Chapitre 17
Vous arrivez tard professeur Rogue
Harry et Míriel arrivèrent bientôt au château. Celui-ci était presque désert ; tous étaient soit dans leur salle commune ou à Pré-au-Lard. Ils se dirigèrent rapidement vers l'entrée du bureau de Dumbledore. Mais ce ne fut que lorsqu'ils parvinrent devant la gargouille qui barrait le passage qu'ils se rendirent compte qu'il leur manquait quelque chose d'essentiel : le mot de passe. C'est à ce moment précis qu'une voix retentit derrière eux.
« Potter, Delombre, on dirait que vous faites exprès pour vous trouver où vous ne devriez pas. »
C'était Rogue.
« Au lieu de flâner dans les couloirs, retournez donc à Pré-au-Lard, qu'on n'ait pas à vous avoir dans les jambes pour un moment… », continua-t-il.
« Nous devons voir le directeur », déclara Harry.
« Le professeur Dumbledore n'a pas de temps à perdre avec vous deux. »
« Donnez-nous le mot de passe », siffla Míriel.
« Je n'ai pas d'ordre à recevoir de votre part, miss Delombre », trancha Rogue.
La jeune fille respira un coup, comme pour s'assurer de garder son sang-froid.
« Figurez-vous que je viens de faire exploser un Mercenaire envoyé par le Seigneur des Ténèbres et qui avait réussi à nous piéger dans une petite caverne de la montagne de Pré-au-Lard. »
Elle aurait crié si elle avait pu être certaine que personne n'était à proximité. Mais, puisqu'ils étaient dans un couloir, elle ne pouvait être assurée de rien. Alors, même si elle utilisait un ton implacable, sa voix n'était pas plus élevée qu'un murmure.
« Nous serions réduits à l'état de poussière Harry et moi et Il aurait vous-savez-quoi en sa possession si je n'avais pas eu la brillante idée d'apprendre un livre de magie noire niveau ASPIC alors que je n'étais qu'en cinquième année. Si vous faisiez un peu mieux votre travail, nous aurions pu être avertis que nous allions être attaqués. Je ne sais pas si c'est votre haine envers moi ou votre nullité en tant qu'espion qui vous a empêché de nous alerter, mais je sais que pour vous rattraper, vous allez nous donner ce fichu mot de passe ! »
Au grand étonnement de Harry, Rogue ne fit rien pour ôter des points à Gryffondor ou coller une retenue à Míriel. Semblant comprendre la gravité de la situation, il leur donna ce qu'ils voulaient.
« Menthe poivrée », déclara-t-il et la gargouille s'anima en faisant un pas de coté.
Derrière elle, le mur s'ouvrit et laissa apparaître un grand escalier en colimaçon qui tournait lentement sur lui-même. Harry et Míriel s'avancèrent sur la première marche et le mur se referma derrière eux dans un bruit sourd. Ils s'élevèrent lentement dans des cercles successifs qui les emmenaient de plus en plus haut. Ils arrivèrent finalement devant une grande porte en chêne avec une heurtoir de cuivre en forme de griffon. Ne prenant même pas la peine de cogner, Míriel tourna la poignée et entra dans le bureau. Le professeur Dumbledore était au fond de la pièce, regardant par la fenêtre en caressant distraitement Fumseck, son phénix, qui était perché sur son bras. Il se retourna en les entendant entrer.
« Harry ? Míriel ? Que faites vous ici ? Il vous est arrivé quelque chose ? »
« Nous avons été attaqués à Pré-au-Lard », répondit Harry.
« Quoi ? Par des mangemorts ? »
« Non, un Mercenaire », dit Míriel.
Le directeur fronça les sourcils en allant s'asseoir derrière son bureau. Il fit ensuite apparaître deux sièges où les adolescents prirent places.
« Comment s'y est-il prit pour vous piéger ? » demanda-t-il après un moment.
« Il avait pris l'apparence de Sirius. Je ne sais pas comment il avait pu deviner que… », dit Harry.
