Bonsoir !
Bon, je commence déjà pour un message à ceux qui suivent mes autres histoire : je suis désolée. Je fais une hyperfixation sur ma série Witcher. Je n'arrive tout bonnement plus à écrire quoique ce soit qui ne soit pas en rapport avec cette série. Je vais pas me voiler la face, dire que j'avance sur autre chose et vous faire de faux espoirs en disant autre chose que les faits.
Ceci étant fait, passons à la suite. Il reste littéralement 2 chapitres avant de passer au jeu suivant pour la série. Eh ouais, ça va vite. Et c'est pas encore fini !
J'espère donc que vous apprécierez la lecture de ce qu'il se passe ici aujourd'hui (ma bêta a bien aimé. Je pense que Zoltan y est pour quelque chose). Donc, très bonne lecture à vous, n'oubliez pas les reviews et à bientôt !
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Le ciel au-dessus de Wyzima avait une teinte d'un orange malsain, en plus d'être gorgée de fumée, rendant impossible de voir les étoiles ou la lune. Il y avait tant de fumée qu'il était difficile d'y voir quoique ce soit. On sentait l'odeur de la fumée et du feu depuis le lac. Une épaisse fumée noire, comme des toits de pailles qui brûle.
Et quand on regardait vers la capitale, on comprenait rapidement, parce que les murailles n'étaient pas assez hautes pour cacher les brasiers qui illuminaient les toits des quartiers de l'ancienne Wyzima mais aussi ceux du quartier du Temple.
L'ancienne Wyzima était, d'après leurs informations, le lieu où se terrait Javed. Mais c'était, d'après les bruits, le lieu du conflit les plus importants. Sans parler de la peste, puisque le quartier avait été mis en quarantaine pour cette simple raison, au départ.
Jaskier avait l'intention de suivre Geralt au cœur de ce conflit, mais ce n'était clairement pas la place pour un barde. A pas rapides, le musicien sur ses talons, le mutant remonta donc le long du ponton de bois pour rejoindre les quais, avant de voir que quelqu'un venait à sa rencontre. Impossible de ne pas reconnaître la tenue rouge, striée de blanc, avec l'emblème de Temeria sur le ventre : Vincent Meis.
- Je me doutais que vous seriez de retour à un moment ou un autre. Le Chat Noir n'est pas avec toi ?
- Elle me rejoindra plus tard.
- Vous avez manqué beaucoup de chose et elle en manquera encore plus.
- Pourquoi es-tu ici ?
Un petit sourire vint jouer sur le visage du soldat.
- Je suis responsable de la sécurité du Roi Radovid pendant son séjour en Temeria. Nous serions dans une merde très profonde s'il devait lui arriver quoique ce soit pendant qu'il est sur nos terres.
Radovid était peut-être jeune, mais il était clairement un politicien. Il avait vu dans son intérêt de mettre son nez dans le chaos de son voisin du sud.
- Le Roi Foltest est-il rentré ?
Le sourire de Vincent se fit plus grand et un brin soulagé.
- Oui. Il est dans l'Ancienne Wyzima. Savoir qui donne les ordres a boosté le moral des troupes.
Geralt hocha la tête. Il devait parler au Roi, l'avertir et lui raconter tout ce qu'il savait du complot de la Salamandre. Le sorceleur baissa la voix et dit à Vincent :
- Je dois entrer dans l'Ancienne Wyzima. Je peux m'en sortir seul et je ne me fais pas de souci pour Portgas qui me retrouvera aisément. Seulement… je ne suis pas seul… tu me comprends ?
- Qu'est-ce qu'il se passe ? demanda Jaskier en se rapprochant pour mieux entendre.
Vincent avait saisi le message cependant :
- J'ai un travail parfait pour vous, Jaskier, concernant le Roi Radovid. La langue bien trop pendue du sorceleur risque de me causer des soucis, si je lui confie l'affaire !
Le barde regarda les deux hommes en fronçant les sourcils, caressant pensivement sa barbiche avec une mine pensive.
- Pourquoi est-ce que j'ai l'impression que vous mijotez quelque chose ?
- Il n'a pas tort, je ne suis pas apte à discuter avec un roi, appuya Geralt. Et tu veux vraiment qu'on attende Portgas pour lui demander de s'en charger ?
- Meilleur moyen de déclencher une guerre, approuva sagement Vincent en hochant sérieusement la tête. Jaskier, attendez-moi donc au camp du Roi Radovid. Geralt… fais ce que tu as à faire. Ah, et ton amie Shani s'entend très bien avec Carmen. Les deux femmes ont discuté, mais ta petite rouquine a dû se faire de gros ennemis en soignant n'importe qui, malade et blessé, peu importe le camp et la race.
- C'est bien son genre. Je vais essayer de la retrouver. On se retrouve vite, Jaskier.
Et d'un pas rapide, il rejoignit enfin les quais, puis la terre ferme, avant de montrer les marches du ponton qui reliait le Quartier du Temple à la zone anciennement en quarantaine, appelée l'Ancienne Wyzima. C'est là que Zoltan vint à sa rencontre, légèrement roussi, une hache à la main, paré à se battre.
- Juste à temps pour une bonne bagarre ! salua le nain avec un immense sourire féroce.
Le mutant regard autour de lui, mais outre les fantômes de flammes qu'il apercevait de l'autre côté de la muraille, il n'y avait rien disant qu'une bagarre se concoctait.
- Tout à l'air calme.
- D'abord, c'est le calme sur le front, puis les armes s'entrechoquent et on grogne, avant que le calme revienne, lui répondit Zoltan. Yaevinn a réussi, presque tous les non-humains de Wyzima ont pris les armes.
Le sourcil de Geralt se souleva d'un quart de millimètre.
- Comment il a réussi ça ?
- Eh bien, quand l'Ordre a commencé à tuer les femmes et les enfants, même l'elfe le mieux intégré ne pouvait que se rebeller. C'est l'acte le plus stupide que j'ai vu depuis l'époque du Roi Dezmod.
Ah, le Grand Roi Dezmod, fondateur de Temeria, le premier souverain humain à avoir posé le pied sur le continent. Et surtout, le protagoniste favori des anecdotes, blagues, proverbes et autres adages des nains.
- J'ai comme l'impression que le Grand Maître de l'Ordre veut provoquer les non-humains.
- Et comme si ce n'était pas suffisant, y'a des rumeurs qui ont surgi pour faire déménager les non-humains dans l'Ancienne Wyzima, soi-disant qu'on était plus susceptible d'être touché par la peste. Foutu histoire à dormir debout, bien évidemment.
- Sinon, tu fais quoi, là, ici ?
- Eh bien, je m'en vais rejoindre l'Ancienne Wyzima pour relocaliser Shani et les patients de son hôpital de guerre hors de la zone de combat.
Le mutant était certain que son cœur venait de louper un battement.
- Shani est dans l'Ancienne Wyzima ?
- Elle se croit presque à Brenna avec son hôpital de terrain, dans l'ancien Hôtel de Ville. Tu m'accompagnes ?
- Bien évidemment.
Et ils foncèrent vers les lourdes et vieilles portes en bois de la Vieille Wyzima. Bien entendu, tout cela ne pouvait pas se passer avec calme, puisque l'Ordre surgit de nulle part pour les attaquer, avec évidemment, les Scoia'tael sur leurs talons. Enfin, ils poussèrent la porte sur la cité en ruine.
