Titre : Parce que j'aime le Balafré.
Disclamer: L'univers d'Harry Potter et ses personnages ne m'appartiennent malheureusement pas.
Avertissement : Ceci est un slash Harry Potter/Draco Malfoy. Homophobes s'abstenir.
Note de l'auteur : Après tout ce temps, je suis de retour avec la suite. Je n'en reviens pas moi-même. Alors c'est une suite spéciale parce qu'en réalité ce n'est pas vraiment une suite. Moi énigmatique ? Vous verrez bien. Allez, enjoy !
- Hermione !
Mon propre cri me sortit de mon cauchemar. De mon souvenir. Je me redressai d'un coup dans mon lit inconfortable et passai une main sur mon front luisant de sueur. Mon regard se tourna, comme d'habitude, sur ton portrait. Tes cheveux virevoltaient au vent et tu me souriais en faisant de grands signes d'une main, l'autre tenant une pile de bouquins…
Pourquoi avait-il fallu que tu t'interposes ? Pourquoi n'avais-tu simplement pas laissé Lestrange ensorceler Harry ? Jusqu'au bout, tu l'avais aimé au point de mourir pour lui. Jusqu'au bout tu l'auras préféré à moi. Je t'aimais plus que quiconque et j'aurais décroché la lune et quelques étoiles juste pour toi. Pourtant, ça n'a pas semblé suffire. Je te remercie d'avoir fait semblant de ressentir le quart de mon amour pendant un an, Hermione. Je te remercie de m'avoir donné l'illusion que tu m'aimais réellement et que pour une fois, j'étais gagnant. Que tu fasses semblant, je l'ignorais. Réellement. N'est ce pas toi qui disait que j'étais foncièrement aveugle et confiant ? Bizarrement, cela a fini de t'amuser ce jour où tu as brisé mon monde, mon âme et mon coeur.
J'aime Harry. Si tu savais comme je suis désolée, Ron.
Il n'y avait pas plus désolé que moi, en réalité.
Deux semaines plus tard, j'étais face au Seigneur des Ténèbres et il m'apposait sa marque. Je ne l'avais laissé faire qu'à deux conditions, tu sais ? La première concernait, bien sur, ma propre survie et la seconde, la tienne. Même si tu m'avais brisé le cœur à cause de ce connard qui, comme toi, avait brisé celui de ma sœur en disant vouloir la protéger, je t'aimais. Je t'aime toujours. Il avait promis que les anciens amis du Survivant seraient épargnés tant que je lui révélais tous nos secrets. Et j'en avais beaucoup n'est ce pas ? D'abord la prophétie, ensuite les Horcruxes. A la fin de notre entrevue, il était réellement terrifié. Je crois que c'est ce jour là qu'il a pris conscience du pouvoir de Harry. Ce misérable qui ne devait sa survie qu'à nous et à la chance.
Depuis, comme je suis le seul à savoir, je suis le seul à qui il parle. Je suis son préféré. Etre le préféré du survivant et le préféré du Lord. Cet acte de génie aurait-il pu te faire lever les yeux vers moi avec admiration ? Car après tout, j'étais arrivé à vous tromper comme personne. Je rigolai avec Harry tout en sentant la Marque me tirailler. C'était un sentiment fantastique que de vous abuser tous…
Puis il y avait eu cette attaque. En réalité, je l'attendais depuis longtemps car le Maître m'avait mis au courant. Personne ne devait te toucher mais Lestrange était une folle à lier. Je n'ai pas entendu les deux mots impardonnables sortir de sa bouche mais quel autre sort cela aurait-il pu être ? J'ai voulu tuer Lestrange mais Neville avait été plus rapide que moi. Le tuer ne m'a apporté aucun réconfort. Je ne pouvais même pas toucher ton corps, le regard de Harry, choqué et empli de douleur bien sur, m'en a dissuadé. Je l'avais vu s'entraîner. J'ai toujours été moins fort que lui, de toute façon. J'ai transplané et j'ai fait un rapport au Maître. Et s'il était contrarié de la mort de Lestrange, la joie de retrouver Nagini vivant était plus forte. Je crois que s'il a jamais aimé quelqu'un, c'est bien ce serpent. Mais après tout c'est une part de lui, non ?
