Le lendemain matin, Cynthia reçut la visite de James. À son grand désespoir, car elle devait passer retrouver John à l'appart de Stu. Elle était en train de se préparer dans sa chambre, lorsque Jimmy entra sans frapper. Cynthia sursauta et laissa tomber le chandail qu'elle tenait à la main.

« T'es nerveuse dis-donc » rigola Jimmy.

Elle sentit le rouge lui affluer aux joues.

Évidemment qu'elle était nerveuse. Elle se préparait à aller retrouver son amant… non elle n'aimait pas ce mot, mais alors comment appeler John ? Bref, elle se préparait à aller rejoindre John et probablement que le plus clair du temps qu'ils passeraient ensemble, ils le passeraient dans un lit, alors oui, elle avait raison d'être nerveuse.

« Non, ça va » se contenta t'elle de répondre.

Jimmy s'approcha, pendant que Cynthia enfilait un chandail noir ajusté.

Son regard fut attiré vers le bureau de Cynthia. La jeune femme se demandait ce qu'il regardait à ce point et elle suivit son regard. La veille, Stu lui avait donné un paquet de cigarettes et il reposait maintenant à la vue de tous, sur son bureau. À quoi avait-elle pensée de le mettre à cet endroit ? Si sa mère l'avait trouvé…

« Qu'est-ce que tu fais avec ça ? » demanda brusquement James en brandissant les cigarettes.

« C'est Stu qui me les as donnés » répondit-elle sans même réfléchir.

« Merde » ! se dit-elle.

Maintenant la question fatidique.

« Qui est Stu ? »

« C'est un étudiant des Beaux-Arts » le renseigna Cynthia sans mentir.

Après tout c'est avec John qu'elle avait couchée, pas avec Stu.

« Tu ne m'as jamais parlée de lui » observa James, l'air de rien.

« Ah non ? » lança innocemment la jeune femme.

« Non. »

« Y'a pas grand-chose à en dire tu sais. On se voient de temps en temps. À l'école » s'empressa t'elle de préciser.

« Je comprend toujours pas pourquoi il t'as donné un paquet de cigarettes. »

Cynthia soupira. James l'énervait de plus en plus.

« Écoute Jimmy, il n'y a rien à dire ok ? Ce ne sont que des cigarettes, ça va pas me tuer putain ! »

Elle avait élevée la voix, et s'efforça de retrouver son calme.

« N'en fais pas toute une histoire » reprit-elle.

« Je n'en fais pas toute une histoire. Seulement, j'ai l'impression que tu me caches quelque chose. »

Cynthia sentit une bouffée de nervosité s'emparer d'elle. Devait-elle lui avouer maintenant ? Elle ne se sentait pas prête et se demandait quand le bon moment viendrait.

Lorsqu'elle se pointa à l'appart de Stu une heure plus tard, John l'attendait impatiemment.

« Désolée, j'ai été retardée » s'excusa Cynthia.

« Par quoi ? » demanda négligemment John.

Cyn hésita à lui répondre. John ne savait probablement pas qu'elle avait un petit ami. Elle se risqua quand même.

« Euh… mon copain est passé me voir et… »

« Ton copain ? » la coupa John des éclairs dans les yeux.

« Merde, j'aurais mieux fait de me la fermer » se réprimanda Cynthia.

John avait l'air à la fois furieux, blessé et jaloux, et ça lui fit un peu peur.

« Je vais rompre avec lui bientôt, mais pour l'instant on est encore ensemble et il ne sait rien à propos de… de nous. »

Pendant qu'elle avait prononcée cette phrase, elle avait gardée les yeux baissés. Lorsqu'elle les releva vers John, elle vit qu'elle l'avait vraiment blessé. Et elle s'en voulut terriblement.

« John… » commença t'elle.

Il sortit finalement de sa torpeur et s'écria :

« C'est maintenant que tu m'annonces que tu as un copain ? Et moi je suis quoi pour toi ? »

Des larmes perlèrent aux yeux de Cynthia.

«John, je t'ai dit que j'allais rompre avec lui ! »

Il sembla se calmer un peu, mais sa jalousie n'était pas tout à fait estompée.

