Titre : Gueule de loup, coeur d'homme

Disclamer : tout appartient à la Grande Dame JKR, qui doit bien rire si jamais elle vient sur : de toute évidence, nous allons commencer par un gentil T ( ex-PG13)

Béta-reader : Lupin le Lycanthrope ( voir "mes auteurs favoris "). Mille merci Lupinette !

Publication : je rappelle que cette fic aura une publication régulière, quoiqu'il arrive. Elle sera éditée à chaque Pleine Lune, du fait du sujet, c'est à dire tous les 28 jours. Aucun retard garanti.

Sujet : Pour ceux qui ont eu la chance de lire Les Animaux Fantastiques, vous savez qu'il existe le récit déchirant d'un loup-garou face aux hommes, face à la vie. C'est cette biographie - non officielle bien sûr - que vous allez lire...

Attention : Au dernier chapitre vous attendra une surprise de taille...

Mais maintenenat, je vous laisse, et bonne lecture (n'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez ).

Enjoy!


Préface

Je suis un loup-garou. Pas facile à dire. Pas facile à vivre aussi. Je suis de ceux que l'on jette, que l'on rejette. Le mieux pour moi est que personne ne sache ce secret inavouable. Pourquoi? Parce que pas de travail, pas d'amis, aucune vie sociale. Rien. Le néant complet.

Pourtant, il faut bien vivre. Ou plutôt survivre dans mon cas, car rien ne nous est épargné. Personne ne nous comprend, car personne ne veut nous écouter. Nous ne sommes pas des êtres démoniaques. Non, nous sommes justes des enfants, des femmes et des hommes, qui étaient là où il ne fallait pas être, au mauvais moment. Depuis, nous vivons avec une pourriture dans le sang, à vie, à tout jamais.

Je suis le premier à parler de ce mal, de ce qui me ronge les sangs en profondeur, sans que je ne puisse rien faire pour l'arrêter.

Ici, je vous dirai tout, de ma vie "avant", celle où j'étais "normal" selon vos définitions, jusqu'à aujourd'hui, où je poursuis la lutte, pour mes frères, dans l'adversité de cette infection.

Ce n'est pas un réquisitoire ou un plaidoyer. Non, c'est le cri d'un loup-garou, qui lutte, contre la mort, contre l'oubli. Et surtout contre l'ignorance.

Mais commençons par le commencement.

Chapitre 1 : Une enfance si paisible pourtant

J'ai grandi dans une famille unie, à la campagne. Etant fils unique, je n'avais pour jouer que des compagnons imaginaires, avec lesquels je sauvais le Monde des méchants, qu'ils soient mort-vivants, vampires, orcs, ogres mangeurs d'enfants. Bref, je croisais le fer, et après bien des tourments, je rentrais à la maison, harassé par mes luttes.

La maison était isolée. Il fallait plusieurs jours pour atteindre la ville la plus proche. Mes parents, des gens très modestes, pour ne pas dire pauvres, n'ont eu comme unique solution que de me garder à la maison. Je n'ai jamais été un garçon difficile. Quand mon père avait besoin que je trais les vaches, quand ma mère me demandait de ranger, de nettoyer la maison, de mettre le couvert, je le faisais, sans broncher, car j'avais la chance d'être né dans une famille comme la mienne.

Mon père se chargeait de m'apprendre tout ce qui était manuel : travail du bois, de la terre. Ma mère, elle, s'occupait de mon instruction ; si je voulais avoir une chance d'aller en collège, me disait-on, il fallait que je sois le meilleur pour pouvoir décrocher les bourses, un argent qui manquait tant à mes parents pour m'envoyer en pensionnant dès mon plus jeune âge.

Je suis un sang-mêlé. Ma mère était la sorcière de la famille. Je l'ai toujours su, on ne me l'a jamais caché, tout comme mon état initial. Vivre isolé, loin de toute civilisation moldue était un choix de mes parents, pour pouvoir utiliser pleinement et à leur guise la magie sans être dérangé.

Normalement, un sorcier de premier cycle n'est pas autorisé à pratiquer la magie chez lui. Mes parents ne se sont pas formalisés de cette loi. Et c'est dès mon plus jeune âge que j'ai commencé mon apprentissage de la magie - fortement encouragé par mon père, pourtant le moldu de la famille, mais qui appréciait, à sa juste valeur mes pouvoirs, qui pouvaient l'aider dans les situations et les tâches délicates.

