CHAPITRE UN.

— Un bol de ramen ?

La petite fille âgée de douze ans regarda l'homme de manière incrédule, mais baissa la tête instantanément lorsqu'elle vit qu'elle n'avait pas un sous en poche. Le vendeur lui, avait souri chaleureusement en balayant ses incertitudes d'un revers de la main, lui faisant comprendre qu'elle n'avait pas besoin de payer quoique ce soit. A cette invitation, son visage s'illumina alors qu'elle prenait place de manière énergique, sur l'une des places où autrefois, elle contemplait les jônin du village savourer leur ramen. Quelque minutes plus tard, Ichiraku lui apporta le bol de nourriture accompagné d'un sourire chaleureux bien à lui.

Mais alors qu'elle s'apprêtait à savourer ce qui lui était dû, elle entendit un brouhaha non loin d'elle, reconnaissant parfaitement le responsable de ce carnage.

— Encore ce satané naruto ! Chiro, je t'interdis de traîner avec lui. Cracha une femme de manière virulente en s'adressant à celui qui s'avérait être son fils.

Kyara étira un rictus amusé. Elle n'avait jamais parler à ce fameux Naruto, mais elle devait bien avouer que ce dernier attisait sa curiosité. En même temps, il foutait le bordel dans tout le village et n'en faisait qu'à sa tête, au final il n'était pas si différent que ça. La châtaigne avait bien remarqué que ces bêtises étaient un moyen d'attirer l'attention des villageois, que cela soit positif ou non. En l'observant, elle avait ressenti cette profonde solitude qu'il endurait, il n'avait pas de parents et personne qui ne l'attendait à la maison. Il était livré à lui-même et personne ne cherchait à le sermonner de manière bienveillante. Elle comprenait totalement ses agissements surtout en tant qu'étrangère du village.

Parce que oui, Kyara n'est pas née à Konoha. Cette dernière est issue d'un petit village non loin du pays du feu, exclusivement composé de samouraïs comme combattants. Elle est arrivée au village à l'âge de huit ans, sans vraiment comprendre pourquoi d'ailleurs. Le hokage lui avait expliqué brièvement ses liens avec Konoha et ses capacités pour devenir une kunoichi talent, et Dieu sait à quel point elle s'en foutait. Mais quelque part, elle savait à quel point son aversion pour le système ninja était énorme. Son clan a été bafoué et renié par ces mêmes ninjas, parce que non seulement les Adkey n'étaient pas des ninjas mais qui plus est, leur valeur et leur règles s'opposaient totalement à celle de ces derniers.

Le tristement célèbre Kaido, avait été l'un des samouraïs les plus puissants et craints de son clan. En plus d'être une étrangère, ce fameux samouraï s'avérait être son père. Par le passé, celui-ci avait affronté énormément de ninja de Konoha. Il ne se ralliait à personne, il se battait seulement pour le plaisir du combat, c'était une distraction comme une autre mais beaucoup plus palpitante pour lui. Ses idées et sa philosophie étaient celles de la liberté , personne ne dictait sa conduite. C'était un homme qui était toujours en vadrouille, il ne s'impliquait pas dans les conflits et les guerres et criait ouvertement à qui voulait bien l'entendre son aversion pour le monde ninja et son cycle de haine.

Malheureusement, tant sa haine était indélébile pour les ninjas, il fallait que son cœur flanche et désire ce qu'il avait toujours détesté. C'était sa mère, Kana Uzumaki. Voilà pourquoi elle se retrouvait maintenant entre les mains des ninjas. Elle a été contrainte de revenir au source, là où sa défunte mère était née. On lui avait raconté que sa mère était en fait, la sœur de Kushina Uzumaki, la femme du hokage 4ème du nom. Et bien sûr, elle devait rester dans la confidence, elle avait prêté serment en ce sens.