«Pourquoi tu ne m'a pas dit avant que tu avais un petit ami? »

« Parce que je ne voulais surtout pas penser à lui en étant avec toi. Je ne suis plus du tout amoureuse de lui. »

John la regarda une lueur d'espoir dans les yeux. Cynthia la vit et ajouta :

« Je crois que… que je t'aime. »

John s'approcha doucement d'elle et lui dit, murmurant presque :

« Moi aussi, je t'aime. »

C'était la première fois qu'il prononçait ses mots et ça lui faisait drôle. Jamais il n'aurait cru entendre ces mots sortir de sa bouche. Et pourtant, il l'avait dit. Et il le ressentait.

Cynthia l'embrassa passionnément et tout en lui rendant avidement ses baisers, John l'entraîna vers le matelas.

Cynthia était étendue sur le matelas, nue en-dessous des couvertures et elle grillait une cigarette lorsque Stu revint à l'appart. John était à la salle de bains.

« Hum, c'est torride par ici » lança t'il à Cynthia, tout en lui faisant un clin d'œil.

Pour toute réponse, celle-ci lui tira la langue.

Stu se départit de son manteau et prit place au bout du matelas.

« Tu sais que ça te va bien comme tenue » fit-il malicieusement en désignant la couverture qui recouvrait Cynthia.

« Arrête, tu me mets mal à l'aise. Et en plus, je suis dans ton lit, c'est un peu bizarre comme situation non ? »

Stu lui sourit.

« Surtout quand j'imagine tout ce que vous avez pu faire dans ce lit » se moqua t'il.

« J'espère que tu as beaucoup d'imagination, parce que tu en auras besoin pour savoir absolument tout ce qu'on a fait dans ton lit » dit John qui revenait de la salle de bains.

« John ! » lâcha Cynthia amusée.

« Tu veux que je rentre dans les détails ? » demanda joyeusement John.

« Fais ça et je te jure que je t'arrache les yeux ! »

« Tu n'oserais pas. Et oublierais-tu que tu es nue sous les couvertures belle blonde ? »

« D'accord, tu as gagné » capitula Cynthia.

John lui fit un sourire resplendissant et vint la rejoindre sur le lit. Cynthia éteignit sa cigarette dans le cendrier posé par terre et dit :

« Je vais devoir partir, j'ai des trucs à faire. »

« Des trucs plus intéressants que moi ? »

« Non, mais je dois aider ma mère a organiser le réveillon de ce soir. Et crois-moi ça ne me passionne pas, mais je dois le faire. »

John fit une mine déçu et Cynthia lui plaqua un baiser sur les lèvres.

« Ça t'ennuierait de te retourner un instant ? » demanda t'elle à Stu. « Je dois remettre mes vêtements » expliqua t'elle.

« C'est vraiment nécessaire ? » la taquina Stu.

« Tu ne te rinceras pas l'œil Stu tu m'entends ? » répliqua John.

« Bon, bon très bien » fit le garçon tout en se retournant. « Si on peut plus blaguer… » poursuivit-il narquois.

Pendant ce temps, Cynthia s'empara de ses vêtements près du lit et s'habilla en quatrième vitesse.

« C'est bon tu peux te retourner maintenant » lança t'elle à Stu qui s'exécuta.

Puis elle enfila son manteau et s'avança ensuite vers John. Elle l'embrassa tendrement.

« Est-ce que je dois me retourner encore une fois ? » grogna Stu entre ses dents.

John et Cyn mirent fin à leur baiser.

« Je dois vraiment y aller » dit la jeune femme.

« Je t'appellerai » fit John.

Cynthia se souvint soudain qu'elle avait donnée son numéro de téléphone à John le premier soir. Sans trop y penser apparemment. Car si c'était sa mère qui décrochait, elle aurait droit à un questionnaire en règle, à savoir qui était ce garçon et s'il était recommandable. (Ce que John n'était sûrement pas d'après Lilian Powell.)

Oh et puis pourquoi Cynthia s'en faisait-elle autant à propos de sa mère ? Elle en avait marre. Elle pouvait mener sa vie comme elle l'entendait. Et elle le ferait. À partir de maintenant. Aussitôt arrivée chez elle, elle romprait avec James, c'était décidé.