Titre : Sang et révélations
Auteurs : Draya ( a changé de surnom, c'est toujours la même fille sympathique qui écrit !!!! lol) et Clôtho
Source : Gundam Wing (ça faisait longtemps qu'on s'était pas vus…)
Genre : Alors, dans ce chapitre… Et bien, angst comme d'hab, faudrait prendre un abonnement, ça nous faciliterait la tâche… lol et voilà. Lol pas de tortures dans ce chapitre ! Pas de sang, rien ! nada ! Vous pouvez lire les yeux ouverts ! Oui, enfin, un peu de sang, quand même, on se refait pas…
Couples : 4x3, Kari x Yoki .. celui-là, il est un peu remis en cause quand même… Si vous avez lu ce qu'il y avait avant, vous comprenez, sisi et puis un 5x Sally (réconciliés) !! et toujours le petit 1x2 qui se traîne qui se traîne… Mais qui viendra… lol mais pas dans ce chapitre !!
Disclaimers : Tout nous appartient ! Les persos, le scénar, les persos… bon, ok c'était un essai… Juste pour voir ce que ça faisait de le dire !! En vérité, les persos sont pas à nous, sauf peut être Yoki et Kari, et le scénar… La musique que vous allez entendre.. euh, non, la musique que vous allez lire ne nous appartient pas non plus. Elle est de Garbage et elle s'appelle « silence is golden » voilà.
Réponse aux reviews :
Ruines : Bonjour, bonsoir !! C'est vrai que le chapitre précédent était sans conteste euh… Apocalyptique… lol Merci d'aimer toujours ce qu'on écrit !!! Même quand c'est apocalyptique ! Laisse-moi répondre à ta question.. ce chapitre faisait 20 pages. Un peu moins, comme tu vois… lol Je ne sais pas si tu étais ironique en disant que ce chapitre était « sympa comme tout, tout le monde est blessé, tout le monde pleure, » mais.. c'est clair !! lol Sinon, autant te rassurer tout de suite… Je crois que si tu vérifies le genre de cette fic… Tu as ta réponse… lol Enfin, lis et tu auras confirmation !! Même à l'avenir ! Mdr ! J'adore ta remarque ! Rassurée parce qu'on a mis au début du chapitre un 1x2 à venir… lol Ils s'aimeront avant de mourir !! J'adore ta manière de raisonner !! Contentes que tu sois ravie donc. Pour le chinois et bien… Ah, c'est une idée de Draya !! Moi, j'ai demandé la traduction à une copine qui ne sait pas ce que c'est qu'une fic… lol La pauvre !! Dans quoi je l'ai embarquée ! Donc, voilà, remercie surtout Draya pour son idée de rajouter du chinois dans la fic ! Je peux t'annoncer que tu as raison… la fin se fait proche… très proche si ce n'est imminente. Enfin, pas trop quand même… Reste deux trois chapitres quoi… Bref, merci pour les bisous, on t'en fais à toi aussi et malgré notre important retard dans cette fic, et bien tu vois on continue !!! Merci encore en tout cas !!
Yami-Rose : Mdr !! Tu prends très à cœur tout ce qui se passe dis moi!! Lol Normal aussi je dirai… lol Bon, allez, un peu de compassion pour Yoki… Je sais, c'est dur mais il a souffert ! lol Ok, je te conseille juste de lire la suite alors… Pour te calmer… Et puis, le pauvre !! Une fic juste pour le faire souffrir ! a t-il vraiment mérité ça ? Oui ? lol
Sinon, ta remarque est très juste, la haine est très proche de l'amour. Bon, c'est bien que tu n'ais pas pleuré, ton clavier te remercie !! lol Bon, le but était de te faire ressentir des émotions alors quelque part, c'est bien que tu ne sois pas restée non plus indifférente devant ce qui se passait et que tu te poses des questions… Allez, courage ! Tu te demandes quand ça va s'arranger tout ça… euh… Je dirai que c'est assez emmêlé, mais que les nœuds vont se défaire progressivement. Dans un sens comme dans l'autre. Voilà la suite avec énormément de retard, on s'en excuse ! vraiment ! Désolées. Mais bonne lecture à toi quand même en espérant que ça te plaira !
Itchy-chan : Dois-je répondre à ta review ? Je me demande… d'abord parce que je risque de me faire décapiter en bonne et due forme… s'il y en a… et puis.. euh… tu fais peur quand même !! Mais tu me connais… héhé Et maintenant tu connais Draya (Yuna) donc, tu sais à peu près ce qui va se passer dans ce chapitre… lol Bon, s'il te plait, arrête d'agresser les auteurs !!! miciiiiiii lol et bonne lecture et je m'excuse à plat ventre ma ptitche Ichy pour le retard et l'attente !!!
Rushie : Salut ! Bon, ok, c'est vrai, c'est cruel… Kari venait juste de découvrir la vérité… Et pour Heero, c'est moche, c'est clair… Enfin, tout n'est pas perdu, rassure toi, et lis la suite !! lol J'espère que tu le regretteras pas. Désolées pour le retard, vraiment. Bonne lecture miss.
Bakasama Maxwell : Oui, Yoki est quelque peu… Méchant… lol enfin, il ne faut pas être triste… enfin, si y'a des raisons, oki. Mais si je peux me permettre un conseil, lis-la suite… Je ne sais pas si ce chapitre sera plus gai.. ok, j'en ai vraiment aucune idée.. ça dépend de notre humeur ? La scénario est dressé mais les scènes peuvent se jouer différemment, tu vois ? lol bref, tous les ennuis de la mise en scène ! on dirait que je parle d'un film !! lol mais c'est fait exprès pour déconner un peu.. lol Bon allez rassure toi vite en lisant la suite pour Kari… lol cadeau ! bon, sinon, désolées pour le retard, beaucoup, beaucoup !!! bonne lecture !!
Hana to Yume : Et bien, c'est assez bizarre de se dire que tu prends tout ce temps pour lire la fic !! copier coller et tout !! merci de faire ça pour lire notre fic !! c'est.. super gentil, ça me touche quand même !!! Je suis désolée pour le contrôle de géo… Tu l'as pas trop raté dis moi ??? Bref, voilà la suite, j'espère que ça va « te mettre en joie » comme tu dis… lol c'est gentil en tout cas une review comme la tienne fait très plaisir. Bonne lecture alors
Chtite note des auteurs : Bon, ok, c'est plus qu'un retard, c'est un méga retard et j'en suis désolée, on en est désolées !!!! Vraiment, vraiment !! Mais voilà, aujourd'hui la suite est là, debout, avec ses hauts, ses bas ! On vous suite à tous une lecture, et de bonnes fêtes, un joyeux noël, une bonne santé, et beaucoup d'amour ! En attendant, on va essayer de faire en sorte que la suite à ce chapitre arrive rapidement… Qu'elle ne prenne pas deux mois en fait… désolées !!!!!!!!! On souhaite encore un grand merci aux lecteurs, aux revieweurs, bref, à tous ceux qui posent les yeux sur les lignes qu'on a écrit !
Chapitre 15 : Secret d'enfant.
Lorsque Wufei et Sally arrivèrent sur les lieux, Duo tenait Heero dans ses bras, Kari était étendue, plus loin, inerte sur le sol.
Wufei courut vers la japonaise tandis que Sally prenait le pouls du garçon évanoui.
-Il est encore en vie, murmura t-elle.
Elle rejoignit Wufei auprès de Kari mais ne put que constater sa mort. C'était fini pour elle, plus aucun pouls, elle était froide.
Sally revint à Heero en courant. Il fallait qu'elle en sauve au moins un, c'était pas possible autrement, non, c'était trop horrible. Quel massacre !
Elle grimaça devant les blessures du jeune homme et écarta Duo d'un revers de la main.
Arrachant la chemise du japonais d'un geste brusque et méthodique, elle commença à empêcher le sang du japonais de couler, appliquant une compresse comme elle pouvait. Il avait de la fièvre, et sa respiration était quelque peu saccadée. Sa peau était à vif sur son bras et la jeune femme le prit avec beaucoup de précaution. Elle enveloppa le bras dans le tissu de sa chemise, craquant volontairement une de ses manches.
L'eau qui se trouvait dessus, elle était trempée, apaiserait la brûlure à vif sur le bras.
Reportant son attention sur le torse du garçon elle lui tâta les côtes , décelant quelques côtes qu'elle devinait fêlées ou cassées.
Encore tremblante à cause du froid qu'occasionnait l'eau dégoulinant de chacun de ses vêtements, Sally souleva les paupières du garçon, jeta un rapide coup d'œil aux oreilles qui saignaient.
Mauvais signe, ça. Très mauvais signe. Lésions possibles…
Duo à côté d'elle semblait complètement choqué, les larmes coulant de son visage. C'était effrayant de voir Duo pleurer, se dit la jeune femme.
-Duo, ça va aller, il va s'en remettre, d'accord ? Ses blessures guériront assez rapidement je pense… Il doit souffrir mais ça devrait aller… Maintenant, il a perdu connaissance et je pense qu'il irait mieux dans un endroit plus calme… Quelques côtes cassées mais ça devrait aller, vraiment, tenta de le rassurer Sally.
-Il va se réveiller quand ? demanda le jeune homme, tremblant.
-Je ne peux pas te dire. Il faut que je fasse des examens plus approfondis. Il faut l'emmener dans un endroit plus chaud, plus sûr. Aide-moi à le transporter.
L'américain hocha la tête, et prit le japonais par les bras, commençant à le soulever.
-Arrête ! cria la jeune femme. Prends-le par les épaules, tu vas tirer sur ses côtes. Là, comme ça c'est bien, se calma Sally.
-Il va s'en sortir, dis-moi qu'il va s'en sortir…
-Duo, s'il te plait, calme-toi. Physiquement, se sera ok si on intervient à temps…
La jeune femme jeta un coup d'œil à Wufei avant de quitter la pièce, transportant le japonais avec elle.
Le chinois était penché sur la jeune fille, ses deux mains sur sa poitrine, effectuant une pression régulière, appuyant un maximum.
Il sentait qu'il y avait quelque chose… Quelque chose qui empêchait au cœur de suivre son rythme biologique.
Mais elle devait vivre. Elle n'allait pas lâcher. Pas une femme.
Wufei continua à appuyer sur sa poitrine, puis lui insuffla de l'air par les lèvres, l'air qui lui permettrait de vivre…
Il sentait qu'elle avait.. Il sentait qu'elle était glacée.
Une figurine de glace, immortelle dans le temps… La reine des neiges…
Des bribes d'une vieille légende lui revenait, tirées de son enfance, et venaient s'emmêler à son esprit.
Wufei pouvait sentir qu'il y avait…
Il saisit un débris de bois qui était par terre et déchira le débardeur de la jeune fille. Il entailla profondément la chair, à l'endroit du cœur, enfonçant plus, un peu plus encore.
Il s'arrêta juste avant d'atteindre l'organe. Dans sa précipitation, le jeune homme n'oubliait pas les gestes de survie, et il continuait d'insuffler des bouffées d'air même s'il soupçonnait que ça ne servait à rien.
