Titre : Sang et révélations
Auteurs : Draya et Clôtho
Source : Une série avec des méchas… Qui n'apparaissent pas beaucoup dans cette fic, ok… lol Alors comme les robots aux capacités exceptionnelles ne vous aideront pas… C'est Gundam Wing, la source !
Genre : Ansgt, triste, violent, une belle bagarre à l'horizon, et je rajouterai encore triste. Yaoi aussi. Ok, on rajoute surnaturel parce que les dons des japonais, c'est franchement pas réalistes ! lol
Couples : 4x3, Kari x Yoki .. et oui, il persiste ! lol 5x Sally et 1x2 qui arrive enfin ! Si Heero veut bien se donner la peine de rester éveillé…
Disclaimers : Comme d'habitude, la rubrique la moins aimée des auteurs… Les persos ne sont pas à nous, on ne se fait pas d'argent dessus, promis ! On se contente juste de les torturer, de les caser ensemble et voilà !
Réponse aux reviews :
Florinoir : Olala une review enthousiaste ! ça fait plaisir à lire c'est clair ! Le juron du début montre que oui, elle t'as marquée la fic… lol Pour les tortures de Heero… mdr ! je l'adore ! Et ce n'est pas ma faute si Draya et moi, on a rien trouvé de mieux pour lui prouver notre amour que de le torturer… lol Non, en fait, on s'est dit que se serait cool de le torturer ! Les grosses sadiques, tu sais… lol Et oui, je comprends tout à fait que tu en veuilles au natté… moi aussi je lui en veux ! Comme tu dis, bibiche sors du coma et tout de suite l'autre, il le gronde ! Je te jure ! Je comprends pourquoi t'enrageais! Mais bon, c'était dans le scénario, et Draya a insisté pour qu'on le fasse… lol Et comme tu dis… c'est trop dommage pour Kari et Yoki… Mais on se rattrape avec les autres couples hein ? C'est ce qu'il faut se dire… lol Alors merci de suivre cette fic, et de nous encourager pour écrire cette suite. En tout cas, ta review nous a redonné un bon coup de pêche ! merci encore ! Kisu !
Rushie : Comme tu le dis, Duo a été vache avec Heero… d'un autre côté, faut le comprendre… Il s'est senti trahi… Mais est-ce que c'était une raison pour enfoncer bibiche à son réveil ? Je ne sais pas… lol Ok, il a été vache ! mdr Pour Heero qui se rebelle, comme tu dis, ça va faire mal… faut penser qu'il ne s'est pas encore rebellé de toute sa vie… Alors le jour où il craque… mais tout est écrit dans ce chapitre ! Pour Kari, comme tu vois, elle n'est plus morte mais elle n'est pas non plus sortie d'affaire. Alors on remercie Wufei, c'est clair ! Pour le fait que le chapitre 15 soit meilleur que le 14 et bien, ça prouve qu'on progresse, c'est cool ! Merci donc ! Merci aussi de nous encourager et puis, bien sûr, comme tu le vois la suite à été longue à venir… gomen nasai miss ! bisous !
Shuya : C'est possible que tu n'es pas vu cette histoire pendant longtemps, on est pas des rapides à updater depuis quelques mois. Enfin, ça fait plaisir de recevoir une review si gentille ! Pour le passage où Wufei annonce son mariage, c'est vrai qu'il est triste… Je suis contente que tu aimes la manière dont il te touche, et la façon qu'on a d'écrire. C'est à nous de te remercier pour nous reviewver, et puis bonne année à toi aussi mais alors très très en retard ! lol Considère qu'on te souhaite la joyeuse paques en même temps ! lol merci pour tes encouragements et tous tes compliments, on sait plus trop où se mettre… Mais Merci ! Kisu !
Kimiko : Hello toi ! Et oui, on voit ça, tu es de retour ! C'est clair que la fin du chapitre, ça serait marrant à voir en vrai… La porte qui explose et Wufei qui touche avec ses dents le parquet… lol Pour Heero, je pensais que j'avais expliqué, mais apparemment, c'était mal fait… lol Donc, j'ai tenté de le refaire dans ce chapitre, de dire pourquoi il ne pouvait pas communiquer avec Kari. Mais bon, si c'est toujours pas clair redis le moi et je mettrais des explications plus précises si je peux ! Mais tu avais raison. Heero peut effectivement « guérir » un peu les gens en « entrant dans leur esprit… Pour ça tu as tout compris ! lol mais pour ça, il faut qu'il puisse entrer dans l'esprit… c'est là qu'est le hic avec Kari. En tout cas, tout ça pour te dire qu'on va bien et qu'on espère que toi de même et puis on te renvoies les bisous !
Kaorulabelle : Et bien… je me demande comment tu as fait ! Tu t'es fait toute notre fic ? Tu es très courageuse alors parce qu'elle était longue, mais longue ! Bon, peut être encore plus longue à écrire mais bon… lol En tout cas, tu m'impressionnes ! lire tout ! bravo ! Et merci ! lol Oulala que tu en trembles encore et tout… je pense quand même que tu t'en remettras de cette fic ! lol Merci d'aimer ce qu'on fait et de nous lire ! bisous !
Lily.B : faisant ton come back, tu nous donnes une review super gentille ! merciiiii ! Pour te dire, tu as raison, il y a beaucoup de moments de malheurs dans cette fic, pour le bonheur, faut le chercher un peu plus… lol Pour le happy end… Ah, comment te dire… lol je ne m'inquiéterai pas trop à ta place, tu parles à deux fans ! Pour la phrase que tu as relevé… mdr ! effectivement, tu m'as démasquée ! c'est moi qui l'ai rajoutée cette phrase parce que… et bien, on écrit à partir de la série alors je lui fais des clins d'œil de temps à autre… lol Contente que tu l'aies remarqué ! Tes réflexions ne sont pas débiles et ça fait très plaisir ! merci pour tes encouragements, et ne t'inquiètes pas : question inspi, tout est fixé d'avance. Bisouxxx
Lu : Et bien, on voit que tu t'inquiètes pour la suite ! lol désolées si on est pas très rapides… je crois que tu es indulgente, parce que d'habitude, on mets plus d'un mois pour livrer la suite… enfin, on fait aussi rapide qu'on peut… Voilà, j'espère que tu n'auras pas trop attendu la confrontation Yoki Heero mais elle est là ! Pour faire passer les émotions, (concernant Duo) et bien, on essaie et on regarde si ça marche… apparemment, oui… lol Merci pour les encouragements et les compliments et gros bisous !
La shinegami : Oulala quel enthousiasme ! On sent tout de suite que tu attends la suite avec impatience ! lol en tout cas, la voilà et merci de trouver ça super !
Sayuri : Merci beaucoup pour les encouragements et les compliments quant à la suite et bien, elle est là, ok, elle a du retard, enfin, pas plus que d'hab… Merci pour ta vitalité dans la review qui nous a transmis le goût de continuer plus vivement la suite ! bisous !
Note des auteurs : Voilà un nouveau chapitre, le dénouement est désormais très proche. Sachant qu'on avait prévu 17 chapitres à la base… Vous voyez, la fin est proche les amis ! lol désolées pour ce nouveau retard, on espère juste que la suite vous donnera encore envie de lire cette fic. En tout cas, merci à tous ceux qui nous laissent un mot gentil à la fin !
Chapitre16 : Dernier affrontement.
C'était un véritable brasier qui animait désormais les yeux du japonais tandis qu'il avançait vers son but.
Il n'avait même pas besoin de se demander où s'était caché Yoki, c'était évident.
Genèse.
Ils reviendraient toujours au point de départ.
C'était instinctif. Yoki était là-bas, il le savait.
Dans ce bâtiment maintenant à moitié désaffecté que J n'avait pas pris la peine de démolir, de faire exploser. Il aurait du.
Ce bâtiment qui regroupaient les souvenirs de leurs rencontres, de leurs affrontements, de la chute de Kari.
Ce bâtiment qui était l'incarnation de son entraînement, la cage de béton qui avait fait de lui ce que les autres admiraient tant en lui.
Un être dépourvu de sentiments, capable d'éliminer toute cible, pourvue qu'elle soit définie comme son ennemie.