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Le Roi Foltest était en armure alors qu'il parcourait les rues dévastées de ce qui fut un jour le point central de sa capitale, avant tout les incidents avec la malédiction d'Adda qui avait forcé la relocalisation de la capitale pour sauver les gens de la faim du monstre. Derrière le Roi, à côté de qui trottinait Velerad, une armée marchait au pas. Tout comme leur souverain, ils étaient en armures et prêts au combat alors qu'ils circulaient dans un grand bruit de métal dans les artères humides et pourrissantes du quartier, regardant les toits de pailles et de chaux partir en flamme tout en jetant d'étranges lueurs sur la couronne qu'il avait par-dessus son haubert.
- Mon seigneur, c'est de la folie ! disait Velerad avec panique. Vous ne devriez pas vous exposer à un tel danger ! Attendez ici et permettez-moi de réunir une plus grosse escorte !
- Stupidité, Velerad ! refusa le souverain en continuant sa marche. Cette ville est mienne ! C'est la capitale de mon royaume ! Bordel ! Je dirige ces terres et je refuse d'aller me réfugier dans un trou !
- Mais Seigneur…
- Silence !
De la main, Foltest repoussa son conseiller pour qu'il ne le dérange plus.
- Vous feriez mieux de vous essuyer le cul avec ces rapports d'informateurs ! Je veux voir tout ça de mes yeux !
En silence, dans les ombres, un elfe se rapprocha de la route qu'empruntait le Roi et son escorte, la surplombant depuis les hauteurs d'un toit. Juste derrière la procession, dans un autre bâtiment ayant survécu, un autre elfe arma son arc. La flèche partit, transperçant de part en part un des soldats de l'escorte de Foltest, et ce, en dépit de la côte de mailles.
Les elfes n'étaient pas connus pour rien comme les meilleurs archers du Nord. Il n'y avait qu'eux pour réussir ça.
- Les non-humains attaquent, protégez le Roi ! hurla Velerad alors qu'ils battaient en retraite contre le mur d'une main, le Roi derrière eux, protégé par son escorte et le bourgmestre.
Justement ce que les rebelles attendaient. Celui en embuscade sur le toit sauta à terre et égorgea un soldat dans le dos. Tout juste le cadavre toucha le sol que l'elfe se jeta sur le Roi, qui l'embrocha proprement d'un seul coup d'épée qui n'avait que faire de l'armure de fourrure. Et pour faire bonne mesure, le second coup de lame trancha profondément la carotide.
Mais d'autres elfes sortirent des taudis qui n'étaient pas encore attaqués par les flammes.
- Pour la liberté ! Tuez les d'hoines !
L'escorte ne résisterait pas longtemps, surtout avec l'archer en embuscade qui continuait de clairsemer leurs rangs. Un au sol encocha une flèche.
- Je te pendrai par tes propres entrailles, humain !
Il n'aurait jamais l'occasion de mettre sa menace à exécution qu'une boule de feu le frappa, lui et ses coéquipiers. C'était un chevalier dans une lourde amure d'acier qui venait de lancer l'attaque. Un homme mûr et ridé, encadré par des troupes de l'Ordre de la Rose Ardente.
- C'est le Grand Maître ! reconnut un soldat de l'escorte de Foltest. Nous sommes sauvés !
Mais le Roi ne voyait pas cette intervention d'un bon œil. Elle était presque trop parfaite.
En silence, il regarda l'homme venir vers lui avec ses troupes qui chassaient les derniers elfes de la zone. Les deux chefs de guerre se retrouvèrent donc face à face.
- Vous êtes enfin de retour, Seigneur. J'espère qu'il n'est pas trop tard, votre royaume est en pleine crise, salua le Grand Maître de la Rose Ardente avec son regard bleu froid presque hautain.
Foltest s'approcha, Velerad à ses côtés.
Jacques de Aldersberg avait un visage prématurément ridé et des cheveux brun clair, presque châtain et un nez qui avait été visiblement cassé. Mais son comportement ne plaisait pas au Roi.
- Vous saurez, Jacques, que les rois ne sont jamais en retard, siffla avec mépris Foltest en levant le menton d'un air impérieux et dévoilant un début de barbe de couleur rousse, parcourue de mèches poivre et sel.
- Seigneur, les flammes ont englouti la moitié de la cité et le sang de vos sujets coule dans vos rues. Le moment est mal choisi pour jouer sur les mots. Vous devez agir.
- Et vous proposez quoi ? demanda le souverain méfiant.
- Permettez-moi de commander vos armées et d'agir comme je le juge nécessaire.
Et puis quoi encore ? Ses armées entre les mains d'un arriviste ? Et pourquoi pas son trône tant qu'il y était ?!
- Jamais. Il faudra me passer sur le corps.
Foltest se détourna pour reprendre sa route avec le reste de son escorte. Les paroles de Jacques le firent se retourner à moitié :
- Je suis arrivé juste à temps, cette fois. La prochaine fois, je pourrais arriver trop tard pour vous aider.
C'était pour ça qu'il restait méfiant des utilisateurs de la magie. Eux et leurs manipulations. Impossible de voir le vrai du faux dans leurs jeux.
- J'en ai vu assez. Velerad, nous rentrons au château.
Et le souverain reprit sa route sous les yeux plissés de Jacques qui finit par se détourner et s'en aller de son côté.
C'était à cet instant que la grande porte dans la muraille s'ouvrit, celle menant aux quais. Geralt pénétra dans l'ancienne Wyzima avec Zoltan, descendant la pente pour rejoindre la rue.
- Qu'est-ce qu'il fait ici ? demanda le souverain en reconnaissant le sorceleur qui l'avait déjà aidé dans le passé.
- Il semble arriver juste à temps, commenta Velerad. Il semble avoir un talent pour ça. Que devons-nous faire de lui ?
- Qu'il nous accompagne, j'ai quelques affaires à discuter avec lui.
En voyant le Roi, Zoltan signala à son camarade qu'il le retrouverait plus tard et disparut entre des maisons. En tant que nain, on pouvait décider qu'il était un Scoia'tael et juste tirer à vue. Le mutant le laissa faire et continua sa route pour rejoindre le souverain de la Temeria.
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Geralt était content de l'absence d'Ace pendant cette rencontre. Connaissant la langue du Chat Noir, ils auraient vraiment fini exécutés cette fois. Le mutant avait été invité à suivre le cortège royal qui retournait au château et s'était retrouvé devant une partie de la cour dans la salle du trône. En la traversant, il reconnut Triss qui détourna la tête sur son passage ; De Wett qui lui adressa un regard assassin et Velerad qui se contenta de hocher la tête. Le Roi alla se planter devant son trône, mais ne s'y assit pas, se contentant de faire signe au mutant de le rejoindre.
Foltest soupira et se tourna vers le sorceleur :
- Sorceleur de Rivia.
- Je suis honoré, seigneur, répondit Geralt avec son ton toujours aussi plat.
- Je suis certain que vous l'avez compris, je ne vous ai pas fait venir par simple envie. J'ai une affaire sérieuse à discuter avec vous. Une malédiction s'est abattue sur ma fille, et je veux que vous la leviez.
D'un geste de la main, il désigna les personnes dans la salle.
- J'ai réuni tout ceux qui pourrait vous aider dans cette mission. De Wett a été l'adjuvant de la princesse pendant la moitié de l'année écoulée. Velerad, lui, connaît la princesse depuis l'enfance. Et enfin, Triss Merigold est présente ici pour son incroyable savoir magique et son intuition féminine.