Le sang qui s'écoulait de la blessure était épais. Trop épais, décida Wufei. Il y passa les doigts et fut surpris de constater qu'ils étaient froids. Froids. Elle n'avait pas rendu le dernier souffle depuis si longtemps que ça ! Pas à ce point en tout cas !Alors que les dernières gouttes de sang s'échappaient de sa paume entrouverte, il put distinguer un petit cristal blanc.
De la glace.
Yoki. Yoki pouvait faire ça non ? Elle c'était le feu, avait dit Heero. L'autre, la glace. L'eau, la glace.
Pru bo. (merde)
Wufei ferma les yeux. Glacée de l'intérieur. Il joignit ses mains un moment, avant de placer sa main au dessus du cœur et de murmurer dans sa langue natale une ancien dialecte qu'il avait appris sur sa colonie d'origine.
Il ferma les yeux, sentant la chaleur arriver, murmurant d'une même voix calme et posée.
-Allez… s'énerva t-il au bout d'un moment. Allez, reviens à toi… Reviens, Kari…
Il sentait que le corps de la jeune fille se réchauffait, et il appuya de nouveau sur sa poitrine, effectuant un mouvement régulier. Cette fois-ci, lorsqu'il donna de son souffle, il sentit qu'il passait dans le cœur.
Wufei continua sans s'arrêter, obligeant le cœur à reprendre son rythme habituel, forçant celui-ci à battre, réchauffant progressivement le sang de la jeune fille.
Il n'arrêtait pas de passer sa main droite devant le cœur, fronçant les sourcils, murmurant sans cesse les mêmes mots dans son ancien dialecte.
Il avait concentré tout son esprit sur la vie de la jeune fille, refusant de la voir morte devant lui, et cherchant à la réanimer.
Lorsque Sally revint, elle le trouva dans la même position, appuyant sur le cœur pour lui faire suivre son battements régulier, insufflant de l'air à la jeune fille, et toujours, murmurant en chinois ancien.
Sally chercha un moment le pouls et fut surprise d'en trouver un faible.
Impossible, murmura t-elle. Il n'y en avait pas…
Wufei ne fit pas attention à elle et continua ce qu'il faisait. Il s'arrêta au bout d'un moment, fermant les yeux, et poussa un léger soupir. Il arrêta le sang qui coulait de la blessure de la jeune fille en lui faisant un bandage.
-Elle n'était pas… s'exclama Sally soudainement.
Wufei ne dit rien mais une fois le bandage refait, il continua le geste qui sauvait la vie à la japonaise, faisant signe à Sally de continuer le bouche-à-bouche.
Il souleva lentement Kari et ils sortirent de la pièce, lentement, très lentement, tandis que Duo aidait à ce que Kari soit allongée et que Sally lui faisait les exercices respiratoires.
Quelques minutes plus tard, ils rejoignaient Quatre et Trowa et rentraient en catastrophe à la planque.
Sally fut débordée en rentrant. Elle n'eut pas le temps de changer vêtements trempés.
Heero était en vie mais restait désespérément évanoui. Impossible de le faire revenir à lui pour le moment.
Kari était maintenue en vie, son corps était fragilisé, son sang circulait mal mais elle était maintenue en vie. Elle était dans un coma trop profond pour qu'on puisse espérer un jour qu'elle en sorte mais il y avait eu des cas… rares, mais l'espoir était permis même s'il tenait plus du miracle…
Quatre avait une sérieuse blessure à la jambe, mais il avait refusé tout plâtrage et gardait donc un bandage qu'il devrait changer assez souvent.
Plus Hilde qui avait une jambe cassée…
Et elle qui avait la cheville foulée, sans parler du rhume qu'elle était en train d'attraper, à rester dans ses vêtements, mais elle devait soigner les autres.
Duo était choqué moralement, et la jeune femme lui avait donné des calmants pour qu'il se repose, il dormait dans le canapé, tous les autres lits étant pris.
Seuls Wufei et Trowa allaient bien.
Du coup, ils préparaient à manger.
Tout en jouant les garde-malade, évidemment.
Bref, tout allait mal dans le pire des mondes. Et Wufei risquait lui aussi le rhume vu qu'il ne s'était pas changé.
………………………………
Il était dans une salle vide. Tout seul. Le froid l'entourait, la faim lui tirait les entrailles. La peur n'existait plus à ce stade. Juste… La résignation. L'attente. La réflexion. C'était tout ce qu'il pouvait faire ici.
Sur ce visage si doux se lisait une résignation à faire peur.
Peur parce que c'est un jeune enfant qui est là.
Peur parce qu'il ne devrait pas avoir ce visage à cet âge.
Pas ses yeux qui fixent la porte d'un air prudent, pas ses mains froides posées sur ses bras pour les réchauffer. Pas ces cernes. Pas ce sang qui coule de ses oreilles du à une pression insupportable. Pas cette sensation d'étouffement à cause du froid qui règne ici.
Attendre. C'était tout ce qu'il pouvait faire.
Le froid.
La salle n'était pas chauffée, loin de là. La climatisation se chargeait lentement de le frigorifier, à un rythme aussi sûr qu'une horloge.
Alors il comptait. Il comptait les secondes qui avançaient, et le froid qui mordait, toujours plus vorace.
Les battements de son cœur s'étaient ralentis, et il prêtait attention à ce qu'ils n'accélèrent pas.
Garder son sang froid en toute circonstance.
La mort aurait pu l'emporter qu'aucun geste de protestation n'aurait été émis de sa part.
Les genoux contre la poitrine, assis au centre, au beau milieu de la pièce, il regarde la porte.
Pour qu'elle s'ouvre. Il faut que la porte s'ouvre…
Que le test s'arrête. C'est un test, bien fini, on arrête là. Ce n'est qu'un test.
Mais le froid lui rappelle cette réalité. Peut être que cette fois-ci, c'est pas un test.
Peut-être que cette fois-ci, J veut le supprimer. Peut être qu'il observe sa mort lente à travers la caméra dans la pièce.
Le garçon s'en fiche. Qu'on l'observe, il s'en fiche. Allez-y, regardez, observez bien, je ne perds pas mon sang froid, je contrôle tout, même ma mort, je veux que vous voyez ma mort, sans un bruit de ma part, ma mort silencieuse, acceptée.
C'est ce qu'il se dit très fort dans sa tête. Ce qu'il crache dans ses pensées, ce qu'il cache.
Il pense. Il repense à tous ces moments, aux entraînements, aux peurs, aux peurs interdites, aux coups qui pleuvent, à ces contusions, ces bleus qu'il ne compte plus.
Il pense aux ordres qu'on lui donne. Aux ordres auxquels il obéi. Peut être que c'est la dernière fois qu'il obéi. Si sage le gamin, qu'il obéi quand on lui dit, ne bouge pas et attends. Si sage qu'il obéi alors que la température baisse. Si sage qu'il ne sort pas de la pièce, si sage qu'il n'essaie pas de pousser la porte. Elle est ouverte la porte. Il peut sortir quand il veut. Si sage qu'il obéi.
Il pense à son lit militaire si dur et si doux à la fois.
Doux, parce qu'il semble être une délivrance pour son repos. Doux, parce qu'enfin, il peut s'allonger et se reposer. Pour quelques heures. Dur parce qu'une planche, c'est pas franchement confortable.
Et il a souhaité, beaucoup, beaucoup de fois se réveiller ailleurs, ou alors ne plus se réveiller jamais, et dormir éternellement. C'est ce qu'il appelait le bonheur. Dormir. Reposer sa fatigue.
Jusqu'à ce qu'un jour, dormir ne le soit plus. Parce qu'on surveille aussi son sommeil. Pas trop lourd, il ne doit dormir qu'à moitié. Même très fatigué, même à la limite de ses forces, il doit rester sur ses gardes.
Alertes la nuit. Cris. Attaques.
Un simple mécanisme qui a une heure précise se déclenche et abat sur lui des couteaux.
Il faut le voir, l'enfant, de dix ans qui dort, qui entend ce « clic » imperceptible et qui se redresse brusquement, la peur au ventre, dans le noir, pour éviter ces couteaux sortis du mur qui sont lancés dans sa direction. Il faut voir, sa première fois, la première fois qu'il a été réveillé. C'était pas le « clic » qui l'a fait bouger. Non, c'était le couteau planté dans son ventre.
Un si jeune garçon.
Et il sait, il sent que ce n'est pas normal. Dans les livres, les textes qu'il doit apprendre par cœur, et réciter, il le dit et le proclame haut et fort, les enfants ne doivent pas être maltraités, il ne doivent pas subir de traitements barbares. Et pourtant, il sait que ce texte ne s'appliquera jamais à lui. Ni à Kari, ni à Yoki.
Il s'est déjà pris des couteaux dans le ventre, des lances acérées lui ont transpercé le bras, des virus lui ont été inoculés…
Pour être fort, ne jamais voir ces larmes traîtresses qui lui coupait les jambes, qui lui coupait la nourriture aussi…
Le garçon vide sa tête. Il vide tout, il ne veut plus y penser. Pour une fois, il est seul.
Un sourire.
Pour une fois, il est seul, il peut ne penser à rien.
Se laisser emporter, doucement.
Vider son esprit.
Ne plus voir cette buée blanche qui s'élève de sa bouche à chaque fois qu'il respire.
Vider son esprit. La porte.
Ouvrir la porte.
Pour survivre, pour survivre.
Ne plus penser aux humiliations, ne plus penser à cette main qu'il a tendue et qu'on a rejeté, ne plus penser à tout ça. Aux humiliations qu'il a subi…
Ouvrir la porte et survivre.
Mais déjà, l'enfant se sent mieux.
La chaleur revient. Il sourit encore, mais il n'arrête pas. Encore, encore de la chaleur, il en veut plus, il faut se réchauffer…
Et la garçon sent qu'il fait quelque chose… Il sent qu'il…
Il sursaute. Non.
Non.
Il ne faut pas, pas faire ça.
C'est égoïste mais il ne faut pas. Il ne veut pas avoir aussi mal que les autres, il ne veut pas disparaître au fond du couloir noir.
Alors, vite, vite, il referme toute ça, il remplit son esprit de toutes ces choses, toutes ces choses qu'il lui font mal, il se force à se rappeler et il ferme les yeux si fort, il se force à penser à autre chose, vite, vite, ne jamais montrer ça, ne jamais, jamais le dévoiler. A personne, n'avoir confiance en personne.
Repenser… Aux humiliations.
Il veut s'en sortir, il veut s'en sortir, pouvoir vivre après ça, pouvoir encore oser prendre la parole, lever les yeux, et dénoncer. Il attend son heure, le jour où tout explosera. Mais pas maintenant, pas encore, c'est trop tôt. Il ne veut pas, il veut tenir encore.
Piloter le Wing. Son rêve, piloter le Wing.
Et le mériter. Alors subir les humiliations. Courir nu dans le froid autour de la base, manger tout ce qu'on lui apporte, courir nu, encore. Ne pas avoir le choix. Ne plus avoir le choix.
