Titre : Sang et révélations
Auteurs : Yuna Chan et Clôtho
Source : Gundam Wing.^^
Genre : Tout. lol un peu de tout..
Couples : Bon, si vous avez toujours pas deviné. Ben 3x4 à venir , et 5x Sally. et 2+1
Disclaimers : Pas à nous. rien n'est à nous. sauf Kari^^ et elle c'est rien qu'à nous^^ !
Notes : C'est la suite. un peu longue mais c'est cadeau pour le nouvel an. ^^
Nathalie : Effectivement, on peut s'attendre à tout de la part du soldat parfait. un chapitre qui nous éclaircit déjà sur pas mal de choses.mais bon, j'avoue pas sur tout.
Law-sama : Voilà, voilà. une autre suite. bon, alors.quelques réponses dans ce chapitre.^^
Misaogirl : Euh. Pourquoi Duo n'a pas le droit d'être tranquille avec Hee- chan ? Ben.. parce que. enfin, c'est plus marrant quoi. *sourire sadique* Voilà la suite ; profites'en^^
Yami-rose : Voilà la suite que tu attendais.. ou à laquelle tu ne t'attendais pas.lol à toi de voir.
Lilou1 : Tu te poses des tas de questions ? Alors. lis ce chapitre qui explique et complique.lol
Chris52 : Voilà la suite, la suite, la suite ! lol
On remercie encore une fois tous les reviewvers, c'est super encourageant pour écrire la suite^^ et puis pour cet chapitre. n'hésiter pas à reviewver ! on n'attend que ça^^
Bisous des auteuses !!!!
Chapitre 4 : Où Duo ne comprend rien.
Duo regarda Heero quelques secondes de plus, cherchant le regard qu'il avait aperçu plus tôt mais, ne le retrouvant pas , il s'assit sur son lit et soupira.
Son sac était posé à côté de lui, ouvert, et le livre vert des mathématiques en ressortait légèrement.
- Heero. Tu dois m'aider. Si je ne rends pas ce devoir, je suis collé. Tu le sais, le prof l'a dit et tu étais là.. Et si je suis collé un mercredi après-midi, je ne pourrais pas effectuer le repérage.
Le japonais fronça les sourcils. Il ne fallait pas que la mission soit retardée. Pas d'obstacle à la mission.
Une heure de colle était un obstacle.
Il se leva et sortit une copie double de son sac. Il la tendit au natté sans un mot.
- C'est ton devoir ? Tu l'as déjà fait ? s'étonna l'américain.
Aucune réponse ne lui parvint. Heero pianotait sur son ordinateur qui affichait maintenant les plans du lycée. Il ferma soudain son ordinateur et se leva. Il fallait qu'il la voie.
Mais le jeune américain l'en empêcha.
-Je ne peux pas recopier ton devoir ! J'y comprends que dalle, moi ! Et si le prof m'interroge ? Il a dit qu'il enverrait un élève au tableau. Heero, explique moi. Je serais collé.ajouta-il, sachant pertinemment que Heero ne ferait ça que dans l'optique d'une mission.
Le jeune homme se tourna vers les yeux améthystes qui le suppliaient.
- Qu'est ce que tu n'as pas compris ? demanda t-il d'un ton sec.
Duo sourit, puis répondant à la question du pilote :
-Rien du tout, dit-il en grimaçant. Je connais les formules.enfin, je les ai lues.Mais bon, avec le cours sous le nez, je ne sais même pas comment faire ces exercices !
- C'est pourtant simple, soupira Heero.
Duo étala son livre par terre avec une feuille et un support, et s'allongea sur le sol. Ses jambes croisées vers le haut se balançaient.
- Ben là où, toi, tu vois de la facilité, moi, je ne vois que des trucs de tordus !
Heero s'installa à côté de Duo, oubliant pour un moment ses soucis.
- Reprenons. Tu n'as même pas su faire la première question ? Mais c'est du cours !
-. Ben j'avais pas vu. Et puis je comprends rien à ce que dit ce prof ! ? Rien qu'à regarder la tête des autres élèves, je peux te dire que t'étais le seul à comprendre. D'ailleurs, quand est ce que tu as fait ton DM ?
- Ce midi.
-Euh. J'étais avec toi tout ce midi, je te signale. Ah, non ! Je suis allé faire une partie de basket avec la classe. mais elle a à peine duré une demie-heure ! Tu n'as pas pu faire ces trois exercices.supers longs en une demie-heure ! Si ? T'es inhumain.
Le japonais ne répondit pas et jeta un ?il à l'énoncé du livre.
Il entreprit alors d'expliquer à Duo ce que signifiait l'énoncé, d'une voix atone.
Mais Duo décrocha au bout de deux minutes. Il n'avait jamais été aussi près du japonais. sauf lors de ce fameux soir. Et la proximité du bel asiatique ne le laissait pas indifférent. Si près de ses yeux bleus qui le fixaient, de ses mains posées sagement sur le livre, de ses lèvres qui bougeaient.
Duo se rapprocha presque inconsciemment du jeune homme lorsque le japonais haussa la voix, le sortant de sa torpeur.
- Tu m'écoutes ?
- Hein ?
- Mais c'est pas vrai ! Comment veux tu comprendre ce que je dis, si tu ne m'écoutes même pas ?
Duo baissa la tête, gêné.
-Je suis désolé. Allez Hee-chan, reprends du début cette fois je t'écoute ! reprit-il avec un sourire engageant.
Heero lui jeta un coup d'?il prudent et se lança dans une nouvelle explication.
Au bout de deux heures, Duo avait tout compris. Il fit un large sourire à son ami en s'étirant. Heero se releva et rangea son DM dans son sac.
- Ouais ! merci Heero ! franchement t'as assuré je comprends tout ! Juste une petite question.
-Hn ?
- Comment est ce que tu fait pour savoir tout ça ? Et tout connaître en maths, et être aussi fort dans cette matière. et même dans toutes les autres, à chaque fois qu'on a des contrôles. surprises ou pas tu as toujours des notes maximales si on nous rends les copies avant la fin de la mission. alors comment tu fais ?
- Recopie ton DM et va te coucher. Ce soir, on commence le repérage.
Duo soupira et se remit au travail.
Heero sortit de la pièce et referma la porte avec soin derrière lui.
L'américain se retrouva seul, dans la chambre.
Il vit alors l'ordinateur de Heero qui était resté sur le bureau du jeune homme. Le natté, tenté, s'en approcha et l'ouvrit.
Détournant assez aisément les premiers barrages, il resta bloqué un bon quart d'heure sur un système qu'il ne connaissait pas.
Finalement, il parvint à le débloquer et l'écran d'accueil s'afficha.
Duo tenta d'ouvrir deux ou trois fenêtres au hasard, mais à chaque fois, un nouveau mot de passe était demandé. Cliquant sur annuler, en s'apercevant qu'il ne pourrait pas les contrer, Duo s'assit plus confortablement sur le fauteuil.
Prenant sa tête entre ses mains, il réfléchit.
Au bout de quelques minutes, ses pensées dérivèrent sur le comportement étrange du pilote 01 depuis quelques jours. Puis, il en vint à penser à son meilleur ami.
Il ne pouvait même pas l'appeler, toute communication étant interdite lors des missions avec des contacts extérieurs.
Son regard fit le tour de la pièce et se fixa sur les tiroirs du bureau. L'un d'eux était mal refermé.
Duo l'ouvrit avec précaution.
Il était vide.
Au fond, un petit carré noir.
L'américain attrapa la disquette et l'inséra directement dans l'ordinateur portable du japonais. Aucun mot de passe ne fut demandé.
Il vit bien un programme d'antivirus vérifier son contenu mais il n'en contenait apparemment pas et Duo put lire tout ce que contenait ces fichiers.
Une date s'affichait sur chaque nouveau document.
Plusieurs catégories de chiffres s'alignaient.
Duo commença par le premier.
La tête du professeur J apparut à l'écran éclairée par un néon blanc. Il parlait à la caméra.
« Projet d'expérimentation 01. Premier test de réflexes. 01 semble avoir déjà acquis une bonne capacité à réagir. Quelques améliorations pourront être effectuées ultérieurement. »
Duo vit alors l'image se brouiller et être remplacée par un écran de fond vert clair. Un petit garçon d'environ dix ans apparut à l'écran. Il était seul au milieu de la salle et avançait progressivement vers la porte sur sa droite.
Un pas après l'autre.
Doucement.
Deux lames jaillirent du sol que l'enfant évita avec une facilité déconcertante.
Plusieurs couteaux traversèrent la pièce.
L'enfant en rattrapa deux au passage et s'en servit pour parer les autres.
Puis, le noir total.
Duo suivait les mouvements de l'enfant grâce à la caméra qui était apparemment infrarouge.
01 ne montra absolument aucun signe de surprise devant cette obscurité soudaine.
Il restait sur ses gardes, et se rapprochait de la porte chaque fois un peu plus. L'enfant se mit soudain à courir en sens inverse, à une rapidité étonnante pour son jeune âge. Des coups de feu.
On lui tirait dessus.
Et il évitait le tout simplement en courant. Un test de réflexe.
Plusieurs nouvelles lames furent projetées à nouveau sur l'enfant. Dans le noir le plus complet, le seul bruit qui parvenait aux oreilles de Duo était leur sifflement alors qu'elles coupaient l'air.
Toutes furent interceptées.
Le petit garçon fixa son regard sur la caméra avec un froncement de sourcil puis il lui adressa un sourire narquois. Il l'avait vue, et ne se privait pas de le faire remarquer.
Deux couteaux traversèrent la salle. Un atteignit l'enfant au bras, se plantant dans un des ses muscles. Pas un cri ne sortit de sa bouche. Il l'ôta précautionneusement, l'oreille aux aguets.
L'autre couteau se planta dans le mur derrière lui. Le jeune garçon ne s'occupa pas de sa plaie qui déversait un liquide brunâtre et courut dans le fond de la pièce.
Un harpon alla droit sur lui.
Il était de dos, faisant face au mur. Le garçon accéléra et ses jambes montèrent contre le mur. Une pirouette plus tard et le harpon rejoignit le couteau. L'enfant retomba doucement sur ses pieds, devant le mur.
Il s'avança encore au centre de la chambre piégée.
Et lorsque des flèches fusèrent à travers la pièce, le petit garçon les évita en effectuant quatre salto arrière, ignorant certainement son bras douloureux en prenant appui sur celui-ci.
Une roue plus tard, il était devant la deuxième porte.
Il dut enclencher un mécanisme car une énorme larme comme une guillotine trancha l'air avec un bruit net juste à la place qu'occupait l'enfant précédemment s'il n'avait pas eu le réflexe de se reculer vivement.
Une de ses mèches de cheveux tomba à terre.
Dans un élan de rage, l'enfant attrapa un couteau qu'il avait gardé sur lui, Duo ne savait pas quand, ni comment, et l'envoya droit sur la caméra.
L'image se brouilla et une autre caméra dut prendre le relais, car sous un autre angle de vue, l'américain put voir à nouveau ce que faisait le garçon.
Ce dernier enjamba la lame plantée dans le sol et tourna la poignée de la porte.
L'écran se brouilla de nouveau laissant apparaître le professeur J.
Des mouvements dans le couloir inquiétèrent Duo qui revint immédiatement à la réalité.
Il ferma l'ordinateur mais omit de retirer la disquette.
*** Pendant ce temps, Heero marchait dans les couloirs larges du lycée, à la recherche de la jeune fille.
Il fallait qu'il parle à Kari.
Qu'il lui rappelle. Qu'il la mette en garde.
Et il s'était décidé à lui dire la vérité. Ou tout au moins une partie de la vérité qu'il avait découverte deux ans plus tôt, et que le professeur lui avait fait oublier.
Enfin, il croisa la jeune fille dans le couloir.
Mais lorsqu'elle le vit, son regard devint noir et elle passa à ses côtés sans le regarder.
Heero la retint par le bras, doucement.
La jeune fille se retourna et lui demanda d'un ton agressif :
- Qu'est ce que tu me veux ?
- Il faut qu'on parle, fut la réponse que lui donna le japonais.
Et sans plus rien dire il lui fit signe de le suivre dans une salle de classe vide.
Jetant un coup d'?il dans le couloir avant de pénétrer dans la pièce car c'était interdit d'y aller sans la présence d'un professeur, la jeune fille s'y glissa toujours sur ses gardes.
***
Wufei ressortit de la petite pièce sanitaire, suivi de Sally. La jeune femme lui recommanda encore une fois de boire plus de lait, car son corps manquait de calcium.
- Tes os sont affaiblis. Tu risques une fracture plus facilement si ton corps n'a pas la calcium dont il a besoin.
- Je m'en souviendrais.
- Wufei, promet moi que tu y feras attention. C'est sérieux.
Le jeune homme ne répondit rien. Cela faisait longtemps qu'il ne faisait plus de promesse. En période de guerre, on ne peut être sûr de rien, et il l'avait compris bien trop amèrement.
- Au fait, dis à Heero de passer me voir à l'occasion. Cela fait au moins trois séances de suite qu'il ne vient pas. Je dois lui faire un bilan médical !
- Il est en mission. Je lui dirais quand il sera de retour.
Le chinois prit les mains de Sally les garda dans les siennes un long moment. Il effectua une légère pression sur ses doigts qu'elle lui rendit. Fermant les yeux une seconde, Wufei se détendit puis lâcha les mains de la doctoresse et repartit en sens inverse, avec un dernier regard pour la jeune femme qui le regardait un doux sourire aux lèvres.
Avec elle, il se sentait en sécurité, et une merveilleuse sensation de bien être l'envahissait.
Elle le comprenait mieux que quiconque, ayant tous deux les mêmes origines, et Wufei la respectait énormément.
Il l'aimait aussi, et savait que c'était réciproque.
Mais il ne voulait pas aller trop vite, savourant ses moments d'innocence que sont les tous premiers échanges amoureux.
Le jeune asiatique ne voulait plus renfermer ses sentiments au plus profond de lui, l'amour étant un sentiment qui s'épanouit partagé mais meurt lorsqu'il est trop longtemps confiné, et caché.
Faisant demi-tour, Wufei se dirigea droit vers Sally qui n'avait pas bougé. Il l'embrassa doucement sur les lèvres et lui souffla deux mots à l'oreille.
La jeune femme lui répondit la même chose, et passa une main dans les cheveux noirs de l'asiatique. Une mèche retomba devant ses yeux mais Wufei ne la remit pas en place. Ils restèrent une longue minute enlacés puis le jeune homme, reprit son chemin initial avec une nouvelle lueur dans les yeux.
L'espoir d'un avenir meilleur.
***
Quatre s'affairait à la cuisine, rangeant la vaisselle du matin et préparant le dîner lorsque Wufei rentra. Un rapide bonsoir et le jeune chinois alla s'enfermer dans sa chambre. Mais Quatre ressentit à travers son empathie, que le chinois était pour la première fois, enfin heureux.
Ils dînèrent ensemble, à trois.
Quatre sentait la fatigue avoir raison de lui et il fermait les yeux souvent, ne les rouvrant qu'au prix d'un effort pénible. Wufei et Trowa gardaient le silence ce qui contribuait à plonger Quatre dans son engourdissement.
Le repas lui sembla interminable et juste avant le dessert, il s'assoupit légèrement.
Aussitôt, une violente image surgit dans son esprit et le jeune arabe rouvrit les yeux, apeuré.
Trowa lui jeta un regard interrogatif et Wufei l'observa pendant une minute, immobile, scrutant le moindre mouvement qu'il pourrait faire. Puis, il se replongea dans son assiette.
Le français se leva et amena sur la table le dessert de sa démarche féline. Quatre but un grand verre d'eau et s'obligea à se réveiller complètement.