Non, mais franchement, qu'est-ce qu'ils admiraient là-dedans ?
Un enfant tireur d'élite, un petit tueur dans la cour des grands.
Maintenant, il était un soldat parfait, obéir était devenu son seul mot d'ordre.
Mais la haine qui l'habitait était si puissante à cet instant précis qu'il se fichait bien de tout ce qu'on lui avait appris.
Pour la première fois, il repoussait tous ses principes qu'il s'était imposé lui-même. « Ne pas s'en servir » était devenu « sers t-en et frappe fort».
Tout son être réclamait la vengeance.
Kari était complètement… Impossible d'établir de contact avec la jeune fille, elle était trop loin, enfoncée dans son coma dans ses souvenirs embourbée et incapable de revenir, sa tête retenue sous la boue par les deux mains de son amant.
Il ne sentait même pas sa présence, c'était vraiment comme si elle était morte… Mais son cœur battait, son corps vivait encore.
Yoki.
Celui-là allait payer.
Celui-là allait réparer ses conneries, il allait payer les pots cassés maintenant.
Il paierait le prix fort, le japonais s'en assurerait.
Jusqu'au bout.
Les limites avaient éclatées, et seul restait en tête l'image du doux visage inanimé de sa sœur.
Yoki avait promis… Il avait dit qu'il ne lui ferait pas de mal, qu'il l'aimait. Il avait dit qu'il ne jouait pas.
Et tout ce que voyait Heero c'était le résultat.
« Coma irréversible, désolé Heero ».
Toute la rage qui s'était accumulée en lui pendant toutes ces années ressortait, toute cette fureur contenue trop longtemps allait enfin éclater.
Pour une fois que Heero brisait un de ses principes, ne pas se servir de ses capacités, pour une fois qu'il allait le faire, ça allait être un vrai carnage.
On pouvait aisément le deviner à la couleur de ses yeux devenus noirs où brillaient une lueur dangereuse et à l'aura qui se dégageait de lui, emportant tout sur son passage.
Lorsqu'il pénétra dans la pièce où Kari avait été retrouvée étendue, l'aura du japonais redoubla de violence tandis qu'il se remémorait tout ce qui s'était passé en ces lieux.
Il y avait une barrière qui avait cédé en lui, entraînant avec elle toutes les autres. Tout cédait, et le jeune homme laissait faire.
Il n'attendait que ça.
Que la haine l'enivre.
Il se dirigea automatiquement vers la présence qu'il sentait, son empathie utilisée au maximum.
Duo se sentait mal. Il se sentait vraiment mal.
Après son entrevue avec Heero, il était parti se réfugier dans son gundam, avait fermé les portes pour tenter de se calmer.
Il se sentait oppressé et déprimé, maintenant qu'il était seul avec lui-même.
Toutes ses pensées retraçaient avec une douloureuse précision les évènements qui s'étaient produits ces derniers jours.
Il n'arrivait pas à croire que Kari était la sœur de Heero. Il n'arrivait pas à croire tout ce qu'ils avaient appris. Il n'arrivait pas à croire que Heero n'ait pas réagi tout à l'heure…
Est-ce qu'il rêvait, tout simplement ? Est-ce que le lendemain, lorsqu'il se réveillerait, tout serait rentré dans l'ordre, Heero serait assis à son ordinateur et l'enverrait balader lorsqu'il lui proposerait d'arrêter de travailler un moment?
Il aurait tant voulu se réveiller, à ce moment là… C'était un bon moment pour ouvrir les yeux, pour finir la nuit qu'il n'avait jamais commencée…
Bientôt, le réveil sonnerait, ou Heero le jetterai par terre, ouvrant les volets, lui lançant le soleil sur le nez. Il se frotterait les yeux, soupirerait à cause de long cauchemar et sourirait à Quatre.
Pourquoi tout ça n'était-il pas un simple cauchemar ? Un cauchemar parmi tant d'autres, un de ceux qu'on oublie en déjeunant ?
Duo goûtait la réalité avec amertume.
Pourquoi Heero leur avec menti à tous, pourquoi il lui avait caché toutes ces choses ? Son passé ?
Il vivait avec des choses sombres cachées au plus profond de lui… Pourquoi ?
N'avait-il jamais voulu se confier, livrer ses secrets pour de bon, et demander du réconfort ? Heero se débrouillait toujours seul, il réglait ses problèmes seul…
Il avait besoin de soutien, mais il restait seul. Est-ce que c'était si dur que ça d'accorder sa confiance aux autres, de compter sur eux, tout simplement ?
Duo eut un sourire moqueur pour lui-même.
Qui était-il pour lui faire de tels reproches ? Après tout, est-ce qu'il avait raconté, lui à Heero son enfance pourrie ? Est-ce qu'il lui avait dit qu'il allait mal ces derniers temps ? Est-ce qu'il avait enlevé son masque pour se révéler ?
Il ne l'avait réellement fait que lorsque Heero était sur le point de mourir, là où il avait laissé les larmes couler librement sur ses joues, dévoilant sa tristesse. Et il lui faisait des reproches…
Heero n'en avait pas fait, il n'en faisait pas lorsqu'il surprenait cette lueur de tristesse au fond de ses yeux…
Duo savait qu'il l'avait vue un soir où il n'allait pas bien… Un soir où la face de la lune amicale avait revêtu l'habit de L2 et qu'il avait plongé dans son passé… Heero n'avait rien dit ce jour-là. Il ne lui avait pas fait de reproches pour son mensonge de tous les jours sur sa gaieté.
Mais tout ce qu'avait caché Heero, tout ce qu'il n'avait pas dit, qu'il avait laissé enfoui, au plus profond de lui-même, son empathie, Yoki, Kari, leur relations… Heero avait tout caché, rien dit, menti.
Pourtant, Duo lui avait accordé sa confiance, il la lui avait donné, il aurait laissé faire le japonais tout ce qu'il voulait, il l'aurait suivi partout, aveugle dans son confiance. Il pensait que s'il y en avait un qui ne trichait pas, c'était Heero.
Mais Heero dissimulait beaucoup de choses, gardait tout enfermé trop profond.
Il avait pensé que Heero lui faisait confiance à lui aussi, qu'il le laissait doucement entrer en lui, partager sa vie. Mais tout n'avait été qu'illusion. Heero l'avait laissé aux portes de ses secrets.
Et il y avait ces sentiments… Ce sentiment qui était né en lui au cours de cette année, ce sentiment qu'il ne pouvait plus nier.
Duo aimait tellement le japonais, malgré ces secrets, malgré tout ce qui s'était passé, ce sentiment continuait à grandir en lui, toujours plus grand, toujours plus brûlant, chaque jour un peu plus dur à garder enfermé.
Et le comportement de Heero, qui le laissait s'approcher de lui, l'attirant sans jamais s'affirmer, sans jamais vraiment lui dire qu'il l'aimait.
Lorsqu'il lui avait avoué qu'il l'aimait, Heero avait juste semblé dire :
« d'accord. Je te suis. »
Mais il n'avait rien dit de plus.
Il n'avait pas dit s'il l'aimait aussi, il n'avait rien dit, il lui avait pris la main. Mais pourtant, il semblait avoir besoin de lui, réclamait ses mains dans les siennes, s'intéressant à lui, recherchant sa présence.
Et ça lui faisait tellement mal que Heero ne lui fasse pas confiance et ne lui dise pas qu'il l'aimait…
Qu'Heero se cache, et qu'il ne fasse qu'accepter son amour, sans chercher à lui en rendre vraiment en retour.
« J'ai besoin de tes bras »
Les mots du japonais résonnaient encore dans sa tête, avec exactement la même intonation.
« Tu parles, pensa Duo, il a surtout besoin de moi quand les autres ne sont pas là! Dès que Kari et Yoki apparaissent, plus personne n'existe pour lui. Heero n'est qu'un égoïste, il ne pense vraiment qu'à lui. It's a fucking bastard double d'un baka de première! S'il m'aime vraiment, pourquoi il les fait toujours passer avant ? Pourquoi est-ce qu'il ne s'inquiète que pour eux ?»
