Chapitre III
Le pendentif
Tout était noir, la seule lumière présente était celle de la lune et des étoiles dans le ciel. On distinguait des ombres qui formaient un grand cercle dans la plaine. Tous regardaient au centre où se trouvait ce qui semblait être deux hommes. L'un était à genoux, replié sur lui-même. L'autre était debout, sombre et menaçant, sa baguette magique sortie.
« Alors comme ça tu es le majordome de Delombre ?» dit-il d'une voix glaciale.
« Oui…c'est exact…je suis à son service depuis deux ans… »
« Et tu dis que tu aurais des renseignements à me fournir à propos d'un certain pendentif que ton maître aurait ? »
« Oui…c'est cela. J'ai remarqué que monsieur Delombre portait toujours un étrange pendentif…attaché à une chaînette d'argent qu'il a au cou…cet objet lui vient de sa famille, je crois… »
« Et à quoi ressemble-t-il ce pendentif ? »
« C'est une bille de verre noir, ou quelque chose comme ça… entourée d'une monture d'argent, comme si on voulait l'empêcher de se casser… Il y a aussi des inscriptions dessus, mais je n'ai pas pu les lire… »
« Oui, c'est ce que je croyais », dit le lord noir en ce retournant vers ses fidèles. « Edward Delombre va recevoir une petite visite demain soir…visite dont il ne se tirera pas vivant je le crains… »
Puis, se retournant vers le majordome, il continua :
« Tu ne vas pas essayer d'aller avertir ton maître de notre venue au moins… »
« N-non… bien sûr… je ne ferais jamais rien de pareil… »
« Dommage pour toi, mais j'aime mieux prendre mes précautions. AVADA KEDAVRA ! »
« HARRY ! »
Harry ouvrit enfin les yeux. Il était dans sa chambre du 12 square Grimmaurd. Ron était penché au-dessus de lui. Derrière, il pouvait voir Mrs. Weasley qui tenait une chandelle dans ses mains et Maugrey Fol Œil, près de la porte, sa baguette sortie.
« Harry, est-ce que ça va ? » demanda Ron.
« Ron ? Qu'est-ce qui s'est passé ? »
« Je ne sais pas. Tu as crié quelque chose dans ton sommeil et ça nous a réveillés. À quoi rêvais-tu Harry ? »
« Je… », dit Harry en essayant de rassembler ses souvenirs. « …Ce n'était pas un rêve ordinaire, je suis sûr que ça s'est réellement produit. Ce n'est pas comme l'an passé, c'est…différent. Il y avait Voldemort…et il interrogeait un homme…c'était à propos d'un bijou, une bille noire, en pendentif... »
En entendant cela, Mrs. Weasley et Fol Œil échangèrent un regard et la mère de Ron s'approcha de Harry.
« Qu'a-t-il dit au sujet de ce pendentif, Harry ? »
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« Aaaarg ! »
Míriel se réveilla en sursaut. Elle dormait depuis une heure à peine et il fallait qu'on la dérange. Cela venait du deuxième étage. Elle en était presque sûre car la pièce qui se trouvait sous elle au troisième était un salon décrépit où personne ne mettait les pieds.
« Et qui a-t-il dans le pièce deux étages sous moi ? La chambre de Potter bien sûr ! Pourquoi ne peut-il pas laisser le monde dormir en paix celui-là ? »
Míriel se retourna dans son lit, bien décidée à se rendormir. Des pas se firent alors entendre dans les escaliers et dans les couloirs situés plus bas.
« Bon, qu'est-ce qu'il y a encore ? Il n'est pas capable de se rendormir tout seul, Saint Potter ? »
La jeune fille se leva à contrecoeur de son lit, décidée cette fois à aller dire à tout ce monde ce qu'elle pensait des gens qui font du bruit à 1h30 du matin.
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« Qu'a-t-il dit au sujet de ce pendentif, Harry ? » demanda Mrs. Weasley
« Alors on fait des cauchemars Potter ? »
Une jeune fille était appuyée dans l'encadrement de la porte, l'air sombre.
« La fille qui était dans le hall » pensa Harry.
« Tu devrais écouter, Delombre, ça te concerne », dit Fol Œil.
« Et en quoi est-ce que ce les rêveries de Potter me regardent ? »
« Ça concerne la Perle », dit l'ex-auror à mi-voix.
