Sa mort ne les sauvera pas.
J'ai observé sous toutes les coutures les livres de Harry Potter, je n'ai trouvé nul part Naviek, uniquement JK Rowling...
Cette fic parle d'amour entre hommes, alors si vous n'aimez pas, passez votre chemin.
Elle parlera aussi de mort et de violence, mais là, tout est de la faute à « Vous Savez Qui »...
Merci pour vos reviews, en espérant que vous ne m'en voudrez pas trop pour la fin de ce chapitre...
Chapitre 4: un des deux mourra.
Notre arrivée à Poudlard a été beaucoup plus douce que le transfert sur l'île. La vue un peu brouillée, les fesses à terre, il me faut cependant quelques minutes pour me remettre les idées en place.
Je lève alors les yeux, pour les plonger dans des prunelles rouge sang, surmontant un sourire froid et cruel.
Je frissonne violemment; j'ai l'impression d'être brûlé par ce regard de braise. Je ne peux détourner les yeux, ils sont comme prisonniers de ces iris vermillon.
Il le sait et son sourire s'accentue.
« Voilà le retour de ma marionnette préférée. »
Ses yeux se détachent alors de moi et me libèrent de leur emprise.
Je suis son regard et aperçois Potter à mes côtés. Lui aussi est à terre. Il a l'air un peu plus sonné que moi; ses blessures l'ont affaibli.
Je frissonne encore. J'ai peur pour lui.
Il fixe de ses yeux verts ceux rougeoyants du Lord Noir. Je ne perçois nulle peur dans ses émeraudes et je réalise que les craintes dont il m'a fait part sur l'île ne sont pas dirigées vers le Seigneur des Ténèbres. Il a peur pour ses amis, pour les élèves. Il a peur de ne pas vaincre, de laisser le mal régner. Mais il n'a pas peur pour lui.
Il prend sur lui et essaie de se relever. Sa grimace est à peine esquissée, mais je ne suis pas dupe. Il souffre encore beaucoup.
« Et voilà mon invité d'honneur… Harry Potter, bienvenu dans mon nouveau palais. »
D'un geste ample de la main, le Maître désigne la grande salle envahie de mangemorts et d'élèves aux yeux hagards.
« Mais tout le plaisir est pour moi, Tom Jédosur. »
Le Seigneur Noir tressaille en entendant la voix rauque murmurer ce prénom honni, mais son sourire réapparaît bien vite.
« Tu as l'air bien mal en point mon pauvre Potter. Mon bébé dragon t'aurait-il maltraité?
- Je vais bien, ne t'inquiète pas pour moi. »
La voix éraillée d'Harry tranche avec celle froide, caverneuse et légèrement sifflante du sorcier déchu.
Celui-ci s'approche doucement du griffondor.
« Alors, Harry, comment était ton voyage sur mon île ? J'espère que tu as profité du climat. Est-ce que mon bébé dragon t'a expliqué un peu les choses ?
- Désolé, Tom, je ne vois pas de quoi tu parles. Il n'y avait pas d'animaux sur cette île, à part quelques poissons. »
Sa voix rauque laisse transparaître un sourire. Je sens le Lord Noir partagé entre frustration et admiration.
Frustration de voir qu'Harry ne le craint pas.
Admiration devant celui qui ose le défier.
La deuxième l'emporte: son rire retentit dans la grande salle.
« Harry, Harry, Harry ! Tu me surprendras toujours. Voyons voir ce que tu as fait de ta semaine avec ma marionnette. »
Ses yeux sanglants se fixent dans les émeraudes du jeune homme qui se tient fièrement devant lui.
Je sens la puissance de son regard fouiller les pensées du griffondor. La lutte dure plusieurs minutes avant que le Lord ne lâche prise.
« Je suis admiratif Harry. Et dire que je pouvais te manipuler si facilement il y a quelques mois à peine. La mort de Black t'aurait-elle ouvert les yeux ?
