Chapitre 7
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Au second étage, une bonne odeur de chocolat chaud commença à chatouiller les narines d'un Dragon des Mers affamé. Lui qui avait voulu auparavant se laisser mourir de faim, il n'arrivait même plus à le vouloir. Chaque fois qu'il sentait une odeur de nourriture, il sentait son estomac se tordre et lui ordonner de le remplir. Et c'est ce qu'actuellement son ventre lui suppliait de faire. Il s'étira sur son lit et se décidait enfin à se lever quand une bonne odeur de pain chaud vint lui titiller le nez. Il se leva en se frottant les yeux encore englués de sommeil, puis décida de descendre dans la cuisine. Il se rappelait une sombre maison poussiéreuse et là, il avait une maison propre et lumineuse. Quand il entra dans la cuisine, il vit Ryordan le regarder d'un œil torve. Elle s'étira une énième fois, puis lui demander en bâillant :
-Vous voulez manger ?
-Oui, merci.
Elle se leva et lui prépara son petit déjeuner. Il lui fit un sourire de reconnaissance, puis dévora le repas. Ils mangèrent silencieusement profitant du calme de la demeure. Alors qu'elle était tranquillement en train de touiller son chocolat, elle lui dit :
-Bon, vous pouvez considérer cette île comme la vôtre. Tout à l'heure, j'irai sur le Dragon des Mers afin de réparer les dégâts de la tempête.
-Je pourrai vous aider ? Demanda-t-il d'une petite voix timide.
-Ce serait avec plaisir.
Il lui fit un énorme sourire rempli de reconnaissance. Pour la première fois de sa vie, il sentait qu'il servait à quelque chose et ça lui faisait un bien fou. La jeune femme l'avait pressenti et savait que le jeune homme avait besoin de cela pour se reconstruire. Elle termina son petit-déjeuner et lui dit :
-J'amène vos affaires dans votre chambre et je la range, comme cela, toute la maison sera propre.
Elle prit les deux valises qui étaient toujours dans le séjour et les amena dans la chambre de Kanon. Elle retourna dans la sienne, s'habilla rapidement, puis retourna dans celle de Kanon afin de la nettoyer. Là, elle ouvrit les fenêtres en grand, fit la poussière et passa le balai. Puis, elle cira les meubles et passa l'encaustique sur le parquet. Quand elle sortit, elle vit Kanon qui attendait honteux sur le pas de la porte. Elle fronça les sourcils puis lui dit :
-La prochaine fois, vous n'aurez qu'à m'aider.
-D'accord.
-Bon, je vais prendre ma douche, vous devriez faire la même chose.
Tous les deux allèrent prendre leur douche dans une salle de bain différente, puis Ryordan descendit afin de réparer le Dragon, aidée par Kanon qui voulait faire quelque chose. Ils descendirent tous les deux vers le quai et la jeune femme passa tendrement la main sur le flanc du navire, puis monta à bord, suivie par Kanon. Elle soupira en voyant la vergue inutile sur le pont. Le jeune homme lui demanda :
-Que dois-je faire ?
-Nous devons remonter la vergue, ça ne sera pas trop dur, mais le plus long sera de réparer le système électronique, sinon le Dragon des Mers sera bloqué à terre et ce pendant une longue durée.
-D'accord.
Ils grimpèrent tous les deux sur le grand mât et se mirent au devoir de retirer les cordages cassés afin de pouvoir les changer. Ryordan soupira devant leurs usures et surtout l'usure des autres cordages, elle allait devoir tous les changer sous peine de se retrouver avec toutes les vergues et les mâts sur le pont. Kanon lui demanda :
-Il va falloir tout changer, non ?
-Oui, il va falloir chercher des cordages, ou alors les faire nous-mêmes.
-Comment ?
-Si je me souviens bien, mon père m'avait dit qu'il y avait un endroit sur l'île où on pouvait réparer un navire sans aller chercher de l'aide. Donc, nous allons devoir visiter toute l'île pour retrouver cet endroit.
