Bonjour à tous ! On est toujours confiné, alors, autant se distraire. Aujourd'hui, on retrouve un personnage récurant et important de la série. Je ne dis pas lequel, vous verrez juste dessous.

Je dédis ce chapitre à Clixia et sa hype qu'elle partage sur le Discord de la Mash-Up. N'hésitez pas à nous rejoindre !

Merci aussi à Misstykata pour son commentaire et oui, même si c'est dans le scénario, c'est pas très logique comme réaction.

Sur ce, je vous dis à bientôt !

P.S. : pour le fan du personnage qui débarque aujourd'hui, je n'ai pas beaucoup modifier son comportement ou ses paroles. Si vous avez un problème, voyez avec les concepteurs du jeu.

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- … tu fais erreur, disait une femme. Je l'ai sous mon contrôle. Et pas seulement lui. Ils me mangent tous dans la main. Je regrette seulement que Foltest soit absent à cause de cette réunion, mais je suis persuadée que tu t'occuperas du conseil des rois.

Geralt cligna des yeux pour réaliser qu'il n'était plus dans les marais, mais allongé sur un lit douillé avec des draps de soie. Au travers les draperies translucides du lit à baldaquin, il remarqua une femme légèrement floue, seulement éclairée par des bougies.

« Je présume que tu as réglé la situation avec Leuvaarden aussi ? » demanda une autre femme avec une voix comportant un étrange écho.

Le mutant cligna de nouveau des yeux pour éclaircir sa vue et reconnu la fine silhouette élancée et aux courbes très alléchantes. La crinière ondulée rousse confirmait à qui appartenait la silhouette. La magicienne Triss Merigold.

Sans bouger, il chercha des yeux à qui pouvait bien parler Triss pour voir le sommet d'un miroir de l'autre côté du paravent auquel la magicienne faisait face. La lueur fantomatique qui s'en dégageait disait clairement que de la magie était à l'œuvre.

- Oui, assura Triss. Je lui ai fait une offre et il l'a accepté. Il dit que ses supérieurs avaient un plan similaire, mais on les a devancés. Les hommes sont tous des gros baratineurs et ils racontent toujours qu'ils ont eu l'idée en premier.

« Et comment se porte ton sorceleur ? »

Le sorceleur ferma les yeux en voyant Triss jetait un regard dans sa direction.

- Je devrais être capable de le convaincre.

« N'en fait pas trop. Geralt est connu pour être exceptionnellement perceptif. »

- Je le sais.

Le mutant rouvrit les yeux pour voir que la rousse avait baissé la tête, une étrange expression, semblable au regret ou à la tristesse se dessinant sur ses traits fin et éternellement jeune.

« Et pour la femme ? »

- Son esprit est protégé par une méthode tout à fait inconnue, j'ai dû me référer aux souvenirs de Geralt pour l'identifier. C'est Portgas D. Ann, de l'école du Chat, l'ancien de l'école du Loup voulait justement que ses hommes la retrouve. De ce qu'elle lui a raconté, elle aurait une lourde rancune contre Philippa. Philippa a joué un peu trop avec cette étrange femme, avant de s'en débarrasser pour la donner aux sorceleurs, qui en ont fait une des leurs. De ce que j'ai vu, elle manie une langue qui n'est pas connu sur le continent, en plus de techniques assez inédites.

« Un problème pour nos plans, donc ? »

- Très certainement, mais rien d'insurmontable. Si je m'y prends correctement, je devrais pouvoir la ranger dans notre camp. Il faut juste espérer que les actes de Philippa ne lui aient pas donné une allergie à toutes les magiciennes.

« Je pourrais me renseigner. »

- Non, il vaut mieux que son existence reste entre nous pour l'instant.

« Ou plutôt, tu ne veux rien devoir à Philippa, Triss. Peu sont ceux qui l'apprécient, même si elle est de facto la leader de la Loge des Magiciennes. »

- Je dois y aller. Je te contacterai quand tout sera terminé, dit Triss en se détournant sans répondre.

« Ne laisse jamais Geralt découvrir ce que tu lui caches… »

Et la magie du miroir s'éteignit. Voyant que Triss, dans une petite tenue très émoustillante, venait vers lui, le mutant se redressa pour s'asseoir au bord du lit en grognant.

- Triss ? Qu'est-ce que…

Avant qu'il n'ait pu en placer une, il était nez à nez avec le décolleté très révélateur de la nuisette de la magicienne, qu'elle mit en valeur en se cabrant légèrement, les mains sur les hanches.

- Tu ne devrais pas te lever. Je préfère m'assurer que tu es complètement rétabli.

Les femmes étaient des personnages très redoutable.

- Et comment ? s'enquit le mutant en se levant de son siège au bord du lit.

- Ne t'en fait pas, ça ne sera pas douloureux.

Et elle le poussa fermement pour qu'il tombe allonger sur le dos dans les draps.

Qui lui avait dit déjà que les magiciennes étaient obsédées par lui ?

Après le soi-disant examen médical de la rousse, il put de nouveau respirer et penser correctement à ce qu'il avait entendu et vu.

- Eh bien, tu sembles en pleine forme ! commenta avec amusement la rousse toujours dans les draps pendant que le mutant se rhabiller. Ce doit être grâce au métabolisme si particulier des Sorceleurs.

- Comment je suis arrivé ici ? demanda Geralt en terminant d'enfiler son pantalon.

- Pure coïncidence. J'étais en train de faire un scan sur les anomalies magiques et je suis tombée sur une fausse piste laissée par Kalkstein.

Pourquoi Kalkstein aurait-il eu besoin de laisser une fausse piste ? Peu importe, il en avait fini avec lui, ce n'était plus son problème.

- Tu m'as trouvé dans les marais ?

- C'est exact.

- Il devait y avoir une femme avec moi.

- C'est exact aussi. Elle est dans un lit en bas en train de se reposer, elle n'a pas encore repris connaissance.

- Qu'est-ce qu'il s'est passé ? s'enquit le mutant en enfilant sa veste de cuir qui lui servait d'armure.

- Je n'en sais rien, lui dit la rousse en haussant des épaules. L'alchimiste doit être là-bas, en train d'examiner les pierres, mais il ne trouvera rien. La plus grosse anomalie est ici, à Wizyma.

Et allez, comme s'il n'avait pas assez de problèmes comme ça !

- Des anomalies magiques ? Ici, à Wizyma ?

Ce genre de chose pouvait causer l'apparition massive de gros monstres, des créatures bien plus dangereuses qu'un vulgaire noyeur.

- Oui, et j'apprécierais si tu pouvais m'aider à la trouver, mais revenons à ta santé.

- Je croyais que j'étais en pleine forme.

Il chercha ses armes des yeux et elle les lui pointa sur un coffre, avec une paire de glaive qui ne lui appartenait pas. Il prit les siens et ouvrit le coffre pour trouver son sac de voyage, sa besace à élixirs et son poignard, à côté des affaires d'Ann.

- Tu m'as mal compris. Physiquement, tout va bien. C'est ton esprit qui m'inquiète.

- Expliques-toi, réclama le sorceleur en retirant ses affaires de la malle.

- Tu as déliré pendant des heures…

Plus de huit, puisque les tâches rouges de sa vision n'étaient plus là, signifiant que les élixirs n'agissaient plus.

- Je n'avais pas d'autres choix que de lire dans ton esprit pour comprendre tes blessures et quel poison toi et ta collègue aviez respiré cette fois.

- Je suis certain que tu es allé au-delà de ça.

Triss ne put cacher la grimace coupable qui se dessina sur son visage devant le ton glacé du Loup Blanc.

- Je n'ai pas pu m'en empêcher, se justifia-t-elle en s'asseyant dans le lit. Tes pensées étaient très bruyantes…

- Et c'est pour ce genre de raison que je hais les magiciennes. Les sorcières, elles, elles se contentent de danser nues à la pleine lune autour des autels de Vayopatis et apprennent seulement à mieux comprendre la nature, alors que vous, vous croyez que vos dons sont une autorisation de faire tout et n'importe quoi au point d'aller jusqu'à violer l'esprit et la vie privée des gens !

Le duo se retourna vers l'escalier qui menait à l'étage du dessous, pour voir une sorceleuse aux yeux d'argents brillants de haine, portant seulement sa tunique large, laissant visible des cicatrices en nombres et variété sur ses cuisses et ses jambes.

- Ah, Ann, c'est ça ! Vesemir m'a parlé de toi ! salua en souriant Triss.

Elle sortit du lit et passa ses mains sur son corps pour se retrouver vêtu d'une somptueuse robe verte moulante qui laissait son dos nu.

Elle voulut approcher la D. mais celle-ci lui montra les dents en grognant comme un fauve lui faisant clairement comprendre de garder ses distances, avant de tourner sèchement la tête vers Geralt quand il se racla la gorge. Elle leva les bras et reçu d'abord son sac et sa besace, avant de réceptionner ses glaives enroulés dans sa cape.

- Ta tenue et tes poignards sont dans ton sac, je viens de les y mettre, lui dit le mutant.

- Merci.

Elle se détourna pour descendre, avant de s'arrêter sur la première marche devant l'air étonnée de Triss.

- Primo, c'est Portgas pour toi, magicienne. Deuzio, les mutants ont de très bonnes oreilles, donc, quelques soient tes projets à mon sujet, tu peux t'asseoir dessus. Tercio, si tu entres en contact avec Eilhart, dis-lui que l'Enfant-Surprise de Schrödinger n'oublie pas et viendra réclamer ce qu'elle lui a volé.

Ann se tourna de nouveau vers l'étage et regarda son camarade mutant.

- Te fais pas avoir, Geralt. Tu es plus intelligent que ça. Ne te laisse pas abuser par cette putain en robe de soirée. Je retourne à ma planque, fais-moi signe si tu veux qu'on continu à deux à gérer l'affaire de la Salamandre, ou si je me mets en marche pour rejoindre Kaer Morhen et dire à Vesemir où on en est.

- Je te retrouve plus tard, Ann, assura Geralt.

La femme hocha la tête et redescendis à l'étage, ses longs dreads se balançant dans son dos, le masquant presque dans sa totalité.

- Elle est… joyeuse comme femme, commenta Triss pour briser le silence. Je ne comprends pas pourquoi elle est aussi agressive.

Elle frappa dans ses mains et revint à sa conversation avec Geralt comme si la brune n'était jamais intervenue. Fais très intéressant, surtout quand on voyait l'étincelle d'agacement dans les yeux de la magicienne.

- J'ai vu tes aventures récentes et ton désir de retrouver la mémoire. Je doute que quiconque puisse t'aider dans ce but, mais il y a une possibilité tout de même…

- Une petite chance… ? nota le mutant en essayant de ne pas s'agacer de la voir tourner autour du pot.