Les yeux de jade du survivant s'assombrissent. Je connais bien l'histoire du ministère de la magie car j'ai entendu mon père en parler maintes fois, se moquant de la « stupidité de Potter ».
«- Tu croyais quoi Tom ? Que j'allais me morfondre dans ma chambre, brisé par la culpabilité, en attendant que tu reviennes dans mes pensées pour te servir de moi ?
- Je suis juste étonné que tu aies acquis
si vite un tel niveau d'occlumancie alors que plusieurs mois de bon
apprentissage avec mon très cher ami Rogue ne t'ont servi à
rien.
Tu ne cesses de m'étonner, petit lion, j'aurais
presque de la peine à te tuer. Tu ferais un si beau
partenaire, si seulement tu voulais bien t'allier à moi. »
Là, je tique un peu. La lueur dans ses yeux rougeoyants et ses paroles douteuses me perturbent. « Beau ? » « Partenaire ? » Avouez que ce choix est plutôt étrange.
Harry ne répond pas. Il se contente de le fixer de son magnifique regard, ce qui à l'air d'agacer le Maître.
« Puisque tu n'es pas bavard, je vais chercher une autre source de renseignement. »
Je ne m'y attendais pas. Il se tourne brutalement vers moi et me transperce de ses yeux de sang. Je le sens fouiller le moindre de mes souvenirs, la moindre de mes pensées.
Je hurle.
Je me sens violé.
J'ai l'impression qu'on me vole ces instants de bonheur avec Harry.
Cette intrusion s'arrête aussi vite qu'elle a commencé. Je sens toujours le regard du Lord posé sur moi. Je me suis effondré au sol. Je n'ose plus lever les yeux.
Je me sens faible, incapable de lui résister, plus vulnérable qu'une poupée de porcelaine.
J'ai tellement honte. Honte d'être faible, honte de ne pas pouvoir l'aider.
Honte d'être là devant toi, Harry, comme un vulgaire pantin qu'on malmène à sa guise.
Le rire caverneux du Lord Noir résonne une nouvelle fois.
« Que tu es drôle petit dragon sans flamme. Tu crois le mériter ? Tu crois qu'il se préoccupe d'un pantin désarticulé ? Tu es pitoyable. Bavant devant lui, comme un chien devant un sucre. Profite bien de ce que tu vois dans la vitrine. Tu n'auras jamais les moyens de te l'acheter. Il n'aime pas les lâches comme toi. Regarde-le! tu le dégoûtes...»
J'ai les yeux qui brillent mais je ne veux pas pleurer devant lui. Il ne demande que ça.
Je n'ose pas regarder Harry. J'ai trop peur de voir dans ses yeux l'horreur et le dégoût que le maître me décrit.
Mais une voix douce et rauque m'attire vers des yeux verts impénétrables, voix qui enfle et se charge de colère au fur et à mesure qu'elle se déploie.
« Une seule personne ici m'inspire du dégoût.
C'est toi, Tom. Toi qui te crois supérieur aux autres. Toi qui
te permets de violer les pensées des gens, toi qui les
manipules. Comment oses-tu interpréter ce que je pense ?
Comment oses-tu décider qui je dois apprécier ou qui je
dois haïr ? Comment oses-tu salir ses pensées et ses
sentiments, des sentiments qu'il ne t'a jamais autorisé à
violer? Comment oses-tu prétendre que je suis trop bien pour
lui ? Qui juge de la qualité des gens ? Tom Elvis Jédusor,
qui est incapable de se remettre en question ?
En fait, tu ne me dégoûtes même pas,
tu me fais pitié. »
Comment expliquer ce que j'ai ressenti en entendant ces paroles, en entendant Harry prendre ma défense ?
Je sais qu'il ne pourra jamais m'aimer, qu'il ne comprendra et n'acceptera jamais ce que j'ai fait, que s'il me considère un jour comme un ami, je pourrai m'estimer le plus chanceux du monde.