Míriel devint alors livide. Elle se dirigea vers le lit, écarta Ron du coude et empoigna Harry par les épaules, le fixant dans les yeux.
« Qu'est-ce que tu as vu ? »
« Je…c'était… », bafouilla Harry, intimidé par la jeune fille.
« Je t'en prie Potter, fais un effort. »
« Il y avait lord Voldemort et…il parlait d'un pendentif, d'une bille de verre noir avec une monture en argent », répéta Harry. « Elle appartient à un Delombre je crois… »
« Edward Delombre ? »
« Oui, c'est cela. Et Voldemort disait qu'il rendrait visite à cet homme…il voulait le tuer… »
« Quand ? » demanda la jeune fille d'un ton plus pressant encore.
« Demain soir. »
La jeune fille étouffa un juron en se levant d'un coup. Elle se dirigea ensuite vers le couloir à grands pas, sortit et alla vers les escaliers, Fol Œil sur les talons.
« Qu'est-ce qu'elle a ? » demanda Ron.
« Cela ne vous regarde pas mes chéris. C'est une affaire de famille », répondit Mrs. Weasley. « Maintenant, rendormez-vous. Vous allez devoir vous lever de bonne heure demain matin. »
Et elle sortit de la chambre en prenant soin de refermer la porte.
« Cet homme, Edward Delombre, c'est son oncle, non ? » demanda Harry.
« Ouais », répondit Ron. « Je me demande ce que Tu-sais-qui lui veut. »
« Et moi je me demande qu'est-ce que cette histoire de pendentif. »
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Míriel remonta rapidement dans sa chambre. Elle enfila par-dessus son pyjama la première robe qui lui tomba sous la main. Elle prit sa cape de voyage et sortit, son éclair de feu sur l'épaule. Dans la cuisine, elle retrouva Fol Œil qui l'attendait.
« Tu veux vraiment y aller ? » demanda celui-ci.
« Je n'ai pas vraiment le choix, non ? Il n'y a que les Delombre qui peuvent toucher à la Perle. »
« Mais pourquoi est-ce que c'est toi qui dois la prendre ? Tu n'es pas la dernière de ta famille il me semble. »
« Selon la coutume, ça devrait être mon cousin Frank qui s'en occuperait. Mais je ne crois pas avoir le temps de l'avertir avant demain soir. »
« Pourquoi ? Où est-il ce cousin ? »
« Aucune idée. On n'est pas très proche dans la famille. En fait, la dernière fois qu'on s'est vus, je devais avoir dix ans et je n'ai jamais pris la peine de prendre de ses nouvelles depuis, répondit-elle. « Et de toute façon, c'est un idiot immature et insouciant qui n'est probablement pas capable de mettre lui-même du dentifrice sur sa brosse à dents », continua-t-elle à mi-voix.
« Alors qu'est-ce que tu vas faire ? »
« Je vais lui écrire une lettre, à lui et à ma cousine, pour leur expliquer la situation et leur dire que je prends la Perle pour le moment. Il ne reste qu'eux dans la famille à présent. »
« Mais comment veux-tu exposer ça dans une lettre ? C'est bien trop dangereux. Et si elle se faisait intercepter ? »
« Et tu crois que je ne prends aucune précaution dans ces cas-là ? »
Míriel fit apparaître deux bouts de parchemin devant elle et, à l'aide d'une plume et d'encre, elle rédigea ceci :
2./2/4./9-/2 2/1. 2./2/4./3/9-/. 9-/4/4./3- 1./4/3/4. 6./5/2 2/./3-/. 3-/2/10-/1/3/1. 7-/2 2./4./2/1./3- 9-/1 2./2/4./9-/2 2./4/5/4- 9-/'/3/1./5./6./1/1.
10././3-/.
L'ex-auror la regarda, perplexe.
« Et qu'est-ce que ça veut dire tous ces chiffres ? »
« En bref, ça dit qu'Edward Delombre va se faire assassiner et que je prends la Perle pour le moment. Je t'avais dit que je prenais mes précautions », dit-elle en regardant le visage désorienté de Fol Œil.
La jeune fille recopia le texte sur les deux parchemins, scella les enveloppes et les tendit à Maugrey.
