Bonjour/Bonsoir! Je vous souhaite la bienvenue (oui, c'est très formel) sur le tome 8 de l'histoire qui retrace les aventures de Madison Stark aka Docteur Grace. Lorsque j'ai commencé à l'écrire, j'étais bien loin de me douter que cela prendrait de telles proportions, que j'irai aussi loin avec un personnage créé de toutes pièces, et qu'autant de personnes tiendraient bon jusque-là. Je ne me suis jamais autant éclatée à écrire une histoire, si bien que j'aimerais que jamais elle ne s'arrête. Malheureusement, on dit que toutes les bonnes choses ont une fin... Mais heureusement, nous n'y sommes pas encore!

Ce tome 8 est dédié à une partie plus sombre de la vie de Madison, autrement dit les quelques mois durant lesquels elle a séjourné chez HYDRA en 2014. Cela prend donc place juste avant le Tome 1. J'imagine que vous espériez sûrement avoir la suite du tome 6-Endgame... Ne vous en faites pas, ça sera la suite! Enfin, peut-être... Je plaisante, bien sûr que vous aurez droit à une suite, et une suite qui sera, je l'espère, à la hauteur de vos espérances.

Je vous souhaite donc une excellente lecture, et encore un grand merci à tous de continuer à suivre ce récit!


Thème musical de l'histoire: Colossal Trailer Music-Sentenced to Death


21 décembre 2013

. . . . . . . .

Avancez.

Suivant l'ordre qui lui avait été donné, la mutante mit calmement un pied devant l'autre, mains solidement attachées dans le dos et étant fermement tenue par deux hommes à chaque bras. Tandis qu'elle marchait au rythme qui lui était imposé, elle sentit l'aiguille d'une seringue se planter dans son cou avant d'être retiré quelques secondes plus tard, mais elle ne broncha pas. Un homme vêtu d'une blouse blanche justifia son acte en affirmant que c'était simplement pour qu'elle évite de « s'en prendre à qui que ce soit avant qu'elle soit enfermée ». Elle ne prit pas la peine de lui répondre, refusant de lui offrir cette satisfaction. Elle était bien trop fière pour ça, et même si elle avait peur, elle ne voulait pas que tous ces gens qu'elle méprisait au plus haut point sachent ce qu'il se passait actuellement dans sa tête. Elle se doutait, de toutes façons, qu'ils finiraient tôt ou tard par le savoir. Elle souhaitait juste repousser au maximum cet instant.

Ses longs cheveux bruns étaient détachés, retombaient sur ses épaules et dissimulaient partiellement son visage car elle gardait la tête légèrement baissée. Elle mourrait d'envie de se servir de ses pouvoirs, qui étaient pour le moment « endormis » à cause du sérum qu'on venait de lui injecter. Elle savait plus où moins où on la conduisait, et cela ne faisait qu'intensifier les craintes autrefois enfouies qui resurgissaient brusquement de l'ombre, lui donnant un mal de crâne affreux par la même occasion. Cela faisait plus de vingt ans qu'elle n'avait pas vu certains des visages qu'elle avait aperçus lorsqu'elle s'était réveillée, et pourtant, jamais ils n'avaient quitté son esprit. Ils y étaient ancrés et elle craignait qu'ils ne puissent un jour disparaitre pour de bon. C'est lorsque la prise sur son bras droit se raffermit qu'elle sortit de ses pensées et accéléra, se rendant compte qu'elle avait commencé à ralentir.

Je suppose que je n'ai pas besoin de vous faire un schéma explicatif de ce qu'il va se passer,reprit l'individu en blouse, marchant devant elle et les deux soldats qui l'empêchaient de prendre la fuite. Si vous restez calme, ça devrait aller,ajouta-t-il d'un ton glacial. Compris ?