Un cri inhumain interrompit brusquement mon monologue et une brusque douleur dans l'avant bras gauche me fit grimacer. Il était furieux. Ou triste. Ou effrayé.
Aussitôt, je me levai et entrai sans frapper dans la chambre voisine. Il aimait m'avoir à portée de main à tout instant. Il était écroulé par terre, le visage déformé par la rage. Ses yeux injectés de sang se posèrent sur moi, me faisant frissonner malgré moi. Je compris à l'instant. Harry avait eu le dernier Horcruxe. Nagini était mort. Je me laissai tomber sur le sol pour m'approcher de mon Maître. Il avait déjà fini de trembler. Des pas retentissaient dans le couloir. Les autres avaient du entendre le cri du Maître. C'était maison n'était plus qu'un taudis...
Il se releva rapidement, laissant à peine deviner qu'on avait détruit un septième de son âme quelques instants plus tôt. Je me relevai rapidement et me tournai comme lui vers la porte principale de la chambre. Plusieurs mangemorts entrèrent dès lors. Je reconnus Malfoy fils dans la foule et mon poing se contracta. On avait beau être dans le même camp, j'aurais voulu pouvoir éclater sa sale face de fouine. Ce n'était qu'un perdant et le Maître ne le savait que trop bien. Il attendit patiemment que tous ses mangemorts le rejoignent, les fixant de haut. Snape, Pettigrow, Nott, etc. Autant se mirent en demi cercle face à lui et moi. Certains me regardaient avec dégoût et appréhension. Et oui, je me tenais à côté du Maître et non face à lui. Une chose que vous ne pourrez jamais prétendre faire, pauvres petits mangemorts stupides.
- Mangemorts ! siffla-t-il. Hier, Dumbledore mourrait des mains même de celui en qui il avait toujours eu confiance.
Il adressa un regard à Snape qui se redressa imperceptiblement. Lâche.
- Aujourd'hui, le Survivant se croit plus fort que Lord Voldemort lui-même. Il est plus que temps de donner son point final à cette histoire ridicule d'Elu. Demain, sera le jour où le monde verra enfin mourir Harry Potter.
Il y eut une vague de murmures approbateurs dans les rangs. Le Lord les fit taire d'un geste.
- Demain, sera le jour où nous gagnerons.
Tous l'acclamèrent respectueusement et il eut un sourire mauvais puis d'un geste, leur fit signe de disposer. Je ne partis pas, sachant que cet ordre ne me concernait pas. Il se tourna vers moi, moins grandiloquent que l'instant d'avant. Il était toujours plus vrai avec moi. Peut-être parce que je connaissais toute l'étendue de la situation. Sa main glacée caressa mon visage.
- Demain, nous tuerons Potter.
J'acquiesçai, presque impatient. Ses lèvres presque invisibles se posèrent sur les miennes un instant. Je frissonnai à nouveau. Il m'adressa un autre sourire avant de me laisser repartir. Nous avions tous besoin de nous préparer mentalement à la bataille finale, lui le premier. Je n'étais pas dupe. Il avait peur.
Je m'assis sur mon lit et replongeai, pour la énième fois, mon regard dans celui de la seule que j'aie aimé un jour.
Je ne suis pas dupe, Hermione. Le Seigneur des Ténèbres va perdre, c'est pratiquement une certitude. Il le sait, nous le savons tous au fond de nous. Je pense même qu'il l'attend. Mais même s'il ne peut pas le tuer, il ne partira pas sans laisser Harry affaibli. Et c'est là que je frapperai. Demain, quoi qu'il advienne, Harry sera mort. Quel Mangemort le laisserait sortir de ce cimetière en vie d'ailleurs, si le Maître est défait ? Je pourrais peut-être même les faire manger dans ma main, après avoir tué Harry. Devenir le successeur du Lord et régner sur le monde magique sans partage. Cesser d'être celui dans l'ombre, celui qui aide sans qu'on ne le remercie, celui qui souffre sans qu'on s'en soucie. Si tu étais en vie, m'aimerais-tu comme cela, Hermione ? L'admiré, le craint, l'aimé, le détesté mais dans tous les cas le premier ? Je suis sur que oui. Quel dommage que tu sois morte si tôt, Hermione. Deux ans, et tu aurais pu m'aimer toi aussi.
