Infiltration – Chapitre 13

Un peu moins d'une demie heure plus tard, Harry revint, accompagné de Dumbledore, et de Maugrey, qui suivait difficilement, à cause de sa jambe de bois. Harry remarqua qu'il y avait plus de monde. Montero, le stagiaire de Métamorphose, était là, vêtu d'une robe de Sorcier d'un jaune éclatant, où l'on pouvait apercevoir sur les manches, les initiales G.S., ainsi que le minuscule Professeur Flitwick, qui couvrait sa bouche par un mouchoir. Louisa Weasley, quant à elle, pleurait toujours contre l'épaule de Rogue, qui lui tapota gentiment le dos, tout en ayant une mine stupéfaite. Harry supposa que c'est la première fois qu'une ravissante femme cherchait du réconfort auprès de lui… ou la première femme tout court.

Dumbledore s'approcha de McGonagall, qui fixait l'intérieur des appartements de Chourave.

Minerva, je n'arrive pas à y croire… comment est-ce possible ?

Elle se tourna vers lui, une grande tristesse dans le regard.

Voyez par vous-même, Albus, fit-elle en s'écartant. C'est horrible.

Harry en profita pour jeter un coup d'œil… et c'était effectivement horrible. Il y avait du sang sur les murs, et le corps de Pomona Chourave gisait sur le sol, à moitié dévoré. Ses yeux sans vie étaient ouverts, écarquillés par la surprise. À moins d'un mètre, Harry distingua une caisse en bois, celle qui avait été apporté la veille. Elle était ouverte et contenait une pot de fleur énorme, où se trouvait la créature la plus horrible sur laquelle il fut donné à Harry de poser les yeux. Au premier abord, cela semblait être une plante gigantesque, mais ce n'était pas que ça.

On dirait un croisement entre une plante et un serpent, lâcha Montero. C'est répugnant.

Je n'ai jamais rien vu de pareil, fit Maugrey. Je suis pratiquement sûr que cette créature ne devrait pas exister.

Pourtant, elle est là, murmura Dumbledore. Et comment est-elle arrivé ici ?

Oh mon Dieu, sanglota Louisa, tout est de ma faute ! Ce livreur, c'est moi qui l'ai amené ici, avec cette… chose.

Un livreur ? s'étonna McGonagall.

Il m'a… il m'avait dit avoir un colis pour le Professeur Chour… Chourave… j'ai signé les papiers…

Vous vous souvenez de l'expéditeur ? demanda Rogue, d'une voix douce, qui ne lui allait pas du tout. Cela nous aiderait beaucoup.

Je… je ne m'en rappelle pas… mais c'était inscrit, dit-elle entre deux sanglots, sur les papiers… je les avais posé là, sur son bureau.

Les papiers, comme purent le remarquer tout le monde, étaient bien sur le bureau… derrière la créature.

Je ne m'étais donc pas trompé, s'exclama une voix mystérieuse derrière eux.

Tous se retournèrent, et virent le Professeur Trelawney, qui venait d'arriver. Elle les regarda à travers ses lunettes aux verres immenses.

La mort m'a guidé jusqu'ici.

Vous ne devez pas donner cours Sibylle ? demanda McGonagall, déjà agacée par la présence de la « voyante ».

Non, Minerva, cette semaine c'est le Centaure qui assure les cours… et vous ?

Nous avons envoyé Rusard s'occuper de nos classes, fit Flitwick de sa petite voix. Il les surveille dans la Grande Salle.

Vous ne le saviez pas, Sibylle ?

Cette dernière ne répondit pas, et se mit à triturer ses nombreuses bagues. Maugrey se décida alors à aller chercher les papiers. Par précaution, il lança un sort pour pétrifier la créature et pour être encore plus en sûreté, il longea les murs, baguette à la main.

Tout se passa alors très vite, la créature bougea, et sa tige/son corps se propulsa vers Maugrey. La créature ouvrit une gueule remplit de dents acérées, et s'effondra sur le sol, comme une masse. Rogue venait de lancer un Avada Kedavra.

Je crois que je vous dois la vie, marmonna Maugrey, en donnant un coup dans la créature, pour vérifier si elle était bien morte.

Je tacherai de ne pas l'oublier, lâcha son sauveur.

Tout danger étant écarté, Dumbledore rentra à son tour dans la pièce. Maugrey prit les papiers sur le bureau, et remarqua que la baguette de Chourave se trouvait là également.

Elle aurait dû être plus prudente, il faut toujours avoir sa baguette à portée.

Je ne crois pas qu'elle lui aurait été utile, cette chose a résisté à votre Stupéfix, lui fit remarquer Dumbledore.

Il faudrait l'envoyer au Ministère, pour l'étudier… alors d'où viens-tu ? dit Maugrey en parcourant les papiers. Ah, voilà : Institut National de Botanique, Service des Plantes, dirigé par le Professeur Pamela Ivy.

