Bonjour tout le monde !
Eh ouais, c'est la rentrée, faut retourner trimer, donc, quoi de mieux qu'un peu de lecture pour se donner du moral. Et surtout, un chapitre aussi actif que celui-ci. Et vu comment vous l'avez attendu cet instant, je sais que vous aller aimer le chapitre. Ou au moins, me reprocher de ne pas l'avoir fait plus long.
Merci encore à tous et à toutes d'être au rendez-vous, c'est toujours un plaisir. Et merci aussi à Mai d'en faire la correction ! On lui fait tous de gros bisous \o/
Sur ce, réponse au commentaire du chapitre précédent :
Destiny : C'est un plaisir d'avoir un petit commentaire de ta part, merci d'avoir prit la peine. / Je suis heureuse de t'avoir permit de (re)découvrir quelques séries./ Triste à dire mais j'étais un peu trop attaché à Desmond Miles, donc, mon intérêt pour la série est morte avec lui. Mais je continuerais ma fic Sujet 18. Parole de Scout./ Ravie de voir que ce que je te publie t'attire au point que tu sois prête à tout lire le jour-même. / Witcher 3 est prévu, avec Blood and Wine (qui sera publié dans une sorte de sequel), avec un petit twist pour les deux./ Ah bah ces deux-là, c'est du grand art. Surtout que lorsque j'aurais fait corrigé et publier un certain omake, tout le monde pourra voir que les deux, ça date pas d'hier même si le Loup Blanc l'a oublié. Et pour le Witcher 2, vu ce que j'ai prévu, ça ne sera plus tellement le jeu de tes souvenirs. Ou alors, grossièrement. /C'est un plaisir de faire plaisir, j'écris pour avoir des retours comme le tien. / La Zerrikanienne, attend juste un peu.
Bonne lecture à tous !
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Le sommeil le fuyait, alors, Ace était descendu dans les profondeurs de l'auberge-bordel pour boire quelque chose. C'est là qu'il avait vu les combats. De simples tournois. Pas d'arme, juste des poings. Deux hommes au centre d'un cercle de spectateurs et que le meilleur rat l'emporte.
- C'est une compétition ? demanda le D. en s'adressant à celui qui semblait organiser tout ça.
- Exactement mon frère ! lui répondit l'arbitre de fortune. Avec le port fermé, on se fait clairement chier, donc, on s'occupe comme on peut. Tu veux participer ?
- Ce sont justes les poings, c'est ça ?
- Juste le corps. Pieds, genoux, bras, tête, et même ta pigne si tu le sens. Mais pas d'arme ou de magie.
Un simple combat à mains nues. Il y avait quoi, trente ans depuis la dernière fois ?
- Chacun parie une somme et le gagnant remporte tout, c'est ça ? se fit confirmer le D. en commençant à défaire la chemise qu'il utilisait pour la nuit.
- Exactement ! Avec un pourcentage de que ce les autres auront parié sur ta victoire !
- C'est bon pour moi. J'espère ne pas être trop rouillé, y'a un petit moment depuis la dernière fois que je me suis battu sans arme.
Il retira son vêtement, gardant juste son pantalon de cuir et fit craquer sa nuque, conservant son médaillon de chat au milieu de sa poitrine marquée par les cicatrices de ses combats et l'attaque d'Akainu. L'arbitre lui fit signe d'attendre la fin d'un combat avant de l'autoriser à avancer.
- Ok tout le monde, combat de petits nouveaux. Que le meilleur gagne.
Ace fouilla ses poches pour récupérer sa bourse et laissa l'argent dans la main de l'arbitre, qui compta avec précaution les pièces, avant de s'avancer sur le ring.
Son adversaire en fit de même.
Un pauvre gars squelettique.
C'était un peu insultant.
- Messieurs ! Que le spectacle commence !
Avec un soupir, le D. joignit ses mains et s'inclina en salut pour son adversaire, provoquant l'hilarité de la foule, avant de se mettre en position. Monsieur brindille lança son coup de poing et Ace leva son bras par réflexe, déviant l'attaque, avant de tourner le dos à son adversaire en enroulant sa main autour du poignet tendu.
Bam
Dans un envol gracieux, le pauvre homme se retrouva les quatre fers en l'air sur le sol, le souffle coupé.
- Je suis pas si rouillé que ça, rouspéta le D. d'un air vexé. Bon, qui est le suivant ?
Dans un coin de la cave, un homme eut un grand sourire depuis l'arrière de la foule qui observait le combat. Il avait trouvé la poule aux œufs d'or.
- C'était de la putain de poésie ! s'exclama l'arbitre en applaudissant Ace. Prêt pour un autre combat ?
- Monte le niveau cette fois ou je vais vraiment m'ennuyer.
Les combats s'enchainèrent, grimpant en difficulté, mais ce n'était que des paysans et des chasseurs, pas des combattants aguerris. Donc, bien vite, le jeune homme arriva au bout de tout ça. Il allait quitter le ring, encore plus rouillé qu'en y entrant, quand un homme avec une belle bedaine et une veste de fourrure sans manche l'interpela.
- Hey champion ! T'es un sacré adversaire, à ce que je vois ! lui dit l'homme alors qu'Ace renfilait sa chemise.
- Et ? lui demanda Ace après avoir récupéré ses gains.
- T'es bien trop bon pour ces soulards. Crois-moi, je sais de quoi je parle.
Le mutant le regarda, un soupçon sur ce qu'était l'homme se formant dans son esprit.
- Donc ?
- Je suis Ziggy le roi. Et tu sais pourquoi on m'appelle comme ça ? Parce que je paye comme un roi ! Alors ? Ça te tente de goûter à la gloire, à la richesse ? Parce que je sais comment tes poings peuvent t'offrir tout ça.
- Du moment que j'ai plus ce sentiment d'être rouillé. Montre la route.
- C'est quoi ton p'tit nom ?
- Hiken. Chez moi, ça veut Poings Ardents.
- Ah ! Surnom très approprié !
- Oh, il fut un temps, c'était mieux. J'ai plus vingt ans, mais je m'en sors encore pas trop mal.
- Cool. Allez, viens, je vais tout te raconter sur la route.
Et avec un geste du bras, il invita le D. à le suivre. Ils remontèrent de la cave et quittèrent l'auberge pour pénétrer dans la nuit qui n'était peuplée que des bruits d'insectes de la forêt et parfois du cri d'une bête hors des murs.
- Est-ce que tu sais pourquoi Flotsam est célèbre ? demanda l'individu graisseux alors qu'ils remontaient les rues en direction du quartier des artisans, à l'opposé des draves et d'une des sorties de la ville.
- Rien à ma connaissance.
- Et c'est là que tu fais fausse route. Il n'y a que deux villes qui vaillent la peine d'être visitées dans la Vallée du Pontar. Bondar, célèbre pour ses catins qu'on dit les plus belles du Nord, et Flotsam, pour ses compétitions aux poings.
- Qui organise les combats ? demanda Ace.
Puis, en réalisant qu'ils se dirigeaient vers la résidence de Loredo, il se sentit très con d'avoir posé la question.
- Officiellement, personne, mais si tu es attentif, tu serais surpris de ce que tu peux trouver. Là où on va, c'est le gros nerf des combats. On rencontre des combattants de toute sorte. Du bon, comme du mauvais. Des gagnants et des perdants. Mon job, c'est de trouver des gars comme toi et de les conduire au tournoi. Démarque-toi et tu ne le regretteras pas !
Ils arrivèrent au niveau du portail de la résidence de Loredo et Ziggy s'arrêta, les bras écartés, faisant face à Ace avec un sourire carnassier.
