Chapitre 6
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Un mois après le départ de Grèce, sur le Dragon des Mers, les choses ne changeaient pas beaucoup sauf que Kanon avait pris du poids et sa peau avait une délicate couleur dorée. Cependant, il restait muet, ne parlant à Ryordan que pour répondre à une question ou pour en poser une. La plupart du temps, la jeune femme restait à la barre et surveillait la radio et le GPS afin de ne pas risquer une collision. Mais surtout elle était inquiète à cause du temps, ils étaient à la mi-saison des ouragans et elle ne voulait vraiment pas en recevoir un sur le coin de la tronche.
Presque deux mois après que le Dragon des Mers ait quitté la quiétude de la mer Méditerranée, la pire crainte de la jeune femme arriva sous la forme d'énormes nuages noirs tourbillonnant. Elle rentra toutes les voiles, à l'exception d'un foc qui lui permettrait de garder la stabilité du navire et surtout de pouvoir le diriger en pleine tempête. Kanon, sentant le ralentissement du navire, lui demanda :
-Que se passe-t-il ?
-Nous allons essuyer un grain, et plus précisément un ouragan. Kanon, est-ce que vous pourriez vérifier si tout est bien arrimé et le faire le plus vite possible ?
-Oui.
Kanon, ravi de faire quelque chose, courut bloquer les portes des placards, des étagères de la bibliothèque, les portes du frigo, vérifier l'arrimage des derniers fût de gasoil et mettre en tension les pompes automatiques au cas où il y aurait une voie d'eau.
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Trois mois, trois semaines et cinq jours après la disparition de Kanon, en Irlande, les trois chevaliers arrivèrent dans la chambre en traînant un vieux pêcheur inconscient et complètement bourré. Isaak prit l'un des lits, Milo l'autre, Saga le fauteuil et le vieux la baignoire. Isaak ronflait bienheureusement, tandis que Milo et Saga restaient éveillés. Le chevalier des Gémeaux ressassait inlassablement les derniers instants qu'il avait passés avec son frère. Il revoyait sa peau blême, ses yeux vides et ternes, les cernes sous ses prunelles mortes, sa chevelure hirsute, ses vêtements abîmés, son allure lasse et effacée. Comment n'avait-il pas vu que son frère était las de la vie ? Comment n'avait-il pas vu que son jumeau voulait mourir, voulait disparaître ? Comment n'avait-il pas vu que Kanon se haïssait tellement, qu'il avait tant honte de lui-même, qu'il préférait la mort à la vie ? Comment n'avait-il pas vu que son autre lui, son frère, son jumeau, l'autre partie de son âme se sentait tellement coupable qu'il se torturait physiquement et mentalement, voyant ainsi la meilleur façon de se punir pour des choses que tout le monde aurait dû pardonner, que lui-même aurait dû pardonner, que Kanon aurait dû se pardonner ? Mais non, il n'avait rien vu, préférant croire ce que son frère lui disait qu'il allait bien, qu'il ne devait pas s'en faire, qu'il ne méritait pas son inquiétude. Cette phrase aurait dû lui mettre la puce à l'oreille, mais non, il n'avait rien voulu voir, et maintenant son frère, sa seule famille se trouvait entre les pattes d'une cinglée qui risquait de lui faire subir les pires outrages, peut-être même le tuer dans un accès de folie et Kanon, dans son état, se laisserait faire, trop heureux de finir avec une vie qu'il ne voulait plus.
Ô par Athéna, pourquoi n'avait-il pas alerté la déesse et le Grand Pope ? Ils auraient pu l'aider, ils auraient pu aider son frère. Il avait tellement honte, il avait laissé son jumeau se laisser mourir, il l'avait laissé se tuer à petit feu. Pourquoi n'avait-il rien fait ? Pourquoi ?
-POURQUOI ?
Il réveilla en sursaut Isaak qui grogna et marmonna :
-Parce que tu es un gros con !