Services des Plantes ? s'étonna McGonagall. Je ne savais pas que ça existait.

Ça n'existe pas, lui confirma Maugrey. Et je suppose que cette Pamela Ivy n'est également qu'une invention. J'enverrai Kingsley Shakelbot enquêter à l'Institut.

Derrière eux, les sanglots de Louisa reprirent de plus belle.

Oh… mon Dieu… ça n'exi… n'existe pas ?… Je suis vraiment… stupide… je…

Vous n'êtes pas d'ici, fit Montero, tout comme moi. Je me serais fait avoir aussi je crois.

Ce jeune homme a raison, belle enfant, fit Maugrey en lui souriant, ce qui n'avait rien de réconfortant. Je vais cependant devoir vous interroger, pour essayer de savoir à quoi ressemblait ce livreur.

Pas de… pas de problème, articula-t-elle avec difficulté.

En attendant, vous pouvez tous disposez, Albus et moi allons nous occuper de tout.

Oui, vous pourrez aller donner vos cours… et je ferai une annonce au déjeuner.

Ils partirent tous dans la même direction, excepté Trelawney, qui se proposa d'aider le directeur. Harry qui se rappela qu'il avait un cours particulier avec le stagiaire, le suivit.

Une voix traînante retentit derrière lui.

Je me demande comment il a pu tomber aussi bas…

Harry se retourna, et tomba nez à nez avec Malefoy.

Tu parles de qui, là ? demanda-t-il sur un ton agressif.

Du calme Potty, pour une fois que je ne parle pas de toi…

Ne m'appelles pas comme ça, Malefoy, le prévint Harry. Et réponds à ma question.

Je parlais de Rogue, fit-il en regardant ce dernier, un bras autour de l'épaule de Weasley. Comment peut-il toucher cette… cette femme ?

Pour ton information, lui dit-il en continuant à suivre Montero, elle n'est pas de la famille de Ron, si c'est de ça que tu parles. Et si je me rappelle bien, il y a pas si longtemps, tu bavais presque à ces pieds.

Erreur de jugement, j'ai des valeurs.

Harry n'en apprit pas plus, il venait d'arriver au bureau du stagiaire. Il remarqua cependant que Malefoy était toujours là et eut le déplaisir d'apprendre que, comme la meurtre de Chourave avait empiété sur la première heure de cours, Montero allait lui faire les exercices de Métamorphoses pendant la séance de l'élève suivant, en l'occurrence, Drago Malefoy. Simplement parce que « il ne voulait pas perdre de temps et avait des choses importantes à faire dans la journée ».

Lorsqu'il ouvrit la porte de son bureau, les deux élèves furent submergés par une forte odeur d'ail. Montero se précipita vers la fenêtre pour aérer. Harry remarqua que des crucifix étaient accrochés sur toutes les portes, et que des gousses d'ail avaient été dispersées dans toute la pièce. Apparemment, Montero craignait de voir le vampire, toujours introuvable, s'en prendre à lui.

C'est un Gigi Squalor ? demanda Malefoy en apercevant les initiales sur la robe de Montero.

Oui ! répondit le stagiaire visiblement ravi, tout en préparant le matériel.

Mais, ça coûte une fortune, lui fit remarquer le Serpentard.

Harry ne savait pas qui était cette Gigi Squalor, mais il supposa que ce devait être une couturière de luxe, qui confectionnait des robes de Sorciers, de mauvais goûts. Il n'écoutait plus qu'à moitié la conversation sur la mode, mais entendit que Montero préférait la version noire de cette robe. Vint enfin la séance d'exercice, où Harry et Drago, après deux, trois fois, maîtrisèrent les différents Sorts enseignés par McGonagall, avec plus de facilité.

N'ayant plus cours pour la matinée, Harry se rendit à la salle commune des Gryffondors, en essayant de ne pas trop penser à cet horrible meurtre. Il croisa alors Ron, qui était censé être en Histoire de la Magie.

T'es pas en cours ?

Non, fit-il en haussant les épaules, j'avais pas très envie de revoir les guerres de je-sais-plus-quoi, alors j'ai un peu travaillé un devoir de Potions. Et toi ?

Je viens d'avoir cours avec le stagiaire, en Métamorphose.

Je croyais que c'était plus tôt ? demanda Ron, en prenant un Chocogrenouille dans ons sac.

Il y a eu un problème, avec un prof, dit simplement Harry.

Quel problème ?

Je préfère pas en parler… j'ai jamais vu quelque chose d'aussi affreux… et puis, Dumbledore va en parler au déjeuner.

Si c'est si dégeu, j'espère qu'il va le dire après le repas, j'ai pas envie qu'il me coupe l'appétit.

Harry préféra ne rien répondre à cette réplique.

Au fait, tu vas bientôt faire les sélections pour l'équipe de Quidditch ?