- Entrons dans l'arène où les gamins deviennent des hommes et les bagarreurs des champions ! L'endroit put le sang, mais si tu en ressors debout, ce que tu sentiras, c'est la douce odeur des orins.
Il tourna les talons et reprit sa route vers les portes, Ace juste derrière.
- Halte ! interpella le garde.
La surveillance avait changé entre-temps, Ace ne reconnaissait pas le gars comme l'un des gardes de faction quand il était allé voir Loredo un peu plus tôt.
- On ne reconnaît pas le roi Ziggy ?!
- Je te reconnais toi, mais pas l'autre, et il a l'air…
Les deux gardes et Ziggy se tournèrent vers Ace qui leur offrit un sourire innocent de gosse et un salut de la main.
- Pathétique ?
- On ne juge pas les combattants de Ziggy le roi avant qu'ils ne soient sur le ring ! lui dit Ziggy.
- Pour sûr, le fermier de l'autre jour a été sorti de là brisé de partout.
- On ne juge pas le livre par sa couverture, c'est pas bien ! dit innocemment Ace avec toujours son grand sourire.
- Celui-ci est différent, assura Ziggy. Vous allez voir, le Commandant Loredo lui-même va mettre une fortune sur lui.
- D'accord. Le poignard reste ici par contre.
Ace regarda le couteau à sa ceinture et, sans une seconde pensée, il le détacha. C'était une vieillerie que lui avait refilée Schrödinger après tout, pas sa lame favorite. Il le posa par terre et passa les portes.
- Tu es déjà riche ! sourit férocement Ziggy en le suivant.
- Donc, c'est Loredo qui organise tout ça ? résuma le D. alors qu'ils contournaient la baraque pour passer par le jardin sous le regard des gardes qui firent un geste de la tête à l'adresse de Ziggy.
- En plein dans le mille. Y'a beaucoup d'argent en jeu ici, et j'ai pas été très chanceux ces derniers temps, mais je t'assure que ça va changer ! Les gens se rappelleront de Ziggy le Roi ! Essaye juste de ne pas me décevoir !
- J'ai une réputation tu sais, et j'y tiens.
Le D. détacha une lanière de cuir de son poignet et l'utilisa pour s'attacher les cheveux, mettant encore plus en valeur la plume bleutée dans sa masse sombre.
Ils continuèrent leur route et entrèrent dans un semblant de remise, descendant quelques marches pour finir dans une cave reconvertie en arène underground. Un ring en contrebas et des spectateurs sur le reste. Parmi eux, Jaskier semblait placer quelques paris. Pas le temps de s'en occuper plus que Loredo venait vers eux.
- Voilà le retour de Ziggy le clown ! nota le commandant en les rejoignant dans l'entrée.
- Et en grande pompe ! répondit Ziggy avec un grand rire. J'ai l'adversaire idéal pour ce petit tournoi. L'homme qui deviendra le plus célèbre du Pontar.
- L'un des deux chasseurs de monstres en ville ? reconnut le soldat en voyant Ace. Comment t'as réussi à le persuader ?
- Le roi Ziggy a ses méthodes.
Pendant un instant, Loredo regarda Ace avant de se frotter le menton avec un sourire.
- Cela va être intéressant à voir.
Et il s'éloigna, laissant Ace seul avec Ziggy.
- On est sur le point de rendre Flotsam célèbre pour ses combats ! s'exclama l'homme bedonnant. Ils chanteront des chansons sur Ziggy et Hiken ! Contente-toi de gagner et je m'occupe du reste ! Prêt ?
Ace voyait bien comment ça allait se passer. Il n'était qu'un cheval et Ziggy allait se faire un max de fric sur son dos. Ils en parleraient plus tard, le D. s'en faisait la promesse.
- Je reviens.
Ace se fraya un chemin entre les spectateurs du combat en cours et alla rejoindre le barde qui écarquilla des yeux en voyant le mutant venir vers lui. Avec précaution, le D. retira la plume de ses cheveux et la tendit à Jaskier.
- Je vais combattre, je ne veux pas la perdre, ou l'abîmer. C'est tout ce que j'ai de lui, pour l'instant.
Prenant un air sérieux, Jaskier hocha la tête et accepta la plume qu'il rangea avec précaution dans son pourpoint.
- Tu as un bandeau ? Un foulard, ou un truc du genre ? continua le mutant.
- Oui, pourquoi ?
- Pour mettre du challenge dans les combats.
Le poète eut un air perplexe, puis tira le tissu de son costume. Il lui donna l'objet d'un mauve très clair et le D. retourna vers Ziggy.
- On commence quand à danser ?
- Tout de suite ! Ton premier adversaire, c'est Sec. On dit ça parce qu'il a un cœur de pierre.
- Ah. J'adore ces gosses qui veulent se la jouer durs avec des noms d'hommes, soupira Ace. Dans tous les cas, Sec va se faire dessus.
Et il descendit dans l'arène quand on lui montra le ring vide. Un adversaire vint le rejoindre. Aussi sec que son nom de scène. Encore une fois, Ace s'inclina en joignant les mains et se mit en garde.
On était déjà le niveau au-dessus dans le combat.
Esquive, esquive et hop, poing dans les entrailles quand la garde est basse.
Il dut avouer que c'était un joli réflexe de la part de son adversaire quand il esquiva son coup de pied pour lui attraper ses dreads noires. Enfin, tentative, parce que le D. lui attrapa le bras, le lui tordit violemment. Assurant sa prise de sa main gauche, il leva le droit, plus proche de son adversaire et l'abattit sur le coude retourné, le pétant au passage. En hurlant, son adversaire tomba au sol.
Ouais, pour le prochain, Ace allait faire monter les paris.
Il remonta du côté des spectateurs pour rejoindre son « coach ».
- C'était du très beau travail la façon dont tu lui réarrangeais sa face ! approuva Ziggy avec un sourire encore plus grand.
- Au plaisir. Les prochains seront encore plus dingues, je peux te l'assurer. Sinon, qui est le suivant ?
- Mitko Monopoing ! Généralement, il met ses adversaires à terre avec un seul coup de poing.
- Ah ben, on va voir ce que donne le second.
- Je te souhaite bonne chance.
Ace eut un ricanement en redescendant dans le ring, pour voir son second adversaire. Cette fois, il était temps de sortir le grand jeu et de faire monter les paris.
- Jaskier, si tu veux parier, choisis le bon cheval ! ricana le D. en se bandant les yeux.
Son adversaire, un homme avec un bel embonpoint, resta comme deux ronds de flancs. Rien à faire, le D. s'inclina et se mit en garde.
- Allons, je le cherche, frappe-moi.
- Ecoute, ce sont des combats sérieux…
- Eh bien, si tu ne frappes pas, je vais le faire.
Et le poing du brun jaillit, frappant en plein nez le lourdaud qui termina sur les fesses. Ainsi, le silence se fit.
Plus un bruit.
Avant l'explosion.
Murmures, cris, exclamations.
En un coup, Ace venait de bouleverser les paris. Avec son sourire innocent, le D. fit un geste des doigts pour inviter son adversaire à se relever.
- Tu comptes rester à terre ou vérifier si j'ai eu un coup de chance ? s'enquit moqueusement le mutant.
- La magie est interdite ! accusa quelqu'un.
- Traite-moi de tricheur, tant que tu y es ! rouspéta Ace en retirant son bandeau pour voir son agresseur.
Il s'esquiva juste à temps pour éviter son adversaire dans le ring. Il se rebanda les yeux alors que Mitko retrouvait son équilibre après l'avoir loupé.
