Titre : Gueule de loup, coeur d'homme
Disclamer : tout appartient à la Grande Dame JKR, qui doit bien rire si jamais elle vient sur : de toute évidence, nous allons commencer par un gentil T ( ex-PG13)
Béta-reader : Lupin le Lycanthrope ( voir "mes auteurs favoris "). Mille merci Lupinette !
Publication : je rappelle que cette fic aura une publication régulière, quoiqu'il arrive. Elle sera éditée à chaque Pleine Lune, du fait du sujet, c'est à dire tous les 28 jours. Aucun retard garanti.
Sujet : Pour ceux qui ont eu la chance de lire Les Animaux Fantastiques, vous savez qu'il existe le récit déchirant d'un loup-garou face aux hommes, face à la vie. C'est cette biographie - non officielle bien sûr - que vous allez lire...
Attention : Au dernier chapitre vous attendra une surprise de taille...
Mais maintenenat, je vous laisse, et bonne lecture (n'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez ).
Enjoy!
RAR :
Owlie Wood : désolé pour cette fois, mais je ne pouvais pas poster ce matin ( cours oblige...). Contente que cela t'ai plu. J'espère que tu seras ravie par ce chapitre 2.
Loufoca : Merci pour tant de compliments ! Il y a quelques indices dans ce chapitres pour la surprise ( mais rien de très précis encore). Et pour la morsure, ce n'est qu'une vision strictement personnelle ...
Lupinette : Mille merci d'avoir corrigé ce chapitre en si peu de temps ! C'est vrai, tu es en avance pour cette histoire... promis, la prochaine fois, je te le donnerais quelques plus tôt.
Jamesie cass : Merci! J'espère que ce chapitre te plaira.
Ann O Nyme : Pour la morsure, c'est du point de vue de l'enfant, donc je trouvais normal d'en faire un peu plus...
Elisabeth Moonstone : Merci! Je vais peut-être continuer certaines autres fics... mais après les vacances!
Chapitre 2 : vires mihi desunt
(Les forces me manquent)
La douleur est quelque chose dont on n'a pas réellement conscience. Il faut attendre d'être touché par une calamité pour comprendre à quel point la vie est belle. Mais ce n'est pas dans l'état où m'ont retrouvé mes parents que je pouvais avoir de telles pensées philosophiques.
Je me suis réveillé deux jours plus tard, dans une petite chambre banale de l'hôpital Sainte-Mangouste. Il n'y avait personne qui me veillait. Aucune trace de mes parents. Puis un médicomage est entré en trombe dans ma chambre ; il ne m'a accordé qu'un regard dédaigneux. Ses paroles resteront gravées à tout jamais dans ma mémoire.
" Vous voilà enfin réveillé. Je ne vais pas vous mentir. Vous êtes désormais un loup-garou. Vos blessures sont finalement assez superficielles. On ne va pas vous garder plus longtemps. Alea jacta est. Au revoir."
Je n'étais qu'un gamin et je n'ai jamais rencontré une personne aussi peu compatissante envers quelqu'un de mon âge. On venait de m'annoncer en quelques cruelles phrases crachées au visage que j'avais ma vie totalement bousillée à cause de cette rencontre très malheureuse avec le loup-garou. Il m'avait craché la terrible sentence. Je le savais au fond de moi-même que j'avais été contaminé, mais sans attendre forcément de la pitié, j'espérais au moins que l'on m'aiderait à prendre conscience de ce mal qui allait me frapper durant toute mon existence. Ce médicomage ne pouvait pas être plus glacial que la banquise.
Quelques heures après mon réveil, mes parents sont entrés dans ma chambre. Ils avaient tous les deux le visage mouillé de larmes, rougi d'avoir trop pleuré. Ils ne m'ont rien dit ; les paroles étaient inutiles. Ils m'ont tendu une enveloppe cachetée à leur nom, portant le sceau de Sainte-Mangouste. Je l'ai saisi de mes mains fébriles et je l'ai lue. Elle leur était adressée bien entendu, mais comme pour le médicomage, c'est un souvenir ineffaçable.
" Madame, Monsieur.