Kyara avait une peau hâlée et des yeux ambrés, elle était brune tout comme son père, mais avait tous les traits de sa mère, son regard en amande, son nez fin et ses lèvres pulpeuses. Son caractère, elle ne savait pas de qui elle l'avait vraiment hérité. Kyara était la définition même du terme « je m'en foutiste » elle passait son temps à dormir et jeter des cailloux sur la tête des villageois, elle était franche et directe et un peu bourrine sur les bords. Malgré tous ses défauts, cela ne faisait pas d'elle une fille mauvaise, bien au contraire. Derrière ce caractère grossier se cachait un grand cœur et une très grande sensibilité pour son environnement.

Sa sociabilité dépendait du type de personne qu'elle côtoyait, en fait elle ne cherchait pas spécialement à se faire des amis à l'académie parce qu'elle savait très bien qu'elle était considérée comme une étrangère. Sa mère adoptive lui avait transmis une belle éducation et de très bonnes valeurs, voilà ce qui l'avait poussé à penser qu'on ne jugeait pas une personne pour ce qu'elle représentait aux yeux des autres, mais bien en cherchant à apprendre à connaître celle-ci. Et c'est exactement ce que faisaient ses camarades, il la jugeait et se permettaient de se faire une image d'elle pour ce qu'elle laissait paraitreet non pour qui elle était vraiment. De cette façon, elle ne voyait pas l'intérêt de chercher à faire copain-copain avec eux.

Néanmoins, une personne faisait exception à la règle, il s'agissait bien évidemment de Naruto Uzumaki.

Elle finit son bol de ramen en réfléchissant à ce qu'elle allait faire par la suite, peut-être aller dormir sur les toits comme à son habitude, où aller s'entraîner. Mais une idée beaucoup plus intéressante lui vient à l'esprit, et si elle allait directement s'adresser à lui ? Elle savait qu'elle n'avait aucun tact et sûrement qu'il allait fuir quand il allait voir le spécimen qu'était Kyara. Néanmoins, elle pensait déjà à devenir amie avec lui, en tout cas elle ferait son possible pour créer des liens avec ce garçon que tout le monde rejette.

Elle remercia Ichiraku en sortant du stand de nouille en regardant autour d'elle. Elle chercha le blond perturbateur du village des yeux, et comme elle le pensait, ce dernier était en train de sauter de toits en toits avec ses fameux pots de peinture. D'un coup, une idée de génie lui vint en tête.

— Eh toi là ! s'adressa-t-elle à Naruto durement.

Ce dernier s'arrêta en chemin, troublé de se faire sermonner par quelqu'un de son âge, il ferma les yeux en tirant une mine renfrognée.

— Lâchez moi la grappe, comme si les adultes ne suffisaient pas !! Répliqua-t-il.

Elle étira un sourire malicieux, il fallait bien reconnaître qu'elle le trouvait vraiment drôle ce type.

— Qu'est-ce que tu racontes, allez passe-moi un de ces seaux de peinture, le boulot va être plus efficace en duo ! Rit-elle en le rejoignant sur le toit.

Naruto écarquilla des yeux et sentit une émotion inconnue l'envahir, ce qu'on pourrait définir comme de la joie mêlée à de la surprise. C'était la première fois qu'on daignait lui adresser un sourire et surtout qu'on lui faisait une demande pareille.

— Ah euh mais t'es qui au juste ? demanda-t-il en balbutiant, refusant de croire que cette situation était réelle, il redoutait qu'elle ait des intentions mauvaises, comme tous les habitants du village d'ailleurs. C'est sur que c'est quelqu'un qui t'envoie, me prend pas pour un idiot !

— Ouais ouais si tu l'dis, soupira- t-elle en souriant. Si tu veux savoir, ça fait un moment que tu attires mon attention, toi et moi on va bien s'entendre. Elle prit le pot de peinture des mains de Naruto qui l'observait toujours de manière incrédule. Tu sais quoi ? on s'en tape du regard des autres, je te propose qu'on vive comme on l'entend et que même si le monde est contre nous, on va imposer notre existence et crier au monde notre liberté.

Elle rit de plus belle en prenant la main du blond.

— Allez viens Naruto ! On a des bâtiments à retaper.

Elle sauta du toit accompagnée de l'hôte de Kyubi alors que ce dernier affichait toujours ce regard déstabilisé par la situation. Il observa celle-ci tandis que l'air fouettait leurs visages.

— J'm'appelle Kyara !