Oui, j'attends vraiment demain avec impatience. Demain, je tuerai le Survivant.
Quelques chambres plus loin, quelques heures plus tard.
Une jeune femme regarde un jeune homme dormir dans un lit. Elle pose doucement une lettre sur la table de nuit et puis se glisse en silence dans les draps. Elle passe ses bras autour de la poitrine du garçon, calque sa respiration sur la sienne et dédaignant le jour naissant qui transperce par la fenêtre, s'endort un sourire triste aux lèvres.
Draco,
Demain tout sera terminé. Demain, la guerre prendra fin d'une façon ou d'une autre. Demain, l'un des deux va mourir. Nous risquons de ne jamais nous revoir, tu sais ? T'écrire doit être mon testament, quelque chose dans ce genre. Je ne peux pas mourir sans t'avoir expliqué mes gestes et surtout la raison pour laquelle jamais, je n'ai failli à ma promesse, ou jamais, je ne suis partie.
La raison est que je t'aime. Je t'aime plus que personne ne t'a jamais aimé, j'en suis certaine.
Je ne sais pas comment j'en suis venue à t'aimer. Je ne sais pas comment j'en suis arrivée à attendre de toi le moindre geste, le moindre regard qui me réconforterait. Qui me rassurait. Qui me dirait que toi aussi, tu m'aimais. Je ne sais pas quand exactement j'ai cessé de m'intéresser à toi pour ton nom, ta fortune et ton sang. Au début… Au début, oui j'étais interessée. Au début, je n'entendais que la voix de ma mère me répétant combien les Parkinson seraient fiers de moi si je parvenais à faire un mariage avec le descendant Malfoy. Tu étais l'héritier de l'élite de la noblesse et à l'image de ton père qui en était le Roi, le Prince des Sang-Purs. Lors de notre première rencontre, en première année, tu ne m'as pas accordé un regard. Si j'avais été conditionnée dès le berceau à n'avoir qu'un seul but dans la vie, à savoir te mettre le grappin dessus, ça n'avait pas été ton cas.
Tu me parlais comme on parle à une fille lorsqu'on à onze ans et qu'on ne comprend pas les tenants et les aboutissants de notre monde. Tu me parlais de ton manoir, de tes elfes de maison que tu maltraitais, de tes parents que tu aimais tant. Et qui t'aimais tant pour t'avoir préservé de l'éducation typique d'un sang pur dont j'avais malgré moi bénéficié. Je ne t'aimais pas du tout en première année. Je te jalousais. Jamais mes parents ne m'avaient accordé le quart de l'attention dont les Malfoy t'abreuvaient. Jamais je n'avais connu d'autre étreinte que celle de l'édredon qui, s'il était le plus doux qu'on puisse trouver, restait aussi réconfortant que du papier de verre. Et puis, j'étais déçue. Tu étais censé être un prince et je ne voyais qu'un gamin prétentieux et peureux. Pourtant, j'ai continué de me rapprocher de toi. Je ne pouvais pas espérer que tu comprennes que je cherchais à être plus qu'une amie, tu étais trop jeune et je l'étais aussi. Même si je me sentais cent ans plus mature à tes côtés…
A cette époque, il n'y avait que Potter qui éveillait de l'intérêt à tes yeux. Ton petit égo avait été blessé lorsqu'il avait refusé ta main tendue. Lorsque tu avais expérimenté pour la première fois le refus. Tu t'acharnais à gâcher sa vie, allant jusqu'à l'espionner la nuit. Et au final, c'était toujours Potter qui gagnait. Tu étais toujours furieux dès qu'on osait prononcer ce nom. Au début de l'année, tous les premières de Serpentard t'avaient respecté pour ton nom et les deux gorilles dont tu t'entourais sans cesse. En deuxième année, tu as grandi. Tu as appris à manipuler les gens, à les plier à ta volonté. A la fin de cette année, nous te respections tous car nous reconnaissions enfin en toi, le prince des Serpentards. Et tous, nous t'envions et t'admirions en silence, essayant de ne pas te décevoir, de ne pas te contrarier. Au final, si quelqu'un te mettait en colère, il finissait toujours par te demander pardon à genoux. C'est à cette époque que j'ai commencé à penser que tu ne pouvais pas être un si mauvais époux que cela. Je t'admirais même un peu. Mais tu ne pensais toujours pas à moi.