Kanon la regarda avec stupeur, puis il se tourna vers l'île et Ryordan ne vit pas une lueur aventureuse s'allumer dans le vide de son regard. Kanon avait envie de visiter cette île, découvrir un monde qui n'était pas le sien, un monde différent, sauvage et libre, libre de toute retenue, de toute médisance, de toute trahison. Il était bien ici, et il sentait qu'il irait de mieux en mieux tant qu'il resterait sur cette île, protégé des autres par un ouragan et une furie qui, présentement, était en train de redescendre. Il descendit après elle, et la suivit dans la cuisine. La jeune femme lui dit :
-Avant de partir, nous devons nous préparer, alors, Kanon, savez-vous faire la cuisine ?
-Non !
-Pas grave, je vais vous apprendre, mais d'abord, allez me chercher des lampes-torches, de la corde et des gourdes que vous remplirez d'eau de source.
-D'accord, mais je trouverai ça où ?
-Sur le Dragon des Mers, mon cher. Bonne chasse.
Elle éclata de rire et se mit à faire les sandwichs tandis que Kanon soupirait et allait à la recherche de ce que lui avait demandé Ryordan. Il fouilla d'abord dans sa chambre et découvrit dans un placard, tout en haut, un vieux sac à dos. Ensuite, il fouilla dans les autres cabines et trouva dans les différentes chambres, des lampes torches, deux cordes, deux gourdes, mais malgré avoir fouillé tout le navire, il ne trouvait pas le deuxième sac. Il ne lui restait qu'une pièce à fouiller, la chambre de Ryordan et il n'osait pas y rentrer. Il n'avait rien à craindre, il le savait, mais il n'osait quand même pas y entrer, peut-être parce que c'était la chambre d'une femme et qu'elle lui avait laissé son intimité. Il piétina un instant devant la porte, puis entra. La chambre avait à peu près la même taille que la sienne, sauf que le lit à baldaquin était placé sous la fenêtre. La commode se trouvait en face du lit tandis que l'armoire était à gauche. Devant le lit, il pouvait voir un coffre en bois noir qui s'harmonisait parfaitement avec le reste de la décoration de la chambre. Il commença à fouiller dans l'armoire, mais, à part découvrir que Ryordan avait la passion des vêtements, il ne trouva rien qui ressemble de près ou de loin à un sac à dos. Il alla alors dans la commode, se mit à fouiller. Il devint rouge comme un pivoine quand il sortit un caraco noir transparent et un string assorti. Il replaça les deux sous-vêtements dans le meuble et recommença à fouiller dedans, mais en vain. D'une belle couleur écarlate, il ouvrit le coffre et tomba pile sur le sac à dos.
Il retourna dans sa chambre où il avait laissé les affaires qu'il avait trouvées et les sépara entre les deux sacs. Il rajouta aussi une trousse de premiers secours. Maintenant qu'il était prêt, il retourna dans la cuisine où il vit que la jeune femme avait préparé une bonne dizaine de sandwichs, qu'elle avait accompagnés de fruits. Elle les mit dans les deux sacs tandis que Kanon remplissait les gourdes d'eau. Maintenant que tout était terminé, ils prirent leur sac à dos, et quittèrent le Dragon des Mers afin de partir à l'aventure. Tout allait trop vite pour Kanon, il n'avait plus le temps de s'enfoncer dans le vide de sa tristesse, et tout plein d'émotions s'invitaient dans son être, dont la curiosité. Il ressentait au plus profond de lui la même émotion que le jour de son arrivée au Sanctuaire quand il avait quatre ans, quand il passait son temps à visiter les ruines poursuivi par son maître, s'inventer des aventures dans un monde tout nouveau pour lui. Il sentait qu'ici aussi il pouvait faire la même chose, un endroit qui avait vu des pirates, d'où regorgeait les trésors. Il pensait même que s'il cherchait bien, il pourrait peut-être trouver l'or des pirates.