« Il devait avoir la faculté de se métamorphoser », conclu Dumbledore. « Avez-vous pu apprendre qui était-ce ? »
« Zockmog », répondit Míriel.
« Je ne crois pas savoir quoi que ce soit sur un individu portant ce nom. »
« Il s'appelait James Stamford auparavant », siffla une voix derrière eux.
En jetant un coup d'œil par-dessus son épaule, Míriel vit que Rogue les avait suivis dans le bureau du directeur.
« Il est né au début du vingtième siècle et est devenu Mercenaire vers 1930. Il a travaillé pour Ginderwald en premier. C'est là qu'il a pris sa faculté de métamorphomage. Quand son maître a été tué, il s'est tourné vers Vous-savez-qui et a acquis sa maîtrise de la legilimancie. Avec ces deux pouvoirs combinés, il peut prendre la forme de la personne que sa victime aimerait voir. Il peut ainsi l'attirer et la piéger sans problème », expliqua le professeur de potion d'une voix neutre.
« C'est ce qui est arrivé ? », demanda Dumbledore en s'adressant aux deux Gryffondor.
Harry et Míriel hochèrent la tête.
« Mais… », commença le jeune homme. « Je croyais que les personnes que je voulais voir étaient mes parents. Pourtant, il avait pris la forme de Sirius… »
« C'est parce que ce n'était pas vous qui étiez visé Potter », grogna Rogue.
« Mais c'était pourtant sur moi que Zockmog dirigeait tous ses sorts. »
« Parce qu'il ne voulait pas abîmer la marchandise. Vous attaquer n'était qu'un moyen de faire fléchir miss Delombre. »
« Il voulait la Perle, n'est-ce pas ? » demanda Dumbledore.
« Bien sûr, qu'est-ce que ça pourrait être d'autre ? » soupira Míriel.
« Vous étiez au courant de tout cela Severus ? » fit le directeur.
« … Seulement en partie », répondit l'espion en fuyant le regard de son supérieur.
« Pourquoi n'avoir rien dit ? »
« Je n'étais sûr de rien. Je savais seulement que le Seigneur des Ténèbres avait confié un nouveau travail au Mercenaire, mais je n'avais pas la moindre idée en quoi il consistait. »
« Il ne convoite qu'un seul objet ces temps-ci et, de plus, quelqu'un lui a dit que c'était moi et non mon cousin qui avait la Perle. Mais même avec cela vous n'étiez pas capable de faire un lien ? » siffla Míriel.
« Les renseignements que je fournis sont toujours basés sur des faits et non sur des suppositions », riposta Rogue.
« Mais vous auriez pu quand même nous avertir. »
« Avec votre témérité habituelle, vous ne m'auriez pas écouté et vous seriez quand même tombée dans le piège. »
« Mais ce n'était pas une raison pour ne rien dire », s'exclama la jeune fille en se levant pour faire face à son professeur. « Il était de votre devoir de parler. »
« Vous ne faites plus partie de l'Ordre miss Delombre et je n'ai donc en aucun cas de devoirs envers vous. »
« Laissez l'Ordre en dehors de ça, il n'a aucun rapport avec ce dont nous parlons. »
« Je vous rappelle que je travaille pour lui, alors, oui, il a toujours un rapport. Votre Perle n'est qu'une affaire comme les autres. Je vous donne des renseignements quand je le peux, mais je ne vais pas me mettre à faire des recherches supplémentaires demandant un travail de déductions seulement pour vous éviter les ennuis qui résultent de vos problèmes familiaux. »
« Dites plutôt que vous vous contrefichez qu'on me retrouve morte et que la Perle se retrouve entre les mains du Seigneur des Ténèbres. »
« Vous avez parfaitement compris. »
C'est à ce moment là que Dumbledore intervint.
« Míriel, Severus, veuillez garder votre sang-froid et mettre de côté votre antipathie envers l'autre pour le moment. Nous avons à régler des choses plus importantes que vos petits différents personnels. »
L'homme et la jeune fille se fusillèrent du regard pendant un moment encore jusqu'à ce que Míriel se détourne et se rassoit dans son siège.
