Sa mort ne les sauvera pas.
J'ai observé sous toutes les coutures les livres de Harry Potter, je n'ai trouvé nul part Naviek, uniquement JK Rowling...
Cette fic parle d'amour entre hommes, alors si vous n'aimez pas, passez votre chemin.
Elle parlera aussi de mort et de violence, mais là, tout est de la faute à « Vous Savez Qui »...
Chapitre 2: Le faire malgré tout.
Comme d'habitude, je suis descendu parmi les premiers pour le petit-déjeuner. Il faut dire que je ne dors pas beaucoup en ce moment.
Plus je sens le grand jour approcher et plus je me sens angoissé.
Et ce grand jour, c'est aujourd'hui.
Aujourd'hui, j'accomplis ma mission.
Aujourd'hui, j'enlève Potter de Poudlard.
Aujourd'hui, le seigneur des ténèbres va pouvoir se venger de Dumbledore et de cette école.
Je ne sais pas trop ce que je ressens.
De l'angoisse, à l'idée que je n'arrive pas à saboter la potion de Potter, que quelqu'un me surprenne, que ma mission soit un échec.
De l'appréhension à l'idée de la réaction de Potter quand on se retrouve seul, quand il se rendra compte que je suis le responsable de la situation.
De la joie, à l'idée de passer quelques jours seul avec lui, face à face avec ses yeux à l'éclat unique, avec son sourire si doux; à l'idée d'être là avec lui, à lui parler, à essayer de faire disparaître la lueur de tristesse qui assombrit son regard depuis la rentrée.
De la hantise : qu'est ce que le Lord Noir a prévu ? Pour Poudlard ? Pour les élèves ? Pour moi à mon retour ?
Pour Harry ?
Et après ? Une fois retourné dans le château envahi de mangemorts? Une fois que le survivant aura compris que je l'ai piégé ?
La haine qu'il ressent pour moi ne sera rien comparée à celle qu'il ressentira alors.
Je le perdrai.
Avant même de l'avoir eu, je le perdrai.
Alors, si je ne peux avoir que ces quelques jours avec lui, je vais profiter de chaque instant, pour lui parler, pour le regarder, pour l'aimer. Avant de le voir sombrer. Avant d'assister, impuissant, à sa détresse, à sa chute, à sa mort.
Je l'admire tellement, je souhaite tant le voir vaincre, le voir heureux. Et pourtant, je sais que seul face aux autres, il ne pourra pas s'en sortir. Sans aide, il ne pourra rien contre le Lord Noir et ses serviteurs.
Je pourrais l'aider. Je voudrais l'aider.
Je sais que je ne ferai rien.
Je ne peux pas l'expliquer. Moi même, je ne me comprends pas. Je serai sous imperium, je pourrai me dédouaner, me disculper. Mais non, je suis libre. Libre de l'aider. Libre de le combattre. Libre de choisir mon camp.
Pourtant, mon coeur hurle de soutenir le survivant. Il sait que le monde du Lord Noir sera un monde craint par les enfers même. Il sait qu'accomplir ma mission entraînera l'âme pure d'Harry dans une douleur sans nom et son corps dans un cercueil sans fond. Mais mes bras, mes jambes, continuent malgré moi leur sombre besogne.
Que penseraient tous les autres du fort et orgueilleux Draco Malfoy s'ils pouvaient ne serait ce qu'effleurer mes pensées ?
Je me hais, je me vomis. Mais je ne peux fuir.
Il est entré dans la grande salle, le sourire aux lèvres, insouciant.
Mon esprit lui hurle tellement fort de s'enfuir, comment peut-il ne pas m'entendre ?
Il est là, ses éternels cheveux noirs ébouriffés qui retombent en mèches folles sur son visage aux rondeurs enfantines, cachant sa célèbre cicatrice. Ses petites lunettes rondes lui donnent un air sérieux que démentent ses yeux rieurs et son sourire si lumineux.
Il est comme un ange. Trop pur, trop naïf, trop bon.
Il cache sa peine aux autres et pourtant, je la reconnais dans son regard légèrement voilé, donnant encore plus d'éclat à ses émeraudes inimitables.
Cette peine que je vais accroître, que je vais attiser.
Souris Harry, profite de ces instants avant que je ne te vole ton bonheur.
Je n'écoute même pas les élucubrations de mes voisins de tables, attirant le regard légèrement étonné de Blaise. Ne croyez pas que je sois bavard d'habitude, mais là, je n'ai pas eu mes insultes habituelles contre les Griffondors ni mes remarques acides envers Pansy qui me regarde avec ses yeux de cocker amoureux.
Alors, pour éviter ses questions, je me lève et traverse de mon pas royal la grande salle, la main plongée dans la poche, serrant nerveusement une petite fiole pourpre.
Simple comme une potion avait-il dit.
En premier, faire en sorte de me retrouver à côté de Potter. Ce cher survivant étant par trop prévisible, il suffit de le chercher un peu.
« - Potter, tu bouges tes fesses de là, c'est ma place !
- Ta place ? Mais tu ne t'es jamais assis là !
- Et bien j'ai changé d'avis alors tu décampes, et emmène la plaie ambulante avec toi ! »
Sa moue boudeuse aurait presque fait gagner mon coeur sur mon corps. Presque. Les ficelles qui me tirent sont des fils d'acier.
A ses côtés, la face lunaire a blanchi et rassemble à la hâte ses affaires, ce qui entraîne un froncement de sourcils de la part du survivant.