Ryordan était aussi impatiente que Kanon, elle n'était jamais allée plus loin que la plage et maintenant, elle allait s'enfoncer dans un monde inconnu avec un très beau jeune homme qui hantait ses rêves. Les deux jeunes gens s'engagèrent gaiement, surtout pour la jeune femme, sur le chemin qui menait au fond de la forêt mystérieuse. La jeune femme commençait déjà à se faire des films, Kanon qui la sauve d'un ravin, Kanon qui tue un serpent qui tente de la mordre, Kanon qui affronte un tigre mangeur d'homme… Mais elle n'avait pas pensé à Kanon qui pouffe quand elle trébuche à cause d'une racine et enlace passionnément un arbre. Elle bougonna et reprit sa marche en tentant de ne pas trop rêver au beau mâle derrière elle.
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Trois mois, trois semaines et six jours après la disparition de Kanon, en Irlande, un ex-poivrot était collé contre un mur décrépit, la terreur se lisant merveilleusement bien sur son visage rougeaud face à la rage d'un frère jumeau fou furieux en manque de son double.
-TU VAS ME DIRE OÙ IL EST !
-Q… qu… qui ?
-MON FRERE ! ESPECE DE SAC A VIN !
-Je… je ne sais pas qui c'est ? Bredouilla le vieil homme tremblotant.
-KWOA ! Rugit Saga, plus du tout maître de ses émotions.
-Saga, maintenant tu te calmes. Il ne peut pas le connaître, il ne l'a jamais vu. Répliqua calmement Milo.
-…
-Sauriez-vous où se trouve le Dragon des Mers ? Demanda aimablement Milo.
-Je ne sais pas ! Répondit timidement Sean.
Saga l'attrapa violemment par le cou et le vieil homme se retrouva à un mètre cinquante du sol, les pieds largement en l'air. Le Gémeaux siffla à deux millimètres.
-Ne mens pas. Je sais immédiatement quand on me ment !
-Ça ne t'a pourtant pas empêcher de chasser ton frère. Persifla Milo faisant ainsi pâlir Saga qui lâcha le vieil homme et alla s'asseoir sur un lit, rongé par la culpabilité et la honte.
-Je… je ne sais pas où il se trouve. Les seuls qui pourraient le sa… savoir seraient le Capitaine Benedict, son second, et peut-être le timonier. Ce sont les seuls qui pourraient savoir où se trouve le Dragon.
-Et où sont-il ? Demanda Isaak sentant que le vieil homme était mort de peur.
-Le Capitaine Benedict est mort en même temps que son épouse. Le second c'était sa fille et le timonier s'… s'appelait Marco Farenzena.
-Où est-il ? Demanda Milo.
-Heu… je… je crois qu… qu'il ha.. habite en Italie ou en Grèce.
-Merci. Lui dit le chevalier du Scorpion, plus souriant qu'Isaak qui avait hérité de la froideur de son ancien maître Camus, et que Saga qui restait assis sur le lit à broyer du noir.
-De… de rien. Je… je peux partir ? Demanda le vieil homme.
-Oui, allez-y.
Le vieux marin détala sans demander son reste, Maintenant qu'ils étaient tous les trois seuls, Isaak s'exclama :
-Bien, maintenant que nous avons un nom, nous devons savoir dans quel pays nous devons aller en premier, Grèce ou Italie ?
Devant le manque flagrant de réaction, il regarda les deux chevaliers d'or: celui des Gémeaux continuaient à culpabiliser tandis que Milo faisait les cents pas à la recherche d'un élément se situant au fin fond de sa mémoire.
-Surtout ne parlez pas tous à la fois ?
Soudain Milo stoppa net et s'exclama :
-Ça y est, je me souviens !
-Et de quoi ? Demanda Isaak.
-J'avais déjà entendu ce nom, et maintenant je m'en souviens, l'un des serviteurs au Sanctuaire se nomme Farenzena. Mais je crois que les autres domestiques le surnomment Faren.
