Chapitre LXX : Tu Es Sûre

Guest : Tu as absolument raison!!! La dernière phrase vient de Skam et je suis absolument ravie que tu aies la référence de cette magnifique série!!!! En revenant au Clexa, il était évident que Lexa n'allait pas bien le prendre oui. Elles ont certes muris car il y a trois ans les choses auraient été différentes. Même si comme tu le dis Lexa a encore beaucoup de travail sur elle-même à faire avec sa peur de l'abandon notamment. Pour Madi, peut-être le retour dans ce chapitre ;) En tout cas merci!

Vaness : Il faut bien qu'il y est du progrès dans leur relation, les choses ne peuvent pas toujours se répéter et de façon identique ;) Mais je vois que tes théories auraient fonctionné il y a peu de temps encore ;) Et je ne vois pas pourquoi tu dis qu'il faut s'attendre au pire avec moi, mais vraiment pas ahah. Lexa aurait pu partir pour New-York seule si Clarke n'avait pas fait ce pas en avant vers elle. Pour New-York, ça commence dans ce chapitre :) Merci !

Constance : Clarke poète mais j'avoue que j'ai piqué sa dernière phrase dans une série ahah. Ravie de réussir à transmettre autant les émotions même si pour le coup ce n'était pas du tout positif! Effectivement Clarke joue le rôle de canaliser pour Lexa et Shelby ou Toni n'aurait pas obtenu le même résultat. Et heureusement que Clarke est plus posée, surtout après trois ans, ça montre qu'elles ont grandi :) Même si Clarke semble avoir plus grandi ou avoir moins de séquelles que Lexa. Avant qu'Abby puisse rassurer Lexa, il va tout de même falloir lui annoncer la nouvelle avant ahah. Pour mon concours, je prépare celui de professeur d'EPS qui malheureusement m'échappe depuis 2 ans déjà. C'est pour ça qu'en parallèle je suis dans une autre formation et que du coup je n'ai pas bcp de temps libre pour écrire ahah. En tout cas merci pour le retour et les encouragements, comme toujours! Attention à parler de Joséphine, tu pourrais la faire revenir ;)

Seve04 : Malheureusement certains quand ils sont en colère ont besoin qu'on leur fasse du mal donc pour cela ils attaquent les autres.. Tu te méfies beaucoup de Becca non? ;) Clarke change d'avis oui malgré tous les soucis que tu exposes. Je peux comprendre que cela ne te plaise pas! Surtout avec ce que Lexa a lancé à la blonde. Bien vu pour l'image des fissures, à voir par la suite donc ;)

MissHarpie : Ça faisait longtemps qu'il n'y avait pas eu de rebondissements ahah. Contente que le chapitre t'ait plu et que tu aies souligné tout ce qui était énoncé. Merci à toi de commenter à chaque fois! Ravie que tu continues ta route dans mon imaginaire.

eyesice : Tu dois être content qu'il y est eu un peu de noirceur et de piments ahah

Edas44 : Elles vont devenir la famille d'accueil de Madi oui, du moins elles le veulent il reste plus qu'à espérer que rien ne se mette en travers de leur chemin ;)


Vendredi 28 Juillet

Je n'avais rien dormi de la nuit. De l'instant où je fus couchée à l'instant où le réveil de Clarke sonna, je n'avais pas quitté le plafond des yeux.

Tout était encore brouillé dans ma tête. Le départ de Madi, ma crise, Clarke qui voulait devenir sa famille d'accueil.

Je ne savais pas si c'était une bonne idée.

Je ne savais pas si c'était ce que Clarke voulait réellement.

Comment je pouvais être persuadée que c'était ce que l'on devait faire?

Comment je pouvais prendre le risque que Madi me voit ainsi et que je la blesse?

« Hey. » murmura ma blonde en ouvrant les yeux.

Tout comme moi, elle n'avait pas bougé de la nuit, enroulée autour de mon corps comme à son habitude. Cependant, je n'avais pas été à l'aise avec ce contact.

Je m'en voulais encore de mon comportement. Je savais que ce n'était pas la dernière fois, que cela arriverait encore. J'avais vraiment peur qu'un jour je dépasse les bornes, plus de d'habitude et que, par lassitude peut-être, Clarke finisse par s'en aller.

« Bonjour. » répondis-je en sortant de mes pensées mais sans quitter des yeux le plafond qui avait été de très bonne compagnie durant cette nuit.

« Tu as bien dormi? » demanda-t-elle poliment en m'embrassant la joue une fois qu'elle eut basculé sur le ventre pour me regarder mais je ne lui rendis pas la faveur.

« Il aurait fallu que je dorme pour répondre à cette question. » plaisantai-je nerveusement.

« Oh… » murmura-t-elle. Je pouvais entendre dans son timbre de voix de l'inquiétude mais je ne voulais pas ça de sa part.

« Et toi? » retournai-je la question en venant l'embrasser sur la joue pour la distraire.

« Tu es plutôt confortable donc… » blagua-t-elle à son tour en caressant ma mâchoire du bout de ses doigts.

« Je me demande pourquoi on a un aussi grand lit sachant qu'on doit en utiliser à peine la moitié. » surenchéris-je car sa bonne humeur était contagieuse.

« C'est joli et pour faire l'amour c'est plus pratique, on a plus d'espace. » répondit-elle en levant un sourcil évocateur.

« Tu es incapable de tenir plus de cinq minutes sans faire d'allusion. » rigolai-je qu'elle saisisse la moindre perche à chaque occasion qui se présentait à elle.

« Je ne vois pas de quoi tu parles. » nia-t-elle le sourire aux lèvres en venant m'embrasser tendrement mais je rompis rapidement l'échange. Elle me regarda avec un peu d'étonnement mais ne fit aucune remarque à ce sujet. « Ça va? » demanda-t-elle plutôt et elle n'avait pas besoin d'en dire plus pour que je sache qu'elle évoquait Madi.