- Entraînement. Entraînement. Et entraînement. Tout le monde peut faire ce que je fais. Même le dernier des glandus. Suffit juste de s'entraîner, assura le D. en nouant correctement son bandeau. Alors ? On fait grimper les paris ?
Et il se remit en garde, les mains légèrement ouvertes, alors que son challenger revenait à la charge. Un coup de poing rapide du D. le plia en deux en se tenant le ventre, avant de se redresser de son mieux. Le coup suivant, Mitko devait être vraiment en colère puisqu'il fonça comme une furie sur Ace qui le choppa par le cou avant de le plaquer brusquement au sol. Le temps qu'il le relâche, le pecno chercha à se relever, mais le poing gauche du mutant l'assomma. L'odeur du sang lui emplit les narines et quelque chose de chaud et humide coula sur ses phalanges. Vu qu'il ne sentait pas la moindre blessure, il avait dû sérieusement faire mal au pauvre gars à terre. D'un geste tranquille, le combat étant fini, il retira son bandeau et regarda deux mecs ramasser le corps du pauvre homme pour le faire sortir. Le sorceleur alla rejoindre Ziggy qui applaudissait furieusement le brun.
- Tu m'as foutu une trouille, mon gars, avec ton coup du bandeau, mais putain, c'est du grand art, ce que t'as fait de sa face ! Cette nuit entrera dans la légende, et nous avec ! s'exclama l'homme avec sa doudoune en fourrure.
- C'est tout pour ce soir ou il y a plus intéressant ?
- On a mieux ensuite, ne t'en fais pas ! Le suivant, c'est Pompon d'Or !
Le D. haussa un sourcil devant le surnom.
- Pas très impressionnant.
- Il avait pour habitude de mettre des pompons sur ses fringues. Mais le mois dernier, il a arraché l'oreille d'un de ses adversaires avec ses dents !
- Festif. On va voir si j'arrive à en faire de même avec les siennes !
Le sourire sanglant faisait froid dans le dos.
- Montre-moi ce tour de magie, mon gars !
Le mutant sauta de nouveau dans l'arène et noua de nouveau le bandeau autour de ses yeux.
L'homme qui vint l'y rejoindre avait la carrure musclée d'un mercenaire. Certainement pas quelqu'un à prendre à la légère. Les coups se mirent rapidement à pleuvoir, et malheureusement pour Pompon d'Or, Ace n'était pas là à l'arrivée. Il esquivait même la plus petite attaque, ne prenant même pas la peine de faire autre chose que lui sourire. Puis, il finit par saisir les deux poignets au vol et remonta son genou juste en suivant pour l'administrer avec force dans l'estomac de son adversaire.
Et chose promise, chose due.
Il était temps pour Pompon d'Or de découvrir ce que ça faisait de vivre avec une oreille en moins. Le D. recracha le morceau de chair plus loin et essuya sa bouche pendant que l'homme gémissait à ses pieds, une main sur son ventre, l'autre sur son oreille pour arrêter l'hémorragie. Le sorceleur en profita pour poser son pied sur le crâne rasé de son adversaire.
En retirant son bandeau, les applaudissements explosèrent.
Cela faisait du bien de se faire acclamer pour ses compétences et sa brutalité, pour une fois. Cela changeait agréablement de toutes les fois où il se faisait insulter à cause de ses mutations.
Terminant d'essuyer du revers de sa main le sang de son visage, il rejoignit Ziggy, avant de se figer et se retourner brutalement. Un œil ambré disparut à l'instant.
Thatch ?
L'homme avait disparu et son Haki ne parvenait pas à le percevoir. Putain, il avait toujours été bien trop doué pour se cacher, cet enfoiré. Tant pis, cela ne ferait que repousser ces retrouvailles qu'il attendait depuis tout ce temps.
Il rapporta son attention sur ce qu'il comptait faire avant cette interruption. Ziggy était clairement aux anges. Non, vraiment. Si le D. gagnait le prochain combat, ils seraient tous les deux riches et reconnus. Le prochain et dernier adversaire qu'il affronterait, c'était un certain Zdenex. Dans les bagarres habituelles, on avait besoin d'au moins quatre gars costauds pour le mettre à terre.
Le mutant passa sa langue sur ses lèvres.
Cela sentait le défi.
- Ne le sous-estime pas. C'est pas parce qu'il est vieux qu'il n'est pas dangereux.
- Mec, je suis un sorceleur. Crois-moi, vu le nombre de fois que je me suis fait botter le cul par le doyen de l'Ecole du Loup, je vais certainement pas sous-estimer un adversaire parce qu'il a l'air bon pour la maison de retraite.
- En piste alors et bonne chance, tu en auras besoin.
- De chance ? Nan. Seuls les compétences et l'instinct comptent, la chance n'a pas sa place ici.
Le brun se détourna pour rejoindre l'arène quand il remarqua que Loredo lui faisait signe un peu plus loin avec un regard calculateur. En soupirant d'avance, il rejoignit l'homme graisseux, ne se cachant pas de froncer le nez devant le porc qu'était ce soldat.
- Tu as des compétences très impressionnantes, complimenta le commandant.
- Passe le préambule et entre dans le vif du sujet.
- On est d'accord que c'est le dernier combat, donc, les plus gros paris ont lieu en ce moment même. Tout le monde parie sur le meilleur candidat, autrement dit, toi.
Cela faisait plaisir à savoir.
- Mais pas moi, précisa l'homme en prenant un ton de voix menaçant.
- C'est ton argent. Si tu veux le perdre, c'est ton souci, pas le mien.
- Là est toute l'affaire. Zdenex doit gagner. Mais en réalité, les vrais gagnants seront nous deux. Le tiers du jackpot est à toi si tu t'allonges. Et ce n'est pas une offre.
Ace garda le silence un instant, avant de lui dire avec un sourire mauvais :
- Si tu ne ressemblais pas à un sale porc, je t'aurais dit suce-moi, mais t'es trop dégueulasse à mon goût. Je te recommanderais donc d'aller te faire enculer ailleurs et loin de moi que je n'ai pas à vomir devant le spectacle écœurant que tu offres. En clair, fuck off.
- J'en ai rien à foutre de ton opinion. Tu dois t'allonger, point.
- Baisse ton froc et on en reparlera, vieux porc.
Ace tourna la tête en entendant comme un rire à proximité, mais il n'y avait rien. Il rejoignit donc le ring où attendait déjà son adversaire. Un sexagénaire, sec comme une branche, en bure. Crâne rasé avec une barbe grise. Il était froid et concentré sur le mutant qui le rejoignit.
Avec respect, Ace s'inclina en joignant les mains, avant de remettre le bandeau sur ses yeux.
Le combat commença. Le D. lança le premier coup, qui, à sa grande surprise, fut paré. Son bras droit immobilisé, son inattention faillit lui coûter cher. Profitant de sa prise, Zdenex lui envoya son propre poing droit dans la figure, pour se le faire attraper à son tour. En un déplacement souple, il fit une clef de bras à l'homme avant de lui administrer un coup de pied dans le dos pour l'envoyer voler plus loin. Agilement et ce, en dépit de son âge, l'homme se releva.
Pour un grabataire, il était frais comme un gardon.
La tentative suivante du vieil homme lui valut un coup de tête dans le nez.
Le troisième lui déboita presque le bras et lui fit recracher l'air de ses poumons.
Le D. avait abandonné sa pitié pour les personnes âgées sous les poings de Garp. Et s'il lui en était resté un peu en grandissant, Shirohige l'en avait définitivement débarrassé. Et Vesemir avait fini par enterrer tout ça.