Tu pensais à Potter. Potter. Potter et la belette. Potter et la Sang-de-Bourbe. Potter qui se faisait appeler l'Héritier de Serpentard. Potter, toujours Potter. Je t'ai laissé fulminer inutilement et j'ai continué de t'écouter. Pour me rapprocher de toi, pour que tu me fasses confiance. Maintenant, je ne peux que rire face à ma naïveté. Je te croyais un peu stupide, je pensais que tu tomberais dans le panneau facilement. J'en étais même convaincue. Je sais désormais que s'il y a quelqu'un qui est tombé dans le panneau, c'est bien moi. J'ai réellement cru avoir ta confiance en troisième année. Mais au final, ce n'était que des faux-semblants. Je me demande si quelqu'un a jamais su ce que tu avais réellement dans le cœur. Ne te sentais-tu pas seul quelques fois ? J'admirerais toujours ton indépendance effrayante…
En quatrième, les choses se sont accélerées. En partie grace au bal, en partie grace à ton père. J'ai souvent fouillé ton dortoir, sans le moindre remord. J'y ai trouvé peu avant le Bal du Tournoi, une lettre de Monsieur Malfoy qui te donnait pour principale instruction de trouver une fille noble à épouser. Tu gardais la lettre sous ton oreiller. Je n'ai jamais su pourquoi. Je suppose que c'est parce que c'était la première fois que tu devais faire face à tes devoirs d'héritier. En soi, y être préparée dès la naissance m'a peut-être privée d'amour mais je n'ai pas eu à vivre ta déception. Je l'ai vue par contre. Dans les rares moments où nous étions seuls à discuter, ton masque s'effritait parfois et j'y voyais toute l'étendue de ta peine. Tu la criais à travers tes gestes, tes paroles, tes sourires et tes regards. J'ai réellement souhaité apaiser ta souffrance, effacer ces regards si tristes et désillusionnés. J'aurais voulu te rendre ton air arogant que j'aimais tant. Je voulais t'aider, te soutenir. Peu à peu, je m'attachais à toi, sans m'en apercevoir. La pitié fut le premier sentiment que j'eus pour toi et celui qui me mena à t'aimer.
Puis, est venue la cinquième année, avec son lot de bouleversements. Mon père n'était pas mangemort comme le tien mais il soutenait fermement le Seigneur des Ténèbres. Je pense qu'il prenait même parfois part à ses actes avant que le Seigneur ne soit défait. Après Dumbledore, ce fut lui qui nous confirma l'information: Il était de retour. Je me rappelle avoir eu peur. Car c'était inconnu pour moi et même si nous étions d'avance dans le camp du Lord, je ne pouvais m'empêcher de penser que ce Maître qu'on disait immortel avait été mis hors course pendant treize ans par un bébé. De plus, si je devais t'épouser, je devrais adhérer à tes choix politiques et connaissant ceux de ton père… Je savais que mon avenir était tout tracé et quelque part, ça m'ennuyait.
La cinquième année est passée plus vite que je ne le pensais. Tu avais un peu arrêté de penser à Potter et commençait à t'interesser sérieusement aux filles. J'étais en haut de la liste, bien sur. Et pourtant, tu ne m'as pas draguée en premier. Comme si tu voulais te faire la main avant de t'attaquer à la pièce maîtresse. Je parle comme si j'étais un bout de viande... Et il y a un peu de vrai là dedans, n'est ce pas ? Je suis restée ton amie bien trop longtemps à mon goût. Maintenant que je savais que tu sortais avec des filles, je ne pouvais m'empêcher d'être impatiente et frustrée. Impatiente que tu t'intéresses à moi et frustrée que tu ne l'ai pas déjà fait.