Saga se tourna vers Isaak tandis que Milo pouffait de rire. Le général des mers avait du répondant, c'était amusant. Mais quand ils retrouveraient Kanon, que voudrait faire Isaak ? Le ramener au Sanctuaire Sous-Marin ? Et eux, que feraient-ils ? Devraient-ils se battre pour l'en empêcher ? Non, ce serait à Kanon de faire son choix, ils n'avaient pas le droit, après l'avoir traité en paria, de lui retirer cette liberté fraîchement acquise. Il leva légèrement la tête et vit Saga qui continuait à penser à son frère. Il voyait trop briller ses yeux, preuve que le guerrier pleurait ou plutôt retenait ses larmes. Il se demanda ce que pouvait penser Saga sur son frère.
Saga était de plus en plus mal, il savait qu'il ne devait pas s'enfoncer ainsi dans la dépression, mais pourtant, il n'arrivait pas à s'en sortir, par sa faute son frère allait peut-être mourir. Il sentait une boule se former dans sa gorge, l'empêchant de respirer normalement et d'avaler sa salive. Il était rempli d'angoisse à l'idée de ne pas retrouver son frère, de terreur à l'idée de retrouver son frère mort, de douleur après ce qu'il lui avait dit, fait et surtout de ne pas l'avoir à ses côtés. Le proverbe avait bien raison, on ne se rend compte qu'on aime quelqu'un qu'au moment où on le perd, et il avait perdu son frère, sa moitié. Dieu qu'il avait mal ! Il ne sentit pas une larme quitter la prison de ses cils et rouler lentement sur sa joue, redessinant les courbes de son visage pour tomber sur un foulard que Saga tenait entre ses mains. Un foulard bleu qu'il avait trouvé dans les affaires de son frère. Un foulard qui portait encore son odeur si caractéristique. Cette odeur salée qui rappelait la mer qui durant plus de treize longues années avait été son domaine, et puis cette odeur de basilic mêlée au romarin, à la lavande, au thym et à son odeur corporelle propre si douce, si rassurante, si bienveillante, si désespérée. Il caressa doucement le bout de tissus, puis enfouit son visage dedans et gémit :
-Kanon, pardonne-moi. Je t'aime mon frère. Je t'aime tant. Pourquoi ne te l'ai-je pas dit avant ? Tu me manques tellement.
Il sanglota dedans sans voir que Milo le regardait avec tristesse. Le Scorpion s'en voulait, il aurait dû dire à Kanon qu'il était son allié, qu'il ne croyait pas à sa traîtrise, qu'il était avec lui. Il avait pensé que l'ancien marina avait besoin d'être seul alors qu'en fait, il avait besoin de parler, de vider son sac, de crever l'abcès qui le faisait souffrir. Il mit ses mains derrière sa tête, regarda le plafond et se demanda ce que faisait Kanon en se moment.
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Sur le Dragon des Mers, les choses ne s'arrangeaient pas, mais ne se détérioraient pas non plus. Car d'après son anémomètre, les vents ne dépassaient pas les cent vingt km par heures, donc c'était un ouragan de classe un, elle avait confiance en son navire, elle savait qu'il pouvait supporter plus dur. Durant plus de cent cinquante ans, il avait navigué sur les sept océans du globe, avait été le plus rapide de son temps, écumant les mers à la recherche des navires marchands, les pillant et massacrant les équipages, sans jamais faiblir. Cette fois-ci non plus, il ne faiblirait pas. Elle se tenait fièrement sur le pont tandis que Kanon terminait d'arrimer tout ce qui devait l'être. Ensuite, il retourna sur le pont et observa la jeune femme. Il la rejoignit et blêmit en voyant les nuages noirs et les éclairs qui zébraient l'obscurité. Il pouvait voir aussi que la mer, sous la masse tournante, était complètement déchaînée. Le plus effrayant, c'était la vitesse à laquelle ils se rapprochaient de la tourmente. Il fut surpris quand il remarqua que la jeune femme s'attachait solidement au gouvernail afin de ne pas être projetée à l'eau quand ils seraient secoués. Quand elle fut bien arrimée, elle se tourna vers Kanon et lui dit :
-Retournez à l'intérieur, attendez la fin de la tempête.