« Tu es sûre de toi? » répondis-je avec une question car c'était principalement cette interrogation qui résonnait dans ma tête.

« Je suis sûre Lexa. Je n'ai pas changé d'avis durant la nuit. » m'expliqua-t-elle sans montrer le moindre signe d'hésitation. « Lexa je t'aime. Mais je ne fais pas ça pour ne pas te perdre. J'ai envie d'être avec toi, de me marier avec toi un jour et de fonder une famille. Alors pourquoi commencer comme ça. » ajouta-t-elle dans le but de me rassurer sans cesser ses caresses sur mon visage.

« Oui. » murmurai-je simplement car je ne pouvais m'empêcher d'avoir peur.

« C'est normal d'avoir peur. » me coupa-t-elle dans mes pensées, comme-ci elle avait le pouvoir de lire dans mon esprit. Je pense qu'au fond elle y arrivait, du moins elle me connaissait par coeur. « Mais je t'assure que ça va aller. C'est terminé les galères pour nous et surtout pour toi. Tu as le droit d'être heureuse et d'avoir une vie sans problème. »

« Il y a toujours des problèmes. » précisai-je car je n'avais connu que ça.

« Certes. » avoua-t-elle. « Mais je parlais plutôt d'une vie où il n'y a pas une folle qui essaye de te droguer pour te violer, où il n'y a pas non plus une autre folle qui essaye de prendre ma place ou la tienne. » résuma-t-elle en faisant référence au trio infernal qu'est Costia, Joséphine et Gaia.

« Tu marques un point. » rigolai-je nerveusement en repensant à toutes ces péripéties.

« Alors détends-toi et profite plutôt de la vie qui s'offre à toi. » termina-t-elle en m'embrassant rapidement car elle devait se préparer pour le boulot.

« Tu penses qu'un jour tu porteras tes propres vêtements? » la taquinai-je lorsqu'elle se leva car elle portait toujours mes habits pour dormir ou pour trainer.

« Je peux aussi ne rien porter si tu préfères? » me provoqua-t-elle avec un air de défi.

« Garde mes vêtements. » répondis-je en cachant ma panique. Il fallait vraiment que je passe à autre chose. « Je dois encore appeler le centre où se trouve Madi mais si tout se passe comme prévu, je passe te chercher après le travail pour aller à l'aéroport? » changeai-je de sujet.

« Oui. Tu n'oublieras pas mes affaires? » me rappela-t-elle en me montrant la pile qu'elle avait préparée la veille.

« Au pire, ça te fera une excuse pour porter mes fringues. » plaisantai-je car à défaut de ne pas être tactile, je ne voulais pas sembler froide.

« Pas faux. » rigola-t-elle avant de s'enfermer dans la salle de bain car sinon elle allait vraiment finir par être en retard.


« Je suis désolée. Je suis en retard. » m'excusai-je auprès de Clarke lorsqu'elle monta dans le taxi.

« Ce n'est rien. Du moment qu'on ne manque pas notre vol. » répondit-elle en m'embrasant rapidement une fois installée.

Son geste me fit sursauter comme je n'osais plus rien faire à cause du comportement que j'avais eu.

« Comment c'est passée ta journée? » demandai-je pour faire la conversation pendant qu'on nous menait à l'aéroport.

« Bien mais j'avais un peu la tête ailleurs comme tu peux l'imaginer. » m'avoua-t-elle en prenant ma main dans la sienne car je n'initiai aucun contact.

« Tu es toujours sûre? » m'assurai-je une nouvelle fois que c'était bien ce qu'elle voulait.

« Je suis sûre. » me rassura-t-elle d'un sourire. « Et toi ta journée? » changea-t-elle de sujet.

« Bien mais j'avais un peu la tête ailleurs. » répétai-je ses mots en rigolant nerveusement.

« Et toi tu es sûre que c'est ce que tu veux? » me demanda-t-elle à son tour car finalement nous n'avions pas changé de sujet.

« Sûre. » répondis-je simplement.

Elle n'ajouta rien et nous fîmes la fin du trajet en silence mais ce n'était pas un silence pesant. Il était au contraire bienvenu car nous ne voulions pas nous forcer à parler pour faire comme-ci nous n'allions pas entreprendre quelque chose d'important.

Lorsque nous arrivâmes, je payai le taxi et récupérai notre sac commun à Clarke et moi. Nous n'allions à New York que pour deux jours et pas pour faire du tourisme donc nous n'avions pas besoin d'énormément d'affaire.

Elle reprit l'initiative de me prendre la main pendant que l'on pénétrait dans l'aéroport. Je la saisis volontiers et après toutes les formalités passées, le temps d'attente et quelques achats pour le vol, on se retrouva dans l'avion sans que nous ayons décroché le moindre un mot.

« Première classe. » constata ma blonde en prenant place dans son fauteuil mais pas côté hublot car elle avait toujours peur en avion, même après trois ans. Personnellement, avec les déplacements sportifs, je ne comptais même plus le nombre de fois où j'avais pris l'avion.

« Tu préfères l'économique? » la taquinai-je de la voir aussi heureuse.

« Non merci. Je ne veux pas être mélangé aux gens du peuple. » plaisanta-t-elle en prenant le ton d'une duchesse ce qui me fit rire.

Cela me faisait du bien que l'ambiance soit enfin détendue entre nous deux.

Ou alors c'était juste moi qui me détendais enfin?

« Quelle princesse. » rigolai-je en prenant place à côté d'elle.

« Tu te dois de me traiter comme tel si tu veux continuer à partager mon lit. » plaisanta-t-elle avant de perdre son sourire car nous allions décoller.

Je lui pris alors la main qu'elle serra aussi tôt avant de fermer les yeux. Même si elle me la broyait, j'en caressais le dos avec mon pouce pendant que l'avion prenait de la vitesse et de la hauteur. Ce n'est que lorsque l'on arriva à bonne altitude et que l'appareil se stabilisa qu'elle ouvrit un oeil puis le deuxième après avoir jeté un regard dans ma direction pour s'assurer que tout allait bien.