Et pourtant, il fait preuve envers moi d'un profond respect; il ne me juge pas, il ne m'en veut même pas.
J'ai cherché tant de fois à t'insulter en t'appelant Potter-le-Saint, Harry. Mais c'est ce que tu es. Tu es la personne la plus humaine, la plus sensible, la plus empathique qui soit. Le mot « Saint » n'est pas assez fort pour te décrire.
Mon ange.
Tes yeux se tournent vers moi et je vois comme un sourire triste les éclairer.
Ne t'en fait pas pour moi Harry. Je suis perdu depuis trop longtemps, tu ne pourras pas me sauver.
Le Lord Noir est sur le point d'exploser. Ses yeux sont injectés de sang, son visage a pâli, sa respiration s'est accentuée.
« Tu es d'une gentillesse affligeante Harry. Pétri de bons sentiments, tu défends des serpents qui te mordront par derrière. As-tu déjà oublié que ce pantin est responsable de ta disparition de Poudlard ? Et donc du sort de tes amis ? »
Les yeux d'Harry brillent à la mention de ses amis.
Le Lord Noir poursuit, le sourire aux lèvres.
« Tu te demandes ce qu'il leur est arrivé
? Tu t'inquiètes pour eux ? Comme c'est mignon !
Ton plus grand point faible, Harry, c'est tous ces
parasites qui t'entourent et pour lesquels tu mets ta vie en danger.
Je peux te manipuler comme je veux avec eux. Comme pour ton parrain.
C'est ce qui te perdra. »
Il fait alors un geste de la main et un mangemort ouvre la porte de la grande salle, poussant devant lui la sang de bourbe et la belette. Ils ont les yeux dans le vague, les vêtements sales et déchirés. Pas de doute, ils sont sous imperium.
Harry sursaute. Son regard se trouble. Je le vois trembler. Je voudrais le prendre dans mes bras pour lui dire que tout va bien se passer, qu'il ne craint plus rien. Je voudrais tellement...
« Maintenant Potter, on va voir jusqu'où va ta loyauté envers tes amis. Mlle Granger, M. Weasley, levez votre baguette. »
Comme des enfants obéissants, les deux griffondors pointent leur baguette vers Harry. Celui-ci est comme pétrifié.
Réagis Harry, je t'en prie, réagis ! Tu ne peux pas finir comme ça, sans combattre, de la main de tes amis. Je t'en prie Harry, tu ne peux pas finir comme ça. Réagis.
« Harry... »
Ma voix n'est qu'un murmure. Je ne me suis même pas rendu compte que j'avais parlé. Deux regards se posent sur moi. Celui furieux du Seigneur des Ténèbres et celui de velours d'Harry.
Je capte les yeux du survivant, essayant de lui transmettre tout ce que je n'ose, ne peux pas dire. J'ai l'impression que son regard étincelle un peu plus, mais n'est-ce pas plutôt une illusion créée par un coeur amoureux ?
Je n'ai pas le temps de me poser plus avant la question. Un éclair bleuté m'atteint et je ressens une douleur insoutenable dans tout le corps. Je crois que je hurle, mais mon cerveau n'enregistre plus rien. Tout mon esprit est focalisé sur cette souffrance abominable qui se répand dans chaque parcelle de mon corps. J'ai l'impression que le temps s'est immobilisé.
Je hurle à ne plus pouvoir m'arrêter. Je supplie de tout mon être, je pleure, je veux mourir.
La douleur s'arrête aussi soudainement qu'elle a commencé, ne laissant qu'un corps perclus, cassé.
Je reste au sol, frémissant. Je n'ai plus la force de rien. J'ai envie de me laisser aller vers l'inconscience, de tout oublier dans la noirceur des ténèbres. Mais une main fraîche se pose sur mon front, me retenant vers la lumière. J'ouvre difficilement les yeux pour croiser le regard inquiet d'Harry. J'aperçois derrière lui le Lord Noir qui semble dans une colère terrifiante. Je cherche en moi le courage et la force de murmurer quelques mots au jeune homme à la beauté ensorcelante penché sur moi.