— Et moi Naruto ! Réplique le blond en retrouvant sa bonne humeur.

Elle pouffa.

— Je le sais crétin ! Qui ne te connaît pas dans ce village sérieux ?

— Mais tes parents vont te gronder non ? dit-il en affichant une soudaine mine triste. En plus tu me suis dans mes bêtises...

— Eh là j't'arrête tout de suite, j'mange pas de ce pain là. Dit-elle en fronçant les sourcils, elle dériva son regard droit devant elle. Écoute Naruto, je ne te connais pas particulièrement et j'ai effectivement entendu des rumeurs à ton sujet. Cependant, je n'ai pas eu la réaction attendue quand on m'a vendu le « démon » que tu étais. Bien au contraire, cela m'a poussé à vouloir te parler, à vouloir me faire mon propre avis, en apprenant à te connaître de moi-même.

Elle s'arrêta à ses côtés sur l'immense pierre gravée du visage de quatrième du nom.

— Tu sais, c'est la première fois qu'on me dit ça. Dit Naruto, ne se privant pas de lui montrer qu'il était profondément touché. Je sais pas trop expliquer ce que je ressens là mais je sens comme une chaleur au niveau de ma poitrine. Dit-il en riant nerveusement. Ton regard est différent des autres c'est étrange. Finit-il par dire, affichant toujours ce sourire hébété mais lumineux.

— Tu as un rêve Naruto ? Dit-elle après un petit blanc de silence, installé côte à côte admirant la vu de tout le village.

— Oui ! Je veux devenir Hokage De cette façon, ils seront tous obligés de reconnaître ma valeur. Dit-il fièrement, mais au fond de lui, il redoutait sûrement les moqueries de la brune.

— Je te crois Naruto, tu deviendrais le plus puissant des hokage j'en suis sûr. Posa-t-elle sérieusement.

— Hein, tu veux dire que tu me crois ? S'étonna-t-il, se levant.

— Bien sûr que je crois en toi. Je ne doute pas de tes paroles. Dit-elle avec sincérité.

La brune lui affichait un sourire malicieux. Naruto grimaça et laissa ses larmes couler en reniflant, elle rit de bon cœur.

— T'es un pleurnichard en fait.

— Bien sûr que non ! S'indigna-t-il, je suis Naruto Uzumaki, le futur hokage de ce village !

— Je n'en doute pas... mais j'ai une requête à te faire, si tu le veux bien.

— Euh quoi ? vas-y je t'écoute.

— Laisse-moi être ton bras droit.

— Hein ? Comment ça ?

— Je n'ai pas de motivation à proprement parler et je n'ai pas vraiment de considération pour devenir ninja. Commence t-elle. mais cependant j'ai toujours rêvé de suivre les traces de mon défunt père. Je veux faire honneur à mon clan persécuté à cause de leur appartenance. Depuis que je t'ai entendu parler, et malgré le fait que tu sois rejeté, tu cherches toujours à gagner la confiance de ces gens qui te méprisent tant. Je veux gagner leur confiance aussi, en prouvant qu'une samouraï du ce clan tant détesté a sa place parmi les ninjas.

Naruto l'écouta avec une profonde concentration, ce qui l'a mis en confiance pour continuer.

— J'ai toujours rêver d'être un samouraï aussi puissante que mon père. Elle regarda le ciel en souriant. Oui voilà, c'est ça mon rêve.

— Un hokage et une samouraï, c'est trop la classe ! Rit il en rougissant, heureux de partager son rêve avec cette personne, qui lui apportait quelque chose de nouveau dans sa vie solitaire.

Elle dirigea son poing vers le blond, qui ne comprenait pas ce qu'elle essayait de faire.

— Une fois que nos poings se seront touchés, nous officialiserons notre amitié et le début de notre périple pour atteindre nos objectifs.

« Notre amitié » Naruto venait de se faire une amie. Il était si heureux et n'hésita pas une seconde à répondre à sa demande.

C'était le début d'un long voyage qui les attendait, semé d'embûches et d'épreuves plus difficiles les unes que les autres, mais aussi, des liens indestructibles qu'ils feraient tout pour préserver.