Quand le vieillard se jeta sur lui dans un nouvel assaut, le D. se baissa et lui saisit ses jambes pour le renverser à terre. Avant qu'il ne se relève, le sorceleur se jeta sur lui et l'emprisonna dans une prise de soumission douloureuse qui fit crier le pauvre homme jusqu'à ce qu'il déclare forfait.
Victoire du D., les paris étaient finis.
Alors que le mutant allait récupérer ses affaires auprès de Jaskier, il remarqua la façon dont Loredo applaudissait dans tout le bordel que sa victoire avait provoqué. Un applaudissement lent de quelqu'un qui prépare sa vengeance. Et celle-ci serait attendue de pied ferme par la cible.
- Je veux mon fric, lui réclama le D. en allant le voir en suivant.
A contrecœur, la bourse pleine d'or changea de main. Juste assez pour s'acheter un cheval. C'était mieux que rien.
- Les gardes t'escorteront jusqu'aux portes. Tu regretteras de ne pas m'avoir écouté.
Le mutant hocha la tête. D'abord, il devait discuter avec Ziggy pour avoir sa part de l'argent que l'homme s'était fait sur son dos, ensuite, il verrait ce qu'allait lui jeter Loredo sur la figure. Il alla donc voir Ziggy qui était heureux comme un roi alors qu'il finissait de réunir l'argent qui avait été gagné. En voyant son « poulain » à ses côtés, l'homme bedonnant l'accueillit avec un immense sourire.
- Je te l'avais dit qu'on s'en sortirait à merveille ! Et tu as un talent en or massif pour ce genre de choses !
- Je sais, je sais. Cependant, je pense que tu me dois quelque chose.
- Et si on prenait un peu de bon temps avant !? Je te paie la première tournée à l'auberge et je te parle même pas des filles !
- Tringle les pour moi. Je préfère le fric.
L'argent changea de main et le mutant put quitter les lieux.
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Ace retournait vers l'auberge quand il entendit des exclamations venant du port. Curieux, il changea sa route pour aller voir ce qu'il se passait. Il arriva sur le quai du fleuve et trouva Cyn, exaspérée, fixant les eaux. En la rejoignant, le mutant chercha le courant pour voir ce qui avait l'attention de la femme des Stries Bleus. Et ce qu'il vit lui fit se demander s'il ne s'était pas trompé dans la composition de ses derniers élixirs ou si Anezka ne s'était pas foutu de lui en mixant sa médication.
- Qu'est-ce qu'ils essaient de faire ? demanda le D. en s'arrêtant à côté de la femme-soldat.
- Eh bien, ils cherchent à traverser le fleuve à dos de catin, répondit avec lassitude la blonde.
- Qui a eu une idée aussi stupide ? Et comment vous avez réussi à impliquer Geralt dans l'affaire ?
- Je sais plus… certainement une idée de Treize. Il y avait beaucoup d'alcool, et on parlait de vieilles conneries qui nous étaient arrivées dans le cadre de nos fonctions. Finalement, ils ont décidé de me prouver qu'il était possible de traverser le Pontar à dos de prostitué et ils font la course.
Le D. eut un reniflement hilare.
Il allait la raconter à Vesemir. Non, mieux ! A Jaskier !
- Nous n'avons pas été présentés, je crois, nota la blonde. Vernon m'a dit qu'on avait un second sorceleur dans le coin, je présume que c'est toi.
- Ace, se présenta le D. en tendant sa main à la blonde. Membre honoraire de l'Ecole du Loup.
- Cyn.
Ils échangèrent une poignée de main avant de rapporter leur attention sur les hommes dans l'eau qui allaient finir par noyer les pauvres femmes qu'ils utilisaient en monture.
Le D. allait se décider à plonger pour mettre fin au calvaire quand quelque chose attira son attention, lui faisant tourner la tête légèrement vers le bas pour libérer ses oreilles.
C'était un son, comme un sanglot, presque recouvert par les bruits des idiots dans la flotte. Lentement, il se mit en marche, suivant le son avec une oreille tendue. Intriguée par son comportement, Cyn se désintéressa des hommes et le suivit. Finalement, le mutant s'arrêta devant la tour en bois donnant sur le fleuve.
- Qu'est-ce qu'il y a ? demanda la blonde.
- J'entends des sanglots. De plusieurs personnes. Des femmes, je pense. Et ça vient d'ici.
Il leva le nez vers les hauteurs de la tour.
- Ou plutôt, de son sommet.
- Pourquoi des femmes viendraient ici pour pleurer en comité ?
- Parce qu'elles ont eu le dos pété par des idiots qui ont essayé de traverser le Pontar sur leurs épaules ?
Cyn se contenta de hausser les sourcils et suivit le brun dans la tour quand il ouvrit la porte. Par précaution, elle posa une main sur son épée. Si le mutant l'attirait dans un piège, ce n'était pas ses réflexes inhumains qui le sauveraient d'une lame dans la gorge. Cependant, Ace n'en avait que faire. Il n'était pas là pour ça. Clairement.
Il regarda autour de lui et finit par trouver dans une pièce adjacente une échelle. Rapidement, il l'escalada, suivi de Cyn. A l'étage, il y avait une autre échelle menant à une trappe. Et elle était fermée par un cadenas. Etrange, jusqu'à présent, ils n'avaient vu que des caisses poussiéreuses et du matériel de pêche. Rien nécessitant d'être caché. Agilement, en essayant de faire le moins de bruit possible, il grimpa la seconde échelle et colla son oreille à la trappe. Il regarda Cyn sous lui, porta un doigt à ses lèvres pour lui faire signe de ne rien dire, avant de pivoter sur l'échelle pour se suspendre dans la face inclinée de celle-ci, permettant à la femme soldat de grimper à son tour pour écouter.
Et ce qu'elle entendit lui fit confirmer qu'il y avait bien des femmes en haut. Elle les entendait hoqueter et étouffer leurs sanglots. Comme si elles percevaient leur présence et craignaient qu'on les remarque à leur tour.
- Qu'est-ce qu'il se passe ici ? demanda la blonde en fronçant les sourcils.
- Je sais pas, mais ça ne me plaît pas du tout. Descends, s'il te plaît, j'ai besoin d'accéder à la serrure.
La blonde obtempéra et le D. repassa sur l'autre face de l'échelle. Il fouilla sa sacoche et en sortit de quoi crocheter la serrure. Puis, il souleva la trappe et grimpa à l'étage. Le juron qu'il poussa attira Cyn qui remonta rapidement pour le rejoindre.
Trois femmes étaient ligotées le long d'un des murs, leurs vêtements déchirés montrant clairement des agressions régulières aussi bien physiques que sexuelles. En silence, le regard effrayé, elles fixèrent les deux nouveaux venus avec des joues ruisselantes de larmes.
Autre chose :
Ces femmes avaient des oreilles pointues. Clairement des elfes.
- J'ai entendu des Aen Seidhes dire que la situation était devenue tendue entre eux et les humains depuis que plusieurs de leurs femmes avaient disparu, raconta Ace. Je pense qu'on vient d'en retrouver…
Cyn était une Strie Bleue. Elle s'était faite violée par un Scoia'tael quand elle était une adolescente. Mais ce n'était pas pour autant qu'elle n'avait pas de cœur. Elle ne voyait pas les elfes. Elle voyait les femmes effrayées. Alors, elle tira sa lame et s'accroupit auprès de la première pour la détacher.
- Elles peuvent pas rentrer chez elle, lui dit Ace.
- On peut pas les laisser là ! s'énerva Cyn en se tournant vers lui.