Harry, lui, continuait de fixer son professeur, étonné. Il ne s'attendait pas à le voir s'emporter un jour de cette manière. Le maître des potions semblait toujours en complète maîtrise de lui. Il n'y avait que lors du coup des lapins explosifs qu'il avait perdu son habituelle froideur. Et il y avait de quoi… Mais cette fois-ci, la raison de son emportement était d'une toute autre nature. Et elle était bien plus sérieuse. Rogue avait volontairement caché des informations à cause de sa haine envers Míriel et, de se fait, il avait mis leur vie en jeu.
… Et sa petite amie avait comprit tout cela en quelques instants. Contrairement à lui qui ne comprenait toujours rien…
Il prit alors conscience que la jeune fille usait couramment de deux personnalités distinctes. La première : l'étudiante ordinaire dans une école de sorcelleries, qui assistait aux cours pendant la journée et s'amusait avec ses amis le reste du temps. Et la deuxième : la jeune fille froide et austère qui, sous sa couverture d'aristocrate au sang pur, récoltait des informations pour l'Ordre et tentait de combattre les forces des ténèbres.
C'était cette Míriel là qui se tenait présentement à coté de lui. C'était elle aussi qui s'était disputé avec Rogue, qui était d'ailleurs non plus son professeur de potion, mais un espion qui, comme elle, usait d'une couverture pour récolter des informations.
Trop absorbé dans ses pensées, Harry n'avait pas remarqué que Dumbledore et Míriel s'étaient remis à parler.
« Vous dîtes qu'il n'a même pas essayé de voir si c'était bien vous qui aviez la Perle avant de vous attaquer ? » demanda le directeur.
« Exact. Il semblait savoir sans le moindre doute que j'étais la porteuse », répondit la jeune fille.
« Peut-être était-ce seulement dû à son pouvoir de legilimancie… »
« Peut-être », intervint Rogue. « Mais le Seigneur des Ténèbres sait que c'est vous depuis quelque mois déjà. »
« Comment l'a-t-il appris ? » s'exclama Míriel.
« C'est Lucius Malfoy qui l'a annoncé, juste après votre match de Quidditch contre Serpentard. Vous avez choisi une mauvaise journée pour l'échapper, il était dans les estrades pour voir son fils jouer. Sûrement vous a-t-il remarquée. »
« Cela a été une erreur de ne pas confier la Perle à votre cousin ce jour là », dit Dumbledore.
« Si Frank avait eu la Perle en plus de la copie autour du cou, Malfoy l'aurait tout de suite remarqué. Je paris qu'ils étaient assis un à coté de l'autre », lança la jeune fille.
« En effet », marqua Rogue. « Et ils semblaient plutôt… amis. Pour ma part, je trouve que c'est une drôle de fréquentation quand on se doute que Lucius a contribué à l'assassinat d'une grande partie de sa famille. »
« Malfoy Senior et le père de Frank étaient dans la même année lors de leurs études à Poudlard », déclara Dumbledore. « Peut-être est-il considéré comme un ami de la famille ? »
« En tant qu'invitée habituelle des Malfoy et cousine de Frank, je peux dire qu'il n'a jamais été considéré que comme une vague connaissance qui ne valait même pas la peine d'être présente à leur bal de noël. D'après moi, ce n'était qu'une tactique de la part de Malfoy pour "mettre l'ennemi en confiance". »
C'est à ce moment là que des coups à la porte les interrompirent. Le professeur Dumbledore fronça les sourcils en se demandant qui cela pouvait bien être.
« Entrez », dit-il après quelques instants.
À peine avait-il eu le temps de prononcer ces paroles qu'un homme de grande taille à l'allure militaire pénétra dans la pièce.
