Chapitre 19

Dans l'attente du réveil

Frank était tapi derrière une immense arche de pierres qui servait de porte d'entrée à l'endroit où ils étaient. À côté de lui, se tenait une jeune sorcière aux cheveux roses qu'il ne connaissait pas. La Repèrpierre de Míriel leur avait désigné l'ancienne abbaye de Dawich et c'est là qu'ils avaient tous transplané, lui, Dumbledore et quelques autres personnes dont il n'avait jamais entendu parlé, mais qui, paraissait-il, étaient de leur coté.

Ils étaient apparus à environ cent mètres des ruines et s'étaient ensuite disposés à divers endroits à travers celles-ci de manière à pouvoir encercler leurs ennemis, ces derniers se tenant au centre. Frank risqua discrètement un coup d'œil en mettant légèrement la tête hors de sa cachette. Il ne regarda que quelques secondes, mais il eut tout de même le temps d'évaluer la situation. Il y avait cinq hommes, dont un, facilement reconnaissable à ses longs cheveux blonds éclatants, était probablement Lucius Malfoy. Il y avait aussi quelqu'un d'étalé sur le sol, inconscient, au centre de la place. Mais, avec le peu d'attention que les mangemorts lui accordaient, Frank en déduisit que ce n'était pas Míriel. Il regarda encore précautionneusement et aperçut cette fois vers où les hommes se concentraient : une forme sombre, recroquevillée dans un coin. Comme un amas fait avec les lambeaux d'une robe de sorcier. Il eut un pincement au cœur et il serra un peu plus fort sa baguette magique dans sa main en comprenant que c'était sa cousine.

Il patienta encore quelques instants avant qu'un bruit semblable à une explosion retentisse dans l'abbaye. C'était le signal. Il jeta un coup d'œil à la sorcière à côté de lui et dans un mouvement commun, ils sortirent de derrière l'arche pour se jeter sur leurs ennemis. Durant les minutes qui suivirent, Frank n'eut pas un seul instant pour penser à quoi que ce soit d'autre que ce qu'il y avait sous les yeux. Le combat faisait rage. Les sorts fusaient de toutes parts, il ne voyait que le mangemort face à lui, ne pensait qu'à attaquer et parer de toutes les manières possibles. Autour de lui, ses coéquipiers faisaient de même. Étant moins nombreux que leurs adversaires, les sbires du Lord Noir finirent par lâcher prise et préférèrent sauver leur peau au lieu de remplir la mission que leur avait confiée leur maître. Au son d'un sifflement strident que l'un d'eux émit, ils transplanèrent tous d'un même élan.

Lorsque le combat prit fin, Frank pu jeter un coup d'œil à l'entour de lui. Personne ne semblait avoir subi de blessure trop grave et il en fut soulagé. C'est alors que son regard retomba sur la forme sombre au pied d'un mur qu'était Míriel. Un voile d'inquiétude tomba sur son visage tandis qu'il se dirigeait rapidement vers elle. Arrivé à sa hauteur, il s'accroupit pour pouvoir observer de plus près dans quel état elle se trouvait. Lorsqu'il la retourna sur le dos, sa tête ballotta de manière inquiétante et il ne put s'empêcher de frissonner d'horreur. Son nez et sa lèvre inférieure avaient été sérieusement amochés et son visage d'une pâleur fantomatique était barbouillé de sang. Une de ses jambes formait un angle étrange et il en était de même pour son bras gauche. La Perle était toujours accrochée à son cou et semblait encore miraculeusement intacte. Elle était sortie de sous sa robe de sorcier et reposait tranquillement sur sa poitrine. Sans tarder, Frank la prit et passa la fine chaînette par-dessus sa tête.

« Comment va-t-elle ? »

Il regarda par-dessus son épaule pour voir un de ses coéquipiers arriver dans sa direction : Kingsley Sacklebot si ses souvenirs étaient exacts.

« Mal », répondit-il sombrement.