- Hmhm.
- Consultez-les et réfléchissez à cette affaire. Venez me voir plus tard pour que nous puissions en discuter.
- Comme vous le voudrez, votre majesté.
- Cependant, une autre affaire importante demande notre attention… poursuivit le souverain avec une air… souverainement coléreux.
- Je vous écoute, seigneur.
- Sorceleur, imaginez, vous rentrez chez vous après une excursion pour combattre un monsrte gigantesque… une kikimore dans le cas présent, pour découvrir que votre demeure est devenue… un bordel.
Même si Geralt n'avait pas de chez lui à proprement parler, il pouvait comprendre l'image.
- Et ça ne s'arrête pas là ! Ceux que vous avez laissés en charge s'avèrent avoir lamentablement échoué. Un traître menace de vous chasser de la demeure de vos ancêtres ! Ne seriez-vous pas en colère ? Ne voudriez vous pas faire couler encore de plus de sang !
Adda tenait bien son caractère sanguin, voire colérique, de son père, c'était certain.
- Seigneur, votre demeure abrite aussi des elfes et des nains, comme vos ancêtres… commença Geralt.
- Les massacres sont de leurs faits, mais je ne peux nier que vous avez raison. Mais la vérité est… je veux retrouver la paix, ici, en mon royaume.
- Peut-être que vous devriez étendre votre bénévolence aux non-humains, leur promettre sécurité et égalité en droits. Faire un geste symbolique pour commencer.
- Peut-être. J'enverrai Velerad négocier. Ses traits elfiques pourraient lui garantir qu'ils ne lui tireront pas dessus… mais je m'égare. Cela demandera bien plus. Mais votre idée d'offre symbolique n'est pas mauvaise. Il est connu que le meilleur médecin du nord est un non-humain et un Scoia'tael. Je devrais peut-être lui proposer de rejoindre ma cour.
Velerad avait une tête de pénis, pas d'elfe, mais c'était une bonne blague.
- Je suis certain que vous avez une bonne idée, là, Seigneur.
- Je dois m'occuper d'affaires importantes. Parlez à ceux que j'ai réunis, trouvez un moyen de sauver ma fille, sorceleur. Je compte sur vous. Venez me faire un rapport avant de partir en mission.
- Je ferai mon maximum, seigneur.
Et le Roi s'en alla.
Bon, travail d'investigation pour comprendre ce qui n'allait pas avec Adda. Autant gérer d'abord la magicienne furibonde et vexée.
Il descendit les marches menant au trône et alla rejoindre la femme qui l'incendia du regard.
- Que veux-tu ?
- Triss…
- Ne m'appelle pas comme ça ! Les gens pourraient croire que nous sommes plus que de simples connaissances et je ne peux pas être amie avec quelqu'un qui ne me fait pas confiance !
Disons qu'avec tous ses secrets et ses magouilles, elle n'aidait pas des masses, niveau confiance.
- Pendant qu'on y est, où est Alvin ?
- Hummmm… je ne sais pas. Il s'est téléporté ailleurs en dépit de l'amulette que tu as demandé qu'on lui donne.
- Toi, cet incompétent troubadour et cette mégère en dreadlocks êtes irresponsables et des bons à rien quand il est question d'enfants ! Cela ne serait jamais arrivé si Alvin avait été avec moi ! Mais les sorceleurs savent mieux que quiconque et font ce qu'ils veulent !
Geralt se retint de se masser le nez en sentant des maux de têtes commencer à ankyloser son cerveau.
- Triss…
- Je t'ai dit de ne pas m'appeler comme ça ! Alvin peut être n'importe où ! Il n'y a aucun moyen qu'on puisse le retrouver ! Que vas-tu rater ensuite ?!
- Est-ce que tu as une idée de ce qui a pu se passer avec Alvin ?
- La Grande Conseillère Portgas n'a pas d'idée en la matière ? Où est-elle, d'ailleurs ?
- Ace…
- Ace ?
- Oui, c'est son vrai nom. Je disais donc qu'Ace n'était pas présente quand Alvin a disparu et l'ignore très certainement. A cet instant, elle consultait la Dame du Lac pour retrouver une des choses que Philippa Eilhart lui a volées. Ce qui explique le changement de nom. Vu que je la connais assez pour accepter la chose et même la trouver logique, je peux croire à ce qu'on m'a raconté. Mais le mieux, ça reste encore de le voir. Mais revenons à Alvin.
Triss soupira et se frotta le visage.
- Honnêtement, je l'ignore. Je n'aurais jamais cru qu'il puisse surpasser le pouvoir du dimeritium. Cela relèverait de l'exploit pour de nombreux mages et magiciennes. Il a assez de pouvoir pour se téléporter n'importe où… si ce n'est n'importe quand. Je pense qu'il serait capable de décider d'apparaître dans le passé ou le futur.
Elle semblait avoir quelque chose à l'esprit, mais n'en parla pas.
- Qu'est-ce qu'il se passe avec Adda ? demanda Geralt.
- Une rechute, dirons-nous. Elle est redevenue une strige, lui dit sérieusement la magicienne. Et nous savons tous les deux qu'une malédiction ne se lance pas seule.
- Dis-moi quelque chose que j'ignore.
- Alors demande-moi.
- Tu as une idée de qui aurais pu avoir jeter cette malédiction ?
- Si je le savais, l'affaire aurait déjà été réglée.
Eh bien, il allait s'en charger.
- Je vois. Tu permets, je vais…
- Fais, dit-elle avec un geste désinvolte de la main.
Geralt n'y fit guère attention et alla rejoindre Velerad qui s'était rapproché du trône pour retrouver sa place à sa droite.
- Salutation.
- Salutation, Geralt, salua le bourgmestre. J'ai vu la façon dont le Roi parlait. Ce ne devait pas être une plaisante conversation.
- Cela aurait pu être pire. Il m'a dit pour Adda.
- C'est une situation horrible ! Vous nous aviez pourtant avertis que cela pourrait revenir ! Pouvez-vous briser le sort une seconde fois ?
- Oui, mais je vais avoir besoin d'assistance cette fois. Mais je ne veux certainement pas d'idiot dans les pattes.
- Mon travail est de dire qu'on a vu la princesse dans l'Ancienne Wyzima… mais en privé, j'aurais quelque chose à vous dire…
- Briser cette malédiction ne sera pas sans dommage, et certainement pas facile.
- Exact, mais le Roi a les moyens de vous encourager à le faire.
- Que veux-tu dire par-là ?
- Vous êtes un ami des non-humains. Si vous aidez Foltest, il acceptera de reconsidérer son décret visant à tailler les oreilles et les barbes à une taille plus raisonnable.
C'était clair comme de l'eau de roche.
Il tourna les talons, histoire d'aller faire un rapport au Roi, quand un toussotement l'interpela. Pas besoin de se retourner pour savoir qu'il s'agissait du Nilfgaardien. Le mutant se tourna vers le comte et son armure de la Rose Ardente et alla voir ce qu'il voulait.
- Sorceleur… salua l'homme.
- Comte.
- Pas de titres, s'il vous plaît.
C'était lui qui avait commencé avec son « sorceleur ».
- Enterrons les malentendus passés au nom d'une plus grande cause.
