4-Un trajet troublant

Flack finit par reprendre conscience. Il sentit immédiatement une main douce caresser ses cheveux, de manière rassurante, et quelque chose de chaud sous sa tête. Il se mit à remuer pour se redresser en douceur et sentit sa tête pulser de douleur. Ok, on l'avait assommé et pas vraiment avec gentillesse. Don se retourna enfin pour voir la propriétaire de la main douce.

Don (étonné) Stella ?

Stella (avec un petit sourire) Salut Flack. Ça va la tête ?

Don (portant la main à son front et sentant le sang sous ses doigts) Heu…Oui, si on veut…Où sommes-nous ?

Stella : Actuellement, dans une fourgonnette.

Don (sentant le mouvement) En effet…Et on roule. Ça fait combien de temps… ?

Stella (souriant) Je compte dans ma tête. Ils ont brisé nos montres. Et ils ont balancé nos armes…

Don (grommelant) Formidable…

Soudain, la vieille camionnette rencontra une bosse, faisant ainsi cahoter brutalement le véhicule et faisant tomber Don et Stella.

Un peu sonnée, Stella sentit un corps fort et chaud sur le sien, des bras manifestement musclés l'entourer et une joue douce contre la sienne qui s'écarta lentement. La scientifique ouvrit les yeux pour tomber…sur les yeux incroyablement bleus de Flack, qui semblait à la fois troublé et désolé.

Quel conducteur à la manque ! Don fit mille insultes à l'abruti qui conduisait leur prison mobile. Le jeune détective se rendit soudain compte de la présence du corps svelte de la scientifique sous le sien, sa poitrine collée à son torse et sa joue frôlant la sienne. Chaud… Par réflexe, il l'avait prise dans ses bras pour amortir leur chute et la serrait encore contre lui. Flack leva lentement son visage du cou de Stella pour voir deux grands yeux émeraudes le regardaient d'un air surpris, ce qui le troubla plus que de raison. Il lui fit un regard d'excuse et finit par se relever tout en relâchant son étreinte.

Don : Excusez-moi, Stella.

Stella (lui souriant) Ce n'est pas grave…

Stella lui disait ça mais elle pensait à tout autre chose : un, elle avait un peu perdu le fil de sa concentration, perdant le compte exact des secondes. Et deux, elle sentait encore la présence des bras de Flack sur son corps, sa chaleur réconfortante et entendait encore les battements affolés de son cœur, comme l'étaient les siens actuellement.

Don essayait de penser à autre chose, pour se calmer et ralentir son rythme cardiaque…Voyons…Une douche froide, glaciale même…Puis Stella finissait par le rejoindre, faisant ainsi augmenter la température, puis elle commençait à le caresser tout en fixant tendrement son visage avec ses beaux yeux verts. Puis elle…Non, non, non ! Le boulot. Bonne idée. Un cadavre sanguinolent au sol, des larves et d'autres insectes s'activant sur le mort en décomposition…Puis Stella qui arrivait, un sourire éblouissant aux lèvres. Et lui qui la plaquait contre un mur pour prendre ensuite ses lèvres sauvagement et…Stop ! Ça devenait malsain ! Son esprit était mal tourné aujourd'hui ou quoi ! Ou sa blessure à la tête était plus grave qu'il ne pensait…Flack secoua la tête quand la voix douce de Stella le fit sortir de ses pensées érotiques…et même plus…

Stella : Flack ? Flack ?

Don (essayant de regarder tout sauf Stella) Oui ?

Stella (s'approchant de lui pour chuchoter, afin que leurs ravisseurs ne l'entendent pas) Ecoutez, j'ai essayé de semer un indice derrière nous, pour que les autres nous trouvent.

Flack avait à peine entendu les paroles de Stella. Il pouvait sentir son souffle chaud dans son cou, le faisant frissonner, et la proximité de la scientifique ne l'aidait pas vraiment à se concentrer.

Don : Ha…Heu…Bien…

Stella : J'aurais peut-être besoin de votre sang.

Don (tellement surpris qu'il revint de plein pied dans la réalité) Pardon ?

Stella : Pour qu'on suive nos traces…Nos ADN sont dans les fichiers de la police, n'est-ce pas ?

Don : Oui, aux dernières nouvelles.

Stella : Je pourrais cracher partout mais le sang est tout de même plus visible…

Don : Ma blessure n'est que superficielle, vous savez.