- De ce que j'ai vu, je pense que tu as besoin de te créer une personnalité stable.

- Autrement dit ?

- Geralt, s'il te plaît, soit sérieux, c'est important ! s'exaspéra Triss.

- Ann, attends-moi avant de sortir ! appela Geralt.

Un vague « d'accord » monta de l'étage en dessous.

- Donc, nous disions, en limitant tout le charabia psychologique, réclama le Loup Blanc.

- Tu as besoin de prendre position devant les problèmes du monde. Peu importe la position, tu dois seulement en choisir une. Une identité forte t'aidera à retrouver ta mémoire.

Ce ne fut que l'audition de mutant qui informa celui-ci du reniflement narquois de la brune sous leurs pieds. Il ignorait ce que voulait dire « baka bakachi », mais ce ne devait pas être un compliment.

- Tu ne peux pas tout simplement me dire ce que tu as vu ?

- Non. Je ne veux pas que tu deviennes ma vision que j'ai de toi, lui dit la femme. Je veux que tu décides toi de qui tu es, sans jamais regarder en arrière.

- Donc, tu ne veux pas que je m'intéresse au passé ?

Pourquoi il avait l'impression que Triss craignait ce qu'il y découvrait sur lui ?

- Exactement. Ta mémoire te reviendra le moment venu.

Définitivement. Il y avait vraiment quelque chose que Triss ne voulait pas qu'il se souvienne.

- Fais la parler

C'était un murmure et définitivement la voix d'Ann venant de l'étage en dessous et seulement sa mutation lui permettait d'entendre. La magicienne s'était tournée vers le lit pour arranger les draps avec la magie. Elle n'avait rien entendu apparemment.

- Tu disais quelque chose au sujet d'anomalie magique ? s'enquit Geralt.

Triss se redressa en passant une mèche ondulée derrière son oreille.

- Beaucoup de choses peuvent en être la cause, mais le plus important réside qu'elles peuvent donner naissance à beaucoup d'abomination. La dernière fois que j'ai ressenti ça, toi et une magicienne étaient occupé à capturer un génie, détruisant la moitié de la ville en même temps. Tu ne t'en souviens peut-être pas, mais beaucoup de choses se sont retrouvés mise en jeu.

Pourquoi ce simple incident qu'elle mentionnait de façon si vague lui semblait important ?

- Donc, oui, je pourrais avoir besoin de ton aide. J'ai des artefacts magiques à placer autour de la ville pour m'aider à trouver la source de l'anomalie.

- Très bien, dis-moi où et je m'en charge.

La rousse eu un sourire joyeux et passa derrière son paravent pour revenir avec trois orbes d'aspect cuivrés pas plus grand qu'un poing.

- Toujours aussi pressé de rendre service, sourit la femme.

- A quoi serve les amis, si ce n'est à ça.

- Eh bien, j'ai vu des sortes de têtes de taureaux à plusieurs endroits de la ville, avec des cavités dans leur bouche où tu peux placer ces orbes. Il y en a une dans le Quartier Marchands à proximité de l'hôtel de ville, une autre dans le Quartier du Temple, à proximité de l'entrée des égouts et une troisième dans le cimetière de Wyzima. Cela permettra la création d'un Triangle de Radcliff typique. Tu sais après tout que la triangulation est la meilleure méthode de localisation dans ce genre de circonstance.

Geralt glissa les orbes dans son sac.

- Tu peux laisser tes affaires ici, tu sais, lui pointa Triss. Dommage que ta collègue ne veuille pas de mon hospitalité.

- Comment on est arrivé ici ? s'enquit le sorceleur.

- C'est une longue histoire…

Pas de quoi le mettre en confiance.

- Quand toi et les garçons vous vous êtes mis en chasse un peu partout…

- Ce qui s'est prouvé efficace.

- Par je ne sais quel miracle, nuança la rousse. De mon côté, j'ai décidé de chercher la Salamandre en cherchant des méthodes peu conventionnelles.

- Des résultats ?

- De très bons. Tu apprendras tout au moment voulu.

Encore des secrets, il détestait ça et il comprenait la colère d'Ann et sa mise en garde. Triss avait beau avoir un joli visage, il n'allait pas lui accorder sa confiance aveuglément.

- Pourquoi pas maintenant ? s'enquit-il en essayant d'obtenir un maximum.

- Pour avoir ces informations, j'ai dû promettre de ne rien te dire. Patience, Sorceleur.

Etrange promesse. Pourquoi avait-il cette si forte impression d'être un simple pantin entre les mains de la magicienne ?

- Et sinon, a qui parlais-tu au travers le miroir ?

L'inquiétude se dessina dans les yeux de la rousse alors qu'elle masquait son ressentit derrière de la simple surprise. Il n'aurait rien dû entendre, apparemment. Le sujet de la conversation avait tout l'air d'être dangereux et important. Suffisamment pour que lui, ayant perçu des brides, puisse effrayer la magicienne.

- Euh… des affaires de magiciennes. Rien d'important !

- Cela avait l'air sérieux comme conversation.

- J'ai dû faire quelques promesses pour apprendre des informations au sujet de la Salamandre.

- Tu pourrais…

- Crois-moi, ce n'est rien d'important.

Et lui, il était la princesse Adda.

- Si tu le dis. Ann doit m'attendre, je vais y aller, surtout que tu m'as donné du travail à faire.

- Oui, on se voit plus tard. Oh ! Avant que j'oublie, le marchand Leuvaarden veut vous voir, toi et elle. Il organise un banquet au Nouveau Narakort.

- Je n'aime pas les banquets et je doute que ce soit la tasse de thé d'Ann.

- Des personnalités importantes seront présente… insista la magicienne.

- Raison de plus…

- …Ce qui inclut la princesse Adda que tu as déjà libéré d'une malédiction. Apparemment, elle a développé une certaine obsession à ton égard.

- Je vais y réfléchir, mais je ne promets rien.

- Si tu changes d'avis, le banquet commence à six heures ce-soir et tu trouveras une tenue neuve que j'ai acheté pour toi, dans mon armoire, pour remplacer la vieillerie que t'a donné Vesemir. Essaye de persuader ta collègue de venir. J'y serai moi aussi.

Ce serait toujours une occasion de réunir des informations.

- Je ferai un effort, mais je ne promets rien pour Ann.

- Tu trouveras sur le guéridon près de la porte, en bas, les passes qui te permettront de circuler librement avec ton amie dans le Quartier Marchand.

- Des passes ?

- Eh bien, en addition de la quarantaine, les autorités ont mis en place la Loi Martial.

Loi Martial ? Mais il y aurait dû avoir plus de soldats dans les rues à cause de ça, non ?

- Comment j'ai pu le louper ? songea le Loup Blanc.

- Cela ne couvre que le Quartier Marchand que tu n'avais simplement pas encore visité. Seuls les résidents de ce quartier les ont et ont donc l'autorisation de circuler. Puisque j'ai une maison ici, j'ai pu obtenir un laisser-passer. Comme je vous ai enregistré comme résident tous les deux ici, ce qui est faux bien entendu, j'ai pu en obtenir pour toi et elle. Tu le lui répèteras ?

Si elle avait une aussi bonne oreille que lui, ça ne serait pas nécessaire.

- Je vais y aller, avant qu'elle ne perde patience et parte sans moi.

- On se voit ce soir.

Geralt ne lui répondit pas et descendit rapidement l'escalier menant à une immense pièce semblable à un salon et une salle à manger, avec des tas de bibliothèque gorgées de livres, un perroquet dont la cage était suspicieusement ouverte et un petit lit dans un coin. Ann était à proximité d'une des portes, habillé comme à son habitude mais les cheveux toujours lâches, lisant les fameux laisser-passer.

- Elle a fait de mon nom de famille une boucherie inimaginable, soupira la brune. Heureusement que je sais falsifier les documents, j'ai pu faire les rectifications. Voici le tiens, Geralt.

- Depuis quand tu te décides de m'appeler par mon prénom ? s'enquit le Loup Blanc.

- Depuis qu'on s'est battu côte à côte. J'ai toujours dit que dans une situation de vie ou de mort, c'est le meilleur moyen de connaître la personne à côté de toi. Si ça te dérange, je peux toujours retourner au plus froid « De Riv ».

Geralt plia le laisser passer et le glissa dans son veston de cuir avant d'ouvrir la porte sur les rues claires, propres, bien entretenus, bien décorées et parfaitement pavées du Quartier Marchand.

- Je n'ai rien contre. Surtout quand tu n'as pas râlé une seule fois de l'usage de ton prénom.

Ann esquissa un sourire et se tourna vers l'oiseau en sifflotant légèrement. Le perroquet s'envola de sa cage et passa entre les deux mutants pour prendre le ciel et la liberté d'assaut.

- Je n'aime pas les oiseaux en cage, se justifia la femme. Quel est le programme ?

- On va placer les orbes de Triss, annoncer la bonne nouvelle à Kalkstein concernant la Tour et essayer de mettre un peu de lumière sur les manigances dans lesquels Triss veut nous embarquer.

Et Geralt referma la porte derrière lui.

Ann arrangea sa cape sur son sac et rabattit sa capuche sur sa tête pour masquer ses yeux. Ils n'eurent pas le temps de faire trois pas qu'un garde en armure complète lourde arborant la fleur de lys de Téméria vint à leur rencontre.

- Vous là ! Arrêtez-vous !

Ann dû se faire violence pour ne pas agir d'instinct et se barrer en courant. Geralt se contenta de se résigner et se tourna vers le soldat.

- Vos laisser-passer.

- Vous en faîtes trop avec vos contrôles des passes.

Mais calmement, les deux sorceleurs tendirent le leur sans broncher.

- Portez votre réclamation au Roi, leur dit l'officier en les vérifiant. Votre capuche, baissez-la.

- Il est rentré ? s'enquit Ann en obtempérant.

- Non, mais tous les nouveaux édits portent son sceau.

Et il leur rendit les passes en leur faisant signe de circuler. Ann attendit qu'il leur tourne le dos pour lui tirer la langue et remettre sa capuche, avant de se mettre à marcher un peu au hasard dans la ville à la recherche de la porte menant au Quartier du Temple.

- Tu penses quoi, de ce que raconte Triss ? s'enquit Geralt en ignorant un passant qui criait quelque chose sur les sorceleurs et la nécessité de cacher les épouses.

Ann ne dit rien pendant un instant, avant de répondre :

- Tu dois savoir que Merigold a, non seulement regarder tes souvenirs sans autorisation, mais aussi qu'elle te connait bien. Elle est obsédée par toi, elle est clairement amoureuse de toi. Mais elle fait partie de la Loge des Magiciennes, et reste donc une politicienne. Ce qu'elle fera si elle doit choisir entre ses ambitions politiques et ses sentiments pour toi, j'en sais rien. Mais ce genre de femmes restent des manipulatrices.