« Monsieur le directeur », déclara-t-il. « Désolé si je vous dérange, mais je suis ici pour une affaire de la plus haute importance. »
L'homme lança un regard méfiant envers Harry, Míriel et Rogue, mais, en voyant la mine de Dumbledore, il comprit qu'il devrait faire avec leur présence.
« Je suis le commandant Phelps, chef de la brigade 48-C des Aurors, responsable de la détection de la magie noire pour la région de Dawich. Nous avons reçu une alerte il y a environ une heure qui indiquait Pré-au-Lard. Nous avons mené notre enquête là-bas, mais personne ne semble avoir vu quoi que ce soit. Je viens donc vous demander si vous auriez des informations pouvant nous être utiles à ce sujet.
Le professeur Dumbledore interrogea Míriel du regard. Celle-ci hocha imperceptiblement la tête en signe d'assentiment avant de baisser honteusement les yeux. La jeune fille doutait que le directeur approuve le fait qu'elle utilise la magie noire, quelles que soient les circonstances. Mais elle savait qu'il ne la dénoncerait pas pour autant au commandant Phelps.
« Je suis désolé, mais je n'étais pas au courant des évènements dont vous faites mention », répondit Dumbledore.
L'Auror, de son coté, avait remarqué le petit échange silencieux qu'avait eu le directeur avec son élève avant de répondre. Et il doutait qu'on lui dise toute la vérité en la matière. Les deux étudiants et le professeur devaient être en cause, pensa-t-il sans savoir pourquoi. Mieux valait qu'ils partent alors.
« Monsieur le directeur, la présence de ces trois personnes est-elle essentielle à la tenue de cet entretien ? Car si elle ne l'est pas, j'aimerais bien qu'ils aillent ailleurs », déclara-t-il.
Dumbledore jeta un nouveau coup d'œil à Míriel puis à Rogue.
« Nous n'allons pas vous déranger plus longtemps », déclara celui-ci. « Cette affaire ne nous concerne pas de toute façon. Professeur », continua-t-il en s'adressant au directeur, « Je vous remercie de m'avoir éclairé sur les sanctions que je pouvais mettre en vigueur contre Miss Delombre et M. Potter. Je peux maintenant m'occuper adéquatement de leur cas. »
En entendant cela, Harry ouvrit la bouche pour protester, mais Míriel lui envoya un regard qui lui disait clairement de se taire. Premièrement un peu décontenancé en voyant qu'elle jouait le jeu de Rogue, il essaya par la suite de faire comme si de rien n'était pour ne pas éveiller les soupçons de l'Auror.
« Suivez-moi vous deux », fit alors le maître des potions en s'adressant à eux avant de prendre la direction de la porte du bureau.
Les deux Gryffondor se levèrent donc et sortirent à sa suite. Lorsqu'ils furent partis, Dumbledore invita le commandant Phelps à prendre place dans une des chaises laissées par les deux adolescents.
« Je m'excuse de ce petit contretemps », dit le directeur à l'Auror. « Ce ne sont que deux élèves qui ont eu un léger manquement au règlement. Cela n'a bien sûr aucun rapport avec ce qui vous amène ici », poursuivit-il en insistant bien sur chacun des mots.
« Oui, bien sûr… Je n'aurais jamais soupçonné vos élèves de toute façon », dit le commandant Phelps.
« Cela serait très improbable que des jeunes gens comme eux puissent être les auteurs d'un acte de magie noire. »
« Certainement… »
« Mais alors que cherchez-vous dans mon école ? »
« Euh… rien, non, je partais justement », fit l'Auror en sortant du bureau un peu décontenancé.
Mieux valait laisser le ministère hors de tout cela songea Dumbledore lorsqu'il fut enfin seul.
