La petite rubrique :voici un nouveau chapitre! merci à tous pour vos motivantes reveiws ! je suis terriblement désolée, je n'ai pas le temps d'y répondre.. excusez-moi, je vous remercie énormément ! (vous pouvez continuer à me motiver, bien sur ! )


Très bonne lecture !


Chapitre 8 : Utopia.

- Monsieur Potter, que plaidez-vous ?

- Non coupable.

oOo

Il fait une chaleur étouffante ce soir. Une chaleur d'orage. Le ciel s'est animé, se couvrant de cumulus cendrés et a chargé l'atmosphère d'une électricité palpable. Draco et moi y avons assisté pendant des heures, respirant l'air lourd par le balcon de la chambre, attendant que ça se passe, que l'abcès soit crevé. Mais vingt-deux heures sonnent et aucun nuage ne semble prêt à éclater. Ils semblent attendre. Mais attendre quoi ?

Allongé sur le lit, sur le flanc, une brise par trop légère vient me chatouiller. Je considère Drago assis nonchalamment au milieu du matelas. Les jambes nues repliées sur son coté gauche, il est légèrement incliné vers l'avant pour 'dresser ce stupide volatil qui n'en fait qu'à sa tête de piaf'. Drake sautille partout et prend un malin plaisir à ne pas faire plaisir à l'homme qui essaie de l'amadouer avec des noix de cajou appétissantes.

Draco me lance un regard de côté quand je glousse de ses échecs lamentables en matière de domptage de perroquet savant.

Ses yeux brillent avec amusement. Vaincu, il lance les noix à Drake. Lui, pas peu fier de remporter sa troisième manche de la journée, les croque avec bruit.

Puis, prenant son nouvel instructeur par surprise, il grimpe sur son épaule et lui mordille le lobe de l'oreille avant de disparaître au dehors.

Draco, les yeux écarquillés, la bouche grande ouverte, le regarde planer au-dessus d'un parterre de fleurs du square sur lequel donne la croisée.

J'éclate de rire devant son air ahuri et lui lance un oreiller à la figure pour le sortir de sa torpeur.

- « Il va mal ton oiseau, me répond-il en relançant la housse bourrée de plumes. Il m'a pris pour toi.

- Crétin ! Il te mène en bateau depuis des jours ! » Ricanais-je en l'assommant à nouveau de projectiles cotonneux.

Draco délaisse les oreillers pour bondir sur moi et m'attaquer par un de mes points faibles. Les chatouilles. Une réaction puérile. Mais j'aime ça. Et j'en ai besoin. Puis, nous n'avons encore jamais eu l'occasion de nous amuser ensemble.

Lui rit. J'aime son rire. Je me tortille dans tous les sens pour échapper à ses doigts fins mais il m'écrase de son poids.

- « Qu'est ce que tu veux dire, Potter ? »

Il a un sourire en coin particulièrement narquois.

- « Il t'apprécie.. Et a très bien ..Compris ..Non.. Pas là.. Dra.. Draco..

- Oui ? Mon cœur ? Se marre-t-il en m'infligeant une véritable torture pulmonaire. Je t'écoute. »

Pour confirmer ses dires, il pose sagement ses mains sur mes pectoraux. Je cille en réalisant que c'est la première fois qu'il m'appelle.. « Mon cœur.. » Ça sonne bien dans sa bouche.

Je profite de l'accalmie pour reprendre mon souffle et relève ma tête, par-dessus un bras croisé derrière ma nuque. Draco est tranquillement assis sur mon torse, à califourchon. Il invite à la luxure et le sait pertinemment.

- « Il a compris quoi ?

- Que tu lui offres une friandise quand tu es persuadé qu'il ne t'estimera jamais. »

Il se penche vers moi et infiltre le bleu-gris de son regard dans le mien.

- « Il est comme moi, alors, Harry ? »

Mon sourire s'efface. Mon estomac se tord. Dehors, un éclair illumine le ciel.

- « ça me peine que tu penses, ça Malfoy ! » Crachais-je, particulièrement furieux, pour le coup et je le repousse assez brutalement pour m'extraire de sous lui.

Je ne prends pas la peine de le regarder et sort de la pièce, claquant la porte, ressentant cet étrange pincement au cœur bien trop douloureux et m'infiltrant dans la cuisine, me sert un verre d'eau glacé que je bois d'un coup.

