/NdA/Ce chapitre ne contient pas de dialogue, pourtant il est très important à la suite de l'histoire. C'est le moment où Blaise doit faire son choix, où il prend une décision qui aura pour conséquence l'histoire qui suivra :P... sa confrontation avec Hermione.
oO¤Oo
LA NUIT LA PLUS LONGUE
Épisode II : Trop tôt pour mourir
oO¤Oo
Je veux vivre.
Je vais assassiner Hermione Granger et vous, les autres, fichez-moi la paix...
Ce soir, j'ai quitté mon manoir dans un but très précis. Je me suis rendu dans un appartement qui n'était pas le mien, j'ai respiré un air qui ne m'était pas destiné, et j'ai bu dans un gobelet que mes lèvres n'avaient jamais effleuré auparavant. Ce soir, dans le noir, j'ai pénétré chez Hermione Granger, je me suis assis sur l'un des fauteuils de son salon et, plongé dans l'obscurité de sa maison aux lumières éteintes, j'ai attendu son retour.
J'ai attendu son retour. Pourquoi, pour quelles raisons avais-je à l'attendre dans le noir ? Pour des raisons injustes, mais nécessaires. C'était une triste histoire, mais si je voulais vivre, elle devait mourir avant moi. Sinon, le rêve allait se produire. La prémonition. Elle allait me tuer, un soir d'automne, et mes yeux ne s'ouvriraient plus jamais. Quant à la véracité dudit rêve, ce rêve qui me tourmentait tant, je n'avais même pas à la discuter. Je savais qu'il me sauverait, je le savais, le sentais tout au fond de mes entrailles. Toutefois, vous, probablement, ne pensez pas la même chose. Vous me croyez assurément fou, comme Draco il y a quelques jours, obsédé par un rêve bidon et un pressentiment de cinglé. Mais tout ce qui compte, dans cette histoire, c'est de survivre. À Poudlard et pendant la guerre, je n'ai réussi à survivre qu'en suivant mes instincts, et ça ne changera pas de sitôt, aussi injuste puisse être mon geste envers Granger.
Mais si la seule solution est bien celle-ci, celle de tuer ma meurtrière avant qu'elle n'agisse elle-même, pourquoi mes mains tremblent-elles à chaque fois que cette idée traverse mon esprit ? Pourquoi mon corps tremble-t-il de la tête aux pieds alors que je suis enfin ici, à attendre son retour pour poser le geste qui m'assurera la vie? Pourquoi, à quelques heures de sa mort, n'arrives-je pas à me convaincre que ce meurtre est réellement fondé? Comment se fait-il que je doute autant...?
Il est vrai qu'après tout, je ne suis ni le premier, ni le dernier sorcier à tuer en ce monde. Certains sorciers tuent pour des raisons futiles, d'autres n'ont même pas de justifications. Là n'est pas le problème. Le réel problème est en fait que malgré tout ce qui m'anime en ce moment, la crainte de la mort, ce puissant désir de survivre, rien ne suffit à me convaincre que j'ai raison de tuer, même injustement. Rien n'arrive à me convaincre que ma vie vaut plus que la sienne. Que celle d'Hermione Granger, pourtant sang-de-bourbe. Et c'est ce qui me fait peur.
J'étais donc là, immobile sur le fauteuil que je m'étais approprié, et je me sentis tout à coup très faible. La peur me lacérait l'estomac. La peur que malgré ma propre propagande, je n'arrive pas à faire ce que je devrai faire lorsque Granger franchira la porte de son appartement. La tuer. Et ce, pour mon bien. Milles et une questions se fracassaient contre mon crâne, milles et un doutes. Je tenais ma baguette entre mes doigts, mais j'ignorais si, lorsque l'ancienne griffondor reviendrait, j'allais parvenir à lui lancer ce sortilège impardonnable que je n'avais jamais lancé. J'ignorais…je ne savais pas…si….
J'ai alors secoué ma tête, tentant de me remettre les idées en place. Je songeai alors à mon rêve, et cela me força à contenir mes incertitudes. Enlever la vie pour garder la sienne est injuste, mais qu'y a-t-il de juste, dans ce monde infernal? La vie elle-même est infernale.