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Les semaines qui suivirent l'attaque du Mercenaire furent d'un calme surprenant. Aucune suite à l'enquête du commandant Phelps, aucune tentative de la part du Seigneur des Ténèbres pour prendre la Perle, aucune mésaventures quelconques… même plus de retenue avec Rogue ! Les cours se suivaient, les devoirs s'empilaient… On n'était qu'en avril, mais on voyait déjà les examens de fin d'année se profiler au loin. Les entraînements de Quidditch étaient de plus en plus fréquents à cause d'un match contre Serdaigle qui approchait. Mais même si cela, combiné à leurs nombreux travaux scolaire, réduisait presque à néant leur temps libre, personne ne s'en plaignait. Cela avait l'avantage de les faire bouger un peu… sinon ils resteraient collés devant leurs manuels.
Pour ajouter à la monotonie, ils étaient restés à Poudlard pour les vacances de Pâques au lieu d'aller au square Grimmaurd. La principale raison invoquée était que Bill Weasley venait à l'occasion pour leur présenter sa nouvelle petite amie, une certaine Fleur Delacour d'après ce que Míriel avait retenu. La jeune fille n'avait pas compris pourquoi le fait qu'elle s'appela ainsi était une excuse pour ne pas souhaiter la rencontrer, mais bon… Elle ne tenait pas particulièrement à passer Pâques entourée de la famille Weasley au grand complet alors elle n'insista pas trop.
Mais le résultat était prévisible, ils passèrent leurs vacances à faire des devoirs.
Mars, puis avril, cela faisait deux mois que plus rien ne se passait. Tout était calme depuis longtemps, peut-être trop calme…
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La nuit était tombée depuis un moment déjà. Harry et Míriel étaient toujours dans la salle commune malgré l'heure tardive. Chacun semblait être absorbé dans la lecture de son propre livre, mais, en vérité, leur attention était bien plus portée vers les étudiants autour d'eux qui gagnaient peu à peu leur dortoir. Ils attendaient patiemment que tous montent se coucher. Lorsque finalement les deux quatrièmes années qui traînassaient devant le feu depuis une demi-heure se furent en aller, ils détachèrent leurs yeux de leur livre et échangèrent un sourire. Sans un mot, le jeune homme sortit sa cape d'invisibilité et son Éclair de feu de sous le divan sur lequel ils étaient. Ils sortirent alors discrètement de la salle commune en se tenant par la main.
C'était devenu leur petit rituel, ce soir comme tous les autres soirs où la lune était à son premier cartier. En se rendant invisibles, ils pouvaient se déplacer facilement dans les couloirs et ainsi gagner la tour d'astronomie.
Arrivés sur la terrasse qui s'étendait au sommet, ils ôtèrent la cape pour quelques instants. Míriel s'approcha du rebord du mur en regardant au-dessus d'elle le ciel rempli d'étoile. La nuit était fraîche malgré qu'on soit presque rendu en mai. La buée que formait le souffle de la jeune fille en témoignait. Mais elle n'avait pas froid pour autant. Après le nord de la Russie, les nuits anglaises n'étaient pour elle que d'une agréable tiédeur. Pendant ce temps, Harry s'était approché et avait noué ses bras autour de sa taille. Comprenant ce qu'il voulait, elle se retourna pour l'embrasser. Après un moment, elle détacha ses lèvres de siennes. Elle lui sourit avant de faire volte-face et de grimper sur le muret de pierre qui les séparait du vide. Elle regarda alors le parc de Poudlard qui s'étendait sous elle pendant que le vent s'engouffrait dans ses cheveux et les faisait virevolter dans son dos. À son tour, Harry la rejoignit en montant sur le rebord. Il enfourcha son éclair de feu et elle monta en selle derrière lui. Elle ajusta la cape d'invisibilité autour d'eux pour que personne ne puisse les voir et enroula ensuite ses bras autour de la taille de son petit ami. Celui-ci lui lança un regard par-dessus son épaule et elle hocha la tête en signe d'approbation à sa question silencieuse. Il donna alors un coup de pied sur le sol et ils s'envolèrent.
Comme à leur habitude, ils passèrent les premières minutes à tournoyer autour des fenêtres et des tours du château endormis. Puis, ils piquèrent vers le lac où ils s'amusèrent à effleurer l'eau du bout de leurs doigts. Finalement, ils regagnèrent de l'altitude et mirent le cap sur leur destination principale : la forêt interdite.
