Infiltration – Chapitre 6

C'étaient le dernier jour des vacances, et Mrs Weasley, avec l'aide de la tante Pétunia, préparait une fête, pour essayer de faire oublier les tensions.
Harry ne savait pas pourquoi, mais il avait le sentiment que quelque chose de nouveau se tramait dans l'ombre, quelque chose qu'ils devraient tous affronter à Poudlard, et dont l'issue changerait leur monde. Depuis plusieurs nuits, il rêvait d'une silhouette encapuchonnée qui se déplaçait dans la Forêt Interdite, puis qui disparaissait, comme si elle était devenue invisible.
Il supposait que ce devait être Voldemort, mais il n'en était pas sûr. Il n'apercevait pas le visage de la silhouette, puisque il ne la voyait que de dos. En tout cas, Voldemort ne pourrait certainement pas voyager librement dans la forêt sans être repéré. Dumbledore avait dû placer suffisamment de protection. Et puis, ce n'était qu'un rêve ; un rêve récurrent, mais un rêve quand même.
Depuis la mort de Sirius, et la manière dont Voldemort l'avait manipulé, il se méfiait de ce qu'il voyait dans ses rêves. Bien sûr, il s'entraînait parfois à l'occlumencie, mais plus avec Rogue, avec le professeur Patinues, qui s'avérait tout aussi, voire plus, compétent que le terrifiant maître des Potions. Harry n'avait jamais rencontré un Sorcier si doué en tout comme Paulus Patinues, à part Dumbledore bien sûr. Il se demandait parfois, comment s'était, l'enseignement de la Sorcellerie aux Etats-Unis. Il avait posé la question à son professeur, mais ce dernier n'avait rien voulu dire. Il réagissait un peu comme Karkaroff et Mrs Maxime, quand on les interrogeait sur les secrets de leurs écoles.
Quelqu'un toqua à la porte, le faisant sortir de ses pensées.
- La traîtresse à son sang demande au maître s'il a fini de ranger ses affaires, pour aller dîner, fit Kreattur en surgissant dans la chambre d'Harry.
- Ne l'appelles plus comme ça, dit Harry en se levant. Elle, elle mérite de vivre.
Il se dirigea vers l'elfe de maison. Kreattur pouvait voir à travers les lunettes d'Harry, un regard empli de haine, et il prit peur en voyant les mains de son maître se tendre vers son cou. Harry se mit à le serrer de toutes ses forces. Kreattur étouffait.
- Maître…, supplia-t-il en suffoquant, … arrêtez, Kreattur ne le dira plus, … je… je…
- Toi, tu mérites la mort, fit Harry, d'un ton glacial, en souriant.
On toqua à la porte, et le professeur Patinues entra. Il se figea devant le triste spectacle qui s'offrait à sa vue.
- Harry, mais que faites-vous ?
- Je… je ne sais pas, répondit-il en relâchant son étreinte. Je ne comprends pas ce qui m'a pris de faire ça.
- Le maître a voulu tuer le pauvre Kreattur, cracha ce dernier en se massant le cou. Il est aussi fou que mon ancien maître.
Sous l'impulsion de l'insulte faite à son oncle, Harry tenta de se jeter à nouveau sur l'elfe de maison, qui fit un bond en arrière, mais Patinues le retint.
- Tu dois te contrôler, jeune Potter. La violence ne résout jamais rien.
- Je ne pourrai jamais pardonner ce qu'il a fait.
- Je sais Harry, je suis au courant de tout, et je te comprends. Ta colère est justifiée, mais si tu le tues, tu deviendras pire que lui.
- Je… je n'avais pas vu les choses comme ça.
- Eh bien, réfléchis-y. la colère et la haine ont changé bien des gens, dit-il avec sagesse.
- Voldemort, fit Harry, ce qui fit frissonner Kreattur.
- Lui parmi tant d'autres. Vois-tu, dit Paulus, c'est dans la nature de l'Homme.