Je fis alors comme je l'avais fait à chaque fois que le doute s'était installé en moi. Je m'efforçai de construire autour de moi une barricade d'illusions, de confiance prétentieuse. J'enfouis mes émotions tout au fond de mon crâne. Je fis tout comme si j'étais convaincu de l'exactitude de mes actions; je fis comme si j'étais en accord avec tout ce qu'on m'avait appris à faire dans mon enfance. J'ai caché mes émotions derrière un épais masque d'indifférence et j'ai serré mes doigts autour des accoudoirs du fauteuil de Granger avec le plus de force possible. C'était une pathétique tentative d'empêcher mes mains de trembler, et j'éclatai de rire devant ma misérable lâcheté.
C'est à cet instant que j'eus soudain l'irrésistible envie de me lever et d'aller observer les photographies posées sur la cheminée du salon, à quelques pas devant moi. Je ne sais pas quelle raison me poussa à m'y rendre, mais le désir était massif. Une voix dans ma tête m'incitait à regarder chaque visage qui souriait, l'un après l'autre. Mon regard allait de visage à visage, examinant chaque détail, aussi peu intéressant soit-il.
Toutefois, mes yeux si figèrent tout à coup sur une photo qui capta mon attention avec force. Là, devant moi, imprimée sur un bout de carton grisâtre, Hermione Granger m'observait de ses grands yeux perspicaces. Elle se trouvait en compagnie d'Harry Potter, et de Ronald Weasley qui portait un bandage sur le bras gauche. Cette photo se situait après la chute de Voldemort, je le devinai plutôt facilement. Mais ce n'était pas ce qui me fascinait. Ce qui avait retint toute mon attention, c'était Granger. Granger qui était heureuse. Granger dont le sourire illuminait la photographie toute entière, Granger qui...
Je me sentit alors démantelé, et ma barricade s'effondra comme un pauvre château de cartes. Les interrogations et les doutes se bousculèrent de nouveau dans ma tête. Elles me submergèrent, m'entraînèrent vers un tourbillon de brouillard. Pourquoi une femme aussi heureuse que semblait l'être Hermione Granger voudrait-elle ma mort? Pourquoi son destin croiserait-il le mien, alors qu'il ne l'avait jamais fait auparavant? Dans quelles circonstances tout ça se produirait-il? Qu'est-ce que j'avais fait, qu'est-ce que je ferais pour…?
Soudain, je tendis la main vers la cheminée et projetai tout ce qui s'y trouvait avec sauvagerie. Les photos, cette photo qui m'avait tant troublé l'espace d'un instant, tout s'étala sur le sol avec un bruit sourd.
Puis, j'observai un instant le désordre qu'étaient devenus les souvenirs de Granger qui traînaient ici et là à mes pieds et je serrai ma baguette entre mes doigts. Je jetai ensuite quelques regards perdus à la porte, puis aux photos, puis à ma baguette magique, puis encore à la porte. Depuis que j'avais vu cette photo de Granger, un engrenage c'était déclenché dans ma tête. Maintenant, je savais.
Je savais qu'il était impératif de l'empêcher de me tuer, et que pour cela, je devais faire ce que j'avais à faire. Pourtant, je savais également que je n'y arriverais jamais. Ou du moins, que je n'y arriverais jamais tant et aussi longtemps que j'ignorerais pourquoi elle voulait ma peau. Une fille de la classe de Granger ne tue pas n'importe lequel fils de sang-pur simplement parce qu'il l'a ignoré et méprisé royalement pendant ses années de collèges. Encore moins lorsqu'il s'appelle Blaise Zabini et qu'il ne lui a jamais adressé la parole, par dégoût pour son sang impur. Et ce, même si elle se doute fortement qu'il est de connivence avec Draco Malefoy. Pour une idéaliste comme elle, ce n'est pas suffisant, ce n'est pas assez tangible.
Alors, pourquoi ? Pourquoi allait-elle me tuer un soir d'automne, comme le rêve me l'avait révélé ? Tant d'interrogations se devaient d'être résolues. Je ne pouvais tout simplement pas assassiné la réponse à mes questions. C'était inconcevable.
C'est alors que je compris. Je compris comment allait se dérouler le reste de mon existence.