« Ça va? » lui demandai-je sans lâcher sa main avant sa réponse.

« Ça va. » acquiesça-t-elle avec un timide sourire. « Non. » ajouta-t-elle rapidement lorsque je commençai à lâcher sa main. Elle me la broya encore plus pour me faire comprendre que je n'avais pas intérêt à la retirer.

« D'accord mais peux-tu s'il te plaît relâcher un peu ta prise. » rigolai-je en regardant le bout de mes doits devenir blanc.

« Pardon. » s'excusa-t-elle en relâchant la pression.

« Merci. » la rassurai-je avec un petit sourire. « Tu veux regarder un film? » proposai-je pour lui changer les idées mais elle hocha négativement la tête. « Tu comptes fixer le plafond pendant les trois heures de vol? » la taquinai-je alors car elle n'avait pas emporté de lecture dont je me demandais bien ce qu'elle comptait faire.

« C'est bien ce que tu as fait toute la nuit. » rétorqua-t-elle sans perdre son sens de la répartie. Je la fixai et je vis que c'était plus un reproche de sa part qu'une taquinerie. « Tu devrais dormir. » ajouta-t-elle sérieusement quand elle remarqua que je ne comptai pas répondre.

« Je n'ai pas sommeil. » répondis-je en regardant par le hublot.

« Tu mens. » dit-elle amusée en prenant mon menton pour que je la regarde de nouveau. « Dors. » m'ordonna-t-elle lorsque j'ouvris la bouche pour lui répondre que ça allait mais elle ne m'en laissa pas le temps. « S'il te plaît. » insista-t-elle plus tendrement. Elle caressait les cernes qui actuellement devaient recouvrir la moitié de mon visage et ne semblait pas ouverte à quelconque négociation.

« D'accord. » soufflai-je vaincue en m'enfonçant un peu plus dans mon fauteuil pour essayer de trouver une position plus confortable sous l'oeil attentif de Clarke.

Je ne sais pas pourquoi elle me surveillait parce que je ne risquai pas d'aller bien loin dans cet avion en vol.

« Merci. » dit ma blonde un sourire de fierté aux lèvres car elle obtenait souvent gain de cause avec moi. Elle m'embrassa comme pour me souhaiter bonne nuit mais garda tout de même ma main en otage.

Je fermai donc les yeux, pensant que j'allais passer trois heures à faire semblant de dormir.

Finalement, je tombai assez facilement et rapidement dans un sommeil profond.


C'est la douleur qui me réveilla en sursaut. Je cherchai rapidement l'origine de cette dernière et je compris très vite en voyant le corps crispé de Clarke et sa main sur la mienne qu'elle en était la cause. Elle avait fermé les yeux donc elle ne savait pas que j'étais réveillée et au vu de l'inclinaison de l'avion, nous allions atterrir.

« Clarke ça va aller? » demandai-je la voix encore étranglée par le sommeil et ce réveil brutal.

Elle ouvrit directement les yeux à l'entente de ma voix mais les referma aussitôt, la peur prenant le dessus.

Tandis que j'essayais encore d'émerger et que je risquai plus de perdre ma main que d'avoir un accident d'avion, l'appareil se posa en douceur.

Ce n'est que lorsque l'on fut complètement à l'arrêt qu'elle ouvrit les yeux tandis que la majorité des gens avaient déjà commencé à se lever pour sortir.

« Ce n'est pas juste. » marmonna-t-elle en me regardant. « Pourquoi tu es aussi détendue alors que moi je panique. » précisa-t-elle.

« Je dois avoir l'habitude c'est pour ça. » rigolai-je en voyant sa tête.

« Je ne sais pas comment tu fais. » dit-elle en lâchant enfin ma main après presque trois heures de compression.

« Je n'ai pas le choix. Quand je joue à l'extérieur c'est parfois à l'autre bout du pays. » expliquai-je en me levant car je ne comptais pas passer la nuit ici. « Parfois on voyage de nuit donc j'ai appris à dormir dans ce genre d'engin. Souvent c'est Ashlyn qui me réveille parce que je ne sens et n'entends même pas qu'on se pose. » ajoutai-je en la regardant se lever.

« Tant mieux au moins tu ne te fais pas draguer par les hôtesses de l'air comme tu es endormie. » marmonna-t-elle en se dirigeant vers la sortie après avoir récupéré nos affaires.

« Qu'est-ce que tu racontes? » m'étonnai-je du sujet qu'elle lançait.

« L'une des hôtesses de l'air n'a pas arrêté de faire des allers-retours et dès qu'elle passait à notre niveau elle ne faisait que te regarder. » râla-t-elle en descendant.

« Tu ne t'es pas dit qu'elle regardait tous les passagers à chaque passage au cas où on l'interpelle? » demandai-je pour essayer de la rassurer mais je n'avais clairement pas la tête à gérer sa petite crise ridicule. « D'autant que tu n'as pas lâché ma main du vol et si tu la regardais comme tu es en train de me regarder maintenant, elle a très vite dû comprendre qu'on était ensemble. » ajoutai-je en la regardant changer son regard suite à ma remarque.

« Crois-moi ce n'est pas qui freine les gens. Au contraire, il y a une théorie qui te rend plus intéressant aux yeux des gens quand tu es en couple parce qu'il y a un côté inaccessible. » marmonna-t-elle mais je ne répondis pas. Sa crise était injustifiée et je n'avais pas envie de me prendre la tête.

Ma blonde sembla le comprendre car elle haussa simplement les épaules face à mon silence.

Nous ne dîmes plus rien jusqu'à ce que l'on arrive enfin à l'hôtel.

« Ça me rappelle la première et seule fois où l'on est venu à New York tu t'en souviens? » me demanda ma blonde lorsque l'on entra dans la chambre d'hôtel pour y passer la nuit.