Il passa une main en dessous de la tête de la jeune fille pour la relever légèrement. Il eut un soubresaut de dégoût en sentant un liquide poisseux contre ses doigts. Du sang, comprit-il. Passant outre, il mit son autre bras en dessous de ses genoux et la souleva en se remettant debout. En se retournant, il vit que les autres personnes avec qui il était venu s'étaient occupées de l'autre blessé qui était là. Lorsqu'il s'avança vers eux, il fut surpris de reconnaître Potter. En le voyant approcher, Dumbledore vint à sa rencontre, les traits déformés par l'inquiétude en voyant l'état de Míriel.

« Elle ne l'a pas donné », dit le jeune homme en réponse à la question silencieuse du directeur.

« Mais que lui ont-ils fait pour la convaincre… », souffla celui-ci.

« Je retourne immédiatement à Poudlard avec elle », déclara Frank. « Elle a besoin de soins de toute urgence. »

« Bien », répondit le vieil homme.

Il sortit de sa poche ce qui ressemblait à un bonbon au citron, lui donna un coup de baguette magique et le tendit au professeur de Défense contre les forces du mal.

« Vous irez plus rapidement avec un portoloin », dit-il.

Le jeune homme hocha la tête, montrant qu'il avait compris, saisit la friandise puis fut transporté, quelques secondes plus tard, dans un tourbillon de couleurs, jusqu'au château.

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Un long moment s'écoula avant que Harry ne reprenne tranquillement conscience à l'infirmerie. Il ne comprit d'ailleurs pas où il se trouvait ni ce qui s'était passé. Ses derniers souvenirs ne lui montraient que des ruines sombres, Míriel en larme et, surtout, l'horrible douleur à laquelle on l'avait soumis pendant de longues minutes. C'est à ce moment là que Mme Pomfresh arriva près de lui.

« Vous voilà enfin réveillé Potter », dit-elle en s'approchant de lui, une bouteille en vitre à la main.

Celui-ci s'assit dans son lit en prenant des lunettes sur sa table de chevet.

« Depuis combien de temps est-ce que je suis ici ? » demanda-t-il.

« Un peu moins de deux jours », répondit l'infirmière en remplissant un verre de la potion qu'elle avait emmenée et en le lui donnant. « Buvez, cela va vous redonner des forces. »

Il obéit, un peu à contrecoeur, redoutant la saveur qu'aurait la mixture jaunâtre. Mais, étonnamment, elle n'avait qu'un arrière-goût de carottes…

« Rendormez-vous maintenant », ordonna ensuite Mme Pomfresh.

« Quand est-ce que je pourrai voir Ron et Hermione ? » demanda-t-il tout de même.

« Demain. Pour l'instant, vous devez dormir. Il est plus de minuit », continua l'infirmière sur un ton qui se voulait définitif.

Harry n'eut donc pas le choix que de reposer sa tête sur l'oreiller. Il s'écoula ensuite un long moment sans que rien ne se passe. Mme Pomfresh avait probablement eu le temps de regagner son lit et de sombrer dans le sommeil, pensa Harry. Tourné sur le coté, il essayait en vain de se rendormir. Il comptait distraitement les petits carreaux bleus imprimés sur les draps de son lit, espérant que ce serait une activité assez assommante pour lui faire trouver les bras de Morphée… C'est à ce moment là qu'il perçut un trouble dans le silence de l'infirmerie, quelque chose qu'il n'avait pas remarqué jusqu'à maintenant : le souffle continue de quelqu'un qui respire. Délaissant les motifs de sa couverture, il se retourna pour apercevoir, quelques mètre plus loin à sa gauche, la silhouette d'un homme assis au chevet d'un des lits. Il était de dos, mais il n'eut pas de misère à le reconnaître.

« Professeur Lawrence ? » souffla-t-il.

