Chapitre 7

Miss Black

Harry et les autres membres de l'équipe étaient rassemblés dans le vestiaire du stade de Quidditch. Ils avaient enfin fini de passer tous les candidats. Le capitaine faisait maintenant le bilan des essais.

« Pour les poursuiveurs, nous pouvons tout de suite éliminer Mcdougall, Carter et Stuart. Ils sont vraiment trop mauvais. Holm et Marvin pourraient peut-être servir de remplaçants s'ils s'achètent de meilleurs balais. Il ne reste plus que Clark, Roberts et Delombre. Pour qui votez-vous ? »

« Delombre », déclara Ron. « C'est elle qui a marqué le plus de fois, non ? »

« Oui et, en plus, elle a un Éclair de feu », ajouta Andrew Kirke, le batteur.

« Moi, je parie que les Serpentards l'ont payée pour qu'elle nous fasse perdre si elle était choisie dans l'équipe », dit Katie.

« Tu dis n'importe quoi Katie. Premièrement, parce qu'elle les déteste bien trop pour faire une chose pareille, deuxièmement, parce qu'elle a déjà assez d'argent comme ça et, troisièmement, parce qu'elle est bien trop fière pour accepter de se faire ridiculiser en perdant », déclara Harry.

« Moi, je dis qu'il faut la prendre puisqu'elle a un Éclair de feu. C'est bien meilleur que les Nimbus 2001 des Serpentards. », dit Andrew.

« Elle sait très bien jouer. Je suis sûr que les autres gardiens n'auraient aucune chance devant elle », continua Ron.

« Surtout qu'elle a un Éclair de feu », rajouta le batteur.

« Pour ma part, je trouve que Clark était meilleur », dit Katie.

« Mais il n'a pas d'Éclair de feu, lui… »

« LA FERME ANDREW ! » s'exclamèrent les trois autres.

« Si on passe outre les balais, c'est Clark et Delombre les meilleurs, non ? » résuma Ron.

« Et je vous rappelle qu'on a deux places de libres », dit Harry. « On les prend les deux et c'est réglé. »

« C'est ok pour moi », répondit Ron.

« Pour moi aussi » dit Andrew.

Tous les regards se tournèrent vers Katie.

« Bon, d'accord », dit-elle en soupirant.

« Et pour l'autre batteur ? » demanda Andrew.

« Il n'y a que Stevenson à s'être présenté, alors nous sommes obligés de le prendre. »

« Bof…il n'est pas si pire. Avec de l'entraînement, ça ira sûrement. »

Harry prit alors un morceau de parchemin et commença à écrire.

Professeur McGonagall,

Voici le nom des joueurs et le poste qu'ils occuperont dans l'équipe de Quidditch de Gryffondor cette année :

Harry Potter, sixième année, attrapeur, capitaine

Ron Weasley, sixième année, gardien

Andrew Kirke, quatrième année, batteur

Jack Stevenson, troisième année, batteur

Katie Bell, septième année, poursuiveuse

Míriel Delombre, sixième année, poursuiveuse

Kevin Clark, cinquième année, poursuiveur

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Le lendemain matin, Míriel s'introduisit dans le dortoir des filles de septième année en prenant toutes les précautions possibles pour ne pas se faire entendre. Les cinq Gryffondors avaient fermé les rideaux de leur baldaquin et cela allait lui faciliter la tâche. Elle repéra facilement le lit de Katie Bell, c'était le seul à avoir un balai et une robe de Quidditch en dessous. Précautionneusement, elle ouvrit la valise de la poursuiveuse. Elle chercha à travers les grimoires et les bouteilles d'encre ce qu'elle voulait et elle ne tarda pas à l'avoir : son chaudron. Elle jeta un coup d'œil autour d'elle pour s'assurer qu'elle n'avait réveillé personne. Une fois rassurée, elle murmura le sort que Christian l'avait aidée à dénicher.

«Magnetis corpus »

Elle regarda alors sur la table à chevet de la jeune fille. Il lui fallait un objet que Katie garderait toujours avec elle durant la journée. Elle vit alors une bague en argent ornée de petites pierres brillantes rose vif.