Se faire enlever lors d'un repérage. Se faire enlever, crier, se faire battre, se prendre des coups dans la face, se faire jeter à terre, se faire uriner dessus, recracher tout, le goût horrible dans la bouche, qui coule sur ses narines, ne pas parler, ne pas parler. Tenir jusqu'au bout, tenir, même dans les moments les plus durs.
Saliver devant ce que mange le gars qui vous tape, saliver devant et ne rien avoir, ne rien avoir, que des coups qui pleuvent. La douche glaciale pour le réveiller après un coup trop dur, les matraques électriques.
Et pleurer devant le pantalon que portait Kari ce jour-là. Pleurer en sentant l'urine dessus, pleurer en pensant à ce qu'elle a subi. Crier encore et encore qu'on le libère, ne plus réussir à sortir aucun son, pas même un sourire ironique. Plus de gestes moqueurs avec Yoki, plus rien. Que les coups, le froid, les pieds nus, glacés dans cet enfer. Un cri. Le sien. Un cri de pure détresse, un cri presque animal.
Mais ne jamais craquer. Ne pas s'en servir.
Toucher le pantalon et craquer. Tambouriner à la porte, crier le nom de Kari crier son nom, crier son nom très fort, et taper contre cette porte blindée pour faire venir les gardiens qui tapent. Il lâche tout, il dira tout ce qu'on voudra mais qu'on libère Kari, s'il vous plait, je vous en supplie, arrêtez ça !
Et le mur.
Le mur qui s'ouvre. Tout un pan de mur.
Et derrière, la base. La salle d'informations, avec les ordinateurs branchés. Et Kari qui le regarde les larmes aux yeux, Yoki qui le fixe sans rien dire. Et J. J qui attend. J qui parle.
-Tu as échoué à cette épreuve. J'attendais plus de contrôle. C'était un simple test, Heero.
C'est dans ses moments là qu'on est seul. Avoir des amis ne vous servent à rien, ils sont là, ils vous observent vous enfoncer lentement, et ils ne font rien. Toute la honte revient sur vous et vous seul et personne ne peut empêcher ça.
La colère qui monte. La fatigue aussi. Le sang qui perle à ses tempes. La colère. La haine. L'humiliation. Aucun son ne franchit ses lèvres et ses yeux ne reflètent qu'une immense fatigue.
L'humiliation. Tout le monde pouvait l'observer, le regarder, le regarder crier de douleur, plier sous la douleur, pleurer. Comment les regarder en face, tous après ça ?
L'humiliation, l'échec. Devant tous. Tomber plus bas que terre.
Alors quand les missions recommencent, quand ils se croisent, ils font comme s'il ne s'était rien passé. Ils agissent tous comme s'il ne s'était rien passé. Un soir, Kari le coince dans un couloir.
« Je suis désolée… Je lui ai demandé d'arrêter ça mais… »
Il hausse les épaules et repart. Ce n'est plus important.
Et les entraînements se succèdent. Les trahisons aussi.
« Ma mission était de faire échouer la tienne. Et j'ai réussi. »
Et lui qui croyait qu'il allait vraiment mal et avait besoin de parler… Il voulait juste gagner du temps…
Les trahisons, la douleur et le masque… Le masque s'est alors mis en place. Le masque d'impassibilité. Les coups pleuvaient mais plus rien ne s'échappait de ses lèvres. Plus un cri, plus une larme, plus un gémissements, plus un geste. Il n'a même plus le geste de défense, de protection lorsque c'est un ordre. Il ne se défend plus. Il encaisse. Jusqu'au jour où… Il encaisse.
Et il en a fait des coups de traîtres, il en a reçu des missions qu'il devait effectuer en solo, faire échouer celles des autres aussi. Il avait réussi. Pareil. Il avait fait des trucs moches, trahi, à son tour, se faire trahir, recommencer. Une ronde infinie.
Et J avait réussi son but. Briser cette confiance qu'ils avaient entre eux. Briser les sourires, les moqueries, les défis qu'ils se lançaient. Savoir s'entraider pour la mission mais pour le reste… Les laisser se débrouiller, seuls, chacun ses problèmes, on agit en solo, seule la mission compte. Pas d'amis, rien.
Et quand vient l'heure des risques, quand ils risquent tous ensemble leur peau, ils retrouvent la confiance qui les unissait avant. Ils retrouvent cette complicité, ces regards échangés. Mais plus une plaisanterie. Juste en finir avec la mission.
Ne plus montrer combien ils tiennent les uns aux autres, ne plus rien montrer et continuer sa route.
Regarder droit devant et atteindre son but.
Piloter Wing.
Mais toujours, toujours garder se souvenir des temps heureux au plus profond de lui, et souhaiter, un rêve impossible, souhaiter qu'un jour, peut être, ils seront réunis et ils pourront rire à nouveau comme avant.
Mais lorsqu'ils sont réunis, ils s'échangent deux trois regards, tout va bien, tu es ok, et voilà. Plus le droit de communiquer vraiment sans risquer une caméra trop observatrice, et les représailles de J.
Alors il est là, assis dans la pièce, et il pense à tous ces moments pour oublier ce froid. Tant pis s'il crève, il aura bien mérité un peu de repos, non ?
Le froid toujours. Déjà, il ne sent plus ses doigts. Il tremble un peu. Reste au milieu de la pièce, et attends. Ce sont les ordres.
Quand deux heures plus tard, J ouvre la porte, il trouve un garçon assis au milieu de la pièce, sa couleur de peau si pâle, le souffle presque arrêté, mais les yeux qui fixent cette ombre venue le chercher. Toujours réveillé, toujours prêt.
-Debout, ordonne le professeur.
L'enfant se relève aussitôt. La tête tourne, il ne sent même plus ses jambes, ses pieds qui devraient toucher le sol. Il tombe évanoui dès que l'autre à tourné le dos pour aller chercher des soins.
Mais quand il se réveille, le lendemain, à l'infirmerie, le froid qui le glace, les tremblements qui l'agitent, la fièvre qui monte ne l'empêche pas de sourire intérieurement.
Survivre et ne pas révéler son secret. Jamais.
………………………………………………..
Heero ouvrit les yeux brusquement. Ca faisait bien longtemps qu'il n'avait pas fait ce rêve… Trop longtemps qu'il ne s'était pas rappelé, ça.
Il savait qu'il n'était pas totalement éveillé, parce qu'il ne sentait rien. Il était comme enrubanné de coton, il flottait. Il avait les yeux ouverts mais ne voyait rien. Juste le noir.
Et cet air qu'il avait en tête, qui le berçait, revenait plus fort que jamais taper contre ses tempes puis disparaissait… Et les paroles étaient si vraies…
If I am silent then I am not real
(Si je suis silencieux, alors je ne suis pas réel. )
C'était vrai, il n'était pas réel, juste une ombre dans les souvenirs des autres, il devait passer inaperçu, ne laisser aucune trace. Là où il était en ce moment, la réalité n'existait même plus… Qui se souviendrait de son passage en tant que tel ? On se souvenait l'explosion, on ne souvenait jamais de son nom. Il n'en avait même pas de toute façon.
But if I speak up then no one will hear
(Mais si je parle, alors personne n'entendra)
Parler serait impossible… C'était difficile, difficile de s'exprimer après des années de silence… Et personne pour écouter, pour pouvoir supporter ce qu'il avait subi. Les gens pleuraient pour lui, le prenaient en pitié, que des choses qu'il ne voulait pas voir, ne pas qu'on s'afflige à sa place. Déjà qu'il avait du mal tout seul… Dans ce coma, il était bien, pas besoin de parler de se justifier, de rien. Enveloppé dans un doux cocon de chaleur, il avait l'impression de flotter au rythme des battements de son cœur, doucement, indéfiniment.
If I wear a mask there's somewhere to hide
(Si je porte un masque, c'est qu'il y a un endroit à cacher)
Pourquoi voulait-on toujours lui enlever ce masque ? Il y avait une bonne raison pour qu'il le porte, il y avait une bonne raison. Ne pas revivre tout les humiliations comme dans ce souvenir, ne plus aimer personne. Il avait un endroit à cacher, un endroit qui n'était qu'à lui et qu'il n'avait montré à personne. Il voulait le conserver. Pourquoi tout le monde voulait le changer ? « souris Heero ». Sourire ? Maintenant ? Trop tard. Il avait vécu trop de choses… Il ne pouvait plus sourire sans que ce sourire soit ironique, moqueur ou esquissé.
Silence is golden
(Le silence est d'or)
Il l'avait appris à ses dépends, le silence est d'or. Oui. De plomb surtout. En tout cas, il était lourd, le silence.
I have been broken
(J'ai été brisé)
Combien de fois? Il ne comptait même plus. C'était presque une habitude de tomber chez lui. D'être détruit, d'être brisé. Sa confiance, son honneur, sa fierté, puis son amitié, son humanité, ses amis étaient morts, puis Kari était…
Complètement brisé, comment revivre après ça ?
Safe in my own skin
(Sauvé en ma propre peau)
Il ne lui restait qu'une chose, la vie, la vie qui s'accrochait à lui désespérément, plus que sa peau à sauver et c'était à ça qu'il avait marché ses dernières années. Sauver juste sa peau. Survivre en toute circonstance, même lorsqu'il ne voulait plus. Réflexe. Des réflexes de survie, il en avait des tonnes. Il connaissait l'odeur du poison, il en avait goûté et il avait survécut. L'odeur de la poudre, il avait pris aussi, les mains tachées de sang, il connaissait, mais toujours s'en sortir, malgré ces images dans la tête, malgré les cris des autres les supplications, les pleurs et les regards de haine.
So nobody wins
(Donc personne ne gagne)
Et personne n'avait gagné, il n'y avait pas de concours, pas de prix gagnants, juste des perdants, des conséquences, des morts. Le prix d'une guerre, le prix pour être un enfant qui savait se battre si bien… Prix trop cher ? peut être. Mais J n'avait pas de budget. Et son budget, c'était sa conscience.
If I raise my voice will someone get hurt
(Si j'élève la voix, quelqu'un pourra être blessé)
Il avait appris à se taire, à accepter sans broncher… Fruit de son enfance. Si tu parles, ton coéquipier tombe. Le système de punitions de J se basait sur ça. Regarde souffrir les autres toi qui parle. Ne te plains pas, vois à quoi cela mène. C'est de ta faute. Autant de phrases assénées dans sa tête depuis qu'il était petit. Autant de petites comptines qu'il continuait de se répéter à chaque mission. Il ne connaissait pas les morales, il ne connaissait pas les dictons, comme « qui vole un œuf vole un bœuf », il ne connaissait que des phrases de survie, sans aucune morale. On aurait pu lui apprendre le chaperon rouge, on lui avait appris comment buter son ennemi sans se faire prendre.
And if I can't feel then I won't get touched
(Et si je ne peux pas sentir, alors je ne veux pas être touché)
Et il avait appris à ne plus rien ressentir, à ne plus rien dire, ne plus exprimer ses sentiments. Il ne voulait pas être touché, il ne voulait pas avoir de contacts avec les autres, car le contact lui rappelait trop combien il ne ressentait rien, le moindre geste lui rappelait avec une cruauté précise qu'il ne pouvait plus sentir ces choses. Qu'il n'en avait plus le droit.