Saga se réveilla brutalement et s'exclama :
-Mais qu'attendons-nous alors ?
-Que tu arrêtes de te morfondre dans ton coin. Rétorqua Isaak qui en avait un peu assez de voir le puissant chevalier des Gémeaux ressembler à une loque humaine et non plus à l'un des plus puissants chevaliers d'or devant son frère, enfin plutôt à égalité avec son frère.
Milo eut un demi-sourire, puis quitta la chambre, suivi par les deux autres chevaliers. Il paya l'aubergiste, puis ils foncèrent à l'aéroport afin d'aller en Grèce. Ils durent courir afin d'attraper le vol pour Athènes et de ne pas attendre le prochain qui était dans sept heures. Ils montèrent dans l'avion et poussèrent à l'unisson un soupire de lassitude. Le Dragon des Mers les faisait courir à travers le monde et à part des ampoules aux pieds, ils n'avaient qu'un nom. Après quelques trois heures de vol, ils arrivèrent enfin en Grèce et se précipitèrent dans le Sanctuaire, Milo se portant garant d'Isaak qui risquait de gros problèmes avec les chevaliers d'or. Quand ils arrivèrent devant la première maison, le marina ricana :
-Retour au bercail !
Les deux chevaliers d'or lancèrent un regard noir au général de Poséidon et ils commencèrent tous les trois à gravir l'immense escalier. Quand ils entrèrent dans la première maison, Mû vint les retrouver avec un grand sourire. Il fit l'accolade à Saga et lança :
-Kanon, ça me fait plaisir de te revoir !
-Saga !
-Quoi, Saga !
-Je suis Saga, nous n'avons pas encore retrouvé Kanon, mais nous sommes sur une piste.
-Oh ! Désolé. Que faites-vous ici ? Et qui est ce chevalier avec vous ?
-C'est Isaak du Kraken et il nous aide à retrouver Kanon. Expliqua Milo.
-D'accord.
-Mû, tu ne saurais pas où se trouve Faren par hasard ?
-Qui ?
-Faren, le type avec une barbiche noire ?
-C'est qui ?
-Un domestique ! Expliqua Isaak.
-Je ne sais pas, peut-être dans le palais du Grand Pope.
-Merci.
Ils traversèrent les maisons du Zodiaque et Isaak eut un regard triste quand il traversa la maison du Verseau, il passa devant son ancien maître sans s'arrêter. Il ne vit pas le regard chargé de tristesse de son maître, qui avait cru qu'il ne le reverrait jamais plus. Le chevalier du Verseau soupira lourdement et regarda tristement les trois chevaliers passer devant lui sans s'arrêter et sans un regard pour lui. Ils arrivèrent rapidement dans le palais et, au lieu de parler au Grand Pope qui se trouvait sur son trône, ils allèrent droit vers une domestique et Milo lui demanda avec un sourire charmeur :
-Vous ne sauriez pas où se trouve Faren ?
-Oui, il est dans les cuisines.
-Merci, belle jeune femme.
Ils se précipitèrent vers les cuisines et découvrirent un homme d'une trentaine d'année qui était en train de draguer l'une des servantes. Quand ils le virent, les trois chevaliers se regardèrent, puis Milo demanda :
-Faren ?
-Oui, que puis-je pour vous messeigneurs ?
-Êtes-vous Marco Farenzena ?
-Marco ? Non, je m'appelle Vincenzo, Marco est mon frère aîné.
-Savez-vous où il se trouve ? Demanda Saga.
-Mon frère est à Sing-sing, pour vol et piraterie.
-Sing-sing ? Où est-ce ? demanda Milo.
-C'est une prison aux USA ! Leur révéla l'homme.
-NOOOOOOOOON ! Hurla Saga.
-Et siiiiiiii ! S'exclama Isaak.
-Et bien sus aux USA ! Soupira Milo tandis que les deux autres chevaliers étaient prêt à se taper dessus.
A suivre
