Le réveil du blond sonna. Apparemment, il était le premier réveillé. Il en profita pour se préparer tranquillement, avant le branle-bas de combat qui agiterait bientôt la pièce, si c'était toujours comme la veille au soir.
L'ex-Serpentard venait de s'asseoir sur son lit, fin prêt, pour étudier son emploi du temps et réviser les cours, lorsqu'un second réveil retentit. Tournant la tête, il vit que c'était celui de son voisin de lit, Harry.
-Harry « Déjà ? » grogna-t-il en se levant.
Il se planta devant la porte de la salle de bain grande ouverte, ses vêtements à la main, qu'il posa sur le coin du lavabo. Il eut ensuite un sourire sadique que Drago ne lui connaissait pas.
-Harry « Un conseil, Malefoy, bouche-toi les oreilles si tu ne veux pas être sourd et planque-toi si tu veux rester vivant. »
D'un geste de la main, il fit voler les draps de ses camarades, les exposant ainsi à la fraîcheur de la chambre avant de s'enfermer dans la salle de bain. Des cris ne tardèrent pas à se faire entendre, tous plus forts les uns que les autres, obligeant Drago à se mettre les mains sur les oreilles. Dean, qui semblait plus réveillé que les autres, étant à côté de la fenêtre qu'Harry n'avait pas oublié d'ouvrir, c'est normal, se leva d'un bond, l'air énervé. Il poussa son voisin de lit, Ron, au sol. Celui-ci se releva en protestant, récupéra sa baguette et demanda au blond, qui regardait tout ça sans comprendre.
-Ron « Malefoy, il est où ? »
-Drago « Qui ? » demanda-t-il, faisant semblant de ne rien comprendre.
-Ron « Mais, Harry bien sûr ! »
Le blond haussa des épaules, refusant de se mêler des histoires de chambre.
-Seamus « Il doit être dans la salle de bain » marmonna-t-il en se levant, visiblement frigorifié.
-Ron « Harry ! Sors de là tout de suite ! » cria-t-il en frappant la porte de la salle de bain de ses poings.
Sous la force des coups, la porte s'ouvrit. Le rouquin s'y précipita, mais elle était vide.
-Ron « Il est où ? » grogna-t-il en se retournant.
Neville se leva, aidant ses camarades à chercher Harry. Ce dernier se tenait sur le pas de la porte, se moquant de ses amis. D'un signe, il indiqua à Malefoy de ne rien dire. Ce dernier jeta un coup d'œil à sa montre avant de se lever.
-Drago « Vous devriez vous dépêcher de vous préparer, vous allez être en retard » fit-il remarquer en sortant.
Les Gryffondor regardèrent l'heure avant de se préparer rapidement. Pendant ce temps, Harry montrait le chemin de la Grande Salle à Drago.
-Drago « Potter ! Comment t'as fait tout à l'heure ? »
-Harry « De quoi tu parles, Malefoy ? »
-Drago « T'étais dans la salle de bain, la porte s'ouvre et t'es à l'entrée de la chambre… »
-Harry « Ah oui ! J'ai utilisé ma cape d'invisibilité. Heureusement, sinon t'aurais assisté à un meurtre en direct. »
-Ron « Harry ! Attends-moi ! » cria-t-il en courant à travers le couloir.
Le rouquin semblait avoir oublié son envie de meurtre.
-Ron « Mais, dis moi Malefoy… Si là, t'es avec Harry, c'est que tout à l'heure, tu savais où il était, non ? »
Le blond allait bredouiller un mensonge lorsque Hermione arriva, le sauvant.
-Harry « Méfie-toi, demain, c'est Ron qui se lève en premier » murmura-t-il à Drago.
Drago s'installa à la table des Gryffondor pour prendre son petit-déjeuner, juste derrière Blaise, qui lui demanda de ses nouvelles.
-Blaise « Alors, c'est comment chez les Gryffondor ? »
-Drago « M'en parle pas, c'est des fous ! »
-Blaise « À ce point-là ? »
-Drago « Oh oui. »
Il lui raconta sa soirée et sa matinée sous le regard amusé d'Harry qui écoutait tout.