If no truths are spoken then no lies can hide
(Si aucune vérité n'est dite alors aucun mensonge ne peut être caché)
Et il se taisait, il ne disait rien, s'il se taisait, il n'avait rien à cacher, pas à mentir.
Silence is golden
(Le silence est d'or)
Nobody gets in
(Personne n'y arrive.)
Personne, et le pire c'était que c'était vrai. Personne ne peut faire ça. Sans se détruire un peu plus chaque jour. Etait-il déjà mort, était-il trop tard pour réparer ?
Safe in my own skin
(Sauvé en ma propre peau)
Mais ça ne l'avait pas tué. Non, il était encore en vie alors qu'il se détruisait toujours un peu plus, se renfermant sui lui-même refusant l'accès aux autres. Mais toujours survivre, cette volonté. Ce souhait d'enfant qui le gardait éveillé la nuit.
So nobody wins
(Donc personne ne gagne)
Non, personne ne gagnerait, personne ne gagnerait jamais. Mieux valait tout laisser tomber, abandonner… Trop de douleur dans ce monde, trop de mal qu'on pouvait lui faire et ça faisait trop longtemps qu'il endurait…Rester ici, où il ne souffrait plus… Mais à la réalité, dans cet endroit où on souffre tant, il y avait… Il y avait une personne qui…
Did you hear me speak
(M'entendais-tu parler?)
Est-ce qu'il l'entendait ? Est-ce qu'il le voyait tel qu'il était, comme il était, sans ses faux-semblants qu'il avait appris à être ? Lui était là, et il écoutait toujours avec attention ce qu'il lui disait… Il aurait tellement voulu pouvoir dire la vérité une fois sans craindre un retour une blessure mortelle cette fois pour lui, alors il se taisait.
Do you understand
(Est-ce que tu comprends?)
Est-ce qu'il avait compris ? Est-ce qu'il avait compris les coins sombres qui le hantaient, est ce qu'il avait vu au delà des apparences ? Est-ce que Duo… ?
Did you hear my voice
(Entendais-tu ma voix?)
Est-ce qu'il écoutait ? Duo avait toujours été là… Toujours, il l'avait soutenu, toujours même quand il ne comprenait pas, même quand le soutenir voulait dire avoir mal et souffrir encore… Duo avait été là. Est-ce qu'après les trahisons et les mensonges, il serait toujours là ?
Will you hold my hand
(Tiendrais-tu ma main?)
Et… Est-ce qu'il le soutiendrait toujours, même maintenant ? Duo serait-il toujours là ? Même après les mensonges ? Est-ce qu'il tiendrait sa main qui tremblait ? Cette main qui assassinait sans remords et qui tremblait maintenant de sa faiblesse.
Do you understand me
(Est-ce que tu me comprends?)
Il semblait le comprendre, vouloir le comprendre, il semblait… Duo était là. C'était un confort qu'il pouvait s'accorder maintenant serait-il là jusqu'au bout ?
Won't someone listen
(Quelqu'un va t-il écouter?)
Est-ce qu'il aura la force de m'écouter jusqu'au bout ? Quand j'aurai crié très fort toute ma haine, est-ce qu'il sera là pour moi ? Est-ce qu'il me ramassera si je reviens là où on souffre ? Si je reviens à la réalité et que je lutte pour ouvrir les yeux ?
Nobody gets in
(Personne n'y arrive.)
Duo n'est pas personne. Duo est lui. Duo saura, Duo pourra et s'il est faible s'il ne peut pas écouter, s'il m'abandonne, alors… Mais je ne veut pas abandonner tout espoir. Je n'ai pas tant vécu juste pour ça. Il faut que je me réveille, je veut être maître de mon destin. Je veux revoir Duo. La mort est si proche de moi depuis quelques jours… Si proche mais je ne veux pas…
My body's a temple
(Mon corps est un temple.)
Il y aura beaucoup de barrières à abaisser, il faudra que j'apprenne à ressentir à nouveau, il y aura mon masque à tomber et le laisser me toucher. Le laisser m'atteindre, le faire entrer dans mon cœur.
But nothing is simple
(Mais rien n'est simple.)
Non, rien n'est simple et je veux tenter ma chance. C'est ma dernière chance ici, mais je veux la prendre. Constater les dégâts et tout reconstruire tout reconstruire avec Lui.
Il fallait qu'il se réveille maintenant…
Déjà, la douce torpeur disparaissait et laissait place à plusieurs picotements. Quand enfin, le voile sous son esprit tomba, il ressentit toute la puissance de son empathie en cet instant. Un moment, il paniqua, trop d'émotions l'entouraient, il ne voyait rien, tout se brouillait. Mais très vite, des douleurs plus vives se firent, et se rappelèrent à lui. Entre la douleur physique et la douleur morale, Heero dut lutter contre son instinct qui lui disait de faire demi-tour.
Mais un visage en larmes le fit revenir, Duo qui pleurait, Duo qui le secouait, lui tenait la main alors qu'on le transportait vers la planque. Duo qui lui parlait, qui lui serrait la main…
Tous ces efforts…
Lorsqu'il cligna des yeux, un bip sonore retentit et Heero sentit aussitôt les douleurs se réveiller, plus forte que jamais.
Il se sépara de celle, morale, en annihilant toute émotion, se laissant flotter vers l'océan d'impassibilité qui camouflait trop de choses en lui et se concentra sur son corps. Pas de dégâts majeurs vu la douleur mais juste assez pour l'immobiliser pour le moment… Le choc sans doute.
-Heero ? demanda doucement Trowa.
Il prit la main du japonais dans la sienne et sentit une légère pression en réponse.
Heero se réveillait après deux jours de coma.
Le français appela aussitôt Sally pour lui dire qu'il venait de se réveiller.
La jeune femme arriva peu après, suivie de près par Duo.
Duo s'approcha du lit, des cernes sous les yeux. Deux jours qu'il veillait le japonais et quand il acceptait de se rendre aux arguments de Quatre et montait se coucher, Heero se réveillait.
Il avait dormi en tout à peine deux heures et demi mais il ne sentait plus la fatigue. Plus quand il voyait Heero ouvrir les yeux et fixer le plafond sans rien dire.
L'américain passa une main sur le front du japonais, laissant échapper un soupir de soulagement. C'est la voix un peu étranglée qu'il commença à parler :
-Heero… Heero, tu m'as manqué, tu sais ?
Pendant ce temps, Sally vérifiait ses fonctions vitales et changeait ses perfusions. Le japonais fit un geste pour les enlever mais Duo l'en empêcha. Son geste avait été doux mais ferme et Heero ne se sentit pas la force de lutter. Il ferma les yeux et se laissa faire, abandonnant toute résistance.
Rassurée, Sally prononça son diagnostique :
-Tout va bien. Physiquement, ses blessures ont quasiment cicatrisé même si certaines resteront douloureuses quelques jours, expliqua t-elle aux autres. Pour le choc psychologique, je ne connais pas vraiment l'empathie mais à ce que j'ai pu constater, je dirai qu'il s'en sort bien…
-Ne parlez pas de moi comme si je n'étais pas là, souffla Heero d'une voix basse.
Il semblait tester sa phrase, comme s'il n'était pas certain qu'on puisse vraiment l'entendre.
Ses yeux étaient toujours fermés et son visage avait cette absence habituelle de toute émotion. Sally sursauta. Pendant un moment, elle avait cru qu'il s'était endormi.
-Je peux soulager ta douleur si tu veux, continua Sally en fixant le japonais. A la clavicule, ajouta t-elle au bout d'un moment.
A la surprise de Duo, Heero acquiesça. La douleur faisait vraiment mal à cet endroit. Son point faible.
-Juste l'épaule alors, murmura t-il avant de tourner légèrement la tête, gêné d'avouer une faiblesse, et de croiser le regard de Duo.
Mais quelque part, il commençait autre chose. Ne plus souffrir inutilement, ne plus mentir. On commencera par là, alors.
Heero ferma les yeux à se moment, ne pouvant supporter ces deux yeux. Ils cherchaient trop de réponses… Trop de questions… Heero savait qu'il allait devoir s'expliquer, expliquer pourquoi il avait menti, pourquoi il lui avait menti, à lui surtout, à Duo.
Pas devant Sally. Pas tout de suite. Juste le temps de faire le point, de réfléchir à sa nouvelle vie, à ce qu'il allait faire.
-Heero, tu es sûr que tu ne veux pas que je soulage ta tête ? Tu as pris beaucoup de coups à ce niveau et je pense que tu dois avoir encore mal…
-Non, ça ira. Merci, souffla le japonais sans ouvrir les yeux.
C'était un moyen poli de la congédier et elle le comprit. Il avait besoin de toute sa tête pour réfléchir, pour faire le point et se souvenir… Se souvenir de quelque chose…
Il entendit la jeune femme soupirer et partir de la chambre, en refermant la porte derrière elle, laissant Heero seul avec Duo.
L'heure des explications arrivait plus tôt que prévue on dirait, se dit Heero.
Duo le regardait, un flamme dangereuse brillant dans le fond des yeux.
Il prit une profonde inspiration et Heero ferma les yeux en sentant une vague de douleur le submerger.
-Je resterai calme, Heero, déclara lentement Duo. Je resterai calme, je ne veux pas m'énerver. Tu m'as fait… Tu m'as fait très peur, continua t-il d'une voix grave. J'ai cru te perdre plus de fois en quelques jours qu'en un an passé avec toi. J'ai découvert plus de choses en quelques jours sur toi qu'en toute une année, termina t-il doucement.
-Je…
-Tais-toi, le coupa Duo d'une voix ferme. Vois-tu, j'ai pris mon courage à deux mains pour venir te parler, pour te dire tout ça, continua t-il d'une voix faussement nonchalante. J'ai des questions à te poser, je veux que tu y répondes, franchement, je veux que se soit clair entre nous, je ne veux plus de mensonges, je veux que tout soit clair, répéta le jeune homme, sentant les larmes monter à ses yeux et faisant un effort pour les refouler.
Heero prit une profonde inspiration, sentant l'air lui brûler les poumons.
-Maintenant, après ce que tu vas dire, après tes réponses, je saurais si j'ai des raisons d'espérer… murmura le natté comme pour lui-même.
Heero ne répondit rien. Duo ne souhaitait pas être interrompu, sa démarche était assez compliquée comme ça.
-Pourquoi tu m'as menti ? Pourquoi est-ce que tu ne m'as pas dit la vérité ? demanda t-il d'une voix brisée.