Il acquiesça d'un signe de tête et rentra dans sa cabine. Il s'assit sur son lit et commença à se tendre quand il ressentit les premières secousses, prouvant qu'ils venaient de rentrer dans la tempête, puis le navire gîta brusquement sous un coup de vent et il entendit les premières gouttes frapper les vitres. Il ferma un instant les yeux, puis tenta de lire un livre qu'il avait pris dans la bibliothèque. Il avait l'estomac noué par l'appréhension, non par la tempête, mais pour la sécurité de la jeune femme qui restait à l'extérieur sous les coups de boutoirs des vagues et le rugissement du vent. Ryordan, sur le pont de son navire, se tenait droite et fière, elle était fière de son navire qu'elle sentait danser sous ses pieds.
Il bondissait sur les vagues, plongeait dans les creux de plus en plus profonds, se cabrait comme un cheval sauvage goûtant à une liberté trop longtemps interdite. Elle aimait son bateau, il était sa maison, son confident quand elle avait enfin retrouvé la liberté après la mort de ses parents. Il était tout pour elle.
Kanon désira pendant un instant la rejoindre, mais il décida finalement de rester dans sa chambre à lire son livre quand il sentit le navire plonger dans un creux. Il ne connaissait rien à la navigation et il serait plus un poids lourd qu'autre chose pour elle. Alors il se rassit confortablement sur son lit et se remit à la lecture de Vingt Mille Lieues Sous Les Mers de Jules Verne, attendant ainsi que le navire cesse d'être secoué comme un bouchon dans une machine à laver. Pendant plus de deux heures, le navire fut secoué dans tous les sens, empêchant le jeune homme de lire. En effet, les mouvements étaient violents, le propulsant dans tous les sens. Soudain le navire se cabra presque à la verticale, envoyant Kanon se cogner contre la tête du lit. Sous le choc, l'ex-marina lâcha le livre et se frotta la tête légèrement endolorie. Il leva les yeux vers le plafond et marmonna :
-Mais qu'est-ce qui se passe dehors ?
Il paniqua réellement quand il se sentit soulever pendant quelques secondes qui lui parurent des heures, puis il retomba violemment sur le sol en même temps que le navire qui émit un gémissement bruyant de bois torturé. Kanon se releva rapidement et fonça vers la salle des machines avant de pousser un soupir de soulagement en voyant que la coque n'avait pas cédé sous la puissance du choc. Malgré la violence des embardées, il décida de grimper sur le pont. Il courut vers l'extérieur, puis brusquement, les mouvements violents s'arrêtèrent, plongeant le navire dans un silence inquiétant. Il se précipita à l'air libre et découvrit une vision d'apocalypse.
Dans une luminosité étrange, entouré par des nuages noirs, il put voir une vergue qui gisait en travers du pont. Il se précipita vers la barre, qui était cachée par elle, et vit la jeune femme inconsciente. Il la dégagea et remarqua que Ryordan avait une blessure sur l'arcade sourcilière. Il la secoua doucement afin de la réveiller, ce qu'elle fit assez rapidement. Elle ouvrit les yeux, cligna un peu des paupières, puis murmura avec un sourire fatigué :
-Nous sommes dans l'œil du cyclone. Kanon, aidez-moi à retirer la corde.
Kanon libéra la jeune femme de la corde, puis elle lui dit :
-Merci.
Elle leva les yeux vers le grand mât et soupira en voyant les cordages rompus et surtout les fils électriques qui pendouillaient inutiles. Elle soupira puis Kanon lui demanda :
-Où allons-nous ?
-Là-bas ! Répondit-elle en montrant au loin un mur de brouillard.
Kanon ouvrit de grands yeux tandis que la proue du vaisseau se dirigeait vers le mur blanc. Il s'approcha de l'avant du pont et observa avec attention l'avance lente et majestueuse du navire. Une heure plus tard, ils arrivèrent devant la brume. L'ex-dragon des mers scrutait avec inquiétude l'avant du navire et sursauta violemment quand il sentit le bateau râper sa coque sur des rochers. Il se pencha et découvrit des écueils tranchant qui parsemait la route. Il se demandait comment la jeune femme arrivait à se diriger, surtout dans cette purée de poix. Il se tourna vers elle, mais à part du blanc et un peu de gris, il ne voyait rien. Il se remit à l'observation de la mer et blêmit encore plus qu'auparavant quand ils dépassèrent l'épave d'une goélette. Plus ils avançaient, plus il y avait de navires brisés, éventrés, fracassés. Le Dragon continuait pourtant à avancer inlassablement, Ryordan avait l'air de savoir où aller, car elle évitait avec brio les différents écueils et débris qui jonchaient la route.