Il ne pouvait plus dormir paisiblement.
Il ne pouvait plus fermer les yeux sans que des passages sanguinolents de la vie de Heero ne surgissent dans son esprit.
Car, il en était certain, maintenant.
C'était la vie du japonais qu'il pouvait voir.
Puisqu'à chaque fois, il le voyait, distribuant la mort et la torture au milieu de ses rêves.
A chaque fois, il reconnaissait son visage, ses traits, et la folie qu'il avait entraperçue la veille.
Quand Quatre termina son dessert, il était incapable de dire ce qu'il venait de manger, ni même de se rappeler de la saveur que ça avait.
Tout ce qu'il voyait, c'était le sang, et tout ce qu'il sentait, c'était le sang .
Wufei sortit après avoir fini son propre repas et Trowa débarrassa la table aidant le jeune arabe. Quatre traînait dans la cuisine, ralentissement ses mouvements, ou trouvant tout d'un coup que tel ou tel objet devrait être relavé ou déplacé.
Le petit blond redoutait la nuit venue car il avait peur de faire de nouveau ces cauchemars.
Qu'avait fait Heero ? et surtout comment ?
Et puis. Est ce qu'un jour il pourrait ne plus voir ces images et entendre ces cris ?
Une seule nuit avait suffit à effrayer le blond quant à l'empathie qu'il avait.
Une seule nuit.
Trowa était repartit dans sa chambre, emportant le livre avec lui. Il désirait certainement le lire plus tranquille. Après tout, c'était lui qui l'avait acheté. Quatre soupira car il avait l'intention de le lire, pour éviter de s'endormir. Il se planta devant la télévision, bien décidé à y rester jusqu'au petit matin. Mais aussitôt assis dans le canapé, la fatigue le submergea. L'adolescent se réveilla en sursaut, sentant qu'il partait pour se rendormir. Il se leva et marcha. Il tournait en rond dans le salon depuis environ un quart d'heure lorsque Trowa l'interpella.
- Quatre ?
Le français s'était arrêté en haut des marches et observait son cadet qui tournait en rond depuis quelques minutes.
- Oh, Je fais trop de bruit ? Désolé, Trowa, je vais me coucher. Je voulais pas te déranger.
- Non.
- Non ?
- Tu ne me déranges pas, expliqua le jeune homme.
- Mais pourquoi alors .
- Je me demandais ce que tu faisais. Le français laissa passer un long silence avant de demander, Tu es sûr que tout va bien ?
- Oui, enfin, ça ira ne t'inquiète pas.
- Tu n'avais pas l'intention de dormir.
Ce n'était pas une question mais une affirmation. Quatre lui répondit alors la vérité, sachant que le jeune homme pourrait déterminer s'il mentait ou non.
- En effet, non.
- Tu devrais.
- Pardon ?
Trowa tourna les talons et retourna dans sa chambre. Mais tout en marchant il lui lança :
- Il serait stupide de ta part d'éviter de nouveau un sommeil réparateur. Si une nouvelle mission nous est donnée demain, tu ne seras pas en mesure de l'assurer.
Quatre entendit la porte se refermer et soupira.
Trowa avait raison, il ne pouvait tout simplement pas s'empêcher de dormir. Le sommeil est vital. Et il en avait besoin. Mais comment s'y résigner lorsque l'on sait que dès que les ténèbres seront là, les cauchemars reviendront ?
Quatre frissonna et se résolut à aller se coucher. Il affronterait les visions d'horreur du japonais et il dormirait. Oui, il dormirait. Il n'allait pas se laisser intimider par un vulgaire cauchemar ! D'un geste rageur, il remonta les couvertures de son lit sur lui et se coucha. Fermant les yeux, il se calma et bientôt sa respiration se fit régulière. Il dormait.
Quatre était dans un nouveau rêve.
Il marchait tranquillement, dans une forêt, et sentait le vent sur ses cheveux qui dégageait sa nuque. Le soleil brillait haut et le jeune homme avançait, serein. Du bruit sur sa gauche le surprit et il put alors admirer une biche qui se nourrissait de baies. Le moment était d'une beauté rare, et Quatre s'immobilisa. Mais bientôt, un courant d'air plus frais, le fit frissonner. Les arbres autour de lui noircirent, et la biche s'allongea.
Sur son flanc un petit trou rouge qui laissait filtrer du sang.
D'un coup, la pluie tomba. Mais c'était un liquide visqueux, et rouge. Quatre se mit à courir reconnaissant le fluide vital et cherchant à lui échapper. Un cri lui échappa lorsqu'il découvrit qu'il était maintenant sur un champs de bataille. Déserté. C'était une forêt ici, avant. Mais ce n'était plus qu'un amas de cendres et de corps enchevêtrés les une dans les autres. Un raclement de gorge attira son attention. Un homme, la gorge transpercée par une balle agonisait. Il rampait vers le petit blond qui se recula. Mais ses pieds restaient comme collés au sol.
C'est de la faute à tout ce sang !
Il faut que je me débarrasse du sang ! Il colle ! Il m'empêche de fuir ! Je dois fuir !
Paniquant, Quatre, tenta de reculer et s'aperçut avec horreur qu'il s'enfonçait dans la boue rougeâtre. L'homme qui rampait se rapprochait de plus en plus. Quatre ne pouvait plus bouger tandis que les mains du soldat s'agrippaient à lui. Il hurla de douleur en sentant les sentiments de l'homme, et porta les mains à sa tête. Oui, il ressentait toute cette souffrance. D'autres personnes bougeaient derrière et se rapprochait aussi du jeune arabe en rampant. La pluie avait traversé ses vêtements et il pouvait maintenant sentir le sang lui coller à la peau.
Au moment où la pression de l'homme allait le faire tomber, droit sur lui, sur les feuilles rouges, la terre humide et ces corps, le boue et les rats qui déjà, ouvraient leurs gueules prêts à le mordre et à savourer sa chair comme ils le faisaient avec les cadavres, à ce moment là, Quatre poussa un dernier cri. Son corps fut secoué doucement, comme une dernière berceuse des rats avant la mort. Sur son épaule, on le secouait.
Quelque chose d'humide sur son visage le réveilla instantanément, le tirant de son cauchemar.
Ouvrant brusquement les yeux, affolé, le jeune arabe se trouva nez à nez avec Trowa. Le jeune français lui passait un mouchoir mouillé sur les lèvres. Non, ce n'était pas ses lèvres qu'il mouillait. C'était sous son nez. Se redressant, Trowa cessa son manège. Aussitôt, Quatre, en tremblant, sentit un liquide chaud couler de son nez. Il saignait. Il remarqua aussi que le français l'avait sortit de son cauchemar en lui posant une main sur l'épaule et en le secouant légèrement. Mais le jeune français avait arrêté, et à présent il le regardait avec inquiétude.
- Quatre ?
Le souffle court, Quatre tourna ses yeux sur lui. Prenant le mouchoir humidifié que lui tendait son ami, il fit pression sur son nez pour empêcher le sang de couler plus. Tremblant, il sentit alors Trowa le prendre dans ses bras.
- Tout va bien maintenant, ce n'était qu'un cauchemar. Un cauchemar, lui murmura t-il alors, encore au creux de l'oreille.
- Je n'en peux plus, sanglota Quatre.
Le froid l'envahissait, comme après chacun de ses cauchemars et il se colla un peu plus à Trowa, recherchant sa chaleur.
Celui-ci s'était assis sur le bord du lit et le serrait dans ses bras.
Il avait entendu le jeune homme crier et se débattre dans ses draps. Et lorsqu'il avait ouvert la porte, la vision du jeune arabe repoussant les draps, et gémissant, le sang coulant sur son visage, et tâchant les draps et ses cheveux d'or, lui avait fait mal au ventre.
Oui, il avait eu mal au ventre, mal comme il n'avait jamais eu mal, plus fort que lorsqu'on tombait malade.
Quelque chose qui lui avait soulevé l'estomac et l'avait bloqué sur place. Le sang battait à ses tempes violemment. Il ne pouvait plus bouger. Paralysé.
Mais soudain, l'envie de le réconforter, fut plus forte. Il fallait le sortir de là. Empêcher le sang de couler encore et encore.
Il fallait le sortir de son cauchemar.
Un cauchemar, c'était terrible, il l'avait déjà expérimenté des milliers de fois. Et combien de fois, c'était-il dit que si quelqu'un l'avait réveillé avant.
C'était arrivé une fois. On l'avait réveillé alors qu'il faisait un cauchemar. Une vision de noir. Sur le moment, il se souvint du soulagement de s'en être sortit. C'était comme ça qu'il avait appris qu'on pouvait s'en libérer avant. Avant de replonger dans cet affreux cauchemar.
Mais le moment qui avait suivi n'était guère réjouissant, l'homme qui l'avait réveillé ne l'ayant fait que pour une seule raison.
Premier cauchemar éveillé.
Chassant ses pensées, Trowa chercha à réveiller le blond, passant une main sur son épaule et le secouant légèrement.
Le sang continuait à couler . Avisant la salle de bain qui n'était pas loin, il se précipita sur le robinet, mouillant un bout de tissu et revint sur le visage du jeune arabe. Il entreprit de continuer à le réveiller, le secouant un peu plus fort, mais empêchant le sang de couler.
Deux yeux bleus s'ouvrirent terrifiés, au contact du linge froid. Trowa suspendit son geste.
- Quatre ?
Le petit blond tourna la tête vers lui et Trowa vit du soulagement dans ses yeux. Il avait eu raison de le réveiller alors.
Lui tendant le mouchoir, il le regarda faire pression sur son nez. Il remarqua alors qu'il tremblait encore et, pris d'une soudaine impulsion il s'assit à ses côtés et le prit dans ses bras.
Se blottissant dans les bras du châtain, Quatre tenta de retrouver son calme, échappant au froid qui l'avait soudainement envahi en faisant ce maudit cauchemar. Comment en était-il arrivé là ? Il ne s'en souvenait plus, mais la douce chaleur qui l'envahissait en ce moment était réconfortante. Il aurait voulu y rester encore longtemps. Ne plus bouger. Ne plus penser à rien. Juste sentir ce corps contre le sien, le souffle chaud du français dans son cou. Aucun mot. Il n'avait besoin que de sa présence, son confort, sa chaleur pour le calmer enfin. Ils restèrent ainsi pendant de longues minutes, sans rien dire.
Quatre emprisonna les bras de Trowa dans les siens, les croisant contre son corps. Celui-ci ne dit rien. Puis, lorsque le jeune homme blond sembla recouvrer ses esprits, le jeune français chercha à se dégager lentement.
Quatre ne le laissa pas partir. Il ne voulait pas qu'il parte. Il ne voulait pas se rendormir seul, dans le noir, seul pour les affronter. Peut- être que le jeune homme qui le réconfortait les chasserait ? Et il devait bien l'avouer, il profitait de la proximité avec le français, surpris qu'il lui accorde son attention.
Lorsque les battements dans sa poitrine se firent moins désordonnés, il respira une grande bouffée d'air, ce qui colla son corps un peu plus contre Trowa, remarqua t-il, et entreprit de s'expliquer pour le dérangement.
- Je suis désolé. Vraiment désolé. Je t'ai réveillé. Je.. C'est stupide, je n'ai fait qu'un cauchemar.
- Non. Ne t'excuse pas. Tu as eu raison de crier. D'appeler à l'aide. Il faut s'en sortir avant., souffla Trowa.
- Je. merci. Merci de m'en avoir sorti. De m'avoir réveillé. Et merci pour le mouchoir termina t-il dans un pauvre sourire.
Son nez s'était arrêté de couler. Le mouchoir blanc d'origine avait maintenant pris une couleur pourpre.
- Je suis vraiment désolé, continua l'arabe en se justifiant. D'habitude mes barrières sont capables d'éviter ce genre de cauchemar.. Mais depuis qu'Heero a.
- Heero ?
Le petit blond lui raconta patiemment ce que le japonais lui avait fait endurer. Il ne put empêcher de nouvelles larmes silencieuses de couler le long de son visage à l'évocation du comportement sinistre de celui qu'il prenait pour son camarade.
Trowa ne chercha pas à défendre le japonais. Il ne contredit pas l'arabe comme ce dernier le craignait. Après tout, c'était un de celui qui le comprenait le mieux et Trowa et Heero s'entendaient vraiment très bien. Mais le jeune français ne dit rien. Il se contenta de serrer plus fort le corps de son ami contre lui, et d'essuyer du bout de ses doigts fins, les larmes qui glissaient silencieusement le long des joues du petit blond.
Quatre tourna son visage vers lui, se dégageant de son étreinte.
- Je ne veux pas que tu croies que je te mens. Ni que je te monte contre Heero. Je ne comprends pas plus que toi son attitude.
Devant l'interrogation muette du français, l'arabe lui répondit.
- Je ressens un peu ce que tu penses. Et tu ne comprends pas son attitude. Tu te dis que jamais Heero ne pourrait faire une chose pareille, n'est ce pas ?
- En effet.dit lentement Trowa. Ton empathie. Tu ne ressens que nos sentiments les plus forts ? Pas nos pensées ?
- Oui, c'est exact. Pas vos pensées. - C'est ton empathie. répéta le jeune homme pensivement.
- Ca te fait peur ? commença Quatre, sur la défensive.
Soudain, un doute envahissait le jeune arabe. Et si le français ne voulait plus le revoir maintenant qu'il savait ce que Quatre pouvait voir ? Maintenant qu'il en était sûr ? Il le considérait certainement comme un monstre. Il n'en était pas un ! Non, il ne l'admettrait jamais ! Il possédait ce don mais il le considérait comme un don pas comme un mal ! Il en était même fier. Et si cela gênait Trowa, eh bien il l'éviterait, point.
Devinant sans mal les pensées du blond, Trowa le rassura.
- Non. Non ! Quatre je n'aurais jamais peur de toi. Je te fais confiance. Non, je me disais. Heero doit posséder un don plus puissant que ton empathie pour pouvoir faire ce que tu dis qu'il a fait. Il doit contrôler ce genre de choses. Et. Pendant un an. On ne s'est douté de rien.
- Oui, je n'avais pas vu ça sous cet angle. Mais oui, effectivement. Il doit avoir une bonne maîtrise de son empathie.
Un bâillement coupa ses réflexions. Il était si fatigué. Et cette discussion l'avait épuisé, ainsi que son cauchemar.
- Tu es encore fatigué, tu n'as pas vraiment dormi.
- Reste.. S'il te plait. J'ai le sentiment que si tu restes. Je ne ferais plus de cauchemars. Reste, avoua tout bas Quatre en rougissant quelque peu dans la pénombre.
Trowa comprit la supplication du jeune homme et hocha doucement la tête. Une compagnie. Oui, il comprenait. S'étendant aux côté du jeune blond, l'imitant il ferma les yeux. L'arabe prit une main du français dans la sienne et la serra très fort. Il la retint fortement, le temps de s'endormir et ne la lâcha qu'au petit matin. Trowa le laissa faire, étrangement conciliant.
***
Lorsque Kari ressortit de la petite pièce, Heero derrière elle, son visage avait retrouvé un calme qu'elle ne connaissait plus depuis un an.
Oui, elle se souvenait de chaque instant, de chaque moment passé en compagnie du jeune homme. De son passé. De sa ranc?ur. De la signification du pendentif. Et de ses sentiments. Elle n'était plus perdue. Heero était sa lumière.
- Retourne dans ta chambre, on se retrouve demain sur le campus, glissa le japonais à son oreille avant de tourner les talons en direction inverse.
Elle le regarda s'éloigna de son pas qu'elle reconnaissait et obéit au jeune homme, souhaitant rester seule pour le moment, et faire le point sur tout ce qu'elle venait de redécouvrir sur elle-même.