La D. s'arrêta et regarda dans les yeux son camarade depuis le dessous de sa capuche.

- Cette femme te veut, c'est un fait. Mais pourquoi, ça reste à voir. Mais son refus de répondre à tes questions me laissent voir qu'une chose…

- Elle fait de moi son pantin ? supposa le tueur de monstre.

- Exactement, et certainement pas dans ton intérêt, je pense. Plus pour servir les ambitions de la Loge. Et c'est connu que ces femmes contrôlent le monde depuis l'ombre en tant que soi-disant conseillèrent des rois. Tu fais ce que tu veux Geralt. Soit tu penses avec ton sexe, soit avec ta tête. Mais si je le peux, je ferai tout en mon pouvoir pour foutre le bordel dans ses projets, surtout quand il s'agit de me manipuler. Je déteste qu'on choisisse ma vie sans mon consentement. A toi de voir ce que tu choisis de ta vie.

Et elle tourna les talons pour se remettre à marcher, laissant son compagnon silencieux lui emboiter le pas en réfléchissant profondément.

Triss était une amie, peut-être plus, vu l'affection qu'il avait à son sujet. Mais ce désir de le garder dans le noir, de négocier des choses dans son dos et de vouloir l'obliger à la suivre, ça marcher pas pour lui.

Il manquait d'éléments.

Après tout, elle pouvait avoir des bonnes intentions, mais il avançait dans le noir en suivant une femme qui lui disait justement de continuer alors qu'elle avait la possibilité de l'éclairer.

Et il ne supportait pas ne pas savoir.

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Ils firent un détour par ce qu'il s'avérait être la place de marché, un immense rassemblement de marchandises et de revendeurs aux produits bien plus diversifiés que de l'autre côté, dans le Quartier du Temple. Avec la banque à proximité, Geralt pu se débarrassé d'une des orbes de Triss dans la statue qu'elle lui avait décrite pendant qu'Ann observait des marchandises en discutant avec les marchands. Elle acheta même quelque chose avant de venir le rejoindre.

- Quelque chose d'intéressant ? s'enquit le Loup Blanc.

Le Chat Noir fit tomber sa capuche pour refaire son chignon et remettre des baguettes dedans.

- Ta copine magicienne a trouvé le moyen de perdre les autres, donc, j'ai dû en racheter deux. Ce qui est très embêtant parce qu'elles étaient suffisamment pointues pour poignarder n'importe qui et que l'une d'elle était recouverte d'argent.

Il demanderait à Triss de les rendre.

- J'ai appris aussi qu'un boucher a appelé sa chienne Adda parce que c'est, je cite, une saloperie de chienne pourrie gâter et qu'elle est toujours en chaleur.

Cela tira un reniflement à Geralt vaguement amusé.

- Mais aussi que Foltest s'est barré avec la totalité de la cour, sauf sa gamine et le bourgmestre, la tête de gland j'ai nommé Velerad ! Ah, et l'alcool est interdit à la vente aux particuliers, sauf en taverne, à cause d'un décret royal. Donc, pour nos élixirs…

Elle fit un signe vulgaire du bras pour montrer le fond de sa pensée.

- Mouette Immaculée, lui dit Geralt.

- Mouais, Mouette Immaculée pour la base. Je tiens celui qui a sorti un décret pareil et je lui enfonce une fiole dans le gosier. Il rira moins.

- Une façon bien cruelle de mourir.

- J'en ai rien à foutre. Même si c'est le Roi, il le sentira passer aussi. Surtout que c'est un édit royal.

Plus il côtoyait Ann, plus il avait l'impression qu'il avait à faire plus à une adolescente rebelle qu'à une sorceleuse. La brune remis sa capuche et ils reprirent leur route.

- Ah et on a aussi un con, un peu plus loin.

Elle fit un vague geste du pouce vers un marchand un peu à l'écart derrière eux.

- Monsieur fait le messager et nous a transmis un message d'une connaissance mutuelle. On ne doit pas se mêler d'affaire qui ne nous regarde pas.

- Tu lui as répondu quoi ?

- Deux trois choses dans la langue ancienne qui ne sont possibles que si les organes en question sont séparés du corps par un glaive de sorceleur.

Vu la satisfaction évidente dans sa voix, le Loup Blanc se dit qu'il ne voulait pas savoir.

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Kalkstein ne les avait pas attendu. Il n'était plus chez lui.

Mais il avait eu la gentillesse d'avertir la garde de là où il comptait se rendre, faisant que les deux sorceleurs se déplacèrent de nouveau dans les marais pour se mouiller joyeusement les pieds. Cependant, quelqu'un attendait sur les quais, observant avec inquiétude les arbres et les marécages.

- Carmen ? reconnu Ann en faisant tomber sa capuche. Qu'est-ce que tu fais ici ?

La matrone du bordel des bas-quartiers de Wyzima se retourna pour faire face aux deux sorceleurs.

- Je… je devais venir ici… avoua la femme loin de son assurance habituelle.

Elle serra ses bras autour d'elle comme pour se donner du réconfort.

- Qui est-ce ? demanda Geralt.

- La matrone des filles du Quartier du Temple. Je t'ai parlé de Carmen, tu te souviens.

Elle lui jeta un lourd regard entendu.

Ah oui, il se rappelait, c'était la fille que le Révérend de la campagne de la ville avait mis à la porte quand elle était tombée enceinte suite à son viol.

- Carmen, voici Geralt de Riv, sorceleur de l'école du Loup.

- Enchantée, salua la femme avec un sourire crispé.

- De même, répondit le Loup Blanc. Qu'est-ce qui vous arrive ?

- Je… je peux pas… j'arrive pas… je sais pas comment le dire, avoua la catin en resserrant son étreinte sur elle.

- Tu es en plein état de détresse et si la situation n'était pas aussi grave, tu ne serais pas venue t'aventurer dans un endroit pareil, pointa logiquement Ann. Alors, dis-nous ce qui ne va pas qu'on puisse t'aider.

La femme renifla et essuya une larme de son gant rapiécé.

- C'est… c'est mon homme. Il est malade et je dois l'aider avant qu'il ne soit trop tard. C'est un loup-garou ! Et je ne veux pas qu'il soit tué !

Le visage de Geralt se ferma devant la situation épineuse face à eux. Ann hésita, puis ouvrit ses bras et la pauvre femme accepta l'étreinte, pleurant sur son épaule, laissant la brune lui frotter doucement le dos dans un geste apaisant.

C'était la seconde fois qu'elle se retrouvait à consoler une catin avec un câlin. Enfin, la première fois, Kali avait été dans une situation bien différente que l'était à présent la pauvre Carmen, mais ça commençait à être une drôle d'habitude.

- Les loups-garous sont difficile à tuer, tenta de rassurer Geralt. Et les Sorceleurs ne tuent pas toujours les monstres. Quand c'est possible, on préfère lever les malédictions et les sorts. Comment comptes-tu l'aider ?

Carmen se redressa et essuya de nouveau ses larmes, remerciant faiblement Ann qui conserva une main dans son dos en soutien.

- La Grosse Sophie m'a dit que les druides pouvaient avoir une potion que je pouvais acheter.

- C'est l'une des trois méthodes que je connais, confirma Ann. Après, faut pas me demander de la concocter, j'ai jamais réussi. Dans ces cas-là, je m'adresse à un expert. Trop la trouille de faire une connerie qui empirerait les choses ou tuerait la victime.

- Ne t'aventure pas comme ça à l'aveuglette, tu vas te faire tuer. Les marais sont bien trop dangereux pour une femme sans entraînement au combat, même si elle porte un couteau, dit le mutant. On va voir les druides à ce sujet.

Un lourd soupir de soulagement quitta Carmen.

- Merci. Je vais retourner au bordel. Tu sais où me trouver, Ann.

- Va.

La catin fut poussée doucement vers la barque qui menait vers la ville et les deux sorceleurs se mirent en route immédiatement au travers les marais.

- J'ai totalement oublié comment faire pour lever la malédiction, soupira Geralt.

- Oui, je sais, ton amnésie. Je serais tout aussi emmerdé que toi si j'avais eu la mienne après ma formation. Tout réapprendre, les signes, les techniques de combats, le lore des monstres, les recettes alchimiques pour les huiles, les élixirs et les bombes. D'ailleurs, tu fais comment pour tes élixirs ?

- Lambert m'a donné une vieille copie d'un livre avec les recettes les plus courantes qui traînait par-là. Je me base dessus et sur les livres pour savoir la composition des ingrédients et ainsi, faire correctement mes élixirs.

Ann hocha la tête alors qu'ils dépassaient les puits d'argiles étrangement vide de vie.

- Tu as souffert d'amnésie toi aussi ? Comment tu t'en es remise ?

- Je m'en suis pas complètement remise, nuança la mutante alors qu'ils continuaient leur voie vers l'autel de Melitele. Mon amnésie était d'avant que Eilhart ne me trouve. Elle a vu mes dons, et leur potentiel. Comme elle ne pouvait pas lire mon esprit, elle a essayé de m'extraire la réponse par la force, mais j'ai résisté à ses tortures. Alors, elle a violé mon esprit jusqu'à trouver mes souvenirs et avoir ses réponses. La méthode a été si brutale que j'ai cru que j'allais finir en légume, mais ça m'a réveillé une bonne partie de ma mémoire. Au fil du temps, j'ai essayé de me concentrer sur les détails qui m'échappait encore pour explorer un peu plus. Je suis certaine qu'il me manque encore des éléments, mais j'ai retrouvé assez pour savoir qui je suis et pouvoir reconnaître mes proches.

Elle jeta un regard à Geralt alors qu'ils commençaient à se rapprocher de la clairière des bucherons tout aussi vide que les puits d'argiles.

- Donc, même si je dois bien ça à Eilhart, ça ne répare pas l'invasion, les tortures et les expérimentations qu'elle a fait à mon sujet, et encore moins le vol de mes capacités.

Encore les viols à répétition, mais elle ne le prononça pas à voix haute.

Finalement, ils arrivèrent à la clairière des druides et en se renseignant, on les orienta vers un homme en particulier : le Hieropant, le chef du cercle de druides qui accueilli avec joie le duo, surtout Geralt qu'il connaissait de part un de ses partenaires de poker : Sac-à-Souris.

- J'ai perdu ma mémoire et je ne sais donc pas qui est ce Sac-à-souris.

- Quelle tristesse, soupira le vieux druide. Je peux peut-être aider, si vous restez ici quelques années...

- J'ai des affaires urgentes qui m'attendent.

- Et vous mademoiselle ?

- La bâtarde d'un pirate, vous occupez pas de moi, répondit Ann avec un geste de la main pour dire que ce n'était pas important. Nous sommes ici de la part d'une femme dont l'homme est un loup-garou. Elle dit que vous auriez une potion pour le soigner ?