Votre fils a intégré notre service de soins magiques intensifs il y a déjà 56 heures, après avoir été mordu à plusieurs reprises par un animal fantastique - loup-garou. Vous ne pourrez pas aller le visiter tant qu'il ne sera pas réveillé et tant que le médicomage de garde ne sera pas aller faire sa visite de contrôle. Les résultats des analyses faites à son arrivée peuvent vous être fournies si vous le souhaitez. Cochez alors la case suivante avec votre baguette.
Votre fils a été contaminé par morsures répétées d'un loup-garou. Dans 27 jours, il effectuera sa première transformation. Veuillez l'isoler complètement pour votre sécurité. Veuillez lire la notice de protection ci-jointe pour plus de renseignements et de précautions.
Salutations.
Mrs. Francine Orange.
P-.S : Veuillez apporter le règlement de l'hospitalisation avant le départ du patient, sous peine de saisie."
Tant de bonté envers mes parents était inhumain. On leur avait annoncé dans une simple lettre que leur fils serait à tout jamais malade.
Mais surtout, alors que je méritais un semblant de considération, on me traitait déjà comme un paria. Mes parents avaient été livrés à eux-mêmes durant ces deux jours, sans pouvoir avoir de mes nouvelles, sans pouvoir me voir.
Je reproche vraiment cela à l'institution de Sainte-Mangouste. Mon père, habitué à la dure, a été affecté par ce qui m'arrivait, mais s'en est vite remis. Ma mère, au contraire, en a été si malade que finalement la personne alitée à la maison, ce n'était plus moi mais elle. D'ailleurs, elle ne se remettra pas de ma contamination ; elle se sentait constamment coupable de m'avoir enseigné la magie et de m'avoir laissé l'utiliser à ma guise, de telle sorte que je faisais le mur la nuit. Coupable de ne pas avoir été capable de s'en rendre compte, elle se trompait, elle n'est ni coupable ni responsable de quoi que ce soit. Pourtant cette culpabilité inutile tuera la seule femme de ma vie. Six mois après mes blessures, mon père et moi enterrions « Maman ». J'ai réellement vu pleurer mon père pour la première fois.
Ma première transformation s'était très mal passée. Mes parents avaient le cœur fendu de devoir m'enfermer à double tour. Ils avaient préparé la cave ; ils avaient même eu l'attention de me laisser une paillasse avec un cruchon d'eau, quand je me serais retransformé en humain, pour attendre le lever du jour. Tout pour me rendre cet horrible moment un peu acceptable, un peu plus agréable.
Il n'en a rien été. Déjà, j'étais tétanisé par la peur. Comment aller se dérouler la métamorphose ? Combien de temps durerait-elle ? Etions-nous si inconscient de nos gestes ?
Allais-je tuer mes parents sans m'en rendre compte ?
C'était la grande question qui me hantait constamment. Allais-je faire de mes parents mon petit-déjeuner ? Allais-je faire du mal aux personnes que j'aimais le plus au Monde ? Je n'avais pas une grande confiance dans les charnières de la porte de la cave, ni même dans son bois. Mon père l'avait renforcé, la condamnant de son côté avec traverses et barres à mines une fois que j'y fus rentré. Je ne savais pas quand l'horreur allait commencer et je ne voulais pas mettre une seule seconde une personne que j'aimais en danger. Je suis rentré, il était 18 heures.
La transformation commence à minuit. J'ai donc eu six longues heures pour réfléchir. Et culpabiliser aussi. J'ai eu largement le temps pour fouiller dans ma mémoire les souvenirs de la nuit où tout a basculé. J'ai revu dans mon esprit le combat tragique de Gorneval, puis ma chute vers l'horreur. Je me suis vu terrifié par le monstre en face de moi. Mais surtout, j'ai vu la transformation du lycan en humain. Mon esprit était à l'époque entre délire et sommeil. Pourtant, j'ai bien entendu un grand cri de douleur, puis un regard jeté vers moi, le corps ensanglanté et compulsé.
Puis il y a eu cette phrase, lancée avec dédain. « Encore un ». C'est sur ce souvenir perdu dans les bribes de mon inconscient que ma transformation a commencé.