Celui-ci ne sembla pas l'entendre. Ne voulant pas hausser le ton, Harry repoussa son édredons et se leva. Ses jambes chancelèrent un peu au début, n'ayant pas été soumises à l'effort pendant un moment. Mais il trouva bien vite son équilibre. Il s'approcha ensuite lentement du jeune homme. À force d'avancer, il vit se profiler dans l'obscurité, la silhouette de quelqu'un étendu sur le lit à côté de Frank. Parvenu à proximité, il eut un choc en la reconnaissant : Míriel. Elle était blanche et immobile comme la mort. Seule sa poitrine se soulevait et s'abaissait faiblement au rythme de sa respiration. À côté d'elle, le professeur Lawrence serrait un des ses mains nerveusement et ne la quittait pas une seconde du regard. D'après les cernes qui s'étendaient sous ses yeux, on pouvait déduire qu'il était assis à son chevet depuis qu'on l'avait ramenée, deux jours auparavant.

« Est-ce qu'elle s'est déjà réveillée ? » demanda Harry même s'il se doutait de la réponse.

Le jeune homme hocha négativement la tête en serrant un peu plus la main de Míriel. Le Gryffondor soupira et s'assit à coté de lui. Après un moment, il se décida à poser la question qui lui trottait dans la tête depuis qu'il était revenu à lui.

« Que s'est-il passé, cette nuit-là ? » dit-il en se remémorant tous les Doloris qu'on lui avait faits subir.

En entendant cela, Frank se détourna quelques instants de sa cousine pour le regarder.

« Je suppose qu'après ce que tu as vécu, tu es en droit d'obtenir une réponse… », fit-il d'une voix enrouée.

Harry hocha la tête, comme pour approuver ses dires et l'encourager à continuer. Le professeur soupira discrètement avant de sortir un pendentif suspendu à une chaînette d'argent de sous sa robe de sorcier. L'adolescent le reconnut aussitôt : c'était le collier de Míriel.

« Tout est à cause de ça », déclara péniblement l'enseignant. « Est-ce qu'on t'a déjà dit ce que c'était ? » continua-t-il en désignant la petite bille noire incrustée dans sa monture métallique.

Le Gryffondor fit signe que non.

« La Perle de l'ombre, forgée par nos ancêtres, il y a plusieurs centaines d'années… » expliqua Frank. « Probablement l'objet le plus destructeur jamais créé. Si elle se casse, nous sommes tous perdus. »

« Et Voldemort la veut ? » demanda Harry.

Le professeur Lawrence approuva d'un hochement de tête.

« Qu'est-ce que le Seigneur des ténèbres est s'il ne possède pas le pouvoir de l'ombre ? »

« Mais tout ce qui s'est passé, il y a deux jours… », poursuivit le garçon.

« Les mangemorts voulaient la Perle. C'était Míriel qui l'avait. Ils ne peuvent pas la prendre sans son consentement alors ils t'ont utilisé pour la convaincre. »

Suivit alors un long silence. Harry, en réfléchissant un peu, se souvenait tout d'un coup d'une dizaine de situations se rapportant à Míriel qu'il n'avait pas comprises sur le moment, mais qui maintenant… Avec la révélation de l'existence de cette Perle, tout prenait un sens : La vision qu'il avait eu la veille de la rentrée, la présence de Míriel à la réunion de l'Ordre durant le congé de Noël, l'attaque du Mercenaire…

Soudain, la voix étouffée du jeune homme à côté de lui le sortit de ses pensées.

« Tout est de ma faute… C'est moi qui aurait dû prendre la Perle, pas elle… Elle n'aurait pas eu à encaisser autant si je l'avais prise…. »

« Mais non, voyons, ce n'est pas de votre faute », tenta timidement Harry en essayant de trouver une manière quelconque de le réconforter. « Vous n'auriez rien pu faire de plus de toute façon… »

Mais cela n'aida en rien le professeur Lawrence qui continuait de marmonner que tout le blâme lui revenait, comme s'il n'avait rien entendu des paroles de l'adolescent. Il semblait coupé du reste du monde, les yeux fixés sur Míriel, serrant sa main plus fort que jamais. C'est à ce moment là que Mme Pomfresh fit irruption derrière eux.