« Tu donnes ça à deux de mes hiboux et comme adresse tu leur dis : Lawrence et Jones. Ils comprendront. Le manoir de mon oncle se situe dans les environs de Plymouth. Cela devrait me prendre trois heures pour m'y rendre. Arrivée là, cela ne devrait pas durer plus d'une heure. Le temps de revenir, de faire ma valise, je pars pour King's Cross et je m'embarque dans le train. Il est deux heures, je devrais être de retour ici vers neuf heures. »
« Comment ça de retour vers neuf heures ? » fit Mrs. Weasley en entrant dans la cuisine. « Tu n'as pas l'intention de passer la nuit dehors j'espère ! Je te rappelle que c'est la rentrée demain et que tu dois être en pleine forme. »
« Et vous croyez peut-être que c'est pour mon bon plaisir que je vais voler plus de 600km en une nuit ? »
« Non…mais, je… »
« Écoutez Mrs. Weasley, si je reste ici à ne rien faire et bien le seigneur des ténèbres va s'emparer de la Perle et j'aime mieux ne pas penser aux conséquences que cela pourrait entraîner. »
Sans plus attendre, Míriel prit son balai, se dirigea vers le hall d'entrée, ouvrit la porte et avant de sortir, se retourna vers Fol Œil.
« Surtout, n'oublie pas les lettres. »
Et elle partit.
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De nombreuses heures plus tard, Míriel fit son entrée au 12 square Grimmaurd. Elle était exténuée. Le voyage de retour avait été plus long que prévu. Le manque de sommeil se faisait tant sentir qu'elle en avait eu du mal à tenir sur son balai. Elle remonta les escaliers lentement. La maison était silencieuse. Tout le monde devait être déjà parti à la gare. Il était déjà dix heures passées. Arrivée dans sa chambre, Míriel chercha sa valise des yeux. Elle ne l'avait plus utilisée depuis Durmstrang. À l'aide d'un sort, elle regroupa tout ce dont elle aurait besoin. Elle prit soin de se changer en « moldu » pour ne pas qu'on la remarque. En fait elle ne fit que se recouvrir d'un long imperméable. Elle fit un dernier tour pour voir si elle n'avait rien oublié et sortit finalement. Une fois dehors, elle enfourcha une nouvelle fois son balai en prenant soin que personne ne l'aperçoive.
King's Cross était pleine à cette heure. Míriel essaya de s'orienter. Cela faisait déjà six ans qu'elle y avait mis les pieds pour la dernière fois. Elle repéra enfin la jointure entre les quais 9 et 10.
« Ah, enfin » pensa-t-elle.
Une fois passée la barrière magique, Míriel fit disparaître son imperméable sous lequel elle commençait à étouffer. Le quai 9 ¾ était bondé par les élèves et leurs parents. Elle se faufila à travers la foule et gagna le train. Ella traîna sa valise jusqu'à la queue du convoi, dans le dernier compartiment.
« Au moins, là je ne serai pas dérangée. »
Elle hissa sa malle dans le filet prévu à cet effet et se laissa tomber sur la banquette. Elle était morte de fatigue. Sa nuit n'avait pas été de tout repos. Elle appuya sa tête sur le rebord de la fenêtre, voyant ainsi les familles qui s'entassaient sur le quai. Elle s'endormit avec comme dernière vison, l'expression allègre des élèves qui avaient hâte de retrouver leur école.
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Harry venait d'arriver sur le quai 9 ¾ en compagnie de Ron et d'Hermione. Il ne restait que quelques minutes avant que le Poudlard Express ne parte et ils les employèrent à dire au revoir à tous les membres de l'Ordre qui étaient présents. Le train siffla, indiquant aux passagers son départ imminent. Les trois Gryffondors durent alors s'embarquer sans plus attendre.
Mrs. Weasley, inquiète, s'approcha de Fol Œil pour lui parler.
« Alastor, j'ai peur que Míriel ne manque le train. Elle n'est pas encore revenue. Pourtant elle avait dit qu'elle serait de retour à neuf heures. »
L'ex-auror balaya le train de son œil magique.