Un lent sourire aux lèvres, elle passa une main sur son chignon, en s'allongeant sur son lit.
***
Heero pénétra dans sa chambre, retrouvant Duo qui n'avait visiblement même pas pris le temps de recopier son devoir de maths. L'ordinateur était allumé, et Duo était allongé sur un des lits.
Fronçant les sourcils, Heero regarda d'un air méfiant l'américain puis l'ordinateur, puis décida d'abandonner ses soupçons lorsque son regard se posa sur la petite pendule au dessus du lit de l'américain.
- Duo, on part dans un quart d'heure.
- Quoi il est déjà minuit et quart ?
Le japonais ne répondit rien mais sortit les plans de la nouvelle école sur imprimante. Il en remit une feuille à Duo.
- Dans une heure je veux que tu sois à cet endroit là, lui dit-il en lui désignant une petite pièce. C'est le bureau du proviseur. Cherche dans son coffre fort. Il devrait être sur la partie droite du mur si les plans sont exacts. Ramène tout ce que tu trouves. Disquette, plans, dossiers suspects.
- On ne sait pas ce qu'on cherche alors on prend tout ! Ok ! Pas de blem, pour moi. Et toi, tu fais quoi ?
- Je vais dans la salle des ordinateurs. Je m'occupe du serveur et de l'ordinateur de la secrétaire. Je devrais pouvoir accéder aux dossiers importants par son réseau. Dans exactement une heure, je te retrouve chez le directeur et je t'aide pour son ordinateur. Après on rentre. Prends ton arme, des factions circulent pour surveiller les dortoirs.
- Tu t'inquiète pour moi ? demanda le natté, d'un ton taquin.
- Je n'ai pas de temps à perdre à aller te chercher, répliqua le japonais d'un ton agacé..
- Et si tu n'est pas là dans une heure ? Je pirate moi-même ? demanda le natté, avec un sourire à la dernière réplique de son coéquipier.
- Non, ils ont installé un système très performant. Trop compliqué. Si je ne reviens pas, reprit plus doucement le japonais, retrouve moi dans cette salle. Il lui indiqua la salle de la secrétaire. Si je n'y suis pas, c'est que je suis mort.
- Bon, d'accord. Alors à dans une heure, lui lança l'américain en prenant avec lui divers couteaux pour la route.
Se faufilant telle une ombre dans les couloirs il sortit, le plan sous les yeux, afin d'accomplir sa mission.
Heero sortit peu après, et alla directement dans la salle des ordinateurs. Forçant la porte, il alluma les ordinateurs et attendit patiemment que ceux- ci démarrent. Jetant sans cesse des coup d'?il dans les couloirs, dressant l'oreille au moindre bruit, il restait à l'affût d'un éventuel ennemi.
Enfin, les pages d'accueil s'affichèrent. Heero s'assit à l'ordinateur central et passa le mot de passe sans problème. Pianotant avec une rapidité surprenante, ses doigts volaient littéralement sur le clavier, il passa en revue chaque document, chaque dossier, chaque information qui étaient susceptibles de l'intéresser. Il savait à peu près ce qu'il cherchait. Ses yeux parcouraient l'écran à la recherche d'une éventuelle trace de l'arme d'infiltration. D'une quelconque preuve de son passage.
Jetant des coup d'?il nerveux à sa montre, il dut finalement arrêter tout au bout d'une demie-heure devant admettre qu'il n'avait rien trouvé. Il s'en doutait mais bon. Fermant tous les écrans, il ressortit de la pièce et avança précautionneusement vers le bureau de la secrétaire.
Pendant ce temps, Duo fouillait dans le coffre du directeur. Le cachette était exactement à l'endroit indiqué par Heero. Il est vraiment doué, pensa t-il. La forcer n'avait pas été simple mais rien n'était impossible pour un voleur tel que Duo et il y était parvenu au bout d'une dizaine de minutes. Et une mauvaise surprise l'attendait. Des tonnes et des tonnes de paperasses s'entassaient bien gentiment.. Duo savait qu'il ne pourrait pas tout emporter et entreprit de lire les dossiers un à un. Du temps de perdu mais bon.. Heero allait le tuer si jamais il ne ramenait rien.
Au bout d'une heure, il n'avait épluché que la moitié et rien. Que des dossiers d'élèves qu'il avait à peine regardé. Des notes, des bulletins, des paperasses pour installer un nouveau réfectoire, obtenir de nouveaux budgets. Le propre d'une école quoi.
Regardant l'heure, il se demanda ce que Heero foutait. Un quart d'heure plus tard, le jeune homme n'était toujours pas là. L'américain rangea tout, camouflant sa venue et sortit à la recherche du japonais aux yeux bleus.
Il parcourut les couloirs en sens inverse. Puis, il avisa de la lumière dans une salle se situant entre la porte de la secrétaire et le bureau du proviseur. Du bruit provenait de la pièce.
Duo s'arrêta au seuil de la porte.
Ce qui se déroulait sous ses yeux le cloua sur place.
Dans la grande salle éclairée, deux personnes se faisaient face.
Dans l'ombre, deux silhouettes s'observaient, un même sourire aux lèvres.
Mais ce qui stupéfiait Duo était leur ressemblance.
Des yeux bleus, cobalt, des cheveux en bataille et cet air déterminé qui n'appartenait qu'à une seule personne.
Heero.
Sauf, que là, Duo voyait deux Heero.qui visiblement semblaient sur le point de se battre. Et était habillés de la même manière.
Duo ne pouvait plus bouger.
Il restait là sans pouvoir rien dire ni faire devant le spectacle qui se déroulait sous yeux.
Une voix s'éleva alors, brisant le silence inquiétant de la pièce.
-Comme on se retrouve. Le sourire s'agrandit chez celui qui parlait mais pas chez l'autre. Toujours dans les étoiles, Heero ? A regarder passer les jours et à attendre ? Moi, je n'en pouvais plus. Alors, j'agis.
Au grand étonnement de Duo, il commença à fredonner d'une voix douce une chanson :
-Bien sûr qu'un jour s'en va pour l'un et pour l'autre s'en vient,
Les combattants se faisaient face tournant progressivement autour de l'autre et laissant un écart d'un mètre entre eux.
- Bien sûr les étoiles se meurent quand le ciel s'éteint, continua le double de Heero en chantant sur le même ton.
« Tu as toujours eu des illusions, mais ouvre les yeux, Heero. La réalité est sombre et rien ne peut la changer ! »
« Et c'est pour ça que tu détruit tout ? Pour la rendre encore plus sombre ? On aurait pu tout changer ! »
-C'est notre amour qui n'aura jamais de lendemain. , imperturbable, son sosie continuait à chanter malgré les regards noirs qu'ils échangeaient.. Mon frère.. Le dernier mot que lâcha le jeune homme électrisa toute la pièce, et Duo en resta cloué sur place.
Heero éleva alors la voix. Il chantait lui aussi. Duo ne put s'empêcher d'admirer sa voix. Si. profonde, grave et emplie de tristesse et de haine tout à la fois.
- Bien plus qu'un monde qui s'ouvre à l'un et pour l'autre chavire
« Maintenant, il est trop tard pour toi, tu le sais ? Tu ne pourras plus revenir en arrière. C'est la fin. »
« Non, seulement le commencement »
La voix du pilote du Wing s'éleva un peu plus :
- Bien plus qu'une mère qui supplie quand la source est tarie
« Tu en a déjà trop fait. Lorsqu'elle te suppliait, tu ne ressentais donc rien ? Tu la privait de toute eau ! De toute source de survie . Et elle est morte à cause de ça. Juste pour que tu prouves à J que tu savais aussi tuer sans remord. Juste pour le plaisir. C'était elle qui t'avais mis au monde ! »
« Elle m'a tourné le dos. Elle m'avait abandonné ! »
« Je ne pourrais jamais comprendre ce geste »
- C'est tout notre amour qui s'éloigne des rives et se perd.. mon frère. , termina Heero dans un souffle.
Les yeux se fixèrent encore une fois avant de se détourner.
Tout à coup, la bataille commença.
L'un des deux adolescents se jeta sur l'autre, qui esquiva son attaque et repartit de plus belle dans cet affrontement.
Les deux corps se frôlaient sans jamais s'atteindre, les coups fusaient, de plus en plus brutaux, de plus en plus précis, de plus en plus meurtriers. Enfin, un coup atteignit son destinataire.
Le jeune homme vola à travers la pièce se recevant sur le mur couleur albâtre.
L'autre se rapprochait d'un pas nonchalant. Un pas après l'autre. Le bruit de ses semelles résonnaient sur le sol.
-Tout s'oublie.
« Je voudrais pouvoir oublier tous ces souvenirs, Heero. Cette noirceur et cette cruauté. Celle qui existait avant que je n'y contribue. »
- Chacun avec sa peine,
« Tu as la tienne, et j'ai la mienne. Bizarrement c'est la même. Mais on y peut rien. Et c'est trop tard. »
- Que le temps nous reprenne. Les souvenirs d'un frère, termina le frère de Heero en baissant la voix.
Celui-ci se releva brusquement, se remettant en garde et sous le regard ébahi de Duo, renvoya à son adversaire un coup de pied puissant, donné avec beaucoup d'élan, son corps ayant effectué durant le mouvement, une rotation de 180°.
« Toutes ces fois ou nous nous sommes aidés. Toutes les fois ou on était ensembles. Tu t'en souviens n'est ce pas ? Moi aussi. Et ça me fait mal. Je veux les oublier, Heero. »
Les deux adolescents se refirent face, se replaçant au milieu de la pièce . Celui qui avait attaqué en premier esquissa un large sourire bientôt imité par l'autre. Et un Heero qui sourit comme ça. ça lui donne un air dangereux alors lorsqu'ils sont deux.
- Chacun avec sa peine, lâcha Heero en faisant deux pas sur sa droite.
« Tu n'est pas le seul à la ressentir. Bien sûr qu'on a vécu des moments durs. Mais je les ai surmontés. Et nos souvenirs. Je les garde et je m'en sers .Une arme. C'est une arme. Mais chacun reprends son chemin. »
-Que le temps nous apprenne. A nous aimer. En frère, continua le japonais sa voix remplissant à présent la salle d'un murmure grandissant.
« Avec le temps, tout se cicatrise. J'en ai fait l'expérience. »
« Mais tu m'en veux toujours »
« Tu fais partie de Oz à présent. Que je t'en veuilles ou pas ne rentre plus en compte. Tu es mon ennemi »
« Et on s'aime quand même, la vie est ironique. »
« La faute à qui ? »
L'affrontement reprit soudainement, avec une violence inouïe, qui effraya l'américain.
Mais trop stupéfait pour penser à quoi que ce soit il ne fit pas un mouvement de plus.
Il ne parvenait même plus à discerner ou était le Heero qu'il connaissait.
Les deux jeunes gens dans la pièce se ressemblait trop . Ils étaient tous deux parfaits.
Parfaits dans leurs mouvements qui s'alliaient admirablement bien ensemble.
Parfaits dans la façon qu'ils avaient de se battre.
Les esquives, les attaques, les parades.
Tout.
C'était comme si Heero se battait contre sa propre ombre.
C'était un spectacle effrayant et fascinant.
Encore une pause. Les combattants s'écartaient. Pas une seule fois l'un d'entre eux ne reprit son souffle.
Duo avait encore perdu de vue le véritable Heero. Et lorsque l'un d'entre eux chanta, il ne pouvait même pas dire lequel c'était.
- Bien sûr que la terre est brûlée quand la pluie l'oublie.
« Il y a toujours des conséquences. Certaines sont inévitables. On y peut rien. »
« Tout peut changer. »
« Depuis quand est tu habité par ce genre d'espoir inutile ? »
« Depuis que j'ai compris, depuis longtemps. »
Une représentation mortelle et pleine de vie.
- Bien sûr que tout est cri puisqu'on se l'est jamais dit
« Tu t'étonnes qu'on soit ennemi ? C'est la vie, chacun son chemin. »
« Alors, tu trouves ça normal ? Qu'on se retrouve dans ses circonstances, qu'on se batte, qu'on se crie après ? »
« Ou est là normalité ? Je ne l'ai jamais connue et toi non plus. Toi plus que moi d'ailleurs, si je m'en souviens bien. »
« C'était un entraînement. »
- Bien sûr l'amour puisqu'il ne peut plus grandir, s'enterre
« C'est impossible de revenir en arrière maintenant. »
« Oui, aujourd'hui, c'est la fin de notre fraternité. »
- Mon frère
C'était un tableau dressé au vitriol, une palette de couleur en noir en blanc.
Les deux adversaires jouaient avec leurs vies, lançaient la mort et la réceptionnaient les deux bras ouverts, ne la repoussant qu'au dernier moment.
C'était un jeu dangereux, ils provoquaient une puissance qui les surpassaient et que pourtant ils dépassaient avec aisance.
- Bien plus qu'un dernier regard peut décider d'une vie, chanta
son opposé.
« Ce soir, lorsque tu es mort, le regard que tu m'as lancé. Je savais que c'était fini. Et j'ai construit ma vie à partir de ça ! »
« Et le mort est revenu à la vie. Tu ne t'attendais pas à ça. Mais lorsque je me suis réveillé, c'était trop tard. La guerre était engagée, et qui était le meneur ? Toi ! »
- Bien plus que cette fin d'espoir que le courant charrie,
continua le japonais en se rapprochant de son ennemi.
« Je n'avais plus d'espoir de te retrouver. Tu étais mort. Tu l'est toujours pour moi. »
« Il faudra bien que tu acceptes mon retour, maintenant les choses vont changer.
- C'est un amour qui ne trouvera pas de rivière, la même voix
inlassablement, suivait la chanson.
« Nous ne serons plus jamais aussi liés qu'avant. Tu t'en rend comptes, n'est ce pas ? »
« Et nous ne pouvons plus nous aimer »
- Mon frère.
Le ballet continuait devant Duo redoublant d'intensité.
Il avait du mal à suivre tous les mouvements tant ils étaient rapides.
Pourtant, ils suivaient le rythme de la chanson qu'ils fredonnaient depuis le début.
Elle s'harmonisait exactement avec les deux combattants qui semblaient danser.
Ils s'envolaient, virevoltaient, sautant d'une note à l'autre, ayant l'air de rire de ce qu'ils faisaient.
Mais leur lutte, elle, était sérieuse, et bien réelle.
- Tout s'oublie,
Chacun avec sa peine
Que le temps nous reprenne
Les souvenirs
D'un frère
« Je t'oublierai. Je vous effacerai. Mais ce n'est pas fini. »
Pourtant, on ressentait derrière ce combat, une telle note de désespoir, de dernier sursaut.
Une infinie tristesse baignait l'air, étouffant peu à peu la personne qui était restée sur le seuil de la porte.
- Chacun avec sa peine
Que le temps nous apprenne
A nous aimer
En frère, l'autre avait pris le relais et chantait plus fort maintenant.
« Non, ce n'est pas fini. Je comprends maintenant. Mais tu ne repartiras pas d'ici avec ça. »
« C'est ce qu'on verra. »
Les visages des deux combattants, ne reflétaient plus l'amusement depuis la dernière réplique lancée .
Ils étaient identiques, sombres et brillant d'un éclat meurtrier. On sentait chez les deux adversaires une hésitation qu'ils n'avaient jusqu'ici pas ressentie.
La lutte se relâchait.
Mais dans un dernier effort, les deux adversaires continuaient leur combat déjà perdu.
- Puisqu'on ne sera toujours
Que la moitié d'un tout, continua le chanteur, déterminé.
Deux frères qui se battent, deux frères qui ont vécu la même enfance, les mêmes souffrances, qui ont partagé leurs doutes, leurs peines et qui se retrouvaient ennemis par la force du destin.
La rage de vaincre les envahirent de nouveau.