Une fois encore, elle ne prononça pas le moindre mot. Il était pour elle hors de question de se montrer plus faible qu'eux, alors qu'avec ses pouvoirs, elle les aurait tous les trois réduits en cendres sans hésitation, ne se préoccupant plus le moins du monde des dommages collatéraux. Le scientifique s'arrêta et se tourna vers elle, puis il s'approcha et d'une main, la força à relever la tête.

Est-ce que c'est compris ?répéta-t-il, à la fois mécontent qu'elle se taise, mais également ravi de lire de la peur le regard de sa prisonnière, et pourtant, ce fut à nouveau le silence qui se chargea de lui répondre. Toujours aussi coriace, à ce que je vois… Nous allons remédier à ça,affirma-t-il, reprenant ensuite sa route comme si de rien n'était et les deux hommes qui retenaient la jeune femme la forcèrent à avancer elle aussi, ne la lâchant pas.

Elle n'avait jamais autant haï quelqu'un, à part peut-être Sabah Nur et Vuk, à cause de qui Alex et Jean avaient été tués. Lui, c'était différent. Il était le premier être humain -elle ignorait s'il était encore possible de le qualifier de tel, après tout ce qu'il avait pu commettre comme atrocités- dont elle s'était jurée de se débarrasser une fois qu'elle en aurait l'occasion. La seule raison pour laquelle elle n'avait pas encore agi était qu'il demeurait le seul à savoir d'où elle venait. Qui elle était. Elle cherchait la réponse depuis des années, et il semblait être le seul à être au courant.

Marchant toujours à un rythme normal, elle bougea imperceptiblement la tête en entendant un cri lointain. Elle se souvenait que longtemps auparavant, c'était nuit et jour qu'elle entendait les gens hurler à la mort, si bien qu'elle avait presque fini par s'y faire et trouver ça « normal ». Il lui avait fallu plusieurs années pour parvenir à s'endormir sans percevoir à nouveau tous ces hurlements qui ne provenaient que de son imagination, de ses souvenirs les plus sombres. Il y eut un nouveau cri, et cela parut amuser le scientifique, qui sans la regarder, continua à marcher en riant doucement.

Quand je pense qu'il a toujours autant de mal à supporter la douleur…soupira-t-il, avant de s'adresser, restant de dos, à ses employés. Conduisez-la au bloc C,déclara-t-il avant d'ouvrir une porte et s'engouffrer dans une pièce dont la lumière qui émanait des néons était criarde et désagréable, après quoi il s'y enferma et les deux colosses forcèrent la brune à se déplacer.

Ils lui faisaient mal à force de serrer, mais la douleur était supportable. Elle avait connu pire, alors ça, pour elle, ce n'était rien. Elle avait connu l'échec. La perte d'être chers. L'impression de ne servir à rien, d'être incapable de protéger les autres.

Il ne se fatigue jamais à crier comme ça ?lança l'un des soldats à son collègue sans se préoccuper du fait que la mutante les écoutait.

A force de résister, il ne reçoit que ce qu'il mérite,commenta l'autre en haussant les épaules. Ce n'est pas parce que c'est le plus vieux ici qu'il est le plus fiable,poursuivit-il.

Il y eut un troisième cri. Et elle comprit.

Elle redressa brusquement la tête et contre toute attente, parvint à repousser les deux soldats avec une force surhumaine en leur donnant des coups à l'aide de ses genoux et de ses épaules, avant de briser les liens qui retenaient ses mains attachées. Lorsque les hommes revinrent à la charge, elle les propulsa violemment contre les murs gris et ternes du couloir afin de gagner du temps et se mit à courir vers la provenance du bruit qu'elle avait entendu et qui lui avait glacé le sang, sachant néanmoins qu'elle était suivie par ses assaillants. Plus de deux décennies qu'elle attendait ce moment celui où elle le retrouverait. Elle n'avait jamais vraiment su si ce serait en se faisant capturer, ou si, une fois dehors, elle lui tomberait dessus au beau milieu de l'une de ses missions. Elle s'en était toujours pas mal fichu, puisqu'elle n'avait souhaité que lui remettre la main dessus et le sortir d'où il était enfermé.