J'entends un bruit sourd et les murs tremblent. Il semble être assez enragé lui aussi, s'il s'en prend aux cloisons.

Je m'appuie contre la porte du frigo et ferme les yeux.

J'appose le verre froid contre ma joue.

C'est notre première dispute .. Encore que non…il y a déjà eu celle à propos de Drake. ; tiens, encore Drake.. Comme quoi le hasard… Mais cette fois là, nous n'étions pas un couple… Nous n'habitions pas ensemble..

Oui ce soir, on peut dire que c'est notre première querelle, de couple.

Quoique.. Nous n'avons pas eu de mots.

Je n'ai eu que ce regard scrutateur, ce regard qui doutait, ce regard qui semble n'avoir jamais été effleuré par l'idée que ce n'était pas que du sexe, lui et moi. Ce regard qui n'a pas sur voir mes sentiments véritables.

Et je lui en veux. En fait, non, je m'en veux. Car s'il doute de moi, c'est entièrement ma faute. C'est que je ne lui montre pas assez d'amour. C'est que je ne lui ai rien avoué.

Je rouvre les yeux, pose mon verre dans l'évier en inox. Ma décision est prise.

Par la fenêtre, je vois de nouveau la foudre s'abattre. Le ciel gronde. Mais rien ne tombe, juste ma colère.

A pas furtifs, je reprends le chemin de la chambre, foulant des pieds la moquette épaisse qui étouffe tout bruit. La porte grince quand je l'entrebâille. Il est assis sur le lit. Là, même où je l'ai rejeté, du moins je le crois. Il relève la tête et de fines mèches couleur blé s'emprisonnent dans ses longs cils. Je m'infiltre à l'intérieur. Ma culpabilité semble peser comme un repas mal digéré dans mon estomac.

Draco soupire.

- « c'était notre première dispute.. Murmure-t-il. Enfin.. Non. Il n'y pas eu de mots.. Pas vraiment. »

Je me laisse tomber face à ses mollets. Lui baisse les yeux, moi je les lève.

- « C'est bien, je trouve.

- Pourquoi ? Questionne-t-il, amer.

- Parce que ça veut dire qu'on peut se réconcilier. »

Je cherche ses yeux. Je les trouve. Après un temps, il me fait signe de le rejoindre et j'obtempère sans me faire prier.

Sagement, je pose mes mains sur ses cuisses fermes, tandis qu'il s'empare de mes épaules. On se rapproche. Doucement. Infiniment doucement. On se rapproche encore.

Merlin, que c'est bon de se réconcilier avec lui.

Merlin, que j'aime son odeur, si fraîche, comme une bouffée de printemps.

Et son nez, contre le mien, si délicieusement près que je peux boire le souffle de sa bouche convoitée comme s'il s'agissait d'un élixir de bonheur.

Et ses lèvres. Si douces, si roses, si sucrées, sur les miennes, qui les effleurent, qui les suçotent, qui les humectent.

Nos yeux se ferment et nos langues dansent.

Les baisers se finissent par des sourires francs.

- « Je ne le pensais pas. Et je ne pense pas plus que tu ne m'estimes pas. Confesse-t-il, une main dans mes cheveux.

- Moi je pense que j'ai trop attendu pour te dire.. Que. Je t'aime, Draco. »

Sourire. Rougeur.

Clignement de ses yeux orage.

Un éclair illumine la pièce. Violemment.

Toute la beauté de cet homme que je tiens dans mes bras s'imprime dans ma rétine.

Le vent souffle cette fois. Fort. Le ciel ne gronde plus, trop occupé à se déverser.

Bienheureux de se répandre.

Comme cette déferlante de sensations libératrices dans chaque recoin de mon corps alors que Draco fond sur moi, m'amollissant de sa bouche, de ses caresses et m'excitant comme un diable en se frottant sensuellement contre moi, me susurrant des mots tendres à l'oreille.

Mais je l'arrête d'une question ; elle m'est venue, soudainement. Elle m'est apparue comme la pièce manquante à notre couple. L'une des rares choses qu'il me reste à apprendre de lui, la couleur idéale qui le rend si cher à mes yeux, l'essence qui le fait vivre.

- « Ma vision du monde parfait ? » Répète-t-il.

Il dodeline de la tête.

- « Elle a changé. Avant, quand j'étais aveuglé par l'ambition revue à la baisse de Père, je rêvais d'être meilleur.

- Mais tu es devenu meilleur ! » Je m'exclame.

Il rit, doucement.