Note, j'étais toujours aussi confiante sur mes dons à paraître digne de foi. J'étais convaincue que tu me confessais le fin fond de ton âme. Les véritables tourments de ton cœur. C'est à peine si j'en atteignais la surface en réalité, bien sur. Mais la pitié et puis l'attachement que j'éprouvais pour toi m'avaient aveuglés. Je me sentais jalouse de toutes ses filles qui défilaient. Pas toutes dans ton lit. Presque pas en fait, si je me rappelle bien. Peut-être seulement deux sur les dizaines avec lesquels tu t'affichais. Tu n'avais aucun sens de la fidélité. Je le voyais bien et pourtant je voulais toujours autant que tu t'intéresses à moi, que tu me proposes. J'étais trop digne pour faire le premier pas et bien trop arrogante pour imaginer que tu ne me serais pas fidèle à moi. Tu étais comme un animal sauvage que je dresserais. J'étais tellement sure de moi…
La brigade Inquisitoriale a été l'événement déterminant. Nous sommes enfin sortis ensemble. Mais j'ai rapidement exigé que tu largues tes autres copines. Je me souviens t'avoir dit : "Moi seule ou rien du tout, Draco." Tu as accepté et brisé le cœur de quatre pauvres perdues le jour même. J'étais tellement fière de moi, je pensais la partie déjà gagnée. La fin de l'année est arrivée très vite sans que nous ayons été plus loin que des baisers. Il faut dire que tu avais mis un point d'honneur à prendre ton temps avec moi. Une des choses qui me fit t'apprécier encore plus. Pendant les quelques jours avant que Potter ne fasse son intéressant au Département des Mystères, je me voyais Madame Malfoy, riche, puissante et au bras de l'Apollon que tu étais devenu.
Car personne ne pouvait nier que le Prince des Serpentards et des Sang-Pur était beau. A en mourir. Je te trouvais attirant, j'aimais ton humour, j'appréciais ton esprit et nos discussions animées sur multiples sujets variés. J'aimais ton attitude, j'aimais ton aplomb, j'aimais ta classe, simplement. Toutes ces choses que j'aimais en toi sont passées, sans que je m'en rendre compte, devant les autres, auquels ma famille accordait tant d'importance. C'est pour cette raison que lorsque ton père fut mis en prison, déclaré publiquement mangemort, lorsque ton nom fut trainé dans la boue par toute la communauté sorcière, lorsque tu perdis rang et pouvoir en une seule nuit, je suis restée à tes côtés. Qu'importe que ton argent disparaisse et que ton nom soit à jamais associé au terme mangemort, je t'aimais.
Lorsque tu appris la nouvelle, j'étais là. Nous discutions tranquillement d'Arithmancie au petit matin, lorsqu'un grand duc a tapé à ta fenêtre. Tu m'as regardé avec un air surpris et amusé avant d'hausser les épaules et d'aller ouvrir. Lorsque tu as vu le sigle des Malfoy, tu as légèrement pali. Ce n'était pas normal, je le savais aussi bien que toi. La lettre ne disait pas grand-chose. Narcissa Malfoy savait aller droit au but et en quelques mots, elle t'informa des récents évènements. Quand ton visage s'est décomposé devant moi, je me suis levée pour te rejoindre. Jamais je n'avais vu autant d'expression chez toi. J'ai lu la lettre et j'ai compris tout ce qu'elle signifiait. Tu avais perdu ton trône. Plus jamais tu ne serais le Prince des Sang-Purs. Tous renieraient ta famille, comme jamais. Comme s'ils n'avaient jamais été tes amis, tes relations. Un mariage avec un Malfoy ne valait plus rien si ce n'est une déchéance.
- Tu peux partir, Pansy. Je comprendrais.
Comment aurais-je pu partir en voyant ton air si bouleversé ? Comment aurais-je pu penser d'abord à moi alors que tu m'offrais ton premier regard vrai ? J'aurais été bien incapable de penser à mes propres intérêts à cet instant. A cet instant, je voulais apaiser ta peine, te prendre dans mes bras et te réconforter.
- Je ne partirais jamais, Draco.
Quatre mots auquel je me tiendrais. Quatre mots qui marqueraient le reste de ma vie. Tu as été surpris mais rapidement tu as souri. Je t'ai embrassé. Peut-être m'as tu fait complètement confiance cette nuit là. Et tu aurais eu raison car il n'existait plus aucune part de moi qui cherchait à t'utiliser. Je n'existais plus que pour te soutenir.