-Drago « Si demain matin je viens pas, tu sauras que c'est Weasley qui m'a tué » finit-il avec un sourire.
-Ron « Je n'irais pas jusque là, mais je peux faire de ta vie un enfer. Tu verras qu'il peut y avoir pire que la mort » intervint-il en s'asseyant.
-Drago « Pire que la mort ? Je ne te crois pas. »
-Harry « C'est tout à fait possible. Mais apparemment, cette incapacité à comprendre qu'il y a pire que la mort te viens de ton grand-père, Voldemort. C'est d'ailleurs ce qui lui vaudra sa perte » ajouta-t-il calmement entre deux gorgées de jus de citrouille.
-Drago « Potter, tu vas arrêter de prononcer ce nom ! » s'exclama-t-il en épongeant la flaque de chocolat chaud qu'il venait de renverser.
-Hermione « Ne me dis pas que tu as peur de prononcer le nom de ton grand-père, Malefoy ! »
-Drago « Mon grand-père ! Mais je m'en fous de mon grand-père ! Je l'ai jamais demandé, moi, mon grand-père ! »
-Harry « Et ta Marque, alors ? »
-Drago « Pour la Marque non plus, j'ai rien demandé ! C'est lui qui m'y a forcé, avec mon père ! » ajouta-t-il avant de sortir en trombe de la Grande Salle.
Toutes les personnes présentes avaient la tête tournée vers la place qu'il venait de quitter, derrière Blaise, à côté de Ron, Hermione et Harry. Fort heureusement, ils n'avaient entendu que les mots "grand-père" et "père", prononcés plus fort à cause de la colère du blond.
De toute la journée, Drago n'apparut pas en cours, pas plus qu'il ne se montra au déjeuner et au dîner. Blaise avait cherché dans tous les recoins du château qu'il connaissait, mais il n'y avait pas la moindre trace de son ami. Il finit par se résoudre à demander à Harry de l'aider à le chercher. Il trouva le brun devant le tableau de la Grosse Dame, prêt à entrer dans sa salle commune.
-Blaise « Potter ! J'ai cherché Drago toute la journée, mais je l'ai pas trouvé ! Tu pourrais m'aider, s'il te plaît ? »
Harry l'examina minutieusement, réfléchissant, puis il lui demanda de l'attendre trente secondes avant d'entrer dans la salle commune. Il en ressortit peu après, un vieux parchemin vierge à la main.
-Harry « Je jure solennellement que mes intentions sont mauvaises » murmura-t-il pour que le Serpentard ne l'entende pas.
La carte de Poudlard apparut alors sous le regard ébahi du vert et argent.
-Harry « Tais toi et aide moi à le chercher ! » dit-il d'une voix dure avant même que son condisciple n'ait ouvert la bouche.
Fébrilement, les deux adolescents parcoururent le plan, cherchant, repassant partout, Blaise remarqua même des endroits qu'il ne connaissait pas, mais se tut pour ne pas s'attirer les foudres du Gryffondor.
-Harry « Là, dans ce couloir, il va… »
Suivant le couloir du doigt, il s'arrêta brusquement.
-Blaise « À la tour d'Astronomie. »
Le Serpentard sembla alors être en pleine lutte intérieure, en plein dilemme.
-Harry « Méfait accomplit » murmura-t-il.
Le parchemin redevint vierge et le rouge et or le rangea au fond de sa poche.
-Harry « Tu devrais aller le voir… »
Il s'apprêtait à entrer dans la salle, après avoir donné le mot de passe lorsqu'une main le retint fermement.
-Blaise « Non, je crois plutôt que c'est toi qui devrait y aller. »
Et il s'éclipsa avant qu'Harry ait pu réagir. Après encore une ou deux minutes de réflexion, il vérifia grâce à la carte que Drago était toujours à la tour avant de s'y rendre, empruntant les couloirs vides avec de nombreux détours.
Il grimpa lentement les marches, en prenant garde afin de ne pas les faire grincer. Une fois arrivé à la porte, il colla son oreille et écouta un instant. Il entendait des sanglots à travers l'épaisse porte de bois. Inspirant et expirant doucement pour reprendre son souffle après avoir couru dans les couloirs et reprendre son calme, il poussa la porte précautionneusement, pour ne pas la faire grincer.