- « Tu ne comprends pas. Le mieux est l'ennemi du bien... Je voulais être meilleur que toi, au quidditch, meilleur que Hermione en cours, meilleur que Londubat en bota. On m'a conditionné pour que je sois parfait. On attendait toujours plus. Je voulais un monde où mes parents ne me demanderaient rien, où j'aurais satisfait toutes leurs attentes. J'y occultais le lord. Et je te rayais. Définitivement. »

Je hoche la tête. Je conçois ça. Moi aussi, souvent, si souvent, j'aurais aimé gommer ce sourire suffisant qu'il arborait et en effaçant ça, je l'aurais fait disparaître lui. Car ce sourire c'était lui.

Il bouge doucement et s'allonge à mes cotés de façon à me faire face. Il se penche légèrement et me baise les lèvres. Puis se recule, si peu que ces cils effleurent mes joues mal rasées.

- « Et maintenant ? » Je demande.

Il s'humecte les lèvres et sourit, tendrement.

- « Je ne te raye plus. Tu es là. Dans mon monde parfait, mon petit univers utopique. C'est une pièce. De la musique douce s'y diffuse. Et il y a des individus, connus ou non, en cercles. Et on parle, sans se juger, on se croit, sans se poser de questions, et parfois, on se jette dans les bras de quelqu'un car on l'apprécie. On ne connaît pas les mots 'torts, nuire, guerre'. La mort est vue comme un renouveau. Les parents vivent âgés, ils n'attendent que le bonheur de leurs enfants…Et nous, dans la pièce, on se sent bien, toujours en sécurité, entiers et confiants. Et tu me souris… Mais, il n'y a pas que dans ce rêve que tu me souris, Harry, ça me permet d'aimer ma vie actuelle. Ça me permet de t'aimer.. Toi..»

Je me pince les lèvres.

- « waouh. Fais-je.

- Oui, hein ? » Rit-il.

Je l'attire contre moi. Il m'enserre de ses bras et nos jambes s'emmêlent. Je niche ma tête dans son cou. Il baille puis laisse vagabonder ses mains sur mon dos nu..

- « Dormons, mon cœur. Propose-t-il.. Demain. ..Demain, c'est le grand jour. »

Je me blottis encore plus contre lui. Etrangement, je n'ai pas peur. Demain, oui, c'est le grand jour. Le procès d'assise du siècle.

Mais tout ce qui me vient à l'esprit en ce moment, c'est que Draco a tenu sa promesse, tout va bien.. Et il est là pour moi…

Dehors, il pleut des trombes. L'air est pur.

Draco s'endort.

J'aime la pluie.

Oo00oo

Premier Jour du procès. Affaire N° 185243AZ. POTTER, Harry.

Monsieur le président est en fait Madame la Juge. Ses parents Moldus l'avaient nommée Eleanor Rigby voilà quarante quatre ans.

Nous nous levons comme un seul homme lorsqu'elle entre dans la salle d'audience. Ses petits talons de bois claquent sur le parquet embaumant la cire d'abeille. Elle semble magistrale lorsqu'elle prend place derrière sa longue table et simplement splendide quand elle s'assied en prenant garde de ne pas froisser sa robe de fonction en velours parme et cuivre.

Un signe de tête. Pas de sourire sur ses lèvres soulignées d'un léger rouge à lèvres lilas.. C'est une belle femme. Une belle femme qui décidera du chemin qu'il me faudra suivre.

- « Vous pouvez vous asseoir. »

Nous nous exécutons.

J'essaie désespéramment de ne pas racler ma chaise sur le sol.

- Eleanor ! Rentre à la maison ! Il est l'heure de manger !

Une frimousse rêveuse émerge de derrière un talus de hautes herbes. L'adolescente rit, saute sur ses pieds, se débarrasse des fleurs qui jonchent sa jupe plissée et trotte jusqu'à la maison. Maman l'attend sur le pas de la porte.

- Je sais ce que je veux faire après Poudlard ! S'exclame la jeune fille.

Maman retire un coquelicot fané dans ses raides et soyeux cheveux bruns.

- Je veux veiller sur les gens. Les sauver des mauvais pas. Les remettre dans le bon chemin. Leur rappeler que la magie n'est pas forcément le plus important.. Tu vois ?

- Il faudrait que tu sois Dieu, pour cela. Sourit Maman. Tes mains sont propres ?