Elle ne connaissait pas la base où elle se situait. Elle dût malheureusement se fier aux cris qu'elle percevait pour se guider, son angoisse augmentant davantage au fur et à mesure qu'elle se sentait approcher de l'endroit qu'elle cherchait à atteindre. Au bout d'un moment, se perdant dans cet immense dédale, et paniquant, elle hurla son nom avant de reprendre sa course. Elle ne mit alors que quelques secondes supplémentaires avant d'arriver devant une grande vitre qui donnait sur une autre pièce, gardée par des soldats armés de pistolets à l'allure sophistiquée. En la voyant arriver, ils pointèrent leurs armes sur elle, sans tirer. Ils ne faisaient que la mettre en garde, la laissant comprendre qu'elle devait se calmer sur le champ ou les conséquences risqueraient d'être désastreuses.

Sans prendre le temps de réfléchir, elle s'élança vers l'un d'eux avant qu'il n'ait eu le temps de tirer, se battit avec lui à mains nues et se servit de lui comme bouclier face aux deux autres, qui tirèrent malheureusement sur leur partenaire de travail, n'ayant pas réussi à viser la jeune femme qui se déplaçait rapidement, de manière très fluide et sûre d'elle. Elle repoussa ensuite le corps de ce soldat qui tomba à terre, distrayant momentanément les deux autres et elle en profita pour les attaques, les désarmer et les mettre au tapis avec aisance. Sa colère était si grande qu'elle la laissait la consumer, la diriger, lui dire quoi faire. Après s'être assurée que les trois individus ne bougeaient plus, elle s'empara de l'une des armes et la pointa directement sur la vitre, sur laquelle elle tira sans sourciller.

Dans la pièce voisine, les scientifiques sursautèrent et les cris cessèrent. Les balles heurtaient la vitre sans la traverser, mais l'abîmaient et la fragilisaient tout de même. Ils purent voir dans le regard de celle qui les attaquait une rage terrifiante et lorsque l'une des balles tirées parvint à passer au travers de la paroi transparente, la prisonnière fonça droit dessus, donna un coup de poing magistral dedans, ce qui la fit se briser. Après cela, elle entra dans la pièce, abattit avec précision les cinq personnes vêtues de blouses qui s'y trouvaient d'une balle chacun, avant de poser les yeux sur le dernier individu présent, qui avait été installé dans un siège à l'air peu confortable et solidement attaché. Elle laissa l'arme à feu tomber au sol et se plaça face au détenu, qui regardait dans le vide, avant de le débarrasser de son bâillon.

Bucky ? Bucky, c'est moi !s'exclama-t-elle tout en agissant, espérant qu'il réagisse. Regarde-moi !

Essoufflé et fatigué après sa séance de torture, il parvint néanmoins à croiser son regard, mais ne prononça pas le moindre mot. Elle prit son visage entre ses mains, entendant les pas des soldats qui s'approchaient dangereusement de l'endroit où ils étaient.

C'est Em…lui murmura-t-elle. Tu m'entends, c'est Em,répéta-t-elle, sentant sa voix se briser.

Il ne fallut pas longtemps à ses ennemis pour la retrouver. Une quinzaine d'individus fit irruption dans la pièce, la menaçant avec des armes. Trois hommes s'approchèrent et la saisirent violemment par les deux bras afin de l'éloigner de Bucky, qui n'avait toujours réagi, et bien qu'elle fasse son possible pour se débattre, ils parvinrent à la maitriser et à la sortir de la salle, les cris de désespoir de cette dernière se répercutant sur les murs ocre et résonnant aux oreilles de tout le monde. Elle avait retrouvé un allié. Un ami. Et une fois encore, on essayait de les séparer. Elle hurla le prénom du soldat américain jusqu'à ce qu'on la sédate, puis elle plongea dans un cauchemar sans fin.