- Vous savez comment le soigner, non, c'est votre spécialité, vous êtes des sorceleurs, pointa le druide.

- Je l'ai peut-être su un jour, mais je ne m'en rappelle pas, pointa Geralt.

- Je sais comme le soigner, dit Ann. Mais si je veux pas faire un massacre, j'ai besoin d'aide pour la potion.

- Je ne peux pas vous aider pour ce point, je ne sais pas préparer l'élixir qui puisse guérir cela. Je sais par contre qu'une chemise tissée à partir de petite ciguë est l'une des méthodes dans ce but.

- Rien de neuf, on demandera à un expert, je le dirais à Carmen, soupira Ann. Je connais le reste, merci quand même.

- Vous savez que la lycanthropie est une maladie qui pénètre très profondément dans le cœur des malades. Il faut vous assurez, avant de lever la malédiction, que le malade a toujours un cœur d'homme, sinon, il continuera son massacre même une fois débarrasser de son mal. Un monstre dans la peau d'un humain.

- Je vais discuter avec Carmen, dit la D. Elle sera peut-être plus ouverte avec une femme.

- Je te laisse gérer, confirma Geralt.

Ann allait faire un commentaire quand elle remarqua que Yaevinn la regardait avec pas mal d'insistance depuis l'arbre contre lequel il était assis.

- Commence à avancer, on se retrouve à la tour, je veux parler à Yaevinn.

- Marre que je sois dans tes pattes ?

- Geralt. Une collaboration avec les Scoia'tael revient à se faire pendre haut et court, à moins que quelqu'un ne veuille parler en notre faveur. Je suis prête à prendre le risque. Mais c'est mon choix. Les Chats se torchent avec la neutralité. Pas les Loups. C'est ce que tu veux ?

- Pourquoi prendre parti ?

- Parce que j'ai passé ma vie à chercher ma place et qu'il est normal que je me sente concerné par le combat d'un groupe qui lutte justement pour retrouver un semblant de respect et une place égale, au minimum, aux hommes.

Et elle tourna les talons dans un envol de sa cape pour aller rejoindre Yaevinn. Geralt la regarda faire, toujours aussi impassible, et se mit en marche pour rejoindre leur destination d'origine.

- Caedmill, Chat Noir. Un plaisir de te voir, salua Yaevinn quand la mutante s'arrêta devant lui.

- Caedmill, Aen Seidh. J'ai appris pour la bataille dans les marais. Félicitation pour la victoire.

- Et je t'ai entendu avec ton camarade. Honorable ta façon d'essayer de le protéger.

- Il a déjà affaire à une magicienne de la Loge et leurs foutus manipulations politique.

- Tu n'as pas peur de dire ce que tu penses.

- J'ai dit un peu plus tôt dans la journée à Merigold que pour moi, c'était une putain en robe de soirée. Et j'ai pas peur de dire que t'es un enculé de première et que tu n'arriveras à rien, et j'en ai rien à battre que tu sois un bouffeur de salade avec des oreilles pointues.

- Pourquoi continues-tu de m'aider alors ? s'enquit l'elfe sans s'offusquer de ce que venait dire la femme.

- Tu m'as entendu, je m'identifie à votre combat, et pas seulement parce que j'ai des yeux d'argents et des mutations que je n'ai jamais demandé. Que je t'apprécie ou pas ne change rien au fait que je veux voir un monde un peu plus sage. Et si pour ça, je dois prendre les armes avec les Scoia'tael, je le ferais, parce que j'ai l'habitude des combats perdu d'avance et que je sais que la meilleure solution est de partir d'ici. Mettre le feu à des villages humains ne sert à rien, je l'ai compris en devenant l'Incendiaire de Rivia. Donc, je te pose ma question… que me veux-tu ?

- J'aurais un service à te demander, en effet, qui n'est pas sans rapport avec notre combat pour la liberté…

- Je suis pas la personne la plus patiente du monde de base et les mutations ne m'ont pas arrangé. Donc, abrège. Qui, quoi, où, quand et comment… ah et pourquoi aussi.

- Très bien, répondit l'elfe avec un sourire un brin moqueur. Donc, où, dans les égouts sous Wyzima, dans les ruines d'un temple elfique. Quoi ? Un possible héritage de Lara Dorren qu'elle aurait laissé derrière. Qui ? Une unité que j'ai envoyée là-bas Comment ? Cela n'a rien à t'apporter. Quand ? La nuit dernière et ils devraient être déjà rentré depuis longtemps. As-tu besoin que je poursuive ?

- Donc, si je traduis, on a un groupe de Scoia'tael qui se balade dans les égouts et qui ne sont pas rentré après le couvre-feu suite à une mission que tu leur as donné, et tu veux que je découvre ce qui ne va pas, c'est ça ?

- Exactement.

- On est d'accord. Mot de passes ou quoique ce soit pour me faire identifier ?

- Tes actions de l'autre fois t'ont gravé dans l'esprit de mon groupe, impossible qu'ils ne te reconnaissent pas.

- Bien. Bonne journée.

Et elle tourna les talons partant dans la direction qu'avait pris son collègue.

Elle le trouva à quelques distances de là, sur un ilot, entouré de corps de loups et occupé à attacher la tête d'une des bêtes à son croché.

- Grosse bête dis-donc, commenta Ann. Navrée pour l'attente.

- T'es sûre de ce que tu fais ? se contenta de demander Geralt.

- Je suis une grande fille. Même si je ne le fais pas, j'ai plus de soixante ans tu sais. Alors, occupes-toi de toi plutôt que de moi, va.

- Très bien.

Et pas un autre mot ne fut échangé alors qu'ils continuaient leur route au travers le marais pour rejoindre la tour du Mage.

Ils trouvèrent la porte ouverte et l'alchimiste occupé à étudier des livres avec ravissement.

- Qu'est-ce que vous faîtes ici ? demanda Ann alors que Geralt montait les étages à la recherche du livre qu'il avait caché auparavant.

- Je profite du matériel et des recherches que j'ai attendu tellement longtemps pour pouvoir y accéder ! leur répondit l'homme avec excitation. C'est la plus grande découverte de ma vie ! Vous avez pleinement mérité votre récompense !

Geralt redescendit pour voir l'alchimiste en train de fouiller dans une caisse qu'il avait installé dans un coin de la pièce pour en sortir un sac rempli d'orins.

- Je vous laisse partager, dit l'alchimiste.

- Comment se porte vos recherches ? s'enquit Geralt. Tenez, j'avais caché ce livre pour m'assurer que Javed ne mette pas la main dessus.

Ann récupéra l'argent et regarda l'ouvrage changer de main.

- J'ai développé une nouvelle théorie ! Un exploit incontournable pour l'alchimie ! Je sais à présent que tout est composé de particules extrêmement petites ne pouvant pas être vu à l'œil nu !

- Uh-uh… fit semblant de s'intéresser Geralt.

- Elles sont en mouvements constant et réagissent les unes aux autres ! Je dois encore le confirmer mais j'y travaille… qu'est-ce que j'ai dit de drôle ?

Ann avait été prise d'un fou rire en l'écoutant mais elle secoua la tête sans lui répondre, se contenta de s'appuyer à un mur pour ne pas perdre l'équilibre en se tenant le ventre. Les deux hommes échangèrent un regard, mais aucun des deux ne savaient ce qu'ils avaient dit de drôle.

- Je pense qu'on va y aller, vous me direz plus tard comment se porte votre découverte, coupa court Geralt.

- Vous pouvez utiliser mon téléporteur elfique. Je l'ai installé ici pour faciliter les allés et retour entre la Tour et mon laboratoire. Merci encore pour le livre et votre travail !

Geralt regarda les pierres sur le sol qu'il avait pris pour des débris. En s'approchant, elles se soulevèrent d'elles-mêmes en formant un portail magique en son centre. Il se tourna vers Ann qui riait toujours comme une baleine et l'attrapa par le bras. Un bref salut de la tête à l'adresse de Kalkstein et il traversa le portail avec la femme.

De l'autre côté, ils se retrouvèrent dans le laboratoire sombre de l'alchimiste. Ann prit une profonde goulée d'air, toujours hoquetant de rire, mais fit l'effort d'essayer de se calmer.

- Qu'est-ce qui t'a rendu si hilare ?

La brune eu un dernier rire en essuyant ses larmes d'hilarité avant de suivre son camarade masculin hors de la cave. Elle renifla un instant avant de nouveau.

- J'ai pas eu le cœur de lui dire que ce qu'il a découvert, ce sont des atomes et que c'est déjà de l'histoire ancienne là d'où je viens. Il n'a juste pas la moindre idée de l'importance de la découverte sur laquelle il a trébuché !

- Ah ? commenta laconiquement Geralt.

Ann soupira et attrapa son collègue par le bras.

- Atome vient de Atomos¸ qui veut dire insécable. Tout est fait d'atome. Eux-mêmes ont un noyau qui représente la majeure partie de leur masse, mais aussi des électrons qui forment un nuage tout autour avec une charge électrique soit positive, soit neutre, qu'on nomme neutrons. Ils sont liés ensemble avec des liaisons chimiques…

- Coupe le charabia et dis-moi où ça mène, coupa Geralt.

Dire que le charabia en question, elle l'avait appris dans le but de trouver une idée pour éveiller son akuma no mi à la base. Elle expira profondément par le nez et lui dit :

- Tous les éléments que je viens de citer, suivant leur nombres et agencements, composent tout ce qui nous entoure. L'eau, par exemple, est composé d'un atome d'hydrogène et de deux atomes d'oxygène. Quand on sait, par exemple, que le feu consomme du dioxygène soit deux atomes d'oxygène pour se nourrir, quelqu'un d'assez intelligent serait capable de trouver un moyen de convertir l'eau comme source de nourriture pour le feu, en se débarrassant de l'hydrogène du liquide. Et les plus cons ont réussi à raser des villes entières, et leurs environs, et les rendre impropre à toute vie avec une bombe longue comme un bras, dont le contenu a été trouvé en faisant joujou avec les compositions des atomes. Ce que Kalkstein a trouvé, mais qu'il ignore, c'est le futur. Avec ça viendra la domestication et la création artificielle de l'électricité, menant à de nouveaux modes de vies, plus confortable. Fini les lampes à l'huile ou les bougies, bonjour l'éclairage artificielle, les barrages, les centrale nucléaire. L'atome n'est que le début, Geralt. Les vivants peuvent faire de grandes choses avec, mais aussi des choses effroyables. C'est comme avec les secrets de nos mutations. Le mage Alzur était un des pères de la mutation génétique, tout ça pour mener à un monde meilleur. On l'utilise pour protéger les autres des monstres et créatures qui ont vu le jour avec la Conjonction des Sphères. Mais elles sont aussi utilisées à mauvais escient. Tu crois que la mauvaise réputation des Chats vient de quoi ? Mon école se torche le cul avec la morale et l'esprit critique. Ils veulent de l'argent pour survivre. Ils seraient prêts à tout pour ça. Et anecdotes pour toi. Le Chat de Lello dont le vrai nom est Brehen, c'est un gars de chez moi. Les mutations n'ont pas été un vrai succès dans son cas. Quand on parle de notre école, on songe à lui, puisqu'il est l'archétype des nôtres. Cruel et sans remord.