- Mais, il y a des gens bien, rétorqua Harry.
- Je n'ai pas dit le contraire, mais ils sont moins nombreux… Enfin, arrêtons de philosopher, Molly doit nous attendre pour le repas.
- Heu, vous… vous ne direz rien pour ce que j'ai fait ?
- Ne t'inquiète pas, je serais muet comme une carpe. Et si tu veux que les autres soient au courant, je préférerais que ce soit par ta bouche.
- Merci professeur.
Ils descendirent à la cuisine, et se retrouvèrent face à un immense buffet garni. Mrs Weasley et la tante Pétunia n'avaient pas fait dans la simplicité. Dudley rodait déjà du côté des gâteaux, tout en regardant amoureusement Hermione, qui rigolait avec Ginny et Tonks. Ron se servait en charcuterie, pendant que l'oncle Vernon tentait d'ajouter une cuisse dans son assiette de poulet à son assiette, trop remplie. Finalement il renonça, et alla s'asseoir en se plaignant que les assiettes étaient minuscules. Maugrey reniflait le contenu de son verre, sous le regard exaspéré de Mrs Weasley.
- Voyons Alastor, je ne l'ai pas empoisonné.
- Vous, peut-être, répondit-il, mais on n'est jamais trop prudent.
Mrs Weasley leva les yeux au ciel.
- Ah, Harry ! Je ne t'avais pas vu, tout va bien ?
- Oui.
- Installe toi, je t'ai préparé une assiette.
Ce fut l'une des meilleures soirées qu'il passa, et ils veillèrent tard. Maugrey avait passé la soirée à leur raconter comment il avait capturé certains Mangemorts, ce qui n'avait pas intéressé l'oncle Vernon, qui avait discuté avec Patinues, le seul Sorcier du manoir qu'il trouvait relativement normal, ou plutôt, moins étrange que les autres.

Le lendemain, ils ne se levèrent pas en avance. Le temps de s'habiller et de manger s'ajoutant, ils partirent vers 10h15 pour se rendre à la gare. De plus, la tante Pétunia, avait tenu à les accompagner. Le trajet s'effectua sans le moindre problème, sous la vigilance de Maugrey, Lupin, Tonks et Patinues, qui prendrait également le train pour se rendre à Poudlard.
A la gare, ils traversèrent le passage, et arrivèrent sur la voie 9 ¾. Il y avait déjà du monde, et Harry reconnut plusieurs membres de l'A.D. qui le saluèrent. Ils rangèrent leurs valises et les cages d'Hedwige et de Coq dans un wagon, et retournèrent sur le quai. Le moment de se dire au revoir arriva bien vite, et c'est à cet instant que la tante Pétunia l'agrippa.
- Harry, je… je voulais te souhaiter bonne chance.
- Merci, fit-il en souriant.
- Et s'il te plait, ne fais rien d'irréfléchi, je ne voudrais pas te perdre, dit-elle, une larme au coin des yeux.
- J'essaierai, mais généralement, les ennuis viennent à moi.
- Alors, tes professeurs seront là pour te protéger.
Elle le serra alors dans ses bras, et Harry lui rendit son étreinte.
- Alors, bébé Potter dis au revoir à sa famille, fit une voix derrière eux.
Harry se retourna, et vit un garçon blond au nez pointu et aux yeux bleus. Drago Malefoy.
- Alors, tu as réussi ton examen de passage ? demanda Harry.
Drago rougit, et ne répondit rien, ce qui était rare quand on l'agressait verbalement.
- Ta mère a gagné son procès contre Ombrage, ou elle a encore perdu une partie de votre fortune ?
- Va te faire foutre, Potter, dit-il en s'éloignant, rouge de honte d'avoir ainsi été humilié devant une Moldue.
- Il n'a pas l'air de beaucoup t'apprécier, remarqua la tante Pétunia.
- C'est réciproque, fit Harry en suivant Malefoy du regard.