Cette vie très libre à la campagne et cet apprentissage progressif de la magie m'ont forgé un certain caractère, calme, que je ne renie pas. L'amour des animaux en fait partie - qu'ils soient fantastiques ou non. Ma chambre était devenue un vrai refuge pour eux ; j'avais installé une petite cabane avec mangeoire pour les oiseaux de passage - pour leur assurer un repos sécurisé bien mérité. Mon lit avait des ornements un peu particuliers. J'avais, en effet, récupéré sur une feuille de chêne une dizaine de larves - magnifiques - de fées. Depuis leur naissance, elles se dressaient fièrement sur le montant et les barreaux de mon lit, devenu de facto multicolores.

Mais ma plus grande fierté restait la découverte d'un Vert Gallon Commun, dans la forêt, à seulement une lieue de ma maison. Bien qu'il soit réputé pour être un des Dragons, sinon Le Dragon le plus gentil, il n'en démord pas moins que pour une enfant chétif de six ans tel que moi, cela reste plus qu'impressionnant.

Je vous épargnerai le récit de mon rude combat avec les strangulots dans la mare aux canards familiale - foutues bestioles, mais ce n'est qu'un jugement personnel - ainsi que mes misères avec les diablotins - idem. Mais s'il ne me fallait retenir qu'un seul animal, ce serait mon croup, ce chien un peu spécial - nous avions eu la chance de ne pas être détecté par le Ministère : nous ne lui avions pas coupé la queue - ce chien très fidèle aux sorciers et détestant vraiment les moldus - je ne vous cache pas qu'il a fallu un certain temps d'adaptation et d'accommodation avant qu'il ne puisse supporter mon père, c'est-à-dire, ne pas tenter de lui arracher une jambe.

Si je n'étais pas un garçon difficile avec mes parents, j'avais bien sûr des défauts - un nombre incalculable pour tout vous avouer. En particulier, je pouvais être un sacré vaurien quand je le voulais. Je n'avais aucun scrupule à faire les lits en portefeuille quand de -rares - invités venaient nous voir - et quand l'occasion m'en était donnée, de mettre du poil à gratter coupé de poudre de doxys séchés dans les vêtements propres de nos convives. J'en passe et des meilleurs. Mais mon activité favorite était, de loin, de très loin même, faire le mur. La nuit bien évidemment - le jour, ce n'était pas aussi excitant et aussi intéressant. Il va de soi que je maîtrisais parfaitement les sorts d'insonorisation pour tromper mes parents...

Vous êtes-vous déjà promené la nuit, au clair de lune, par une belle nuit d'été ? Regarder les étoiles, alors que l'on est allongé dans l'herbe, qui commence à être fraîchie par la rosée du matin qui arrive est une vision agréable du bonheur.

Mais d'après un dicton populaire, le bonheur est une chose qui ne dure pas. (Pour) Dans mon cas, c'est - malheureusement - vrai. Je faisais le mur depuis l'âge de quatre ans - l'aventure n'attend pas - et, à part quelques glissages dans la mare aux canards et la lutte qui suivit ma chute avec quelques strangulots tenaces, il ne m'était jamais rien arrivé. Lors de mes virées nocturnes, il m'arrivait fréquemment de croiser des animaux - sauvages ou non. Cela allait de la brebis égarée - que je m'empressais de ramener dans son enclos - au renard errant - que je dissuadais rapidement de venir traîner autour du poulailler.

Par respect pour mes parents, j'emportais toujours avec moi ma baguette. Je n'ai pas eu souvent besoin de m'en servir. De toute façon, Gorneval - mon fidèle croup - me suivait coûte que coûte dans toutes mes aventures. Il m'est arrivé de croiser un ours ; grâce à Gorneval, je n'ai même pas eu besoin de lancer un sort. Il m'a même emmené près d'une louve, avec ses deux louveteaux. Elle avait la patte cassée. Je me suis empressé de lui faire une attelle. Les loups ne m'ont jamais fait peur. Et c'est sûrement cet amour immodéré pour les animaux, aller à leur rencontre, toujours la nuit, qui causa ma perte.

Je l'ai déjà dit, je ne suis pas un froussard. Pourtant, le mot "peur" signifie bien peu de chose ; il ne suffit pas à décrire l'état dans lequel j'étais lors de ma mauvaise rencontre. Je n'ai pas eu besoin de m'approcher pour reconnaître que je n'avais pas un simple loup affamé et dépéri devant moi, mais bel et bien un loup-garou, près à se déchaîner sur ma personne. Dans de pareils cas, la diplomatie - "je vous en supplie" - ou les connaissances - 2+24, il y a sept couleurs primaires, les farfadets sont verts... - ne servent strictement à rien. Même votre intelligence ne vous est d'aucun secours.