« Et ce n'est sûrement pas des vraies en plus ! Mais c'est exactement ce qu'il me faut.»

Et Míriel répéta le même sort qu'elle avait utilisé sur le chaudron. Elle reposa ensuite la bague exactement au même endroit où elle l'avait prise et repartit. Elle sortit sur la pointe des pieds et referma la porte silencieusement. Et elle n'avait réveillé personne ! Elle descendit dans la salle commune pour retrouver Christian qui l'attendait.

« Tu as réussi ? » demanda celui-ci.

« Oui », répondit-elle, un sourire malicieux aux lèvres.

Ils se mirent en observation dans un coin de la pièce, attendant que Katie Bell se lève pour aller déjeuner. Cela ne tarda pas. On entendit bientôt un cri strident venant du dortoir que Míriel venait de quitter. On vit alors la poursuiveuse encore en nuisette sortir en catastrophe de sa chambre et débouler presque les escaliers tellement elle allait vite. Derrière elle, volait son chaudron et il semblait bien décidé à la suivre où qu'elle aille. La jeune fille courait à travers la salle commune, essayant de semer son attaquant pendant que Míriel et Christian avaient du mal à contenir leur fou rire. En fait, le terme « fou rire » s'appliquait seulement à la jeune fille, car son ami était littéralement plié en deux. Katie lança un stupéfix au chaudron, mais cela n'eut aucun effet. Il se passa la même chose lorsqu'elle essaya le maléfice d'entrave. Míriel et Christian se dirigèrent vers la sortie de la salle commune.

« Je suis de ton avis Bell, ton chaudron vole vraiment très bien », déclara la jeune fille en riant.

« Tu vas me le payer Delombre », menaça la poursuiveuse avant de devoir se baisser de justesse pour éviter le chaudron volant.

Christian était toujours hilare lorsqu'ils arrivèrent dans la Grande Salle, ce qui lui valut des regards interrogateurs de la part de quelques élèves. Míriel avait à peine eu le temps de s'asseoir que Harry se précipita sur elle.

« Míriel, bonne nouvelle, on t'a choisie comme poursuiveuse.»

« Ah, très bien », répondit-elle sans laisser transparaître la moindre émotion particulière.

« Le premier entraînement aura lieu mardi matin à 6h30. Alors, j'espère que tu aimes te lever tôt. »

« T'inquiète, j'y suis habituée. »

Dès que le capitaine fut parti, Christian laissa (encore) libre cours à son excitation.

« Wahou, c'est super ça ! »

Mais voyant que la jeune fille ne réagissait pas plus, il se reprit.

« Mí-ri-el, je-te-par-le. »

« Je sais Christian », répondit-elle sans lever les yeux de son toast.

« Mais pourquoi est-ce que tu ne t'exclames pas : « Youpi, je suis poursuiveuse dans l'équipe de Gryffondor !»

« Premièrement, parce que ce n'est pas mon genre de crier « Youpi » en plein milieu de la Grande salle et, deuxièmement, parce que je savais déjà que j'allais être choisie. J'étais bien meilleure que les autres. »

« Comment tu peux dire ça ? Tu ne les as même pas vus, les autres. »

« Non, mais j'étais sûre que j'étais meilleure parce qu'ils avaient l'air de cornichons empotés tenant des balais. »

« Tu sais que tu es trop sûre de toi, Míel ? »

« C'est le seul moyen pour aller loin dans la vie, Christounet. »

« Je te défend de m'appeler comme ça, Míriel Delombre. »

« Mais bien sûr, Christianouchounet.

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Environ un mois plus tard, le 20 octobre plus précisément, Christian attendait que Míriel le rejoigne pour le petit-déjeuner. La jeune fille était partie à son entraînement de Quidditch. Les Serpentards avaient réservé le terrain presque tous les soirs de la semaine et les Gryffondors se seraient retrouvés avec une seule pratique par trois semaines si le capitaine n'avait pas décidé qu'ils s'entraîneraient le matin. Míriel devait donc se lever à 5h00 du matin deux fois par semaine pour s'exercer au Quidditch. C'était d'ailleurs le cas de ce matin. Elle arriva vers huit heures, épuisée et affamée comme d'ordinaire.

