Avec un seul petit jour de retard... dû à mon incurrable esprit bordélique qui n'a pas tapé ce chapitre assez vite... Je peux vraiment remercier Lupinette, car elle est une as pour les corrections "flash" - dont il ne faut pas trop que j'abuse.
Ceci est le dernier chapitre de mon histoire. Le mardi 14 mars sera publié l'épilogue de cette histoire, avec le bonus promis...
En espérant que cette fic vousà autant plu à lire que moi à écrire, je vous laisse à ce dernier chapitre.
Une dernière petite pensée et je vous laisse : tant qu'il y a de la vie, il y a de l'espoir...
Merci.
Un loup nommé Remus.
- VI -
Ma mère, le soir de mon cinquième anniversaire, penchée au-dessus de ma tête, me susurra à l'oreille quelques mots.
« Bonne nuit, mon petit ange. Et n'oublie pas que des jours comme celui-ci sont exceptionnels. Il t'arrivera toujours quelque chose de bon à ton anniversaire. Un printemps de plus défilera sous tes yeux … »
Elle me rappelait souvent que « el cumpleanos », « the birthday » était un jour exceptionnel. Pour quelqu'un d'exceptionnel. C'était plutôt la deuxième partie que j'avais du mal à croire. Je n'ai jamais eu une terrible confiance en moi. Mais il y a des jours où…
Pour moi, cela a été le jour de mes trente ans. C'était par une après-midi ensoleillée, du joli mois de mai. La date exacte n'aurait pas d'importance à vos yeux, mais le mois de mai signifie plus que mon anniversaire. C'est le printemps revenu, le froid est parti, la chaleur et le soleil n'ont pas encore commencé leur travail en brûlant les bourgeons, donnant tant de couleurs à cette époque.
Mais avant de m'égarer complètement dans un lyrisme déplacé, il est nécessaire que vous compreniez dans quel état d'esprit j'étais ce jour-là. Je ne sais quel mot pourrait synthétiser cela. Bonheur est trop faible. J'avais trouvé la paix de l'âme, l'ataraxie la plus totale. Je n'avais plus à subir d'atroces souffrances liées à mes transformations, grâce à la potion tue-loup, je connaissais enfin l'aponie.
J'étais assis à la terrasse d'un café. Il s'appelait « Jenny & Forrest ». Ce souvenir est gravé dans ma mémoire.
Alors que les enfants avaient commandé et consommé leurs milk-shakes (nougat et grand-marnier pour l'un, chocolat menthe pour l'autre ), je buvais avec délectation mon diabolo fraise. Je ne touchais plus à l'alcool, sauf pour les grandes occasions. Qu'est-ce Ce qu'il était agréable de pouvoir se souvenir de tout, sans grand blanc dans la tête !
« - Andrew, tu arrives ou tu couches ici ? » me cria Mrs. Wallace.
Il était temps de mettre les voiles, car la rencontre sportive, d'anthologie, allait commencer.
C'est à ce moment qu'une main me toucha l'épaule gauche. Je me retournai, bien entendu, sur ma gauche, pour y découvrir… personne.
« - Jeune homme, vous regardez du mauvais côté… »
Je tournai la tête à 180 degrés, pour y découvrir le regard amusé d'un grand-père, bizarrement affublé, avec des lunettes en forme de demi-lune, une barbe qui ferait rougir n'importe quel Père Noël, et des vêtements que l'on ne trouverait pas, même chez le pape de la mode.
A côté de lui se trouvait un garçon, pas beaucoup plus jeune que moi, début vingtaine. Ce qui me marqua tout d'abord, c'était la présence de cicatrices, très révélatrices pour moi, puisque j'arborais les mêmes sur mon corps.
Un lycan, pensai-je.
Mais l'urgence n'était pas là.
Cette fois-ce, ce fut Mr. Wallace qui se déplaça.
« - Enfin, Andrew, on n'attend plus que toi. Même les enfants ont été plus rapides… »
Choix cornélien à faire.
Ou bien je faisais ce à quoi je m'étais préparé : aller voir ce match d'anthologie, avec ma famille de substitution qu'était les Wallace.
Ou bien je restais parler à ces deux hommes, sortis de nulle part, mais sûrement pas pour rien.
C'est dans ce quart de seconde où j'ai pris ma décision que ma vie a basculé.
« - Allez-y sans moi. Je vous rejoindrai après. Ne vous inquiétez pas pour moi. »
Les petits démons tiraient tellement sur les jupes de leur mère pour la presser de s'en aller, que les Wallace n'ont pas demandé leur reste. Quel imbécile j'étais, pensaient-ils sûrement. Mais pour rien au monde, je trouvais plus intéressant ces deux inconnus, par rapport à un jeu où l'on savait tous que l'esprit « sport » avait disparu : œil pour oeil, dent pour dent était la règle.
« - Messieurs, vous désirez… ? »
« - Discuter quelques instants avec vous. Mais je me sentirai coupable si je devais vous faire rater cet évènement qui rend tout le monde un peu barjo j'ai l'impression… »
Je restais méfiant. J'avais la certitude qu'ils étaient sorciers, comme moi. Le style vestimentaire, surtout.