Nous ne pourrions voir Madi que demain matin. De toute façon il était tard et je ne pense pas qu'ils autorisaient les visites un vendredi soir à 22 heures.

Je ne savais pas si les responsables l'avaient prévenu de notre visite mais j'espérai qu'elle ne nous en voudrait pas trop lorsqu'elle nous verra.

« C'était un bon séjour. » répondis-je en déposant le sac par terre alors que ma blonde se laissait tomber dans l'un des fauteuils.

« Jusqu'à ce que Joséphine débarque. » se rappela-t-elle à voix haute. « Tu sais ce qu'elle est devenue d'ailleurs? » s'intéressa-t-elle curieusement.

« Je sais qu'elle est toujours en prison et c'est tout ce qui m'importe. » répondis-je. « Je n'entretiens pas une correspondance par lettre avec elle. » me moquai-je de sa question.

« Encore heureux. » s'indigna-t-elle à cette idée alors que je me dirigeai vers la salle de bain pour prendre une douche.

« Tu as faim? » demandai-je avant. Je me tournai pour la regarder et son sourire voulait tout dire. « Bien évidemment que tu as faim. » rigolai-je en la voyant bouder face à ma constatation. « Prends le téléphone de la chambre et commandes ce que tu veux. » précisai-je en prenant mes affaires dans mon sac.

Je n'avais pas envie de sortir quelque part pour manger et j'espérai que Clarke soit dans le même état d'esprit que moi.

« Je n'allais pas attendre ta permission pour le faire. » rigola-t-elle en se levant pour s'approcher de moi. « Qu'est-ce qui ferait plaisir à madame? » demanda-t-elle en passant ses bras autour de mon cou.

« Je n'ai pas spécialement faim. » répondis-je en posant ma main libre de mes affaires dans le creux de son dos pour le tenir contre moi.

« Tu disais la même chose sur le fait que tu ne voulais pas dormir et au final tu as passé tout le trajet dans les bras de Morphée. » me rappela-t-elle fièrement. « Donc qu'est-ce que tu veux manger. » insista-t-elle avec ses yeux joueurs.

Merde.

« Rien Clarke. » répondis-je en faisant mine de ne pas avoir compris où elle voulait en venir.

« Autre chose ferait peut-être plaisir à madame? Pas forcément de la nourriture. » rigola-t-elle pour accentuer son sous-entendu.

« Prends-moi quelque chose de léger. » répondis-je sérieusement pour ne pas entrer dans son jeu.

« Prends-moi? » répéta-t-elle en relevant un sourcil. « Je devrais pouvoir arranger ça. » ajouta-t-elle en se mordant la lèvre.

« Clarke. » m'indignai-je qu'elle ait toujours l'esprit mal placé.

Ou c'était parce que je n'avais pas la tête à ça et que je ne comprenais pas pourquoi elle avait la tête à ça alors que nous étions là pour quelque chose de très importants.

« Pardon. » s'excusa-t-elle en reprenant son sérieux car elle voyait que j'étais mal à l'aise, du moins réellement et que ce n'était pas comme les autres fois où je jouais.

« Ce n'est rien. » répondis-je en l'embrassant tendrement sur la joue mais cela ne fit que rendre la situation plus étrange qu'elle ne l'était déjà car mon baiser semblait maladroit.

« Tu es sûre que tout va bien entre nous? » s'inquiéta-t-elle de mon comportement distant depuis la veille.

« Oui. » répondis-je simplement.

Je ne voulais pas dire la vérité.

En effet c'était plutôt étrange de dire que je m'auto-punissais de mon comportement de la veille en prenant mes distances avec elle parce que je ne pensais pas mériter tout son amour après ce que je venais de faire?

« Tu mens. » me rappela-t-elle son don à le deviner avec son sourire en coin.

« Non. » mentis-je une nouvelle-fois en ayant un petit rictus car ma blonde semblait encore joueuse. Cette fois-ci c'était plus pour essayer de me détendre que de me rendre mal à l'aise.

« Prouve-le. » me défia-t-elle alors sûre d'elle en fixant mes lèvres.

« Comment? » demandai-je en m'insultant intérieurement d'avoir posé cette question à la seconde où elle sortit de ma bouche car je savais déjà sur quel terrain elle allait m'emmener.

« Pas comme ça. » me rassura-t-elle comme-ci elle venait une nouvelle fois de lire dans mes pensées. « Promets-moi que tout va bien entre nous et je te croirais. » précisa-t-elle en sachant qu'elle me tenait car je ne faisais jamais de promesse en l'air.

Même si je n'ai pas pu tenir celle de Madi.

« On ne peut pas faire l'amour plutôt pour que je te le prouve? » tentai-je de faire diversion en venant l'embrasser mais elle me stoppa en positionnant son doigt sur mes lèvres. « Bien. » soufflai-je car je ne semblais pas avoir le choix. « Tout va bien entre nous. C'est juste moi le problème. » répondis-je sans entrer dans les détails en espérant qu'elle me laisse tranquille mais je ne la connaissais que trop bien pour savoir qu'elle n'abandonnerait pas aussi facilement.

« C'est toi le problème? Comment ça? » répéta-t-elle en glissant sa main dans mes cheveux au niveau de ma nuque pour faire diversion dans ma technique d'évitement.

« Arrête de faire ça. » rigolai-je car à chaque fois qu'elle voulait obtenir quelque chose de moi elle faisait ça pour me détendre.

« Arrêter quoi? » sourit-elle sans s'arrêter.

Qu'est-ce que je l'aime…

« Rien. » soufflai-je amusée en secouant la tête mais elle ne s'arrêta toujours pas.

« Alors dis-moi en quoi tu es soi-disant un problème. » insista-t-elle plus sérieusement.

« Je suis obligée? » tentai-je de façon désespérée.