Au contraire de la croyance populaire, la métamorphose n'est absolument pas instantanée. Elle dure plus que trente secondes. Tout d'abord, vous ressentez des picotements sous la peau, des frissons vous parcourant le corps en s'intensifiant, jusqu'à ce qu'un début de fourrure du loup apparaisse. A ce moment votre conscience humaine vous abandonne pour laisser la place à l'instinct meurtrier du loup-garou. Vos pupilles changent de couleur ; elles se rétrécissent et deviennent rouge sang. La tête commence à tourner. On perd pour quelques instants son sens de l'orientation. Puis d'un coup, le loup prend pleinement le pouvoir sur votre conscience. A ce moment, la première phase de la métamorphose est faite. Il ne reste plus qu'à votre corps de céder le pas face à la modification imposée par le loup. En comptant tout cela, vous avez conscience de votre douleur durant au moins cinq minutes. Puis vous devenez loup.
Et c'est vous qui faites mal dorénavant.
Jusqu'au petit matin, vous êtes dans un état dont vous n'avez pas conscience. Moi-même, je ne me rappelle pas de ce que j'ai pu faire durant la nuit, de manière générale. Pour résumer la situation – je m'attarderais plus longtemps sur l'état même du lycan un peu plus tard – vous perdez de votre mémoire plus de six heures de votre vie à chaque transformation.
Bref, ma première transformation ne s'est pas bien déroulée du tout – si je peux dire qu'une métamorphose peut bien se dérouler dans pareil cas un jour. J'ai tout dévasté dans la cave. Les murs s'en souviennent. Heureusement que des barres à mines me coupaient le passage à l'étage ; les chevrons n'avaient bien sûr pas tenu face au déferlement de force et de violence venant de ma part. Mes parents étaient véritablement terrorisés par les cris que le loup en moi poussait, si bien qu'ils se sont « fortifiés » dans leur chambre à grand renfort de sortilèges, mon père la hache à la main, si jamais quelque chose devait mal se passait. Pour simplifier, c'était une nuit totalement inhumaine, pour mes parents et pour moi.
Le lendemain matin, à 8 heures, mon père est venu retirer les traverses et les barres à mines. J'étais là, assis sur la dalle froide, nu, glacé.
En sang.
N'ayant aucun gibier à me mettre sous la dent et ayant mes pulsions exacerbées – les sens sont surdéveloppés - par la présence d'humain dans mon périmètre – la proie préférée des lycans sans conteste –mon énervement était à son comble, si bien que j'ai frappé tout ce que j'ai pu, avec comme objectif de tout détruire pour atteindre mes proies. Je me mordais moi-même car je n'avais aucune proie. Le mois suivant, pour éviter ces désagréments, mon père m'avait aménagé une sorte de cavité, au milieu de la forêt, assez profonde pour que je ne puisse pas en sortir quoi qu'il arrive, assez loin de toute trace de vie humaine pour calmer mes sens surdéveloppés, et avec assez de pauvres lapins pour combler mon féroce appétit. Les transformations étaient toujours aussi terribles mais au moins, mes parents pouvaient dormir avec un semblant de confiance.
Le reste du temps, lorsque je n'étais pas sous ma forme métamorphique, c'est-à-dire 99 du temps, je préfère rappeler que les lycans ne présentent aucun danger sous cette forme – j'aidais mon père. Les larmes étaient passées depuis longtemps et il n'avait pas laissé la dépression s'installer. Au contraire, ma mère, elle, était complètement abattue. Je crois qu'elle s'est laissée mourir pour récupérer l'amour de son fils, qu'elle n'avait pourtant jamais perdu.
Il a fallu faire face à sa disparition. Je n'étais qu'un enfant, j'avais été contaminé par une des pires saloperies de mon Monde, et voilà que la seule femme qui a eu sa place dans mon cœur quoi qu'il arrive disparaît pour toujours. Nous n'avions pas de quoi nous appesantir sur notre sort ; il fallait rebondir, repartir de l'avant.