Eeleanor fronce son nez constellé de taches de son. Ses mains sont maculées de poussières. Maman rit gentiment.

- Mon cœur…Il faudrait déjà que tu veilles sur toi-même…Ou te diriger vers un grade moins élevé…

Elle roule des yeux, se frotte le menton et hoche sa tête.

- juge.. C'est pas mal ? T'en penses quoi, Mman ?

Une porte s'ouvre. Un Auror conduit au box un peu en retrait sur ma gauche un groupe de cinq personnes. Les jurés. Le premier est un vieux Sorcier dont les bajoues grises lui dévorent le visage. Il s'appuie sur une lourde canne et soupire avec contentement une fois assis.

Abraham Ferguson. C'est son nom. Un nom respecté dans son quartier. Il a beau être incommodé par ces rhumatismes douloureux, il n'en reste pas moins l'homme au jugement considéré comme irréfutable, et ce depuis sa prime jeunesse. Il enfile ses chaudes pantoufles fourrées et sourit à la photographie de sa femme défunte. Il trouve que le hasard fait bien les choses. Il a toujours rêvé de serrer la main de Harry Potter. Qu'il ait tué sa collègue ou non ! Ce gosse là a arrêté l'ordure qui a agressé Cora, sa nièce au troisième degré. Et Abraham tient à le remercier.

Ce n'est pas sa voisine de droite, une jeune femme, de mon âge, blonde, permanentée, et outrageusement maquillée qui lui aurait proposé un bras souteneur. Elle s'assied, me jette un coup d'œil enjôleur et croise ses jambes fuselées. Je détourne les yeux.

- « Harry Potter ! Harry Potttterrrrr ! S'écrie hystériquement Lindsay Johnsen à sa meilleure amie, Sue-Ellen.

- Ouais ! Ma fille, t'as du bol. Mâchonne son esthéticienne d'amie en roulant sa langue sur un bubble-gum rose.

- Je vais juger Harry Potter ! Waouh ! Ah, non, Sue-Chou, le rouge s'est d'un démodé ! Mes pieds valent mieux que ça ! Mets du rose, ma poulette ! aaah ! Si tu savais ce que je suis excitée ! Encore trois jours à attendre ! Ce qu'il est canon, quand même…On pourra sûrement aller boire un pot ensemble après que ce procès soit bouclé.. Et puis s'il est bi.. Plus si affinités.. »

Elles roucoulent comme des pigeons psychopathes.

C'est ensuite un sorcier à l'air pincé, sanglé dans une robe démodée qui trébuche sur la seule marche de la légère estrade. Sa collègue pimbêche glousse et il lève le menton avec hauteur. Ses yeux se plissent avec fureur.

- « Thomas ! Cessez d'être aussi stressé, Par milles Limaces ! Je veille sur la boutique ! S'emporte Janice, en lui fermant la porte au nez.

- Oui mais, il faut..

- il n'y a pas de mais qui tiennent, allez à ce fichu procès en paix ! Je m'occupe de tout, et au nom du ciel, soyez humain ! »

Voyant que sa secrétaire ne lui ouvrira plus la porte, Thomas Grant tourne le dos et resserre frileusement les pans de sa cape autour de lui. Ce procès est une perte de temps.

La sorcière qui suit semble être une mère de famille des plus respectables. Huit fins bracelets d'argent tintinnabulent à son rond poignet basané. Elle doit rajuster son sari de coton avant de pouvoir s'asseoir.

- « Manoj, chéri ? Dans la buanderie il y a et des rassouls (1) de coté, pour votre repas de midi… Chéri, ne donne pas de Halwa (2) trop sucrés aux enfants, pense à aller chercher Kamala chez ta mère et.. ».

Manoj rit, lui retire Baba des bras et rajuste son Chuddah (3) de satin bleu azur sur sa tête anxieuse.

- « Shanta ! Tout va bien se passer. Autant pour moi et les enfants que toi à ce procès.

- Je ne saurais pas juger. Je n'ai pas l'instruction. Se lamente-t-elle. Et si Harry Potter est innocent. Si on le condamne ? Je ne suis qu'une simple Dhobi (4)!

- Une Dhobi qui élève avec sagesse ses enfants. Tu seras parfaite. D'accord.. D'accord Shanta ? »

Shanta Achebe fait la moue, regarde le Ooloo (5) qui lui a apporté le pli. Son mari l'embrasse et elle sort. Elle espère qu'elle saura discerner la vérité.