« Oui Woods. » répondit-elle sérieusement en basculant légèrement la tête sur le côté pour attendre ma réponse. « Pourquoi agis-tu de façon bizarre et refuses-tu de me toucher? » commença-t-elle pour m'aider. « Je le vois que tu agis différemment et étrangement. » précisa-t-elle face à ma tête étonnée. « Habituellement dans l'avion tu n'aurais jamais cherché à retirer ta main. Tu aurais dormi sur mon épaule et tu aurais au moins initié un vrai baiser. Pour le moment tu te comportes comme si tu n'étais qu'une amie. »

Je la regardai encore quelques secondes et face à son visage déterminé, je compris que je n'avais plus le choix.

« Je m'auto punie de mon comportement d'hier. » marmonnai-je honteusement et pour éviter de tourner autour du pot.

« Quoi? » s'étonna-t-elle en essayant de comprendre ma logique. « Tu n'es pas sérieuse? »

« Pourquoi pas? » retournai-je la question.

« On n'en a pas déjà parlé hier soir? » demanda-t-elle de façon rhétorique car elle ne me laissa pas le temps de répondre. « Crois-moi, si tu m'avais beaucoup vexée et que tu avais vraiment fait une connerie, tu dormirais dans le jardin et on ne serait certainement pas ici pour accueillir une enfant. » répondit-elle sérieusement.

« Hum. » marmonnai-je sans savoir quoi dire et en espérant que maintenant que j'avais parlé et qu'elle aussi avait parlé, elle me laisse tranquille.

« Qu'est-ce que tu es têtue. » s'agaça-t-elle en me secouant gentiment par les épaules. « Je. Ne. T'en. Veux. Pas. » dit-elle chaque mot en tapant avec son doigt contre ma tête pour que ces mots s'imprègnent dans mon cerveau.

« Vraiment? » me méfiai-je qu'elle dise ça pour ne pas me blesser, comme toujours.

« Je te le promets et si tu tiens vraiment à être punie dis-le-moi. La prochaine fois je suis sûre que je pourrais trouver une idée. » plaisanta-t-elle à moitié sérieusement pour me montrer qu'elle voulait avant tout que l'ambiance soit détendue entre nous deux et non tendu parce que je faisais des noeuds dans ma tête.

« Hum. » toussai-je nerveusement car j'étais presque paniquée par sa demi-plaisanterie. « Ça ira merci. » déclinai-je son offre au cas où elle se prenne trop au sérieux.

« D'accord. » rigola-t-elle en m'embrassant sur la joue face à mon malaise. « Alors arrête d'agir bizarrement d'accord? »

« Oui. » répondis-je simplement en fuyant son regard.

« Lexa. » dit-elle d'un ton sec pour que je la regarde. « Détends-toi s'il te plaît. Au moins en ce qui me concerne. » me supplia-t-elle presque mais je la regardai toujours de façon hésitante. « Tu me blesses quand tu es distante avec moi. Surtout quand tu te forces ou que tu te punis pour rien. » ajouta-t-elle pour avoir plus d'impact.

Effectivement, cela sembla me décoincer un peu car je vins directement et sans réfléchir l'embrasser afin de m'excuser, encore une fois. Ou alors je l'embrassai parce que j'étais enfin rassurée. Je ne sais pas. Je n'arrivai plus à réfléchir sous son contact.

Elle plaça directement ses mains de part et d'autre de ma tête pour me maintenir en place tandis qu'elle répondait à mon baiser.

Lorsqu'elle comprit que je ne comptais pas m'arrêter dans les prochaines secondes, elle décolla l'une de ses mains pour la glisser dans mes cheveux. Elle tira légèrement dessus, me faisant grogner contre ses lèvres.

Je lâchai donc mes affaires que je tenais depuis le début sur le sol et je m'accrochai à ses hanches pour la coller un peu plus contre moi.

Elle me poussa légèrement, sans quitter mes lèvres, jusqu'à ce que mon dos heurte gentiment la porte qui mène à la salle de bain. Rien n'était brusque mais tout était plutôt dans la délicatesse.

« Je t'aime. » murmurai-je entre deux baisers tandis que l'échange s'intensifiait lentement.

À ma plus grande surprise, elle se recula pour me regarder avec ses yeux obscurcis et me sourit tendrement avant de caresser avec son pouce mes lèvres.

« Moi aussi je t'aime. » répondit-elle en essayant de ne pas me sauter de nouveau dessus.

Étrange…

« Ça va? » m'inquiétai-je de ce comportement inhabituel chez elle.

« Je peux te poser une question? » demanda-t-elle hésitante en regardant la base de mon cou plutôt que mes yeux.

« Je t'écoute. » dis-je en collant ma tête contre la porte pour me préparer car si elle nous avait stoppés, c'est qu'il y avait une raison.

« J'aimerais qu'on parle de ta vie en famille d'accueil. » commença-t-elle hésitante.

« Tu sais déjà tout. » répondis-je fermement.

« Non justement. » remarqua-t-elle sans se dégonfler face à mon potentiel renfermement. « J'aimerais qu'on en parle. Vraiment. » se répéta-t-elle une nouvelle fois.

« Pourquoi. » me méfiai-je du but de cette discussion.

« Parce qu'on est sur le point de devenir nous-mêmes une famille d'accueil et que je ne veux pas faire les mêmes erreurs qu'eux ceux qui t'avaient en charge. » m'expliqua-t-elle pour faire passer sa démarche comme quelque chose de positif et qu'ainsi je n'avais pas à me vexer.

« On ne fera pas comme eux. » répondis-je.

« Sûrement. Mais je n'arrête pas de me demander pourquoi tu ne veux jamais en parler. » insista-t-elle.

« Parce que ce ne sont pas des bonnes personnes. Ils ne nous ont jamais aimé, ni aidé et elles préféraient dépenser l'argent qui nous était destiné dans de l'alcool. Quand ils n'avaient plus de quoi payer ils défoulaient leur pulsion alcoolique sur Toni ou sur moi. Il n'y a rien à tiré de cette histoire, rien à retenir, juste à oublier. » m'agaçai-je de me répéter.