Mais l'américain l'aimait quand même. Il l'aimait envers et contre tout, il l'aimait pas dessus tout.
Oui, il aimait le Heero indifférent, distant et froid, mais aussi le Heero doux, tendre et compréhensif.
Parce qu'Heero était tout cela à la fois.
Il ne pourrait sans doute jamais cesser de l'aimer. C'était plus fort que lui, il n'y arrivait pas.
Il l'aimait. Il l'aimait.
Il aimait le Heero qui ne dormait presque jamais pour pouvoir taper ses foutus rapports sur les missions. Il aimait ce Heero consciencieux, travailleur, concentré.
D'ailleurs il espérait que ce baka était bien en train de se reposer comme lui avait conseillé Sally. C'est donc dans l'intention de vérifier que Heero dormait que Duo décida de rentrer à la planque.
La séance de tortures avait profondément affaibli le japonais, aussi bien physiquement que mentalement.
Il avait du subir les douleurs et les émotions des deux personnes qu'il aimait le plus au monde.
Le fait de voir, ou plutôt de sentir celui qu'il considérait comme son frère et sa sœur s'entretuer alors qu'ils s'aimaient l'avait profondément ébranlé.
Duo le comprenait, il aurait été dans le même état à sa place. Voire pire.
L'américain poussa la porte de la chambre du japonais avec précaution, ne souhaitant pas la réveiller s'il dormait.
Mais Heero ne dormait pas. Il ne récupérait pas de ses blessures en lisant un livre non plus.
Non.
Heero n'était pas dans sa chambre.
"Shit ! C'est pas vrai ça ! "grommela Duo, furieux que le japonais n'ait pas écouté les conseils de Sally.
Un mauvais pressentiment l'envahit brusquement.
Il courut jusqu'à la chambre de Kari et ouvrit la porte avec fracas, le souffle haletant. Il aurait pu faire encore plus de bruit, de toutes façons elle ne risquerait pas de se réveiller.
Non. Elle n'était même plus assistée.
Kari était débranchée. Le cœur de Duo manqua un battement.
Incapable d'émettre le moindre son, l'américain resta un moment sans rien faire, immobile, avant de se mettre brusquement à courir en sens inverse, à la recherche de Sally.
Heero…
Heero, c'était Heero qui avait débranché Kari.
Mais qu'est-ce qui lui avait pris ? Il voulait sa mort maintenant ? Et de quel droit il décidait à sa place ? Complètement furieux, contre Heero qui avait tenté de tuer Kari, et lâchement pris la fuite, Duo accéléra son allure encore un peu plus.
Il pressentait que non seulement Heero venait de faire une connerie, mais qu'il s'apprêtait en à en faire une quand il avait quitté la planque.
Prenant dans l'ordre des priorités, Duo se dirigea vers la chambre de Wufei où il était presque certain de trouver la jeune femme et l'ouvrit à la volée.
"Kari est débranchée ! cria t-il. Il faut que tu ailles la soigner, il faut la ramener à la vie ! Grouille Sally ! Moi, je pars à la recherche d'Heero, indiqua t-il à toute vitesse."
L'américain repartit en courant dans la direction inverse, en vérifiant que Sally avait bien compris ce qu'il avait dit.
Et puis, il accéléra, quittant la planque en vitesse, notant au passage, ce qu'il n'avait pas vu la première fois qu'il avait franchi la porte, c'est à dire qu'elle avait littéralement explosé.
Il en était certain à présent. Heero allait vraiment faire une bêtise. Pourvu qu'il n'ait rien fait de mal, pourvu que tout aille bien pour lui…
Duo savait que le japonais était un grand garçon, qu'il pouvait se débrouiller tout seul, mais ça ne l'empêchait pas de s'inquiétait. Heero était déstabilisé émotionnellement, peut-être plus qu'il n'avait pu l'imaginer. Pourquoi avait-il tenté de tuer Kari ?
Le jeune homme était presque certain qu'Heero était à la recherche de Yoki, il était presque sûr que le japonais voulait se venger et le tuer.
Pourvu qu'il ne l'ait pas retrouvé. Yoki était trop puissant et Heero ne possédait pas la capacité de répondre à ses attaques étranges avec l'eau. Heero pourrait y résister un moment mais pas longtemps.
C'était courir au suicide que de vouloir l'affronter. Et même si il parvenait à vaincre Yoki…
Qu'est-ce qui lui resterait ? Heero se tuerait probablement à la fin. Ne souhaitant pas envisager cette solution, Duo serra les dents plus fort, mettant un bras le long de son point de côté.
Il savait exactement où retrouver les deux japonais. C'était simple, ils étaient là où Kari avait succombé.
C'était une conviction que l'américain ne chercha pas à remettre en cause, pas plus qu'il ne rechercha d'où il tenait cette certitude. C'était là-bas, il le savait. Comment, il ne savait pas mais ce n'était pas le plus important à ce moment précis.
Il fallait retrouver Heero avant qu'il ne commette l'irréparable.
Duo pensa un moment à Kari qu'il laissait derrière-lui, entre la vie et la mort, elle qui avait du se battre contre l'homme qu'elle aimait, cette jeune fille qu'il avait appris à apprécier.
Heero ne pouvait pas l'avoir fait de sang froid c'était pas possible, il n'avait pas pu la débrancher en sachant que le jeune fille en mourrait. Il ne fallait pas qu'elle meure.
Et inconsciemment, Duo ne voulait pas qu'elle meure car il ne voulait pas qu'Heero soit un assassin. Pas lui. C'était pas Heero, ça.
Soudain, le jeune homme sentit une atroce douleur lui vriller les tempes. Il tomba a genoux se tenant la tête entre les deux mains pour essayer en vain de faire disparaître la douleur.
Il y avait toute cette fureur qui explosait en lui, toute cette fureur qui ne lui appartenait pas. Et Duo sut immédiatement à qui elle appartenait. Heero. Il n'avait jamais ressenti une telle haine.
Duo se redressa péniblement, se demandant pourquoi il pouvait ressentir tout ça, tout ces sentiments. Il commença à courir, à une vitesse nettement ralentie, la douleur à ses tempes résonnant dangereusement.
Mais plus il sentait cette haine, plus il avait la volonté d'avancer. Pour arrêter Heero à temps.
Et puis, brusquement, il ne sentit plus rien. Toute la haine avait disparu, ne restait qu'un vide blanc, le néant.
La peur assaillit un moment les entrailles du jeune homme, est-ce que Heero mourrait ?
Mais un flash surgit dans sa tête violemment, qui s'encombra aussitôt de souvenirs qui ne lui appartenait pas. Duo eut du mal à faire le tri, à débrouiller tout ça.
Il y avait le visage de Kari et Yoki s'étant retrouver.
Kari enlaçant Yoki dans sa cellule.
Kari souriant en pensant à Yoki.
Heero le tenant dans ses bras.
Heero tenant Kari dans ses bras.
Heero souriant avec Kari.
Heero souriant avec Yoki.
Heero heureux, son premier cadeau en main, faisant jouer la lumière sur le pendentif bleu et souriant à celui qui le lui avait offert.
Heero l'embrassant.
Heero lui disant qu'il avait besoin de lui.
Son visage à lui, lui criant tous ses reproches.
Heero avec le cadavre de Yoki à côté de lui, un sourire cruel aux lèvres.
Il n'y avait plus rien à présent, que le corps de Yoki qui gisait, et Duo reprit lentement son souffle tremblant de tout ses membres.
Il était certain que c'était Yoki qui gisait à terre, il n'avait aucun doute. Dans son esprit, c'était clair, c'était net. Yoki. A terre.
Duo se demanda un moment comment il pouvait en être aussi sûr. Mais c'était comme pour le lieu où ils étaient. C'était une certitude. Comme si une voix lui avait soufflé. Comme s'il avait les certitudes de quelqu'un d'autre.
La vérité s'imposa à lui dans toute sa force.
Comme s'il avait exactement les pensées d'Heero.
Duo s'arrêta de courir, le souffle court, mais continua à marcher, s'obligeant à avancer malgré tout.
Il se dirigeait automatiquement, ne souhaitant plus qu'une seule chose.
Retrouver Heero.
Juste le retrouver.