« Tu t'en fais pour rien, je la vois dans un compartiment, au fond complètement. »
« Ah ! Très bien, alors je suis soulagée. »
Le coup de onze heures sonna à l'horloge de la gare et tout le train s'ébranla avant de se mettre en marche. Harry déambulait dans le couloir à la recherche d'un compartiment vide. Ron et Hermione avaient dû rejoindre le wagon de tête puisqu'ils étaient préfets, mais ils avaient assuré Harry qu'ils le rejoindraient dès que possible. Ce dernier essayait donc de leur trouver, à eux et à lui, des places où ils pourraient s'installer. Désespéré, il arriva à la queue du train sans avoir rien déniché, lorsqu'il vit que le dernier compartiment était inoccupé. Ou presque. Il n'y avait là qu'une seule personne, une jeune fille, endormie, la tête reposant sur le bord de la fenêtre. Il décida d'aller voir si elle n'avait rien contre le fait de partager la place.
Le bruit qu'il fit lorsqu'il referma la porte du compartiment derrière lui la réveilla en sursaut. Elle regarda, l'air endormi, qui l'avait tirée de son sommeil. Quand elle le remarqua, Harry lui tendit la main en gage de présentation.
« Salut, ça te dérange si je m'assois ici ? Les autres compartiments sont déjà pleins. Et, ah, au fait, je m'appelle Harry. Je ne crois pas qu'on se soit déjà rencontrés. »
« On t'a jeté un Oubliette ou t'as réellement la mémoire d'un poisson rouge, Potter ?» marmonna-t-elle méchamment.
Harry reconnut alors la jeune fille, mais c'était peut-être la dernière personne qu'il s'attendait à rencontrer dans le train.
« Míriel Delombre, c'est ça ? »
« Ouais. Je suis condamnée à toujours me faire réveiller par toi on dirait. »
« Je suis désolé. Je ne le fais pas exprès. »
« Et tes deux zigotos d'amis ne sont pas avec toi ? »
« Ron et Hermione ? Non, ils sont dans le wagon de tête, ils sont préfets. Mais ils m'ont dit qu'ils me rejoindraient dès qu'ils pourraient. »
« Ah bon ! Le grand Harry Potter n'est pas préfet, lui ? Et par contre le rouquin énervé l'est. C'est étrange, non ? Finalement Saint Potter n'est pas aussi parfait qu'on pourrait le croire ! »
Harry, insulté, lança un regard noir à la jeune fille. Regard dont elle ne se soucia pas le moins du monde.
« Et qu'est-ce que tu fais dans ce train au juste ? Tu n'étais pas supposée aller à Durmstrang ? »
« J'étais supposée aller nulle part cette année. Mais le vieux débris a insisté pour que je reprenne les études. »
« Le vieux débris ? Quel vieux débris ? »
« Dumbledore. »
Harry regarda la jeune fille, stupéfait. Elle insultait le directeur d'une façon si naturelle qu'elle en était déstabilisante.
« Mais pourquoi n'es-tu pas retournée à Durmstrang ? Tu avais sûrement plein d'amis là-bas. »
Míriel eu un petit rire sans joie.
« Des amis dis-tu ? Si on peut qualifier d'ami quelqu'un qui se tient avec toi seulement pour ton nom et ton argent. Alors oui, j'ai plein d'amis mais je n'ai pas la moindre envie de les revoir. »
« Ah… je vois. »
« Au fait, ce sont les Weasley qui t'ont dit que j'allais à Durmstrang ? »
« Euh…oui », dit Harry, ne sachant pas s'il devait avouer ou non l'enquête que Ron et ses frères menaient sur elle.
« Et ils t'ont dit aussi tout ce qu'ils avaient découvert sur moi, je présume ? »
« Oui, mais…comment es-tu au courant qu'ils cherchent des informations sur toi ? »
« Facile, ce n'est pas très subtil leurs manières de procéder : « Míriel est-ce que je pourrais te poser une question ? …Fred et moi on se demandait où est-ce que tu avais fait ta deuxième année…Ta mère c'est Eleanor Delombre, non ?... C'est qui ton père au juste ? » »
« Je dois avouer que ce n'était pas très dur de s'en rendre compte, vu comme ça. Et tu leur répondais ? »
« Bien sûr que non ! Ce n'est pas de leurs affaires tout ça. »
« Mais le nom de tes parents, c'est tout de même pas confidentiel… »
La jeune fille lui lança un regard noir.
« Bon, ça va, je n'ai rien dit », se reprit Harry.
Après quelques minutes de silence, Harry tenta de renouer la conversation.
« Dans quelle maison crois-tu être placée ? »
« Gryffondor », répondit Míriel sans la moindre hésitation.