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« Verser le venin d'aspic dans un bol qui a été exposé à la lumière de la lune pendant cinq heures et mélanger avec de la poudre d'écorce de saule pendant 32 secondes dans le sens anti-horaire. »
Le professeur Rogue était dans le cachot qui lui servait de bureau, en train de préparer sa dose quotidienne de potion anti-mal de tête dont il avait besoin pour le moment à cause de sa journée de cours Gryffondor 4e et 5e année et de sa soirée de correction Poufsouffle 1er et 3e année.
« Couper finement des racines de lierre qui ont été gardées à la noirceur pendant deux semaines… »
Le professeur se dirigea alors vers son armoire personnelle où il gardait ses ingrédients. Il venait de se saisir de la petite boîte noire où il gardait ses racines lorsqu'une douleur fulgurante lui traversa le bras gauche à la vitesse de l'éclair. Sous le choc, il lâcha le contenant qui alla s'écraser sur le sol. Il porta vivement la main sur son avant-bras qui l'élançait. Sa marque ne l'avait que très rarement brûlé à ce point. Il n'y avait pas de doute, c'était lui que le Seigneur des Ténèbres appelait, lui et pas un autre. Et Il semblait pressé si on considérait la douleur sourde qu'il continuait de ressentir.
Sans même prendre le temps de ramasser ses racines de lierre sur le sol, Rogue jeta sa cape sur ses épaules et sortit de son bureau. Après avoir parcouru plusieurs couloirs et avoir grimpé quelques dizaines de marches, il arriva dans le hall. Heureusement, à cause de l'heure tardive, celui-ci était désert. Il passa les deux grandes portes d'entrée et se retrouva dehors. En empruntant l'allée principale, il se dirigea vers la sortie du parc. Peut-être était-ce parce que la nuit était particulièrement fraîche ou parce que sa marque continuait à le brûler, mais le fait est qu'il accéléra le pas de manière significative. Une dizaine de minute plus tard, il quitta enfin ce qu'on appelait l'enceinte de Poudlard. À peine eut-il mit un pied dehors qu'il transplana auprès de son maître.
Il apparut quelque seconde plus tard, à des centaines de kilomètres de là, dans le hall d'un sinistre château. Les murs autour de lui étaient recouverts de tentures vert émeraude ornées de têtes de mort. « Vert Serpentard et marques des ténèbres », ne put s'empêcher de remarquer comme toujours Rogue. C'était peut-être le manoir des Jedusor auparavant, mais maintenant on ne pouvait appeler cela autrement que l'antre de Voldemort.
Dans un coin sombre de la pièce, une tenture avait été relevée légèrement, laissant apparaître la porte qu'elle cachait. Cette dernière était entrouverte. Ces deux éléments combinés ne laissaient aucune place aux doutes dans l'esprit du professeur de potion sur l'endroit où le Seigneur des Ténèbres voulait le rencontrer. Il se dirigea donc vers l'entrée du passage dissimulé. La porte ouvrait sur un couloir aux murs de pierre, éclairé par des torches suspendues à intervalles réguliers. Après une vingtaine de mètre, il débouchait sur un étroit escalier en colimaçon qui descendait vers les étages inférieurs. Lorsqu'il atteignit la fin des marches, Rogue se retrouva dans une salle plongée dans la pénombre. La seule source de lumière provenait d'un feu qui avait été allumé à l'autre bout de la pièce. Devant la cheminée, un fauteuil, tourné vers l'âtre. Sachant pertinemment qui devait se trouver assis là, l'espion prit une bonne respiration pour se donner du courage, bloqua complètement ses pensées par occlumancie et se décida finalement à s'avancer. Lorsqu'il ne fut plus qu'à quelques mètres du fauteuil, il s'inclina en mettant un genou à terre, en signe de respect. Il avait la tête baissée vers le sol, mais il le sentit tout de même lorsque le siège pivota pour lui faire face.