- Je n'ai pas dit ça. Je dis juste que si on apprend où elles étaient et ce qu'elles ont vécu, ça sera le meilleur moyen de déclencher la révolte ou le pogrom qui couvent.
Et donc, de faire des tas de morts.
- Tu as une meilleure idée peut-être ?
- Oui, mais elle ne va pas te plaire.
Le visage de la blonde se ferma quand elle comprit qu'il était question des Scoia'tael.
- Tu es sérieusement en train de suggérer ce que je devine ?
- Elles seront en sécurité auprès du vampire.
- Il est vraiment sérieux ! s'étrangla la blonde en fixant le plafond.
- Si tu as une meilleure idée, je t'écoute ! Tu crois qu'ils feront quoi avec des elfes, les autres, quand on sait que tes potes trouvent très drôle de désacraliser une idole païenne et encore plus de traverser le Pontar à dos de catin ?! Sans compter qu'il y a des gardes en faction sur le port. Ils peuvent débarquer d'un instant à l'autre et nous voir ! Il faut trouver un moyen de les faire sortir d'ici sans que personne ne le remarque !
Cyn n'eut aucune réponse. Même si elle avait l'air d'avoir avalé un citron, elle continua de libérer les elfes. Le D. s'accroupit, restant à distance pour ne pas effrayer les pauvres femmes traumatisées.
- ~~Je vais aller chercher de l'aide pour vous faire sortir d'ici discrètement. Rien ne me dit que la magicienne acceptera, mais je ferais au possible pour qu'elle nous aide. C'est Loredo et ses hommes qui vous ont enfermées ici ?~~ demanda doucement le mutant en langue ancienne.
L'une des filles hocha la tête en tremblant.
- ~~D'accord. Il le paiera. Lui et sa bande. Écoutez, je vais être honnête avec vous. Vous avez entendu, en rentrant chez vous, vous serez en danger et vous attirerez des ennuis à vos proches. Le mieux, tant que Loredo est vivant, c'est d'aller rejoindre les Scoia'tael. C'est pas la meilleure des solutions, mais je sais que le vampire Thatch veillera sur vous. Il ne laissera personne vous faire de mal. Est-ce que vous êtes d'accord ? ~~
- ~~Tout plutôt que de rester ici…~~murmura une des elfes.
- Qu'est-ce que tu leur as dit pour avoir besoin de changer de langue ? demanda Cyn avec froideur.
- J'ai fait l'effort de changer de langue parce que ce sont des humains qui leur ont fait du mal et que je veux prouver que je veux leur bien, que je suis un ami et donc, je me dis que parler la langue qui est la leur est déjà un petit pas dans ce sens.
Les dernières cordes tombèrent sur le sol.
- Je dois aller voir deux personnes et je reviens vite, annonça le sorceleur avant de se tourner vers les elfes et revenir en Hen Llingue. ~~Je vous en fais la promesse, votre enfer se termine ce soir. ~~
Le brun se releva et se positionna pour descendre l'échelle.
- Tu essayes de les rassurer en espérant que les gardes ne remarquent rien, Cyn ?
- Je suis tout à fait capable de le faire, assura la blonde en croisant les bras dans une posture vexée.
- Merci.
Quelque chose dans le ton de la voix du brun fit quitter à l'humaine son attitude froide pour prendre un air perplexe alors que le sorceleur descendait rapidement les échelons pour rejoindre le port. Il quitta la tour de stockage en s'assurant que personne ne le remarquerait, avant de se mettre à courir sur les quais, contournant les murailles et sautant sur les barques de pêcheurs afin de rejoindre les draves. Le quartier des pêcheurs était tellement pauvre que Loredo ne se donnait même pas la peine d'envoyer des patrouilles de gardes. Les habitants du coin devaient s'en charger eux-mêmes. Après, cela arrangeait le D. qui fonça ventre à terre jusqu'à la cabane de l'herboriste. En jetant des regards méfiant autour de lui, il tambourina assez longtemps à la portepour que la femme accepte de se lever. Oui, elle sortait du lit au vu de sa tenue légère (une longue chemise de lin) et avait l'air souverainement en colère contre son visiteur nocturne. Ace ne lui laissa pas le temps d'en placer une qu'il la repoussa afin d'entrer dans la cabane qui était éclairée par la maigre bougie que tenait la femme.
- Qu'est-ce que ça signifie tout ça ? gronda l'herboriste.
- J'ai besoin d'aide. De nombreuses vies sont en jeu. C'est… une bombe. Je suis littéralement assis sur une bombe qui peut exploser et provoquer un pogrom sanglant à Flotsam !
- Écoute, le sorceleur, t'es mignon, mais les complots et tout ça, ça attendra l'aube.
- Je suis sérieux. Je vous le jure sur ce que j'ai de plus cher en ce monde ! J'ai retrouvé trois femmes. Des elfes. Certainement parmi celles qui sont portées disparues. Loredo les a faites enlever et séquestrer. Je sais pas s'il s'y amuse aussi, mais ces pauvres femmes ont été clairement battues et violées. La situation est déjà abominable, imagine ce que leurs familles feront quand ça se saura.
Anezka porta une main à ses yeux, sa mâchoire frémissant clairement de colère. Le D. regretta de ne pas avoir de quoi prendre des notes, parce qu'il aurait bien voulu récupérer quelques-unes des belles injures qu'elle utilisa dans sa tirade colérique.
Elle laissa retomber sa main et prit une profonde inspiration qu'elle laissa échapper en suivant pour essayer de retrouver son calme. Elle recommença jusqu'à retrouver un semblant de contrôle.
- Ce sale porc… cracha finalement l'herboriste. De quoi as-tu besoin pour les sortir de là ?
- Je pensais les confier aux Scoia'tael. Je veux absolument éviter le pogrom mais pas question de les laisser là.
- C'est un pari risqué.
- Je compte sur la présence de Thatch pour assurer que ça ne se retournera pas contre nous.
- Pour un chasseur de monstres, tu places beaucoup de tes espoirs sur un vampire, nota Anezka.
Le regard du pirate se fit dur.
- Thatch n'est pas un monstre.
C'était son frère, son nakama.
- Très bien, si tu le dis. Et sinon, je fais quoi dans tout ça ? Parce que si tu es venu me voir, c'est que je dois faire quelque chose, non ?
- Tu connais la forêt presque aussi bien que cet elfe, ce Cedric, non ?
- Oui, et ?
- Est-ce qu'un endroit te viendrait en tête où je pourrais trouver les Scoia'tael. Ou plutôt, être trouvé par eux ? En sachant que je serais avec des civiles.
- J'ai bien une idée, mais arriver jusque-là ne sera pas de tout repos, justement parce qu'il y aura des civiles qu'il faudra faire sortir de la ville discrètement.
- J'en fais mon affaire, dis-moi juste où.
- Tu vois où est l'autel de Vaiopatis dans les bois ?
- Le grande tête grimaçante dans la roche ? Oui, et ?
Anezka joignit les mains devant elle, les doigts vers le brun et décolla la droite dans un mouvement circulaire.
- Tu prends vers l'est et tu continues à marcher jusqu'à une cascade. Tu trouveras assez facilement une façon de parvenir jusqu'à son sommet, ce qui te mènera à des ruines elfiques. Tu y trouveras des roses entourant une statue de marbre représentant Eldan et Cymoril. Les Scoia'tael s'y rendent souvent durant leurs patrouilles.
- Je devrais m'en sortir. Merci infiniment et désolé pour le réveil en fanfare.
- C'est pour la bonne cause. Si tu pouvais avoir le nom de ces dames, que je puisse au moins dire à leurs proches qu'elles vont bien, ce serait très bien.