Il n'y a qu'une seule chose à faire - et de toute façon, vous n'avez le temps que de faire cela - c'est écouter votre instinct. Certains restent prostrés devant "l'animal", persuadés d'avoir trop forcé sur la bouteille avant de partir. Ceux-là finissent rarement en vie, ou alors, dans le meilleur des cas, avec quelques membres en moins. Quand vous vous réveillez, il est déjà trop tard. D'autres se mettent à courir dans l'autre sens, histoire de tenter d'échapper à la bête. Mauvaise idée encore, le loup-garou vous attrapera par derrière, et risque bien plus de vous casser la colonne vertébrale en vous faisant tomber, ou en vous donnant un méchant coup de patte sur la nuque. Il ne vous laisse ainsi plus aucune chance, plus aucun espoir de sortir vivant - même avec un bras ou une jambe en moins - de cet affreux calvaire.

Et puis il y a ce que j'ai fait. Ce qu'il faut faire si jamais - et je ne le souhaite à personne - vous vous retrouvez dans une telle situation.

J'ai écouté mon instinct.

J'ai grimpé dans l'arbre le plus proche. J'avais à peine mis le pied sur la première branche que déjà le loup-garou commençait à courir vers moi. Il paraît qu'à certains, la peur donne des ailes. Je ne sais pas. Ce que je peux vous dire, c'est que je n'ai jamais, au grand jamais grimpé aussi rapidement à un arbre que ce jour-là. J'ai dû pulvériser tous les records en la matière.

J'étais à l'abri, dans mon arbre. Mais Gorneval, m'accompagnant comme à l'habitude, était resté posté au pied du tronc. Vous savez aussi bien que moi que le croup est plus que fidèle envers les sorciers. Si bien qu'il n'est pas resté de marbre devant ce danger. Il a attaqué le loup-garou avec toute la force et la vigueur possibles. Et moi, du haut de mon arbre, je voyais mon meilleur compagnon se faire tailler en pièce, pour me sauver la vie.

Ce combat, gravé à tout jamais dans ma mémoire - comme tout ce qui s'est passé cette nuit - n'a pas duré très longtemps.

Retenez cela, ne vous battez jamais, au grand jamais, avec un loup-garou. Vous n'avez strictement aucune chance face à ses quarante kilos de furie. Mon croup - légèrement protégé par sa propre magie - a tenu cinq longues et douloureuses minutes. Mais estimez-vous heureux : vous ne connaîtrez pas l'agonie. Le loup-garou vous achèvera toujours le plus vite possible. Histoire de pouvoir commencer son festin sans plus attendre ...

C'est ainsi que j'ai assisté à ce macabre dîner, assis sur ma branche - qui d'ailleurs commençait à émettre un certain nombre de sons bizarroïdes pour du bois, pas vraiment rassurant. Branche, qui devait casser quelques instant après que le cri déchirant du loup-garou se soit fait entendre, ponctuant la fin de son repas.

Je suis descendu bien plus vite que je ne suis monté.

On peut considérer que malgré l'issue - défavorable - du combat, mon croup avait parfaitement rempli sa mission : me protéger - autrement dit, que je reste en vie. Ce qu'il a bel et bien fait - reconnaissons-le, un peu malgré lui. En remplissant la panse du lycan, il lui avait coupé l'appétit. C'est ainsi qu'il n'a pas eu la merveilleuse idée de me dévorer. Etant totalement sonné par la chute de plus de six mètres que je venais de faire - y avoir réchappé était déjà un miracle - je n'ai pas pipé un mot lorsqu'il s'est approché de moi, la bouche sanguinolente. Je n'ai rien dit non plus lorsqu'il a ouvert sa mâchoire à trois centimètres de mon visage.

Mais j'ai pourtant crié. Plus qu'il n'est humain de le faire.

J'ai crié lorsque j'ai senti les crocs toucher ma peau.

J'ai hurlé quand je les ai senti s'enfoncer au plus profond de ma chair.

Et il a recommencé ce manège. Encore et encore. Tellement de fois que l'infini ne suffit pas à les dénombrer .Crier. Hurler. Ces mots signifient bien peu de choses lorsque l'on subit de telles douleurs. Pour vous donner un aperçu très simplifié, le sortilège Doloris, lancé à son maximum, ressemble à de délicieuses petites piqûres sous la peau.

Je n'ai pas vu le loup-garou se retransformer en humain. J'ai dans ma mémoire cette phrase, " et encore un de plus". Je ne sais pas si elle a été dite ou pas. Je ne me souviens pas. Je n'ai pas vu le jour se lever. Je n'ai pas non plus entendu mes parents qui hurlaient mon nom dans la forêt, la voix brisée par la fatigue et le désespoir.

Je n'ai plus vraiment de souvenir de ce matin en vérité.

Excepté la douleur.


J'espère que cela vous a plu...

Prochain rendez-vous avec l'Astre : Lundi 17 Octobre 2005