Geralt voulu dire quelque chose mais le doigt autoritaire devant son nez l'en dissuada.

- Année 1241, le Roi Foltest chercher quelqu'un pour lever la malédiction de sa fille Adda qu'il a eu d'une relation incestueuse avec sa propre sœur qui portait le même nom. Tu as rencontré Brehen dans une auberge et il a pris un otage pour te forcer à te battre en duel contre lui et ainsi, te dégager du tableau pour ce contrat. Un otage Geralt. Tout ça pour un contrat. Oui, son plan a échoué et il est allé tellement loin que non seulement, Vesemir a mis sa tête à prix, mais ça a forcé le reste des Chats à le renier. Pas parce qu'il avait pris des otages, non, seulement parce qu'il avait attiré trop d'attention sur nous, ce qui nous a mis en difficulté. Peu après, il massacrait la village Lello juste parce que la décoration n'était pas à son goût. Et c'est quoi au final le problème ? Eh bien ce sont les mutations. Un outil qui est censé aider à conserver la paix s'est retrouvé à appuyer là où il ne faut pas toucher dans le cerveau humain pour donner des sorceleurs qui massacre joyeusement tout sur leur passage.

De la main, elle montra l'escalier menant vers le laboratoire.

- La découverte de Kalkstein, c'est la même chose. Ça mènera à des grandes découvertes, son nom sera gravé dans l'histoire, mais des hommes et des femmes, humains ou non, seront assez stupide pour trouver des exploitations tout sauf pacifique à ses recherches.

Elle laissa retomber son bras en soupirant. Pourquoi elle s'était emportée encore une fois sur un sujet pareil ? Ah oui c'est vrai, les mutations et sa médication. Elle allait retourner rapidement à Kaer Morhen pour essayer de recommencer ses cours de self-control avec Vesemir. Ou alors, allez faire une cure sur la côte. L'un ou l'autre lui ferait le plus grand bien, puisqu'elle ne pouvait pas changer le contenu de ses soins. Cela reviendrait à prendre des risques bien trop grand pour un bénéfice trop mince.

- Ann… ça va ?

- Ouais… juste… désolée de mettre emporter.

- Tu viens apparemment d'un coin plus avancé que ce que l'on sait sur ce continent. Tu viens du Grand Nord ? J'ai entendu beaucoup de choses sur les artisans au-delà des Monts des Dragons, là où personne n'a pu vraiment voir ce qu'il y a de l'autres côtés. Qu'on ne connait que par quelques voyageurs ayant réussi à venir sur notre continent.

- Nan. Bien plus loin que ça. Aussi loin et pourtant aussi proche qu'une Conjonction des Sphères. Sortons d'ici.

Ann remit sa capuche sur son crâne en sortant de la maison de Kalkstein.

- Je vais trouver Vincent pour voir s'il y a une prime sur la tête du loup, annonça Geralt.

- Je te laisse les possibles contrat s'il y en a des nouveaux qui sont sortis. Je vais voir Carmen.

- Tu m'accompagnes à la soirée ? Histoire de me sauver un minimum des griffes de Triss ?

- Je peux faire ça. Ah et puisque c'est sur mon chemin, donne-moi une de ses orbes pour sa triangulation de merde.

Geralt ouvrit son sac et donna l'orbe en question à Ann avant de prendre sa route en passant par le marché. C'est là qu'il tomba sur un nain dentiste avec une sévère allergie ou rhume, vu sa tendance à renifler et sa voix nasillarde. Une rencontre intéressante, puisque le nain en question avait apparemment une passion : la collection des dents. Et pas n'importes quelles dents. Seulement les plus rare et qu'il ne possédait pas déjà, même s'il accepta de faire exception pour un croc de loup. Ainsi, notre cher mutant se débarrassa d'un croc de loup, de noctule et un crâne de barghest qui lui encombrait le sac, le tout pour cent soixante-quinze orins.

Ce serait amusant, voir, divertissant, de trouver des dents de monstre pour ce petit dentiste.

Il trouva Vincent à son poste qui l'orienta ailleurs, puisqu'apparemment, le Chasseur Royal de la Cour était revenu des faubourgs et s'occupait désormais des primes. Donc, il dû rejoindre de nouveau le Quartier Marchand. L'homme lui appris néanmoins que le Roi avait l'intention de revenir rapidement.

Mais niveau prime, il apprit qu'il avait en effet bien fait de tuer le gros loup qu'il avait croisé, et qu'il devrait aller jeter un œil du côté des wyvernes puisque les locaux les accuser de leur voler les enfants. Sauf que les wyvernes n'attaquaient pas les humains sans être provoqué. Qu'on l'attaque lui ou Ann, il pouvait comprendre, puisque les mutations leur faisaient dégager des phéromones qui incommodaient pas mal de créatures, mais les locaux… ils avaient certainement essayer de s'étendre en prenant un lopin de terre aux wyvernes, d'où les attaques.

Toujours est-il que la tête de loup lui valut six cent orins.

.


.

Ann allait entrer dans les égouts, après avoir installée l'orbe de Merigold, quand elle entendit le bruit typique d'une escouade en armure et côtes de mailles en pleine course. Elle lâcha la grille menant aux égouts et remonta au niveau de la rue pour voir passer des soldats de l'Ordre en pleine course. A moins d'avoir une force inhumaine et une endurance phénoménale, il devait être impossible de survivre à une course avec pareil équipement. Elle regarda l'escouade passer et par curiosité, les suivis. Vu leur vitesse, elle pouvait se permettre d'y aller en marchant. Finalement, ils s'arrêtèrent devant quelqu'un qu'elle reconnut comme Siegfried qui lança quelques ordres en leur montrant les mannequins de pailles.

Ah, il entraînait d'arrache-pied les troupes de l'Ordre.

- Maaa, en voilà des hommes déterminés, commenta la femme.

Siegried se détourna de l'entraînement et Ann fit tomber sa capuche pour se faire identifier.

- Ah, c'est vous, Portgas, si je me souviens bien.

- Hm. Ils doivent être mort de chaud et de fatigue avec leurs armures.

Et elle regarda l'armure encore plus imposante et riche du chevalier devant elle.

- Vous avez été promu, non ?

- Oui, suite à cette bataille dans les marais, répondit le blond en se tournant vers ses hommes de nouveau. Nous avons subi de lourdes pertes face à la Scoia'tael. Je ne suis pas de très bonne humeur, vous imaginez bien.

Elle avait peut-être aidé dans la défaite en décimant une partie des forces de l'Ordre avant la bataille, mais personne n'avait à le savoir.

- Donc, ce sont des nouveaux.

- Joignez-vous à nous ! demanda Siegfried en se tournant vers la femme. Vous et Geralt devaient arrêter de fréquenter ces non-humains ! Je vous en conjure.

La mutante roula des yeux et se tourna vers le blond.

- Et on gagne quoi, hein, à le faire ? C'est pas votre Ordre de puritain raciste qui changera nos vies. On est des mutants. On n'a pas demandé à le devenir, mais on se fait cracher à la figure, jeter des pierres, avant qu'on ne vienne en pleurant nous demander de l'aide pour tel ou tel monstre, pour ensuite, rechigner de nous payer le salaire convenu. Le seul domicile que l'on a, ce sont des ruines. On n'a rien, et tu attends de nous qu'on se tourne contre ceux qui nous ressemble le plus ? T'es quelqu'un d'intelligent. Regarde les choses en face. Ceux que tu traques, ce sont des gens à qui les humains ont volé leur maison, leur chez eux. Des elfes amers qui auraient pu être des citoyens exemplaires sans cette plaie purulente qu'est le racisme. Si ça n'existait pas, je n'aurais pas besoin de me cacher sous une capuche.

Ann fit un pas dans sa direction, lui attrapant le col de sa cote de maille qui dépassait de son plastron pour s'étaler sur ses épaules.

- Tu m'aurais dit de ne pas fréquenter la Scoia'tael, j'aurais compris. Mais les non-humains… tu parles à une non-humaine. Tourne sept fois ta langue dans ta bouche avant de parler, d'hoine. Alors, à moins que t'es autre chose à me dire, je vais aller me charger d'une femme et de la malédiction de son mari, afin que leur histoire d'amour ne finisse pas dans un bain de sang.

Et elle se détourna pour partir en attrapant sa capuche.

- Je pourrais bien avoir besoin d'assistance, dit Siegfried d'un ton absent.

Ann s'arrêta sans se retourner.

- Des gens disparaissent dans le cimetière.

- Goules ?

- Leur nombres augmentent.

- Je croyais que le cimetière avait fermé.

- Il a rouvert, même si la prudence est de mise et que ça reste aux risques et périls de chacun.

- Paiement ? Ce sont pas les célicoles qui vont payer mes élixirs.

- Il y aura un salaire, en plus de la gratitude de l'Ordre.

- Alors nous parlons la même langue. Je reviens.

Et elle tourna les talons pour rejoindre le cimetière qui était dans la direction opposée de laquelle elle était venue.

- Je prierais pour vous, lui dit Siegfried.

Qui avait dit déjà que les D. étaient des ennemis des Dieux ? Il comptait vraiment prier pour elle ?

Elle soupira en continuant de remonter la pente, dépassant quelques affiches publicitaires en parchemin qui étaient étalé sur les murs de pierres. Elle eut un rire en voyant le commentaire injurieux pour le bourgmestre et pour la campagne de recrutement d'un corps d'infanterie de Temeria.

Elle se rapprocha du fossoyeur.

- Bonjour mon bon monsieur. Il paraît que le cimetière a réouvert ?

- Oui, mais il faut être fou pour s'y rendre, marmonna le vieil homme sans se détourner de la fabrication d'un cercueil.

- Des monstres ?

- Des hordes.

Pas du tout rassurant.

Elle allait rentrer dans le cimetière quand elle se rappela de quelque chose.

Geralt devait placer un orbe dans le cimetière aussi.

En jurant, elle fit demi-tour et courut à la recherche de Géralt, surprenant Siegfried quand il la vit passer. Et il fut encore plus surpris quand elle repassa un peu plus tard devant lui en serrant dans son poing l'objet en question.

Il la regarda faire, cligna des yeux et secoua la tête pour retourner à ce qu'il faisait.