« Ça s'est bien passé ? » demanda le jeune homme lorsqu'elle s'assit à côté de lui.

« 'mmmmm », répondit-elle, la bouche déjà pleine de porridge.

« Je prends ça pour un « oui » ou pour un « non » ? »

« 'mmm »

« On va dire « oui ». Et comment tu t'entends avec Katie ? Vous arrivez à jouer ensemble ? »

« Coté jeu, » articula-t-elle après avoir avalé, « Potter nous a averties qu'il ne voulait plus qu'on essaye de se faire tomber de nos balais puisqu'on joue dans la même équipe. Mais sinon….elle me déteste encore plus qu'avant à cause du coup que je lui ai fait, mais elle n'ose plus me dire quoi que ce soit de peur que je recommence. »

« C'est vrai qu'elle a été aux prises avec son chaudron pendant près de deux jours. Après quel objet l'avais-tu aimanté au juste? »

« Une de ses bagues. »

« Et comment pouvait-elle se débarrasser du chaudron ? »

« En disant finite incantatem tout simplement. C'est vrai que cela lui a pris beaucoup de temps pour le trouver. J'aurais essayé ça en premier à sa place. »

C'est à ce moment que le directeur tinta son couteau contre son verre pour réclamer le silence.

« Chers élèves, j'aimerais prendre quelques instants de votre temps pour vous annoncer une bonne nouvelle concernant la fête de l'Halloween. »

Des murmures se déclenchèrent aussitôt parmi les élèves des différentes maisons et Dumbledore dut attendre plusieurs instants avant de pouvoir reprendre la parole.

« En effet, les professeurs et moi avons eu la remarquable idée d'organiser un bal le 31 octobre au soir. »

Ce furent alors des cris de joie plus que des murmures qui fusèrent de part et d'autre de la Grande salle. Cette fois, le directeur eut beaucoup de mal à retrouver le silence.

« Je dois par contre vous préciser que la soirée sera réservée aux élèves de cinquième à septième année. »

On entendit alors les manifestations de déception de la part des élèves plus jeunes.

« Et non Christian, je ne m'exclamerai pas « Youpi » en plein milieu de la Grande salle », se dépêcha de préciser Míriel.

« Mais je n'ai rien dit ! » se défendit le garçon.

« Mais tu allais le dire. »

« … »

Lorsque le repas prit fin et que la cloche sonna, ils se séparèrent. Christian devait aller à l'extérieur pour son cours de botanique et Míriel dans les cachots pour son cours de potion.

¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤

Harry attendait depuis un moment déjà lorsque le professeur Rogue leur ouvrit enfin la porte.

« Allez à vos places et en silence. »

Pourquoi fallait-il qu'il leur précise sans cesse de ne pas parler ? « Entrez en silence, sortez vos ingrédients en silence, préparez vos potions en silence, partez en silence… » Ils avaient compris, pas la peine de répéter ! Et, de toutes façons, à qui aurait-t-il bien pu parler ? Le maître des potions l'avait mis à côté de Míriel Delombre et celle-ci l'ignorait royalement comme à chaque fois où ils étaient voisins de pupitre (dans trois cours sur quatre donc). Et même s'il avait été avec l'un de ses amis, il n'aurait pas osé faire la conversation puisqu'il était installé à la première table, juste devant le bureau de Rogue.

C'est donc en silence que Harry alla jusqu'à sa place et commença à sortir son matériel de potion. Míriel arriva à son tour et fit de même sans bien sûr lui accorder le moindre « salut » ou toute autre marque d'attention.

« Aujourd'hui, nous allons tester la potion de camouflage que vous étiez supposés mettre au point en devoir. Je ramasserai un échantillon à la fin du cours. Alors, essayez de me préparer quelque chose d'un peu moins pitoyable que la dernière fois. Allez, commencez. »

Harry regarda la recette qu'il avait préparée la veille (et qui lui avait pris une bonne partie de la nuit). Elle contenait au moins une vingtaine d'ingrédients et les instructions qui montraient les étapes de sa réalisation s'étalaient sur plus de deux feuilles de parchemin. Il devrait vraiment se dépêcher s'il voulait la terminer avant la fin du cours. Il se mit donc tout de suite au travail. Il sentait le professeur Rogue passer derrière lui, regardant probablement son travail de haut en affichant une mine méprisante. Il essayait pourtant de rester concentré. S'il manquait sa potion, ce serait bien pire. Le professeur ne lui adressa pourtant aucune remarque désobligeante, il réservait cela à Míriel maintenant.