- Puisqu'on ne sera jamais
Que la moitié de nous,
C'était comme avant.
- Que la moitié de nous. répéta son adversaire, plus fort.
Le plus fort gagnera.
Le chant s'amplifia.
- Mon frère....
Cette fois, c'était les deux frères qui chantaient ensembles. D'une même voix, d'un même souffle, et surtout d'une même haine.
Cette fois, les deux jumeaux s'affrontèrent avec des techniques différentes.
Le premier garda la même, cette redoutable efficacité meurtrière dans le combat et le deuxième adoptant cette fois une tactique plus acrobatique alliant le combat, à l'agilité, à la souplesse.
- Bien sûr que rien ne pourra jamais nous l'enlever, la voix du chanteur était plus forte que jamais, plus puissante.
« Nous sommes frères, et rien ne pourra le changer. »
« Non. rien. Mais être frères ne signifie pas être allié, Heero. »
« Je n'ai jamais dit ça. »
Il effectua deux roues, joignant sa souplesse et sa force pour finir dans un salto et atterrir derrière son frère qui n'avait pas eu le temps de bouger, stupéfait par ce revirement de tactique.
Ce dernier sentit alors qu'il tombait, ses jambes fauchées par celles de son ennemi derrière lui.
Il se ramassa sur lui-même , se réceptionnant à l'aide d'une roulade et se releva.
Ils se refirent face.
- Bien plus que tout ce que la vie peut nous accorder,
Un premier coup de pied fut donné, retenu par le bras droit du receveur qui fit tourner son propriétaire sur lui-même, le refaisant tomber.
Il ne prit pas la peine de lui déboîter la jambe. Il se jeta tout simplement sur lui, finissant à terre ce qu'il avait commencé debout.
Mais là encore les deux frères étaient à armes égales.
Jusqu'à ce que le premier parvienne à atteindre son frère de sang au cou.
Un coup de poing dans le ventre lui coupant la respiration, il appliqua fortement son index à un endroit précis sur le cou de son ennemi , ce qui eut pour effet le lâcher prise soudain et un fort toussotement.
- L'amour sera toujours cette moitié de nous qui reste
A faire
Mon frère ... termina le gagnant de l'affrontement en se relevant doucement.
-Tu as progressé, on dirait, Heero. touss touss .
-On dirait, oui.
-La dernière technique.ingénieuse.
-Sans doute. la voix d'Heero changea . Je n'ai pas de temps à perdre. Donne moi cette disquette, maintenant, Yoki.
Les deux garçons s'étaient relevés.
Le chant avait cessé. Ils ne chantaient plus. .
Leurs voix résonnaient à présent dans la grande salle.
Yoki se frottait la gorge, là où Heero l'avait frappé en dernier.
Le coup aurait dû être mortel.
Mais Heero avait retenu son geste. Comme toujours. Pour Yoki une preuve de faiblesse.
Il avait frappé assez fort, juste pour effrayer son frère et lui signifier qu'il avait gagné.
Un signe qui n'avait pas échappé à son adversaire qui avait capitulé.
Duo s'avança doucement dans la pièce.
Aussitôt les deux frères se tournèrent vers lui, dans un même élan, une même expression impénétrable sur le visage.
Yoki leva la main pour prendre la disquette qui se trouvait dans sa chemise.
Il la lança à Heero qui la rattrapa au vol.
-Tu te bats pour les colonies, Heero, mais elles ne nous ont jamais rien apporté ! Que le malheur ! siffla t-il.
-C'est pour ça que t'es chez Oz ? demanda brusquement Duo.
-Non. pour le sang que je verse..sourit Yoki.
Et il se mit à courir, bousculant Duo qui lui barrait le passage.
Celui-ci ne réalisa qu'à ce moment là que Heero avait un jumeau.
- Heero. L'américain prit une grande inspiration. Heero. Je comprends rien à ce qui se passe.
- Pour l'instant, le plus urgent est de rentrer dans notre chambre, le premier repérage est terminé.
-On ne le rattrape pas ? demanda Duo étonné, en montrant la direction par laquelle Yoki était parti.
- Trop tard. De toute façon, on se retrouvera bien assez tôt.
- Heero.
-Non, plus tard. On rentre, ordonna le jeune homme.
- Mais vous avez fait du bruit. Les factions doivent être alertées maintenant. protesta Duo.
- Les factions, c'était lui, expliqua le japonais.
- C'était.
- Plus de temps à perdre, suis-moi ! lui répondit son coéquipier en s'élançant à travers les couloirs.
Duo sortit de la pièce en courant à la suite du soldat parfait, en jetant deux trois regards vers la droite ou la gauche. Tout était silencieux et ils regagnèrent rapidement leur chambre.
Enfin en sécurité, Duo se massa les tempes.
L'heure des explications avait sonné.
- Je veux tout savoir. Tout a failli rater, et puis, le fait que tu es un frère jumeau. Ce n'est pas négligeable enfin ! Pourquoi ne nous as tu rien dit ? Et la raison de ton comportement. Et l'attaque de Quatre, attaqua l'américain une fois la porte refermée. Les bras croisés, il faisait face à celui qu'il considérait comme un ami. pour l'instant.
- J'avais un frère jumeau. Mort lors d'une mission. lui répondit le japonais, en le regardant droit dans les yeux.
-Apparemment, non. coupa l'américain ironique.
- Je suppose que c'est lui l'arme d'infiltration. C'était ce que je cherchais hier en ville, expliqua le jeune homme aux yeux cobalt.
- Tu déconnes ? Hier tu étais à la planque ! s'exclama Duo.
- C'est impossible.
Le ton était catégorique. Sans appel.
- Je plaisante pas, Heero. Hier, tu. tu avais changé de vêtements, certes, tu avais même un comportement étrange mais.
- . Non, hier j'étais en ville. Je piratais les données du centre de Oz à partir de leur terminal.
- Une autre mission ?
- Pas vraiment, avoua le japonais.
- Mais. Mais alors. Yoki.souffla Duo. C'était ton frère hier.
- Il a trouvé la planque. murmura le soldat parfait.
- Oui. Il est venu. A quelle heure est tu rentré ? A quelle heure est tu rentré de ton excursion ? demanda précipitamment Duo.
- Vers minuit. Pourquoi ça ?
- Il est parti peu avant.
- Il a été prévenu. Ou il me connaît trop bien. déclara pensivement Heero.
- Le réveil a sonné. tenta de se rappeler Duo.
- Il me connaît trop bien, conclut Heero.
- Alors. Alors tu n'as pas agressé Quatre.
- Il a fait quoi ? demanda le japonais, tendu à l'extrême.
- Il l'a. Il l'a empoigné sur le mur avec ordre de ne plus lire dans ses pensées. Il lui as entré.. Je ne sais pas trop comment des images. dans sa tête. Et maintenant Quatre ne parvient plus a dormir sans faire des cauchemars. terribles. Réels.
- C'est pas vrai. Quatre est toujours à la planque ?
- Oui, avec les autres.
- Il faut les faire évacuer immédiatement ! Je leur en envoie l'ordre, se réveilla soudain le soldat parfait. Ils peuvent subir une attaque d'un moment à l'autre !
S'approchant de l'ordinateur, Heero tapa un rapide message dessus, et le crypta pour ne pas qu'il tombe entre de mauvaises mains. Il l'envoya sur le téléphone portable de Trowa. Se retournant :
- C'est fait.
- Oui. Espérons qu'ils ne sont pas déjà pris.
- Mais. Vous ne vous êtes pas rendus compte que ce n'était pas moi ?
- Pas vraiment. répondit l'américain avec un sourire désolé.
Il baissa la tête, honteux. Ils se connaissaient depuis un an. Et il ne s'était rendu compte de rien. Pourtant au comportement étrange.
- .
- Ce n'était pas toi qui. Duo semblait réfléchir intensément.
- Quoi ? Qu'est ce qu'il a fait encore ? le brusqua quelque peu le japonais.
- Il a. il a embrassé Réléna.
- Pardon ? demanda le japonais surpris.
Enfin, façon de parler, il avait un sourcil levé, nota Duo.
- Il a..
- Oui, ça va. le coupa agacé Heero.
Au fur et à mesure qu'il réfléchissait, Heero semblait comprendre plusieurs choses. que Duo ne comprenait pas, lui.
- Quoi ? Tu peux m'expliquer pourquoi il l'a embrassé. comme ça ? répéta Duo, d'un air dégoûté.
- Il a cru que c'était Kari. Ou il a voulu avoir un aperçu. dit Heero les yeux perdus dans le vague.
Il semblait plus se parler à lui-même qu'à Duo.
- De qui tu parles ?
- On a été élevé a trois. Yoki, Kari et moi. Par J. expliqua alors Heero en tournant son regard vers l'américain. Kari est sur le campus. Dès demain, elle nous rejoindra.
- Mais alors.
- Ils étaient tous censé être morts, c'est pourquoi je n'ai pas jugé bon de vous prévenir.
- Et ils sont tout les deux vivants, c'est ça ? Mais pourquoi aurait-il embrassé l'autre bonbonnière ?
- Parce qu'elles se ressemblent. de visage, répondit le jeune homme pensif.
- Quoi ? l'américain était de plus en plus surpris.
- Yoki a cru que c'était Kari.. Et il a attaqué Quatre lorsqu'il s'est rendu compte qu'il était empathique.
- Génial ! La prochaine fois, tu pourras nous prévenir que tu as un sosie, qui est du côté de Oz, qui embrasse toutes les personnes qu'il croise, et qui aime de temps à autre se faire passer pour toi ? lâcha le natté avec un petit cri hystérique.
- Toutes les personnes qu'il croise ? Tu n'as parlé que de Réléna ! dit le japonais en relevant la tête brusquement.
- . Tu m'as embrassé. Enfin, je veux dire, Yoki m'a embrassé dit Duo en rougissant quelque peu.
Il n'osait pas dire qu'il avait répondu au baiser. Ni du comportement qui avait suivi. Il en avait un peu honte. Et ce n'était pas Heero.
- Par...Pardon? Fit Heero moitié étonné moitié furieux.
- Yoki m'a embrassé. Et. presque violé, continua l'américain dans un murmure.
Heero sentit une colère sourde monter en lui. Comment Yoki avait-il osé toucher à Duo, le pilote qu'il considérait comme un ami, même s'il n'osait pas le lui avouer. Comment. Son premier ami. Heero savait pourtant comment réagissait Yoki. Il savait qu'il fallait qu'on le provoque pour qu'il aille plus loin. Même un simple baiser. Trahi. Le visage de Heero se ferma et ses yeux devinrent glace. Ne plus y penser. Ne plus y penser.
- Donc, tu veux dire que ce n'est pas toi qui a embrassé Réléna et que tu n'as pas agressé Quatre?
Duo était rassuré. Tout ce qu'il s'était imaginé ces dernière heures s'envolait. Un profond sentiment de calme l'envahissait. Il resta là, avec un sentiment de lassitude et de soulagement au fond de lui. Il n'eut pas le temps de voir les changements qui s'opéraient sur Heero.
Il ne vit pas sa mâchoire se serrer, ni ses yeux qui exprimèrent une détresse infinie. Bien vite remplacée par la colère.
- Bien sûr que non, jamais je n'aurai pu faire ça ! Comment vous tous, avez pu croire que j'avais agressé Quatre ! Vous me croyez donc comme ça ? Comment as tu pu croire que j'avais. que je voulais te.
C'était la première fois que Heero s'exprimait. sur autre chose qu'une mission. Il semblait vraiment indigné. Triste aussi.
Mais Duo ne retint qu'une chose. Il n'avait pas agressé Quatre, ni embrassé Réléna et ce n'était pas lui qui l'avait embrassé. ni touché.
Duo glissa de son lit et se mit à pleurer tellement il était soulagé. Les larmes coulaient d'elles-mêmes, sans qu'il ne puisse les arrêter. Il se sentait si rassuré ! Tout ce qu'il avait imaginé pendant ces dernières heures venait de s'effacer. Il ne restait que les pleurs de soulagement.
- Duo? Ca ne va pas? demanda Heero, se calmant immédiatement en voyant la réaction de l'américain.
- Si ça va... Mais si tu savais combien je suis soulagé, lui répondit le jeune homme en poussant un soupir au milieu de ses larmes. Ce n'était pas toi, ce n'était pas toi. Oh je suis désolé Heero, je ne devrais pas pleurer comme ça, je suis un faible, je sais.
Heero s'agenouilla devant Duo et lui dit d'une voix douce.
-Non, tu n'es pas faible.
Duo releva la tête, Heero le regardait sérieusement. C'était la première fois qu'il lui parlait sur ce ton. Un ton compréhensif, et doux.
- Tu n'es pas faible, répéta le japonais sur le même ton. Ses yeux se plongèrent dans ceux améthyste de son ami. Son regard était sincère.
- Heero... murmura le jeune homme en gardant ses yeux dans les siens.
- Non, ne dis rien, lui répondit le japonais doucement.
Sur ces mots, il prit l'américain dans ses bras, et le garda contre son c?ur, fermant les yeux.
Duo demeura figé devant l'élan de tendresse plus que surprenant de la part de l'asiatique, mais lui rendit son étreinte avec plaisir.
Il enfouit sa tête dans le cou de Heero et déversa toutes les larmes de son corps.
Le jeune homme aux yeux cobalt pressa une main sur son dos en le caressant et son autre main sur sa nuque pour approfondir leur étreinte.
Le geste avait été naturel de la part du japonais. Il n'y avait eu aucune hésitation dans son acte, et de savoir qu'il réconfortait son ami lui donnait aussi de l'apaisement.
Cette étreinte...c'est si doux...si. irréel. Il n'avait jamais aimé le contact des autres personnes. Seuls quelques êtres pouvaient le faire. Et il avait cru qu'elles étaient toutes mortes. Et qu'il ne pourrait plus l'accepter de personne. Mais apparemment, si. Et cela le soulageait. Et c'est Duo qui lui procurait cette chaleur. Son ami.
Mais qu'est ce que je raconte... pensa t-il, alors. Je suis un soldat, je n'ai pas le droit de ressentir des émotions. Mais Duo, c'est toi qui me troubles autant?
Pourquoi? Pourquoi est-ce que j'éprouve ce besoin de te protéger, de te rassurer ? Pourquoi est ce que je me sens si bien ?
Oui je veux te protéger, tu as déjà suffisamment souffert dans ton enfance, et tu continues de souffrir à cause de cette guerre.
Et puis maintenant il y a Yoki, je n'arrive pas à croire qu'il t'aie embrassé, comment a-t-il osé? Je ne veux pas qu'il te fasse du mal, non je te protégerai de lui et de cette guerre Duo. Tu es mon ami, et je ne veux plus te voir pleurer.
Duo profitait de cet instant volé. De ce réconfort, et savoir qu'il avait quelqu'un sur qui compter.
Lorsque Heero s'écarta de lui, Duo avait retrouvé un semblant de sourire et ses larmes étaient séchées.
Le japonais se releva doucement et lui prit les mains. Il le releva, prenant ses mains dans la sienne et lui fit signe de se coucher. Il était déjà tard et le lendemain allait être une journée de cours épuisante, s'il ne dormaient pas un peu.
Ils regagnèrent chacun leur lit, en silence et s'endormirent, épuisé émotionnellement et physiquement.
Les étoiles purent contempler ce soir-là, deux jeune hommes, un blond et un brun, se tenant la main dans la nuit, endormis face aux ténèbres et deux autres jeune gens qui reposaient, confiants, un sourire aux lèvres laissant penser qu'ils étaient heureux.
Plus loin, un autre jeune homme, aux cheveux noirs, dormait et pour la première fois, ses traits n'étaient pas tendus par la sévérité, mais son visage respirait la plénitude.