- Si tout va bien, je t'apporte ça demain matin.
.
.
Ce fut avec un très maigre espoir que Triss sortit de son lit pour aller ouvrir à son visiteur nocturne qui toquait à sa porte. Elle espérait la visite d'un sorceleur, mais un avec une crinière blanche et des yeux ambrés, par un brun aux yeux d'argent et une lance étrange dans le dos. Pardon. Bisentô, comme il disait.
Les deux personnages restèrent un instant à se regarder dans les yeux, se jaugeant comme deux adversaires, avant que le mutant ne fasse un geste vers la chambre, comme une demande silencieuse pour pouvoir entrer. La rousse s'écarta, laissant le sorceleur franchir le seuil. Elle referma la porte et le regarda en croisant les bras. Avant qu'elle n'ouvre la bouche, il la surprit. D'un geste mécanique, il retira cape, épées et bisentô de son dos pour poser tout ça sur le lit ouvert de la magicienne. Puis, il se laissa tomber à genoux sur le sol, devant la femme. D'un geste de la tête, il rejeta par-dessus son épaule la plume de feu bleuté qu'il avait dans les cheveux, avant de se pencher vers l'avant, positionnant délicatement ses mains devant sa tête.
Triss n'en croyait pas ses yeux.
Ace et elle se toléraient, au mieux, et là, il venait au milieu de la nuit pour se mettre à genoux devant elle ! Serait-ce le signe annonciateur d'une nouvelle Conjonction des Sphères ? Ou alors un des prémisses de la Prophétie d'Ithlinne ?
- Triss Merigold de Maribor, puissante magicienne et subtile conseillère, je réclame ton aide afin de sauver des vies ce soir. J'ai besoin de ta magie. Je demande humblement ton soutien.
- Je sais que les sorceleurs ne tombent pas malade, mais je me pose quelques questions sur ton comportement, Portgas, lui dit Triss en mettant ses mains sur ses hanches.
Surtout que le brun n'avait fait aucun commentaire sur le fait qu'elle ne porte que ses sous-vêtements pour dormir.
En soupirant, Ace se redressa, se retrouvant assis sur ses talons, les mains sur ses cuisses.
- Crois-moi, Merigold, demander ton aide m'en coûte énormément. Mais tu es la meilleure solution qui me vienne à l'esprit.
- A quel problème en particulier ?
- On a trouvé trois elfes, des femmes, qui ont été enlevées par la bande de Loredo.
Triss n'était pas pour rien l'ancienne conseillère royale de Foltest. Elle comprenait les risques, les implications, et le fait qu'ils avaient trouvé une mèche pouvant mettre le feu à tout le comptoir.
- Tu veux donc que j'ouvre un portail pour les faire sortir discrètement de Flotsam, c'est ça ? Dol Blathanna n'est pas une option de destination, cependant. A moins de trouver un portail de téléportation elfique, on ne peut s'y rendre qu'à pied. De la vieille magie rampe encore sur ces terres, ce qui rend la téléportation instable, même pour Francesca Findabair. Sans parler qu'on est trop loin pour le faire avec un Portail unique. Il faudrait trois… quatre Portails pour arriver à distance raisonnable de marche, avec tous les risques encourus dû à l'instabilité de la magie sur de longues distances.
- Je songeais aux Scoia'tael. L'herboriste m'a parlé d'un lieu sur la patrouille des rebelles.
- Et tu crois qu'ils accepteront ?
- Peut-être, peut-être pas, mais c'est notre meilleure option pour l'instant. Et elles sont d'accord avec l'idée. Les laisser rentrer n'est pas à faire. Loredo sera déjà très en colère et méfiant en réalisant la disparition des elfes.
- Je ne te pensais pas aussi altruiste.
- Ce n'est pas parce que je suis un mutant que je n'ai pas ce qu'on aime appeler de l'humanité.
Un petit sourire apparut sur le visage de la magicienne.
- Point accordé.
Elle fit un geste de haut en bas sur son corps avec ses deux mains, faisant apparaître sur sa personne ses vêtements de voyage.
- Où devons-nous aller ?
- La tour, sur le port.
En un tour de main, un Portail noir aux bords dorés apparut dans les airs, se déformant légèrement comme s'il était incertain de sa propre forme. Le D. reprit ses affaires et passa le portail, se retrouvant dans la tour, au pied de la première échelle. Triss suivit le mouvement, avant de faire disparaître le portail.
- Alors ? Où sont les captives ? demanda la magicienne.
Pour toute réponse, le brun pointa le plafond avant d'attraper l'échelle et d'en faire l'escalade. Quand il arriva dans la dernière pièce, il esquiva de justesse l'attaque de Cyn qui se tenait en embuscade à côté de la trappe. Quand le brun réussit à la repousser et se tirer du trou, il remarqua le corps d'un garde du comptoir, la gorge tranchée. Clairement, ils avaient attiré l'attention, il était temps de partir.
- Alors ? demanda Cyn en rangeant son arme maintenant qu'elle était certaine que c'était un allié qui venait la rejoindre.
Triss monta à la suite d'Ace dans la pièce.
- Ah, se contenta de dire la Strie Bleue.
La présence d'une magicienne valait toutes les explications du monde.
- Je vais prendre la suite, je pense, lui dit Triss avec un sourire bienveillant.
La blonde hésita, voulant clairement dire quelque chose, les sourcils bien froncés, mais aucun mot ne lui vint. Alors, elle soupira et descendit l'échelle.
- Bonne chance pour la suite, marmonna-t-elle sans les regarder.
Et elle disparut.
- On va faire quoi du corps ? demanda Triss en se rapprochant des elfes pour les examiner.
- Il servira de nourriture aux nekkers ou aux noyeurs, répondit le D. en haussant les épaules.
La magicienne rendit aux femmes un semblant de pudeur en remettant en état leurs vêtements d'un tour de main. Ou de magie plutôt.
- Et maintenant ? s'enquit la magicienne.
- Est-ce que des ruines elfiques avec une représentation de Eldan et Cymoril, ça parle à quelqu'un ? s'enquit le D. aux trois elfes.
- Bien entendu, répondit l'une des femmes.
La magicienne ouvrit un Portail magique, ayant vu le lieu en question dans les pensées d'une des elfes. Le D. ramassa le corps et traversa le Portail. Quelques instants plus tard, il revint les voir, sans le défunt.
- C'est bon, la voie est libre, il n'y a personne.
Il tendit une main vers les elfes. Elles hésitèrent avant de se lever et l'une d'elle accepta sa main pour le suivre de l'autre côté du Portail. Les deux autres en firent autant, laissant Triss fermer la marche et le portail disparut derrière eux.
Ils étaient à présent dans les bois de Flotsam, au beau milieu de ruines elfes, avec, juste devant leur nez, une immense statue de marbre montrant un couple elfique se prélassant dans les bras de l'un de l'autre. Tout autour, des buissons de roses fleurissaient en dépit de l'abandon de l'endroit. Dans leur dos, un reste de mur et de porte, à moitié détruits par le temps, cherchaient en vain à survivre à l'assaut de la nature et des plantes grimpantes qui avait pris à présent le pas sur les belles ruines de la civilisation elfique.
- Et maintenant ? demanda Triss.
- On va allumer un feu et attendre, répondit le D. Si tu voulais bien me faire apparaître ma caisse, je t'en serais reconnaissant, ça nous permettra d'attirer les Scoia'tael.
- Et les monstres ?
- Aucune chance, j'ai jeté le corps dans une zone frontalière de la forêt qui est commune entre des noyeurs et des nekkers.