« Tu arrives tard Severus », dit Voldemort d'un ton glacial. « Cela fait bien une demi-heure que je t'ai appelé. »
« Pardonnez-moi maître », répondit Rogue en donnant à sa voix autant de conviction qu'il en était capable. « J'ai fait aussi rapidement que je le pouvais. Mais vous savez que je dois sortir de l'enceinte de Poudlard avant de pouvoir transplaner et cela m'empêche de venir vous rejoindre aussi rapidement que je le voudrais. »
« Tu es pardonné pour cette fois, mais tâche de ne plus me faire attendre ainsi. »
Le Seigneur des Ténèbres s'était levé et marchait d'un pas lent autour du maître des potions qui était toujours agenouillé sur le sol. Lorsque quelques minutes se furent écoulées dans un silence presque complet, Rogue se décida à risquer une question.
« Puis-je savoir ce qui me vaut l'honneur d'être convoqué à vos côtés ? » demanda-t-il un peu craintivement.
« J'avais besoin de tes talents en matière de potions. Je voudrais que tu m'inventes une nouvelle sorte de poison pour un petit travail que j'aurais à accomplir demain soir. »
Rogue réprima de justesse une grimasse de dégoût. Malgré sa passion pour concocter sans cesse de nouveaux mélanges, l'élaboration des poisons étaient la seule chose qu'il se répugnait à faire.
« McGuinty n'apprécie guère lorsque je lui vole ses fonctions habituelles », tenta-t-il en essayant de rester le plus respectueux possible.
Voldemort lui envoya un regard noir pour l'audace dont il faisait preuve en discutant de ses ordres, mais sans pourtant le punir d'avantage.
« McGuinty est présentement en train d'enlever la jeune Míriel Delombre alors je considère que sa part de travail est amplement remplie. Contrairement à toi… »
La réponse du Lord noir fit l'effet d'une douche froide à Rogue. Pardons ? Enlever Delombre ! Ce soir ! Mais comment se faisait-il qu'il n'avait pas été mis au courant avant ? Il était à ce point nul comme espion ? Et bien sûr, avec le temps qu'il mettrait à revenir à Poudlard, il n'arriverait jamais à temps pour empêcher cela. Et merde !
« Ah… bien », parvint-t-il à articuler après un moment. « Alors vous pouvez compter sur moi. Vous aurez votre potion demain soir. »
« Bien Severus. J'espère que tu ne me décevras pas. »
« Ayez confiance maître. »
Voldemort retourna alors s'asseoir dans son fauteuil et il se remit face à la cheminer. Voyant ainsi que son entretient était terminé, Rogue se releva en vitesse et sortit de la salle en reprenant le chemin par lequel il était venu. Il devait se dépêcher de rentrer à Poudlard. Peut-être y aurait-t-il encore une chance que Delombre y soit toujours…
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Note de l'auteur: Premièrement, j'espère que tous ceuxqui m'avaient envoyé une review pour le dernier chapitre en ont reçu la réponse. Parce que personnellement j'ingore si le nouveaux système de fonctionne comme il faut. Et deuxièmement, j'espère bien sûr que vous avez aimé ce nouveau chapitre autant que les autres. Pour ceux qui l'aurait remarqué, il marque un tournant dans l'histoire: on arrive enfin dans le bout intéressant ! (Parce que si vous daignez repensé deux secondes aux autres tomes de HP, vous remarquerez que les chapitres de la fin sont toujours riches en évènement...) Et préciser aussi, pour ceux qui ne le savait pas, que cette histoire va compter 20 chapitre + un Épilogue, le tout est déjà écrit depuis longtemps et je me force maintenant à tout réécrire à l'ordi. Coté 18e chapitre, il va s'appellez "Les ruines de l'abbaye saint-James". C'est probablement mon meilleur chapitre d'action... je ne vous en dit pas plus... (Ne vous inquiétez pas, je me dépèche à taper tout ça !)
J'attends vos reviews !