Yoki regardait au loin, assis sur le rebord d'une fenêtre. Cela faisait des heures et des heures qu'il était immobile, prostré dans la même attitude. Des heures, des jours ou des minutes. Le temps n'avait plus de prises sur lui, il n'était qu'une coquille vide de tout. Vide de Kari. Et ce manque le rongeait aussi sûrement que l'acide rongeait toute matière.
Elle était morte.
C'était fini.
Le japonais tourna la tête vers sa prisonnière.
Réléna Peacecraft.
Elle lui ressemblait tellement…
Tellement…
Mais ce n'était pas elle. Il n'y avait pas cet éclat, il n'y avait pas ce sourire ironique, il n'y avait pas Kari au fond de ses yeux pourtant identiques.
Elle l'avait rejeté.
Kari n'avait pas voulu d'un clone, elle l'avait repoussé, se moquant de lui, et il n'avait pas supporté.
Comment supporter que la seule personne au monde à laquelle vous tenez plus que tout, comment supporter lorsqu'elle vous méprise, lorsqu'elle recule d'un pas devant vous.
« Dis-moi que c'est faux»
Les mots résonnaient dans sa tête, les battements de cœur de la jeune fille cognaient à ses tempes, son regard s'attardait devant ses yeux, les larmes qui coulaient sur son visage n'étaient pas les siennes mais celles de la jeune fille.
Qu'est-ce qu'il avait fait ?
Qu'est-ce qu'il avait fait ?
S'il avait survécu à tout c'était pas pour lui survivre… C'était pour la retrouver, pour l'aimer, en secret, en cachette…
Même si elle n'aurait jamais su qu'il l'aimait même si elle croyait toujours que c'était Heero, même si elle l'avait confondu…
Il aurait voulu pouvoir l'aimer en paix, en silence, en pouvant la voir rire, la voir vivre à ses côtés.
Heero avait changé tous ses plans.
Le grain de sable.
Kari avait découvert la vérité.
Kari avait su qui était dans l'infirmerie ce jour-là…
Yoki passa un doigt sur ses lèvres, cherchant à attraper une dernière effluve de son parfum. Et puis elle l'avait embrassé. Elle l'avait embrassé alors qu'elle savait qu'il était Yoki. Elle l'avait embrassé pour lui.
Et il avait senti le bonheur cogner à son cœur.
Et puis la réalité l'avait rattrapé trop vite. Ennemis, Heero qui se faisaient passer pour lui… Et le jeu n'était pas fini. Il ne voulait pas perdre.
Il n'avait pas perdu, il avait tout gagné.
Kari était morte, maintenant.
Il avait déconné à plein tubes, il avait foncé droit dans le mur en se demandant juste s'il allait assez vite pour ça.
Et il avait pris tellement de vitesse que c'était le mur qui s'était détruit.
Et il restait, lui, seul.
Entouré de décombres et de ruines dont il était le seul responsable.
Il détruisait tout sur son passage. Peut-être que J avait raison, finalement.
« Un clone, ça n'a pas d'âmes.
Pas d'âme, pas de conscience.
Pas de conscience, pas de sentiments.
Pas de sentiments pas de remords.
Tu les tueras tous, Yoki, tu les tueras tous et tu iras dormir.»
Il avait aimé pourtant. Il avait aimé, il aimait toujours. Il aimait Kari.
Tout un pan de lui était détruit.
Yoki ne faisait plus attention à rien, juste à cette vague de douleur qui traversait tout son corps, cette merveilleuse onde qui le berçait.
Il allait rester là, et attendre la fin, doucement. Il allait fixer ce ciel bleu.
La culpabilité le rongeait entièrement.
C'est terrible d'être coupable.
On sait qu'il n'y a plus d'espoir, plus de vain espoir qui ronge et ne sert à rien, il n'y a plus de sale espoir, il ne reste que lui, et il sait que c'est de sa faute.
Tout est de sa faute, tout est sur ses épaules, c'est lui le méchant.
Et c'est irréfutable parce que c'est vrai. Il est coupable.
On ne peut rien y changer, ce sont ses actes qui ont parlé pour lui.
Il est responsable de tout, des cris d'Heero au loin, de la jeune fille qui est restée attachée au fond d'une pièce, des pleurs des autres.
Maintenant, Kari est morte, bien raide, bien inutile, bien pourrie. Et c'est de sa faute à lui tout seul.
Il était pris, comme un rat, un rat qui avait tout le ciel sur le dos, et il n'avait plu qu'à crier, crier à devenir fou, à ne plus entendre sa voix, crier ses actes.
C'est terrible, c'est bien huilé un coupable.
C'est méchant, ça fait le mal, et ça se prend tout en pleine face à la fin.
Il n'y a pas à se débattre pour s'en sortir. C'est ignoble, un coupable.
Et il en faisait partie. Comment faire avec ? Comment vivre avec ?
Il ne vivrait pas, il ne ferait pas.
Il attendrait voilà.
Et comme tous les coupables, il pouvait se trouver des excuses, des tonnes d'excuses.
Il y avait son enfance qui l'avait conditionné pour tuer, il y avait sa rancœur envers les humains, les vrais, pas les copies, il y avait son amour, il était destructeur cet amour, il y avait les autres enfin, sur qui il pouvait se reposer, il y avait tous les autres qu'il pouvait accuser de tout, de l'avoir entraîné, de l'avoir laissé faire, de l'avoir poussé là-dedans.
Il y avait J.
Il y avait Heero.
Il y avait même Kari. Après tout c'était elle qui avait commencé, non ? Qui s'était battue en première.
C'était tellement plus facile de jouer à trouver des responsables pour lui. C'était tellement plus sale aussi.
Yoki fit un sourire. C'était un sourire qui fait peur, pas dans le sens effrayant, mais dans le sens où il n'y avait rien dans ce sourire. Rien.
Il y avait un sourire. Un sourire sale.
Un sourire qui disait tout le mal qu'il pensait de son propriétaire.
Il se trouvait écœurant. Chercher des responsables à sa place… Se trouver des justifications…
Il était coupable, au moins qu'il assume. Qu'il assume les conneries qu'il avait faîtes. Qu'il assume tout, enfin.
Yoki se releva quand il entendit une porte qui claquait à l'étage inférieur.
Heero.
Heero qui venait le délivrer.
Merci.
Le japonais allait le délivrer de sa souffrance. Il sentait d'ici toute sa haine, toute sa force libérée.
Alors il en avait aussi…
Pas étonnant, remarque. Heero qui était gentil. Si Heero était gentil, c'était qu'il pouvait être méchant. Sinon, il n'aurait pas été gentil. Il aurait été stupide.
Yoki alla à sa rencontre, silencieusement.
S'il devait mener un dernier combat, autant lui donner un vrai combat. ? C'était tout ce qu'il pouvait faire pour Heero.
Lui offrir sa vengeance sur un plateau, lui offrir le bonheur de taper sur l'autre, d'oublier sa rancœur, de se soulager pour quelques minutes, de se défouler.
Ca ne menait à rien mais c'était diablement tentant. Frapper jusqu'à ne plus voir cette figure, frapper jusqu'à ne plus sentir sa douleur, faire mal à l'autre…
Une échappatoire à sa douleur…
Alors, donner à Heero ce qu'il était venu chercher, un combat bien sanglant, un combat jusqu'au bout. Et survivre si c'était possible. Survivre à Heero pour souffrir plus loin.
Pour souffrir plus.
Pour voir si c'était possible.
De mourir de chagrin.
Juste par réflexe, se défendre un peu, juste pour passer lui aussi sa colère.
Il n'allait pas s'énerver après lui. Même si c'était ce qu'il aurait fallu, même si ça aurait été plus juste de se prendre à lui-même.
Mais la justice était une notion qui n'avait pas de sens à ses yeux, et ce, depuis son plus jeune âge.
Plus d'espoir, plus de vie.
Yoki sauta des escaliers et atterrit juste devant celui qui l'avait toujours considéré comme son frère.
Heero se recula immédiatement, un sourire dangereux aux lèvres. Il respirait la cruauté.