- Qu'il en soit ainsi.
Il n'en croyait pas un mot, mais jouons le jeu.
- J'ai cru comprendre que le Roi voulait que vous vous occupiez de sa fille.
- Exact.
- Pas surprenant, Après tout, vous avez réussi une première fois, même si cela a failli vous coûter la vie. Je pense que l'apparition de la Strige est un avertissement pour Foltest de la part des dieux. Beaucoup disent qu'il les a offensés. Vous savez aussi bien que moi les circonstances durant lesquels elle est devenue la première fois une strige.
Oui, tout le monde savait que la fille avait été maudite, et par un courtisan jaloux qui était amoureux de la mère de l'enfant, et par sa grand-mère qui avait désapprouvé la relation incestueuse de ses deux enfants, d'où la naissance de la strige. Un enfant mort-né qui était devenu un monstre dans son cercueil et qui avait continué de se nourrir durant la pleine lune.
- C'est la preuve que la lignée royale est maudite ! Le peuple est sensible à ce genre de chose. Pas étonnant que Foltest veuillent que vous l'exécutiez.
Geralt fronça légèrement les sourcils.
- Je croyais que je devais lever la malédiction, pas la tuer.
- Vous devez vous assurer que la strige cesse d'être une nuisance. Et j'ai entendu parler d'un petit plus pour la tête de la bête.
- Je n'ai aucun intérêt dans les rumeurs.
- Vous devriez. C'est votre choix, Sorceleur, mais réfléchissez-y.
C'était à cet instant que le chambellan du roi arriva et annonça que le seigneur voulait le voir en privé. Donc, avec un dernier regard pour le comte de Wett, le mutant suivit l'envoyé du souverain et alla le rejoindre dans ses appartements privés. Il le trouva en train de consulter des parchemins, assis dans un fauteuil large à dossier haut, devant une immense cheminé, toujours en armure. Il leva le nez quand Geralt arriva à son niveau.
- Avez-vous fermez la porte ?
Se retenant de rouler des yeux, le sorceleur fit demi-tour, ferma la porte et retourna auprès de Foltest.
- Votre Majesté a demandé à me voir ?
- Nul besoin de titre. Parle librement. As-tu eu le temps de réfléchir ? As-tu un pronostique sur la possibilité de désensorceler ma fille ?
- C'est possible.
Cela eu l'air de soulager en partie le Roi, mais il restait des choses à déterminer.
- La malédiction aurait-elle pu se ranimer…. d'elle-même ?
- Même s'il restait des traces d'elle sur votre fille, il est peu probable que ce soit suffisant pour qu'elle se remanifeste seule. Il a fallu que quelqu'un l'aide dans ce but.
- Tu es donc en train de dire que quelqu'un l'a relancée ?
- Oui.
- En partant du principe que tu réussisses à la sauver, est-ce que… hmmm… son… son esprit, serait celui d'un enfant ?
- J'en doute majesté. Il est probable qu'elle se rappelle de tout ce qu'il s'est passé avant sa transformation.
- Tu en doutes ? Tu ne me facilites pas les chose… Geralt, fait ce qu'il faut pour lever cette malédiction. En cas d'échec, tu pourras l'abattre, sans craindre la moindre répercussion de ma part. La dernière fois que je t'ai accordé ma confiance, tu ne m'as point déçu.
- Je vous en remercie, seigneur. C'est pour cela que je voudrais avancer le nom d'une personne dont je voudrais l'assistance et l'expertise dans le cas de votre fille. Ainsi, nous aurons plus de chance de parvenir à la garder en vie et la sauver de cette malédiction.
- Triss Merigold ? Non… Portgas D. Anabela, c'est bien ça ? L'infâme Chat Noir. Thaler a laissé entendre qu'elle s'était engagée a aidé en cas de problème avec Adda. Où est votre camarade, justement ?
- Restée derrière pour se défaire d'un mauvais sort qui la poursuit depuis bien quarante ans. Portgas ne devrait pas tarder à me rejoindre.
- Je vois. Même les sorceleurs subissent les malédictions, vous n'êtes pas si différents, après tout. Si elle ou toi apprenez qui est responsable du retour de la malédiction, je veux être informé sur le champ, et seulement moi. Puisque ta camarade s'est déjà engagée auprès de Thaler, je considèrerai l'accord honoré, mais dans ton cas, en cas de réussite, je peux t'assurer que je t'accorderai tout tes souhaits… dans la limite du raisonnable, bien sûr. Si Adda doit être tuée, que ce soit bref, propre et avec le moins de souffrance possible. Si vous échouez… et que ma fille en souffre, vos proches en paieront le prix.
- C'est bien compris, seigneur.
- Bien.
Le Roi allait retourner à sa lecture, mais Geralt se racla discrètement la gorge.
- Quoi donc ?
- Sire, un autre mal consume votre royaume.
Foltest pencha la tête pour mieux voir le mutant, les sourcils froncés de perplexité.
- De quoi s'agit-il, sorceleur ?
- Avec l'assistance de Portgas, j'ai mené l'enquête sur une organisation connue sous le nom de la Salamandre.
Un grognement furieux échappa Foltest qui retourna à ses parchemins.
- Ma fille a traité avec eux. Stupide gamine. Je regrette d'avoir quitté la capitale quand je vois tout ça. Pour votre crédit, à toi et ta camarade, Velerad et Thaler m'ont dit que vous avez grandement réduit leurs rangs. Je présume que vous allez donc finir avec cette affaire ?
- C'est exactement ce que je compte faire.
Il devait après tout retrouver les secrets des sorceleurs.
- Une dernière chose, sorceleur. Pardonne-moi, mais je t'ai fait suivre. Et j'ai reçu des échos concernant ta vie… personnelle.
Quand ce n'était pas les magiciennes qui s'occupaient de tout et n'importe quoi, c'était le Roi. Il devrait demander à Ace si lui aussi avait été suivi. Sa réponse serait intéressante, au minimum.
- De quoi s'agit-il, votre Excellence ?
- Je n'ai pas fait ça par curiosité malsaine, mais plus pour chercher à comprendre le rôle de cette guérisseuse, Shani, si je ne me trompe pas, dans les affaires récentes.
Que répondre à ça ?
Que ressentait-il pour Shani ?
De l'amour ? De la passion ? De l'attirance ?
Plus il y réfléchissait, plus il avait se tiraillement dans son esprit, comme pour lui dire qu'il oubliait quelqu'un. Ace en savait pas mal sur lui, il pourrait l'aider, certainement.
- Nous sommes amants, rien de plus, rien de moins.
- Ha ! Je m'en doutais depuis le début ! Mes espions ont encore beaucoup à apprendre. Je pressentais que ce n'était que du sexe ! Est-ce la même chose pour le Chat Noir ? Sacré gaillard. Je n'ai pas eu l'occasion de la voir, mais il parait que c'est une femme renversante.
- Dans cette situation, c'est une relation professionnelle, avec un début d'amitié. Portgas est un membre honoraire du bastion de l'école du Loup. Sans compter qu'elle est déjà mariée et d'une fidélité à toute épreuve.
Le roi émit un petit sifflement impressionné devant tant de dévouement. Il rapporta de nouveau son attention à ses parchemins.
- Si tu désires te rendre à Wyzima, adresse-toi à mon chambellan, je vais devoir quitter le château quelques temps. Pour le reste, adresse-toi à Velerad.