Ann s'arrêta devant le cimetière, haletante et se débarrassa de son sac et de sa cape.

- Gardez ça, je reviens.

Le vieillard la regarda avec une bouche légèrement ouverte se diriger vers la porte du cimetière qu'elle traversa en toute tranquillité. De l'autre côté, aux milieux des tombes, en plein cœur de l'odeur de mort, elle sourit. Difficile de se dire qu'elle se sentait mieux dans les cimetières que chez les vivants.

Elle avança sur le chemin en regardant autour d'elle, avant de repérer un corps d'un banal péon des quartiers pauvres. Elle alla s'agenouiller à côté de lui et observa ses blessures. Elles étaient fraîches.

Des traces de morsures et des griffures énormes.

Elle souleva une jambe et observa l'état des os.

Ecraser pour en extraire la moelle.

Le travail des goules et de leurs consœurs.

Elle se releva et continua de faire un tour en longeant les murs du cimetière. Sa dague d'argent enduite de Haki eu raison de la tête d'une goule qui jailli du sol juste à côté d'elle. Elle finit par arriver à un trou dans le terrain, empli d'eau, et trouva un autre corps, d'une femme cette fois. La mutante alla s'accroupir juste à côté, se tenant en équilibre en usant de son poignard comme appuis et observa le corps.

Pas de traces d'attaques par les bêtes cette fois, ce qui était étrange.

Elle avait été tuée proprement, la jugulaire tranchée par ce qui ne pouvait être qu'une lame. Une dague très certainement.

Elle se releva et continua son tour, passant devant le portillon qui menait au Quartier Marchand juste à l'opposé des grandes portes qu'elle avait passé en entrant.

Des bruits de mastications l'alertèrent.

Elle regarda à sa gauche et sur la pointe des pieds, se dirigea vers la structure qui aurait dû être une église ou un caveau, mais qui n'avait jamais été fini. Au centre de la ruine, un corps.

Ann se colla contre le mur et se pencha légèrement sur le côté pour voir à l'angle.

Oui, elle n'avait pas imaginé. Un graveir. Un très gros graveir. S'il avait été plus gros, et avec une teinte plus grisâtre, elle l'aurait pris pour une femelle, mais heureusement, ce n'était pas un cemetaur. Ces monstres étaient une galère à tuer, surtout qu'en tant que « Reine » du cimetière, toutes les goules du coin venait à leur aide.

Elle pouvait toujours s'occupait sans difficulté du graveir.

Elle tira son glaive et se rapprocha de la créature sur la pointe des pieds, espérant que l'odeur de mort couvre son parfum auprès du monstre.

Il ne lui restait que cinq mètres à parcourir.

- Hmmmsluuurp… délicieux !

Ann se figea et regarda avec des yeux écarquillés le nécrophage devant elle. Il venait bien de parler ? Qu'on lui dise une Alpyre ou une Brouxe, elle voulait bien, mais ça ?

Les bras lui en tombaient.

Le monstre se redressa et la remarqua. Il se tourna vers la mutante et ouvrit la bouche quand un rot qui empestait le sang et la chaire en décomposition échappa de sa gorge.

- Ooops ! Navré, j'oublie mes manières ! s'excusa le graveir.

- Ano… souffla la femme avec hésitation.

- Tu n'as jamais vu de goule avant ?

Ann ouvrit et referma la bouche, avant de finalement se redresser en appuyant la lame de son arme contre son épaule, et de se masser le nez de son autre main.

- J'ai vu de tout dans ma vie, mais un graveir qui parle et qui a des manières et du répondant voir de l'humour, c'est une première.

Elle raconterait ça à Vesemir. Et Geralt.

- Je ne suis pas du genre à me vanter, mais je suis assez exceptionnel. Le reste de ma caste préfère grogner.

Il montrait décidément un niveau d'intelligence bien au-delà de ce qu'elle avait vu des graviers.

- J'ai vu plein de corps dans les environs. Ce cimetière est ton garde-manger ? Marre de la pourriture, donc, on passe à la chair fraiche ?

- Hey ! C'est pas moi ! se défendit la goule aussi indignée qu'une créature avec le visage bloqué en un rictus menaçant puisse l'être. Je mange pas ceux qui sont encore vivant !

- Je m'en doutais, j'ai vu un corps de quelqu'un qui a été attaqué par une arme. Qui te nourris ?

- Si je te le dis, tu m'épargnes ?

- Si tu quittes le cimetière ou si tu vas dans la crypte et qu'on te trouve pas. Parce que si quelqu'un te découvre et qu'on met un contrat sur ta tête, faudra pas venir pleurer, on est d'accord ?

- Oui madame !

Ann rangea son arme en souriant et s'approcha de la créature pour lui tapoter une joue. L'odeur, mon dieu… une infection !

- Gentil garçon. Allez dis-moi, qui t'offre ce banquet.

- Les oreilles pointues. Ils volent les tombes et se faufilent partout. Ils tuent quiconque se met sur leur chemin.

- Et vu qu'ils vous donnent à manger, toi et tes potes, vous leur foutez la paix, n'est-ce pas ?

- D'un côté, ils ont un goût horrible et de l'autre, ils nous apportent à manger. Je les ai vu tout à l'heure, près de la crypte.

- Merci gentil garçon. Allez, file.

- Merci madame ! A la revoyure !

Et il s'en alla en courant plus loin dans le cimetière. Ann perdit son sourire et une expression orageuse apparut sur son visage.

Elle était une sympathisante de la Scoia'tael, mais parfois, ils ne lui facilitaient pas le travail. Elle tira son glaive d'acier de son dos et parti en guerre contre les elfes et les possibles nains qui étaient responsables de ça. Elle s'arrêta en chemin en voyant la tête de taureau pour y placer l'orbe et reprit sa marche. Comme le graveir lui avait dit, ils étaient près de l'entrée de la crypte qu'ils étaient en train de refermer. Elle allait faire un massacre.

- Que cherches-tu, ici, Sorceleuse ? demanda l'un des elfes.

- Des Scoia'tael stupides qui se la jouent pilleurs de tombes, répondit Ann. Je vous tue maintenant, ou je vous livre à l'Ordre pour qu'ils jouent à la Chasse à l'elfe avec vous ? Je veux bien être sympathique de la cause, mais quand je vois ce que vous faîtes, j'ai plus envie de vous étrangler qu'autre chose.

- Serait-ce une menace, dh'oine ?

Ann lui envoya un bon coup de poing qui le fit tomber le cul par terre. Ignorant les armes que les autres membres de l'escouade sortirent, elle posa son pied sur la poitrine de l'elfe à terre, lâchant son Haoshoku qui illumina ses yeux. L'individu à terre se mit à tousser, portant ses mains à sa gorge, luttant pour retrouver de l'air.

- Regarde-moi dans les yeux et ose m'appeler encore une fois dh'oine ! J'ai perdu mon humanité y'a bien trop longtemps pour apprécier d'être traité ainsi. Je me répète donc. Pourquoi je devrais laisser des gens qui attaquent des civils au hasard fuir ainsi ?

Ce fut un autre elfe qui lui donna la réponse.

- On a enfermé des dh'oine dans la crypte. Dont des femmes et des enfants. Avec des goules.

Le Haki trouva une autre cible et l'elfe qui venait de parler tomba à genoux sous la volonté de la femme.

- Et vous vous plaignez de votre traitement quand vous leur donnez une raison de vous détestez ! Vous êtes content !? Vous auriez réagi comment si des humains avaient fait ça à vos familles !?

- Sorceleuse… tenta un nain du groupe.

- URUSAI ! BARREZ-VOUS ! ET CACHEZ-VOUS ! PRIEZ POUR QUE JE NE VOUS RETROUVE JAMAIS ! OU J'APPORTERAIS VOS TETES AU GRAND MAITRE DE L'ORDRE LUI-MEME !

Elle ouvrit sa besace d'un geste sec pour attraper un élixir du Chat et entra dans un coup de vent dans la crypte. Elle avait des civiles à sauver. Son métier était de sauver des gens, pas de chasser des écureuils.

Plus tard, elle ressortit de la crypte avec une expression orageuse, escortant deux femmes et un enfant hors du territoire des goules. Elle récupéra ses affaires auprès du fossoyeur, sans même prendre la peine de remettre sa cape. Lentement, elle descendit le long du chemin.

- Sorceleuse ? Des nouvelles ?

Ann s'arrêta sans pour autant regarder Siegfried qui venait de l'interpeler quand elle dépassa son poste avec les survivants du piège des elfes.

- Il n'y aura plus de problème. Je m'en assurerai personnellement. Maintenant, je dois accompagner ses femmes jusqu'à l'hôpital.

- Qu'est-ce…

- Plus tard, je suis pas d'humeur.

Elle lui jeta son regard le plus haineux

- Garde la récompense. Et demande à des gars d'aller fouiller la crypte. Il reste des corps là-bas.

Et elle se remit en marche avec les femmes et la gamine. Elle ne s'arrêta pas jusqu'à être devant l'hôpital Lebioda où elle demanda à un des gardes d'aller chercher une des infirmières du temple ou Shani pour les ausculter. Puis, sans un mot de plus, elle tourna les talons et rejoignit son squatte.

- Ann ! Te revoilà ! salua joyeusement Albina en la voyant entrer.

- J'ai… j'ai besoin d'un peu de solitude, s'il te plaît. C'est pas contre toi, j'ai… besoin de souffler.

La vampire cligna des yeux en voyant Ann laisser tomber ses affaires dans le coin habituelle, mais la laissa tranquille, reprenant son apparence humaine avant de passer la porte. D'un geste machinal, la mutante utilisa Yrden sur la porte pour la verrouiller, avant de se débarrasser de ses armes avec colère. Elle finit par craquer et tomba à genoux en sanglotant, frappant le sol de ses poings et de son front alors qu'elle pleurait.

Pourquoi le monde est-il si stupide et agissait-il ainsi ?! Pourquoi ne voyaient-ils pas la triste réalité telle qu'elle était et faisait la chose intelligente de ne pas planter d'autres graines de haines en plus ?!

Elle griffa le sol, enfonçant des échardes sous ses doigts.

Quelle putain de monde de merde.

Pourquoi où qu'elle aille, elle se retrouvait devant des êtres vivants stupides et déchirés par la haine et des passions futiles ? Pourquoi un peu de paix et d'harmonie n'étaient donc pas possible ?

Elle jeta un poignard sur sa porte quand elle entendit quelqu'un toquer.

Peu importe de qui il s'agissait, elle ne voulait voir personne.

Elle tira un autre poignard quand elle vit son signe s'effacer de sa porte et celle-ci s'ouvrir sur Geralt qui attrapa au vol la dague qu'elle lui jeta.

- Si j'ai fermé cette porte, c'est pour une bonne raison, grogna la D. en essuyant ses larmes.