« M. Potter ! Que faites-vous hors de votre lit ? Je vous ai dit qu'il fallait vous reposer. »

Harry n'eut d'autre choix que d'obéir à l'infirmière bien qu'il aurait préféré rester à veiller sa petite amie. Il regagna son lit, non sans jeter auparavant un regard à Frank qui était toujours dans la même position, marmonnant à présent à voix si basse qu'on ne comprenait plus le sens de ses paroles.

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Le lendemain, Ron et Hermione se pointèrent à l'infirmerie avant leurs cours et ils furent contents de voir que Harry avait repris connaissance. Ils bavardèrent longuement tous les trois et le garçon remarqua qu'aucun de ses deux amis n'abordaient de près ou de loin le sujet de son enlèvement dernier. Probablement Dumbledore leur avait interdit de poser des questions à propos de cet incident. Malheureusement, ils durent se séparer, car, contrairement à lui, ses deux amis n'étaient pas dispensés d'aller en classe. Le reste de la journée se passa dans le calme le plus complet. Mme Pomfresh lui faisait prendre à tous les trois heures une potion anti-douleur pour empêcher les séquelles des Doloris qu'il avait reçus de le faire souffrir. Entre temps il dormait ou essayait de passer le temps du mieux qu'il le pouvait. Le professeur Lawrence était toujours présent quelques lits plus loin, mais celui-ci semblait encore trop ébranler pour même tenir une conversation « normale ».

Et puis le soir finit par arriver, la nuit, puis le matin, le jour et de nouveau le soir… Tout cela sans aucun changement notable à la routine qui semblait vouloir s'installer. Le temps passait. Les heures, les jours s'écoulaient, lentement…

Ce ne fut qu'après une semaine de monotonie accablante que Harry reçut enfin la permission de quitter l'infirmerie. Après tout ce temps passé à s'ennuyer dans son lit, il aurait été compréhensible qu'il n'ait plus voulu mettre les pieds à cet endroit, mais, contrairement aux attentes, il y retournait chaque fois qu'il avait un moment de libre. À cause de Míriel.

Elle n'avait pas encore repris conscience depuis qu'on l'avait ramenée. Elle était toujours aussi livide et immobile que le premier jour. Frank ne la lâchait maintenant plus une seconde. À présent, il mangeait et même dormait à l'infirmerie. Avec les jours, son teint pâlissait et des cernes se creusaient toujours plus sous ses yeux, le faisant parfois ressembler plus à un cadavre que sa cousine. À force d'être assis un à coté de l'autre à veiller Míriel, lui et Harry avaient peu à peu appris à faire plus ample connaissance. Le Gryffondor comprit alors que même si sa petite amie et son professeur n'avait jamais était très liés l'un à l'autre, le fait qu'ils soient respectivement leur dernière famille les rapprochait considérablement.

Un matin, alors qu'il faisait un saut à l'infirmerie avant d'aller en cours, Harry fut surpris de voir autant de monde dans la pièce en arrivant. Dumbledore était là, en train de s'entretenir avec un homme qu'il ne connaissait pas, mais qui portait l'uniforme des Guérisseurs de Ste Mangouste. Mme Pomfresh s'affairait autour de Míriel, passant entre ses bras et ses jambes ce qui ressemblait à un fil doré. Et puis, sur son siège habituel, Frank qui semblait plus effondré que jamais. Le Gryffondor s'approcha de son professeur de Défense contre les forces du mal en jetant un coup d'œil anxieux au gens autour de lui.

« Euh… monsieur ? Qu'est-ce qui se passe ici ? »

« Ils transportent Míriel à Ste-Mangouste… », répondit celui-ci d'une voix cassée.

« Mais pourquoi ? » s'exclama Harry « Mme Pomfresh peut s'occuper d'elle, je croyais qu'elle allait mieux. »

« Si elle allait vraiment mieux, elle se serait réveillé. Cela fait presque deux semaines qu'elle est ainsi. Et il n'est pas normal de rester sans connaissance aussi longtemps. »

« Mais… qu'est-ce qu'elle a alors ? »

« Coma cérébral qu'ils disent… Il paraît que dans ces cas-là, l'hôpital est préférable à ici. Ils ont des équipes spéciales là-bas… »

« Savent-ils quand est-ce qu'elle va se réveiller ? »

« Non. D'après lui », dit Frank en pointant le Guérisseur, « cela peut prendre des semaines, des mois, voir même des années. »

« Des années ! Mais… »

« Sommes-nous prêts pour partir Mme Pomfresh ? » demanda soudain l'homme de Ste-Mangouste en s'approchant.