-Dès le début tu m'as menti ! poursuivit-il en raffermissant sa voix. Je t'ai fait confiance Heero et tout était faux ! Tu sais parfaitement que je hais le mensonge, je peux tout supporter SAUF le mensonge ! Heero pourquoi m'as tu encore menti ? J'avais décidé de te faire confiance ! J'avais vraiment confiance en toi, bordel, j'ai gobé tout ce que tu m'a dit, j'ai cru aux pouvoirs, j'ai cru à tout ! Et c'était faux, tu ne faisais que mentir à Kari, à moi, à nous tous ! Je découvrais chaque jour une nouvelle chose, ta télépathie, puis le fait que tu pouvais lire dans les pensées, et maintenant, Kari est ta sœur ? Qu'est-ce que je vais apprendre demain ? Tu sais ce qui est le pire ? Le pire c'est que ce qui me fait le plus de peine, ce qui me déçoit le plus, c'est que je découvrais ça par hasard, tu ne me l'aurais jamais dit sans ça ! Tu ne m'aurais jamais rien dit si tu n'y avait pas été forcé, si ce que je pouvais dire sur ce que j'avais vu ne t'avait pas dérangé ! Et tu m'as forcé à garder le secret sur Yoki, alors que Trowa souffrait, que je sentais Wufei au bord de la crise… Et je ne pouvais rien dire, tu m'a forcé à me taire ! Et j'en étais fier, en moi, je me disais il me fait confiance à moi. Et toujours, c'était une nouvelle découverte, et toujours je l'apprenais mais pas de ta bouche… Ce n'est pas toi qui venait me voir pour me le dire…
Heero ne répondit rien, il se sentait vraiment mal, pas seulement physiquement, il avait connu pire, non, il avait mal surtout mentalement, il avait conscience qu'il avait fait beaucoup de mal à Duo et il n'arrivait pas à le supporter. Il ne se supportait plus lui-même, ni les choix qu'il devait assumer jusqu'au bout, même s'ils étaient faux.
-Je te donne une dernière chance, Heero ! J'attends tes explications… fit le natté en croisant les bras, reculant légèrement.
Heero ouvrit la bouche pour parler, il lui devait ça, mais Duo l'interrompit brutalement.
-Non, en fait je n'ai pas envie de t'entendre, tu vois là, je suis très en colère contre toi ! coupa t-il. Et je sens que même si tu as de très bonnes raisons pour justifier ton comportement, ce qui m'étonnerait vraiment, j'aurais plus envie de te tuer que de t'écouter, franchement…
L'américain poussa un soupir et posa ses mains à plat contre le rebord de la fenêtre, tournant le dos au japonais.
Heero ne dit rien, les paroles de Duo raisonnaient en lui, le frappant plus fort à chaque mot, plus il se les répétait, plus il se sentait mal, de ce mal qu'on ne peut pas ignorer en frappant fort ailleurs, non de ce mal qui reste, qui fait pleurer les soir de veille, qui empêche de dormir, comme ça sans raison apparente, tout va bien, on rie et là, on s'arrête parce qu'on sent cette mélancolie dans le cœur, cette main qui appuie qui étouffe qui fait mourir de l'intérieur, plus efficace qu'un acide quelconque injecté dans le sang.
Il le connaissait bien ce sentiment, celui qui revenait chaque fois qu'il mettait sa combinaison pour monter dans le Wing, ce sentiment qui lui oppressait la poitrine quand il allait tirer, quand il allait mourir, ce sentiment qu'il ressentait encore.
Et il n'en voulait plus, il aurait voulu s'en débarrasser, tout oublier, mais il était là, qui revenait.
Et il en avait marre, il avait déjà ressentis ça avec la « mort » de Kari et la « disparition » de Yoki. La douleur infligée par les êtres qui vous sont chers…
-Tu te rends compte Heero ? Non seulement tu me fais mal à moi, mais à tout le monde ! A Quatre, Trowa, Wufei, on te faisait confiance, on croyait en toi, tu étais notre leader, merde, on comptait tous sur toi et tu nous amènes mensonges sur mensonges, tu nous les sert sur un plateau d'argent, et on découvre petit à petit la vérité sur toi. Tu comprends ce qu'il y a d'effrayant ? J'ai peur de demain, parce que demain, je découvrirais quoi sur toi ? Je découvrirais que tu as menti sur quoi d'autre ? Sur quels autres détails de ta vie, tu nous as menti ? Sur tout ? Est-ce que je vais découvrir demain que tu te fous de moi, que tu te fous de nous ? Heero, je t'ai vraiment fait entrer dans ma sphère, je t'ai ouvert mon cœur, je t'ai même aimé…
Heero ferma les yeux en entendant les derniers mots. Ses lèvres tremblaient, et le jeune homme avala cette dernière phrase comme il le pouvait. Duo avait parlé au passé, il l'avait perdu, il l'avait définitivement perdu avec ça… C'était évident, il savait que ça se terminerait comme ça, d'une manière ou d'une autre, ça éclaterait bien mais il avait espéré au fond de lui…
Il avait tenté de repousser ça, et maintenant que ça arrivait… Il s'y était préparé, intérieurement, il s'y était préparé… Mais de l'avoir là, en face de lui qui lui disait tout ça, de voir le phénomène se réaliser…
Heero avait envie de pleurer, pour une fois, il voulait laisser tomber son masque, il en avait marre de jouer quelqu'un d'autre, il aimerait tant être comme Duo, dire le fil de sa pensée, tout le temps, ne pas se soucier, ne pas avoir ce foutu conditionnement, ne pas être obligé, toujours de devoir rendre des comptes, pouvoir se reposer sur l'épaule de quelqu'un, un jour, sans jamais compter que sur soi, pouvoir compter sur un autre...
Mais il devait être là, assumer tout, prendre tout sur son dos, la mort des autres, se la prendre en pleine face, survivre toujours à ceux qu'il aimait, et endosser la colère des autres, ne pas plier sous le poids et assumer pour Yoki, cacher son secret d'enfant… Et se contrôler, ne pas faire ressortir son pouvoir, cacher ceux des autres, aider Kari, aider Yoki, les consoler, leur survivre…
Duo, quant à lui, se fichait totalement de l'impact de ses mots à ce moment. Il voulait le blesser comme il était blessé lui, comme il avait ressenti cette trahison de sa part, il voulait qu'Heero craque, devant lui qu'il s'explique, non il ne voulait pas l'entendre, pas sa voix qui mentait si facilement.
Il était tellement en colère, il ne pouvait pas cacher ses mots, non, il ne pouvait pas, Heero lui avait menti, tout s'embrouillait dans sa tête, la rage mêlée à la colère, et ce sentiment ce trahison… . Il n'arrivait pas à trouver de bonnes raisons pour le mensonge, pourquoi Heero avait-il menti sur ses liens avec Kari, pourquoi n'avait-il jamais dit que c'était sa sœur, pourquoi avait-il couvert Yoki coûte que coûte au détriment de Kari ?
-Et Kari ? Tu as pensé à Kari ? éclata-il soudain. Non, bien sûr, il n'y a que toi même qui compte ! C'est sûr ce n'est pas toi qui a vu la douleur dans ses yeux quand elle a su la vérité, elle a pas eu le temps de te le dire ça, non elle était tellement surprise qu'elle a même pas poussé un cri ! Ses yeux sont devenus… Oh, tu aurais du voir ça, ça t'aurait passé le goût du mensonge, Heero. Tu ne peux pas savoir l'effet que ça m'a fait de la voir comme ça, trahie par les personnes qu'elle aimait le plus… Remarque, je peux parfaitement le comprendre, tu me diras, ajouta-t-il d'un ton acerbe.
Heero ne répondit toujours pas, il savait que Duo avait raison. C'est vrai, il pouvait parfaitement comprendre, il venait de lui faire la même chose.
-Et maintenant, elle est dans le coma, entre la vie et la mort, un coma profond, irréversible ! Tu as dû sûrement penser que lui cacher la vérité serait une certaine façon de la protéger ! Bien ! Belle façon de la protéger vraiment ! Vous êtes tous suicidaires dans la famille, j'ai l'impression. Voilà où ça l'a mené, à la mort ! Et tout ça c'est de ta faute ! cria Duo. Elle est morte, complètement out !
Heero ne réagit même pas, trop choqué pour faire le moindre geste, face à ce que venait de lui balancer Duo. Celui-ci, emporté par sa colère, avait dit ça pour le faire réagir, par la colère, les pleurs que le japonais lui avait fait couler, la peur qu'il avait eu pour lui, et l'état trop grave de Kari, tout ce qui avait fait que la non réaction de Heero l'avait fait enrager plus qu'autre chose. Il avait cherché à ce que le japonais bouge, sursaute, proteste, mais il n'avait pas réagi, à peine si ses pupilles avaient bougés à l'annonce de la mort de sa sœur !
Sa propre sœur.
Dégoûté, Duo, se dirigea vers la porte et l'ouvrit pour sortir de la chambre, avant de sortir, il se tourna une dernière fois vers Heero et lui dit, revenant sur ses propres sentiments envers le japonais.
-Tu sais Heero, je t'aime, jamais je ne pourrais faire quelque chose contre ça, j'ai déjà essayé des centaines de fois avant tout ça, et je crois que je t'aimerais toujours, c'est comme ça, mais te pardonner, passer sur toute la confiance que j'avais en toi… C'est une toute autre chose, et je ne sais pas si j'y arriverai. Je ne sais vraiment pas… murmura le jeune homme avant de partir, fermant la porte derrière lui.
Il avait laissé Heero blanc comme neige. Tout le sang qui habitait son corps semblait l'avoir quitté sur le champ. Le japonais ne sentit pas la larme couler le long de sa joue, tandis qu'il fixait son regard sur la fenêtre, les mains tremblantes, la douleur émanant de tout son être.
Il s'adossa à la porte, puis se laissa glisser doucement au sol, laissant son regard dériver sur la pièce, comme mort. Il l'avait bien cherché, il l'avait mérité, c'était vrai, il ne faisait que payer tout ça, que Duo lui en veuille d'accord, d'accord il l'acceptait… Mais ça faisait mal… Duo… C'était la seule personne à qui il avait… Repris contact avec le monde grâce à lui… Non, Duo n'avait pas vraiment voulu dire tout ça, comment pouvait-il dire autant de mots qui font mal en si peu de temps.
Comment était-il possible de détruire la vie d'une personne en une conversation ? Il ne savait pas comment il pourrait faire pour qu'il le pardonne, il se sentait tellement misérable, tellement vide… C'était fini…
Il n'avait plus qu'à reprendre le soldat parfait, ramasser les morceaux, ne rien recoller jeter le tout par la fenêtre et reprendre cet air si distant, disparaître et recommencer les missions en solo, comme s'il n'avait plus d'âme. Avant, il faisait semblant de ne pas en avoir… Il n'aurait plus à faire semblant maintenant… Son âme était à Duo, il l'avait brisée et écrasée à ses pieds.
Juste avant de partir, il avait donné sa clé à la seule personne capable de le comprendre. Il l'avait changé, sa clé, il l'avait modifié, il n'avait pas compris comment, peut être parce qu'à ce moment, un nouveau paramètre avait changé en lui, peut être que quelque chose avait définitivement changé en lui… Oui, c'était ça, c'était à ce moment… Il avait donné sa clé au jeune homme, lui avait permis de lire son âme à un moment donné… Quand ils avaient parlés avant de s'être fait kidnapper…
C'était là, à ce moment qu'il avait réalisé..