L'homme qui suit a un bouc piquant de malice et ses yeux noirs bridés pétillent un instant. Juste avant son passage par la petite barrière repoussée par l'Auror. Là, il s'arrête, prend une grande inspiration, et entre, sérieux comme un mage.

Il couchait ses trois petites sœurs.

- « Xia-Long. Cria sa mère de la cuisine.

- Zhe shishen me ? » (qu'est ce que c'est) demanda-t-il, énervé qu'elle ne fasse aucun effort pour parler anglais.

Il déambula jusqu'à elle. Elle lui tendit un pli. Il le parcourut, yeux écarquillés. Elle tentait désespéramment de voir par-dessus son épaule.

- « Je vais faire partir du jury pour le procès de Harry Potter…lâcha-t-il, incrédule.

- Bah ça ce n'est pas croyable ! » S'exclama-t-elle dans un anglais parfait.

Il fronca les sourcils et croisa les bras. Elle papillonna des yeux innocemment.

- « t'en fais une sacrée, toi. » Ricana Xia-Long et il l'attira à lui pour lui coller deux gros bécots sur sa joue fanée.

Assis dans mon petit box, j'observe la salle. Elle est remplie.

Oskar Broundt est particulièrement soigné, aujourd'hui. Il relit quelques notes et sentant mon regard, relève la tête pour esquisse un fin sourire.

Son comparse de l'accusation, le procureur Fleeman, sort de son attaché-case une petite bouteille d'eau qu'il vide quasiment.

A mes pieds, une sorcière aux cheveux verts s'apprête à scriber le procès.

Au deuxième rang, je vois les têtes de Hermione, Ron, Ginny, Neville et Luna.

Draco ne peut pas assister, étant jugé à comparaître.

Je tourne mon regard vers un homme qui avance vers moi, tenant dans ses mains le sacro-saint livre des Sorciers. « Le Grimoire de Merlin »

Il me demande de poser ma main droite sur la large page de cuir rouge, craquelée par les âges, et j'élève le bras. Ma paume vient s'étaler sur la couverture. Le cuir est tiède.

Je déglutis. Tous les regards convergent vers moi. Pas que je n'en ai pas l'habitude, mais j'ai terriblement peur… Je m'efforce, en écoutant l'homme parler d'une voix solennelle de m'emplir du sourire de Draco. Des expressions de son visage sublimé par l'éclat électrique de cette foudre qui avait illuminé notre chambre.

- « Jurez-vous de dire la vérité, toute la vérité, rien que la vérité.. ? »

Je me racle la gorge. Ma voix fuse, sincère, sereine.

- « je le jure. »

Le livre glisse sous ma main et l'homme se retire.

Cette fois, le procès commence.

Je me tiens le plus droit possible sur ma chaise et regarde fixement devant moi.

oOo

J'ai la gorge sèche…

Deux heures que le procureur s'acharne sur moi. Deux heures que j'essaie de ne pas ciller. Deux heures que je supporte le ton mordant de sa voix. Deux heures que j'attends le tour d'Oskar Broundt.. Deux heures de trop.. Deux heures seulement dans cet enfer qui s'ouvre sous mes pieds..

- « En tant qu'Auror, vous et Shannen Turnhall aviez le droit d'user de la force pour maintenir l'ordre ? » Questionne l'avocat.

Je me souviens dans un froncement de sourcil de cette fois, où nous avons du en venir aux mains pour arrêter la cavalcade folle d'une voleuse de sous-vêtements. Shannen lui avait littéralement sauté dessus pour la plaquer au sol. Pendant une semaine, je l'avais surnommé affectueusement TacklingGirl et je l'avais emmené voir un match de Rugby Moldu. En riant, elle m'avait lancé une poignée de pop-corn au visage et m'avait menacé des pires tortures pour que je cesse mes plaisanteries.

Puis, je me souviens de cette autre fois, où je m'étais départi de ma baguette, et les mains vides, je m'étais avancé jusque cet homme qui menaçait de faire sauter l'immeuble de la société dont il était licencié économique depuis la veille. Il s'était effondré contre mon épaule en sanglotant, brisé.

- « Voulez-vous que je repose la question, Monsieur Potter ?

- Non. » Répondis-je, sortant de mes pensées.

Cet homme là est un bon. Il a ça dans le sang. L'attaque je veux dire. Je gage qu'il a été batteur au Quidditch dans son jeune temps.

- « Alors, répondez.