« Enfin, je crois » pensa-t'il. Car vu ses dernières pensées…

Stella (riant) Je n'ai pas besoin de litres de sang, Flack ! Une trace suffit.

La voir rire le rassurait. Leur situation n'était pas des plus merveilleuses mais Stella ne semblait pas avoir peur. Le détective nota soudain qu'on ne les avait pas attachés. Grave erreur ! Flack se leva alors et se dirigea doucement vers les portes de la fourgonnette, gardant un vague équilibre et faisant signe à Stella de rester silencieuse. Le jeune homme allait poser ses mains sur les poignées quand…

Ravisseur 1 : À ta place, je ne ferai pas ça, mon vieux…

Flack, surpris, se retourna pour voir un de leurs ravisseurs braquer son arme sur la tête de Stella par-dessus l'ouverture de séparation de la cabine du conducteur.

Ravisseur 1 : Allez, poulet, ramène-toi par-là.

Flack obéit, observant Stella. Quelle femme courageuse ! Elle ne tremblait pas et restait d'un calme olympien. Elle ne faisait que le fixer avec ses yeux verts, cherchant un point d'ancrage rassurant. Le détective finit par s'asseoir à ses côtés et ne bougea plus. Le seul mouvement qu'il fit fut d'entourer les épaules de Stella de son bras, protecteur.

Don : C'est bon, je suis là. Je bougerai plus.

Ravisseur 1 : Plus maintenant. (au conducteur) Arrête-toi.

La fourgonnette freina brutalement et les deux policiers entendirent un autre véhicule faire de même. Les portes finirent par s'ouvrir, faisant apparaître deux silhouettes. Deux hommes apparemment. L'un des deux leur fit signe d'approcher et les deux policiers s'exécutèrent. Flack observa rapidement l'environnement qui les entourait : une route qui semblait peu fréquentée, et manifestement au milieu d'une forêt…Comment Mac et son équipe allaient-ils les retrouver ? Puis Don se rappela de l'idée de Stella par rapport à son sang. Bon…Quand il le faut, il le faut. Le détective cracha sur l'un de leur ravisseur, qui semblait le plus bouillant des deux, et sa réaction ne se fit pas attendre. Il jeta violemment le détective sur l'asphalte et lui balança un puissant coup de pied dans les côtes, puis un deuxième plus furieux.

Stella (inquiète et effrayée) Flack !

Flack sentit enfin le sang dans sa bouche et le cracha au sol. Grincheux, décida-t'il de l'appeler, allait lui asséner un autre coup de pied quand son acolyte le fit s'arrêter.

Ravisseur 1 : Ça suffit ! On en a besoin vivant. Des deux.

Grincheux (grommelant) Ok…

Ravisseur 1 : Attache la fille, je m'occupe de lui.

Grincheux s'exécuta et scotcha les poignets de Stella puis fit de même avec ses chevilles. L'autre, que Don décida de surnommer Prof car il lui semblait que c'était le chef de leur petite bande, le releva tout en lui collant son arme sur la tempe. Il le fit asseoir rudement sur le rebord de la fourgonnette et commença à l'attacher à son tour.

Prof : Evite de jouer au plus malin, mon pote, car je ne t'assure pas la survie de ta copine, ok ?

Flack opina de la tête et fut enfin poussé dans la camionnette. Il rejoignit comme il put Stella et finit par s'appuyer sur la paroi, à ses côtés. La jeune femme le regarda avec inquiétude.

Stella (avec reproche) Flack, mais qu'est-ce qui vous a pris !

Don (en souriant) J'ai juste suivi votre idée…

Stella (intriguée) Quoi ?

Don (avec un sourire de pure malice) Mac va avoir droit à un nouvel indice.

Stella (comprenant puis soupirant) Flack…C'était risqué et dangereux. Ils auraient pu vous tuer !

Don : Si c'était le cas, ils m'auraient descendu quand j'étais entrain de bidouiller les portes. Pour une raison que j'ignore, ils ont besoin de nous vivants…pour le moment.

Le détective put sentir l'inquiétude de Stella quand elle entendit ses dernières paroles et il se rapprocha d'elle, touchant enfin son épaule avec la sienne pour la rassurer. Stella lui sourit et finit par poser sa tête sur l'épaule solide de Flack. La jeune femme eut l'étrange satisfaction de sentir le détective lui déposer un baiser sur les cheveux puis poser ensuite sa joue sur sa tête. Et bizarrement, malgré leur situation inquiétante, Stella se sentait incroyablement bien.