« Et vous croyez pouvoir réussir une potion avec si peu d'ingrédients ? » murmura-t-il à la jeune fille.

Harry remarqua alors que la recette de sa voisine ne prenait que la moitié d'un parchemin, ingrédients et instructions mis ensemble.

« Ce n'est pas le nombre d'ingrédients, mais la puissance de ceux-ci qui détermine l'efficacité d'une potion. Vous devriez pourtant le savoir Rogue, vous êtes professeur, non ? » répondit Míriel à voix basse.

« Tsssss, vous êtes exactement comme votre père, (Harry se mit soudain à écouter avec plus d'attention) toujours en train de se croire au-dessus de tout le monde. Un clébard prétentieux qui a mal fini même s'il avait de bonnes notes. N'ai-je pas raison Miss Black ? »

En entendant ce nom, Harry tressaillit. dans Sirius Black. Mais cela n'avait sûrement aucun rapport, n'est-ce pas ? Il existait sûrement plus d'une famille Black. Il se rappelait même que l'oncle Vernon parlait sans cesse d'un financier moldu s'appelant comme cela.

Il jeta un coup d'œil à Míriel et vit qu'elle faisait de gros efforts pour ne pas réagir à ce que Rogue avait dit, se contentant de lui lancer des regards noirs. Il ne se risqua pas à lui poser de questions, préférant se concentrer sur sa potion. Il trouverait bien durant la journée un moment plus propice à la conversation.

¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤

La cloche sonna et Míriel put enfin sortir de la classe de potion. Cela lui avait pris à peine 30 minutes pour réaliser sa recette. 30 minutes sur 3 heures ! Pas besoin de préciser qu'elle s'était ennuyée à mourir. Elle se dirigeait maintenant vers sa salle commune pour rejoindre Christian et déposer ses livres. C'est alors qu'un garçon de septième année à Gryffondor l'interpella.

« Hey, attends-moi ! »

Elle se retourna pour voir qui était le jeune homme qui lui parlait de cette façon.

« Salut Míriel, tu permets que je t'appelle Míriel n'est-ce pas ? »

« Non », répondit-elle d'un ton glacial.

« Tu te souviens de moi au moins ? »

« Bien sûr. Comment aurais-je pu oublier Mark Stevens, celui qui me ridiculisait sans cesse devant toute l'école tout au long de ma première année ? » dit-elle sarcastiquement.

« C'était juste pour rire. Tu n'as pas le sens de l'humour ? »

Pour toute réponse, elle lui envoya un regard noir.

« Bon, bon, d'accord, je n'ai rien dit. »

« Qu'est-ce que tu veux au juste ? »

« Savoir si tu comptais aller au bal d'Halloween… »

« Pourquoi ? »

« Bien…je pensais qu'on pourrait y aller ensemble… »

« Merlin, comment peut-il exister de pareil imbécile ? » plaisanta-t-elle en russe pour ne pas que le garçon comprenne.

Elle tourna ensuite les talons, plantant ainsi le jeune homme en plein milieu du couloir.

« Ça voulait dire « oui » ton machin-truc en chinois ? » lui demanda-t-il.

« Premièrement, c'était en russe, deuxièmement, ça voulait dire « non » et, troisièmement, tu es un crétin », répondit-elle avant de disparaître au bout du couloir.

Míriel n'eut pas le loisir de raconter cela à Christian, car ils passèrent l'heure du midi à discuter Quidditch. La jeune fille était une fervente partisane des Appleby Arrows, mais son ami, quant à lui, ne jurait que par les Frelons de Winbourne. Le seul problème était que ces deux équipes étaient férocement ennemies. Bref, les deux adolescents débattirent tout le repas de qui avait le meilleur attrapeur. Et ils finirent par conclure que même si c'était les Appleby Arrows qui avaient les plus belles robes, leurs balais n'étaient pas meilleurs que ceux de l'école.