La tante Pétunia se pencha, et l'embrassa sur la joue, puis elle alla dire au revoir aux autres pensionnaires du manoir Black, qui retournaient à Poudlard. Harry, lui, salua les personnes qui retourneraient au manoir, une fois le train parti.
Onze heure précise, le train démarra. Harry fit signe une dernière fois aux gens sur le quai, et il ne put s'empêcher de voir sa tante, soutenue par Mrs Weasley, qui pleurait. Il en eut mal au cœur. Les choses qu'elle lui avait révélées, avaient effacé la haine qu'il éprouvait à l'égard de sa famille d'adoption. Aujourd'hui, il pouvait voir sa tante avec un regard neuf, et elle renvoyait l'image d'une femme forte qui avait été anéantie par le meurtre de sa sœur, et qui se refusait de perdre son neveu. Chose, qui n'arriverait pas. Il était devenu plus fort, et comme l'avait dit sa tante, les professeurs seraient là pour le défendre à Poudlard.
Tout se passa bien, jusqu'à ce que Malefoy ne débarque dans leur wagon.
- Tiens, tiens, Potter et sa bande, lâcha-t-il.
- Dégage Malefoy, cracha Hermione.
- Ouh, on dirait que la Sang de Bourbe se rebelle, les gars.
Crabbe et Goyle éclatèrent de rire.
- Alors, tu passes en sixième, ou tu restes avec tes amis écervelés ? demanda Ron.
Les deux gorilles arrêtèrent de rire, et retroussèrent leurs manches.
- Pour ton information Weasmoche, je suis en sixième, dit Drago de sa voix traînante. Mais, il est vrai qu'eux sont toujours en cinquième.
Ils firent un pas en avant, leurs poings fermés, le regard menaçant. Harry se prépara à sortir sa baguette, et vit Ron et Hermione faire de même.
- Qu'est-ce qu'il se passe ici ? demanda une voix derrière eux.
Tous se retournèrent, et Harry aperçut Patinues.
- Je suis préfet, fit Drago, et moi je t'ordonne de retourner dans ton compartiment, et de nous laisser régler nos problèmes ensemble.
Harry, Ron et Hermione sourirent. Apparemment, Drago croyait avoir à faire à un autre élève.
- Préfet, vraiment ?
- Oui, répondit-il en montrant son badge. Et maintenant casse-toi, ou eux te jetteront dehors, ajouta-t-il en désignant Crabbe et Goyle.
- Tu es vraiment un petit insolent, mon garçon. Tu es peut-être préfet, mais moi, je suis professeur.
- Quoi ?!? s'étonna Drago.
- Tu es sourd ? Je suis professeur à Poudlard, alors tu as intérêt à te calmer. Lorsque nous arriverons au château, je parlerai de ton comportement avec ton directeur de maison. Maintenant, hors de ma vue, et vite.
Malefoy ne se le fit pas répéter deux fois, et disparut avec ses acolytes.
- Je fais si jeune que ça ? demanda Patinues.
- Quand même, répondit Ron en mordant dans un chocogrenouille.
- Au fait, fit Hermione, quel âge avez-vous ? Si ce n'est pas trop indiscret, s'empressa-t-elle d'ajouter.
- Pas du tout, j'ai vingt-cinq ans, dit-il en enlevant sa veste. Au fait, qui était ce morveux ?
- Drago Malefoy, répondit Harry. Il est à Serpentard.
- Malefoy… Malefoy, ce n'est pas sa mère qui voulait récupérer l'héritage de Black ?
- Si, et c'est son père qui a été enfermé à Azkaban au début des vacances.
- Chouette famille, donc.
Pendant le reste du trajet, ils parlèrent de tout et de rien. Hermione s'intéressait surtout au programme que Patinues allait suivre, mais ce dernier ne leur révéla rien, pour, disait-il, ne pas leur gâcher la surprise.
Après de longues heures, le train s'arrêta enfin et ils arrivèrent.