- Je le ferai. Je me mets donc en route, seigneur.
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Le château n'était pas dans l'ancienne Wyzima, bien heureusement. Mais cela impliquait que pour rejoindre le quartier, il fallait y aller à radeau. Et ensuite, escalader un mur pour rejoindre le chemin de ronde de la muraille qui cernait l'incendie. Rapidement, il descendit l'escalier qui le mena jusqu'au sol où il tomba sur Zoltan, à croire qu'il l'attendait précisément à cet endroit, avec sa grosse hache en main.
- Heureux de te voir ici ! J'ai bien cru que je devrais traverser la cité tout seul !
- J'ai discuté avec Foltest, il veut que je lève la malédiction de Adda. Elle chasse dans le quartier, apparemment.
- Et tu vas faire quoi ?
- Je n'ai aucune idée d'où est la strige. Je vais t'aider, peut-être que je tomberai sur les traces de la princesse en même temps. Ah, et tu n'aurais pas vu Portgas ?
- Pas le moindre poil de la queue du Chat Noir ! Si tu viens avec moi, sache qu'on doit retrouver deux groupes de réfugier à proximité, pour ensuite les escorter jusqu'à l'hôpital de Shani. T'es prêt ?
- En route.
Les deux hommes se mirent à courir dans les rues embrassées de la ville, toussant à cause de la fumée. Malgré ses petites jambes, le nain était rapide. Ils tombèrent régulièrement sur des combats entre l'Ordre et la Scoia'tael. Les rebelles, reconnaissants leurs alliés et sachant certainement pour la mission de Zoltan, s'assuraient qu'ils puissent passer sans trop d'encombre au travers les zones de conflits.
Finalement, ils arrivèrent dans une ruelle, que le feu n'avait pas encore touchée. Le nain alla regarda autour d'eux en jurant :
- Fais chier ! Ils étaient supposés être là ! Ils se cachent peut-être quelque part ?
- Ils ont tout intérêt à se dépêcher, les chevaliers seront bientôt là.
- Putain !
- J'entends un nain qui jure.
- Impossible ! Merde ! Im-putain-possible !
- Pas toi, Zoltan.
Du pouce, Geralt montra une porte dans son dos qui s'ouvrit à cet instant sur un petit groupe de civils non-humains. Zoltant les remarqua et les pressa avec de grands gestes des bras.
- Allez ! Dépêchez-vous ! Restez près de moi et du sorceleur ! On va aller chercher l'autre groupe, maintenant !
Et le groupe se remit à courir, Zoltan devant, Geralt derrière, s'assurant de ne perdre personne en route et de ne pas attirer l'attention malvenue de l'Ordre de la Rose Ardente. Ils traversèrent une partie du quartier, avant d'arriver au second point de rendez-vous.
- On y est, annonça Zoltan.
- La ponctualité n'est pas le point fort des races anciennes… commenta Geralt.
- Shh Geralt ! Je vais imiter le rugissement d'un tigre polaire !
Le mutant haussa brièvement un sourcil.
- On rencontre des zoologistes ? Comment tes camarades vont pouvoir reconnaître le rugissement d'un tigre polaire ?
- Quand ils entendront un rugissement improbable, ils sauront que c'est moi !
- Quelle logique éblouissante.
Geralt et son sarcasme, une arme très discrète et pourtant très efficace, surtout avec sa voix sans émotion.
- VROAORRRROOOARRRAOOOOOAORRRARROORRR ! rugit Zoltan avec une main en porte-voix puisque la deuxième était occupée avec la hache.
- Qu'est-ce que je disais…
- ROOOOARRRAOROAROAORORAR !
- Arrête avant d'attirer des tigresses…
Des bruits de pas interrompirent Zoltan dans son troisième service. Finalement, ses hurlements ridicules avaient servi à quelque chose. Les deux groupes fusionnèrent et le nain leur annonça de faire attention et qu'à présent, ils allaient rejoindre l'hôpital.
C'était là que les choses se compliquèrent parce qu'une grosse bataille entre les rebelles et l'Ordre avait lieu juste devant le bâtiment en bois qui avait été reconverti par Shani.
C'était à coup de glaive qu'il fallut dégager tout ce beau monde, leur faisant bien comprendre qu'on ne se bagarre pas devant un hôpital, avant d'enfin, pouvoir passer les portes de l'endroit. Les malades étaient sur des couvertures, allongés à même le sol. Et Shani se jeta sur lui dès qu'il passa la porte, sous le rire de Zoltan qui invita les réfugiés dans le bâtiment.
- Tu m'as manqué, dit la jeune guérisseuse au sorceleur. D'abord, donne-moi un baiser.
Avec la jeune femme dans ses bras, tout contre lui, Geralt n'allait pas lui refuser sa requête, même si l'endroit et le moment ne lui semblait pas adéquat.
- Là ? Maintenant ?
- Ne soit pas si embarrassé !
Ils allaient s'embrasser quand un garde de Temeria entra dans l'hôpital, les coupant avant qu'ils ne puissent commencer :
- Monsieur ! Êtes-vous un sorceleur ?!
Non, il avait les cheveux blancs juste parce que ça l'amusait.
Geralt se détourna de Shani pour regarder le soldat essoufflé.
- Qu'est-ce qu'il y a ?
- Le monstre est en train de tuer des gens ! haleta le pauvre garde effrayé.
Shani soupira silencieusement et se détacha des bras de son compagnon, le laissant accorder pleinement son attention au garde.
- Que se passe-t-il ?
- La strige est apparue dans les environs de la tour ! On m'a demandé d'aller chercher le sorceleur ! Déjà cinq soldats ont rendu leur dernier souffle ! Aidez-nous !
- Quelle tour ?
- La plus grande du quartier. Celle que les Scoia'tael ont incendié.
Doucement, Shani poussa Geralt dans le dos.
- Fais ce que tu as à faire, on parlera plus tard.
Il lui adressa un regard indéchiffrable et partit dans les pas du soldat qui le guida au travers les ruines, les corps, les combats et les flammes. Rapidement, ils arrivèrent devant la tour en question. Une grande tour de pierre, enduite de chaux, dont l'intérieur était ravagé par les flammes si on en croyait les lueurs qui s'échappaient des fenêtres.
Un groupe de soldat se tenait devant, avec, fait intéressant, Kalkstein, qui semblait être là seulement pour le pop-corn. Sur le toit de tuiles, une étrange créature se tenait prête à se jeter sur eux. Une créature bipède, vaguement humanoïde.
Avec un glaive à la main.
Juste ça disait que ce n'était pas la strige. Une strige ne possédait pas de pouce opposable. Sans parler que c'était une créature bien plus grosse et bestiale que ce qui s'était posé sur le toit.
D'un saut, l'étrange bête arriva au sol, devant les militaires, les faisant reculer d'effroi. Son corps avait des muscles bien développés, idéal pour un combattant usant de la vitesse. Pas de peau cependant, outre peut-être une fine membrane transparente, pour les recouvrir. Le dos était déformé par une colonne bossue et monstrueuse ressemblant plus à une ligne de piquants. Autre signe qui pouvait dire que c'était humain à la base : le pagne. Seul un humain aurait conscience de la notion de pudeur et se baladerait avec ce semblant de vêtement. Rapide comme l'éclaire, le monstre trancha dans le vif tout le groupe de soldat devant lui.
Une vitesse digne d'un sorceleur.