L'endroit était encore plus lugubre et effrayant que les Enfers, Kanon avait des sueurs froides à l'idée de se retrouver coincé à jamais dans ces rochers qui lui rappelaient les légendes du monstre Scylla. Mais il poussa une exclamation de stupeur quand le brouillard se dégagea brusquement et qu'apparut une île. Le soleil brillait comme en Grèce, illuminant l'apparition comme une émeraude sur du satin bleu. Il était émerveillé par cette beauté sauvage et pourtant simple. Il observa avec intérêt les flots bleus de l'océan, les oiseaux qui se regroupaient autour des deux mâts du voilier, les poissons qui nageaient dans l'eau claire. Le Dragon des Mers avançait lentement afin de pouvoir s'amarrer au ponton que Kanon voyait s'approcher. Une heure plus tard, Ryordan replia le dernier foc et jeta l'ancre, ce qui permit d'arrêter le bateau à l'endroit voulu. La jeune femme était épuisée, mais elle sortit la passerelle et amarra le vaisseau. Ce fut avec un immense plaisir qu'elle posa le pied à terre.
Kanon la suivit, lui aussi commençait à en avoir assez de la mer. Et puis il était très intrigué par la jeune femme, elle l'avait abordé sans le connaître, l'avait enlevé, le gavait comme une oie, et l'emmenait dans une île inconnue des Caraïbes. Il aurait pu être un malade mental, il aurait pu vouloir la tuer, mais pourtant elle l'avait aidé. Et pourquoi se sentait-il tant en confiance avec elle ? Parce qu'elle le comprenait, parce qu'elle avait presque eu la même expérience que lui, ou parce qu'elle ne le jugeait pas ? Peut-être pour les trois causes en fait. Il sentait que s'il lui parlait, elle l'écouterait. Cependant, il ne se sentait pas prêt à le faire. Il lui fallait encore du temps avant d'y arriver. Elle était patiente avec lui, elle ne le forçait pas à parler, ce que son frère aurait fait à sa place.
Il voyait bien que la jeune femme était épuisée, elle avait passé plus de temps sur le pont que dans sa cabine, et la fatigue se rappelait à son bon souvenir. Ryordan s'étira et s'exclama avec un sourire ravi :
-Kanon, bienvenue sur l'île du Mirage ! La perle secrète des Caraïbes. Ça vous en bouche un coin, hein ?
Il la regarda attentivement puis lui répondit doucement, encore étonné de son voyage :
-Oui, elle est magnifique.
Ryordan se remit à marcher, suivie par Kanon, puis elle lui dit avec un sourire fatigué :
-Mais le mieux, c'est qu'elle est complètement déserte. Cette île appartenait à un de mes ancêtres, un pirate de la pire espèce. Il nous a légué l'île, le Dragon des Mers et les fruits de ses pillages.
Kanon la suivait en observant le paysage autour d'eux, puis la jeune femme l'entraîna vers une grande villa de deux étages. Cette dernière se trouvait à une centaine de mètres d'une plage de sable blanc qui donnait sur un lagon protégé par une magnifique barrière de corail. Kanon était fasciné par la beauté du lieu. La jeune femme entra dans la maison et Kanon la découvrit fraîche et aussi assez poussiéreuse, mais sans plus. Plus que surpris, il lui demanda :
-Comment se fait-il qu'il n'y ait que si peu de poussière ?
-Parce que je vis ici, quand je ne suis pas sur les mers.
-Pourquoi êtes-vous venu en Grèce alors ?
-Un vieil homme qui est apparu devant moi m'a ordonné de venir en Grèce, je n'ai pas compris pourquoi, mais quand je vous ai vu au Cap Sounion, j'ai compris que ce que j'attendais depuis si longtemps était arrivé, j'ai compris que j'avais enfin la possibilité d'aider quelqu'un. C'était vous et personne d'autre.