Alors que j'avais toujours vécu dans un monde à part, dans la marge, protégé de l'extérieur, il a fallu « se socialiser ». Entendez par là mon père et moi sommes (re)venus vivrent dans un monde « civilisé », où la présence humaine dépassait largement de trois personnes au kilomètre carré. Nous avons laissé nos valises à Londres, non loin des Docks. C'est là que mon père avait son travail. Vous pourriez croire que mon arrivée en ville aurait signifié « je vais à l'école ». Il n'en a rien été. La scolarité aurait coûté beaucoup trop cher, déjà que nous avions du mal à joindre les deux bouts. La fin du mois était synonyme de calvaire, surtout l'hiver. Pas de chauffage : le bois était vraiment trop cher. Excepté Noël, pas de charcuterie ou de bifteck. Etre pauvre en ville ne signifie pas la même chose qu'être pauvre à la campagne. Dans la nature, vous pouvez toujours vous servir en fruits, en légumes, vous ravitailler au fermier du coin pour presque rien. A la campagne, il existe une véritable solidarité. Pas en ville. Nous étions seuls, perdu dans la masse. Quel paradoxe n'est-ce pas ?
Alors que mon père travaillait sur les docks, pendant ce temps, je traînais dans le Londres moldu, à la recherche de quelques petits boulots. Je suis incollable question cirages de pompes au sens littéral du terme. Je suis imbattable lorsque on me parle des différentes techniques pour crocheter les serrures…
Nous ne voulions pas voler, mon père et moi, à d'autres malheureux. Cela n'a jamais été notre philosophie. Mais dans la misère où nous nous trouvions, il était impossible de s'en tenir à nos beaux idéaux. Il fallait pouvoir manger et dormir. Or le maigre salaire que gagnait si durement mon père ne suffisait pas à couvrir la moitié des frais. Alors avec la petite bande de jeunes du quartier des docks, nous avons commencé à chaparder quelques fruits, quelques jambons sur les étalages, à la sauvette. Mas nous étions vite repérés. Alors nous avons tenté notre chance dans les quartiers un peu plus huppés. Ceux qui avaient les meilleurs vêtements se présentaient à la porte de grands hôtels comme groom. Après rien de plus facile, il suffisait de dépouiller de quelques biens de valeur dans les mallettes de riches hommes d'affaires qui la faisaient obligatoirement peser trop lourd.
Une fin d'enfance dans un tel climat vous forme un caractère certain. J'étais bien loin de mes écureuils, de mes verts gallons ou de mes petites fées. Fumées, poussières, boues, pavés ; c'était mon quotidien. Adieu les vertes vallées, bonjour le smog londonien. Rien ne sera plus comme avant. Pourtant, ce n'est pas une période que je regrette. J'avais enfin des amis.
On pourrait penser qu'il est plus difficile de vivre en ville pour un loup-garou ; il n'en était rien. A travers mes longues heures de déambulation dans le Vieux Londres, j'avais découvert que je n'étais pas le seul lycan de la ville. Il existait une petite communauté de lycans moldus, cachée bien sûr. Elle me donna plein de conseils pour que mes métamorphoses se déroulent un peu mieux. Lorsque la Pleine Lune approchait, nous repérions une galerie désaffectée de la Grande Mine Londonienne. Nous nous y retranchions le plus loin, le plus profond possible, afin que nos cris n'éveillent personne. Nous étions alors une vingtaine de loups-garous à nous transformer en même temps, et grâce à une atmosphère préalablement remplie de fumée, de vapeur d'alcool ou de tout autre genre d'embrument, nous étions « stone », ne cherchant plus à aller à la surface dévorer les humains.
Pourtant, les forces me manquaient pour affronter la vie telle qu'elle était. Je n'étais pas le seul dans ce cas. Mon père trimait de plus en plus sur les docks. Un matin de Noël, j'avais 11 ans, ses camarades l'ont retrouvé allongé sur le sol à côté de son chargement. Il venait de succomber à une attaque cardiaque.
Je perdais en quelques années mes deux parents. J'étais désormais un véritable orphelin. Et il fallait faire face au Monde cruel, l'affronter de toutes ses forces, se battre. Mais en de tels moments, la vie ne tient plus qu'à un fil. Un petit fil, très fin, extrêmement fragile qui vous retient de sauter dans le vide, de vous couper les veines. Ou bien de rester à la surface de la Terre un soir de Pleine Lune…
Prochain rendez-vous ... le mercredi 16 novembre... d'ici-mà, faites moi savoir ce que vous en pensez...