Le glaive d'argent de Geralt ne servit à rien, si ce n'est faire de fine ligne sanglante sur les muscles du monstre. Rapidement, le mutant fit une pirouette d'esquive qui lui permit de changer son arme pour sa lame d'acier.
Sauf qu'un autre invité sauta du toit.
Une forme portant la vieille tenue de Geralt et qui manqua de peu d'embrocher le monstre.
Sous la tignasse courte noire coiffée en dread, deux yeux d'argents luisaient avec la lueur des flammes et un rictus de fauve retroussait les lèvres, tout juste visible sous un chapeau noir avec des perles rouges et deux visages grimaçant.
A eux deux, ils dansèrent autour du monstre à l'épée, leur glaive d'acier faisant son office tout en parant les coups qu'on voulait leur infliger.
La créature était très rapide et très agile. Pendant un instant, Geralt se dit qu'il avait l'impression de se battre contre Lambert.
Mais enfin, un coup de lame en diagonale dans l'élan d'une pirouette parvint à le mettre hors combat définitivement, lui arrachant presque le bras au passage. Le Loup Blanc secoua son arme et la rangea dans son dos.
- Tu as pris ton temps, Ace.
Le brun posa son arme sur son épaule, une main sur la hanche.
- J'aurais pris moins de temps si quelqu'un avait bien voulu me laisser un message pour m'expliquer pourquoi Eaux Troubles est devenue le parfait banquet pour des Goules, Geralt. Je commence à me dire que tu es pire que mon frère et je te parle d'un garçon avec à peine plus d'intelligence qu'un nekker et l'instinct de survie d'un caillou.
La frimousse tachetée se fendit d'un grand rire moqueur.
Outre que Portgas avait des traits plus dure et anguleux et bien entendu, des formes bien plus solides et plates que la finesse et les courbes d'une femme, il restait fondamentalement la même personne. Si ce n'était un chouilla plus heureux et joyeux.
- C'est donc une réussite, à ce que je vois.
Le pouce levé du brun donna au plus vieux sa réponse.
Kalkstein se rapprocha du monstre en les ignorant, frappant joyeusement dans ses mains.
- Enfin ! Le monstre est mort !
- Pourquoi êtes-vous ici ? lui demanda Geralt.
- Eh bien, j'avais entendu dire que des soldats combattaient la strige, donc, je suis venu voir de mes yeux l'infâme princesse-strige de Wyzima.
Il regarda l'étrange être qui avait été tué et qui gisait dans une mare de sang à leurs pieds.
- Même si ce n'est pas une strige au final, c'est toujours très intéressant.
- Strige ? Adda a fait une rechute ? s'étonna Ace pas encore au courant.
- Je pense plutôt que quelqu'un a réveillé la malédiction, lui dit Geralt. Le Roi nous demande de la désenchanter.
- Hmmm… maaa, j'ai déjà dit à Thaler que j'étais prêt à m'en charger.
- C'est ce que j'ai cru comprendre, oui.
Kalkstein regarda le D. en fronçant les sourcils.
- Vous ne seriez pas un parent de Portgas D. Anabela, le Chat Noir ?
- Je suis Hiken.
Et Ace se détourna de l'alchimiste que Geralt rabroua en lui disant de ne pas être trop excité.
- Je vais payer ces chers soldats encore vivants pour qu'ils ramènent ces restes dans mon laboratoire. Plus tard, je…
Et il continua à déblatérer ses projets d'études alors qu'Ace s'accroupissait auprès du corps, l'observant attentivement. Et plus il l'observait, plus il fronçait les sourcils.
- Geralt.
D'un geste du doigt, Ace lui fit comprendre de se rapprocher. Le Loup Blanc s'agenouilla à côté de son camarade qui avait repoussé la créature sur le dos.
- J'ai déjà vu ça par le passé. Lorsque les mutations allaient jusqu'au bout et plus encore. Quand elles prenaient le dessus sur leur but initial. Les Chats aiment beaucoup expérimenter.
- Tu crois que c'est le résultat des recettes volées de Kaer Morhen ?
- J'en ai peur, mec.
- C'est une fascinante combinaison d'alchimie, génétique, biologie et magie noire ! s'extasia Kalkstein.
Un mutant.
- Je pense que la magie et l'alchimie ont accéléré les mutations. Les effets secondaires sont pratiquement incontrôlables, mais en échange, il devient furieusement rapide et fort. Comme vous. Tant à découvrir de sa dissection…
Et ils avaient une petite idée de qui était derrière tout ça.
- Vous savez d'où il venait ? demanda Geralt.
- Les soldats disaient qu'il venait de l'ancien cimetière, dans les marais. D'où la confusion avec la strige, puisqu'on dit qu'elle a sa tanière dans la vieille crypte royale.
- La Salamandre commence à être plus audacieuse.
- Accélérer les mutations et faire des expérimentations humaines sont des sombres et sales méthodes.
- Et tout ça, avec les secrets de sorceleurs qui ont été volés aux Loups, soupira Ace en se relevant.
Il remit enfin son arme au fourreau.
- Qu'ils ont gardé pendant des années sans jamais succomber à ces tentations. Félicitation.
Pas vraiment. Les sorceleurs même étaient la preuve qu'ils faisaient des expérimentations humaines. Sur des enfants d'ailleurs. Dans un sens, Berengar avait raison. La Salamandre et les sorceleurs se valaient sur beaucoup de point.
- Et sur la strige ? Vous savez quoique ce soit ?
- On dit qu'on a trouvé un corps dans la vieille chapelle qui avait été démembré. Le gros intestin étiré sur plus d'un mètre et demi, avec les six mètres et demi de l'intestin grêle enroulé tout autour…
- Ca suffira, merci, coupa Geralt.
Il adressa un regard à Ace qui hocha la tête et les deux mutants s'éloignèrent.
- Cette nouvelle forme t'aidera à mieux combattre?
- Avec un corps de femme, je devais jouer sur la vitesse, chose qui, avec mon problème de souffle, n'était pas l'idéal. Là, je peux retrouver la force, ce qui est plus mon fort. Donc, on va se faire une strige ?
- Dis-moi que tu sais comment se passe un désenchantement, parce que j'ai oublié comment j'ai fait la première fois.
- Haaan ! Le Loup Blanc demande de l'aide ! Berengar n'en reviendrait pas ! se moqua Ace.
- Réponds-moi.
- Yup, je sais comment faire. On doit passer une nuit entière dans sa tanière. Si on doit la garder entière, on va devoir faire joujou sur Yrden. Voir Aard si elle se rapproche trop. Ce sera long, épuisant, dangereux. Mais même si les circonstances de sa venue au monde ne sont pas les meilleures, elle a le droit d'avoir une chance de vivre.
Geralt hocha la tête. Il était d'accord sur le sujet.
Ils arrivèrent devant l'hôpital de fortune et le Loup Blanc le montra du doigt.
- Shani est là, tu viens la saluer ?
- Et je lui explique ça comment ? demanda Ace en se montrant de la tête au pied avec un vague geste de la main. Si je la revoie dans le futur, je lui en parlerai, mais y'a peu de chance.
- Comme tu veux.
Geralt regarda son camarade escalader agilement une maison et s'asseoir sur le toit, avant d'entrer dans l'hôpital. En le voyant, la jeune femme se releva immédiatement pour savoir où en était l'affaire de strige.