Drago ne semblait pas l'avoir entendu. Il était assis sur le rebord d'une fenêtre, les jambes dans le vide, le regard tourné vers les lointaines montagnes, derrière le lac et la forêt, quelques sanglots l'agitaient, des larmes coulaient sur ses joues. Il paraissait perdu, fragile, différent de la face qu'il montrait d'habitude, avec son masque impassible, sans jamais montrer la moindre émotion. Il jouait le dur, mais en fait il était fragile, comme une poupée de porcelaine qu'on a envie de protéger à tout pris.
Lentement, silencieusement, Harry s'approcha de lui, presque hypnotisé par la silhouette qui se découpait à la fenêtre, qui ne savait toujours pas que quelqu'un était derrière. Le Gryffondor resta un moment à le regarder, sans pouvoir s'en empêcher, puis il leva une main pour le toucher à l'épaule, et lui dire qu'il était là, sa seconde main prête à réagir si le blond sursautait et basculait dans le vide.
Drago eut un léger mouvement lorsque la main bronzée lui toucha l'épaule puis resta immobile. Il semblait attendre, attendre quelque chose, de la part du rouge et or, toujours secoué par quelques sanglots, de plus en plus espacés. Sans réfléchir, Harry leva sa deuxième main et la posa sur l'autre épaule du Serpentard et commença un massage pour le calmer, comme avant à l'infirmerie. Peu à peu, il le sentait se détendre sous ses doigts, les sanglots disparurent, les larmes se faisaient plus rares, la respiration plus régulière et plus calme. Le vert et argent alla même jusqu'à pousser un léger soupir d'apaisement, de calme.
Tout était encore silencieux, aucun des deux jeunes sorcier ne voulait briser ce silence, mais il savaient également qu'il faudrait bien le faire, et le plus tôt serait le mieux. Le vent agitait doucement la cime des arbres, la surface du lac se plissait, l'herbe se couchait, les nuages se déplaçaient lentement, cachant de temps en temps la lune, privant les deux jeunes hommes du peu de lumière qu'elle leur procurait.
Finalement, Harry arrêta son massage, avec un grognement de frustration du blond, et s'installa à la fenêtre d'à côté. Ainsi, il pouvait parler avec Drago sans le voir. Ce serait plus facile pour parler. De plus, avec un paysage calme sous les yeux, il se sentait incapable d'avoir des sautes d'humeurs.
-Harry « Je… Je voulais m'excuser pour… Pour ce matin. »
-Drago « C'est pas grave, tu pouvais pas savoir… »
Le silence revint entre les deux jeunes gens. Tendant l'oreille, Harry entendit un nouveau sanglot à la fenêtre voisine. Leur discussion animée du matin semblait plus toucher Drago qu'il ne voulait bien se l'avouer.
-Harry « Je vois bien que ça te touche beaucoup, Drago. »
Le prénom lui avait échappé. Il l'avait dit sans y faire attention. Le concerné par contre l'avait remarqué.
-Drago « Qu'est-ce que t'en sais ? Tu ne sais rien de moi, tu ne sais rien de ma vie, tu ne sais rien de ma famille, Potter » ajouta-t-il hargneusement, un peu ébranlé d'avoir entendu Harry l'appeler par son prénom.
-Harry « Non, je ne sais pas tout. Je ne sais de toi que ce que tu veux bien montrer. Ton visage avec un masque impassible, tu ne montres aucune émotion, tu ne laisses rien te toucher. Tu joues au gros dur, alors que tu es fragile. À force d'accumuler les émotions sans jamais les laisser s'exprimer, tu craques, mais tu ne te sens pas mieux après. Tu ne veux pas paraître faible devant les autres, donc tu t'es créé un personnage, un rôle que tu joues bien, d'ailleurs. Tu es un bon acteur. Mais, tu sais, montrer ses émotions, montrer ce qu'on ressent n'est pas une faiblesse. Ça peut même devenir une force. »
Après un court silence, il reprit son monologue sous l'oreille attentive de Drago.