Ils durent ensuite se séparer, car les cours allaient reprendre. Míriel avait Défense contre les forces du mal tout l'après-midi. Finalement, ce n'était pas aussi ennuyant qu'elle l'avait d'abord cru lorsqu'elle avait appris que c'était son cousin qui lui enseignerait. Il était plutôt bon professeur. Il savait généralement mêler pratique à théorie de manière à rendre le cours intéressant. Et, bien sûr, il ne lui avait plus ôté un seul point.

« Aujourd'hui, les duels », annonça-t-il à la classe. « Le professeur Dumbledore m'a informé que vous aviez eu des cours à ce sujet en deuxième année. J'ai ensuite appris que c'était le professeur Lockhart qui les avait supervisés. Et puisque je considère cet homme comme hum...manquant légèrement d'expérience en la matière et aussi comme un... comment dire cela poliment... arriéré prétentieux, j'ai abaissé le terme de « cours » par celui de « piètre initiation ». Et, bien sûr, je ne considère pas une piètre initiation aux duels en deuxième année comme une base suffisante pour vos ASPIC », dit-il le plus sérieusement du monde.

Cela déclancha par contre quelques rires parmi la classe.

« Prenez votre livre à la page 134 et lisez le chapitre sur les « règles et procédures lors d'un duel ». Je vous donne 30 minutes. »

Les élèves s'empressèrent d'obéir et ouvrirent leur bouquin à la page demandée. Une demi-heure plus tard, tous avaient terminé, appréhendant le volet « pratique » qui suivrait sûrement.

« Voyons maintenant ce que vous avez retenu », déclara le professeur Lawrence. « Je veux une démonstration. Je vais donc prendre….Ernie Macmillan et….Míriel Delombre ? »

Il lança un regard à la jeune fille en disant cela. Un regard qui voulait clairement dire : « Allez cousine, on dit qu'ils savent se battre à Durmstrang. Alors, prouve-le. Tu as de la chance, je ne t'ai pas donné un adversaire trop difficile pour commencer.» Il tassa quelques bureaux contre le mur pour dégager un espace libre devant la classe où prirent place les deux élèves. Le Poufsouffle s'inclina bien bas devant Míriel qui, elle, ne fit qu'un léger mouvement de tête. Gêné d'avoir fait preuve d'autant de cérémonie inutile, Ernie se releva le teint écarlate. Ils se retournèrent alors et marchèrent une vingtaine de pas pour se placer à chacune des extrémités de la piste. Ils se mirent en garde, attendant le signal de leur professeur.

« J'ai envie de voir un VRAI duel digne de sixième année. Alors, faites-moi le plaisir de ne pas user du sortilège de désarmement qui est un peu trop simple. Faites preuve d'un peu d'esprit, mais si je te vois faire la moindre magie noire Míriel... », ajouta le professeur Lawrence en français (pour éviter le scandale public…) à l'adresse de sa cousine qui hocha la tête en signe d'approbation sans perdre pour autant son adversaire des yeux. « Quand je dirai trois. Un…deux…trois ! »

Ernie avait déjà amorcé son geste avant que le signal ne soit donné, mais le professeur ne le remarqua pas. Il fut donc plus rapide que la Gryffondor et il put lui lancer un sort avant qu'elle ait eu le temps de réagir.

« IMPÉDIMENTA ! » s'écria-t-il.

« Protegio, » riposta la jeune fille calmement.

« PETRIFICUS TOTALUS », dit le jeune homme en prenant le premier sortilège qui lui passait à l'esprit.

Míriel se baissa négligeamment et le maléfice lui passa par dessus la tête.

« Stupéfix », lança-t-elle et le garçon s'écroula par terre.

Elle se retourna alors vers son cousin. Lorsqu'il ouvrit la bouche pour parler, elle le coupa d'avance.

« Et la stupéfixion n'est pas de la magie noire, Frank. »

« Je ne voulais pas affirmer le contraire non plus », se défendit celui-ci. « Je voulais dire que c'était…bien, une belle démonstration, quoiqu'un peu rapide. Est-ce que tu pourrais maintenant réveiller Mr. Macmillan ? »

« Ernervatum » fit la jeune fille avec un geste nonchalant.