- Une fausse alerte, c'était une sorte de mutant qui attaquait des soldats.
- Tu as besoin de quelque chose ?
- Pas plus que les autres.
- Laisse-moi décider.
- Shani…
D'un doigt autoritaire, elle lui montra une chaise dans un coin de la pièce et en courbant l'échine, le mutant alla s'y asseoir. Il retira sa veste de cuir, laissant la rousse examiner sa peau blafarde recouverte de griffures et diverses cicatrices, avant de conclure qu'il était en parfaite santé et de le laisser se rhabiller. Pour changer le sujet, il lui demanda si l'offre du baiser était toujours disponible.
- Oh Geralt, tu m'as tellement manqué !
C'est tout juste si elle ne pleurait pas. Ils s'enlacèrent, et le Loup Blanc se félicita de ses compétences en progrès dans la catégorie réconfort. Il l'embrassa sur le front, puis sur les lèvres, avant que Shani ne s'écarte et lui demande pour Alvin. Il fallut donc lui expliquer ce qu'il s'était passé. Avant qu'ils ne puissent s'attarder plus sur le sujet, des chevaliers de la Rose Ardente firent éruption dans l'hôpital.
Pourquoi ? Parce qu'on jugeait qu'il s'agissait d'une cachette des rebelles de la Scoia'tael.
- Vous êtes aveugles ! s'énerva Shani en montrant les malades et les prêtresses effrayés. C'est un hôpital, certainement pas une planque !
- Aider les Ecureuils relève de la trahison ! Agenouille-toi devant le Feu Eternel ! Confesse tes péchés et peut-être qu'on t'épargnera la torture ! continua le chef de l'assaut.
- Vous n'avez pas l'impression d'oublier quelque chose ? demanda Geralt en remarquant Ace se glisser doucement derrière l'unité en armure par la porte qu'on avait arrachée de ses gonds.
- Garde tes satanés tours pour toi, monstre ! Le Feu Eternel protège notre âme de tes sorts !
- Et est-ce que cela vous protège d'un glaive de sorceleur ?
- Ou des mains d'un pirate ? demanda Ace en se redressant juste derrière le commandant.
Avant que l'homme ne puisse réagir, le pirate passa un bras autour de son cou pour lui attraper une épaule et lui saisit le heaume de l'autre main, faisant faire un écœurant et bruyant tour complet à la tête, tuant l'homme sur le coup.
Cela lança le début des hostilités. Shani sortit même un couteau pour défendre ses patients, mais elle n'eut aucun souci à se faire avec les deux sorceleurs et les glaives d'aciers qui repoussaient et taillaient en pièce les soldats du Feu Eternel.
- Comment peut-on tomber aussi bas pour trouver acceptable de tuer des blessés ?! s'indigna Shani.
- Les Humains sont des monstres qui peuvent tomber très bas, lui dit Ace. Y'a du grabuge qui se prépare dehors.
Et il sortit.
- Qui est-ce ? demanda la guérisseuse.
- Une longue histoire, lui répondit Geralt.
- Merci en tout cas. A toi et lui, de ma part et de celles des patients. Pour ce qui est de Alvin…
- Je n'ai pas la moindre idée où je pourrais commencer à chercher pour le retrouver, il pourrait être n'importe où.
- Il ne reste plus qu'à espérer qu'il soit entre de bonnes mains.
Geralt se racla la gorge. L'endroit n'était pas l'idéale pour ça, mais il fallait qu'ils parlent.
- Shani… j'ai… j'ai beaucoup réfléchi… à nous… à notre vie ensemble, à l'idée d'être une famille…
- Moi aussi, lui dit la jeune femme.
- C'est un beau rêve… mais…
- De Riv, tu vas louper le spectacle ! appela Ace depuis dehors.
Shani enlaça rapidement Geralt, lui demandant de lui revenir, avant de le laisser partir. Le Loup Blanc sortit dehors pour voir à quelques pas de l'hôpital Ace en compagnie de Toruviel, tous deux faisant face à une escouade du Feu Eternel.
- Juste à temps, Gwynbleidd, la situation est sur le point de devenir intéressante, lui dit l'elfe en lui jetant un bref regard par-dessus son épaule.
- Pour moi, c'est déjà commencé. Foutez l'camp, siffla le mutant en rejoignant les deux autres non-humains pour faire face aux hommes en armures.
Ils étaient dix avec un commandant.
- Nous avons reçu des informations disant que des terroristes avaient trouvé refuge dans l'ancien hôtel de ville ! Restez en dehors de tout ça, sorceleurs ! annonça un grand malabar en armure.
- Il n'y a pas de rebelles, juste des malades et des blessés. En retirant la merde de tes yeux, tu y verras peut-être plus clair, lui pointa Ace avec une grognement.
- Dernier avertissement, restez en dehors de ça !
- Trop tard, lui rétorqua Geralt.
- Allez-vous-en ! Nous allons arrêter cette chienne d'elfe et nettoyer cette bâtisse !
- Vous n'allez rien faire de tout ça !
Le gros bras s'avança, affrontant le Loup Blanc du regard, resserrant sa prise sur son épée.
- Alors, offres-moi un combat honorable ! Fer contre le fer, pas de magie !
- Honneur ?! répéta Toruviel avec un rictus. Il y a un instant, vous dix avez voulu attaquer une femme seule et c'est l'apparition du Vatt'ghern qui vous en a empêché. Vous ne reconnaîtriez pas l'honneur même s'il vous crevait les yeux !
- Et il n'y a aucun honneur à s'en prendre à des malades et des blessés, gronda Ace. Tu veux une bonne motivation pour apprendre le Haki, Geralt ?
- Dis toujours, encouragea son compagnon.
Ace ne lui dit pas.
Il lui montra.
Il tira son arme et pivota rapidement sur lui-même, sa lame virant au noir profond qui… découpa comme du beurre le chevalier en armure malgré la présence du bouclier. Le buste tomba en arrière, les jambes en avant. Le D. fit un pas et tout aussi facilement, s'avança vers le buste agonisant. Le glaive passa au travers le heaume et transperça le cerveau.
- D'autres volontaires ? demanda le D. avec un sourire sanglant et malsain sous son chapeau noir.
Le reste de l'escouade se regarda et prirent la fuite en hurlant comme des fillettes.
- Impressionnant, accorda Geralt.
- La seule fois où j'ai vu une technique aussi puissante, c'était à Brenna, entre les mains du vampire Thatch Newgate, souffla Toruviel.
C'était perturbant de voir le Chat Noir rire comme un gamin alors qu'il était éclaboussé de sang et de tripes. Hiken ne releva pas le commentaire sur le vampire, mais l'enregistra bien en dépit de son rire.
Ils n'eurent pas l'occasion de parler plus qu'un elfe en armure arriva pour parler à Toruviel :
- Nous devons reprendre les barricades sous le contrôle de Rayla la Blanche !
- Ce ne sera pas facile, pointa Geralt.
- La Rose Ardente a beaucoup perdu dans les dernières batailles et manque de renforcement, répondit l'elfe en armure. Si on arrive à vaincre Rayla la Blanche, la Vieille Wyzima sera à nous !
- On arrive, assura la femme elfe.
L'elfe en armure hocha la tête et s'en alla. Toruviel expira profondément, comme si elle pouvait enfin souffler.
- Pourquoi es-tu venue ici ? demanda Geralt en s'adressant à l'Aen Seidh. Je pensais que tu en avais assez de la guerre.