« Tu sais ce qu'ils sont devenus? » demanda-t-elle car elle voyait bien qu'une brèche s'était ouverte pour me faire parler.

« Non et je m'en fiche. Dès que je suis partie à l'université j'ai coupé les ponts avec eux. De toute façon ils sont sûrement dans leur bar habituel. » répondis-je en me baissant pour récupérer mes affaires et aller me doucher afin de couper court à la conversation mais Clarke en avait décidé autrement. Elle m'attrapa par le bras pour me faire comprendre de ne pas bouger.

« Je sais que c'est désagréable pour toi d'en parler mais… »

« Alors pourquoi tu m'en parles? » la coupai-je sèchement. « Tu sais très bien que ça me fait penser à Aden et que ça risque de m'énerver. » ajoutai-je en cherchant dans son regard la vraie raison de ce sujet.

« Je sais pardon. » s'excusa-t-elle en m'embrassant la joue.

« Alors pourquoi tu m'en parles? » me répétai-je pour en avoir la raison.

« Parce que je veux être sûre que tu ne te compareras pas à eux avec Madi. Je veux être sûre que tu ne penses pas que tu es et que tu finiras comme eux à cause de… Tu sais… Ton… »

« Alcoolisme. » complétai-je avant qu'elle ne termine sa phrase.

« Oui. » confirma-t-elle timidement.

« Je ne me comparerai jamais à eux Clarke. Ils sont morts pour moi. Ils n'ont jamais existé donc c'est compliqué de se comparer à quelque chose qui n'existe pas non? » demandai-je de façon rhétorique.

« Donc tu ne… »

« Non je n'ai jamais pensé à me comparer à eux. » la coupai-je gentiment. « Mais maintenant que tu le dis… » ajoutai-je en rigolant pour la taquiner.

« Non! Oublie ce que je viens de dire! » paniqua-t-elle de m'avoir mis une nouvelle mauvaise idée en tête. Elle gesticulait ses mains dans tous les sens comme pour capter mon intention ou alors elle essayait de remonter le temps.

« Tu es sûre? Parce que c'est pertinent et ça peut mériter réflexion. » me moquai-je d'elle en feignant être sérieuse.

« Non. On n'a jamais eu cette discussion. Oublie. » s'empressa-t-elle de répondre en s'éloignant de moi pour me libérer de son emprise.

« Merci. Au moins cette nuit j'aurais autre sujet à analyser en plus de tous les autres. » continuai-je de la taquiner car ses réactions étaient drôles.

« Oublie. » m'ordonna-t-elle en s'approchant nerveusement de moi. « S'il te plaît. Oublie. » se répéta-t-elle plus calmement mais tout de même inquiète.

« C'est déjà fait. » la rassurai-je en l'embrassant rapidement et cela sembla la convaincre.

« Parfait. Maintenant va te doucher pendant que je commande à manger. » m'ordonna-t-elle en se décollant une nouvelle fois de moi avant de me mètre une claque aux fesses lorsque je me tournai pour me diriger vers la salle de bain.

Je sursautai face à cet assaut et la regardai très bizarrement ce qui la fit exploser de rire pour me faire comprendre qu'elle n'avait fait ça que pour m'embêter à son tour. Sûrement une vengeance suite à ma taquinerie.

« Ne recommence jamais ça. » la prévins-je en me retenant de sourire car elle me regardait fière de sa blague.

« Je ne vois pas de quoi tu parles. » dit-elle en se mordant les lèvres pour s'empêcher de rire. Son comportement me laissa sans voix et voyant que ma répartie était restée à Orlando elle se ravisa de m'embêter encore. « Aller, dépêches-toi. Demain on se lève tôt et on n'a pas intérêt à louper le réveil. Je pense que l'on a assez fait attendre Madi comme ça. »


Samedi 29 Juillet

« Je suis un peu stressée. » avouai-je sur le trottoir face au centre où devait se trouver Madi.

« Moi aussi. » répondit ma blonde en détaillant tout comme moi l'infrastructure devant laquelle on se trouvait.

Le bâtiment était simple, très simple mais au moins il semblait en bon état. Le centre se trouvait à l'écart du centre-ville et le coin était tranquille.

« Tu peux encore changer d'avis. » dis-je car je voulais être sûre qu'elle ne regrette pas son choix.

« Je sais. » répondit-elle mais aucune de nous ne semblait faire le premier pas pour entrer.

Nous restâmes là de longues minutes sans bouger. On prenait sûrement toutes les deux consciences de ce qu'on venait faire ici.

« Tu es sûre à 100%? » insistai-je une nouvelle fois auprès de ma blonde.

« Oui. J'ai déjà signé les papiers mais pas toi. » me rappela-t-elle non comme un reproche mais pour montrer sa bonne foi.

« Je ne les signerais que lorsque l'on saura d'accord toutes les trois sur la situation. » précisai-je avant de prendre une grande inspiration lorsque la porte du centre s'ouvrit.

« Bonjour. Vous êtes Clarke Griffin et Lexa Woods? » nous demanda une femme aux longs cheveux blonds.

« Oui. » répondit simplement ma blonde.

« Je suis Sidney, responsable du placement des enfants dans des familles d'accueil. » se présenta-t-elle en nous tendant amicalement la main.

Elle essayait d'être amicale et professionnelle mais j'avais beaucoup de mal à la prendre au sérieux quand je voyais la famille dans laquelle la majorité des enfants étaient envoyés.

« Enchantée. » dis-je tout de même avec un sourire forcé mais seule Clarke qui me connaissait bien pouvait voir qu'il l'était.

« Vous voulez entrer? Ou vous préférez rester dehors? » nous proposa-t-elle car elle semblait nous avoir observés de l'intérieur.