« Comment peux-tu en être aussi sûre ? »
« Je croyais que les Weasley t'avaient appris que j'avais fait ma première année à Poudlard. »
« C'est vrai, j'avais oublié. Mais je pensais que…tu sais… tu as étudié à Durmstrang et en plus toute ta famille a dû passer par Serpentard, alors je croyais… »
« Que j'irais à Serpentard moi aussi. Bien sûr, puisque tous les Delombre sont allés à Serpentard », dit-elle d'un ton sec. « Mais non, moi je n'ai pas été envoyée là comme tu peux le remarquer. Mais malgré cela on continue à penser que je ne vaux pas mieux qu'eux, n'est-ce pas ? Maintenant, si ça ne te dérange pas, je crois que je vais me rendormir. Je n'ai eu qu'une heure et demie de sommeil depuis hier et je suis un peu fatiguée », continua la jeune fille rapidement avant de s'accoter sur le rebord de la fenêtre et de fermer les yeux.
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« Comment se fait-il qu'elle revienne à Poudlard ? »
Míriel se réveilla après quelques heures de repos. En entendant ces paroles, elle décida de garder les yeux fermés, feignant le sommeil. Il était bien évident qu'on parlait d'elle et elle avait envie d'en savoir plus.
« Elle s'est fait renvoyer de Durmstrang ou quoi ? dit la voix de Ron. »
« Non mais vraiment ! Comment peut-il penser que moi, je pourrais me faire renvoyer ! », pensa-t-elle.
« Non, elle m'a dit que c'était Dumbledore qui l'avait obligée de revenir. »
« Ça se comprend », dit la voix d'Hermione. « Elle devait finir ses études. »
« Et tu crois qu'elle sera dans quelle maison ? »
« Elle était à Gryffondor en première année. Enfin, c'est ce qu'elle m'a dit. Pour ma part, je la verrais plus à Serpentard. Quand je lui parlais, j'avais vraiment l'impression d'être devant un de ces crétins… »
« Hum, hum… », fit Míriel pour signaler sa présence.
Elle avait maintenant ouvert les yeux. La comparaison avec les Serpentards ne lui avait pas plu du tout. Les trois amis se retournèrent alors et remarquèrent qu'elle n'était plus endormie. Ils se regardèrent, gênés que la jeune fille ait été au courant de leur conversation. Le silence menaça de s'installer, mais il fut troublé par l'arrivée du chariot à friandises.
« Bonjour les enfants. Vous voulez quelque chose ? »
Míriel prit alors conscience du creux dans son ventre. Elle avait très faim ! Elle n'avait pas eu le temps de déjeuner et l'heure du dîner était en train de passer elle aussi. Elle acheta pour cinq gallions de fondant du chaudron et de chocogrenouille. Harry, Ron et Hermione la regardaient faire avec étonnement. Elle déballa sa première chocogrenouille et la fourra dans sa bouche sans plus de cérémonies.
« Hey ! mais fais attention à la carte ! » s'exclama Ron en la ramassant dans l'emballage qu'elle avait jeté sans grandes précautions sur la banquette.
« Tu es trop chanceuse ! C'est Ptolémée ! Une des seules que je n'ai pas encore dans ma collection. »
« Tu peux la garder si tu veux. Si ce n'était que de moi elles finiraient toutes à la poubelle. »
« Vraiment ?! Tu me la donnes ! Merci ! »
La jeune fille savait que la méfiance de Ron à son égard, si jamais il n'en avait éprouvée, s'était envolée en fumée.
« Au fait Míriel, c'est bien cela ton nom je crois, si tu as fait tes études à Durmstrang, tu connais sûrement la plupart des élèves qu'il y avait là-bas, non ? » demanda Hermione, à son tour.
« Pas mal, pourquoi ? »
« Tu ne connaîtrais pas Viktor par hasard ? Ça fait longtemps que je n'ai pas eu de ses nouvelles et je me demandais si… »
« Viktor ? Krum tu veux dire ? »
« Oui, c'est ça. Tu le connais ? »
« Bien sûr. Qui ne connaît pas le grand, le beau, le fantastique et le populaire Viktor Krum, attrapeur de l'équipe de Quidditch de Bulgarie ? » dit Míriel avec une pointe d'ironie dans la voix. « Mais ça fait longtemps que je ne lui ai pas parlé. Il a passé la plus grande part de sa 7e année à Poudlard à cause du tournoi des trois sorciers et on ne s'est pas revus en dehors de l'école après cela. De toutes façons, j'étais revenue en Angleterre et lui en Bulgarie alors… »
« Ah d'accord, je vois », fit Hermione sans cacher sa déception.