-Alors c'est par pitié ? Siffla Kanon outré.
-Pitié ? Je ne connais pas la pitié. Non, je dirai plutôt que c'était par intérêt. Vous m'intéressez énormément, car j'aimerai bien voir ce qu'il y a derrière ce vide qui remplit votre regard.
-Il n'y a rien à part la trahison et le meurtre. Murmura Kanon en s'enfonçant dans ses pensées.
Ryordan bailla profondément, complètement épuisée et lui dit :
-Bon et si on en discutait demain ? Reposons-nous d'abord.
Elle l'emmena dans une chambre d'ami et lui dit :
-Vous allez pouvoir dormir ici. J'amènerai nos affaires demain, aujourd'hui, je suis vraiment trop fatiguée. Alors tenez, votre somnifère.
-Non merci.
-Vous n'êtes pas encore en état de lutter contre vos démons, vous devez d'abord reprendre des forces. Cela veut dire se reposer, et on ne se repose pas en ayant des cauchemars.
Kanon abandonna d'un signe de tête, prit son cachet et s'endormit cinq minutes plus tard. Ryordan alla dans sa chambre, qui était voisine de celle de Kanon, et s'endormit en quelques secondes, complètement lessivée par la tempête et les longues journées et nuits qu'elle avait passés sur le pont afin de ne pas percuter un navire ou un haut-fond. Tous les deux dormirent longtemps et profondément tellement profondément qu'ils se réveillèrent le surlendemain pour Kanon, car Ryordan se réveilla seulement le lendemain après une bonne nuit de sommeil. Cette dernière sautilla gaiement vers le Dragon des Mers. Arrivée à destination, elle mit les affaires de Kanon dans deux valises qu'elle avait achetées, puis les amena dans le séjour. Elle fit la même chose avec les siennes, qu'elle ramena dans sa chambre, elle rangea ses affaires, puis prenant une grande respiration, elle commença la dure tâche de dépoussiérer sa maison.
Elle s'habilla d'un short et d'un long t-shirt, mit un bandana autour de ses cheveux, puis, prenant le plumeau, elle se mit à le passer sur les meubles et les vases, retirant rapidement toute la poussière qui s'était accumulée depuis son départ. Ensuite, quand cela fut fait, donc trois heures plus tard, elle se mit au cirage des meubles, puis enfin au balayage des sols. Enfin, tout son premier étage avait figure humaine… Enfin, je me comprends. Ses meubles avaient retrouvé leur chaude couleur, son carrelage était propre, son parquet ciré. Maintenant, il ne lui restait plus que l'escalier et le deuxième étage. Elle s'étira une seconde fois, puis se mit au dépoussiérage des escaliers en chêne et à sa rampe. Quand il n'y eut plus un grain de poussière sur l'escalier, elle se mit en tête de le cirer, protégeant ainsi le bois et le nourrissant pour qu'il garde la beauté qu'il avait il y a cent trente ans. Elle décida de se faire un bon repas avant de finir son grand nettoyage de printemps, même s'ils étaient en été.
Ensuite, elle se mit au dépoussiérage des dix chambres et des cinq salles de bain. Quand cela fut fait, elle cira les meubles et passa l'encaustique sur les planchers, puis nettoya les sanitaires ainsi que les carrelages. Il ne restait qu'une seule chambre à faire, celle de son invité, et elle préféra le laisser dormir. Maintenant que sa maison était comme neuve, elle se mit au nettoyage des vitres et surtout du vitrail de l'entrée que l'un de ses ancêtres avait volé à une église après s'être invité à une noce et avoir massacré l'assistance. Quand le soleil décida enfin de se coucher, la maison de la jeune femme était parfaitement nettoyée et sentait le propre. Elle était fière d'elle et s'endormit profondément fatiguée et endolorie. Elle se réveilla le lendemain un peu avant le réveil de Kanon. Elle descendit tranquillement les escaliers en baillant comme un hippopotame, en s'étirant à s'en faire craquer les os et en se grattant ses longs cheveux ébouriffés. Elle s'assit lourdement sur sa chaise et après un ultime bâillement, se prépara son petit-déjeuner.
A suivre