Et puis il y avait aussi les paroles de ma mère, concernant un grand sorcier, du nom d'Albus Dumbledore, qui avait combattu, et vaincu un terrible mage noir. Elle me le contait. Elle me disait que c'était une jolie histoire. Mais je voyais bien ses yeux briller à l'évocation de cet « Albus ». J'en déduisais donc qu'il avait réellement existé.
Mais je n'avais jamais imaginé me retrouver devant un homme, qui correspondait en tout point à la description que me faisait ma mère.
A côté de lui se trouvait ce jeune homme, timide, réservé, un comportement qui tranchait avec celui exubérant de Dumbledore.
Ce garçon m'intriguait. Il me semblait l'avoir déjà rencontré auparavant. Dans une vie antérieure peut-être. Pourtant, il y avait quelque chose qui me dérangeait chez lui. Une tension entre nous… Au premier coup d'œil, nous avions remarqué que nous étions tous deux lycans. Cependant, il manquait quelque chose, une information… Je n'arrivais pas à saisir tout ce que la vue de ce garçon provoquait en mon être.
Ce que je vais reporter ici est la conversation qui a eu lieu entre nous trois.
« -Quel malpoli je fais ! Je ne me suis pas présenté : Albus Dumbledore, directeur de l'école de Sorcellerie de Poudlard, en Ecosse. Ne t'inquiète pas si tu me trouves un peu fou, c'est l'avis du Ministère… »
Je n'ai donc pas faux. C'est bien le plus grand sorcier de tous les temps qui se trouve devant moi.
« -… et voici Remus Lupin, un ancien élève de Poudlard. Que dis-je, un brillant élève ! »
Ce dénommé Lupin me salue d'un signe de tête et tend un main, striée de cicatrice. Je la lui serre, tout en pensant comment réchauffer cette atmosphère glaciale, malgré la présence d'un Albus jovial.
« - Enchanté. Monsieur le Directeur, je n'étais pas un si bon élève, j'apprenais juste mes leçons, et bien d'autres m'ont surpassé aux Aspics… »
Aspics ? La vipère ? Ca y est, je commence à perdre le fil…
« - Toujours aussi modeste, Remus. Et voici… »
« - Andrew Beckett. Précepteur de la famille Wallace. »
J'ai dit ça d'une voix plus froide que je ne l'aurais voulu.
« - J'aimerais juste savoir que me vaut l'honneur de votre visite, monsieur Dumbledore. Je suis également sorcier, et votre nom ne m'est pas inconnu. »
« - Je sais que tu t'es retiré du Monde Magique – plus par obligation que par désir, je le reconnais – et si tu veux ne plus en entendre parler, libre à toi de me dire d'aller voir ailleurs, je ne m'en offusquerai pas. »
« - Vous venez juste de me faire rater la plus belle rencontre de rugby qui puisse avoir lieu sur le sol britannique, et vous me dites dans le même temps que vous pourriez partir, comme ça, comme une fleur. Oh non… Vous êtes là, alors vous aller m'expliquer bien gentiment qu'est-ce que vous me voulez, car comme vous l'avez judicieusement rappelé, on m'a foutu à la porte du Monde Sorcier, et personne n'est venu me voir pour me demander de rester ! »
« - Désolé monsieur Beckett de vous avoir fait rater votre match. J'avais demandé à monsieur le Directeur de venir un autre jour mais… »
Je vois Albus lever les épaules, en disant « Bah, de toute façon, il fallait bien que cela arrive un jour ou l'autre… »
« - Je désirai ardemment vous rencontrer. Une nouvelle fois. Puisque il y a déjà 14 ans, nous nous sommes croisés un soir de Pleine Lune… »
Dix tonnes viennent de s'écraser sur moi. Une nuit d'horreur. Tous les souvenirs me reviennent en mémoire, d'un coup, sans progression. Tous mes efforts pour sauver un jeune garçon de mes crocs de loup-garou étaient revenus en l'espace d'une seconde.
Je me revois en train de baisser ma garde face à un Fenrir Greyback épuisé mais pas repu de chair fraîche. Le sang qui coule, alors que je m'étais juré qu'il n'arriverait rien à ce gamin…
« - Vous allez bien monsieur ? »
J'ai la tête qui tourne à cause de ce flot ininterrompu d'images qui défilent sans cesse. La douleur prend le pas. Je ne sais plus quoi penser. Je suis dans un brouillard total. Ce jeune homme a sûrement toutes les raisons de me détester, j'ai pourri sa vie, en ne le protégeant pas, ou du moins pas assez. Il est là, aujourd'hui, pour me punir.
Qu'est-ce que je raconte ? Je ne sais plus ce que je dis. Je suis en plein délire.
Jusqu'à un trou noir dans ma mémoire.
Je me réveille. Je suis allongé par terre. Remus Lupin est agenouillé à coté de moi, tout comme Dumbledore, qui me tient la main, en me disant « Andrew, est-ce que tu m'entends ? Réponds, fais un signe. »
Un malaise. Malgré la chaleur, je dois chercher la cause ailleurs. Je ne serais pas étonné d'avoir une migraine de feu de dieu ce soir. Mais pour l'instant l'essentiel réside dans le fait qu'il faut que je me réoriente. Je suis un peu perdu.