Auteurs : Yuna Chan et Clôtho
Source : Gundam Wing.^^
Genre : Tout. lol un peu de tout..
Couples : Bon, si vous avez toujours pas deviné. Ben 3x4 à venir , et 5x Sally. et 2+1
Disclaimers : Pas à nous. rien n'est à nous. sauf Kari^^ et elle c'est rien qu'à nous^^ !
Notes : C'est la suite. un peu longue mais c'est cadeau pour le nouvel an. ^^
Nathalie : Effectivement, on peut s'attendre à tout de la part du soldat parfait. un chapitre qui nous éclaircit déjà sur pas mal de choses.mais bon, j'avoue pas sur tout.
Law-sama : Voilà, voilà. une autre suite. bon, alors.quelques réponses dans ce chapitre.^^
Misaogirl : Euh. Pourquoi Duo n'a pas le droit d'être tranquille avec Hee- chan ? Ben.. parce que. enfin, c'est plus marrant quoi. *sourire sadique* Voilà la suite ; profites'en^^
Yami-rose : Voilà la suite que tu attendais.. ou à laquelle tu ne t'attendais pas.lol à toi de voir.
Lilou1 : Tu te poses des tas de questions ? Alors. lis ce chapitre qui explique et complique.lol
Chris52 : Voilà la suite, la suite, la suite ! lol
On remercie encore une fois tous les reviewvers, c'est super encourageant pour écrire la suite^^ et puis pour cet chapitre. n'hésiter pas à reviewver ! on n'attend que ça^^
Bisous des auteuses !!!!
Chapitre 4 : Où Duo ne comprend rien.
Duo regarda Heero quelques secondes de plus, cherchant le regard qu'il avait aperçu plus tôt mais, ne le retrouvant pas , il s'assit sur son lit et soupira.
Son sac était posé à côté de lui, ouvert, et le livre vert des mathématiques en ressortait légèrement.
- Heero. Tu dois m'aider. Si je ne rends pas ce devoir, je suis collé. Tu le sais, le prof l'a dit et tu étais là.. Et si je suis collé un mercredi après-midi, je ne pourrais pas effectuer le repérage.
Le japonais fronça les sourcils. Il ne fallait pas que la mission soit retardée. Pas d'obstacle à la mission.
Une heure de colle était un obstacle.
Il se leva et sortit une copie double de son sac. Il la tendit au natté sans un mot.
- C'est ton devoir ? Tu l'as déjà fait ? s'étonna l'américain.
Aucune réponse ne lui parvint. Heero pianotait sur son ordinateur qui affichait maintenant les plans du lycée. Il ferma soudain son ordinateur et se leva. Il fallait qu'il la voie.
Mais le jeune américain l'en empêcha.
-Je ne peux pas recopier ton devoir ! J'y comprends que dalle, moi ! Et si le prof m'interroge ? Il a dit qu'il enverrait un élève au tableau. Heero, explique moi. Je serais collé.ajouta-il, sachant pertinemment que Heero ne ferait ça que dans l'optique d'une mission.
Le jeune homme se tourna vers les yeux améthystes qui le suppliaient.
- Qu'est ce que tu n'as pas compris ? demanda t-il d'un ton sec.
Duo sourit, puis répondant à la question du pilote :
-Rien du tout, dit-il en grimaçant. Je connais les formules.enfin, je les ai lues.Mais bon, avec le cours sous le nez, je ne sais même pas comment faire ces exercices !
- C'est pourtant simple, soupira Heero.
Duo étala son livre par terre avec une feuille et un support, et s'allongea sur le sol. Ses jambes croisées vers le haut se balançaient.
- Ben là où, toi, tu vois de la facilité, moi, je ne vois que des trucs de tordus !
Heero s'installa à côté de Duo, oubliant pour un moment ses soucis.
- Reprenons. Tu n'as même pas su faire la première question ? Mais c'est du cours !
-. Ben j'avais pas vu. Et puis je comprends rien à ce que dit ce prof ! ? Rien qu'à regarder la tête des autres élèves, je peux te dire que t'étais le seul à comprendre. D'ailleurs, quand est ce que tu as fait ton DM ?
- Ce midi.
-Euh. J'étais avec toi tout ce midi, je te signale. Ah, non ! Je suis allé faire une partie de basket avec la classe. mais elle a à peine duré une demie-heure ! Tu n'as pas pu faire ces trois exercices.supers longs en une demie-heure ! Si ? T'es inhumain.
Le japonais ne répondit pas et jeta un ?il à l'énoncé du livre.
Il entreprit alors d'expliquer à Duo ce que signifiait l'énoncé, d'une voix atone.
Mais Duo décrocha au bout de deux minutes. Il n'avait jamais été aussi près du japonais. sauf lors de ce fameux soir. Et la proximité du bel asiatique ne le laissait pas indifférent. Si près de ses yeux bleus qui le fixaient, de ses mains posées sagement sur le livre, de ses lèvres qui bougeaient.
Duo se rapprocha presque inconsciemment du jeune homme lorsque le japonais haussa la voix, le sortant de sa torpeur.
- Tu m'écoutes ?
- Hein ?
- Mais c'est pas vrai ! Comment veux tu comprendre ce que je dis, si tu ne m'écoutes même pas ?
Duo baissa la tête, gêné.
-Je suis désolé. Allez Hee-chan, reprends du début cette fois je t'écoute ! reprit-il avec un sourire engageant.
Heero lui jeta un coup d'?il prudent et se lança dans une nouvelle explication.
Au bout de deux heures, Duo avait tout compris. Il fit un large sourire à son ami en s'étirant. Heero se releva et rangea son DM dans son sac.
- Ouais ! merci Heero ! franchement t'as assuré je comprends tout ! Juste une petite question.
-Hn ?
- Comment est ce que tu fait pour savoir tout ça ? Et tout connaître en maths, et être aussi fort dans cette matière. et même dans toutes les autres, à chaque fois qu'on a des contrôles. surprises ou pas tu as toujours des notes maximales si on nous rends les copies avant la fin de la mission. alors comment tu fais ?
- Recopie ton DM et va te coucher. Ce soir, on commence le repérage.
Duo soupira et se remit au travail.
Heero sortit de la pièce et referma la porte avec soin derrière lui.
L'américain se retrouva seul, dans la chambre.
Il vit alors l'ordinateur de Heero qui était resté sur le bureau du jeune homme. Le natté, tenté, s'en approcha et l'ouvrit.
Détournant assez aisément les premiers barrages, il resta bloqué un bon quart d'heure sur un système qu'il ne connaissait pas.
Finalement, il parvint à le débloquer et l'écran d'accueil s'afficha.
Duo tenta d'ouvrir deux ou trois fenêtres au hasard, mais à chaque fois, un nouveau mot de passe était demandé. Cliquant sur annuler, en s'apercevant qu'il ne pourrait pas les contrer, Duo s'assit plus confortablement sur le fauteuil.
Prenant sa tête entre ses mains, il réfléchit.
Au bout de quelques minutes, ses pensées dérivèrent sur le comportement étrange du pilote 01 depuis quelques jours. Puis, il en vint à penser à son meilleur ami.
Il ne pouvait même pas l'appeler, toute communication étant interdite lors des missions avec des contacts extérieurs.
Son regard fit le tour de la pièce et se fixa sur les tiroirs du bureau. L'un d'eux était mal refermé.
Duo l'ouvrit avec précaution.
Il était vide.
Au fond, un petit carré noir.
L'américain attrapa la disquette et l'inséra directement dans l'ordinateur portable du japonais. Aucun mot de passe ne fut demandé.
Il vit bien un programme d'antivirus vérifier son contenu mais il n'en contenait apparemment pas et Duo put lire tout ce que contenait ces fichiers.
Une date s'affichait sur chaque nouveau document.
Plusieurs catégories de chiffres s'alignaient.
Duo commença par le premier.
La tête du professeur J apparut à l'écran éclairée par un néon blanc. Il parlait à la caméra.
« Projet d'expérimentation 01. Premier test de réflexes. 01 semble avoir déjà acquis une bonne capacité à réagir. Quelques améliorations pourront être effectuées ultérieurement. »
Duo vit alors l'image se brouiller et être remplacée par un écran de fond vert clair. Un petit garçon d'environ dix ans apparut à l'écran. Il était seul au milieu de la salle et avançait progressivement vers la porte sur sa droite.
Un pas après l'autre.
Doucement.
Deux lames jaillirent du sol que l'enfant évita avec une facilité déconcertante.
Plusieurs couteaux traversèrent la pièce.
L'enfant en rattrapa deux au passage et s'en servit pour parer les autres.
Puis, le noir total.
Duo suivait les mouvements de l'enfant grâce à la caméra qui était apparemment infrarouge.
01 ne montra absolument aucun signe de surprise devant cette obscurité soudaine.
Il restait sur ses gardes, et se rapprochait de la porte chaque fois un peu plus. L'enfant se mit soudain à courir en sens inverse, à une rapidité étonnante pour son jeune âge. Des coups de feu.
On lui tirait dessus.
Et il évitait le tout simplement en courant. Un test de réflexe.
Plusieurs nouvelles lames furent projetées à nouveau sur l'enfant. Dans le noir le plus complet, le seul bruit qui parvenait aux oreilles de Duo était leur sifflement alors qu'elles coupaient l'air.
Toutes furent interceptées.
Le petit garçon fixa son regard sur la caméra avec un froncement de sourcil puis il lui adressa un sourire narquois. Il l'avait vue, et ne se privait pas de le faire remarquer.
Deux couteaux traversèrent la salle. Un atteignit l'enfant au bras, se plantant dans un des ses muscles. Pas un cri ne sortit de sa bouche. Il l'ôta précautionneusement, l'oreille aux aguets.
L'autre couteau se planta dans le mur derrière lui. Le jeune garçon ne s'occupa pas de sa plaie qui déversait un liquide brunâtre et courut dans le fond de la pièce.
Un harpon alla droit sur lui.
Il était de dos, faisant face au mur. Le garçon accéléra et ses jambes montèrent contre le mur. Une pirouette plus tard et le harpon rejoignit le couteau. L'enfant retomba doucement sur ses pieds, devant le mur.
Il s'avança encore au centre de la chambre piégée.
Et lorsque des flèches fusèrent à travers la pièce, le petit garçon les évita en effectuant quatre salto arrière, ignorant certainement son bras douloureux en prenant appui sur celui-ci.
Une roue plus tard, il était devant la deuxième porte.
Il dut enclencher un mécanisme car une énorme larme comme une guillotine trancha l'air avec un bruit net juste à la place qu'occupait l'enfant précédemment s'il n'avait pas eu le réflexe de se reculer vivement.
Une de ses mèches de cheveux tomba à terre.
Dans un élan de rage, l'enfant attrapa un couteau qu'il avait gardé sur lui, Duo ne savait pas quand, ni comment, et l'envoya droit sur la caméra.
L'image se brouilla et une autre caméra dut prendre le relais, car sous un autre angle de vue, l'américain put voir à nouveau ce que faisait le garçon.
Ce dernier enjamba la lame plantée dans le sol et tourna la poignée de la porte.
L'écran se brouilla de nouveau laissant apparaître le professeur J.
Des mouvements dans le couloir inquiétèrent Duo qui revint immédiatement à la réalité.
Il ferma l'ordinateur mais omit de retirer la disquette.
*** Pendant ce temps, Heero marchait dans les couloirs larges du lycée, à la recherche de la jeune fille.
Il fallait qu'il parle à Kari.
Qu'il lui rappelle. Qu'il la mette en garde.
Et il s'était décidé à lui dire la vérité. Ou tout au moins une partie de la vérité qu'il avait découverte deux ans plus tôt, et que le professeur lui avait fait oublier.
Enfin, il croisa la jeune fille dans le couloir.
Mais lorsqu'elle le vit, son regard devint noir et elle passa à ses côtés sans le regarder.
Heero la retint par le bras, doucement.
La jeune fille se retourna et lui demanda d'un ton agressif :
- Qu'est ce que tu me veux ?
- Il faut qu'on parle, fut la réponse que lui donna le japonais.
Et sans plus rien dire il lui fit signe de le suivre dans une salle de classe vide.
Jetant un coup d'?il dans le couloir avant de pénétrer dans la pièce car c'était interdit d'y aller sans la présence d'un professeur, la jeune fille s'y glissa toujours sur ses gardes.
***
Wufei ressortit de la petite pièce sanitaire, suivi de Sally. La jeune femme lui recommanda encore une fois de boire plus de lait, car son corps manquait de calcium.
- Tes os sont affaiblis. Tu risques une fracture plus facilement si ton corps n'a pas la calcium dont il a besoin.
- Je m'en souviendrais.
- Wufei, promet moi que tu y feras attention. C'est sérieux.
Le jeune homme ne répondit rien. Cela faisait longtemps qu'il ne faisait plus de promesse. En période de guerre, on ne peut être sûr de rien, et il l'avait compris bien trop amèrement.
- Au fait, dis à Heero de passer me voir à l'occasion. Cela fait au moins trois séances de suite qu'il ne vient pas. Je dois lui faire un bilan médical !
- Il est en mission. Je lui dirais quand il sera de retour.
Le chinois prit les mains de Sally les garda dans les siennes un long moment. Il effectua une légère pression sur ses doigts qu'elle lui rendit. Fermant les yeux une seconde, Wufei se détendit puis lâcha les mains de la doctoresse et repartit en sens inverse, avec un dernier regard pour la jeune femme qui le regardait un doux sourire aux lèvres.
Avec elle, il se sentait en sécurité, et une merveilleuse sensation de bien être l'envahissait.
Elle le comprenait mieux que quiconque, ayant tous deux les mêmes origines, et Wufei la respectait énormément.
Il l'aimait aussi, et savait que c'était réciproque.
Mais il ne voulait pas aller trop vite, savourant ses moments d'innocence que sont les tous premiers échanges amoureux.
Le jeune asiatique ne voulait plus renfermer ses sentiments au plus profond de lui, l'amour étant un sentiment qui s'épanouit partagé mais meurt lorsqu'il est trop longtemps confiné, et caché.
Faisant demi-tour, Wufei se dirigea droit vers Sally qui n'avait pas bougé. Il l'embrassa doucement sur les lèvres et lui souffla deux mots à l'oreille.
La jeune femme lui répondit la même chose, et passa une main dans les cheveux noirs de l'asiatique. Une mèche retomba devant ses yeux mais Wufei ne la remit pas en place. Ils restèrent une longue minute enlacés puis le jeune homme, reprit son chemin initial avec une nouvelle lueur dans les yeux.
L'espoir d'un avenir meilleur.
***
Quatre s'affairait à la cuisine, rangeant la vaisselle du matin et préparant le dîner lorsque Wufei rentra. Un rapide bonsoir et le jeune chinois alla s'enfermer dans sa chambre. Mais Quatre ressentit à travers son empathie, que le chinois était pour la première fois, enfin heureux.
Ils dînèrent ensemble, à trois.
Quatre sentait la fatigue avoir raison de lui et il fermait les yeux souvent, ne les rouvrant qu'au prix d'un effort pénible. Wufei et Trowa gardaient le silence ce qui contribuait à plonger Quatre dans son engourdissement.
Le repas lui sembla interminable et juste avant le dessert, il s'assoupit légèrement.
Aussitôt, une violente image surgit dans son esprit et le jeune arabe rouvrit les yeux, apeuré.
Trowa lui jeta un regard interrogatif et Wufei l'observa pendant une minute, immobile, scrutant le moindre mouvement qu'il pourrait faire. Puis, il se replongea dans son assiette.
Le français se leva et amena sur la table le dessert de sa démarche féline. Quatre but un grand verre d'eau et s'obligea à se réveiller complètement.
Il ne pouvait plus dormir paisiblement.