« Mais elle se trouve où finalement cette école ? » demanda Harry. « Tu y es allée, alors tu devrais savoir. »
« Je n'y vais plus et je n'ai aucune loyauté envers ces imbéciles, alors je ne vois pas pourquoi je garderais cela secret. C'est en Russie, un peu plus au nord que Saint-Pétersbourg. »
« Mais si c'est en Russie, ça veut dire que tu parles russe ? » demanda Hermione, intéressée.
« Tack, zuéchajno » 1 répondit-elle. « Je parle aussi un peu français, mais je ne l'utilise presque jamais. »
« C'est vrai qu'ils enseignent la magie noire là-bas ? », lança Ron.
« Tu ne veux pas savoir ce qu'on apprend, Weasley », dit Míriel « Ça risquerait de te donner des cauchemars. »
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Plus tard, pendant que Harry et Ron se disputaient une partie d'échecs et qu'Hermione entamait le 3e chapitre de ce qui devait être « Sort et Enchantements, niveau 6 », Míriel, elle, regardait le paysage défiler derrière la fenêtre. Soudain, la porte du compartiment s'ouvrit et laissa apparaître Draco Malfoy, escorté de ses deux acolytes.
« Alors Potter, t'as réussi à te garder en vie jusqu'à la rentrée ? » dit celui-ci de son habituelle voix traînante.
« Va te faire voir, Malfoy. »
Le Serpentard balaya le compartiment des yeux et remarqua la jeune fille accoudée à la fenêtre.
« C'est qui elle ? » demanda-t-il.
Míriel se retourna alors, un grand sourire faux aux lèvres.
« Draco, quelle bonne surprise ! » dit-elle avec un sarcasme flagrant.
L'expression narquoise du Serpentard se décomposa au fur et à mesure qu'il réalisait qui était la personne devant lui. Bientôt il la regardait d'un air où se mêlaient la haine et la stupéfaction.
« Delombre ? Mais qu'est-ce que tu fiches dans ce train ? »
« Je prie pour supporter ta présence le moins possible cette année. »
« Quoi ? Ne me dis pas que tu vas à Poudlard. »
« On est deux à s'enthousiasmer de cette perspective n'est-ce pas ? »
Cela ne prit pas un mot de plus pour que le Serpentard sorte presque en courant du compartiment, l'air aussi horrifié que si on lui avait annoncé qu'il avait été fiancé à Miss Teigne. Ses deux acolytes se contentèrent de le suivre, sans rien comprendre, comme à leur habitude. Lorsque la porte se referma, Harry, Ron et Hermione se retournèrent tous vers la jeune fille, étonnés.
« Je ne savais pas que tu le connaissais », dit Hermione en s'adressant à Míriel.
« Disons que c'est un très cher ami d'enfance, avec qui je partage mes peines et mes joies depuis des années. Nous sommes comme les deux doigts de la main, lui et moi… » raconta-t-elle avec une mine d'enterrement.
Elle avisa l'air abasourdi des deux garçons avant de lever les yeux au ciel. Quels néophytes en matières de sarcasme ! ...
« En vérité j'ai des petits arrangements financiers avec son père. Et nos deux familles ont toujours été très proches. C'est pour ça que je suis très souvent rendue chez eux… Mais je n'ai jamais réussi à supporter Draco… »
Le reste du voyage se passa sans autres incidents. Le train fit son entrée à la gare de Prés-au-lard sous une fine pluie. Les élèves se pressèrent sur le quai pour pouvoir rejoindre les diligences avant d'être trempés. Les première année étaient bien à plaindre. Harry, Ron et Hermione embarquèrent en compagnie de Míriel. Cette dernière se contenta de regarder par la fenêtre durant tout le trajet, son visage s'assombrissant de plus en plus pendant que la diligence s'approchait de Poudlard. Le château resplendissait de toutes ses lumières en ce soir de septembre. Il était visiblement déplaisant à la jeune fille de retourner en ces lieux. Cela lui rappelait sûrement de mauvais souvenirs.
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1 Oui exactement (c'est en russe)