Ernie ouvrit les yeux avec air hébété et se releva, encore plus gêné qu'avant.

« Maintenant, placez-vous deux par deux », déclara le professeur Lawrence à la classe. « Montrez-moi ce que vous savez faire. »

Puis, il se tourna ensuite vers Míriel.

« Toi, je veux que tu essayes avec…Mr. Finnigan peut-être ? »

¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤

Lorsque la cloche sonna, Christian sortit de la classe de métamorphose, heureux d'échapper au courroux du professeur Mcgonagall qui n'était vraiment pas contente qu'il n'ait pas pu transformer correctement son livre en chien. « Dois-je vous rappeler que vous allez devoir passer vos ASPIC en juin, Mr. Hawkins ? » Il avait préféré ne pas répondre, décidant plutôt de se concentrer sur le « livre poilu » qu'il avait alors sous les yeux.

Il avait à peine fait quelques pas dans le couloir que Mark Stevens le rattrapa.

« Salut Chris. Ça va comme tu veux ? »

« Comme d'habitude. Et toi ça va ? »

« Non », répondit-il en fronçant les sourcils.

« Comment ça non ? Qu'est-ce qui t'es arrivé ? »

« J'ai demandé à une fille si elle voulait m'accompagner au bal d'Halloween et elle a dit que j'étais un crétin. »

« C'était qui ? » demanda Christian, en se retenant de rire.

« Delombre. »

Le jeune homme laissa alors libre cours à son hilarité.

« Qu'est-ce qui t'a pris de demander à Míriel Delombre d'aller au bal avec toi ? »

« Bah quoi, tu ne trouves pas qu'elle est vraiment canon cette année ? »

« J'avoue…mais tu pensais vraiment qu'elle accepterais d'y aller avec toi ? »

« Parce que tu crois que tu aurais eu plus de chance ? »

« Bien sûr, voyons. »

« Et pourquoi donc je te prie ?»

« Parce que, contrairement à toi, je suis, un, beau, deux, son ami et, trois, je sais m'y prendre avec les filles », déclara Christian.

« Ah oui ? Et bien, c'est ce qu'on va voir. Je te propose un pari : cinq gallions si tu réussis à aller au bal avec elle. »

« Seulement faire ça ? »

« …Et de l'embrasser en plein milieu de la Grande Salle. »

Christian réfléchit un instant.

« Marché conclu », déclara-t-il finalement.

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Dès que le professeur Lawrence annonça que le cours était fini, Míriel poussa un soupir de soulagement. Pour montrer au reste de la classe ce que voulait dire « savoir se battre en duel », son cousin lui avait fait lutter contre pas moins de la moitié de la classe. Après Ernie, il y avait eu Seamus Finnigan deux fois, Hannah Abbot deux fois également, Justin Flinch-Fletchley trois fois, Harry Potter six fois et même le professeur en personne ! (Ça s'était peut-être parce que Frank voulait absolument qu'elle perde au moins une fois…) Inutile de dire qu'elle était autant à bout d'énergie que de sorts. Elle sortit presque au pas de course pour être sûre que Frank ne la retienne pas, question de « J'ai un septième année là, ça te tenterait d'essayer de le battre lui ? ». Elle était allée si vite que les couloirs étaient encore vides lorsqu'elle arriva. Tout à coup, elle sentit le tapis glisser sous ses pieds.

Harry allait sortir de la classe et se diriger vers la salle commune pour rejoindre Ron et Hermione lorsqu'il vit Míriel Delombre le devancer et quitter la pièce en flèche. Sûrement voulait-elle éviter ainsi qu'on lui réclame un dernier duel. Trouvant l'idée excellente, il s'empressa d'imiter la jeune fille et sortit à sa suite. Lui aussi en avait marre des combats. Il la vit un peu plus loin devant lui quand, tout à coup, quelqu'un tira le tapis sur lequel elle était. Cela la fit tomber par terre, lui faisant échapper du même coup tous ses livres. Il remarqua ensuite Peeves s'enfuir en ricanant. Le coupable n'avait pas échappé aux yeux de Míriel et elle ne se priva pas de lui crier à la tête ce qu'elle pensait de ces « espèces d'imbéciles d'esprits frappeurs à la noix qui s'amusaient à tirer les tapis sous les pieds des gens. » Elle ramassa ensuite ses bouquins en vitesse avant de continuer son chemin. Harry vit alors qu'elle avait oublié quelque chose par terre.