- C'est exact, mais je ne pouvais pas laisser mes camarades seuls à leur mort. Je… je ne pouvais pas.
- Je vois…
- J'ai compris que je ne pouvais pas fuir la guerre. Yaevinn est bon leader, fort et charismatique. Il est notre chance de changer l'histoire. Comment pouvais-je abandonner ça ?
- Yaevinn est trop poète, et pas assez guerrier, Toruviel, lui dit Ace. Tu m'aurais dit Iorveth ou Insengrim, j'aurai été d'accord, au vu de leur réputation, mais pas Yaevinn.
- Mais aujourd'hui, il peut faire une différence, insista l'elfe. Il ne vaut peut-être pas ces deux hommes, mais il a changé depuis le temps et assez évolué pour qu'on puisse avancer aujourd'hui, grâce à lui.
- Qui suis-je pour en juger.
- Exactement. Tu es un sorceleur, Chat Noir, pas un Aen Seidh ou même un vétéran de Brenna.
- Tu lui as dit ? s'enquit Geralt en montrant l'elfe du doigt à son camarade.
- Du tout. Je sais pas comment je me suis fait démasquer, assura Ace.
- Le chapeau. Je t'ai vu sur la rive du lac avec et Jaskier m'a dit que tu étais le Chat Noir. Et ce n'est pas un chapeau très courant. Sans parler de cette odeur saline et cendreuse avec cette pointe d'hibiscus que tu entraînes dans ton sillage. J'ai assez vécu pour être difficilement surprise. Mon joli visage cache bien mon âge.
Ace se contenta d'un reniflement narquois en secouant la tête.
- On m'attend, on se reverra aux barricades.
Et elle s'éloigna, son arc dans une main, son épée dans l'autre, suivie du regard par les deux mutants. Juste en suivant, Zoltan débarqua pour regarder l'elfe s'éloignait. Il se tourna ensuite vers Geralt :
- Tu sais pourquoi elle est revenue ?
- Je peux deviner, lui dit Geralt.
- Elle a raconté qu'elle est revenue parce que tu l'as aidée à Eaux Troubles. Elle nous a dit que quand elle t'a vu te battre pour leur cause, elle n'avait pas pu se résoudre à abandonner Yaevinn. Depuis qu'elle est revenue, il est un meilleur chef. On a peut-être une chance de gagner.
- Nous ? Toi aussi, tu as changé, Zoltan.
Et lui aussi.
Au moment de prendre une décision, au point de non-retour, il s'était détourné de la neutralité.
Il aurait pu rester en dehors de tout ça. Mais on ne peut pas toujours rester à cheval sur la barrière.
Les Scoia'tael avaient retrouvé leur désir de se battre à Eaux Troubles. Il l'avait vu dans les yeux de Toruviel.
Même ce bon vieux Zoltan parle d'espoir et de victoire.
Il fallait espérer qu'elle ne serait pas trop coûteuse.
La question du nain coupa Geralt de ses pensées :
- Naaaan… Portgas, c'est toi ? Qu'est-ce qu'il t'est arrivé, bordel ?
Ace détourna son attention de Toruviel pour fixer Zoltan dont le regard était d'abord fixé sur le tatouage écrit en grand sur le bras nu du D., avant qu'il ne fixe de la tête au pied le mutant pour revenir au tatouage. Forcément, il avait peut-être la vieille armure de Geralt, mais pas de chemise ou autre pour dessous. Ce qui ne devait pas être très confortable pour les bijoux de famille.
- Je pense que si je dis que je suis né comme ça, on peut comprendre que je déteste Eilhart. Un commentaire à faire, Chivay ? Tu portes peut-être la barbe courte, mais on peut toujours songer au rasage de près.
Le nain leva les sourcils, avant de prendre une mine pensive, puis d'agiter un doigt.
- Je sais, tu t'es coupé les cheveux !
Ce qui était effectivement le cas. Là où Anabela avait de longues mèches tombant dans le milieu du dos, les rastas d'Ace lui chatouillaient à peine la nuque.
- Bonne réponse, Zoltan. T'es pas con, mec, vraiment pas con ! rit le D.
- Ça explique beaucoup ! Jaskier t'a vu ? Il a dû faire une attaque, lui qui se voyait déjà à composer des balades sur les amours de la belle sorceleuse !
- Pas encore, intervint Geralt. Cependant, je crois qu'il y a des barricades à reprendre, non ?
Merci le Loup Blanc pour leur rappeler leurs priorités.
- On doit faire une route pour les réfugiés, confirma Zoltan.
- Je les ai vues en arrivant, elles ont l'air assez solide. Comment tu comptes t'y prendre ? se renseigna le D.
- Un assaut frontal !
Les nains, toujours directs, même au combat.
- Du génie, commenta Geralt avec la fine dose de sarcasme habituelle.
- Nous serons comme des tigres polaires ! Rapides et sans merci ! VROOAAAOORROORROORORR !
- C'est pas plutôt un cri d'un mâle en rut ?
Ace s'appuya sur l'épaule de son camarade stoïque pour ne pas s'effondrer tellement il riait. Entre Geralt froid comme la glace et la personnalité de Zoltan, c'était juste hilarant. Tordant.
Ses abdominaux étaient au supplice.
..
..
Une fois le sérieux retrouvé, ils avaient foncé dans les combats, tranchant les soldats de l'Ordre sans hésitation ni le temps de souffler. Tout pour prendre le contrôle des barricades qui parsemaient les artères de l'Ancienne Wyzima.
C'était en rejoignant le flanc gauche qu'ils retrouvèrent Toruviel qui leur apprit que Yaevinn préparait quelque chose. Ils devaient faire une distraction pour lui laisser une occasion de frapper.
Ils avaient donc poussé les attaques aussi loin que possible, repoussant les guerriers un maximum. Au loin, on pouvait voir la queue de cheval blanche à la mode de Cintra que portait Rayla. Devant une des entrées du quartier, tournant le dos aux massacres, elle discutait avec animation avec un homme qui devait être un des généraux de l'Ordre.
Et seuls les rebelles pouvaient voir ce qu'il se tramait sur le toit de la herse.
Le chevalier dut avoir un soupçon, parce qu'il leva la tête et regarda au-dessus du crâne de Rayla, mais il ne vit rien. Finalement, il mit fin à sa conversation, et s'en alla avec son escorte, laissant la mercenaire ajuster son crochet sur son moignon.
Ce qu'attendait Yaevinn justement.
L'arc à la main, silencieux en dépit de son armure, il se rapprocha du bord du toit et banda son arc. Rayla se retourna à l'instant où il décocha sa flèche, faisant que le trait passa au travers le cuir de son armure et se planta dans sa poitrine. Elle chancela, regarda la flèche et l'arracha de sa poitrine. Elle porta sa main à son coutela en faisant un pas vers là où s'était perché Yaevinn, mais une autre flèche la transperça.
Ainsi s'effondra l'une des plus grandes chasseuses de non-humains.
Ainsi tomba Rayla la Blanche.
Pendant un instant, on crut qu'elle allait se relever, mais elle ne bougea plus. La seconde flèche l'avait frappée en plein cœur. Aucune chance.
Dire qu'on disait d'elle qu'elle n'avait justement pas de cœur. Cela venait de prouver le contraire.
Il était temps de rejoindre les marais pour évacuer les réfugiés.