Je jetai un petit regard à Clarke tout en lui tendant la main. Ce geste pouvait sembler habituel mais à ce moment précis, c'était surtout pour avoir la confirmation qu'elle s'engageait bien avec moi dans cette aventure.

Elle sembla le comprendre et tout en me décrochant un timide sourire restreint à cause du stress qu'elle devait avoir, elle saisit ma main en retour.

« On vous suit. » dit-elle avant de resserrer ma main dans la sienne.

« Parfait. » s'enthousiasma la blonde de façon professionnelle en nous faisant signe de la suivre.

On pénétra à l'intérieur du centre et encore une fois, rien d'exceptionnel. L'endroit semblait propre, du moins le minimum pour recevoir des enfants.

« On ne va pas voir Madi? » m'étonnai-je lorsque l'on entra dans ce qu'il semblait être son bureau.

« J'aimerais d'abord m'entretenir un petit moment avec vous. » m'expliqua toujours gentiment la responsable en nous invitant à nous assoir.

« Il y a un problème? » demanda ma blonde en prenant place à côté de moi.

« Non aucun. » nous rassura-t-elle avec un sourire. « Même si je dois avouer que cette situation est plutôt rarissime. » ajouta-t-elle plus sérieusement.

« Rarisime? » répétai-je car je ne comprenais pas en quoi elle l'était.

« Madi était normalement placée dans une famille approuvée par notre centre et… »

« Approuvée? » la coupai-je choquée de ses mots mais Clarke posa directement sa main sur la mienne pour tenter de me calmer. Je lui jetai un regard mais le sien me disait de ne pas faire de vagues si nous voulions que tout se passe bien. « Pardon. » m'excusai-je sans en penser un mot car ma petite amie avait raison.

Sidney me regarda légèrement méchamment mais reprit ensuite son rôle de la parfaite responsable du centre.

« Donc je disais que Madi était placée dans une famille approuvée mais qu'elle s'est échappée et que c'est vous qui l'avez recueilli. Vous nous l'avez caché pour nous ne savons quelles raisons et maintenant vous souhaitez devenir sa famille d'accueil? » résuma-t-elle en regardant principalement Clarke car je semblais l'avoir vexé.

« Nous ne voulions pas vous le cacher. Nous voulions d'abord trouver une solution pour l'aider. » répondis-je ce qui la fit enfin me regarder.

« Mais ce n'était pas votre rôle. » précisa-t-elle un peu trop froidement pour quelqu'un qui voulait se montrer supérieur. Elle me défia aussi du regard car elle ne lâchait plus mes yeux.

« Nous le savons et on s'en excuse. » s'empressa d'intervenir ma blonde car elle savait comment je pouvais répondre face à de la provocation. « Mais je suis sûre que vous nous pardonnerez d'avoir voulu son bien, c'est ce que nous voulons tous ici. » ajouta-t-elle de façon totalement réfléchie.

« C'est exact. » répondit-elle en retournant son intention vers ma blonde avant qu'un petit blanc ne s'installe.

« Vous aviez peut-être des questions à nous poser? » proposa Clarke face au silence de Sidney.

« Vous connaissez les conditions? » demanda-t-elle en reprenant conscience que c'était elle qui voulait nous parler.

« Pas spécialement. » avoua ma blonde.

« Vous devez avoir la nationalité américaine et ne pas avoir été condamné pour des faits en relation avec des enfants. Vous devez aussi passer un examen médical assurant que votre état de santé vous permet d'accueillir des enfants mais aussi présenter des conditions d'accueil garantissant la sécurité, la santé et l'épanouissement des enfants accueillis. » récita-t-elle automatiquement son discours.

« Vous allez me faire croire que toutes les familles d'accueil respectent ces contraintes? » rigolai-je nerveusement car je ne savais pas si c'était les centres en général qui étaient incompétents ou si au contraire on me faisait une mauvaise blague.

« Toutes nos familles respectent ces contraintes je peux vous l'assurer. » répondit-elle hautainement.

« Et on vous croit. » essaya de tempérer ma blonde en serrant fort ma main pour me faire comprendre que je devais me taire. « Vous pouvez nous expliquer un peu les délais et comment ça va se passer. » ajouta-t-elle pour relancer le sujet.

« Bien sûre. » dit-elle en me foudroyant du regard. « Vous allez devoir monter un dossier afin de prouver que vous répondez bien à ces quatre conditions. Pour la nationalité, le casier judiciaire et l'examen médical, ce sont des formalités. Il faudra cependant que l'on fixe un rendez-vous pour que je puisse venir inspecter votre maison afin de valider ou non la quatrième condition. » expliqua-t-elle en nous sortant des papiers qui nous résumaient se dont nous devions fournir mais aussi avoir à la maison pour garantir l'accueil de Madi.

« Quand pouvons-nous fixer le rendez-vous? » demandai-je pour paraître plus amical à ses yeux maintenant que je savais que c'était elle qui viendrait chez moi et qu'elle aurait tout le pouvoir.

« J'ai plutôt un agenda bien rempli. » commença-t-elle en consultant son ordinateur. Elle voulait vraiment nous faire le coup de la personne overbooké? « Étant donné que vous habitez à Orlando et que je vais devoir me déplacer, je vais devoir me libérer sur deux jours et ce n'est pas pratique. » ajouta-t-elle en jetant rapidement un regard dans ma direction pour juger de ma réaction mais je gardais toujours ce sourire idiot et forcé sur mon visage pour ne pas lui donner ce qu'elle voulait. « Je peux venir le mercredi 16 et le jeudi 17 août. » nous proposa-t-elle après m'avoir assez torturé.

« C'est parfait. » répondit Clarke avec un grand sourire car elle ne voulait pas prendre le risque que je réponde quelque chose de débile et nous faire perdre ainsi encore du temps.

« Vous devrez par contre payer les frais de déplacement et de séjour. » précisa-t-elle nonchalamment en me regardant car elle pensait m'embêter avec ça.