« Hey Míriel, attends, tu as perdu un truc…, dit-il en ramassant l'objet en question sur le sol. Il s'aperçut alors que c'était une photo. En une fraction de seconde, il comprit deux choses : premièrement, que cette image était à lui et, deuxièmement, que c'était la photographie du mariage de ses parents : Lily et James avec Sirius à côté d'eux. Qu'est-ce que Míriel Delombre faisait avec une photo lui appartenant ?! Il leva les yeux et aperçut la jeune fille qui cherchait frénétiquement à travers les pages d'un de ses livres avant de relever la tête et de s'approcher de lui.

« Rends-moi ça Potter », dit-elle en tendant la main.

« Et je peux savoir qui est-ce qui t'a permis de fouiller dans mes affaires ? » dit Harry, soudainement en colère.

« Mais de quoi tu parles ? »

« Cette photo est à moi, alors comment est-elle entrée en ta possession ? »

« Et pourquoi serait-elle à toi cette photo je te prie ?»

« Ce sont mes parents qu'il y a dessus, je te signale. »

« Pas que tes parents, je te signale. »

Harry jeta un coup d'œil sur l'image. Qui restait-il si on ôtait sa mère et son père ? Sirius ?

« Mais pourquoi aurais-tu une photo de Sirius ? »

« Ce n'est pas de tes affaires Potter. Maintenant, rends-la moi. »

« Attends, j'ai le droit de savoir. Sirius était mon parrain, je te ferais remarquer. »

« Mais c'était aussi mon père, idiot ! » s'écria soudain Míriel.

Harry resta figé en entendant cela. Mais c'était impossible ! Sirius n'avait eu pas de fille, il ne s'était même jamais marié ! L'épisode du cours de potion lui revint alors en tête.

-Flash back-

« Tsssss, vous êtes exactement comme votre père, toujours en train de se croire au-dessus de tout le monde. Un clébard prétentieux qui a mal fini même s'il avait de bonnes notes. N'ai-je pas raison Miss Black ? »

-Fin Flash back-

Il ne réagissait toujours pas alors Míriel lui arracha la photo des mains et partit en courant. Ce n'est que plusieurs instants plus tard qu'il bougea enfin. Il se mit à marcher droit devant lui sans trop savoir où ses pieds le menaient. Il était bien trop préoccupé par la nouvelle qu'il venait d'apprendre. Sirius avait eu une fille et cette fille était Míriel Delombre. Juste avec cela, il y avait une dizaine de contradictions qui se présentaient à son esprit. Outre le fait que son parrain avait toujours été apparemment célibataire, il y avait aussi le problème de « l'incompatibilité des personnes ». Míriel était la fille d'une sorcière froide et vaniteuse, issue d'une famille noble obsédée par la pureté du sang. Elle était prétentieuse et effrontée, avait mille préjugés envers tout le monde et ne s'intéressait qu'à l'argent. Et Sirius était tout le contraire. Il détestait même les gens semblables à Míriel et à sa mère. Alors comment diable pouvait-il être son père ?!

Sans s'en rendre compte, Harry se retrouva en plein milieu de la salle commune. Il avait prononcé le mot de passe machinalement et était entré dans la pièce, trop absorbé par ses réflexions pour s'apercevoir de ses gestes. Il s'assit donc dans un fauteuil près du feu et regarda pensivement l'âtre en attendant Ron et Hermione.

« Salut Harry », fit le rouquin en venant s'asseoir à côté de lui.

« Est-ce que le cours de défense contre les forces du mal était intéressant ? » demanda la jeune fille.

« M'ouais », marmonna Harry sans quitter les flammes des yeux.

« Et qu'est-ce que vous avez appris ?»

« Rien d'intéressant… »

Les deux amis échangèrent un regard de totale incompréhension.