Il ne pouvait plus fermer les yeux sans que des passages sanguinolents de la vie de Heero ne surgissent dans son esprit.
Car, il en était certain, maintenant.
C'était la vie du japonais qu'il pouvait voir.
Puisqu'à chaque fois, il le voyait, distribuant la mort et la torture au milieu de ses rêves.
A chaque fois, il reconnaissait son visage, ses traits, et la folie qu'il avait entraperçue la veille.
Quand Quatre termina son dessert, il était incapable de dire ce qu'il venait de manger, ni même de se rappeler de la saveur que ça avait.
Tout ce qu'il voyait, c'était le sang, et tout ce qu'il sentait, c'était le sang .
Wufei sortit après avoir fini son propre repas et Trowa débarrassa la table aidant le jeune arabe. Quatre traînait dans la cuisine, ralentissement ses mouvements, ou trouvant tout d'un coup que tel ou tel objet devrait être relavé ou déplacé.
Le petit blond redoutait la nuit venue car il avait peur de faire de nouveau ces cauchemars.
Qu'avait fait Heero ? et surtout comment ?
Et puis. Est ce qu'un jour il pourrait ne plus voir ces images et entendre ces cris ?
Une seule nuit avait suffit à effrayer le blond quant à l'empathie qu'il avait.
Une seule nuit.
Trowa était repartit dans sa chambre, emportant le livre avec lui. Il désirait certainement le lire plus tranquille. Après tout, c'était lui qui l'avait acheté. Quatre soupira car il avait l'intention de le lire, pour éviter de s'endormir. Il se planta devant la télévision, bien décidé à y rester jusqu'au petit matin. Mais aussitôt assis dans le canapé, la fatigue le submergea. L'adolescent se réveilla en sursaut, sentant qu'il partait pour se rendormir. Il se leva et marcha. Il tournait en rond dans le salon depuis environ un quart d'heure lorsque Trowa l'interpella.
- Quatre ?
Le français s'était arrêté en haut des marches et observait son cadet qui tournait en rond depuis quelques minutes.
- Oh, Je fais trop de bruit ? Désolé, Trowa, je vais me coucher. Je voulais pas te déranger.
- Non.
- Non ?
- Tu ne me déranges pas, expliqua le jeune homme.
- Mais pourquoi alors .
- Je me demandais ce que tu faisais. Le français laissa passer un long silence avant de demander, Tu es sûr que tout va bien ?
- Oui, enfin, ça ira ne t'inquiète pas.
- Tu n'avais pas l'intention de dormir.
Ce n'était pas une question mais une affirmation. Quatre lui répondit alors la vérité, sachant que le jeune homme pourrait déterminer s'il mentait ou non.
- En effet, non.
- Tu devrais.
- Pardon ?
Trowa tourna les talons et retourna dans sa chambre. Mais tout en marchant il lui lança :
- Il serait stupide de ta part d'éviter de nouveau un sommeil réparateur. Si une nouvelle mission nous est donnée demain, tu ne seras pas en mesure de l'assurer.
Quatre entendit la porte se refermer et soupira.
Trowa avait raison, il ne pouvait tout simplement pas s'empêcher de dormir. Le sommeil est vital. Et il en avait besoin. Mais comment s'y résigner lorsque l'on sait que dès que les ténèbres seront là, les cauchemars reviendront ?
Quatre frissonna et se résolut à aller se coucher. Il affronterait les visions d'horreur du japonais et il dormirait. Oui, il dormirait. Il n'allait pas se laisser intimider par un vulgaire cauchemar ! D'un geste rageur, il remonta les couvertures de son lit sur lui et se coucha. Fermant les yeux, il se calma et bientôt sa respiration se fit régulière. Il dormait.
Quatre était dans un nouveau rêve.
Il marchait tranquillement, dans une forêt, et sentait le vent sur ses cheveux qui dégageait sa nuque. Le soleil brillait haut et le jeune homme avançait, serein. Du bruit sur sa gauche le surprit et il put alors admirer une biche qui se nourrissait de baies. Le moment était d'une beauté rare, et Quatre s'immobilisa. Mais bientôt, un courant d'air plus frais, le fit frissonner. Les arbres autour de lui noircirent, et la biche s'allongea.
Sur son flanc un petit trou rouge qui laissait filtrer du sang.
D'un coup, la pluie tomba. Mais c'était un liquide visqueux, et rouge. Quatre se mit à courir reconnaissant le fluide vital et cherchant à lui échapper. Un cri lui échappa lorsqu'il découvrit qu'il était maintenant sur un champs de bataille. Déserté. C'était une forêt ici, avant. Mais ce n'était plus qu'un amas de cendres et de corps enchevêtrés les une dans les autres. Un raclement de gorge attira son attention. Un homme, la gorge transpercée par une balle agonisait. Il rampait vers le petit blond qui se recula. Mais ses pieds restaient comme collés au sol.
C'est de la faute à tout ce sang !
Il faut que je me débarrasse du sang ! Il colle ! Il m'empêche de fuir ! Je dois fuir !
Paniquant, Quatre, tenta de reculer et s'aperçut avec horreur qu'il s'enfonçait dans la boue rougeâtre. L'homme qui rampait se rapprochait de plus en plus. Quatre ne pouvait plus bouger tandis que les mains du soldat s'agrippaient à lui. Il hurla de douleur en sentant les sentiments de l'homme, et porta les mains à sa tête. Oui, il ressentait toute cette souffrance. D'autres personnes bougeaient derrière et se rapprochait aussi du jeune arabe en rampant. La pluie avait traversé ses vêtements et il pouvait maintenant sentir le sang lui coller à la peau.
Au moment où la pression de l'homme allait le faire tomber, droit sur lui, sur les feuilles rouges, la terre humide et ces corps, le boue et les rats qui déjà, ouvraient leurs gueules prêts à le mordre et à savourer sa chair comme ils le faisaient avec les cadavres, à ce moment là, Quatre poussa un dernier cri. Son corps fut secoué doucement, comme une dernière berceuse des rats avant la mort. Sur son épaule, on le secouait.
Quelque chose d'humide sur son visage le réveilla instantanément, le tirant de son cauchemar.
Ouvrant brusquement les yeux, affolé, le jeune arabe se trouva nez à nez avec Trowa. Le jeune français lui passait un mouchoir mouillé sur les lèvres. Non, ce n'était pas ses lèvres qu'il mouillait. C'était sous son nez. Se redressant, Trowa cessa son manège. Aussitôt, Quatre, en tremblant, sentit un liquide chaud couler de son nez. Il saignait. Il remarqua aussi que le français l'avait sortit de son cauchemar en lui posant une main sur l'épaule et en le secouant légèrement. Mais le jeune français avait arrêté, et à présent il le regardait avec inquiétude.
- Quatre ?
Le souffle court, Quatre tourna ses yeux sur lui. Prenant le mouchoir humidifié que lui tendait son ami, il fit pression sur son nez pour empêcher le sang de couler plus. Tremblant, il sentit alors Trowa le prendre dans ses bras.
- Tout va bien maintenant, ce n'était qu'un cauchemar. Un cauchemar, lui murmura t-il alors, encore au creux de l'oreille.
- Je n'en peux plus, sanglota Quatre.
Le froid l'envahissait, comme après chacun de ses cauchemars et il se colla un peu plus à Trowa, recherchant sa chaleur.
Celui-ci s'était assis sur le bord du lit et le serrait dans ses bras.
Il avait entendu le jeune homme crier et se débattre dans ses draps. Et lorsqu'il avait ouvert la porte, la vision du jeune arabe repoussant les draps, et gémissant, le sang coulant sur son visage, et tâchant les draps et ses cheveux d'or, lui avait fait mal au ventre.
Oui, il avait eu mal au ventre, mal comme il n'avait jamais eu mal, plus fort que lorsqu'on tombait malade.
Quelque chose qui lui avait soulevé l'estomac et l'avait bloqué sur place. Le sang battait à ses tempes violemment. Il ne pouvait plus bouger. Paralysé.
Mais soudain, l'envie de le réconforter, fut plus forte. Il fallait le sortir de là. Empêcher le sang de couler encore et encore.
Il fallait le sortir de son cauchemar.
Un cauchemar, c'était terrible, il l'avait déjà expérimenté des milliers de fois. Et combien de fois, c'était-il dit que si quelqu'un l'avait réveillé avant.
C'était arrivé une fois. On l'avait réveillé alors qu'il faisait un cauchemar. Une vision de noir. Sur le moment, il se souvint du soulagement de s'en être sortit. C'était comme ça qu'il avait appris qu'on pouvait s'en libérer avant. Avant de replonger dans cet affreux cauchemar.
Mais le moment qui avait suivi n'était guère réjouissant, l'homme qui l'avait réveillé ne l'ayant fait que pour une seule raison.
Premier cauchemar éveillé.
Chassant ses pensées, Trowa chercha à réveiller le blond, passant une main sur son épaule et le secouant légèrement.
Le sang continuait à couler . Avisant la salle de bain qui n'était pas loin, il se précipita sur le robinet, mouillant un bout de tissu et revint sur le visage du jeune arabe. Il entreprit de continuer à le réveiller, le secouant un peu plus fort, mais empêchant le sang de couler.
Deux yeux bleus s'ouvrirent terrifiés, au contact du linge froid. Trowa suspendit son geste.
- Quatre ?
Le petit blond tourna la tête vers lui et Trowa vit du soulagement dans ses yeux. Il avait eu raison de le réveiller alors.
Lui tendant le mouchoir, il le regarda faire pression sur son nez. Il remarqua alors qu'il tremblait encore et, pris d'une soudaine impulsion il s'assit à ses côtés et le prit dans ses bras.
Se blottissant dans les bras du châtain, Quatre tenta de retrouver son calme, échappant au froid qui l'avait soudainement envahi en faisant ce maudit cauchemar. Comment en était-il arrivé là ? Il ne s'en souvenait plus, mais la douce chaleur qui l'envahissait en ce moment était réconfortante. Il aurait voulu y rester encore longtemps. Ne plus bouger. Ne plus penser à rien. Juste sentir ce corps contre le sien, le souffle chaud du français dans son cou. Aucun mot. Il n'avait besoin que de sa présence, son confort, sa chaleur pour le calmer enfin. Ils restèrent ainsi pendant de longues minutes, sans rien dire.
Quatre emprisonna les bras de Trowa dans les siens, les croisant contre son corps. Celui-ci ne dit rien. Puis, lorsque le jeune homme blond sembla recouvrer ses esprits, le jeune français chercha à se dégager lentement.
Quatre ne le laissa pas partir. Il ne voulait pas qu'il parte. Il ne voulait pas se rendormir seul, dans le noir, seul pour les affronter. Peut- être que le jeune homme qui le réconfortait les chasserait ? Et il devait bien l'avouer, il profitait de la proximité avec le français, surpris qu'il lui accorde son attention.
Lorsque les battements dans sa poitrine se firent moins désordonnés, il respira une grande bouffée d'air, ce qui colla son corps un peu plus contre Trowa, remarqua t-il, et entreprit de s'expliquer pour le dérangement.
- Je suis désolé. Vraiment désolé. Je t'ai réveillé. Je.. C'est stupide, je n'ai fait qu'un cauchemar.
- Non. Ne t'excuse pas. Tu as eu raison de crier. D'appeler à l'aide. Il faut s'en sortir avant., souffla Trowa.
- Je. merci. Merci de m'en avoir sorti. De m'avoir réveillé. Et merci pour le mouchoir termina t-il dans un pauvre sourire.
Son nez s'était arrêté de couler. Le mouchoir blanc d'origine avait maintenant pris une couleur pourpre.
- Je suis vraiment désolé, continua l'arabe en se justifiant. D'habitude mes barrières sont capables d'éviter ce genre de cauchemar.. Mais depuis qu'Heero a.
- Heero ?
Le petit blond lui raconta patiemment ce que le japonais lui avait fait endurer. Il ne put empêcher de nouvelles larmes silencieuses de couler le long de son visage à l'évocation du comportement sinistre de celui qu'il prenait pour son camarade.
Trowa ne chercha pas à défendre le japonais. Il ne contredit pas l'arabe comme ce dernier le craignait. Après tout, c'était un de celui qui le comprenait le mieux et Trowa et Heero s'entendaient vraiment très bien. Mais le jeune français ne dit rien. Il se contenta de serrer plus fort le corps de son ami contre lui, et d'essuyer du bout de ses doigts fins, les larmes qui glissaient silencieusement le long des joues du petit blond.
Quatre tourna son visage vers lui, se dégageant de son étreinte.
- Je ne veux pas que tu croies que je te mens. Ni que je te monte contre Heero. Je ne comprends pas plus que toi son attitude.
Devant l'interrogation muette du français, l'arabe lui répondit.
- Je ressens un peu ce que tu penses. Et tu ne comprends pas son attitude. Tu te dis que jamais Heero ne pourrait faire une chose pareille, n'est ce pas ?
- En effet.dit lentement Trowa. Ton empathie. Tu ne ressens que nos sentiments les plus forts ? Pas nos pensées ?
- Oui, c'est exact. Pas vos pensées. - C'est ton empathie. répéta le jeune homme pensivement.
- Ca te fait peur ? commença Quatre, sur la défensive.
Soudain, un doute envahissait le jeune arabe. Et si le français ne voulait plus le revoir maintenant qu'il savait ce que Quatre pouvait voir ? Maintenant qu'il en était sûr ? Il le considérait certainement comme un monstre. Il n'en était pas un ! Non, il ne l'admettrait jamais ! Il possédait ce don mais il le considérait comme un don pas comme un mal ! Il en était même fier. Et si cela gênait Trowa, eh bien il l'éviterait, point.
Devinant sans mal les pensées du blond, Trowa le rassura.
- Non. Non ! Quatre je n'aurais jamais peur de toi. Je te fais confiance. Non, je me disais. Heero doit posséder un don plus puissant que ton empathie pour pouvoir faire ce que tu dis qu'il a fait. Il doit contrôler ce genre de choses. Et. Pendant un an. On ne s'est douté de rien.
- Oui, je n'avais pas vu ça sous cet angle. Mais oui, effectivement. Il doit avoir une bonne maîtrise de son empathie.
Un bâillement coupa ses réflexions. Il était si fatigué. Et cette discussion l'avait épuisé, ainsi que son cauchemar.
- Tu es encore fatigué, tu n'as pas vraiment dormi.
- Reste.. S'il te plait. J'ai le sentiment que si tu restes. Je ne ferais plus de cauchemars. Reste, avoua tout bas Quatre en rougissant quelque peu dans la pénombre.
Trowa comprit la supplication du jeune homme et hocha doucement la tête. Une compagnie. Oui, il comprenait. S'étendant aux côté du jeune blond, l'imitant il ferma les yeux. L'arabe prit une main du français dans la sienne et la serra très fort. Il la retint fortement, le temps de s'endormir et ne la lâcha qu'au petit matin. Trowa le laissa faire, étrangement conciliant.
***
Lorsque Kari ressortit de la petite pièce, Heero derrière elle, son visage avait retrouvé un calme qu'elle ne connaissait plus depuis un an.
Oui, elle se souvenait de chaque instant, de chaque moment passé en compagnie du jeune homme. De son passé. De sa ranc?ur. De la signification du pendentif. Et de ses sentiments. Elle n'était plus perdue. Heero était sa lumière.
- Retourne dans ta chambre, on se retrouve demain sur le campus, glissa le japonais à son oreille avant de tourner les talons en direction inverse.
Elle le regarda s'éloigna de son pas qu'elle reconnaissait et obéit au jeune homme, souhaitant rester seule pour le moment, et faire le point sur tout ce qu'elle venait de redécouvrir sur elle-même.