Cette nuit là, tu m'as fait l'amour. C'était ma première fois et j'en garde pourtant un magnifique souvenir. Tu as été doux, attentionné, aimant. J'ai vu dans tes yeux plus de tendresse cette nuit-là que pendant les cinq ans que j'avais passé à tes côtés. Cette nuit là, j'ai été tienne, je t'ai appartenue et depuis, je n'ai pu ne serait-ce que concevoir appartenir à un autre que toi. La suite est moins rose. Je me suis réveillée dans tes bras, à la nuit tombée. Je t'ai longtemps observé dormir. J'ai rabattu tes mèches si blondes sur le côté de ton visage. Je ne t'avais jamais vu décoiffé. Je t'ai trouvé encore plus beau. J'ai attendu que tu te réveilles, blottie contre toi, calquant ma respiration à la tienne, m'enveloppant de ton odeur particulière et de ta chaleur. En te réveillant, tu as resserré ton étreinte encore un peu puis brusquement tu t'es redressé. Je me suis relevée à mon tour et je t'ai souri. Tu m'as souri aussi.
- Merci, as-tu dit.
- Il n'y a vraiment pas de quoi.
Tu n'as pas répondu. Je crois que tu as vu ou compris que je t'aimais car l'instant d'après, tu avais retrouvé ton visage impassible que je ne connaissais que trop bien. Tu m'as demandé si je voulais prendre une douche. J'ai répondu que je préférais la prendre dans ma chambre. Tu as acquiescé et tu es sorti du lit m'offrant la vue de ton corps nu et parfait. Je me suis demandée si je saurais vivre un seul jour sans t'avoir contre moi maintenant que je t'avais gouté. Tu n'avais pas les mêmes pensées. Tu t'es contenté de prendre un peignoir, de me tendre gentiment mes vêtements et de murmurer un « A tantôt » en t'enfermant dans la salle de bains. Je n'ai pas attendu que tu reviennes. Tu n'espérais pas que je t'attende de toute façon...
Le reste me semble inutile à dire. Dès que j'ai refermé la porte de ta chambre, j'ai espéré la prochaine fois où je verrais tant d'attention dans ton regard à mon égard. Quand tu recommencerais à me faire l'amour. Quand je serais tienne. Quand tu m'aimerais. Cela fait quatre ans maintenant que j'attends un nouveau geste vrai de ta part. Que j'espère que chaque nuit où je te rejoins ne sera pas une simple baise violente et purement sexuelle. Aujourd'hui, je ne suis pas ta femme, pas ta fiancée, même pas ton amante exclusive. Il y en a d'autres. Des femmes, des hommes. Beaucoup de choses ont changé chez toi depuis nos seize ans mais moi, je suis restée la même. Désespérément amoureuse de toi.
Peu importait le mal que tu me faisais par un geste, un mot, un acte. Peu importe les humiliations que je subissais quand tu me prenais comme un homme. Peu importe toutes les larmes que j'ai pu pleurer quand tu me baisais avec tant de rage, de violence et si peu d'émotions. Peu importe les courbatures qui n'avaient pas le temps de disparaître, peu importe les étreintes douloureuses, les morsures, les railleries. Je restais toujours à tes côtés, te supportant plus que quiconque pourrait le faire. La seule chose qui me permettait de ne pas craquer était la certitude que cette première nuit se reproduirait un jour. Et que tu m'aimerais de cette façon une fois encore. Une dernière je n'ai pas attendu en vain.
Ce jour est venu. Et je ne sais que trop pourquoi.