Le Loup Blanc ignora sa remarque et entra en refermant la porte derrière lui. Il alla ramasser les glaives pour les mettre correctement contre le mur, appuya les siens à côté et alla s'asseoir, face à Ann, un genou levé pour appuyer son bras.

- Albina est venue me trouver parce qu'elle se faisait du souci pour toi.

Et il croisa les bras, l'air de dire qu'il était là pour écouter.

Ann le regarda et pendant un instant, elle vit un autre homme à sa place. Blond aux yeux bleus, tout aussi silencieux mais prêt à tout pour l'aider à se sentir mieux.

Il n'en fallu pas plus pour qu'elle fonde de nouveau en larmes.

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Geralt marchait dans les égouts en faisant jouer son glaive d'argent sur son passage. Cet épisode montrait une nouvelle fois la différence entre leurs mutations. Lui, il avait l'impression qu'on lui avait volé ses émotions la majorité du temps et elle, elle les ressentait bien trop violemment. Sans parler qu'elle s'était engagée dans une bataille perdue d'avance. Il ne pouvait s'en empêcher. Il voulait l'aider.

Entre Triss qui le manipulait et Ann qui voulait l'aidait tout en le tenant à l'écart de ses choix à elle, il n'y avait pas à chipoter. La brune donnait envie de lui accorder de l'attention. Sa personnalité et sa passion étaient attirantes, mais loin de l'aspect sexuel de la chose bien qu'elle soit très agréable à l'œil.

Non, il le réalisait, mais Ann commençait à devenir une amie à ses yeux, au-delà d'une simple camarade sorceleuse.

Difficile de se dire qu'au début, elle le supportait tout juste.

Mais le fait était que la femme avait atteint une limite. Elle n'avait rien demandé en échange quand il avait eu besoin d'aide. Alors, aujourd'hui, c'était à lui de l'aider.

Ils étaient des sorceleurs, des mutants, des exclus.

Ils parcouraient la Voie.

Ils devaient se serrer les coudes sur le Sentier.

Il finit par arriver en vue d'une autre zone des égouts, après avoir cherché pendant un moment un groupe de la Scoia'tael, dépassant un duo de gros bras assez suspicieux qui montaient la garde devant une grille, avant de trouver l'unité qu'il cherchait et qu'Ann lui avait décrite.

Comme si elle avait la force mentale de faire quoique ce soit dans son état.

Il trouva finalement un groupe avec un nain semblant être à la tête.

- T'es qui toi ? lui demanda le nain.

- Geralt de Riv. Un camarade de Portgas D. Ann. Elle a déjà aidé Yaevinn, répondit le mutant. Il lui avait demandé de venir voir ce qu'il vous arrivait pour que vous tardiez autant, mais elle n'est pas en état de le faire pour le moment.

- Comment ça se fait ?

- Disons qu'elle a rencontré il y a environ deux heures une autre de vos unités dans le cimetière et qu'elle a pas apprécié de devoir sortir des femmes et des enfants d'une crypte pleine de goules où ils avaient été enfermé. Je toucherai deux mots à Yaevinn à ce sujet en personne.

Le nain ne sembla pas du tout fier de ce que ses collègues avaient fait.

- Désolé pour l'incident.

- Des excuses ne répareront pas le mal qui a été fait ou la vie de l'enfant qui est mort. Qu'est-ce qu'il se passe ici ?

- Eh bien, on aurait bien besoin d'un sorceleur. On est après des artefacts elfiques. On a réussi à entrer dans le temple, mais une fois à l'intérieur, on a entendu un terrible cri et il s'est mis à faire terriblement froid. L'un de mes hommes a juste… explosé. Puis… quelque chose a attaqué un des miens.

Il montra le petit groupe d'elfes et de nains qu'il restait. Ils étaient cinq à tout cassé.

- On est les seuls survivants. Tuez cette chose, peu importe ce que c'est ! Et vous serez récompenser.

- Je vais voir ce que je peux faire.

- Dépêchez-vous avant que cette chose ne sorte de son trou et ne s'en prenne à la ville !

Geralt se tourna vers le trou dans le mur de gauche qui menait à un couloir de pierre lisse avec de belles colonnes. On avait brisé la paroi pour dévoiler ce passage.

Il sortit son glaive d'argent et se mit à avancer avec précaution.

Sur le chemin il trouva des corps d'elfes taillés en morceaux et exsangue.

Le travail d'un vampire de toute évidence. Il s'arrêta et ouvrit sa besace pour prendre les élixirs nécessaires à ce combat. La base, toujours, Chat-Huant et Hirondelle, mais aussi le Sang Noir, afin d'empoisonner un possible vampire qui voudrait le mordre. Il arriva sur un balcon à l'intérieur d'une tour, éclairée par de la lumière du jour venant du sommet.

Malgré le temps, après tout, depuis que Wyzima avait été construite sur les ruines de la citée, ça devait faire un moment… donc oui, malgré le temps, les ruines étaient extrêmement bien conservées. Un rocher étaient tombé avec quelques pierres, mais presque rien d'autre.

En se rapprochant d'une arche menant à une pièce, Geralt sentit son médaillon se mettre à bouger.

Il se plaqua au mur et regarda à l'intérieur.

Une femme à la peau cadavérique flottait au-dessus d'un corps d'un elfe, avec pour seuls vêtements ses longs cheveux noirs. Une brouxe.

Une créature vampirique agile et très rapide. Et surtout très intelligente.

Le combat ne serait pas facile.

Il avala ses élixirs, fit craquer ses doigts le temps que la toxicité de ses potions cesse de le faire souffrir, avant d'inspirer profondément. Il se jeta dans la salle et roula sur un côté pour éviter un des cris de la vampire dont l'écho se réverbéra de façon désagréable dans la pièce. Il lança sur elle une boule de feu avec Ignii, avant de franchir la distance le temps qu'elle se remette de l'attaque. Elle se jeta sur lui et le mordit au bras, ses crocs traversant le tissu qui n'était pas recouvert de cuir, faisant couler du sang. Mauvaise idée. Elle se décrocha en hurlant de douleur alors que le poison se répandait dans son corps. Le sorceleur ne perdit pas plus de temps et passa à l'attaque en utilisant un style rapide qui ne laissait pas le temps à sa proie d'esquiver, la poussant lentement vers un mur pour lui couper la fuite. Elle avait beau être en lévitation, Geralt ne la laissait jamais partir bien loin. Bientôt, les tentatives de fuites de la créature fut ce qui lui coûta la vie. Au lieu de se concentrer sur la lame du sorceleur et son manieur, elle chercha à s'éloigner, mais rien à faire, elle n'avait plus aucune issu.

Le corps de la brouxe s'effondra sans vie au pied du sorceleur qui compressa la plaie de son bras le temps que le saignement cesse.

- Sorceleur, t'es vivant !? cria la voix du nain depuis le balcon.

- Oui, répondit Geralt sans élever la voix. Une brouxe vaut bien plus que tu ne peux l'imaginer.

- Yaevinn paiera ton prix, lui dit le petit homme en venant rejoindre le sorceleur avec son équipe.

- Très bien.

Le Loup Blanc regarda autour de lui. Aucun artefact en vue. Un bruit de pierre alerta Geralt qui se retourna pour voir un portail de téléportation magique elfique se reformer avant de s'activer. Bientôt, Yaevinn le traversa.

- Caedmil. Je m'attendais à trouver le Chat, mais ton aide est appréciable, Loup, salua l'elfe.

- Et le paiement ?

Le mutant attrapa au vol une bourse que Yaevinn lui jeta.

- Trois cent orins. Et oublie ce que tu as vu, dh'oine.

- Ne t'en fait pas pour ça. Seulement, j'ai un message du Chat Noir. Elle a rencontré un peu plus tôt quatre de tes hommes dans le cimetière a pillé des tombes.

- Et ? Les humains nous ont volés nos plus belles citées pour construire leurs horribles villes par-dessus. Ce n'est que justice.

- Là n'est pas la question. Ton unité a enfermé des civils dans une crypte pleine de goules. Dont deux enfants, et l'un est mort. Elle a clairement dit ce qui arriverait aux coupables de cet acte, mais je te transmets tout de même le fond de sa pensée. Elle ne laissera pas cet acte impuni et ils prieront pour être attrapé par l'Ordre de la Rose Ardente, plutôt que par elle.

- Est-ce une menace, dh'oine ? demanda l'elfe en portant une main à son épée.

- Je ne fais que retransmettre son message. Celui pour toi est que ta stupidité est exemplaire si tu approuves le massacre d'enfants. Ils ne naissent pas au monde avec des préjugés, ils peuvent encore apprendre, mais ce sont des actes de ce genre qui aide à l'implantation de la haine dans leur esprit et en feront vos plus grands ennemis plus tard. Alors, que ça ne se reproduise plus.

- Je sais ce qui doit être fait pour gagner ce combat pour la liberté de ma race.

- Voici mon propre message concernant cette situation.

Geralt se rapprocha de l'elfe qui plissa des yeux en refermant sa main sur son arme pour la tirée légèrement de son fourreau.

- Si vous continuez vos actes de ce genre, vous perdrez une alliée précieuse. Faîtes attention, elle pourrait décider de vous laisser tomber, voir même de vous dénoncer, si vous continuez à impliquer des innocents.

- Les dh'oines ne sont pas innocents, sorceleur. Votre espèce le sait tout autant que nous.

- Mais ce n'est pas pour autant qu'on enferme des enfants dans des caves.

- Certes… vous préférez mettre le feu à des villes entières ou tuer au hasard des gens en plein jours de marché.

- Tu ne sais pas de quoi tu parles.

- Bien au contraire, Boucher de Blaviken, bien au contraire. Restons-en là, il vaut mieux.

- Oui, il vaut mieux.

Cet elfe le rendait tout bonnement antipathique. Geralt tourna les talons et quitta l'endroit.

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Ann avait besoin de se changer les idées. De respirer.

Elle avait eu pour projet de s'asseoir dans les jardins à côté de l'hôpital quand elle tomba sur une bonne sœur de l'Eglise de le Flamme Eternelle. Clairement, la pauvre femme avait l'air d'avoir quelques problèmes.

- Mauvaise journée ?

Qu'est-ce qui l'avait rendu si attentive à l'état des autres ? Elle n'avait jamais été comme ça avant. Mettre ça sur le dos de ses mutations ou de sa médication n'était pas possible. Elle avait besoin de dormir pour se remettre le cerveau à l'endroit.

- Si on veut… comme vous, on dirait. Je peux vous aider ?

- A moins que vous souhaitiez vous asseoir avec moi pour une conversation philosophique sans cracher de venin contre les non-humains, je pense pas que vous puissiez m'aider. Qu'est-ce qui vous tracasse, vous ?