-Harry « Pour ta vie, je dirais qu'elle ne doit pas être facile tous les jours, avec un père comme le tien. Un père qui te dicte ta conduite à longueur de temps. Il te mène à la baguette, et tu te laisses faire. Tu dois te dire que tu n'as pas assez de courage pour affronter ton père parce que tu es à Serpentard, mais il n'y a pas que les Gryffondor qui sont courageux. De même, je dirais que ça arrive aux Gryffondor d'avoir peur. Depuis ta naissance, tu dois te conduire comme ton père te l'a appris, comme tous les Malefoy l'ont fait avant toi et comme de nombreux Malefoy le feront tant que personne ne réagira. À Poudlard, tu te dois d'être un parfait petit Serpentard, sous l'œil attentif de ton parrain, Rogue. Tu n'as jamais été libre, on t'a toujours dit ce qu'il fallait que tu fasses, tu rêves de liberté, mais tu n'oses pas aller la chercher, te battre pour l'avoir. »
Harry se tut une nouvelle fois avant de continuer.
-Harry « Ton père, je ne l'ai pas beaucoup rencontré, mais il doit être un homme rigide, qui dirige son monde avec une poigne de fer. Par contre, ta mère doit beaucoup t'aimer. Tu es son fils unique et elle tient à toi comme à la prunelle de ses yeux. Je ne l'ai vue qu'une seule fois, mais son regard débordait d'amour dès que ses yeux se posaient sur toi. Ton grand-père, lui, est un personnage plus complexe, avec encore un certain nombre de points obscures. Il recherche le pouvoir et est prêt à tout pour ça, il est très ambitieux et ne jure presque que par la magie noire. Il est intraitable avec ses Mangemorts, il n'hésite pas à les torturer à la moindre insatisfaction, il aime voir la souffrance. Néanmoins, il préfère tuer avec l'Avada, c'est rapide, propre, ça ne laisse aucune trace et il est impossible d'y survivre. »
-Drago « Non, toi, tu y as survécu. »
-Harry « C'est grâce à ma mère. Sans elle, je ne serais pas là. C'est grâce à son amour que j'ai survécu. Et c'est grâce à cet amour, ce pouvoir dont ton grand-père ignore tout et qu'il méprise tant, que je le vaincrais. C'est son incapacité à aimer quelqu'un qui lui fait croire qu'il n'y a rien de pire que la mort. Selon lui, et selon toi aussi, l'amour est une faiblesse. On ne doit pas aimer, sinon on s'affaiblit, c'est ce qu'on t'a toujours répété. Alors qu'en fait, l'amour est une force. C'est la force qui me permettra de le vaincre, définitivement. Un proverbe moldu dit que "l'amour donne des ailes". On serait prêt à tout par amour, pour sauver la personne qu'on aime, c'est dans ce sens que l'amour est une force. »
Harry se tut, la gorge sèche après sa longue tirade. Il se demandait pourquoi il confiait tout ça à Drago, mais c'est ce que lui dictait son instinct. Il se pencha légèrement en avant pour voir le visage de son camarade. Celui-ci semblait pétrifié par toutes ces révélations. Ce pouvait-il qu'il soit si transparent, finalement ? Malgré tous ses efforts, avait-il montré ses émotions au grand jour ? Tout ce qu'Harry venait de lui dire était vrai, et c'est justement ce qui le terrifiait. Harry devait être un devin pour savoir tout ça… Ce n'était pas possible autrement.
-Rogue « Tiens, tiens, deux élèves en dehors du dortoir après l'heure du couvre-feu… »
Les deux adolescents sursautèrent et se retournèrent brusquement. Harry sauta du rebord de la fenêtre en fixant Rogue. Drago, lui, semblait pétrifié. Rogue avait-il entendu tout ce qu'Harry venait de lui dire ?
-Rogue « Je dois dire que votre petite conversation était très intéressante, messieurs. »
Oops, il avait tout entendu. C'était le pire. C'est une cata, une véritable catastrophe. Pendant un instant, Drago semblait reconsidérer la tentation de sauter par la fenêtre et ainsi d'en finir avec tout, avec sa famille pourrie, avec sa vie pourrie. Toujours perché sur son rebord de fenêtre, il s'approcha d'avantage du vide, les yeux rivés vers le sol. Rogue ne semblait pas s'en être rendu compte, mais le Gryffondor avait vu le blond se déplacer légèrement et, il devait bien l'avouer, il avait peur qu'il ne saute dans le vide.