Que Duo était un facteur, une personne bien trop importante, que jamais sa place ne changerait en lui… Qu'il était gravé en lui désormais qu'il ne pouvait pas l'oublier ni le perdre ni l'ignorer…
Trop tard, Duo était dans son sang, dans sa tête.
Et ce qu'avait toujours fait Heero, contrôler son esprit, empêcher quiconque d'y pénétrer, le jeune homme abaissait toutes ses barrières, ça ne servait à rien, qu'avait-il à cacher d'autre ? Sa mort intérieure lente , son agonie ?
Il n'en avait pas la force.
Demain, il partirait…
Loin.
………………………………….
Le téléphone cellulaire de Hilde sonna et elle décrocha avec un froncement de sourcils. Elle se souvenait trop bien qui était en train de l'appeler.
Les professeurs qui voulaient leurs rapports, les professeurs qui se demandaient pourquoi elle n'avait donné signe de vie.
-Oui… Oui, ben j'ai du oublier… fit-elle semblant de plaisanter quand S le lui reprocha.
-Euh… La mission ? Ben, elle est accomplie, non ? La base a sauté intégralement ! Le rapport ? Ah ? Il fallait un rapport ? répéta t-elle en prenant un ton étonné. Ben, voilà on remarque tout de suite qu'Heero est plus là… constata t-elle d'un air faussement désolé.
-Ah, vous avez eu le rapport par Trowa ? Oui, c'est un bon gars, il oublie jamais rien ! s'exclama t-elle en réponse.
-Comment ça un autre genre de rapport ? Vous êtes franchement culotté pour un…
-Ah ! Oups, pardon ! Oui, mon rapport… Celui sur mes investigations persos…
-Trowa ? Non mais vous plaisantez j'espère ? Si ce type lâche une seule information un jour, se sera quand les lapins baiseront les vaches ! Quand à Duo, alors là, il parle, il parle… Il mâche… Il parle, il parle… Il mâche… Comment ça comme moi ? Bref, mais il ne sait rien sur, Heero rien du tout !
-Non, je ne suis pas prête de le retrouver… Merde, c'est J qui l'a formé, s'il est si bien entraîné que ça, vous croyez franchement qu'il va être retrouvé, s'il a choisi de disparaître ? interrogea Hilde, franchement incrédule.
-Ouais, sinon, je m'acclimate plutôt bien… sourit-elle. Bon, je peux pas vous dire la température qu'il fait dehors parce que j'ai la jambe cassée à cause la mission… A bah, oui, c'est vrai, vous êtes pas au courant, vous avez pas eu de rapport ! Ben voilà, je vous le dis ! J'ai la jambe cassée parce que j'ai raté une marche !
-Mais non, je déconnais ! C'est un débris de MS qui n'a rien trouvé de mieux à faire que de taper la discute à ma jambe !
-Ouais, elle était en bouillie après. On peut pas dire qu'il a été diplomatique.
-Qui ? Ben, le débris ! Trowa vous a rien dit au sujet de ma jambe cassée ?
-Ah. Ben, oui, remarque, logique. Il a fait le rapport de sa mission et de ce qu'il a fait. Après, les dégâts persos des autres… Enfin, c'est quand même un bon gars puisqu' il a fait son rapport, hein ? Pas comme les autres quoi…
-Ouais moi compris, ça va, grommela l'allemande.
-Euh… Ah bon ? Vous êtes sûrs ? Une inspection ? cria t-elle presque sous la surprise.
-Mais euh… genre une inspection… Avec vous ? demanda t-elle tentant de gagner du temps.
-Oui, oui, évidemment… Non, pas avec le boulanger du coin, je sais… Il y en a pas… Mais… Quand ? s'informa t-elle rapidement.
-Cet après-midi, sûrement ? répéta t-elle, incrédule.
-Sûrement, sûrement ? Cet après-midi ? Mais c'est cet après-midi, cet après-midi ou cet après-midi dans une semaine ? tenta t-elle encore.
-Cet après-midi… Ah, mais c'est impossible ! s'exclama la jeune fille brusquement.
-Pourquoi ? Ben… J'ai pas le fait ménage !Y'a beaucoup de poussière vous savez et puis quand on a votre âge, enfin, c'est pas bon pour la respiration quoi… expliqua t-elle désespérément.
-Non, mais pour quoi faire une inspection, d'ailleurs ? Je peux pas la faire pour vous ? interrogea t-elle soudain sérieuse.
-Oui, je sais, j'ai de super idées… Faut que je fasse quoi alors ? demanda la jeune fille d'un ton faussement pompeux.
-Oui… d'accord… Hum, hum… Rien d'autre chef ?
-Un rapport ? Ah oui, bien entendu ! Ben, je vous dirai ce que j'ai trouvé alors !
-Ouais c'est ça, à bientôt, jeune fille ! euh, vieillard ! se moqua l'allemande avant de raccrocher en poussant un soupir.
Comme s'ils n'avaient pas assez de problèmes ! Voilà que les autres débiles du cerveau se ramenaient avec leurs questions et leurs ordres ! Et maintenant, il allait falloir qu'elle fasse semblant d'enquêter encore sur Heero, mais à partir de son portable qu'il n'avait pas emmené dans sa fuite.
Bon… Il allait falloir qu'elle se débrouille… Et qu'elle trouve un truc à leur donner où ils mettraient leur projet à exécution, c'est à dire rappliquer à la planque. Et alors là… Là, ils découvriraient euh… Des choses qu'il ne fallait pas qu'ils voient. Comme Heero qui n'était pas du tout en fuite, et puis, bien sûr la sœur du japonais qui aurait entre temps, été recueillie… Si bien sûr, Kari ne mourrait pas avant…
Hilde regarda par la fenêtre, ses yeux se perdant dans l'immensité du ciel. La vie était moche des fois.
Sally entra à ce moment dans sa chambre, lui annonçant que Heero venait de se réveiller. L'allemande eut un sourire soulagé. Au moins un qui s'en sortait. Toujours son téléphone en main, elle remarqua alors le regard interrogateur de la chinoise.
-Les mads, expliqua la jeune fille. Ils veulent des nouvelles un peu plus souvent et ils sont pas prêts de lâcher l'affaire… soupira t-elle.
-Il faudrait en parler aux autres, qu'on trouve une solution…
-Oui, si tu pouvais le faire… Tes médicaments m'ont littéralement assommée ! Je suis crevée !
-C'est le but ! Tu bouges tellement qu'il est plus facile de te donner des calmants pour que tu restes tranquille !
-Ben voilà, maintenant, tu t'occupes de faire passer le message à tous pendant que je pionce. Ah, ah ! Tu es en train de payer, Sally !!
-Bon, j'était venue pour voir si tu avais mal à la jambe…
-Non, tout va bien, c'est la forme ! Oui, enfin, tout est relatif. Je ne peux pas non plus marcher et courir…
-Patience, ma chère, ironisa la chinoise.
-Ouais, bon, ben bonne nuit !
-C'est ça ! Fais de beaux rêves, plaisanta la jeune femme avant de fermer la porte, rassurée quand à l'état moral de la jeune fille.
Elle tenait le coup, ça allait à peu près.
…………………
Trowa rejoignit Quatre qui écrivait à une table du salon. Le jeune blond arrêta son travail lorsqu'il sentit deux bras puissants lui enserrer la taille.
-Il est réveillé, murmura le français à l'oreille de son amoureux.
-Je l'ai senti, répondit le jeune homme laissant sa tête se reposer contre le cou du brun. C'est un soulagement pour tout le monde, ici. Je sens aussi qu'il est… embrouillé… Je crois qu'il a du mal à mettre en ordre son esprit… Il s'est passé beaucoup de choses en seulement quelques jours… On a découvert beaucoup de choses à son sujet…
-Qu'en penses-tu ?
-Je… Je ne sais pas trop… Il y a beaucoup de choses qu'il nous a cachées… Je ne sais même pas si nous le connaissons vraiment… Ca me fait peur… J'ai l'impression d'avoir passé un an avec un parfait inconnu… Il nous menti… A tous…
-J'avais deviné, déclara brusquement Trowa.
-Tu ? répéta Quatre, surpris.
-J'avais deviné. Disons que j'avais compris… Pour Kari. Je le connais bien… Même s'il ne parle pas… Même s'il ne dit rien, ou qu'il ment par omission… Voir qu'il le fait exprès… Il a menti mais c'était pour protéger sa sœur… Je ne sais pas si ça l'excuse. Je sais juste que c'est pour ça qu'il l'a fait.
-Je crois que nous avons perdu un peu de notre confiance en lui, souffla Quatre.
-Je crois que Duo a perdu ses repères… Et que Wufei ne sait plus quoi penser, réfléchit Trowa un moment.
-Et toi… Pendant tout ce temps, tu savais… Et tu ne nous as rien dit.
-Là, c'est moi qui aurait perdu sa confiance… Est ce que j'ai perdu la tienne ?
-Non. Non, murmura Quatre. Je comprends. Je te comprends… Et je te fais confiance. Tu sais que je te fais confiance, Trowa. Ahibbeck, galbî, murmura le jeune arabe. (Je t'aime, mon cœur)
Trowa l'embrassa doucement, goûtant à ses lèvres qui avaient un saveur sucrée. Lentement, il garda le lien, déposant des baisers sur sa lèvre inférieure, puis sa lèvre supérieure, pour joindre sa bouche contre la sienne, dans une douceur infinie.
-Je crois que je ne peux plus me passer de toi, murmura Trowa avant de reprendre ses lèvres dans un baiser plus profond et plus passionné.
Quatre répondit à son baiser, cherchant toujours plus de contact avec ses lèvres chaudes, et cet ardent feu qui le dévorait à chaque fois qu'il voyait le brun.
-Tu écrivais à qui ? demanda celui-ci en quittant ses lèvres, en profitant pour se mettre face à son amoureux.
-Ma sœur, Iria… Ca peut attendre, murmura le jeune blond d'une voix rendue rauque par le désir.
Ses yeux bleus avaient viré au noir et il reprit les lèvres du français avec ferveur, s'abandonnant dans ses bras, tandis que ses mains glissaient le long de son dos. A bout de souffle, ils se séparèrent, se regardant dans les yeux.
Quatre avait un sourire bienheureux aux lèvres, complètement emporté par l'instant qu'ils venaient de partager.
Trowa fit un léger sourire avant de croiser les bras, signe qu'il avait quelque chose d'important à dire.
Le jeune arabe le fixa, attendant ce qu'il allait prononcer.
-Je ne lui en veux pas. En fait, je n'en veux pas du tout à Heero. Je le comprends peut être mieux…
-Je ne sais plus si je dois avoir confiance en lui, tu comprends, déclara doucement le petit blond.
Il n'avait pas envie de se disputer avec Trowa, mais il sentait que la discussion était importante pour le français.
-C'est quelqu'un qui a une grande place dans ma vie, prononça lentement Trowa, semblant réfléchir aux termes qu'il employait. Je ne pourrai pas supporter que vous le rejetiez… Tous, vous semblez vouloir le mettre à l'écart, même si c'est inconscient, poursuivit-il en levant la main devant l'expression de Quatre qui voulait protester.