Yoki sentit un léger frisson remonter lentement le long de son échine mais il l'ignora, jetant un coup d'œil à la bague qu'il serrait fort dans sa main droite.
Il pouvait presque sentir le déclic dans son cerveau se faire. Toute sa puissance se manifesta, et il prit le contrôle et commença à appeler à lui toutes les molécules environnantes, cherchant à les transformer en une arme qui lui serait utile.
Heero regarda son frère sauter devant lui. Dès qu'il croisa son regard, une vague de fureur le traversa, cet homme qui avait tué sa sœur.
Celui qui l'avait tuée.
Assassinée.
Et l'attaque commença.
Avant même que Yoki n'ait pu projeter sur lui une seule goutte d'eau, un seul pic tranchant de glace, le japonais venait de lui envoyer un crochet du droit dans la face. Yoki recula sous le coup, clignant des yeux.
Comme on se retrouve, murmura Heero, son sourire s'agrandissant. Toujours dans les étoiles, Yoki ? A regarder passer les jours et à attendre ? Moi j'en pouvais plus… Alors j'agis.
Yoki fit une grimace en reconnaissant les mots qu'il avait lui-même prononcé lors de leur premier affrontement.
Tout recommençait. Ils allaient se battre, encore…
Mais cette fois, avec tout leur potentiel… Et pas pour une disquette. Pour une vie effacée.
Heero lui décocha un coup de pied rageur dans le tibia, le faisant plier sous la douleur, et poursuivit par une série de coups de poings dans le dos. Heero était déchaîné, il ne pouvait même plus se retenir, il n'avait envie que de frapper, d'effacer ce visage à tout jamais.
Mais ce n'était que le début.
Les deux garçons se lancèrent en même temps l'un sur l'autre, projetant de toutes leurs forces des coups de plus en plus violents. Pourtant, c'était Heero qui menait le combat où il l'entendait, lui qui dirigeait les coups.
La haine, la ressentiment qu'il avait accumulé depuis toutes ses années ressortaient enfin.
Intérioriser ses sentiments est mauvais… Le jour où ça éclate…
Et ça giclait, éclaboussant partout autour, ça éclatait. Heero ne sentait plus la douleur, il ne sentait plus son corps, ni son engourdissement, ni même ses os qui frappaient avec force, distribuant les coups.
Des coups directs, des coups frappés de vengeance et de sang.
S'il avait toujours existé une sorte de rivalité entre les deux jeunes hommes, elle explosait maintenant, plus vive que jamais, toutes les rancœurs ressortant, tout ce qui était bon pour justifier le mort de son frère.
Parce que Heero ne pouvait pas le dire, il ne pouvait même pas le penser. Yoki n'était pas son clone, non, c'était son frère, point.
Il n'arrivait pas à se dire qu'il ne ressentait rien pour lui, il n'arrivait même pas à se convaincre qu'il n'était pas humain. Non.
Il était sûr qu'il était humain.
S'il était humain, alors il était haïssable.
Tant mieux.
Heero accumulait les coups tout en parant ceux de Yoki. Les deux jeunes hommes menaient une danse mortelle, une danse qui leur était habituelle désormais. De la vapeur cachait maintenant chaque agissement de Yoki, lui donnant l'avantage.
Le jeune homme utilisait ses facultés pour se préserver des coups rageurs.
Il en profitait pour en donner aussi.
Heero encaissa plusieurs coups, qui lui donnèrent à penser que Yoki lui tournait autour, l'attaquant à divers endroits, avant de viser sa clavicule.
Heero serra les dents en sentant le sang couler de sa plaie rouverte.
Le japonais ferma les yeux et sentit un mouvement sur sa droite. Il anticipa le coup de pied, attrapant la jambe de son adversaire et le fit tomber à terre en la tirant à lui.
La vapeur rend le sol glissant, on dirait, ironisa t-il.
Yoki frissonna. Heero jouait. Heero jouait avec lui, retenant son potentiel. C'était comme s'il voulait faire durer toujours l'affrontement.
Comme s'il voulait lui faire payer le plus possible.
Mais Heero était déjà sur lui, enchaînant les coups de poings dans sa face, frappant de toutes ses forces, avec une vitesse et une régularité stupéfiante.
Yoki sentait les poings pleuvoir sur lui avec une force fulgurante le plongeant dans un état de semi-conscience.
Heero continuait toujours plus fort, toujours à donner, à donner des coups, à creuser le poing afin que les os cognent plus fort contre les joues.
Il allait de plus en plus vite, avec cette rage qu'il avait toujours contenue, avec cette fureur qui déformait ses traits, et ses yeux fous qui fixaient ceux de son frère.
Et c'était comme s'il se frappait lui-même, à voir ce visage congestionné, avec ses cheveux bruns qui volaient à chaque coups, qui retombaient sur ce front, sur cette peau en tout point identique à la sienne.
Et c'était comme s'il se punissait lui-même, alors il frappait encore plus fort.
Et sa fureur redoublait, en voyant les yeux face à lui se fermer, en entendant le souffle entrecoupé de son ennemi.
Un souffle extrêmement puissant le rejeta alors au loin, l'éloignant de sa cible.
Heero se releva, trempé des pieds à la tête alors que Yoki se redressait difficilement, adossé contre un mur auprès duquel il venait de ramper. Heero haleta un moment, reprenant son souffle à son tour, gardant toute son attention sur Yoki.
Le japonais eut un petit rire étranglé par son manque de souffle et se redressa en applaudissant.
"Impressionnant, admit le jeune homme. Je ne t'avais jamais vu dans cet état… Tu abandonnes ta froideur, Heero ? Tu caches une grande force en toi…"
Heero ne répondit rien mais serra les dents. Toute la haine s'accumulait et menaçait d'éclater, pourtant il y avait cette retenue qui bloquait encore, une toute petite retenue qui l'empêchait de frapper fort. De frapper de toutes, toutes ses forces. Celles qu'il ne connaissait pas lui-même. Celles qu'il avait deviné, qu'il avait bridé, un jour, et que depuis il avait caché, enfoui, oublié.
En face de lui, Yoki reprenait peu à peu des forces, se servant de leur échange pour respirer à son aise. Heero arma son arme à ce moment précis, visant le cœur de Yoki et tira.
Un son mat retentit dans la pièce, tandis que les deux japonais constataient que le chargeur était vide.
Heero fit tomber le chargeur devant ses yeux et écarta les doigts lentement, laissant son arme rejoindre au sol le chargeur.
Les deux garçons se jaugèrent un instant, et Yoki sentit alors une force se manifester dans la pièce. Il tourna la tête, recherchant la source de cette puissance, mais ne rencontra que les murs vides.
Ses yeux s'écarquillèrent lentement quand il revint à Heero, clairement surpris.
"C'est peut-être moi, sourit celui-ci. Oups ?" se moqua celui-ci, au bout d'un moment.
"C'est pas vrai… Tu n'en a jamais eu… Tu n'as jamais pu !" cria Yoki.
"Tu n'es pas le seul à mentir pour protéger tes intérêts. En fait, je n'étais pas sûr que je pouvais le faire… Je ne le voulais pas, même. Mais tu vois, je crois que cette fois-ci, ça ne me dérangerait pas de découvrir que j'ai la force de te battre."
"Alors montre-moi ce que tu caches, Heero. Affronte-moi pour de vrai. Montre-moi ta haine, ta hargne et tes plus méchants sentiments. Ceux que tu caches toujours…"
Pour seule réponse, l'atmosphère changea brusquement, l'air se faisant glacial autour d'eux.
Yoki fit un pas en arrière, alors qu'il sentait le vent autour de lui se faire plus puissant.
Ses vêtements claquaient contre son corps, sa chemise noire salie par les batailles, son manteau de cuir déchiré aux manches.
Une bourrasque plus puissante encore propulsa Yoki dans les airs, le maintenant dans les airs.
Aussitôt, du feu jaillit à sa hauteur et le jeune homme sentit les flammes lécher son corps cruellement.
………………………………………………………
Heero avait pris sa tête entre ses mains lorsqu'il avait compris que lui aussi avait cette étrange faculté.
Le petit garçon regarda frénétiquement autour de lui.