« Ne t'occupe pas de moi Harry. S'il te plaît. Promets-moi que tu vas le battre. »
Son lumineux sourire assassine mon coeur de mille étincelles brûlantes.
Il se relève et fait face au sorcier noir.
La colère de celui-ci rend l'atmosphère lourde. D'un mouvement de la main, il envoie Harry valser à travers la pièce. Je ne peux retenir un cri étranglé.
Son geste semble l'avoir un peu calmé. Il se tourne vers les deux amis d'Harry avec un sourire perniceux.
« On va jouer un peu. Mlle Granger, auriez vous l'obligeance de tuer votre compagnon ?
- Non ! »
Le cri d'Harry me déchire les entrailles. Comme au ralenti, je vois la sang de bourbe lever sa baguette vers la belette, tel un automate.
« Accio baguette ! »
Dans un tourbillon blanchâtre, la fine branche de houx atterrit dans les mains de Harry. Il la pointe vers ses amis et effectue un mouvement souple du poignet.
« Avada Ke...
- Finite incantatum ! »
La sang de bourbe stoppe son sort. Elle cligne des yeux, un peu ébahie.
Un applaudissement me fait sursauter.
« Harry ! Je retrouve un peu le combattant lionceau ! Mais c'est fini, je ne joue plus. Je vais t'anéantir une bonne fois pour toute, te détruire, et tu viendras en rampant à mes pieds. »
Il se tourne alors brutalement vers les deux griffondors, baguette tendue. Un éclair vert en sort, venant frapper les adolescents qui s'effondrent au sol.
J'entends le cri étranglé d'Harry. Il regarde la scène, les yeux écarquillés, le visage pâle. Il est tendu, comme stupéfixé. Des larmes ruissellent sur ses joues sans qu'il n'en ait conscience.
« Tu vois, Harry, tu ne pourras rien faire. Tout ceux qui t'entourent mourront les uns après les autres. Tes parents, ton parrain, tes amis. Même Dumbledore t'a abandonné.
- Dumbledore ? La voix rauque d'Harry n'est qu'un coassement.
- Oui, Dumbledore le grand n'a pas fait le poids contre moi, petit lion. »
Harry ne répond pas. Il est brisé. Il garde la tête baissée. Des sanglots étouffés lui parcourent le corps.
Je regarde la scène comme un spectateur, sans réagir. Mais au fond de moi, je souffre le martyre. Je hurle. Je tente par tous les moyens de me forcer à réagir, mais il y a une dualité en moi.
Le Draco Malfoy qui se voudrait héros, allant au secours de son ange, risquant sa vie pour sauver la sienne, lui hurlant son amour et refusant de s'allier au Seigneur des Ténèbres.
Et celui qui immobilise mon corps, qui tremble devant le Lord Noir, qui a peur, qui n'ose pas. Celui qui l'emporte sur le premier.
Le Maître s'approche du survivant. Il lui relève doucement le menton, révélant le visage ravagé du jeune homme. Sa voix sifflante paraît presque tendre.
« Il n'y a que moi qui puisse sauver ceux qu'il te reste, petit lion. Il suffit que tu viennes avec moi, que tu me jures fidélité. J'épargnerai alors tous ceux que tu souhaites. À commencer par toi. Si tu refuses, comprends bien que je ne pourrai pas te laisser en vie. J'aurais bien fait de toi ma petite marionnette attitrée, mais je sais que tu résistes plutôt bien à l'imperium. Et un ersatz d'Harry Potter ne m'intéresse pas. »
Le silence s'installe un instant.