Celle-ci hocha la tête affirmativement.

« J'ai fini de poser le Transporteur. C'est quand vous voulez. »

« Bien, bien, alors allons-y immédiatement. Professeur Lawrence, vous êtes prêt ? »

Le jeune homme se leva et fit signe que oui. Il alla se poster à côté de Míriel et saisit un petite poignée fixée au long fil doré qui entourait la jeune fille. Le Guérisseur fit de même et il sortit sa montre de sa main libre.

« À 8h30 précise, donc dans 20 secondes… 15… 10… 5… 3, 2, et… maintenant ! »

Les deux hommes ainsi que Míriel se volatilisèrent d'un coup en un craquement sonore. Aussitôt après, Mme Pomfresh se précipita pour changer les draps du lit maintenant vide, nettoyer la table de chevet et ranger toutes les bouteilles de potions qui y traînaient. Harry, quant à lui, était resté figé où il était, en proie à une très grande inquiétude. Et si Míriel prenait des années pour se réveiller ? Ou même si elle ne se réveillait jamais !

« Tu ferais mieux d'aller en classe si tu ne veux pas être en retard Harry », dit Dumbledore en s'approchant de lui.

« Mais… est-ce que je pourrai encore aller la voir ? » demanda celui-ci comme s'il n'avait pas entendu.

« À partir de ce soir, tu pourras. »

Le garçon lança un regard surpris à son directeur. Il ne s'attendait pas à ce qu'on lui accorde cette permission aussi facilement.

« Tu passeras me voir à mon bureau après le souper. Et ne tarde pas trop si tu veux que ta visite à Ste-Mangouste soit la plus longue possible »

Sur ce, Dumbledore sortit de l'infirmerie en laissant là un Harry un peu décontenancé. Celui-ci resta un moment figé avant que la cloche de début de cours ne le sorte de sa torpeur et ne le fasse filer jusqu'à son cours de Sortilèges.

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Quelques heures plus tard, dans un couloir de l'hôpital, Frank faisait les cent pas devant la porte de la chambre où Míriel avait été transportée. Plusieurs Guérisseurs l'examinaient depuis longtemps déjà, laissant présager le pire au professeur de Défense contre les forces du mal. Terriblement inquiet, il n'arrivait pas à tenir en place et arpentait sans arrêt l'étroit passage. Alors qu'il repassait pour la centième fois peut-être sur ses traces, il capta les échos d'une conversation qui se déroulait un peu plus loin.

« Pourriez-vous m'indiquer où se trouve la chambre de Míriel Delombre, je vous prie ? »

Il se retourna pour apercevoir un homme d'une trentaine d'années qui avait accosté une jeune infirmière. Celle-ci fouillait maintenant maladroitement parmi ses listes pour pouvoir lui fournir l'information qu'il cherchait. Il s'avança alors vivement vers eux.

« Míriel est avec moi. Est-ce que je peux faire quelque chose pour vous ? » demanda-t-il en arrivant à leur hauteur.

L'homme se tourna vers lui et l'infirmière, mal-à-l'aise, s'empressa de déguerpir.

« Je suis venu dès que j'ai appris qu'on l'avait emmenée à Ste-Mangouste », déclara celui-ci. « Comment va-t-elle ? »

« Mal, il n'y a pas de doute. Mais je ne sais rien de plus, les Guérisseurs n'ont pas fini de l'examiner. »

L'homme hocha la tête et un silence embarrassé suivit.