Un lent sourire aux lèvres, elle passa une main sur son chignon, en s'allongeant sur son lit.
***
Heero pénétra dans sa chambre, retrouvant Duo qui n'avait visiblement même pas pris le temps de recopier son devoir de maths. L'ordinateur était allumé, et Duo était allongé sur un des lits.
Fronçant les sourcils, Heero regarda d'un air méfiant l'américain puis l'ordinateur, puis décida d'abandonner ses soupçons lorsque son regard se posa sur la petite pendule au dessus du lit de l'américain.
- Duo, on part dans un quart d'heure.
- Quoi il est déjà minuit et quart ?
Le japonais ne répondit rien mais sortit les plans de la nouvelle école sur imprimante. Il en remit une feuille à Duo.
- Dans une heure je veux que tu sois à cet endroit là, lui dit-il en lui désignant une petite pièce. C'est le bureau du proviseur. Cherche dans son coffre fort. Il devrait être sur la partie droite du mur si les plans sont exacts. Ramène tout ce que tu trouves. Disquette, plans, dossiers suspects.
- On ne sait pas ce qu'on cherche alors on prend tout ! Ok ! Pas de blem, pour moi. Et toi, tu fais quoi ?
- Je vais dans la salle des ordinateurs. Je m'occupe du serveur et de l'ordinateur de la secrétaire. Je devrais pouvoir accéder aux dossiers importants par son réseau. Dans exactement une heure, je te retrouve chez le directeur et je t'aide pour son ordinateur. Après on rentre. Prends ton arme, des factions circulent pour surveiller les dortoirs.
- Tu t'inquiète pour moi ? demanda le natté, d'un ton taquin.
- Je n'ai pas de temps à perdre à aller te chercher, répliqua le japonais d'un ton agacé..
- Et si tu n'est pas là dans une heure ? Je pirate moi-même ? demanda le natté, avec un sourire à la dernière réplique de son coéquipier.
- Non, ils ont installé un système très performant. Trop compliqué. Si je ne reviens pas, reprit plus doucement le japonais, retrouve moi dans cette salle. Il lui indiqua la salle de la secrétaire. Si je n'y suis pas, c'est que je suis mort.
- Bon, d'accord. Alors à dans une heure, lui lança l'américain en prenant avec lui divers couteaux pour la route.
Se faufilant telle une ombre dans les couloirs il sortit, le plan sous les yeux, afin d'accomplir sa mission.
Heero sortit peu après, et alla directement dans la salle des ordinateurs. Forçant la porte, il alluma les ordinateurs et attendit patiemment que ceux- ci démarrent. Jetant sans cesse des coup d'?il dans les couloirs, dressant l'oreille au moindre bruit, il restait à l'affût d'un éventuel ennemi.
Enfin, les pages d'accueil s'affichèrent. Heero s'assit à l'ordinateur central et passa le mot de passe sans problème. Pianotant avec une rapidité surprenante, ses doigts volaient littéralement sur le clavier, il passa en revue chaque document, chaque dossier, chaque information qui étaient susceptibles de l'intéresser. Il savait à peu près ce qu'il cherchait. Ses yeux parcouraient l'écran à la recherche d'une éventuelle trace de l'arme d'infiltration. D'une quelconque preuve de son passage.
Jetant des coup d'?il nerveux à sa montre, il dut finalement arrêter tout au bout d'une demie-heure devant admettre qu'il n'avait rien trouvé. Il s'en doutait mais bon. Fermant tous les écrans, il ressortit de la pièce et avança précautionneusement vers le bureau de la secrétaire.
Pendant ce temps, Duo fouillait dans le coffre du directeur. Le cachette était exactement à l'endroit indiqué par Heero. Il est vraiment doué, pensa t-il. La forcer n'avait pas été simple mais rien n'était impossible pour un voleur tel que Duo et il y était parvenu au bout d'une dizaine de minutes. Et une mauvaise surprise l'attendait. Des tonnes et des tonnes de paperasses s'entassaient bien gentiment.. Duo savait qu'il ne pourrait pas tout emporter et entreprit de lire les dossiers un à un. Du temps de perdu mais bon.. Heero allait le tuer si jamais il ne ramenait rien.
Au bout d'une heure, il n'avait épluché que la moitié et rien. Que des dossiers d'élèves qu'il avait à peine regardé. Des notes, des bulletins, des paperasses pour installer un nouveau réfectoire, obtenir de nouveaux budgets. Le propre d'une école quoi.
Regardant l'heure, il se demanda ce que Heero foutait. Un quart d'heure plus tard, le jeune homme n'était toujours pas là. L'américain rangea tout, camouflant sa venue et sortit à la recherche du japonais aux yeux bleus.
Il parcourut les couloirs en sens inverse. Puis, il avisa de la lumière dans une salle se situant entre la porte de la secrétaire et le bureau du proviseur. Du bruit provenait de la pièce.
Duo s'arrêta au seuil de la porte.
Ce qui se déroulait sous ses yeux le cloua sur place.
Dans la grande salle éclairée, deux personnes se faisaient face.
Dans l'ombre, deux silhouettes s'observaient, un même sourire aux lèvres.
Mais ce qui stupéfiait Duo était leur ressemblance.
Des yeux bleus, cobalt, des cheveux en bataille et cet air déterminé qui n'appartenait qu'à une seule personne.
Heero.
Sauf, que là, Duo voyait deux Heero.qui visiblement semblaient sur le point de se battre. Et était habillés de la même manière.
Duo ne pouvait plus bouger.
Il restait là sans pouvoir rien dire ni faire devant le spectacle qui se déroulait sous yeux.
Une voix s'éleva alors, brisant le silence inquiétant de la pièce.
-Comme on se retrouve. Le sourire s'agrandit chez celui qui parlait mais pas chez l'autre. Toujours dans les étoiles, Heero ? A regarder passer les jours et à attendre ? Moi, je n'en pouvais plus. Alors, j'agis.
Au grand étonnement de Duo, il commença à fredonner d'une voix douce une chanson :
-Bien sûr qu'un jour s'en va pour l'un et pour l'autre s'en vient,
Les combattants se faisaient face tournant progressivement autour de l'autre et laissant un écart d'un mètre entre eux.
- Bien sûr les étoiles se meurent quand le ciel s'éteint, continua le double de Heero en chantant sur le même ton.
« Tu as toujours eu des illusions, mais ouvre les yeux, Heero. La réalité est sombre et rien ne peut la changer ! »
« Et c'est pour ça que tu détruit tout ? Pour la rendre encore plus sombre ? On aurait pu tout changer ! »
-C'est notre amour qui n'aura jamais de lendemain. , imperturbable, son sosie continuait à chanter malgré les regards noirs qu'ils échangeaient.. Mon frère.. Le dernier mot que lâcha le jeune homme électrisa toute la pièce, et Duo en resta cloué sur place.
Heero éleva alors la voix. Il chantait lui aussi. Duo ne put s'empêcher d'admirer sa voix. Si. profonde, grave et emplie de tristesse et de haine tout à la fois.
- Bien plus qu'un monde qui s'ouvre à l'un et pour l'autre chavire
« Maintenant, il est trop tard pour toi, tu le sais ? Tu ne pourras plus revenir en arrière. C'est la fin. »
« Non, seulement le commencement »
La voix du pilote du Wing s'éleva un peu plus :
- Bien plus qu'une mère qui supplie quand la source est tarie
« Tu en a déjà trop fait. Lorsqu'elle te suppliait, tu ne ressentais donc rien ? Tu la privait de toute eau ! De toute source de survie . Et elle est morte à cause de ça. Juste pour que tu prouves à J que tu savais aussi tuer sans remord. Juste pour le plaisir. C'était elle qui t'avais mis au monde ! »
« Elle m'a tourné le dos. Elle m'avait abandonné ! »
« Je ne pourrais jamais comprendre ce geste »
- C'est tout notre amour qui s'éloigne des rives et se perd.. mon frère. , termina Heero dans un souffle.
Les yeux se fixèrent encore une fois avant de se détourner.
Tout à coup, la bataille commença.
L'un des deux adolescents se jeta sur l'autre, qui esquiva son attaque et repartit de plus belle dans cet affrontement.
Les deux corps se frôlaient sans jamais s'atteindre, les coups fusaient, de plus en plus brutaux, de plus en plus précis, de plus en plus meurtriers. Enfin, un coup atteignit son destinataire.
Le jeune homme vola à travers la pièce se recevant sur le mur couleur albâtre.
L'autre se rapprochait d'un pas nonchalant. Un pas après l'autre. Le bruit de ses semelles résonnaient sur le sol.
-Tout s'oublie.
« Je voudrais pouvoir oublier tous ces souvenirs, Heero. Cette noirceur et cette cruauté. Celle qui existait avant que je n'y contribue. »
- Chacun avec sa peine,
« Tu as la tienne, et j'ai la mienne. Bizarrement c'est la même. Mais on y peut rien. Et c'est trop tard. »
- Que le temps nous reprenne. Les souvenirs d'un frère, termina le frère de Heero en baissant la voix.
Celui-ci se releva brusquement, se remettant en garde et sous le regard ébahi de Duo, renvoya à son adversaire un coup de pied puissant, donné avec beaucoup d'élan, son corps ayant effectué durant le mouvement, une rotation de 180°.
« Toutes ces fois ou nous nous sommes aidés. Toutes les fois ou on était ensembles. Tu t'en souviens n'est ce pas ? Moi aussi. Et ça me fait mal. Je veux les oublier, Heero. »
Les deux adolescents se refirent face, se replaçant au milieu de la pièce . Celui qui avait attaqué en premier esquissa un large sourire bientôt imité par l'autre. Et un Heero qui sourit comme ça. ça lui donne un air dangereux alors lorsqu'ils sont deux.
- Chacun avec sa peine, lâcha Heero en faisant deux pas sur sa droite.
« Tu n'est pas le seul à la ressentir. Bien sûr qu'on a vécu des moments durs. Mais je les ai surmontés. Et nos souvenirs. Je les garde et je m'en sers .Une arme. C'est une arme. Mais chacun reprends son chemin. »
-Que le temps nous apprenne. A nous aimer. En frère, continua le japonais sa voix remplissant à présent la salle d'un murmure grandissant.
« Avec le temps, tout se cicatrise. J'en ai fait l'expérience. »
« Mais tu m'en veux toujours »
« Tu fais partie de Oz à présent. Que je t'en veuilles ou pas ne rentre plus en compte. Tu es mon ennemi »
« Et on s'aime quand même, la vie est ironique. »
« La faute à qui ? »
L'affrontement reprit soudainement, avec une violence inouïe, qui effraya l'américain.
Mais trop stupéfait pour penser à quoi que ce soit il ne fit pas un mouvement de plus.
Il ne parvenait même plus à discerner ou était le Heero qu'il connaissait.
Les deux jeunes gens dans la pièce se ressemblait trop . Ils étaient tous deux parfaits.
Parfaits dans leurs mouvements qui s'alliaient admirablement bien ensemble.
Parfaits dans la façon qu'ils avaient de se battre.
Les esquives, les attaques, les parades.
Tout.
C'était comme si Heero se battait contre sa propre ombre.
C'était un spectacle effrayant et fascinant.
Encore une pause. Les combattants s'écartaient. Pas une seule fois l'un d'entre eux ne reprit son souffle.
Duo avait encore perdu de vue le véritable Heero. Et lorsque l'un d'entre eux chanta, il ne pouvait même pas dire lequel c'était.
- Bien sûr que la terre est brûlée quand la pluie l'oublie.
« Il y a toujours des conséquences. Certaines sont inévitables. On y peut rien. »
« Tout peut changer. »
« Depuis quand est tu habité par ce genre d'espoir inutile ? »
« Depuis que j'ai compris, depuis longtemps. »
Une représentation mortelle et pleine de vie.
- Bien sûr que tout est cri puisqu'on se l'est jamais dit
« Tu t'étonnes qu'on soit ennemi ? C'est la vie, chacun son chemin. »
« Alors, tu trouves ça normal ? Qu'on se retrouve dans ses circonstances, qu'on se batte, qu'on se crie après ? »
« Ou est là normalité ? Je ne l'ai jamais connue et toi non plus. Toi plus que moi d'ailleurs, si je m'en souviens bien. »
« C'était un entraînement. »
- Bien sûr l'amour puisqu'il ne peut plus grandir, s'enterre
« C'est impossible de revenir en arrière maintenant. »
« Oui, aujourd'hui, c'est la fin de notre fraternité. »
- Mon frère
C'était un tableau dressé au vitriol, une palette de couleur en noir en blanc.
Les deux adversaires jouaient avec leurs vies, lançaient la mort et la réceptionnaient les deux bras ouverts, ne la repoussant qu'au dernier moment.
C'était un jeu dangereux, ils provoquaient une puissance qui les surpassaient et que pourtant ils dépassaient avec aisance.
- Bien plus qu'un dernier regard peut décider d'une vie, chanta
son opposé.
« Ce soir, lorsque tu es mort, le regard que tu m'as lancé. Je savais que c'était fini. Et j'ai construit ma vie à partir de ça ! »
« Et le mort est revenu à la vie. Tu ne t'attendais pas à ça. Mais lorsque je me suis réveillé, c'était trop tard. La guerre était engagée, et qui était le meneur ? Toi ! »
- Bien plus que cette fin d'espoir que le courant charrie,
continua le japonais en se rapprochant de son ennemi.
« Je n'avais plus d'espoir de te retrouver. Tu étais mort. Tu l'est toujours pour moi. »
« Il faudra bien que tu acceptes mon retour, maintenant les choses vont changer.
- C'est un amour qui ne trouvera pas de rivière, la même voix
inlassablement, suivait la chanson.
« Nous ne serons plus jamais aussi liés qu'avant. Tu t'en rend comptes, n'est ce pas ? »
« Et nous ne pouvons plus nous aimer »
- Mon frère.
Le ballet continuait devant Duo redoublant d'intensité.
Il avait du mal à suivre tous les mouvements tant ils étaient rapides.
Pourtant, ils suivaient le rythme de la chanson qu'ils fredonnaient depuis le début.
Elle s'harmonisait exactement avec les deux combattants qui semblaient danser.
Ils s'envolaient, virevoltaient, sautant d'une note à l'autre, ayant l'air de rire de ce qu'ils faisaient.
Mais leur lutte, elle, était sérieuse, et bien réelle.
- Tout s'oublie,
Chacun avec sa peine
Que le temps nous reprenne
Les souvenirs
D'un frère
« Je t'oublierai. Je vous effacerai. Mais ce n'est pas fini. »
Pourtant, on ressentait derrière ce combat, une telle note de désespoir, de dernier sursaut.
Une infinie tristesse baignait l'air, étouffant peu à peu la personne qui était restée sur le seuil de la porte.
- Chacun avec sa peine
Que le temps nous apprenne
A nous aimer
En frère, l'autre avait pris le relais et chantait plus fort maintenant.
« Non, ce n'est pas fini. Je comprends maintenant. Mais tu ne repartiras pas d'ici avec ça. »
« C'est ce qu'on verra. »
Les visages des deux combattants, ne reflétaient plus l'amusement depuis la dernière réplique lancée .
Ils étaient identiques, sombres et brillant d'un éclat meurtrier. On sentait chez les deux adversaires une hésitation qu'ils n'avaient jusqu'ici pas ressentie.
La lutte se relâchait.
Mais dans un dernier effort, les deux adversaires continuaient leur combat déjà perdu.
- Puisqu'on ne sera toujours
Que la moitié d'un tout, continua le chanteur, déterminé.
Deux frères qui se battent, deux frères qui ont vécu la même enfance, les mêmes souffrances, qui ont partagé leurs doutes, leurs peines et qui se retrouvaient ennemis par la force du destin.
La rage de vaincre les envahirent de nouveau.