Et tu oses dire que je ne le mérite pas ? Mais toi, serpent dégénéré, qui t'autorise à lui parler comme ça ? Tu crois que toi, tu le mérites ? Tu le salis avec tes mains meurtrières. Tu souilles sa pureté. Ne te rends tu pas compte qu'à ton contact, son aura s'affaiblit, sa brillance se ternit? Tu vas le détruire en te l'appropriant. Tu ne veux pas d'un ersatz d'Harry ? Mais c'est ce que tu vas en faire pourtant...
La voix doucereuse du Lord Noir reprend.
« Je sais que tu me vois comme un monstre Harry, mais tu vas apprendre à me connaître. Tu vas finir par me comprendre, par accepter mes idées. Par me soutenir. À deux, on va devenir les maîtres du monde. »
Harry à l'air comme surpris par les paroles du Seigneur des Ténèbres. Sa main fine s'approche doucement de la joue du demi-serpent et la caresse d'un geste furtif.
Mon coeur cesse de battre.
Non Harry, tu ne peux pas ! Tu ne peux tout simplement pas te laisser faire ! Tu es le survivant, tu es le sauveur, tu dois te battre jusqu'au bout, tu ne peux pas tomber dans ses filets ! Tu es le seul qui me maintienne encore sur cette terre, qui me permette de supporter un tant soit peu mon âme souillée, ce corps qui me trahit. Sans toi, Draco Malfoy n'existerait plus. Il n'est déjà plus que l'ombre de lui-même. Si tu abandonnes, il sombrera complètement.
Si tu abandonnes Harry, le monde mourra, et moi avec.
Je voudrais baisser les yeux, ne plus le voir caresser la peau écailleuse, ne pas le voir se perdre dans le mal. Mais mon regard est comme aimanté. J'assiste, impuissant, à la fin du sauveur.
Je préférerais le voir mourir plutôt que de le voir succomber à l'attrait du démon.
Harry, mon ange, pourquoi fais-tu cela ? Pourquoi me tortures-tu ainsi ?
Le Lord Noir a fermé les yeux au contact de la main blanche du griffondor. Il a l'air saisi par ce frôlement délicat. Harry laisse tomber son bras, comme au ralenti. Ses prunelles vertes brillent d'une lueur étrange. Il capte le regard vermillon du Maître qui a rouvert lentement les paupières. Ses larmes se sont taries. Son visage est paisible et sa voix rauque est chargée de douceur alors qu'il s'adresse au Seigneur.
« Dumbledore m'avait dit que ma force venait de l'amour. J'ai cherché pendant longtemps ce que l'amour pouvait m'apporter dans ce combat. Peut-être qu'il allait me motiver, qu'il allait me donner un but. Peut-être que je serais aidé par ceux que j'aime. Je ne savais pas trop. Mais aujourd'hui, je n'ai plus d'amour. Tu as tué tous ceux qui m'importaient. Mon coeur est désormais sec. Alors quel amour pourrait m'avantager désormais ? »
Harry ne quitte pas les yeux rouges. Je me consume de l'intérieur. Tu as réussi Seigneur des enfers, tu as tué l'âme séraphique d'Harry. Il est mort. Il va se donner à toi. Tu vas pouvoir profiter de sa coquille vide.
La voix éraillée reprend. Au fur et à mesure de son écoulement, mon coeur se met à battre violemment, résonnant dans chaque parcelle de mon corps meurtri.
« Je m'étais trompé depuis le début. Ce n'est pas mon amour qui me sauvera. Ce n'est pas l'amour de mes amis non plus. C'est le tien. Ton amour pour moi. Voldemort voudrait me tuer, mais Tom Elvis Jédusor ne l'acceptera jamais n'est ce pas ? Tu es en train de batailler entre les deux personnes qui t'habitent, mais le temps que Voldemort gagne la partie et me lance son éclair vert, vous aurez déjà perdu. »
Le cri rauque du Lord Noir retentit dans la salle. Je n'ai rien vu venir, scotché aux lèvres roses du survivant, tentant d'intégrer ses paroles, tentant de comprendre ce qu'il veut dire, hésitant entre la douleur de le perdre et l'espoir de le voir réagir. Et pourtant, la main de Harry, posée sur le torse mince du maître, scintille de mille lueurs dorées qui semblent s'enfoncer dans le corps de serpent. Le visage de celui-ci exprime la douleur et l'étonnement.