« - Il n'y a aucune raison de partie Neville. Draco n'est pas Dieu sur terre, on était là avant, alors on reste ! »
Devant mon regard noir et mon sourire sournois, le 'courageux' griffondor semble se ratatiner sur place, ses yeux passant de moi à Harry.
Je croise les bras d'un air suffisant, jetant un regard lourd de sens en direction du professeur de potion. Face de lune blêmit encore plus (si possible que ce fût) et se précipita vers une autre table.
« - T'es un bel enfoiré Malfoy ! »
Je ne lui réponds que par un sourire ironique, lui faisant ensuite signe de déguerpir aussi.
Mais Harry ne cède jamais.
« - Si tu crois que je vais bouger aussi, t'as avalé des fraises hallucinogènes ! »
Mon sourire s'élargit légèrement. Oui Harry, tu es trop prévisible.
« - Et bien mon cher PotterleSaint, tu vas devoir supporter ma présence car j'ai décidé de m'installer ici. »
Puis je lève un sourcil sardonique, lui faisant ensuite signe de déguerpir aussi.
« - Je ne sais pas pourquoi j'insiste ! C'est moi qui vais devoir supporter tes médiocres talents en potion. Si je récolte la moyenne, je pourrai me considéré comblé.
- Rien ne te retient Malfoy. Si t'es pas content, tu te trouves une autre place ! »
Je ne lui réponds que par un rire sarcastique, installant consciencieusement mes affaires sur la table.
« - Potter, va chercher les ingrédients ! »
Son regard noir me ferait presque rire. Mais il finit par se lever.
Potter, ta gentillesse te perdra.
Je profite qu'il soit parti pour verser dans l'eau du chaudron le contenu de la petite fiole. Le sirop purpurin se propage doucement à tout le liquide, devenant de plus en plus pâle, jusqu'à n'être plus décelable.
Qu'importent les ingrédients que l'on y mettra, la potion nous emmènera tous les deux dès que la fétuque Elijah Blue sera intégrée.
Prends garde Harry, le piège se referme.
Je mélange d'un air rêveur le contenu du chaudron.
Mes yeux dévient lentement vers mon voisin, occupé à couper les vers de Forgia. Il est très concentré sur sa tâche, les sourcils légèrement froncés.
Un léger frisson me traverse. Il est d'une beauté ensorcelante, à la fois sauvage et d'une douceur incomparable, comme une panthère qui aurait rentré ses griffes et qui ronronnerait sous les caresses de son maître.
Je ferme les yeux douloureusement. Je ne peux pas le faire. Je ne peux pas le détruire. Je veux faire disparaître la tristesse de ses yeux, pas y créer un gouffre de désespoir. Je ne peux pas. Je ne peux pas.
« - Malfoy. Malfoy ! »
J'ouvre les yeux sur deux étincelles smaragdines qui me fixent d'un air déconcerté.
« - Malfoy, je t'appelle depuis 5 minutes, t'as disjoncté ou quoi ? »
Aucune réplique ne me vient. Mes yeux descendent sur les tronçons de vers.
« - T'as fini ?
- Oui, j'attends que tu mettes la fétuque pour pouvoir les intégrer. »
Mes yeux remontent vers les siens, puis glissent vers les herbes bleutées qui me narguent, avant de se perdre à nouveaux dans les siens. Une lueur interrogatrice les fait briller, et c'est d'une voix presque douce qu'il reprend.
« - Malfoy, la fétuque. Elle est à côté de toi. On doit la mettre maintenant, sinon la potion sera fichue ! »
Je dois avoir l'air étrange à le fixer comme ça. Mes iris gris se dirigent une nouvelle fois vers les feuilles azurées. Mécaniquement, mon bras s'avance vers elles, les prend, puis se replie, les rapprochant inexorablement du mélange bouillonnant, pendant que ma tête résonne de cris, de refus, d'horreur.
Ma main est maintenant au dessus du liquide. Un dernier regard vers mon voisin qui ne cache plus son interrogation devant mon étrange comportement.
Et c'est mes yeux dans les siens que mes doigts s'ouvrent lentement.
Pendant une seconde qui me parait une éternité, rien ne se passe. Puis le bourdonnement du liquide s'accentue.
Les yeux de Potter ont quitté les miens pour se fixer sur le chaudron. Voyant le mélange devenir de plus en plus instable, il se lève brusquement me criant de m'éloigner.
Dans un état second, j'entends Rogue nous ordonner lui aussi de partir, mais mon corps ne réagit plus.
Je sens des mains empoigner mes bras et me forcer à me lever. Des prunelles émeraudes se fixent dans les miennes, me suppliant de bouger. Alors je m'accroche à elles et me lève. Je m'accroche à elles pour m'en sortir, pour lutter contre ce corps à la volonté propre. Je m'accroche à elles pour m'éloigner de ce chaudron. Je m'accroche à elles avec l'énergie du désespoir.
Je fais un pas, puis deux, sous l'éclat à la fois bienveillant et inquiet de ces deux prunelles de jade.
Je crois que j'ai entendu le bruit avant même de sentir la douleur. Puis, je me suis senti entraîner dans un tourbillon effrayant, avec pour seuls repères la chaleur de deux mains sur mes bras, et le souvenir sous mes paupières baissées de deux iris d'un vert surnaturel.
Tes prunelles émeraudes nous ont presque sauvés Harry. Presque.
Alors que mon esprit s'évanouit peu à peu, je sens sur mes joues des sillons humides se former.
Harry, tu es le seul qui puisse me faire pleurer.