Il était dans l'infirmerie, là où J avait du l'emmener après son passage dans la pièce froide. (1)
Il ne voulait peut-être pas qu'il meure alors… Finalement, c'était un test, encore. L'enfant frissonna doucement. Cette fois, il avait découvert une chose dangereuse sur lui. Il savait que les autres l'avaient aussi mais il savait aussi qu'ils étaient examinés encore plus pour ça.
Le petit garçon se leva et marcha dans les couloirs. Un coup d'œil aux caméras qui le filmait, une analyse perçante…
L'enfant se mit brusquement à courir, à une vitesse surprenante pour son âge, et puis il disparut du champ de vision des caméras.
Tout haletant, Heero entra dans une pièce sur sa droite, se cachant dans l'angle mort de la caméra. Il la neutralisa rapidement et s'enferma, tournant le loquet.
Il était seul, il tait libre. L'envie lui prit de crier et de sauter, il était libre, il n'était pas filmé. Mais il avait autre chose de plus sérieux à faire.
Et puis le temps lui était compté. S'il allait être puni pour la demi-heure qu'il venait de prendre sur son temps, pour la demi-heure pendant laquelle J ne pourrait le localiser nulle part, il ne s'en souciait pas. Il le savait mais ce n'était pas le plus important.
Non. Maintenant, il fallait faire comme pour les autres.
Yoki lui avait expliqué ce qui s'était passé.
On les avait enfermés, tous les deux et Yoki avait joué un peu. Il avait arrosé tout le monde autour de lui, il s'était servi de son potentiel, comme disait J. Et J avait compris une chose.
Les enfants n'étaient plus maîtrisables dès l'instant qu'ils pouvaient se servir de leurs pouvoirs comme il leur semblerait.
Et il fallait qu'ils soient maîtrisables. Alors J les avait bridés. Il les avait hypnotisés, chacun à leur tour et puis voilà.
Yoki lui avait dit qu'il ne pouvait plus se servir comme il voulait de ses pouvoirs. Il lui avait dit aussi que J avait gardé avec lui deux objets. Et que lorsque la bague bleue partait devant ses yeux, Yoki revoyait à nouveau les molécules et pouvait former de l'eau autour de lui.
Heero avait compris le principe.
Brider ses pouvoirs pour ne pas s'en servir n'importe quand.
Brider ses pouvoirs pour se contrôler soi-même.
Brider ses pouvoirs pour ne pas être examiné comme Yoki et Kari.
Alors Heero avait fermé les yeux, il avait murmuré et murmuré des choses il avait ouvert son esprit, il avait pénétré dans son propre esprit et il avait forcé, forcé jusqu'à ce qu'il n'en puisse plus.
Et au bout d'un moment, il avait saisi un objet, le premier qui tomba sous ses yeux et ouvrit les yeux devant.
Il fixa longuement le chargeur, se concentrant sur la couloir noire et la forme.
Et puis il avait fermé les yeux, il s'était concentré, concentré.
Il n'avait pas vu le temps passer. Il n'avait pas vu le temps passer et avait sursauté quand il avait entendu J l'appeler à travers la porte.
Il s'était relevé, avait replacé le chargeur dans son arme, et avait ouvert la porte.
Il ne savait pas si avait marché, il ne savait même pas s'il avait des pouvoirs mais il avait pris ses précautions.
S'il avait vraiment des pouvoirs, alors il était bridé maintenant.
Enfin, il l'espérait.
……………………………………………
"Et apparemment, ça avait marché," avait pu constater Heero non sans ironie.
On dit que la justice est souvent le masque du courroux.
C'était exactement ce que faisait Heero.
Sa colère l'emportait doucement sur ses convictions tandis qu'il sentait son esprit s'ouvrir à l'extérieur, tandis qu'il prenait conscience de la puissance qui l'habitait en ce moment même.
C'était grandiose, ce sentiment qu'on avait le pouvoir, qu'on pouvait tout détruire, qu'on pouvait se venger, enfin.
C'était grandiose ce sentiment de vengeance, et la jouissance de voir l'autre souffrir.
Toutes les combinaisons s'alignaient dans son esprit, tout ce qu'il pouvait faire, toutes ces molécules qui défilaient devant lui, à une vitesse fulgurante et il savait déjà ce qu'il fallait faire. C'était comme s'il l'avait toujours fait, comme si c'était naturel ? Et ça l'était. C'était si simple.
Le vent redoubla de force tandis que dans les airs, les flammes viraient progressivement au bleu.
Yoki hurlait maintenant, et Heero sentait toute sa résistance contre son pouvoir.
Il avait crée un sorte de bouclier pour le protéger de ses flammes, et qui empêchait son corps de se consumer tout entier.
Heero avait beaucoup de force. Trop de force. Plus que lui, constata Yoki au bout d'un moment. Il sentait le marteau qui résonnait déjà dans sa tête, et qui sonnait de plus en fort, l'étourdissant légèrement.
Il choisit de l'ignorer, pour sa propre survie, et de se concentrer sur ce bouclier, avant de renvoyer un long jet glacé en direction de son ennemi, afin de le faire reculer et le déstabiliser. Pour que les flammes s'arrêtent, pour retrouver le sol.
Au moment où le violent torrent d'eau glacée surgit des flammes, Heero se contenta de lever la main, écartant le fleuve de son passage comme s'il s'agissait d'une simple poussière.
Il envoya un peu plus de force dans son attaque et sentit que Yoki cédait peu à peu du terrain.
Parfait.
"Alors ça fait quoi de perdre ? c"riait-il dans sa tête à son frère.
"Ca fait quoi d'échouer, de rencontrer plus fort que soi, d'avoir un obstacle qu'on ne peut franchir ? Tu goûte à l'échec ? Tu sens ces flammes contre ton corps ? Ce froid qui t'engourdit, ce vent qui hurle ?"
Heero fit un geste vif de la tête et Yoki fut violemment projeté contre un mur, avant de se prendre la paroi vitrée qui lui faisait face, pour revenir avec plus de force se heurter contre le mur de briques. Il sentait tout son dos souffrir, il sentait les cervicales claquer sous les chocs de plus en plus rapprochés de plus en violents.
Et puis soudain, tout s'arrêta.
Il ne sentait plus la douleur, il y avait juste ce bruit dans sa tête, ce claquement régulier, qui revenait toujours juste ce bruit qui le berçait doucement.
Une douleur lancinante le prit soudain dans tout son être, dans tous ses membres. Yoki ouvrit péniblement les yeux et se retrouva face au visage d'Heero qui le fixait, une lueur dangereuse au fond du regard.
"Allez, Aurore, (2) réveille-toi, "ironisa Heero avant de le saisir brusquement par les cheveux pour le forcer à se redresser.
Il l'éleva à hauteur de son visage et lui fit un sourire mauvais.
Yoki était encore un peu sonné mais il sentit nettement la douleur qui lui vrilla les tempes. Heero… Heero était dans son esprit.
L'intrusion était violente, et Yoki sentit une brûlure se propager dans tout son cerveau, tandis qu'Heero le forçait.
Et puis il sentit tout son corps se raidir brusquement, avant qu'une couleur blanche ne vienne brouiller sa vue et se propager à tout son être.
Yoki tomba comme une poupée désarticulée dans les bras de son frère.
Heero allait continuer à appuyer sur ce point vital, forçant à l'intérieur de l'esprit ce qui tenait l'oxygène et le bloquant.
Il avait neutralisé la douleur, ouvrant toutes les portes, la faisant déferler partout, jusqu'à la raison. Mourir de chagrin, de douleur. C'était possible. Il suffisait d'ouvrir les bonnes portes, de sauter les barrières de la réalité, et de la raison.
Et Heero avait tout fait sauter durant son intrusion. Il voulait que Yoki meure, il le voulait vraiment.
Et il allait le finir, maintenant.
Un flash violent l'en empêcha.
Le visage souriant de Kari venait de s'imposer à lui. Heero ne savait pas si l'image venait de sa propre mémoire, ou si c'était Yoki qui venait de l'envoyer, où même si c'était Kari qui de là où elle était avait tenté de communiquer avec lui…
Mais son visage lui souriait, avec ce sourire confiant, et ses yeux bleus qui pétillaient.