« - Désolé Monsieur ! Je ne voulais pas vous importuner. Je …je suis vraiment désolé… »
« -Ce n'est rien… Juste de mauvais souvenirs qui revenaient… »
Je me masse le crâne, et je me rends compte que j'ai dû les prendre par surprise, puisqu'une belle bosse est en train de se former.
Mais avant toute chose, rétablir la vérité.
« - Remus, c'est cela. Avant de dire quoique ce soit, j'aimerais juste vous signifier que je ne suis pas celui qui vous a mordu. Il s'agit de… »
« - Fenrir Greyback. Je sais. Je sais que ce n'est pas vous. D'ailleurs, j'aurais voulu si… si cela ne vous dérangeait pas… reparler de … de cette nuit. »
« - Oh… »
Je ne trouve rien de plus intelligent à sortir. J'ai refoulé des pans entiers de mon existence au fin fond de ma mémoire, en espérant de n'avoir jamais à y retoucher. Pourtant, cela ne me dérange pas de revenir sur cet épisode.
Cela est sûrement dû au fait que ce jeune homme paraît en relative bonne santé – mentale et physique – et donc que je ne me sente pas coupable ou bien responsable d'avoir pourri sa vie à tout jamais.
« - Messieurs, je vais vous laisser quelques instant seuls, car je vois là-bas un glacier qui m'a tout l'air d'être excellent – vu le nombre d'enfants qui s'y pressent. Je suis sûr qu'il vend des sorbets citron… »
C'est ainsi que nous avons parlé avec Remus Lupin.
Aujourd'hui, dans la dernière édition du livre que vous lisez, son nom est écrit noir sur blanc, car sa nature ayant été révélée au grand jour à la suite de son année de professorat à Poudlard – dont, d'après tous les échos me parvenant des élèves, a été excellente –Remus Lupin a désiré ne plus être caché au public, et assumé pleinement sa condition, et sans en être fier, vivre avec.
Si jamais cela vous dérange, allez voir ailleurs, le monde s'en portera mieux.
Mais, si, au contraire, vous désirez savoir, continuez la lecture…
Ainsi, nous avons passé l'après-midi à parler, à parler, et encore à parler.
De tout. De rien.
Mais pas vraiment de cette nuit tragique.
Quelques astuces du vieux brisquard que je suis à propos des transformations, des potions tue-loup, des excuses valables auprès des employeurs. Tout un tas de choses « pratiques ».
La conversation s'est poursuivie tard dans la soirée.
Nous n'avons pas revu Dumbledore.
Naturellement, nous avons pris notre repas, à la table même autour de laquelle nous nous étions rencontrés quelques heures auparavant. Rien n'arrêtait nos paroles. C'était un véritable échange.
Quand nous nous sommes arrêtés, ce n'était pas faute d'idées, mais par fermeture dudit restaurant. Il était déjà tard.
Nous sommes tous les deux repartis vers notre destin.
Nous ne nous sommes recroisés que quelques fois, toujours par hasard, toujours avec cents mille choses à nous raconter, sans en ayant matériellement le temps.
Mais pour l'instant, je regagnais ma chambre, mon lit, dans l'hôtel où s'étaient installés les Wallace, la tête pleine de bonnes choses, sans regret, sans rancœur, sans remord.
Le souvenir de cette nuit qui me hantait s'était apaisé, et cela m'avait redonné confiance en moi.
Je ne le savais pas encore, mais c'était une véritable révolution qui avait eu lieu.
Bizarrement, je n'ai jamais regretté d'avoir raté cette rencontre historique. Pourtant, il y avait de quoi, si j'en croyais les cris des enfants, à l'évocation de ce match.
Le surlendemain, je laissais sur le bureau de Mr. Wallace ma lettre de démission. J'avais en vérité ouvert les yeux. Vivre en étant loup-garou était possible. Remus Lupin en était l'exemple même. Il avait même eu le droit de suivre l'enseignement ô combien renommé et réputé de Poudlard.
Alors, déjà 30 ans au compteur, mais les rêves toujours aussi présents, je repartais, mon baluchon sur l'épaule, direction Londres, et un endroit nommé « Le Chaudron Baveur », où je retrouverais un dénommé Tom, légèrement difforme mais très gentil – de toute façon, les handicaps, je connaissais, et je m'en fichais complètement – qui me permettrait de revenir dans un monde qui m'avait fermé les portes au nez – mais que j'allais rouvrir quoi qu'il m'en coûte. J'avais bien noté qu'il fallait absolument passer par l'échoppe de Florian Fortarome, meilleur glacier de tous les temps.
Je désirais connaître le bonheur, la joie, la félicité, et rien de ce que j'avais pu vivre jusque-là ne me préparait à un tel évènement. Pourtant, je croyais que la rencontre que j'avais vécue quelques jours auparavant constituait une apogée.
Je me trompais.
Mais le bonheur était au rendez vous.
Merci de m'avoir suivie jusque là...