« Tu... as raison... Harry... Tu es... ma... faiblesse. Mais tu... tu ne peux pas... faire ça ! Tu... te ... tueras... avec...
- Tu vois Tom, l'amour seul ne suffit pas. Il y a une autre différence fondamentale entre nous : la mort. Tu as tellement peur de la mort que c'en est pitoyable, Tom. Moi, je ne la crains pas. Je mourrais mille fois et dans d'atroces souffrances pour te voir disparaître. Ma vie importe peu, c'est ta mort qui prévaut. »
Le survivant accentue la pression de sa main. La lumière
s'intensifie, m'éblouissant violemment. Le hurlement du Lord
Noir me fait frissonner; il se transforme petit à petit en une
litanie de « Non ! » prononcés d'une
voix horrifiée.
Autour de nous, personne ne bouge. Les
mangemorts sont comme stupéfiés par ce qu'ils voient.
Le visage fin d'Harry se tord peu à peu, la douleur s'inscrivant sur chaque courbe tant aimée. Je réalise alors les paroles du maître: « tu te tueras avec ».
Harry est en train de se sacrifier pour nous. Il est en train de donner sa vie pour enlever celle de notre ennemi à tous.
Alors, devant ce visage si beau, si pur, tordu par la souffrance. Devant ce jeune homme qui se bat seul. Devant ce jeune homme brisé par la mort de tous ses proches. Devant cet ange que j'aime d'un amour maladif, d'un amour absolu, exclusif.
Devant ces yeux verts qui me fixent un instant, une lueur d'excuse les faisant briller, mon corps cède brutalement face à mon âme si longtemps prisonnière.
Je m'élance vers celui qui, sans le vouloir, a volé mon coeur. Je l'enserre violemment, tentant d'attirer à moi l'énergie destructrice de sa main.
La douleur est soudaine, brutale, insoutenable. L'endoloris du seigneur déchu n'est rien en comparaison. Mon corps s'enflamme, mon corps se gèle. Des milliers d'épines le transpercent. J'ai l'impression qu'on m'enfonce toutes les armes du monde dans le corps. Je ne m'entends plus hurler. Je souffre et pourtant, je suis en paix.
Je souffre sous la puissance magique de celui que j'aime.
Peu importe le monde qui sera sauvé, peu importe les gens qui loueront la victoire du survivant. Peu importe ma mort et ma souffrance.
Le seul qui m'importe, c'est toi Harry. Tu es le seul au monde pour qui j'ai voulu changer. Pour qui j'ai pleuré. Qui m'a fait sourire et rire.
Une explosion retentit, entraînant avec elle une douleur accrue, une douleur que je n'aurais jamais cru possible. Je me sens glisser vers le sol, retenu par un corps chaud qui m'allonge doucement. J'ai la tête posée sur des genoux. Une main douce et fraîche me caresse le front. J'ai l'impression d'être en sécurité. Je sens des perles humides et salées qui tombent sur mon visage brûlant. Après un effort incommensurable, j'ouvre les yeux pour me noyer dans des émeraudes baignées de larmes.
« Pourquoi, pourquoi as-tu fait ça ? »
Ma voix ne vibre plus. Seul un souffle d'air lui répond.
« Parce que je t'aime Harry. Je n'aurais pas supporté de te voir partir.
- Je ne comprends pas, on s'est toujours haï, tu m'as toujours insulté, comment peux tu m'aimer ? Tu ne peux pas m'aimer. Ce n'est pas possible. Tu te trompes Draco. »
Un rire doux me traverse.