Heero arrêta tout ce qu'il faisait. Il se laissa doucement glisser près de son frère, avant de tomber par terre, le regard vide.
Kari n'aurait pas voulu qu'il le tue.
Il le savait. Kari l'aimait.
Elle l'aimait vraiment. Yoki aussi aimait Kari
Et ça le tuait de devoir l'admettre mais il ne pouvait pas souhaiter le mort de son frère.
Heero regarda le corps de son frère ecchymosé d'un regard las et il abaissa ses armes intérieures. A ce moment, un flot de sentiments, de douleurs le submergea et il sentit sa tête tourner.
Heero se laissa bercer par ces sensations lancinantes et se força à s'approcher un peu plus de Yoki.
Toute sa haine semblait être retombée, et il fixait d'un regard vide Yoki. Heero se promenait dans l'esprit du japonais, d'un air désœuvré. Et puis, il sentit que cet esprit s'éloignait doucement, qu'il se brouillait.
Déjà, Heero pouvait apercevoir la peau de Yoki face à lui, son corps au lieu de son esprit. La réalité au lieu du subconscient.
Non.
Le jeune homme se força à rester dans l'esprit et se dépêcha d'accomplir son but.
Car si la rage l'avait dépassé pendant le combat, il avait une idée en tête depuis le début.
Tenter le tout pour le tout.
Heero fit une dernière poussée, et ouvrit une nouvelle porte dans l'esprit de son frère. A peine eut-il le temps de faire cette action que le corps du japonais apparut plus nettement devant lui.
Il s'éloignait déjà.
Yoki tombait à son tour dans un coma trop profond pour qu'Heero puisse le pénétrer. Il rejoignait doucement Kari dans la brume.
Heero sentit la tête lui tourner violemment mais lutta pour ne pas tomber inconscient.
Le japonais se leva lentement, s'appuyant au mur et se mit à monter les escaliers, s'aidant de ses mains contre le mur pour progresser.
Sa démarche était lente, comme brisée. Heero sentait une autre présence, pas très loin. Il se dirigea vers l'appel silencieux, vers les pensées qui affluaient vers lui.
Le japonais ouvrit une porte sur sa droite, ressentant un peu plus la seconde présence qui n'était pas Yoki.
Le jeune homme ferma les yeux avant de les rouvrir.
A ce moment, Heero vit Réléna, attachée aux pieds du radiateur, qui le regardait avec des yeux horrifiés. Elle ne pouvait pas parler, sa bouche était entravée par un tissu de couleur sang.
Heero revit Kari l'espace d'un instant et la douleur dans sa tête s'accentua. Il se dirigea comme un automate vers la jeune fille et la détacha précautionneusement, la corde qu'il enlevait râpant la peau de la princesse, arrachant son épiderme, faisant goutter le sang.
Il enleva en dernier le tissu qui empêchait la jeune fille de parler et la força à se relever.
Complètement choquée, Réléna regarda le garçon repartir en sens inverse, et descendre les escaliers, une main sur son front, comme pour le soutenir ou empêcher une douleur trop forte d'entrer. Elle avait vu le clone de Heero faire exactement la même chose une fois qu'il l'avait attachée ici.
Elle savait que cette fois-ci, c'était Heero qui était là. Il venait la délivrer. Réléna observa un moment Heero marcher en déviant légèrement sur la droite, puis sur la gauche, pliant presque sous la douleur. Il était couvert de sang, qui coulait sur sa chemise à partir de sa clavicule.
Son visage avait plusieurs bleus récents, mais il y avait aussi les anciens coups qui dataient maintenant de deux jours. Quand son frère l'avait frappé de rage, quand il l'avait torturé.
Réléna frissonna en voyant le corps de Yoki étendu par terre, dans un état qu'elle qualifierait de mort.
Mais Heero le saisit et se mit en devoir de le porter, alors qu'il se dirigeait vers la sortie.
La jeune fille le suivit lentement, en silence. Elle se sentait vide, n'avait même plus le courage de prononcer quelques mots. Elle était libre, son cauchemar était fini mais tout se déroulait d'une manière si étrange…
Elle continuait de marcher derrière le japonais, quand une personne vint se placer contre l'embrasure de la porte, leur renvoyant son ombre, empêchant la lumière du soleil de les éclairer.
Heero s'était arrêté, et ne disait rien. Il semblait ne pas vraiment se rendre compte de ce qu'il faisait, comme dans un état second.
Il avait juste assez de force pour parvenir à soulever le corps de son clone, juste assez pour continuer à avancer vers le but qu'il s'était fixé que lui seul connaissait.
Mais en reconnaissant la personne qui lui barrait la route, il s'arrêta.
En effet, le pilote 02 était là devant lui, le souffle court, une main posée sur son front comme pour prévenir la douleur.
Comme dans un semi-rêve, Réléna ne put s'empêcher de se dire que décidément c'était une manie en ce moment, la main sur le front.
Mais déjà, Duo s'avançait vers eux, d'un pas mal assuré.
Ou plutôt, il se s'avançait vers Heero. Il avait un regard un peu perdu, comme s'il ne savait pas vraiment ce qu'il était venu faire ici, maintenant qu'il avait retrouvé le japonais, il ne savais plus quoi faire.
Son regard s'abaissa lentement sur le corps de Yoki, inerte. Alors, il se rendit compte de la situation.
Heero tenait serré contre lui le corps de son frère, tandis que Réléna, le suivait, complètement perdue et choquée.
Mais Duo ne s'en préoccupa pas. Seul comptait pour lui Heero qui avait continué d'avancer vers lui, même si cela semblait lui coûter.
"Heero… Heero qu'est-ce que tu as fait ?" souffla Duo.
Il connaissait la réponse, mais il ne parvenait pas à s'y faire.
Il l'avait tué…
Du sang sur ses mains…
"Assassin, "souffla une voix dans sa tête.
"Il faut le mettre à côté d'elle… Il faut…"
Le japonais ne termina pas sa phrase, coupé par Duo.
"Tu l'as tué… Oh my god, tu l'as tué, Heero ! Tu as tué Yoki! "Dit Duo dans une exclamation étouffée.
"Il n'est pas mort, murmura Heero en faisant un pas de plus. Je… je…"
Heero avait la tête qui tournait et il dut lutter pour ne pas s'effondrer au sol purement et simplement. Le poids de Yoki était lourd, devenait plus pesant à chaque pas, plus insurmontable.
Duo le regarda, une lueur d'incompréhension dans les yeux, avant de se précipiter sur lui vivement, et de le soutenir.
Il l'aidait à marcher, doucement, tandis qu'il le soulageait du poids du corps de Yoki.
"Il faut faire vite… Kari… Il faut amener Yoki près d'elle…" articula Heero dans un souffle.
"Kari, elle est en passe de crever avec tes conneries, Heero, lâcha brusquement Duo d'un ton froid. Qu'est-ce qui t'a pris de la débrancher ?"
"Non… Ca va pour elle… Aide-moi, Duo. Il faut amener Yoki près d'elle…" répéta le japonais encore une fois inlassablement.
Derrière eux, Réléna continuait d'avancer. En voyant Duo chanceler de fatigue, la jeune fille les rattrapa et aida l'américain à soutenir Heero.
"Merci mademoiselle Peacecraft, s"ouffla Duo avant de se mettre à rire doucement.
"Très drôle. Tu es le pilote 02, n'est-ce pas ? Je vois bien que tu n'es pas en état de le porter tout seul. Je ne comprends pas très bien toute cette histoire et qui est ce garçon dans vos bras, mais je sais que vous voulez l'emmener à votre planque, non ?"
"Réléna… "intervint Heero au bout d'un moment.
"Je ne comprends rien à cette affaire," le coupa la jeune fille.
"T'es pas la seule, crois-moi, "murmura l'américain en réponse.
"Où allons nous comme ça ? "demanda finalement la jeune fille.
"On rentre. Quinze kilomètres," annonça Duo.
"Pardon ? Tu es venu seul, en courant pendant quinze kilomètres ? Tu es malade ? s'écria la princesse. Je sais que tu es pilote de gundam mais…"
"On rentre, Réléna, "la coupa Heero brusquement.