Tu fais bien de me le rappeler, j'avais presque oublié…

C'est vrai, t'es tellement occupé… les cours… tirer la gueule à Hermione… embrasser Judith Buffay…

Oh ça va…, fit Harry en rougissant. Et au fait, comment tu le sais, je ne t'ai rien dit.

Eh bien, je crois que toute l'école est au courant… et je suis très choqué que tu ne m'aies rien dit.

Je te signale que je te vois rarement…

… et quand j'étais là, t'étais dans la Lune, le coupa Ron. Je sais pourquoi maintenant…

Ils arrivèrent à la salle commune, où Harry afficha qu'il ferait les sélections pour la nouvelle équipe de Quidditch le lendemain, sauf en cas de problèmes. Ensuite, jusqu'au déjeuner, il passa tout son temps avec Ron, l'aida à terminer son devoir de Potions, et discuta de tout et de rien.

Harry se rendit avec Ron dans la Grande Salle, qui était déjà presque pleine. Ils remarquèrent alors, que tous les Professeurs étaient vêtus de noir. Pour Rogue, cela ne changeait pas grand-chose. Il régnait dans la pièce, un silence inhabituel, tellement pesant, que Ron se sentit mal à l'aise. Ils s'assirent entre Neville et Ginny, qui se trouvaient dans le même état que Ron.

Une fois que le directeur fut certain que tous les élèves étaient présents, il se leva de sa chaise.

Mes chers élèves, dit-il d'une voix forte, mais calme. J'ai une bien triste nouvelle à vous annoncer : ce matin, nous nous sommes aperçus, que nous avions perdu une collègue, et vous un Professeur. Le Professeur Chourave nous a quitté.

Il y eut dans la salle, de nombreux murmures d'étonnement. Les Poufsouffles, eux, ne semblaient pas avoir compris, et Neville se mit à sangloter.

Je comprends votre surprise, moi-même j'ai encore du mal à y croire… et pourtant, c'est la vérité. Mais le pire dans tout cela, ce sont les circonstances de sa mort, circonstances qui ne sont pas naturelles. Elle avait reçu un colis piégé… sans doute un cadeau de Voldemort…

Presque toute la salle sursauta à l'évocation de ce nom. Harry remarqua que le Professeur McGonagall s'essuyait les yeux, de même que de nombreuses autres personnes.

Une enquête sera menée… cependant, les buts de cette action, nous sont encore inconnus. Nous allons donc devoir installer une sécurité plus accrue. Toute lettre ou colis suspect devra être vérifié. Et en ce qui concerne les modalités pratiques, Miss Louisa Weasley a accepté, un peu à contrecoeur, de prendre temporairement le poste de Mrs Chourave.

Tous les élèves, ayant eu l'occasion de la voir au cours, la savait compétente, mais jamais elle ne remplacerait la petite femme potelée qui était en charge des cours depuis si longtemps. Une question vint alors dans la tête des Poufsouffles : qui serait leur nouveau directeur de Maison ? Et comme pour répondre à leur question :

Et le Professeur Trelawney s'est proposée pour remplacer, à titre provisoire, notre défunte collègue à son poste de directrice de la Maison de Poufsouffle.

Cette dernière leur fit un petit signe, tout en réajustant ses châles noirs, et se moucha le nez.

Les cours de l'après-midi seront suspendus, et si certains le désirent, ils pourront venir s'entretenir avec n'importe quel Professeur.

Severus Rogue, d'un simple regard qu'il jeta aux élèves, venait de s'assurer que personne ne vienne lui parler.

Et pour terminer, avant de commencer ce repas, qui sera sans doute moins savoureux à nos yeux, j'aimerais que nous fassions une minute de silence.

Le directeur se rassit, et le silence se fit instantanément, ponctué par les pleurs et sanglots de certains élèves, qui appréciaient particulièrement le Professeur Chourave. La minute passée, les assiettes se remplirent, et le repas put commencer. Comme l'avait dit le directeur, le repas fut bien différent, certains élèves ne mangèrent pas, et quittèrent la table, pour se retrouver seul.

La journée passa, et jamais Harry n'avait vu une ambiance aussi triste sur toute l'école. Il pensait aller voir Judith, mais cette dernière était introuvable, et grâce à la carte du Maraudeur, il put voir qu'elle était dans le bureau de Flitwick, avec plusieurs autres élèves. Il décida donc de ne pas la déranger. Il irait lui parler le lendemain.

Au soir, comme beaucoup, il eut du mal à s'endormir. Vers 23heure, comme il ne dormait toujours pas, il alla à la fenêtre. Son regard se promena dans le parc, et il la vit, la silhouette. Mais cette fois, elle revenait vers le château. Harry se dépêcha alors de prendre la carte, et regarda qui se trouvait dans le parc.

Cette fois, il y avait un nom : Emmanuel Montero.