-Rogue « Drago, je crois que ton père sera déçu de savoir que tu traînes avec Potter, et après le couvre-feu… De mieux en mieux. J'irais en référer au directeur, en proposant évidemment votre renvoi à tous les deux, dès que j'en aurais fini avec vous. »
-Harry « Que voulez-vous dire ? » demanda-t-il d'un ton soupçonneux.
-Rogue « Vous ne pensiez tout de même pas vous en tirer sans la moindre punition, j'espère ? Drago a raté toute une journée de cours et est maintenant en dehors du dortoir après extinction des feux. Vous, vous avez peut-être été en cours, mais vous n'en êtes pas moins hors du dortoir à 23h… » dit-il en consultant sa montre. « Je n'oublierais pas non plus d'envoyer un hibou à ton père, Drago… »
Sur son rebord de fenêtre, Drago semblait hésiter entre sauter et juste se laisser tomber, le résultat étant le même. En se tortillant un peu, les yeux toujours fixés sur le sol, qui paraissait d'un coup bien lointain, il réussit à se mettre accroupis, préférant visiblement le saut à la chute bête et simple. Bien que les mouvements du blond soient suffisamment discrets pour que le professeur de potions ne les voit pas, l'œil exercé d'Harry les avait repéré et le brun avait deviné, avec un sentiment d'horreur, les intention du jeune homme.
-Rogue « En plus, vos notes sont en chute libre depuis quelques temps, il va falloir y remédier, Drago. Tu devras te remettre au travail, et vite. »
Rogue, aussi myope qu'une taupe, ne s'était toujours pas rendu compte des idées suicidaires de son élève et continuait de le rabaisser, ne semblant pas prêt de s'arrêter.
N'y tenant plus, Harry sortit sa baguette et stupéfixa le professeur, se tournant ensuite vers Drago qui se rapprochait toujours du bord.
-Harry « Tu as vraiment l'intention de sauter ? » demanda-t-il le plus innocemment possible.
-Drago « Tu ne sais pas de quoi je suis capable, Potter. Et ne t'approche pas ! » s'exclama-t-il en voyant le Gryffondor faire un pas dans sa direction. « Pose ta baguette ! »
-Harry « OK, je pose ma baguette. »
Il la déposa à l'autre bout de la pièce, en prenant soin de faire sortir le corps stupéfixé de Rogue de la pièce, puis il resta au fond en regardant le blond.
-Harry « Tu vois, je n'ai pas ma baguette, Rogue n'est plus dans la pièce. »
Le rouge et or s'approcha d'un pas puis s'immobilisa, les yeux fixé sur son ancien ennemi.
-Harry « Tu as vraiment l'intention de sauter ? » redemanda-t-il d'une voix douce.
-Drago « Qu'est-ce qui te fait dire que je n'en suis pas capable ? » cracha-t-il.
-Harry « Tu l'aurais déjà fait, depuis le temps que tu es assis sur ce rebord » expliqua-t-il en avançant d'un autre pas.
À présent, une dizaine de pas séparait les deux adolescents. Drago était toujours accroupis sur le rebord de fenêtre et Harry debout au milieu de la pièce. Ils ne se quittaient pas des yeux.
-Harry « Et puis, es-tu vraiment sûr que c'est la bonne solution pour échapper à tous tes problèmes ? »
Il s'avança encore, puis s'immobilisa quand il vit le blond se raidir.
-Harry « Quand on a des problèmes, il n'y a pas trente six milles solutions. Il n'y en a que deux. Soit tu évites ce problème, tu le fuis et tu es un lâche… Soit tu l'affrontes, tu y fais face et tu es courageux. »
Il fit un nouveau pas en direction de Drago.
-Drago « De toute façon, il n'y a que les Gryffondor qui sont courageux. »
-Harry « Le courage n'est pas la propriété exclusive des Gryffondor. Les autres aussi peuvent être courageux. »
-Drago « Seuls les Gryffondor sont courageux, et moi, je suis à Serpentard. »
-Harry « Non, tu n'es pas à Serpentard. »
Harry profita de l'étonnement du blond pour faire un nouveau pas dans sa direction.