"J'admire ta détermination, Heero, mais là, c'est franchement utopique. Parce que entre monsieur-je-suis-essoufflé-mais-je-veux-aider, monsieur-je-suis-presque-mort-et-inconscient et toi dont je me demande vraiment pourquoi tu n'es pas encore tombé par terre, entre le sang que tu perds, les cernes sous tes yeux, et une migraine pas possible, on est pas arrivé ! s'énerva soudain la jeune fille. Alors, vous allez arrêter de jouer les héros stupides pour une fois et me laisser faire. Trouvez-moi une cabine téléphonique," ordonna Réléna.
"Oui, bien sûr, parce que tu crois qu'il y a une cabine près d'ici, peut-être ? Mais oui, elles poussent dans les environs, c'est bien connu," ironisa l'américain.
"Un poste ici, au second étage. Fais-vite." Vite, intervint Heero d'un ton sérieux.
La jeune fille partit en courant, remontant les marches du bâtiment à grande vitesse, pestant contre ses talons aiguilles. Finalement excédée, elle les enleva et se mit à courir dans les escaliers.
Arrivée au second étage, elle chercha un moment un poste téléphonique avant d'en trouver un, contre un mur, rempli de poussière.
Priant pour qu'il ait de la tonalité, la jeune fille décrocha.
Une minute plus tard elle redescendait en courant, glissant sur les marches et terminant sa descentes sur les fesses.
Elle eut plus de peur que de mal et se remit à courir vers les garçons qui n'avaient pas bougés.
"C'est bon, on continue, affirma t-elle en soutenant à nouveau le japonais. Il est en route, il n'est pas loin."
"Qui ça ? "demanda Duo au bout d'un moment, faisant un effort pour avancer, n'ayant pas entièrement repris son souffle.
"Pagan, répondit la jeune fille d'un ton évident. Il viendra nous chercher en limousine. Je lui ai dit de se dépêcher. Il n'était pas loin, il m'attendait à la base de Stardert." C'est mon chauffeur, expliqua t-elle enfin à Duo en roulant des yeux.
"Ah. Tout s'explique", murmura Duo en se forçant à avancer.
Heero ne répondit rien, et lorsque Duo lui jeta u coup d'œil, il comprit largement pourquoi. Le japonais semblait à bout de force, et il ne tenait debout que par miracle, soutenant toujours le corps de Yoki.
Le jeune homme semblait concentrer toutes ses forces dans sa volonté d'avancer, et ne prêtait déjà plus attention à ce qui l'entourait.
Alors qu'ils avançaient sur la route bétonnée, une limousine rose flamboyante s'arrêta à leur hauteur dans un virage très serré.
"Il fait cascadeur aussi, Pagan ?" demanda Duo.
Réléna ne prit pas la peine de répondre, occupée à ouvrir les portes roses de la voiture.
Elle aida l'américain à installer Yoki sur la banquette, et alla parler quelques secondes avec le chauffeur pendant que Duo aidait Heero à monter.
Ils restèrent à l'arrière tandis que Réléna s'installait à l'avant.
La voiture démarra en trombe, filant à toute vitesse vers la planque.
A l'arrière de la voiture, le silence régnait. Heero avait du mal à ne pas s'évanouir, et il posa sa tête en arrière, fermant les yeux, la bouche ouverte pour faciliter sa respiration sifflante.
Sa tête lui faisait horriblement mal, et il sentait le contrecoup de l'utilisation de son pouvoir agir sur son corps. La fatigue le prenait, s'imposant de plus en plus à lui.
A un moment, il glissa complètement et faillit heurter le sol mais heureusement, les bras puissants de Duo le rattrapèrent.
"Duo…" souffla t-il, en ouvrant les yeux difficilement.
Le jeune homme ne répondit rien, mais le serra contre lui, si fort qu'Heero crut qu'il allait lui briser les os, réveillant plusieurs blessures. Le japonais sentit quelque chose d'humide mouillant son débardeur et il comprit que Duo pleurait contre son épaule.
Le japonais ne dit rien, sachant pertinemment qu'il en était à l'origine.
"Pourquoi ? Pourquoi t'as fait ça, Heero ? T'étais pas en état, t'aurais pu te faire tuer ! J'aurais pas supporté ! T'es qu'un égoïste, tu ne pense qu'à toi ! Regarde ton état ! Mais qu'est-ce que tu es allé faire là-bas ?" s'emporta soudain Duo, s'éloignant légèrement du jeune homme.
"Pourquoi tu nous as pas écouté, encore une fois ? Et pourquoi tu as débranché Kari ? Qu'est-ce qui t'a pris Heero ? Je ne te comprends pas, je te comprends plus… Je… j'ai peur pour Kari, j'ai peur pour toi… Tu peux le comprendre ça ? J'ai eu très peur pour toi ! Et si Kari meurt, je…"
Heero émit un sifflement aigu, se redressant avec peine pour s'expliquer avec l'américain.
Tentant de mettre de l'ordre dans son esprit, le japonais reprit une grande inspiration, et fixa Duo dans les yeux.
"Je voulais sauver Kari."
"La sauver ? s'exclama Duo, désabusé. Tu l'as pratiquement achevée, oui !"
Heero ne fit pas attention à la dernière remarque et poursuivit, d'une voix très affaiblie :
"Ne t'en fais pas pour elle. Elle ne mourra pas… Les appareils ne servaient à rien… Son cœur battait sans leur aide.. Ses fonctions vitales aussi. Juste… Elle est dans le coma. Elle ne veut pas se réveiller. Maintenant, elle a besoin de cicatriser ses blessures, mais l'aide respiratoire n'était pas nécessaire… et me gênait."
"Pardon ? Tu lui as enlevé ce qui la tenait en vie, juste parce que ça te gênait ? Ca faisait pas assez beau ? On aurait peut-être du les peindre en bleu, tu as raison, attaqua aussitôt Duo."
"Duo. S'il te plait. Ecoute-moi. Je ne pouvais pas lire en elle… Les appareils créent des interférences entre nous… Pour l'empathie. C'était gênant. Je l'ai débranchée pour qu'elle m'entende, pour lui parler, pour la faire revenir mais…"
Heero eut une quinte de toux assez violente, et Duo le regarda cracher son sang, horrifié.
"Ses fonctions vitales vont très bien, poursuivit Heero. Vraiment, les appareils n'étaient pas nécessaires. Kari est juste partie… Loin… Là où je ne peux pas l'atteindre. Je veux qu'elle revienne, Duo. Il faut qu'elle revienne à elle. Il suffit juste… Qu'une personne établisse une liaison avec elle. Une personne dans le même état qu'elle."
"Tu es en train de me dire que tu es allé te battre contre Yoki dans le seul but de l'amener jusqu'au coma, pour qu'il ramène Kari ?"
"Hai."
"Heero posa son regard sur le corps de Yoki, allongé sur la banquette face à eux."
"Heero, tu es au courant que c'est lui qui a voulu la tuer ? demanda doucement Duo."
"Hai."
"Comment peux-tu être certain qu'il ne recommencera pas ? Qu'il ne va pas l'enfoncer ?"
"C'est la dernière chance que je lui laisse. Il la prendra. Il la ramènera… Parce qu'il l'aime, déclara sombrement Heero."
"J'avoue que je ne suis pas vraiment ton raisonnement… murmura Duo en jetant un coup d'œil lui aussi à Yoki."
Le silence fit place à sa déclaration, Heero était de nouveau en proie à la migraine, et l'américain le regarda retomber lentement dans l'inconscience, impuissant.
"Pourquoi tu fais tout ça ? Heero, tu as failli mourir, encore une fois… Tu es si peu accroché à la vie ? murmura le jeune homme en le prenant dans ses bras, le berçant doucement."
A ce moment, la voiture s'arrêta et Réléna ouvrit leur portière.
On est arrivé !
A SUIVRE…
(1) Voir chapitre 14, dans lequel Heero enfant est assis dans une pièce, attendant que le docteur J vienne le chercher ou attendant la mort.
(2) Aurore, c'est pour la Belle-au Bois Dormant… C'est son petit nom. Même dans la colère, il a de l'humour le petit Heero…