Je te regarde dormir. Je regarde la marque qui défigure ton bras si pale. Je sais que tu regrettes. Je regrette aussi. S'il y a bien une chose pour laquelle je n'aurais pas du te suivre, c'est celle-là. Oh, comme je regrette, Draco ! Comme je hais ce tatouage sur mon bras. Comme j'espère que Potter va gagner. Pour me libérer de ce manoir horrible, pour me sauver de ce sort pire que la mort. Et si cela signifie "aller simple pour Askaban" je ne m'en plaindrais pas. Tout est si affreux ici… Comment ai-je pu penser un instant que cet homme avait raison ? C'est un monstre. Une abomination. Maintenant, je sais que tu as des regrets toi aussi. Que tu désires la défaite du Maître…
Cette nuit que j'ai attendue quatre ans a été à double tranchant. Tu m'as fait l'amour, je t'ai appartenu. J'ai revu ce regard inespéré, tant désiré. Ce n'était peut-être pas de l'amour qui y brillait mais ce qui y était me suffisait. Tout en douceur, tout en tendresse, j'ai vu ma première nuit d'amour se reproduire devant mes yeux, sur moi. En infiniment mieux. C'était la confirmation. J'ai cru que tu m'aimais, ou qu'au moins tu ressentais quelque chose d'autre pour moi que le désir ou la colère. Comme j'étais heureuse. Si heureuse que j'aurais pu mourir à cet instant sans le moindre regret. Ma chute ne fut que plus rude… J'ai entendu son nom. Murmuré tout bas mais je l'ai entendu. Tu l'as laissé échapper, tu as baissé ta garde comme je l'avais toujours souhaité et ta vraie nature, tes véritables sentiments m'ont frappés en pleine face. Le moins qu'on puisse dire c'est que je ne m'attendais pas à cela.
Harry.
Tant d'amour marqué sur ton visage, tant d'intensité dans ce murmure, je ne pouvais pas douter, je ne pouvais pas nier. Je sais maintenant qui tu aimes. J'avoue que j'ai encore du mal à arrêter mes larmes de couler même si je vois subitement le mystère que tu étais s'éclaircir. C'était évident, si évident. L'amour a bel et bien du me rendre aveugle pour que je rate cela. Cela expliquait tous ces comportements étranges, ces paroles bizarres que tu avais parfois. Cette détermination que tu mettais dans tout ce qui le concernait ne pouvait être animée que par un sentiment aussi fort mais je n'avais rien vu. Cela semble si logique à présent...
Comme je regrette que tout cela se passe aujourd'hui, même si je sais qu'un autre jour, cela ne se serait simplement pas produit. Cette nuit est notre dernière nuit. Voulais-tu me remercier ? Je pense que oui. J'aime penser que oui. Et si ce n'est pas le cas, je ne le saurais jamais. Je te regarde dormir maintenant. Tu es décoiffé, cela te va toujours autant. Tu es nu, démasqué, sans faux semblant. Je peux voir tes cernes, je peux deviner ton étât d'esprit. Mieux, je le ressens.
Comme toi, la personne que j'aime va mettre sa vie en danger demain, et comme toi, je ressens ce besoin de la protéger.
Je ne veux pas que tu meures demain. Et je ferais tout ce que je peux pour empêcher ta mort. Aussi noble soit-elle.
Après tout depuis quatre ans, je ne vivais que dans l'attente d'un soir à l'image de ce triste matin d'été, un soir comme ce soir. J'ai donc eu tout ce que je voulais dans la vie. Toi. Deux fois. Cela ne se reproduira plus et quoiqu'il advienne, je suis assez comblée pour ne plus rien espérer de plus du monde cette nuit. Alors, aussi Gryffondor et stupide que cela puisse paraître (même si entre nous, tu es très mal placé pour me juger), je vais m'employer à faire de ma mort une chose utile. J'espère simplement qu'elle aidera à te rendre heureux, réussisant là où ma vie entière a échoué.
Une dernière chose. Je n'ai jamais abandonné l'espoir de t'avoir un jour alors je t'interdis simplement d'abandonner.
Potter est aveugle mais l'est-il au point de ne pas te voir ? J'en doute.
Je sais que tu seras parti quand je me réveillerai.
Pansy
Je rassure tout le monde en trois lettres : TBC…
Oui, il y a bien un troisième chapitre à venir qui se passe APRES le premier lol. Allez, ne me tuez pas, le but de ce chapitre est surtout d'expliquer certains des agissements dans le premier. Et puis j'ai simplement adoré me mettre à la place de Pansy. Je crois que je deviens fan (oscour!). Remarques constructives ou pas toujours bienvenues. Merci pinpin à mes revieweuses anonymes et milles pardons pour vous avoir tant fait attendre !