-Drago « Et depuis quand ? »
-Harry « Je te rappelle que, depuis hier soir, tu es à Gryffondor, et ce pour une semaine. »
Harry avança encore.
-Harry « Ce qui veut dire que, cette semaine, tu as le droit d'être courageux, comme les Gryffondor qui t'accueillent dans leur maison. Pendant une semaine, tu dois faire honneur à la maison de Gryffondor, la maison des courageux. Et ne me dis pas que tous les Serpentard sont lâches, je suis sûr que vous pouvez aussi être courageux. »
Il fit un nouveau pas, seuls cinq pas les séparaient.
-Drago « Pff, vous les Gryffondor, vous dîtes que vous êtes courageux, mais en faites vous agissez sans réfléchir. Vous agissez bêtement. »
-Harry « Mais vous, les Serpentard, vous réfléchissez tellement que, au bout d'un moment, vous n'osez plus faire ce que vous aviez prévu. Un Gryffondor aurait agi rapidement, sans réfléchir et aurait sûrement déjà sauté. Un Serpentard, comme toi, réfléchit, pèse longuement le pour et le contre pour finalement ne pas sauter. Après, il va former une coquille autour de lui pour se rendre intouchable, il va cacher ses émotions, mais tôt ou tard, il craquera à nouveau. »
Harry fit un autre pas.
-Harry « Un Gryffondor affronte ses problèmes. Soit il aurait eu le courage de sauter, soit il aurait eu le courage de faire face à ses problèmes. Un Serpentard évite toutes les difficultés. Une fois arrivé sur le rebord de la fenêtre, il n'ose pas sauter. Ses problèmes reviennent encore, mais il n'ose pas les affronter. »
Harry s'approcha encore, Drago l'écoutait silencieusement.
-Harry « Les Serpentard se croient forts parce qu'ils sont craints des autres, ils se croient supérieurs par rapport à tout le monde. Pour eux, les Gryffondor, ce n'est rien, ce sont des idiots qui agissent sans réfléchir, je me trompe ? »
Harry avança encore.
-Harry « En fait, les Serpentard et les Gryffondor illustrent très bien une fable moldue. Vous ressemblez au chêne, et nous au roseau. Quand l'orage arrive, vous restez droit, vous résistez, vous refusez de plier, de montrer la moindre faiblesse. L'arbre reste bien droit. Nous, on accepte nos sentiments, nos faiblesses, on accepte de plier. Mais quand l'orage est plus fort, il déracine l'arbre. Le roseau, lui, plie mais ne rompt pas. »
Seul un malheureux pas séparait les deux jeunes sorciers.
-Harry « Tout le monde a un cœur, des sentiments. Seulement, il faut les accepter, malgré tout ce qu'on a pu te dire jusqu'à maintenant. Tu as le droit d'aimer, ce n'est pas interdit, ni réservé aux non-Serpentard. Contrairement à ce que tu crois, l'amour n'est pas une faiblesse, ça peut être une force. »
Drago baissa la tête et laissa les larmes couler librement sur ses joues, les épaules agitées par quelques sanglots qu'il tentait d'étouffer, refusant malgré tout de pleurer devant Harry, qui fit le dernier pas qui le séparait du blond.
-Harry « Ne t'inquiète pas, tout le monde à le droit de pleurer, ça fait du bien. Ça permet de relâcher un peu la pression. Viens, je vais t'amener à l'infirmerie » ajouta-t-il en posant sa main sur son épaule.
Sans la moindre résistance, Drago descendit du rebord de la fenêtre et suivi Harry, à moitié appuyé sur son épaule à travers les couloirs. Ils laissèrent Rogue stupéfixé dans la tour, Harry retournerait le chercher avec Dumbledore pour avoir une petite conversation. Dès que Mrs Pomfresh vit les deux jeunes hommes arriver, elle eut une mine sévère, mais se calma en voyant l'état du blond. Lorsque ce dernier fut plongé dans un sommeil sans rêves grâce à une potion, Harry expliqua brièvement à l'infirmière ce qui s'était passé.
À suivre