« Au fait, je ne crois pas que nous nous sommes présentés. Je me nomme Frank Lawrence, je suis le… »

« …Le cousin de Míriel, je sais », compléta l'autre. « Elle m'a déjà parlé de vous. Vous occupez mon ancien poste en Défense contre les forces du mal, je crois. »

« En effet. Et puis-je savoir qui vous êtes pour que Míriel vous en aie autant dit à mon compte ? »

« Remus Lupin. J'étais un ami de son père. »

« Je vois. Je crois en effet qu'elle a déjà fait référence à vous quelques fois. »

C'est alors qu'une infirmière les interrompit.

« Excusez-moi, M. Delombre ? » dit-elle en s'adressant à Remus. « J'aurais besoin de votre signature. C'est pour permettre aux Guérisseurs d'effectuer un sort de rétablissement crânien sur Miss Delombre. »

Et puis en voyant le regard d'incompréhension que l'homme lui lançait, elle rajouta :

« Vous êtes bien le père de Míriel Delombre ? »

« Euh… non… désolé », bégaya celui-ci, un peu décontenancé. « Son père est mort l'an passé. »

« Oh ! Je vois », s'exclama la jeune femme.

Elle jeta un coup d'œil à Frank, mais elle se détourna bien vite, le jugeant sûrement trop jeune pour avoir un position d'autorité quelconque dans la présente situation.

« Vous êtes son tuteur légal alors ? » continua-t-elle.

« Non, je ne suis que… » commença le lycanthrope en cherchant quel titre il pourrait bien se donner « … son parrain », compléta-t-il.

« Ah… », fit l'infirmière soudain indécise sur ce qu'il convenait de faire. « Et bien… signez quand même, nous allons faire avec. »

Lupin fit ce qu'elle lui demanda et elle repartit ensuite, probablement en train de se demander comment elle allait expliquer la situation à son supérieur.

« Mais… », dit Frank un moment après. « Qui est le tuteur si ce n'est pas vous ? »

« L'été dernier, lorsque le bonhomme du ministère est venu pour la placer dans un orphelinat, elle lui a refilé mille gallions et il n'est plus jamais réapparu », répondit Remus.

« Ah, d'accord », fit le jeune homme. « En effet, je la vois bien obtenir ce qu'elle veut de cette manière… »

C'est à ce moment là que les Guérisseurs sortirent enfin de la chambre de Míriel et les deux hommes s'empressèrent de les rejoindre.

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La journée s'écoula avec une telle lenteur que Harry alla jusqu'à soupçonner qu'un sort y était pour quelque chose. Lorsque le repas du soir arriva enfin, il ne lâcha pas le directeur des yeux, attendant impatiemment que celui-ci ait fini de manger. Lorsque le vieil homme se leva enfin, le Gryffondor le suivit si vite hors de la grande salle qu'il l'avait déjà rejoint dans le hall d'entrée.

« Je vois que tu es de ceux qui cherchent à ne pas perdre une seconde de leur temps », lui fit remarquer Dumbledore.

Le jeune homme acquiesça vaguement.

« Vous aviez dit que je pourrais aller voir Míriel ce soir… »

« En effet. Et j'ai quelque chose à te donner pour cela justement. »

Le directeur sortit de la poche de sa robe une bague en métal bleuté, uni, sans aucun motif ou inscription et il la lui donna.

« J'ai ensorcelé cet anneau pour qu'il te transporte à Ste-Mangouste à chaque fois que tu le désires », expliqua-t-il. « Il t'enverra directement à la chambre de Míriel si tu le mets à ton doigts et te remmènera ici dès que tu l'ôteras. »

« C'est une sorte de Portoloin à volonté », conclu Harry.

« Si on veut, en effet. »

Le Gryffondor hocha la tête, signe qu'il avait compris. Il observa longuement le petit anneau bleuté, mais, dès qu'il sentit que le professeur Dumbledore l'avait quitté, il l'enfila sans plus attendre.