- Puisqu'on ne sera jamais
Que la moitié de nous,
C'était comme avant.
- Que la moitié de nous. répéta son adversaire, plus fort.
Le plus fort gagnera.
Le chant s'amplifia.
- Mon frère....
Cette fois, c'était les deux frères qui chantaient ensembles. D'une même voix, d'un même souffle, et surtout d'une même haine.
Cette fois, les deux jumeaux s'affrontèrent avec des techniques différentes.
Le premier garda la même, cette redoutable efficacité meurtrière dans le combat et le deuxième adoptant cette fois une tactique plus acrobatique alliant le combat, à l'agilité, à la souplesse.
- Bien sûr que rien ne pourra jamais nous l'enlever, la voix du chanteur était plus forte que jamais, plus puissante.
« Nous sommes frères, et rien ne pourra le changer. »
« Non. rien. Mais être frères ne signifie pas être allié, Heero. »
« Je n'ai jamais dit ça. »
Il effectua deux roues, joignant sa souplesse et sa force pour finir dans un salto et atterrir derrière son frère qui n'avait pas eu le temps de bouger, stupéfait par ce revirement de tactique.
Ce dernier sentit alors qu'il tombait, ses jambes fauchées par celles de son ennemi derrière lui.
Il se ramassa sur lui-même , se réceptionnant à l'aide d'une roulade et se releva.
Ils se refirent face.
- Bien plus que tout ce que la vie peut nous accorder,
Un premier coup de pied fut donné, retenu par le bras droit du receveur qui fit tourner son propriétaire sur lui-même, le refaisant tomber.
Il ne prit pas la peine de lui déboîter la jambe. Il se jeta tout simplement sur lui, finissant à terre ce qu'il avait commencé debout.
Mais là encore les deux frères étaient à armes égales.
Jusqu'à ce que le premier parvienne à atteindre son frère de sang au cou.
Un coup de poing dans le ventre lui coupant la respiration, il appliqua fortement son index à un endroit précis sur le cou de son ennemi , ce qui eut pour effet le lâcher prise soudain et un fort toussotement.
- L'amour sera toujours cette moitié de nous qui reste
A faire
Mon frère ... termina le gagnant de l'affrontement en se relevant doucement.
-Tu as progressé, on dirait, Heero. touss touss .
-On dirait, oui.
-La dernière technique.ingénieuse.
-Sans doute. la voix d'Heero changea . Je n'ai pas de temps à perdre. Donne moi cette disquette, maintenant, Yoki.
Les deux garçons s'étaient relevés.
Le chant avait cessé. Ils ne chantaient plus. .
Leurs voix résonnaient à présent dans la grande salle.
Yoki se frottait la gorge, là où Heero l'avait frappé en dernier.
Le coup aurait dû être mortel.
Mais Heero avait retenu son geste. Comme toujours. Pour Yoki une preuve de faiblesse.
Il avait frappé assez fort, juste pour effrayer son frère et lui signifier qu'il avait gagné.
Un signe qui n'avait pas échappé à son adversaire qui avait capitulé.
Duo s'avança doucement dans la pièce.
Aussitôt les deux frères se tournèrent vers lui, dans un même élan, une même expression impénétrable sur le visage.
Yoki leva la main pour prendre la disquette qui se trouvait dans sa chemise.
Il la lança à Heero qui la rattrapa au vol.
-Tu te bats pour les colonies, Heero, mais elles ne nous ont jamais rien apporté ! Que le malheur ! siffla t-il.
-C'est pour ça que t'es chez Oz ? demanda brusquement Duo.
-Non. pour le sang que je verse..sourit Yoki.
Et il se mit à courir, bousculant Duo qui lui barrait le passage.
Celui-ci ne réalisa qu'à ce moment là que Heero avait un jumeau.
- Heero. L'américain prit une grande inspiration. Heero. Je comprends rien à ce qui se passe.
- Pour l'instant, le plus urgent est de rentrer dans notre chambre, le premier repérage est terminé.
-On ne le rattrape pas ? demanda Duo étonné, en montrant la direction par laquelle Yoki était parti.
- Trop tard. De toute façon, on se retrouvera bien assez tôt.
- Heero.
-Non, plus tard. On rentre, ordonna le jeune homme.
- Mais vous avez fait du bruit. Les factions doivent être alertées maintenant. protesta Duo.
- Les factions, c'était lui, expliqua le japonais.
- C'était.
- Plus de temps à perdre, suis-moi ! lui répondit son coéquipier en s'élançant à travers les couloirs.
Duo sortit de la pièce en courant à la suite du soldat parfait, en jetant deux trois regards vers la droite ou la gauche. Tout était silencieux et ils regagnèrent rapidement leur chambre.
Enfin en sécurité, Duo se massa les tempes.
L'heure des explications avait sonné.
- Je veux tout savoir. Tout a failli rater, et puis, le fait que tu es un frère jumeau. Ce n'est pas négligeable enfin ! Pourquoi ne nous as tu rien dit ? Et la raison de ton comportement. Et l'attaque de Quatre, attaqua l'américain une fois la porte refermée. Les bras croisés, il faisait face à celui qu'il considérait comme un ami. pour l'instant.
- J'avais un frère jumeau. Mort lors d'une mission. lui répondit le japonais, en le regardant droit dans les yeux.
-Apparemment, non. coupa l'américain ironique.
- Je suppose que c'est lui l'arme d'infiltration. C'était ce que je cherchais hier en ville, expliqua le jeune homme aux yeux cobalt.
- Tu déconnes ? Hier tu étais à la planque ! s'exclama Duo.
- C'est impossible.
Le ton était catégorique. Sans appel.
- Je plaisante pas, Heero. Hier, tu. tu avais changé de vêtements, certes, tu avais même un comportement étrange mais.
- . Non, hier j'étais en ville. Je piratais les données du centre de Oz à partir de leur terminal.
- Une autre mission ?
- Pas vraiment, avoua le japonais.
- Mais. Mais alors. Yoki.souffla Duo. C'était ton frère hier.
- Il a trouvé la planque. murmura le soldat parfait.
- Oui. Il est venu. A quelle heure est tu rentré ? A quelle heure est tu rentré de ton excursion ? demanda précipitamment Duo.
- Vers minuit. Pourquoi ça ?
- Il est parti peu avant.
- Il a été prévenu. Ou il me connaît trop bien. déclara pensivement Heero.
- Le réveil a sonné. tenta de se rappeler Duo.
- Il me connaît trop bien, conclut Heero.
- Alors. Alors tu n'as pas agressé Quatre.
- Il a fait quoi ? demanda le japonais, tendu à l'extrême.
- Il l'a. Il l'a empoigné sur le mur avec ordre de ne plus lire dans ses pensées. Il lui as entré.. Je ne sais pas trop comment des images. dans sa tête. Et maintenant Quatre ne parvient plus a dormir sans faire des cauchemars. terribles. Réels.
- C'est pas vrai. Quatre est toujours à la planque ?
- Oui, avec les autres.
- Il faut les faire évacuer immédiatement ! Je leur en envoie l'ordre, se réveilla soudain le soldat parfait. Ils peuvent subir une attaque d'un moment à l'autre !
S'approchant de l'ordinateur, Heero tapa un rapide message dessus, et le crypta pour ne pas qu'il tombe entre de mauvaises mains. Il l'envoya sur le téléphone portable de Trowa. Se retournant :
- C'est fait.
- Oui. Espérons qu'ils ne sont pas déjà pris.
- Mais. Vous ne vous êtes pas rendus compte que ce n'était pas moi ?
- Pas vraiment. répondit l'américain avec un sourire désolé.
Il baissa la tête, honteux. Ils se connaissaient depuis un an. Et il ne s'était rendu compte de rien. Pourtant au comportement étrange.
- .
- Ce n'était pas toi qui. Duo semblait réfléchir intensément.
- Quoi ? Qu'est ce qu'il a fait encore ? le brusqua quelque peu le japonais.
- Il a. il a embrassé Réléna.
- Pardon ? demanda le japonais surpris.
Enfin, façon de parler, il avait un sourcil levé, nota Duo.
- Il a..
- Oui, ça va. le coupa agacé Heero.
Au fur et à mesure qu'il réfléchissait, Heero semblait comprendre plusieurs choses. que Duo ne comprenait pas, lui.
- Quoi ? Tu peux m'expliquer pourquoi il l'a embrassé. comme ça ? répéta Duo, d'un air dégoûté.
- Il a cru que c'était Kari. Ou il a voulu avoir un aperçu. dit Heero les yeux perdus dans le vague.
Il semblait plus se parler à lui-même qu'à Duo.
- De qui tu parles ?
- On a été élevé a trois. Yoki, Kari et moi. Par J. expliqua alors Heero en tournant son regard vers l'américain. Kari est sur le campus. Dès demain, elle nous rejoindra.
- Mais alors.
- Ils étaient tous censé être morts, c'est pourquoi je n'ai pas jugé bon de vous prévenir.
- Et ils sont tout les deux vivants, c'est ça ? Mais pourquoi aurait-il embrassé l'autre bonbonnière ?
- Parce qu'elles se ressemblent. de visage, répondit le jeune homme pensif.
- Quoi ? l'américain était de plus en plus surpris.
- Yoki a cru que c'était Kari.. Et il a attaqué Quatre lorsqu'il s'est rendu compte qu'il était empathique.
- Génial ! La prochaine fois, tu pourras nous prévenir que tu as un sosie, qui est du côté de Oz, qui embrasse toutes les personnes qu'il croise, et qui aime de temps à autre se faire passer pour toi ? lâcha le natté avec un petit cri hystérique.
- Toutes les personnes qu'il croise ? Tu n'as parlé que de Réléna ! dit le japonais en relevant la tête brusquement.
- . Tu m'as embrassé. Enfin, je veux dire, Yoki m'a embrassé dit Duo en rougissant quelque peu.
Il n'osait pas dire qu'il avait répondu au baiser. Ni du comportement qui avait suivi. Il en avait un peu honte. Et ce n'était pas Heero.
- Par...Pardon? Fit Heero moitié étonné moitié furieux.
- Yoki m'a embrassé. Et. presque violé, continua l'américain dans un murmure.
Heero sentit une colère sourde monter en lui. Comment Yoki avait-il osé toucher à Duo, le pilote qu'il considérait comme un ami, même s'il n'osait pas le lui avouer. Comment. Son premier ami. Heero savait pourtant comment réagissait Yoki. Il savait qu'il fallait qu'on le provoque pour qu'il aille plus loin. Même un simple baiser. Trahi. Le visage de Heero se ferma et ses yeux devinrent glace. Ne plus y penser. Ne plus y penser.
- Donc, tu veux dire que ce n'est pas toi qui a embrassé Réléna et que tu n'as pas agressé Quatre?
Duo était rassuré. Tout ce qu'il s'était imaginé ces dernière heures s'envolait. Un profond sentiment de calme l'envahissait. Il resta là, avec un sentiment de lassitude et de soulagement au fond de lui. Il n'eut pas le temps de voir les changements qui s'opéraient sur Heero.
Il ne vit pas sa mâchoire se serrer, ni ses yeux qui exprimèrent une détresse infinie. Bien vite remplacée par la colère.
- Bien sûr que non, jamais je n'aurai pu faire ça ! Comment vous tous, avez pu croire que j'avais agressé Quatre ! Vous me croyez donc comme ça ? Comment as tu pu croire que j'avais. que je voulais te.
C'était la première fois que Heero s'exprimait. sur autre chose qu'une mission. Il semblait vraiment indigné. Triste aussi.
Mais Duo ne retint qu'une chose. Il n'avait pas agressé Quatre, ni embrassé Réléna et ce n'était pas lui qui l'avait embrassé. ni touché.
Duo glissa de son lit et se mit à pleurer tellement il était soulagé. Les larmes coulaient d'elles-mêmes, sans qu'il ne puisse les arrêter. Il se sentait si rassuré ! Tout ce qu'il avait imaginé pendant ces dernières heures venait de s'effacer. Il ne restait que les pleurs de soulagement.
- Duo? Ca ne va pas? demanda Heero, se calmant immédiatement en voyant la réaction de l'américain.
- Si ça va... Mais si tu savais combien je suis soulagé, lui répondit le jeune homme en poussant un soupir au milieu de ses larmes. Ce n'était pas toi, ce n'était pas toi. Oh je suis désolé Heero, je ne devrais pas pleurer comme ça, je suis un faible, je sais.
Heero s'agenouilla devant Duo et lui dit d'une voix douce.
-Non, tu n'es pas faible.
Duo releva la tête, Heero le regardait sérieusement. C'était la première fois qu'il lui parlait sur ce ton. Un ton compréhensif, et doux.
- Tu n'es pas faible, répéta le japonais sur le même ton. Ses yeux se plongèrent dans ceux améthyste de son ami. Son regard était sincère.
- Heero... murmura le jeune homme en gardant ses yeux dans les siens.
- Non, ne dis rien, lui répondit le japonais doucement.
Sur ces mots, il prit l'américain dans ses bras, et le garda contre son c?ur, fermant les yeux.
Duo demeura figé devant l'élan de tendresse plus que surprenant de la part de l'asiatique, mais lui rendit son étreinte avec plaisir.
Il enfouit sa tête dans le cou de Heero et déversa toutes les larmes de son corps.
Le jeune homme aux yeux cobalt pressa une main sur son dos en le caressant et son autre main sur sa nuque pour approfondir leur étreinte.
Le geste avait été naturel de la part du japonais. Il n'y avait eu aucune hésitation dans son acte, et de savoir qu'il réconfortait son ami lui donnait aussi de l'apaisement.
Cette étreinte...c'est si doux...si. irréel. Il n'avait jamais aimé le contact des autres personnes. Seuls quelques êtres pouvaient le faire. Et il avait cru qu'elles étaient toutes mortes. Et qu'il ne pourrait plus l'accepter de personne. Mais apparemment, si. Et cela le soulageait. Et c'est Duo qui lui procurait cette chaleur. Son ami.
Mais qu'est ce que je raconte... pensa t-il, alors. Je suis un soldat, je n'ai pas le droit de ressentir des émotions. Mais Duo, c'est toi qui me troubles autant?
Pourquoi? Pourquoi est-ce que j'éprouve ce besoin de te protéger, de te rassurer ? Pourquoi est ce que je me sens si bien ?
Oui je veux te protéger, tu as déjà suffisamment souffert dans ton enfance, et tu continues de souffrir à cause de cette guerre.
Et puis maintenant il y a Yoki, je n'arrive pas à croire qu'il t'aie embrassé, comment a-t-il osé? Je ne veux pas qu'il te fasse du mal, non je te protégerai de lui et de cette guerre Duo. Tu es mon ami, et je ne veux plus te voir pleurer.
Duo profitait de cet instant volé. De ce réconfort, et savoir qu'il avait quelqu'un sur qui compter.
Lorsque Heero s'écarta de lui, Duo avait retrouvé un semblant de sourire et ses larmes étaient séchées.
Le japonais se releva doucement et lui prit les mains. Il le releva, prenant ses mains dans la sienne et lui fit signe de se coucher. Il était déjà tard et le lendemain allait être une journée de cours épuisante, s'il ne dormaient pas un peu.
Ils regagnèrent chacun leur lit, en silence et s'endormirent, épuisé émotionnellement et physiquement.
Les étoiles purent contempler ce soir-là, deux jeune hommes, un blond et un brun, se tenant la main dans la nuit, endormis face aux ténèbres et deux autres jeune gens qui reposaient, confiants, un sourire aux lèvres laissant penser qu'ils étaient heureux.
Plus loin, un autre jeune homme, aux cheveux noirs, dormait et pour la première fois, ses traits n'étaient pas tendus par la sévérité, mais son visage respirait la plénitude.