Il se rapprocha du bord des ruines, dévoilant qu'on était au sommet d'une colline rocheuse bien grignotée par l'érosion. Triss alla le rejoindre et le mutant pointa quelque chose du doigt dans l'obscurité. En tendant l'oreille, on entendait des grognements et des gémissements de monstres, avec quelques couinements.
- S'il y a un groupe qui s'en sort, il ne viendra pas nous voir, il sera trop heureux de se pencher sur le corps du gros lard que la Strie Bleue a tué. Et si y'a un idiot autre que la Scoia'tael qui vient nous voir…
Le sorceleur tapota son glaive d'argent dans son dos.
- Point accordé, nota la magicienne. Et en quoi ta caisse va faire venir les elfes ?
- C'est un instrument de musique, Merigold. Jusqu'à présent, outre les sirènes, les monstres ne jouent pas de la musique. Les rebelles font des patrouilles régulières dans les environs d'après ma source, donc, ils entendront forcément la musique.
- Et s'ils nous attaquent ?
- Je m'en occupe. Assure-toi juste que les pauvres femmes soient protégées.
Ils se retournèrent pour voir dans l'obscurité les trois elfes s'asseoir côte à côte contre les ruines.
- Si ça ne marche pas ce soir, j'irai avec elles jusqu'à Dol Blathana, si je trouve pas une colonie entre-temps qui veuille bien les accueillir. Tout plutôt qu'elles deviennent malgré elles les étincelles qui mettront le feu à la poudrière qu'est ce comptoir.
- Tu as pourtant réduit en cendre Rivia, rappela Triss.
Ace croisa les bras, plus dans un geste de protection que d'agacement.
- Si j'avais pu remonter le temps, Rivia n'aurait pas brûlé. J'avais pas pris ma médication depuis quelques jours, donc, j'hallucinais à moitié. C'est un miracle qu'il m'ait resté assez de lucidité pour évacuer les enfants. S'ils avaient péri dans cet incendie, je serais mort peu après. J'ai mes limites et la mort des enfants m'aurait poussé au-delà. Je me serais rendu à la ville la plus proche, avouer mon crime et laissé la justice faire son boulot.
Le brun soupira et se massa le nez.
- C'est con, mais même si mes méthodes sont tordues… je veux éviter d'autres morts innocentes et stupides. Parce qu'un pogrom est la pire méthode pour mourir.
- Tu es vraiment différent des autres mutants.
Le D. haussa des épaules.
- Généralement, je dis que c'est la faute aux mutations des Chats et au fait que je sois tombé du côté psychotique de la balance, par rapport à mes camarades sociopathes. Mais je pense plutôt que c'est parce que, malgré le rajeunissement imposé par Eilhart, j'étais déjà un adulte mentalement parlant, avec un caractère déjà bien formé, là où les autres étaient des gosses à l'abandon.
- Ca explique beaucoup de choses, en effet.
Ace laissa retomber ses bras et se retourna vers la magicienne.
- Puis-je avoir ma caisse et de quoi écrire, s'il te plaît ?
Quelques minutes après, ils étaient tous les cinq autour d'un feu de camp, les anciennes prisonnières mangeant la nourriture que Triss était allée chercher pour elles à l'auberge (merci la magie), pendant que le D. terminait d'écrire un message, après avoir noté le nom des trois pauvres femmes sur un autre bout de papier. Il plia sa lettre qu'il venait d'achever. C'était au cas où Thatch ne ferait pas partie du groupe qui passerait par ici. Il rangea la lettre et tira sa guitare de la caisse qu'il avait utilisée en support. Il sauta agilement pour rejoindre le sommet de la porte en ruine, bien assez épaisse pour qu'il y pose son cul sans tomber. Il accorda l'instrument et se mit à jouer doucement un air clairement exotique pour les nordiens, mais qui s'arrangeait assez bien avec le lieu en ruine témoin de la grandeur passée de la civilisation des Aen Seidh.
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Ce n'est pas parce qu'il entendait les cordes des arcs qu'il porta une main à son arme. Pas question de se battre ou de se laisser faire. Non, Ace arrêta tranquillement de jouer et se leva.
- Je vous entends. Baissez les flèches, on est ici en paix.
Des murmures lui parvinrent à l'oreille alors que Triss se levait de son coin au feu pour invoquer un bouclier magique autour d'elle et des trois femmes qui s'étaient levées elles aussi.
- On veut pas d'ennuis, je le répète, appela de nouveau Ace.
Finalement, des elfes et des nains finirent par se montrer. Les elfes sur les arbres tout autour et les nains montant le chemin vers les ruines.
Et bordel, même s'il n'y avait cru qu'à moitié, il était heureux que Thatch soit du nombre. Outre le changement de coiffure et un visage clairement plus mince, il était tel que dans les quelques souvenirs qu'il avait retrouvés depuis son arrivée dans ce monde. Essayant de garder un visage de marbre, le mutant sauta de son perchoir pour se mettre face au groupe. En comptant les elfes dans les arbres, ils étaient dix. Dix non-humains armés et prêts pour le combat.
- Tu es donc l'infâme second sorceleur qui traîne à Flotsam. Je veux bien que chasser des monstres soit ton gagne-pain, mais tu mets un peu trop d'enthousiasme au point de passer une nuit ainsi, dehors, pointa le vampire. Ou alors, tu en as après ma prime, et dans ce cas-là…
- J'ai déjà vu une première fois un plancher gorgé de ton sang, crois-moi, c'est pas une expérience que je veux reproduire, Yonbantai Taisho Thatch, coupa Ace. Je suis ici pour demander un service aux Scoia'tael. Te voir en face à face est un bonus.
Thatch se contenta de hausser un sourcil avant de laisser glisser son regard sur la plume qui pendait sur l'épaule du D., à l'opposé de celles de cocatrices et de griffons qu'il avait rajoutées récemment en décoration.
- /Comment tu as eu cette plume ?/ demanda le vampire en passant au japonais.
- /Celle de Marco, je présume ? La Dame du Lac, à Eaux-Troubles, me l'a transmise il y a quelques mois de ça, en plus de ma guitare. Pour le bisento de Oyaji, c'est une plus longue histoire. Oui, je suis Portgas D. Ace, dit Hiken, le Second Commandant des Shirohige. Bien obligé de me représenter puisque tu as eu le malheur d'oublier ton partenaire de crime favori avec lequel tu as sorti les pires blagues sur le Moby Dick./
- Il dit quoi, là, le mutant ? Qu'est-ce qu'il marmonne ? demanda un des nains en resserrant sa prise sur sa hache d'un geste nerveux. Comment il connaît la langue ?
- Je marmonne que je suis ici pour vous demander un coup de main afin d'éviter un pogrom à Flotsam… Aussi naïf que cela puisse paraître, lui dit le mutant.
D'un geste de la main, il invita Thatch et les nains à le suivre avant de passer la porte à moitié détruite pour rejoindre la statue mais surtout les femmes.
- Triss Merigold de Maribor, il y a longtemps, salua Thatch avec un sourire amical pour la magicienne. Depuis Sodden, non ? Le châtain t'allait bien mieux, belle magicienne.
- C'est un plaisir partagé de vous revoir aussi, maître vampire, salua l'ex-conseillère avec un sourire crispé.
- Qui sont ces charmantes elfes que voilà ?
- La raison de notre présence ici, expliqua Ace en croisant les bras. J'ai trouvé ces femmes par hasard en me baladant sur le port. Loredo les a faites enlever et ce n'était certainement pas pour prendre des cours de Hen Llingue.