« Euh…Harry, est-ce que ça va ? »

« Mais oui, mais oui. »

« Mais alors à quoi est-ce que tu penses ? »

« Je viens d'apprendre que Sirius avait une fille », lâcha-t-il d'un coup.

« Pardon ?! Comment ça une fille ?» s'exclama Ron.

« Qui est-ce, on la connaît ? » questionna Hermione.

« C'est Míriel Delombre. »

Suivirent quelques instants de silence complet où chacun était trop étonné pour parler.

« Harry, tu as complètement disjoncté. C'est tout à fait impossible que Míriel Delombre soit la fille de Sirius. On parle bien de Sirius Black là, ton… »

C'est à ce moment là que Colin Crivey surgit à côté d'eux.

« Quoi ? Vous voulez dire Míriel Delombre, celle qui vient de Durmstrang ? Elle est la fille de Sirius Black, l'assassin ? »

Harry, Ron et Hermione se retournèrent d'un coup, surpris par l'interruption de Colin et mécontents d'avoir été écoutés.

« Il faut absolument que j'aille dire ça à mon petit frère, Dennis », s'exclama-t-il en s'en allant.

Harry tenta vainement de le rappeler, mais le petit garçon était déjà loin.

« Elle va me tuer… », murmura-t-il.

« Prions pour que Colin ne le raconte pas à toute l'école. »

¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤

Míriel jouait avec ses morceaux de viande du bout de sa fourchette. Elle était descendue pour dîner même si elle n'avait pas faim. Tout pour échapper à la salle commune des Gryffondors, car, bien sûr, là-bas tout le monde serait déjà au courant pour son « lien de proche parenté avec un assassin en cavale ». Et elle n'avait pas la moindre envie de devoir supporter les questions d'un groupe curieux de première année.

Bien sûr, dans quelques jours, toute l'école serait au courant et cela donnerait une raison de plus à tout le monde de se méfier d'elle ! Elle les voyait déjà murmurer entre eux : « Míriel Delombre, tu sais, celle qui vient de Durmstrang, il paraît que c'est la fille d'un criminel… » Quelle fabuleuse réputation, non ?

C'est à ce moment-là que Christian s'assit devant elle.

« Tu ne trouves pas que c'est un peu tôt 16 heures pour aller dîner ? » demanda celui-ci.

« Je sais, mais je ne voulais pas aller dans la salle commune. J'avais besoin d'être un peu tranquille. »

« Est-ce que ça te dérange si je reste ? »

« Bien sûr que non. Ça ne me dérange jamais quand c'est toi. »

Christian avait dû la chercher dans toute l'école avant de la trouver. Et pourquoi était-il si important qu'il la trouve ? Pour lui demander de l'accompagner au bal d'Halloween bien sûr. Il n'avait pas l'intention de perdre cinq gallions parce qu'un autre l'aurait demandé avant. Décidant d'aller droit au but, il aborda la question sans plus attendre.

« Est-ce que tu pensais aller au bal d'Halloween ? »

« Ça dépend », répondit Míriel, sachant très bien à quoi voulait en venir Christian.

« De quoi ? »

« S'il y a un garçon convenable qui m'invite et si je me trouve une robe adéquate. »

« Et est-ce que je suis un garçon assez convenable, moi ? » demanda Christian.

La jeune fille fit semblant de réfléchir pendant quelques instants.

« Hum…tu es plutôt acceptable. Tu ferais sûrement l'affaire. »

« Est-ce que je peux compter sur toi pour être ma cavalière alors ? »

« Bien sûr. »

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Au cours des jours qui précédaient le 31 octobre, plusieurs garçons demandèrent à Míriel si elle voulait les accompagner au bal. La réaction de la jeune fille variait entre leur rire au nez si c'était des Serdaigles ou leur envoyer un « non » glacial si c'était des Serpentards Les Gryffondors et les Poufsoufles n'osaient pas l'inviter, les uns parce qu'ils savaient maintenant qu'elle était fille de meurtrier et les autres, car ils craignaient encore qu'elle leur lance un sort de magie noire.

Les jours semblaient s'écouler au ralenti pour les élèves qui attendaient avec impatience le bal. Pourtant, le samedi de l'Halloween finit par arriver. La fête allait enfin avoir lieu.