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Remus se tenait presque sans bouger, assis à coté du lit où l'on avait nouvellement installé Míriel. L'état de celle-ci n'avait pas changé, ou du moins… Elle était toujours aussi pâle et immobile qu'avant, mais sa respiration était maintenant plus profonde et plus régulière. Plus artificielle ne pouvait s'empêcher de penser le lycanthrope, car cette « amélioration » était en vérité dû à un sortilège. Les Guérisseurs avaient déployé sur elle une panoplie d'enchantements divers… mais il ne voyait s'en découler aucune amélioration notable. Le diagnostic restait le même : il fallait attendre, il n'y avait rien d'autre à faire… Alors, c'est ce qu'il faisait, depuis des heures déjà. Frank avait fini par s'effondrer sur le petit fauteuil vert bouteille qui meublait la chambre et, depuis un moment, il dormait. Pauvre garçon, ne pouvait s'empêcher de penser Remus. Pauvre fille aussi, se dit-il en revenant à Míriel. Tous les deux si jeunes, à peine sortis de l'enfance, et déjà accablés par une tâche que personne ne devrait être en état de porter. S'ils faillaient à leur devoir, alors ils seraient tenus responsables du malheur de millions de personnes. Alors ils tenaient bon, du mieux qu'ils pouvaient… Mais à quel prix ? Toute leur famille détruite et, à présent, l'une sur un lit d'hôpital et l'autre ravagé par les remords.

Plongé dans ses pensées, Remus s'aperçut à peine qu'Harry venait d'apparaître dans la chambre. Il ne le remarqua que lorsque celui-ci vint s'asseoir en face de lui, de l'autre côté du lit. Il ne lui fit alors qu'un pâle sourire forcé en guise de bonjour auquel le Gryffondor ne répondit même pas.

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Les heures devinrent des jours, les jours des semaines. Frank avait repris les cours, car rester assis toute la journée l'aurait probablement rendu fou. Il allait tout de même aussi souvent que possible à Ste-Mangouste où il prenait la plupart du temps le relais de Remus. Harry également venait, parfois accompagné de Ron et Hermione la fin de semaine. Mrs. Weasley ainsi que Tonks avaient elles aussi fait de nombreuses visites.

Ce n'était plus maintenant qu'une longue routine où tous les jours semblaient être les mêmes. Pas d'amélioration, pas de détérioration non plus. Jamais rien de nouveau n'arrivait. Tout le mois de mai sembla n'être que la répétion continue d'une seule et même journée. Tout cela avait quelque chose d'irréel, comme si on avait suspendu le temps, dans l'attente du réveil…

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Elle ne savait pas où elle était. Elle ne savait même pas ce qui lui arrivait. Elle ne sentait pas son corps, elle flottait tout simplement dans le vide. Elle ne voyait rien, elle ne pouvait même pas ouvrir les yeux. C'était comme si elle ne se contrôlait plus.

Il y avait de la magie, beaucoup de magie. Ça, elle le sentait. Des sorts qu'on lui avait jetés, elle ne savait pas pourquoi. Des potions aussi. Quelque chose qu'on lui faisait avaler, peut-être tous les jours, peut-être toutes les heures. Elle ne pouvait en être certaine. Elle ne ressentait que les effets. C'était comme une chandelle de plus qu'on allumait à chaque fois dans la noirceur qui l'entourait.

Elle gagnait des forces, elle le savait.

Il y avait des gens aussi. Des gens autour d'elle constamment. Ils lui parlaient des fois, mais elle n'arrivait pas à comprendre leurs paroles. Elle aimait les sentir près d'elle. Ça la rassurait. Elle savait ainsi qu'un mince fil était tendu entre le monde et le vide dans lequel elle flottait. Et elle s'accrochait de toutes ses forces à ce fil.

Elle devait tenir bon. Elle ne voulait pas rester ainsi à tout jamais.

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Note de l'auteur: Míriel se réveillera-t-elle ? Grand suspens jusqu'au prochain chapitre... lol, j'essayerai de ne pas trop vous faire attendre. Le 20e s'appellera donc : La fin d'une ère pour les Delombre. C'est le chapitre finale qui va conclure cette fanfic... ne restera plus que l'Epilogue, pour étirer la fin encore plus... Je suis très contente de voir qu'il y en a qui on suivit jusqu'ici, Continuer de m'envoyer des reviews !