- Parfois, éludais-je.

- ça n'est pas une réponse, monsieur. Insiste-t-il.

- C'est la seule valable, sauf votre respect, monsieur le procureur. »

L'homme semble hésiter à aller plus avant, il me tourne le dos. Avance doucement vers les jurés, dressés et attentifs sur leur chaise. Puis, croisant ses mains derrière son dos, il pivote de nouveau vers moi, et claque sa langue contre son palais.

- « Monsieur Pottter, discutons, si vous le voulez bien. »

Je hoche la tête.

- « Selon vous… Fait-il, d'une voix traînante… Quelle est votre faiblesse ? »

Je jette un regard interrogateur à Oskar Broundt. Où veut en venir Fleeman ?

Mon avocat secoue sa tête et m'enjoint à répondre.

Tentant pour le tout, je lâche le morceau. Un pan de ma vie se dévoile entièrement dans ma réponse ferme.

- « La naïveté. Il me faut toujours un sacré moment avant de me rendre compte qu'on me manipule. »

Murmures dans l'assistance. Coups de marteau de Madame la présidente.

Oskar approuve. Hermione triture un mouchoir.

- « On vous manipule ? Sourit l'avocat.

- Exactement.

- Vous en parlez comme si c'était chose fréquente. Mais il s'agit peut être d'un aiguillage, pour votre bien et ceux de vos comparses, non ?

- Si l'on ne m'avait pas manipulé, j'aurais comparu voilà déjà longtemps pour-

- Permettez que je vous coupe. »

Je ne le permets pas. Je me renfrogne.

- « C'est quelque peu choquant de votre bouche, Monsieur Potter, d'entendre dire que vous ne faites pas la pluie et le beau temps, Se raille-t-il. Alors, dites-moi… Vous manipulez-on ce soir là ?

- Euh.. Non.

- Et votre collègue est morte.

- Oui. Concordais-je.

- Suite à votre sort…. Vous l'avez donc tué.

- Non ! M'indignais-je.

- Elle est bien morte, n'est ce pas ? Répète-t-il, se penchant vers moi.

- Oui ! Répétais-je aussi. Mais je ne-

- Récapitulons. Vous lancez un sort. Shannen meurt. Mais vous ne l'avez pas tué. N'essayez-vous pas vous-même de nous mentir.. De nous.. Manipuler ? » Ricane-t-il.

La moitié de la salle étouffe des petits rires. Je serre les dents.

- « Objection. L'accusation s'autorise au sarcasme pour divertir l'assistance.. »

Oskar Broundt s'est levé élégamment. Madame la Présidente, hoche sa tête brune.

-« Accordée. Veuillez, Maître Fleeman, je vous prie, reprendre en vous gardant de commentaires privés d'aucune sorte. »

L'avocat s'incline.

- « Pouvez vous nous expliquer, Monsieur Potter ? »

Le verre d'eau à ma droite est vide. J'ai soif.

- « Ce sort n'est pas mortel. Il peut l'être s'il est couplé à des facteurs secondaires. Comme une pneumonie. Mal guérie. »

L'homme de loi se mord la lèvre inférieure. Murmures dans l'assemblée. Ils ignoraient ce petit détail, bien sur.

- « Or, repris-je, vous l'avez dit vous-même, Monsieur le procureur, je ne fais pas la pluie et le beau temps.. Je ne suis pas responsable de cette maladie. Je n'ai pas tué Shannen.

oOo

Je n'ai mangé qu'un demi-hot-dog. Même Ron semblait avoir du mal à finir son deuxième.

- « Tu t'en es très bien sorti, Harry ! Cherche à me rassurer Hemione. Tu es resté calme, et Fleeman, est pourtant plutôt intimidant !

- Puis, cette après-midi, c'est Broundt qui t'interroge ! Il va remonter la faille à la surface…

- Si tout se passe comme prévu, Harry.. Demain, tu écouteras, c'est tout. Ajoute Ginny.

- Tu as du ketchup, là. »

Je lève un doigt pour désigner le coin de sa lèvre. Elle me cueille d'un regard désapprobateur et m'arrache ma serviette de papier pour s'essuyer.

- « Harry… »

Je soupire.

Je crois que ce sera encore pire la suite, d'être là à entendre les commentaires des autres…leurs mensonges, ou les explications non approfondies…

oOo

Oskar me demande s'il peut commencer.

Je cligne des paupières. Je fais signe que oui.