Le visage jovial du vampire supérieur se referma. Dans les arbres, les elfes se mirent à jurer et insulter Loredo dans leur langue.
- Clairement, si elles rentrent chez elles cette nuit, la ville va partir en flammes, d'où le pourquoi je me tourne vers les Scoia'tael. Il faut qu'elles soient protégées et soignées, mais sans que cela ne déclenche un bain de sang, s'expliqua le brun.
- Tu l'as dit, c'est naïf de ta part de croire que tu peux éviter comme ça un pogrom. Tu as fait qu'accélérer l'inévitable en les trouvant, siffla le roux. Quoique non, ce ne sera pas un pogrom, mais une guerre civile. Si c'était ton but de garder la ville dans son état actuel, tu aurais dû les laisser où elles étaient. C'est trop tard, dès que Iorveth les verra et saura que Loredo est derrière tout ça, il marchera sur Flotsam.
Le brun soupira et passa une main dans ses cheveux.
- J'avais un petit espoir, mais bon, ce qui est fait est fait. Au moins, elles sont en sécurité, c'est l'essentiel.
- Et gagner du temps ? demanda Triss.
Tout le monde regarda la magicienne pour savoir ce qu'elle entendait par ça.
- C'est connu de tous que vous avez pas mal d'influence sur Iorveth. Vous pourriez acheter du temps. Assez qu'on puisse préparer les innocents à l'explosion qui va arriver, mettre à l'abri les femmes et les enfants en prévision.
Thatch caressa pensivement sa barbiche en réfléchissant intensément.
- Cela devrait être faisable. Mais pas énormément. Gros maximum, ce serait quarante-huit heures, dit le vampire. C'est tout ce que je peux faire avec Iorveth. C'est lui le chef, pas moi. Et encore, il me faudra une excuse.
- Tu as une idée. Crache le morceau, qu'est-ce qu'un gars qui peut se rendre invisible ne peut pas faire ? demanda le D. le brun avec presque de l'amusement.
- Tu me connais que trop bien, toi.
- /On est des nakamas, c'est normal, je pense, que je prétende te connaître./
- We shall see.
- Yeah, of course. And me, I think that we have to talk.
Un petit sourire apparut sur le visage d'Ace devant le haussement de sourcil de Thatch. Si c'était un piège pour prouver qu'il n'était pas qui il prétendait être, c'était loupé. Ok, il n'avait que des bases pour l'anglais, lui faisant comprendre que des phrases courtes et simple, avant de répondre sur le même niveau, mais c'était déjà ça.
Triss toussota légèrement, ramenant l'attention de tout le monde sur elle.
- De quoi avez-vous besoin ? demanda la femme.
- Il est question d'un elfe, son nom est Ciaran aep Easnillen. C'est le bras droit de Iorveth. Lui et son escouade sont tombés dans une embuscade des gardes du comptoir, il y a trois jours. Seul Ciaran a survécu. J'ai pu aller le voir, mais rien de plus. Il est retenu dans la barge pénitentiaire. Il ne passera pas la semaine sans des soins. C'est un cadavre que Loredo va envoyer à Drakenborg. Faîtes-le sortir d'ici. Le mieux serait qu'il soit déposé à Vergen directement. Et si vous pouviez obtenir la vérité sur l'attaque, ça serait un plus.
- Tu n'y crois pas à cette affaire d'embuscade ? Tu crois vraiment que Loredo n'est pas derrière tout ça ? demanda le nain qui était sur les talons de Thatch.
- Aucun dh'oine du comptoir n'aurait eu la folie de s'enfoncer autant dans notre territoire pour nous tendre un piège. Bien trop risqué. Si le déplacement a été fait, c'est après, j'en suis certain. J'ai mes soupçons sur le vrai coupable de l'affaire, mais j'ai besoin que Ciaran me le confirme. Iorveth m'en voudrait si je m'occupais du cas d'un de nos alliés sans preuve, ni justification. Et même comme ça, je doute fort qu'il me croira. Cependant, si j'ai confiance en mes capacités, je suis pas très chaud à l'idée de faire connaissance avec un glaive d'argent dans le futur proche.
Ace regarda Triss pour savoir si elle était d'accord pour faire ça et fronça les sourcils quand elle accepta sans hésitation d'aider à l'évasion du prisonnier.
- Je peux m'en charger, assura la femme. Je vous dois bien ça, pour Sodden.
- Ah, mais j'y suis pour rien, c'est l'autre emplumé qu'il faut remercier ! se défendit Thatch en levant les mains.
Confirmation, il était bien en contact avec Marco.
- SI nous en avons fini, je pense que nous pouvons retourner au comptoir, conclut Triss.
- Arigatou, remercia le D.
Thatch se tourna vers les elfes dans les arbres qui continuaient de marmonner, pour leur faire signe que c'était ok. Ainsi, les archers descendirent de leur perchoir pour disparaître dans les bois. Il se tourna ensuite vers les trois pauvres femmes qui étaient restées silencieuses jusqu'à présent.
- Eh bien, à présent, je suis votre garde du corps, mesdames ! Si vous voulez bien me suivre.
Et il s'inclina profondément devant elles dans un geste qui, bien que charmeur, tenait plus du comique. Et malgré l'apparence humaine, la seule chose qui devait aider les trois elfes à ne pas le craindre, c'était les couleurs de la Scoia'tael qu'on voyait sur sa tunique et son pantalon de toile, le tout presque totalement caché par sa longue cape couleur forêt. Les femmes se mirent donc en route, suivant trois nains qui ouvrirent la voie, avant que les deux derniers ne ferment le convoi. Thatch hésita à les suivre, avant qu'Ace ne le rappelle.
- Combien pour que tu me refiles la Winchester avec laquelle tu te balades ?
Le vampire regarda l'arme qui dépassait de sous sa cape, avant de regarder par-dessus l'épaule du mutant. Pas besoin de se retourner pour savoir qu'il fixait le bisentô que le brun avait adossé à un mur près du feu. Alors, sans hésitation, le D. alla récupérer l'arme pour la tendre à deux mains au vampire. Sans un mot, avec même un semblant de sourire, celui-ci fit glisser de son épaule ce qu'Ace avait identifié comme une Winchester. Une étrange arme de bois et de métal, principalement dans la longueur, dépassant à peine le mètre. Arme qui changea de main en même temps que le bisentô.
- Me faut les munitions, rappela Ace. En parlant d'armes, c'est la magie qui a rétréci le bisentô de Oyaji ?
- Bien évidemment. Perds pas le sac, il a été enchanté pour dupliquer les munitions, y'a trente ans en arrière.
Le D. rangea la bourse que son camarade lui donna dans sa sacoche à ingrédients.
- Demain, même endroit ? proposa le vampire.
- C'est bon pour moi, Ace.
Et le vampire disparut, devenant invisible en tournant simplement des talons.
- Qu'est-ce que c'est ? demanda Triss en montrant l'arme dont avait hérité le D.
- Le futur de la guerre, Merigold. Plus d'un roi tuerait sa dynastie entière pour avoir un de ces trucs dans son armée, aujourd'hui.
Il appuya la partie boisée contre son épaule et pointa le bout métallique vers les arbres.
- Y'a plus de quarante ans que j'ai pas eu une Winchester 94 modèle Legacy entre les mains. Bon, je préfère la 73, mais c'est cool quand même.
Et il la reprit dans ses mains pour y déposer un baiser bruyant.
- Retournons au comptoir, beaucoup de choses nous attendent demain, soupira Triss.
Et elle ouvrit un Portail pour quitter les bois, suivie par un mutant heureux comme un gosse.