-Je… C'est un peu comme si tu me repoussais… continua t-il. Je lui ressemble, j'aurai certainement agi de la même manière dans sa situation… Non, je ne sais pas comment j'aurai réagi mais… En l'éloignant, j'ai l'impression que tu m'éloignes un peu de toi, tu désapprouves une partie de moi en quelque sorte… Alors que je suis de son côté… Même si je ne sais pas lui montrer… Je me sens au milieu dans cette histoire. Je ne sais plus quoi dire, termina le jeune homme en faisant un pas en arrière, secouant la tête, légèrement perdu.
Quatre ferma les yeux une seconde, et prit une profonde inspiration.
-Attends. Trowa, je ne rejette pas Heero… C'est vrai, je lui en veux et je ne sais même pas quelle attitude adopter envers lui… Ce que tu viens de me dire… C'est faux, je ne t'éloignes pas de moi, je ne le ferais jamais. Quelque soit tes opinions. Heero est mon ami aussi. Et ça me fait mal ce que tu me dis. Tu as raison, je sais que tu observes tout avec un point de vue objectif, j'ai certainement du éviter Heero ces derniers temps… J'ai l'impression de pas le connaître… Je sais que tu ne sais pas quoi lui dire mais je pense qu'il connaît déjà ton opinion face à lui. Je suppose qu'il faudrait que j'aille le voir pour éclaircir les choses… Je crois en lui malgré tout. Ce garçon est capable de tout, je crois en lui. Mais j'ai l'impression qu'il ne le sait pas… Même si je lui en veux, je ne lui en veux pas assez pour le haïr ou le repousser.
-Je ne veux pas que tu fasses ça pour moi, déclara doucement le français.
-Trowa, je ne fais pas ça pour que tu te sentes mieux mais pour moi et lui. Je me sens mal de l'avoir un peu écarté, d'avoir mis sa parole en doute alors qu'il m'a aidé à tenir tête face à Yoki, à bloquer mon esprit. Tu viens de m'en faire prendre conscience… Je te remercie pour ça, pour ta franchise… Je t'aime, murmura le garçon avant de déposer un baiser sur les lèvres du français. Je vais aller lui parler…
………………………………
En se dirigeant vers la chambre du japonais, Quatre ne pouvait pas s'empêcher de s'inquiéter pour lui, son empathie lui criait la douleur de son ami, et même s'il mettait des barrières pour mieux résister aux émotions des autres, il les sentait et ne les supportait pas ou très mal.
Heero avait abaissé toutes ses barrières qui faisaient qu'ordinairement, le jeune arabe ne pouvait avoir accès à ses émotions. Mais elles étaient là, toutes plus embrouillées les unes que les autres, toutes faisant plus mal que l'autre.
Il toqua à la porte prudemment et personne ne répondit, mais il entra quand même, prenant une grande inspiration. Il trouva Heero debout devant la fenêtre, regardant au loin un point imaginaire. Il n'avait pas réagi à l'entrée du jeune homme, n'avait pas bougé un cil. Ses yeux restaient obstinément fixés devant lui, comme s'il cherchait quelque chose à quoi se raccrocher désespérément.
-Heero ? appela le blond doucement.
Aucune réponse ne lui parvint.
-Heero, insista le jeune arabe, s'approchant de l'asiatique.
-Qu'est ce que tu veux, Quatre ? demanda le japonais d'une voix un peu dure, dans un essai d'être agressive mais sans vraiment y parvenir.
-Je…Je m'inquiète pour toi, fit Quatre, sincèrement.
-Ah ? Pourtant je vais très bien, répondit Heero d'un ton dégagé, avant de se tourner vers son coéquipier et de fermer les yeux devant la douleur qui lui vrilla les tempes à se mouvement trop soudain.
-Arrêtes de mentir, souffla Quatre, percevant l'ironie du japonais.
-Mais pourtant, je suis un menteur, non ? continua le japonais d'une voix qui n'était plus ironique du tout mais où on pouvait déceler un simple constat, presque comme un enfant qui pose un fait, avec une voix innocente de la vérité.
-Heero…
-C'est ce que vous pensez tous de moi, maintenant non ? demanda le jeune homme en penchant légèrement la tête, comme s'il pouvait mieux voir ce que jugeait Quatre. Alors je n'ai pas besoin de ta pitié, termina Heero en se replongeant dans sa contemplation première du ciel.
-Heero, tu exagères, intervint Quatre d'un ton plus ferme. Je n'ai pas pitié de toi.
Il ne savait même plus quel ton adopter devant lui, devant cette expression si sûre de la vérité, si résolue comme si le japonais ne faisait qu'accepter les faits sans jamais les contester. Ce qui était loin du caractère qu'il avait montré pendant toute cette année de combats. C'était comme s'il rendait les armes.
-Tu me traites de menteur, mais toi tu fais pareil, déclara doucement Heero, sans plus se retourner.
-Qu'est-ce que tu…
-Tu viens me voir parce que tu ressens ce que j'ai, parce que ça te fait mal… Pas parce que tu veux me réconforter, tu ne le souhaite pas, tu me trouves aussi coupable que les autres. Je suis désolé pour ta douleur, je ne peux rien y faire, je ne contrôle plus mon esprit… Pas pour le moment. Tu peux repartir, tu vois, je trouverais la solution pour que tu ne souffres plus de mon état. Et tu viens me voir alors que tu m'en veux autant que les autres. Belle contradiction, vraiment, souligna Heero pensivement.
-Heero, tu as raison je t'en veux, mais je ne peux m'empêcher de m'inquiéter pour toi. Je sens ta douleur, c'est vrai, mais c'est pour apaiser la tienne que je viens te voir pas la mienne. Heero, au nom de notre amitié…
-Je vois… Tu as des problèmes de conscience ?
-Quoi ?
-Je t'ai aidé récemment… Contre Yoki… Tu as des problèmes de conscience ? répéta Heero. Tu te dis, il m'a aidé, je vais pas le laisser comme ça… Rappelle toi, je suis empathe moi aussi et je peux même lire dans tes pensées, souligna le japonais en voyant l'expression de l'arabe, surprise du fait que Heero lise en lui aussi clairement.
-Non, c'est faux, Heero… Je ne pense pas ça, je ne pense pas vraiment ça… Tu mens, Heero, je sais que tu ne lis pas dans les pensées, tu le peux mais tu ne le fais pas, Kari nous l'a dit !
-Et qu'est-ce qu'elle en sait, hein ? Elle ne savait même pas qui elle était, elle, je lui ai menti toute sa vie, elle n'a même pas été capable de s'en rendre compte toute seule ! poussa le japonais, d'une voix qui trahissait sa détresse, sa peine de cette constatation, son amertume.
-Arrête, Heero ! Tu te fais mal, tu ne penses pas ce que tu dis, arrête ! cria Quatre.
-Mais il n'y a aucune raison de s'inquiéter, Quatre. Je vais très bien, fit Heero ironique. J'ai perdu votre respect, votre confiance et votre amitié, tout va bien. De toute façon, qu'est-ce que ça m'apportait ? Je n'en sais rien. Et je suis fatigué de jouer devant eux un rôle ! Je ne serai jamais comme vous le voulez, je ne suis pas cette personne ! Vous pensez quoi, tous ? s'énerva le japonais brusquement.
-Que je suis parfait ? La perfection n'existe pas, tu devrais le savoir, Quatre ! Dans cette histoire, j'ai perdu plus que vous tous ! Vous, vous n'avez fait que réaliser que l'image parfaite était fausse, moi j'ai perdu ma famille, mes amis, tout ce que j'avais reconstruit. Une personne aurait pu… Dans l'histoire j'ai perdu l'amour de Duo, et ma place parmi vous. Sans oublier Kari et Yoki. Mais à part ça tout va bien !
-Heero, tu exagères, répondit doucement Quatre.
Le japonais se retourna et le regarda dans les yeux. Quatre du poser une main sur le cœur et s'empêcher de crier. La douleur était si forte…
-Tu la sens ? demanda Heero lentement. Tu crois que j'exagère ? Alors explique-moi tout ce mal, Quatre, explique-moi tout ça, moi je ne comprends plus rien, pourquoi est ce que j'ai mal quand je pense à cette confiance perdue, à ce mal… Pourquoi j'ai envie de rien, de plus rien depuis que Duo est parti de cette chambre, pourquoi ma vie n'a plus de sens, maintenant ?
-Heero… Je… Je ne peux pas comprendre ta douleur et personne ne peut comprendre la souffrance des autres. Tu es le seul à juger de son intensité. Je veux dire si tu as si mal en pensant à cette confiance qu'on a perdu, moi j'ai mal aussi, j'aimerai la retrouver mais c'est vrai, j'ai un peu peur que tu me blesses de nouveau que tu me craches au visage un nouveau mensonge, que je ne puisse plus compter sur toi… C'est vrai, on a beaucoup compté sur toi, on se repose souvent sur tes épaules, et je me rends compte que tu n'es pas parfait merci encore tu serais trop ennuyeux ! sourit le jeune homme.
-Je m'excuse si j'ai pu te faire sentir cette pression, je ne voulais pas… Si toi, tu as mal en pensant à ça, c'est que tu ressens de très forts sentiments pour nous, pour Kari et surtout pour Duo. je crois qu'il s'est emporté par la peur de te perdre, tu as failli y rester, ça en devient presque une habitude, c'est peut être un poids trop lourd à porter pour lui. Il tient à toi si fort qu'il ne s'en remettrait pas… Et tu l'as déçu… Il pensait qu tu lui faisais confiance comme lui te faisait confiance, et tu as brisé ses illusions en lui mentant comme à ta sœur, comme à nous, tu l'as traité de la même façon que nous, pas comme s'il était à part pour toi, pas comme s'il comptait vraiment… Mais ça lui a porté un coup important… Je ne pense pas qu'il t'en voudra longtemps… Le cœur à ses raisons que la raison ne connaît pas comme on dit… Tu sais il est bien trop jovial, et trop généreux pour être rancunier longtemps. Je te conseille de lui parler de mettre à jour tes sentiments, tout ceux que tu caches par peur, tout ce que tu caches lui fait mal, Heero, dis lui tout ce que tu penses, pourquoi tu agis ainsi…
-Je ne peux pas…. Je ne suis pas prêt, murmura le jeune homme. Il ne m'écoutera pas pour l'instant…
-Alors dès que tout sera fini, dis le lui. Tu perds du temps, tu le regretteras, Heero. Tu as failli le perdre, ne perds pas trop de temps… Ne rates pas ça, crois-moi. Oblige le à t'écouter, je sais que tu peux être convainquant quand tu veux.
-Arigato. Pour tout.
Le jeune homme lui avait permis de vider son sac, en quelque sorte il avait passé ses nerfs sur lui et ça lui avait fit du bien.
Quatre lui fit un sourire, s'approcha du jeune homme et lui prit la main.
-Je suis ton ami, je me considère comme tel, en tout cas, malgré tout, Heero, tu es mon ami. Alors tu peux compter sur moi si tu veux parler… Sur Trowa aussi… ajouta le jeune homme avant de sortir de la pièce.