« Comment ne pas t'aimer Harry ? Tu es la beauté même, la pureté même. J'avais tellement peur de me brûler à ton contact, de te pervertir au mien. Je préférais t'éloigner de moi. Je ne suis pas un ange comme toi Harry. Je suis quelqu'un de méprisable. Je ne pouvais que te faire du mal. »
J'avance mes mains tremblantes vers ses joues et j'essuie les larmes qui cheminent le long de sa peau. Je résiste à l'envie de sombrer dans les ténèbres.
« Ne pleure pas petit ange. J'étais mort de toute façon, perdu dans un corps étranger. Tu m'as sauvé. J'ai réussi à sortir de ce carcan grâce à toi. Pour te sauver. Mon voeu s'est réalisé Harry, je meurs en ayant sauvé celui que j'aime. Rien de plus beau n'aurait pu m'arriver.
- Tu ne peux pas mourir Draco. Je ne supporterai pas que quelqu'un d'autre meurt. Encore à cause de moi. Tu ne peux pas me laisser comme ça, clamer ton amour pour moi et m'abandonner avant même que je te connaisse, avant même que je puisse savoir qui tu es. Tu n'as pas le droit de me laisser comme ça, tu n'as pas le droit de m'aimer comme ça, sans me donner la possibilité de répondre ou non à ton amour. Tu t'étais constitué comme mon ennemi, tu me renvoyais l'image d'un serpentard arrogant et méprisable. Puis, tu me balances tes sentiments à la figure avant de t'enfuir ! »
Je le sens qui sanglote contre mon cou. Je n'ai presque plus la force d'entendre ce qu'il me dit. Moi qui étais tellement fier d'avoir jouer aux héros, preux chevalier ayant sauvé sa princesse. Je n'ai fait que le blesser encore une fois.
Ne pleure pas Harry, ne pleure pas à cause de moi. Toi, tu as le droit de me faire pleurer, mais tu ne peux pas pleurer pour moi.
« Tu as pensé à moi, Draco ? À ce que je peux ressentir ? Avoir ton aveu sur le coeur, l'aveu de quelqu'un que j'ai longtemps méprisé, l'aveu de quelqu'un que j'ai tout juste commencé à connaître depuis une semaine. J'ai à peine eu le temps de ne plus te déprécié, et toi tu meurs pour moi...
- Pardon Harry. Pardonne moi pour tout ce mal, pardonne moi... »
Il me regarde, les yeux remplis de douleur et de culpabilité. Sa main fraîche vient caresser ma joue. Je pourrais en mourir de bonheur si je n'étais pas déjà si près des enfers.
« Draco, je ne sais pas si j'aurais pu te rendre un jour ton amour. Mais je suis sûr qu'on aurait pu devenir amis si les circonstances avaient été autres. Pardonne moi aussi pour toutes les souffrances que j'ai pu te faire endurer. Pardonne moi de ne pas pouvoir répondre à tes sentiments. »
Ses yeux sur moi sont tellement doux. Si tu savais Harry, si tu savais que le bonheur de toute ma vie réside en ces quelques moments avec toi. Tes paroles sont si tendres, ta main est si douce.
Mon ange.
Tu te rapproches doucement de moi. Je n'ose plus respirer. Je me souviens de ce contact léger de tes lèvres sur l'île et je ferme les yeux.
La douceur de tes lèvres n'a pas changé. Encore une fois, tu parviens à faire couler ces larmes qui ne sortent que pour toi. Ton baiser m'apporte tendresse et sérénité. Tu m'apaises.
Je sais que ce n'est pas de l'amour mais ta manière de me remercier.
Je sens une émotion intense m'envahir. Je me sens pour la première fois de la vie en paix.
La douleur disparaît. Tout disparaît. Ne reste que le contact délicat de tes lèvres de velours.
Mon esprit se vide, pour ne laisser que le bonheur et la plénitude.
Et tout doucement, je me sens partir.
Adieu Harry.
Mon ange.