Mon verre d'eau est plein.

Oskar Broundt se tourne vers Madame la Présidente. Il s'incline légèrement, sourit.

- « Je n'en aurais pas pour longtemps, madame la Présidente, Messieurs et mesdames les Jurés. »

Je tourne la tête vers lui. Mais... Mais nous avions énormément d'arguments en ma faveur à dévoiler ! Mais, justement on devait en avoir pour un certain bout de temps !

Il m'adresse un sourire complice.

Il se veut rassurant. Il pianote sur la petite tablette de bois devant mes genoux. Puis fait demi-tour.

Il toussote, relit quelques annotation sur un de ses calepins, le repose sur sa table. Sa robe virevolte. Il revient vers moi à grandes enjambées. Je ne l'avais jamais vu aussi dynamique. J'avoue qu'il fait un peu peur, si plein d'assurance…

- « Monsieur Potter, j'aimerais revenir sur un point dont vous avez parlé avec mon collègue. Déclare-t-il.

- Très bien. Fais-je.

- Hum.. Marmonne-t-il avant de parler haut et fort. Maître Fleeman, vous a, ce matin, posé une question sur l'utilisation de la force pour maintenir l'ordre. »

Il me jette un coup d'œil. J'acquiesce, gravement d'un signe du menton, avant de me rappeler qu'il faut toujours répondre à voix haute.

- « Et qu'avez-vous répondu ? »

Je grimace. Tout à l'heure, on ma clairement fait comprendre que ce n'était pas une réponse.

- « Vous avez répondu.. 'Parfois', si je ne m'abuse. »

Les yeux d'Oskar m'invitent à lui faire confiance.

Je me penche en avant sur ma chaise.

- « Oui. »

Il sourit.

« Moi, je voudrais savoir. Pourquoi ? »

Je passe une main dans mes cheveux.

Les cours théoriques de l'apprentissage du métier d'Auror défilent dans ma boite crânienne. Je crois que je commence à saisir cette idée qui a germé dans le cerveau de mon avocat. Particulièrement brillant, je dois dire.

- « ça dépendait de ce que la situation exigeait.

- Qui analysait la situation ?

- Les agents sur le terrain. Dis-je en dodelinant de la tête

- Et plus généralement ?

- les supérieurs hiérarchiques, évidemment, souris-je. Ils aiment ça. »

Quelques nouveaux rires fusent. Je me détends.

- « Donc votre partenaire, Shannen, avait l'ascendance ?

- Oui.

- Est-ce que vous respectiez cela, Monsieur Potter.

- Evidemment, elle connaissait toutes les ficelles du métier. Elle était brillante ! »

Oskar se tourne vers les jurés. Ceux-ci le dévorent des yeux quand il se retourne vers moi.

- « Limitons le champ... Ce soir là, qui a décidé... D'improviser ?

- Shannen. »

Oskar se tourne vers Eleanore Rigby.

- « Je n'ai plus de questions votre honneur. »

Ginny sourit comme une folle. Hermione lève un pouce en l'air. Ron cligne des yeux, impressionné que ma défense se fasse en moins de cinq minutes avec un impact aussi considérable.

On me prie de bien vouloir me retirer.

Je serre vigoureusement la main de mon avocat.

oOo

Une demi-heure plus tard…

Draco m'accueille avec un baiser fougueux.

- « Tu as été génial, Harry ! S'écrit-il, souriant. J'ai tout suivi à la radio ! Et Broundt. »

Il embrasse le bout de ses doigts.

- « Broundt. Un virtuose ! Il a conclut ton interrogatoire en beauté. »

Il disparaît dans la cuisine et je l'entends me crier qu'il l'aurait bien embrassé s'il avait été là. Puis, il me demande comme je me sens.

- « En manque d'un gars qui veut me voler mon avocat pour une partie de jambe en l'air ... » Bougonnais-je.

Je vois sa main pâle surgir et il me tire par le col de ma robe.

- Jaloux ? .

- Peut être bien qu'oui. Badinais-je. Il faudrait que tu me convainques qu'il n'y a pas de raison à ça. »

Son sourire s'étend.

- « On peut arranger ça, je crois…. »

à suivre..


(1)rassouls : beignets farcis

(2)halwa : bonbons

(3)Chuddah : châle

(4)Dhobi : blanchisseuse.

(5)Ooloo : hibou.


merci d'avoir lu jusqu'ici ! bisous fous !

bibidibabdibou!