Heero prit une grande inspiration, une fois seul. La visite de Quatre lui avait permis de tirer au clair certains points, il s'était calmé, il pourrait toujours essayer de rattraper ses erreurs, oui, il allait commencer par demander pardon à Kari, à lui…
La réalité le frappa de plein fouet.
Pendant tout ce temps, il 'avait pensé qu'à Duo, Duo et encore Duo. Il avait pensé aux mensonges, à ce qu'il avait fait à Kari mais…
Kari.
Qu'est ce qui s'était passé ? Elle s'était battue avec Yoki, c'était affreux et il s'était évanoui, c'était si douloureux…
Heero tenta de se concentrer mais aucune présence de sa sœur dans les parages. Une peur sourde l'envahit, et il se remémora les paroles de Duo, avant qu'il ne quitte la pièce.
Elle est dans le coma plus morte que vive, un coma irréversible.
………………………………………….
Sally rentra dans la chambre de Wufei, trouvant le jeune homme assis sur son lit, plongé dans une réflexion intérieure.
Elle allait repartir lorsque la voix du chinois s'éleva doucement :
-Reste. On doit parler, je crois…
La jeune femme s'avança dans la pièce, refermant la porte derrière elle.
-Je continuerai de me battre, Wufei, affirma la jeune femme.
-Pourquoi ? Tu as failli y rester dans cette mission ! Tu étais morte de peur ! protesta le chinois, d'une voix douce.
-Mais je le faisais pour une cause juste ! Il fallait retrouver Heero ! Et l'aider ! s'exclama la jeune médecin.
-Tu as failli mourir… J'ai failli te perdre… Encore. Ca recommence, murmura le chinois en fixant un point invisible sur le mur.
-Wufei, déclara Sally d'une voix forte.
La jeune femme s'accroupit devant lui, pour être à sa hauteur, lui qui était assis sur son lit.
-Je ne peux pas te promettre que je vais vivre aussi longtemps que tu le feras, et je ne peux pas te jurer de rester les bras croisés pendant que d'autres risquent leurs vies, parce que c'est impossible. Mais je peux te promettre de t'aimer et de rester à tes côtés. Pas plus. Tu ne dois pas chercher plus. Personne ne pourra le donner. Je ne peux te garantir que mon amour.
-On dirait les vœux de mon mariage, souffla le jeune homme.
Sally eut un petit rire.
-Non, je ne te demande pas en mariage…
Elle lui prit la main, croisant les doigts avec les siens.
-Je t'aime et je ne veux pas te perdre…
-Wo ai ni.... répondit le jeune homme doucement, répétant ses vœux. On…
Sa voix se fit plus hésitante, tandis qu'il cherchait ses mots.
-On restera ensemble ? Sally, je ne veux pas te perdre, je ne veux pas deux fois ça… murmura t-il en touchant son ventre, lentement.
-Qu'est-ce que… ?
La chinoise souleva lentement la tunique du garçon et ce qu'elle vit lui coupa le souffle.
Une cicatrice barrait son ventre. Elle trembla tandis que sa main passait sur les contours de la blessure. La marque de son sabre. Il se l'était enfoncé dans le ventre…
-J'y ai survécu et j'ai combattu contre Oz… expliqua Wufei d'une voix indifférente.
-Je… Je suis désolée, Wufei… Mais… Je ne voudrais pas tu fasses ça, si je mourrais… Wufei, je t'aime, et je veux qu'on reste ensemble… Je n'ai pas l'intention de mourir, et si je me bats, j'espère que se sera à tes côtés… Tu me protégeras comme je te protégerai… On sera ensemble, Wufei. Et tous les deux, on sait qu'on s'aime, on sait qu'on tient à l'autre…
-Alors je prendrai soin de toi et tu prendras soin de moi. Et on s'aimera.
-Oui.
-D'accord. Tope là.
Désarçonnée par la réponse du jeune homme Sally eut un hoquet de surprise. Elle esquissa un sourire attendri quand elle vit que le garçon cachait son émotion de cette manière, détournant le regard, et prenant une voix faussement distante.
La chinoise donna une tape dans la main de l'asiatique. A peine eut-elle effleuré sa paume que les doigts fins du garçon se refermèrent sur elle et la tirèrent vers lui. Elle se retrouva allongée sur le garçon, qui l'embrassa doucement sur les lèvres.
Sally voulut s'écarter lorsqu'elle sentit les larmes du chinois couler le long de son visage mais comme l'étreinte du jeune homme se fit plus possessive, elle se détendit, et se contenant de répondre au baiser.
-Xièxie, souffla t-il à l'oreille de la chinoise. (Merci)
……………………………….
Il fallait qu'il voit Kari, il fallait qu'il la voit. Voir la jeune fille, lui parler, essayer d'entrer en contact, par n'importe quel moyen… Essayer de ressentir sa présence puisque ici il ne la sentait pas. Il ne la sentait plus. Et la dernière fois qu'il l'avait vu, elle se battait contre Yoki.
Comment en était-on arrivé là ?
Le japonais s'avança dans les couloirs, en essayant de faire le moins de bruit possible. De toute façon, la plupart des pilotes l'évitait et il n'avait aucune envie de leur parler. Kari était dans le coma.
C'était ce que lui avait hurlé Duo tout à l'heure. Qu'elle était dans le coma, un coma profond et irréversible… Le coma dont on ne revenait pas… Le coma qui pouvait durer des années grâce aux machines si on ne demandait pas de débrancher… Il avait exagéré, hein ? Elle était juste évanouie, elle se réveillerait…
Oui, il fallait croire en ça.
Heero poussa la porte doucement et ce qu'il vit le fit trembler. Il avança lentement, le souffle saccadé, ses pieds glissant le long de la moquette. Sur le lit, Kari était étendue, les yeux fermés. Elle semblait morte. Complètement morte.
Seul, le moniteur indiquait que la vie ne l'avait pas quittée. Pas complètement. Elle ne vivait que grâce à des machines qui entretenaient son corps.
Heero s'approcha d'elle et lui prit la main, la sienne tremblant plus fort que jamais devant son état. Son visage était couvert de bleus, ses mains étaient enflées, et un bandage recouvrait sa poitrine.
Le souffle était régulier, mécanique. Mais faible. Trop faible.
Il n'arrivait même pas, alors qu'il l'avait devant ses yeux, alors qu'il la touchait, il n'arrivait même pas à sentir sa présence, à se dire qu'elle était là. Son empathie ne lui indiquait que le vide, que les autres. Mais pas elle.
-Kari…murmura le japonais. Kari, je suis désolé… Tout est de ma faute… Je… Tu n'es même plus là… constata t-il doucement. J'aurais voulu te dire que tu étais ma sœur, j'aurais voulu partager cela avec toi, j'aurais tellement voulu qu'on soit plus proches toi et moi…
Il posa sa joue contre le cou de la jeune fille, serrant fort le corps immobile dans ses bras.
-Qu'est ce qu'il a fait de toi ? Qu'est ce qu'il a fait de toi ? répéta t-il en murmurant. Je t'ai retrouvé, c'était pas pour te perdre, c'était pas pour te perdre… Maintenant que tu sais, tu vas m'en vouloir de m'être tut… Mais je tiens à toi, je ne veux pas te perdre…
Le jeune homme se recula, contemplant les cheveux défaits, les bleus, les appareils qui la maintenaient en vie.
-Kari…
Il prit une grande inspiration, et le masque du soldat parfait revint un moment sur son visage. Seule, la voix trahissait les émotions qui habitaient le jeune homme. Ses yeux étaient froid, déterminés.
- Tu vas désapprouver, commença t-il d'une voix tremblante. Mais je ne veux pas savoir, tu n'es plus là, tu ne peux pas m'en empêcher, hein ? Tu reviendras, parce que tu peux pas mourir ! Tu peux pas me laisser là, tu n'as pas le droit, tu m'entends ?
Le garçon se releva.
-Kari, je suis désolé. Cette fois, je peux faire quelque chose pour toi. Cette fois… Et tant pis pour les conséquences. Tu m'en voudras, tu ne voudrais pas que je le fasse mais… Regarde toi ! Regarde dans quel état il t'a mise ! Et je parie, j'en suis certain, que tu l'aimes encore… Je parie que tu l'aimes envers et contre tout. Même s'il t'as fait du mal, même s'il t'a presque tuée… Kari, pardonne-moi pour ce que je vais faire, répéta le garçon en quittant la salle. Gomen nasai, imouto. (pardon, petite sœur)
Ses yeux s'assombrirent au fur et à mesure qu'il reculait, devant ce corps qui ne réagissait plus à rien, qui était intouchable, qu'il ne pouvait plus atteindre au niveau empathique.
A la place de la peine, à la place de l'affliction, un sentiment nouveau vint habiter le garçon.
Un sentiment qu'il n'avait pas ressenti depuis…
Très longtemps.
Trop longtemps.
La haine. Il avait toujours tout pardonné. Les trahisons, les coups, les entraînements, Yoki qui prenait sa place, Yoki qui le torturait…
Il avait laissé faire, il avait laissé faire au nom de leur amitié, au nom du lien qui les unissait… Il avait toujours laissé couler, un sourire, un regard, pardonné.
Un mot d'excuse, je te pardonne. Je ne veux pas d'explications, je ne veux pas savoir pourquoi tu as fait ça, si tu recommenceras un jour, si je devrais me battre, tu es pardonné. Tu as toute ma confiance, on rira ensemble encore longtemps. Il avait toujours retenu les cris qu'il voulait pousser, serrer les dents quand il aurait voulu donner un coup de poing. Il avait accepté sans broncher les pires excuses, les pires sourires, il avait tout donné. Merci c'était fini. Il ne laisserait plus faire. Tant pis pour les pots cassés.
C'était fini. Il ne laisserait pas passer ça. Il ne pouvait tout simplement pas.
Pour Kari.
Toute la haine habitait son corps et il sentait une puissance, sa puissance se manifester au fond de lui. Elle avait toujours été refoulées, elle avait toujours été camouflée…
Il n'avait pas le droit de lui faire ça. Il n'avait pas le droit de l'envoyer loin de lui ! Pas comme ça. Pas de cette manière. Kari était presque morte…
C'était trop. La goutte d'eau, peut être, le vase qui éclatait enfin…
Heero sentit le long flux d'énergie qui parcourait son corps, il sentait la brûlure à son cerveau, mais il ne s'arrêta pas. Il ne bloqua rien. Il laissa faire, il la laissa venir en lui, il la laissa monter, toute cette force qu'il avait refoulée.
Lorsque Wufei l'interpella alors qu'il allait sortir de la planque, Heero ne répondit même pas. Seule une pensée habitait son esprit.
Trouver Yoki.
Il ne se rendit pas compte qu'il avait fait exploser la porte derrière lui, et que le chinois le regardait ébahi.
Il ne fit attention à rien, qu'à retrouver Yoki, le retrouver…
Et lui faire payer.
A SUIVRE…
Une ptite review s'il vous plait ? Pour savoir ce que vous en pensez… Et vous avez vu ? Pour une fois… Heero se rebelle ! lol Qu'est ce que ça va donner à votre avis ?