- Ma grand-mère. Et ce n'est pas parce que j'appartiens à l'église que je cautionne et approuve tous les actes et les décrets du Grand Maître de notre Ordre. Je n'ai rien contre les elfes, les nains et les autres. Et encore moins les sorceleurs. Vous n'avez rien demandé, les mutations vous ont été imposées.

Ann eu un maigre sourire et vint s'adosser au mur extérieur de l'hôpital à côté de l'infirmière.

- C'est rafraîchissant de trouver quelqu'un comme vous. Qu'est-ce qu'il arrive à votre grand-mère. Elle souffre ?

- Non, Melitele en soit bénie, ce n'est pas le cas. Bien des jeunes lui envirait sa vitalité. Seulement voilà… elle a changé récemment, et je me fais du souci à ce propos.

- Je peux essayer de voir ce qu'il se passe.

- Grand-mère ne parle à personne d'autre que moi et elle m'a averti de rester loin de la cave.

- Je vais voir ça.

- Je suis pas bien riche, mais je vous donnerai ce que j'ai.

Ann agita la main.

- J'ai besoin de faire ma BA de la journée, gardez votre argent.

- Shani m'a parlé de la bonté de vous et de votre camarade, mais je n'aurais pas imaginé que ce soit jusqu'à ce point.

Ce n'était pas de la gentillesse. Elle était juste une femme stupide et utopiste qui essayait de continuer de se battre quand elle tombait en morceau de l'intérieur et que le monde autour d'elle semblait satisfait de se déchirer joyeusement en impliquant des innocents.

- Où vit votre grand-mère ?

La nonne l'invita à la suivre et elles quittèrent le terrain de l'hôpital. Là, la femme d'église pointa une porte du doigt du côté du marché.

- Je dois retourner au travail.

- Je vais voir ça et je vous tiens au courant.

Et Ann s'éloigna vers la porte en question, faisant travailler ses muscles du visage en chemin pendant que l'infirmière retournait à l'hôpital. La sorceleuse afficha son plus beau sourire et toqua à la porte. Quelques instants plus tard, une vieille femme édentée lui ouvrit légèrement la porte sans pour autant la laisser entrer.

- Qui êtes-vous ? demanda-t-elle dans un murmure.

- Je…

- Allez vous-en. Maintenant.

Et sans laisser le temps à la D. de finir sa phrase, elle lui claqua la porte au nez. La pirate cligna des yeux et soupira. Elle n'avait même pas la force mentale de protester, elle reviendrait plus tard dans la soirée.

En attendant, elle allait toucher deux mots à Carmen. Depuis le temps qu'elle devait le faire.

Arrangeant la capuche de sa cape sur son crâne, Ann tourna les talons et descendit dans les bas-quartiers pour trouver Carmen disant au revoir à un client juste devant la porte de son bordel.

- Carmen, faut qu'on parle, lui dit sérieusement la brune. En privé.

La peur passa en coup de vent sur le visage de la prostituée et elle invita la sorceleuse à la suivre dans la bicoque. Dedans, ce n'étaient que quelques lits rouillés séparer par des rideaux miteux, où les filles recevaient leurs clients, mais la Matrone ne s'arrêta pas là et conduisit la brune jusqu'à l'étage qui servait de dortoirs et de semblant de salle de bain. Là, Carmen invita Ann à s'asseoir sur l'un des lits et vint s'installer en face sur un autre. La sorceleuse se débarrassa en soupirant de sa capuche et joignit ses mains entre ses genoux, regardant la femme devant elle avec sérieux. Elle devait se pencher vers l'avant pour ne pas être dérangée par ses armes dans le dos.

- Je sais comment sauver ton amant, mais j'ai besoin de son nom.

- Je peux pas le trahir comme ça, je préfère qu'il reste un loup-garou dans ce cas, répondit la femme.

C'était prévisible.

- Je comprends parfaitement, et j'espère que ta loyauté ne causera pas ta perte, mais à défaut de me dire son nom, je veux que tu répondes à quelques questions. Est-ce que c'est un gars bien ?

- Il n'y a pas plus honorable dans tout Wyzima !

- Sa malédiction… tu sais s'il a été changé ou s'il a toujours été comme ça ?

Carmen secoua la tête.

- Il ne me l'a jamais dit.

- Contrairement à la légende populaire, la malédiction a une chance très très faible de transmission par morsure. Donc, il est fort probable que quelqu'un l'ait maudit s'il n'est pas né ainsi.

Ann se pencha en avant et attrapa les mains de la catin devant elle pour les serrer afin de lui transmettre son soutien.

- Entends-moi bien, Carmen. Je veux vous aider, toi et lui, mais il y a des conditions nécessaires à remplir pour lever la malédiction. La première, c'est qu'il ne soit pas né ainsi, parce qu'à cet instant, ce n'est plus une malédiction, mais de l'hérédité et rien, outre un glaive d'argent, ne peut le changer. Second point, il faut que sous la fourrure de la bête, il ait encore un cœur et un esprit humain. S'il est devenu une bête sauvage, alors, même si on lève la malédiction, il restera une brute, un monstre, seulement cette fois, il aura un visage humain. Et il y a de fortes chances qu'il te tue un de ces quatre matins. Donc, réfléchi bien et poses-lui des questions. Et en attendant, évite de tomber enceinte de lui. Parce que tant qu'il n'est pas soigné, tout enfant qui naîtra de votre union sera forcément un loup-garou, et je t'ai expliqué ce qu'il se passe dans ce cas-là. Tu comprends où je veux en venir ?

La femme se contenta d'hocher doucement la tête sans oser regarder en face la sorceleuse. Ann resserra ses mains sur celles de Carmen, avant de la relâcher.

- Tu sais où me trouver ou comment me contacter en cas de besoin, d'accord ?

- Oui, merci pour les mises en gardes.

Ann lui tapota doucement l'épaule en s'en allant.

Elle regarda le soleil en sortant du bordel et soupira. Il serait peut-être temps d'aller se préparer pour ce fichu rendez-vous.

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C'est deux sorceleurs qui rejoignirent vers six heure l'auberge du Nouveau Narakot à reculons, tous deux sur un semblant de tenue de bonne qualité, vu que Geralt avait l'armure neuve, de meilleure qualité, que lui avait trouvé Triss (et qu'il comptait utiliser dorénavant puisqu'elle était plus solide que la vieille veste que lui avait refilé Vesemir) et Ann avait ressorti de nouveau son armure de l'école du Chat. Tous deux affichés des mines de mauvais jour. Ils perdirent un maximum de temps, dehors, devant le tableau d'affichage, à commenter (même si Geralt se contenter de monosyllabe et de grognement) les différents contrats que l'homme du duo récupéra, avant de finalement, devoir entrer dans la taverne à contre cœur. Aussi, ils furent très heureux de voir Jaskier assit à une table dans l'entrée de l'établissement classieux.

Sauf que voilà, le barde avait l'air d'avoir des ennuis, vu la façon dont il les accueillit avec un soulagement évident.

Apparemment, monsieur le barde devait donner un concert mais il n'avait pas son luth.

Problématique.

Surtout quand monsieur le barde ne voulait pas expliquer était son instrument fétiche et pourquoi il ne l'avait pas. Et il n'y avait qu'une solution à ce problème.

La boisson.

Geralt s'assit lourdement à la table de son ami et se mit à commander beaucoup, beaucoup, beaucoup de vin histoire de l'envirer assez pour qu'il retrouve sa langue. Et à côté, Ann s'assit avec amusement en les regardant faire pendant qu'elle était occupée à concocter on ne savait quel élixir. Enfin, jusqu'à ce qu'il réalise les ingrédients qu'elle avait sorti. De la chélidoine, des pétales de ginatia et de l'eau ducale. Autrement dit, du Rebis, de l'Ether et du Quebrith, avant d'utiliser une vodka au poivre locale que la serveuse lui apporta.

Elle préparait des Larmes d'Epouse, un remède très efficace contre la gueule de bois… si on était un mutant, bien entendu.

Il devrait définitivement demander à Triss de lui rendre ses baguettes d'origines, en remerciement.

Au fil des boissons, il s'avéra que le père d'une jeune femme à qui il donnait des cours de chant les avait trouvés dans une situation… compromettante. Le barde avait été chassé de la maison sans pouvoir récupérer son instrument qui était un cadeau précieux d'une amie elfe du nom de Toruviel.

Vu l'air que tira Geralt dans son alcoolémie, il pensait sincèrement que Jaskier n'en loupait pas une.

- Je vais le chercher, on se retrouve durant la sympathique sauterie ? proposa Ann en donnant l'élixir à son camarade.

Le grognement d'ours mal léché lui répondit avant qu'il n'avale le contenu de la fiole.

Ann se renseigna sur l'adresse et quitta la taverne, laissant les deux hommes entre eux. Souhaitant ne pas s'impliquer plus dans les idioties de son ami, Geralt se leva de table en rangea la fiole vide dans une de ses poches avant de se diriger vers l'escalier menant à l'étage où il supposait qu'aurait lieu la réunion. En passant, il rencontra un chevalier d'un certain âge qui l'interpella :

- Un sorceleur… et on disait que votre espèce avait disparu.

- C'est pas loin, répondit laconiquement le mutant sans s'offusquer devant la façon de parler. Je suis Geralt.

- Je préfère ne pas dévoiler mon vrai nom… mes vœux de chevalier m'y contraignent. Si vous le souhaitez, vous pouvez me nommer Patrick de Weyze.

- De la…hmm… Rose Ardente ?

Pourquoi diable, s'il était de la Rose Ardente, portait-il une armure Témérienne et non pas une tenue rouge de l'Ordre ?

- En effet, j'en suis membre. Vous pourriez peut-être m'aider.

- En quoi ?

- Ma sœur. Un jour, nous l'avons trouvé inconsciente dans son lit. Du sang perlait d'une trace de crocs dans son cou. Un vampire, sans le moindre doute.

- Une marque de crocs ne veut pas forcément dire vampire.

- Eh bien pour ce cas, c'est clairement ce dont il est question ! Quelques temps après, ma sœur a disparu. Elle dû être transformé et a pris la fuite.

- En admettant qu'elle soit un vampire, je vais devoir…

- Avant toute chose, je veux que vous la trouviez. Que vous confirmiez nos soupçons.

- Je vais voir si je la trouve.

Il pouvait commencer par question l'alpyre qui gardait le squatte d'Ann.

- Vous ne devriez avoir aucun problème pour la reconnaître. Personne ne peut l'ignorer, elle a de magnifiques yeux azurs et cette une très belle blonde.

- Je vais voir si je la trouve.

Oui, définitivement demander à la vampire.

Ann revint à cet instant et déposa sur la table de Jaskier un luth elfique d'excellente qualité et alla rejoindre son camarade.

Une réception les attendait.