit momentanément indisponible. ' Son regard survola la petite foule. 'Cela dit, j'aimerais beaucoup que vous m'éclairiez des raisons qui vous ont poussé à prendre la décision aussi brave qu'imprudente d'être resté à l'école malgré ce danger. Je ne peux que supposer que c'était une idée de Gryffondor.' En finissant sa phrase ces yeux tombèrent sur Ron et Hermione aussi soudainement qu'un faucon aurait fondu sur sa proie.
'Soyez concis,' ajouta-t-il calmement, 'car nous n'avons pas beaucoup de temps devant nous.'
'Au début du mois de janvier,' commença Hermione en tentant de paraître la plus assurée possible, 'Harry nous a prit à part avec Ron pour nous dire qu'il avait… quelque chose à faire. Il a refusé de nous dire ce que c'était ou que nous l'aidions. Il nous a juste expliqué que cela relevait de la magie la plus noire qu'il avait jamais rencontré et que c'était quelque chose qu'il devait accomplir seul.'
Dumbledore hocha sa tête mais n'interrompit pas le récit d'Hermione. Tout le monde était suspendu à ses lèvres car ni Ron ni elle n'avait jamais révélé les détails de leur dernière rencontre avec Harry avant le fatidique cours de Défense Contre les Forces du Mal.
'Il nous a aussi dit qu'il ne pouvait pas vous en parler,' reprit Hermione en regardant Dumbledore, 'parce qu'il pensait que vous insisteriez pour l'accompagner.' Un voile de tristesse couvrit brièvement les yeux du directeur. 'Harry pensait que Poudlard serait en danger s'il réussissait et c'est pour ça qu'il voulait que vous restiez ici à tout prix. Cependant, il nous a donné. À Ron et moi, un document contenant tout ce qu'il fallait pour que nous apprenions à combattre les Forces du Mal. Un cours très complet à propos de sortilèges, dont certains dont je n'avais même jamais entendu parler, pour s'entraîner correctement si nous devions en avoir besoin un jour'.
'Alors on a pensé qu'on pouvait peut-être partager ces connaissances,' dit Ron en venant à la rescousse de son amie. 'Nous avons entrepris de réunir tous les élèves qui croyaient Harry et qui voulaient bien nous rejoindre. Notre plan était de pouvoir défendre Poudlard si nécessaire. C'est pour cela que nous nous sommes cachés au lieu de prendre le train.'
'Et où se situe cette cachette exactement?' Demanda McGonagall d'une voix sèche.
'Il s'agit de la Salle sur Demande, professeur,' répondit Ron en évitant son regard.
'Ah très astucieux,' dit Dumbledore d'un air amusé. 'Une de vos idées je présume, Miss Granger?'
'Non professeur,' répondit Hermione. 'Harry nous a donné les informations pour atteindre cette pièce. Il pensait que ce serait un bon endroit pour nous entrainer sans risquer d'être découvert.'
Sirius était resté silencieux pendant toute la conversation mais rayonnait de fierté.
'Pour être honnête, nous préférerions être n'importe où ailleurs qu'ici. Mais Harry a besoin de notre aide. Et s'il y a une chance de le sauver, je ne vais nulle part !' Dit Ron avec un ton de défi.
Hermione acquiesça fermement et une vague de murmures approbatifs suivirent la courageuse déclaration.
'Mr. Potter a beaucoup de chance de vous avoir pour amis,' dit Dumbledore avec une certaine fierté dans la voix. Il se tut quelques secondes, réfléchissant à la situation. 'Très bien,' finit-il par dire, 'nous n'avons pas le temps de vous faire changer d'avis de toutes façons, et nous pourrions bénéficier de quelques baguettes en plus.' Il prit une profonde inspiration. 'Mais il y a une condition sur laquelle serai intransigeant. Vous devrez obéir à tous les ordres que les adultes vous donneront. Si on vous ordonne de vous cacher, vous vous cachez. Si on vous ordonne de courir, vous courez. Et si on vous demande d'abandonner votre poste et de vous sauver, vous le faites sans vous retourner. Je veux votre parole. La parole de chacun d'entre vous.'
D'une même voix, le groupe promit sur l'honneur.
'Bien,' dit le directeur.
'Quand Molly apprendra tout ceci,' maugréa McGonagall.
'Et que souhaiteriez vous que nous en fassions?' Demanda Sirius un peu irrité. 'Ils sont là, autant qu'ils se rendent utiles. Ces deux-là,' ajouta-t-il en pointant Ron et Hermione du doigt, 'ont affronté plus de dangers que certains adultes dans ce château n'en ont jamais affronté dans leur vie. Et s'ils affirment qu'ils ont supervisé l'entrainement de ces élèves sur les conseils de nul autre que Harry Potter, alors c'est plus que suffisant.'
'Sirius a raison, Minerva,' ajouta Dumbledore. 'Nous avons condamné toutes les cheminées du château. Nous ne pourrons compter que sur nous même jusqu'à ce qu'à l'arrivée de Cornelius et de ses Aurors, qui, je l'espère, sera bientôt.'
McGonagall soupira. Ils avaient tous raison et cela l'irritait au plus haut point. Elle jeta un coup d'œil au directeur et acquiesça, les sourcils toujours froncés.
'Maintenant que nous sommes tous d'accord,' dit Dumbledore d'une voix grave, 'Miss Lovegood que veux que vous et vos camarades de Serdaigle rejoigniez Madame Pomfrey à l'infirmerie qui saura faire bon usage de votre aide. Mr William Sinclar, j'ai entendu dire que vous possédiez un certain talent en matière de Potions. J'aimerais que vous rejoigniez le professeur Rogue dans son bureau afin de l'assister dans la préparation de potions qui nous aideront dans le combat imminent. Prenez les Serpentards avec vous. Poufsouffle, allez trouver Hagrid dans la cour. Il est en train de rassembler des Sombrals au cas où le château ne soit perdu et il aura grand besoin de votre assistance. Gryffondor vous suivez le professeur McGonagall à l'exception de Miss Granger et de Mr. Weasley. Vous deux venez avec moi.'