« Ne vous inquiétez pas, on s'occupera de tous vos frais. » répondis-je en pensant déjà à la faire voyager en soute.

« Et si nous validons tous les critères, dans combien de temps pouvons-nous espérer récupérer Madi? » s'intéressa ma blonde.

« Je pourrais valider votre dossier dès mon retour mais comme nous sommes en été, que les employés sont en vacances, cela peut prendre du temps pour qu'il soit définitivement validé par les autorités. » commença-t-elle en réfléchissant très sérieusement cette fois-ci. « Il faut aussi que l'on fasse une enquête sur vous en auditionnant des personnes de votre famille, vos amis et les personnes avec qui vous travaillez. » ajouta-t-elle ce qui me fit directement penser à mes problèmes d'alcool. Est-ce que je devais être sincère avec elle? « Je pense que Madi pourrait être chez vous vers mi-septembre. » termina-t-elle ce qui me fit oublier l'idée de jouer cartes sur table pour le moment.

« Aussi tard? » m'étonnai-je mais en même temps je ne savais pas à quoi je pensai. Il était évident que je ne pouvais pas me présenter ici et repartir avec une enfant sous le bras.

« C'est une estimation. » précisa-t-elle pour que j'envisage la possibilité qu'elle soit là aussi bien plus tôt que plus tard. Mais vu son implication, je miserai plus sur le fait qu'elle arrive beaucoup plus tard.

Clarke semblait pensive lorsque je jetai rapidement un regard vers elle et je me demandais bien à quoi elle pouvait penser. Avait-elle changer d'avis?

« Et pendant ce temps. Où vivra Madi? » m'inquiétai-je.

« Chez la famille dans laquelle nous devions initialement la placer avant que vous ne vous manifestiez. » répondit-elle.

« Il n'y a pas moyen de la rapprocher de chez nous? À Orlando? Pour que nous puissions la voir régulièrement. » demandai-je en regardant ma blonde toujours perdue dans ses pensées.

« Nous ne pouvons pas. Tant que je n'ai pas validé votre dossier, par la suite, peut-être que nous pourrons reconsidérer la question. » précisa-t-elle directement, sans réfléchir à une solution.

« D'accord. » répondis-je un peu déçue car je savais que je ne pourrais pas la faire changer d'avis. Elle n'avait pas envie de m'aider et je l'avais bien compris.

« Vous voulez parler de la rémunération? » demanda-t-elle et pendant quelques secondes je ne compris pas pourquoi elle amenait ce sujet sur la table après ce dont nous venions de parler.

« Pas besoin. » répondis-je sèchement car je ne faisais clairement pas cela pour l'argent.

« Bien évidemment. » rigola-t-elle nerveusement.

« Je vous demande pardon? » m'étonnai-je de son comportement ce qui ramène ma blonde à la réalité.

« Vous êtes riches donc il est vrai que vous ne faites pas ça pour l'argent. » m'expliqua-t-elle sans honte.

« Qui ferait ça seulement pour l'argent? » rétorquai-je froidement car elle venait de se trahir.

« Personne. » tenta-t-elle de se sauver. « Je me suis renseignée sur vous quand vous nous avez appelés pour Madi. » ajouta-t-elle en espérant faire passer ce qu'elle venait de dire pour un acte bienveillant.

« Est-ce que vous pensez que nous pourrions voir Madi. Avant de lancer tout le processus? » demandai-je car si je continuais à parler avec cette femme, je risquai de perdre mes moyens.

« On a déjà signé les papiers mais on aimerait en discuter avec elle. » précisa ma blonde qui avait peur que ce que je venais de dire montre une certaine hésitation auprès de la responsable.

« Bien sûre. Je comprends. » répondit-elle avec un sourire forcé avant de se lever. Nous la suivîmes donc en dehors de son bureau et nous empruntâmes des escaliers pour nous rendre au troisième étage. « C'est la porte de sa chambre. Je vous laisse un peu d'intimité. » nous expliqua-t-elle avant de s'en aller très rapidement et je trouvais ce comportement léger pour quelqu'un qui se souciait du bien-être des enfants. Comment pouvait-elle être sûre que nous n'étions pas deux folles qui voulions l'enlever?

« Prête? » me demanda Clarke me sortant donc de mes pensées.

« Après toi. » dis-je en l'invitant à toquer et à entrer la première.

« Je pense que tu devrais y aller la première. » se dégonfla aussi ma blonde qui était aussi stressée que moi. Nous ne savions pas comment allait réagir Madi en nous voyant et cette situation nous tendait toutes les deux.

« D'accord. » soufflai-je en prenant une inspiration avant de toquer. Je n'eus pas de réponse donc je toquai une deuxième fois mais le résultat fut le même.

« On devrait quand même entrer. » proposa Clarke en parlant tout bas pour que la petite brune ne puisse pas nous entendre.

Je n'attendis donc pas son autorisation et ouvris doucement la porte sur une chambre. Je ne savais pas si on pouvait la nommer ainsi car il n'y avait qu'une fenêtre, une chaise, une petite table et un lit. J'avais plus l'impression de rendre visite à un prisonnier.

Madi était là, assise sur le lit. Ses genoux recroquevillés contre sa poitrine, ses bras les tenant en place et son menton posé sur ses premiers. On ne voyait pas son visage, elle avait la tête tournée en direction de la fenêtre et semblait attendre que le temps passe ainsi.

« Madi. » murmurai-je par peur de la faire sursauter en la sortant de ses pensées.

Sa réaction fut presque imperceptible, je vis son corps se contracter une fraction de seconde avant de reprendre sa pause inerte du départ.

Je jetai un regard inquiet en direction de ma blonde qui hocha la tête pour m'encourager à continuer.

Je pris la chaise qui se trouvait dans la pièce et je vins m'assoir dessus à côté de la petite brune. Je pouvais maintenant apercevoir son visage. Elle était concentrée à fixer l'extérieur et visiblement elle n'était pas contente de me voir.