Je n'allais pas assassiner Granger. Ou du moins, pas pour le moment. J'allais plutôt tout mettre en oeuvre pour découvrir ce qui la motiverait à poser ce geste à mon égard, au cours de la saison qui suivrait celle-ci. En effet, je savais qu'Hermione Granger m'assassinerait un soir d'automne. Et cela, je le savais puisque lors de mon rêve, les feuilles de l'arbre sous lequel je m'effondrais, vidé de toute étincelle de vie, étaient rouges. Rouges comme le sang. À ce jour, nous étions à la fin d'un mois de juillet caniculaire. Je me donnais un intermède d'un mois. Un long mois avant de la tuer, un long mois de sursis pour comprendre.
Et c'était tout. Après, je ferais ce qu'il fallait que je fasse. Entre elle ou moi, entre sa vie et la mienne, le choix était formel.
oO¤Oo
Tout à coup, son reflet s'effaça brusquement du miroir et fut remplacé par une série d'images brèves et saccadées. Alors, ce fut comme s'il était transporté à travers la glace. Il se retrouva dans un endroit où le décor autour de lui changeait sans cesse, passant de lieux en lieux et de scènes en scènes. Il vit des événements passés, des événements présents...jusqu'à ce que le décor se fige brusquement sur une scène précise. Il vit alors des choses qui le submergèrent d'une terreur pure et qui le firent trembler comme un enfant. Il vit...
...vit l'ombre de la lune cachée derrière un nuage pressé par le vent. Il vit un arbre, il vit l'hôpital Ste-Mangouste. Et le pressentiment hurlait en lui, engloutissait toutes ses pensées, sauf son envie de survivre. Il sentit le vent sur sa peau. Il courut sur un sol humide. Il... il vit une femme. Il vit une femme. Il vit un arbre. Il vit des feuilles rouges. Les feuilles rouges s'enfuirent avec le vent. Elles voltigèrent, elles mirent feu au ciel. Il ressentit la peur, la terreur et la fureur. Il ressentit aussi autre chose. Et le pressentiment hurlait en lui, engloutissait toutes ses pensées, sauf son envie de survivre. Il courut sur le sol humide. Il sentit le froid sur sa peau. Il vit une femme, puis il vit cette femme pointer sa baguette vers lui comme une accusation. Et le pressentiment hurlait en lui, engloutissait toutes ses pensées, sauf son envie de survivre. Il vit la femme. Il entendit sa voix. Il entendit sa voix dans sa tête, les mots battant au rythme de son cœur affolé. Il ressentit la fin. Il savait que la fin approchait, qu'elle arriverait bien avant que les feuilles rouges qu'avait prises le vent ne tombent sur le sol humide. Il ressentit le froid se répandre dans son dos, où l'avait frapper la mort. Il s'effondra sur un tapis de feuilles, et accompagna son dernier soupir d'un ultime regard droit devant lui. Et il la vit. Il vit une femme. Il vit une sang-de-bourbe, il vit Hermione Granger. Et les feuilles que le vent s'était approprié glissèrent vers lui, recouvrirent ses yeux déjà vitrés, déjà perdus dans les ténèbres.
Et le tambour qui résonnait dans son âme se tut, et il oublia à jamais son souhait le plus cher. Il oublia qu'il ne désirait qu'une chose au monde, vivre. Et il oublia pour toujours son désir de survivre car là il était allé, ce mot perdait tout son sens.
Blaise Zabini hurla, terrifié.
Et il s'éveilla. Il porta ses mains à ses tempes. Son corps était ruisselant de sueur et son cœur battait furieusement. Son cœur battait, encore et toujours, il battait, battait...
Ce n'était qu'un rêve, se dit-il alors pour se rassurer. Mais ce n'était pas qu'un rêve. Le pressentiment était là... toujours là. En lui, lui rappelant que ce rêve n'était pas qu'un rêve.
oO¤Oo
Le Trèfle NoirJ'en profite pour remercier mes gentils revieweurs :P Merci de vous manifester, ça rend l'écriture des chapitres encore plus agréable qu'elle ne l'est déjà! Un revieweur qui s'impatiente pour la suite, ça me fait l'effet d'un ange qui me donnerait au coup de pied au derrière...
Lol, merci pour vos commentaires!
