Un Battement d'Aile de Papillon
Auteur : Mona May56
Genre: Univers Alternatif , romance et mystère
Couple : Harry/Draco, SB/RL, HG/SS et RW?
Rating : Et oui, maintenant c'est M (anciennement R) !
Disclaimer : Les personnages de Harry Potter ne m'appartiennent pas, ils sont à la divine J.K Rowling que nous vénérons tous.
Note : Je m'excuse à l'avance pour toutes les fautes que je pourrai faire mais je lis beaucoup de fics HP en anglais et j'ai oublié certaines traductions françaises des termes sorciers. Merci de votre indulgence !
Cette fic est du slash, c'est à dire des relations homosexuelles entre hommes, et elle contient des scènes classées dans le rating M ce qui veut dire que ceux que ça gêne ou qui n'ont pas 16 ans ne doivent pas la lire !
Je fais toutes mes excuses à ceux qui ont attendu ce chapitre, je suis vraiment désolée d'avoir mis autant de temps à l'écrire. J'ai eu un énorme blocage à surmonter et pour couronner le tout des problèmes familiaux qui ont encore plus retardé l'écriture. Normalement, tout est réglé et je devrai pouvoir publier les derniers chapitres beaucoup plus rapidement. Je m'excuse encore et j'espère que vous profiterz quand même de la fic!
Un très grand merci à Loriah, ma bêta-lectrice préférée, pour sa patience et ses encouragements (et pour avoir appliqué la méthode Fliflou lol!).Un énorme bisou également à Tobby, j'espère que le chapitre vaut l'attente! Et merci encore à Claddagh tout simplement parce qu'elle est mon amie, même quand ça va mal.
Bonne lecture!
Chapitre 12
La salle de cinéma était presque vide, seul un autre couple d'amoureux était là, déjà en train de s'embrasser, ce qui leur avait laissé la possibilité de choisir les places qu'ils jugeaient les plus confortables.
Harry s'assit en premier et sourit en regardant Draco qui observait avec curiosité leur environnement, les rangées de sièges rouges à l'assise rabattable, les rideaux noirs tirés sur la scène dissimulant l'écran, et les lumières faibles, légèrement clignotantes. Il étouffa un rire quand il vit l'air passablement dégoûté du blond qui avait remarqué un paquet de pop corn presque vide posé négligemment sur un siège devant le leur.
« Je ne vois pas pourquoi on est obligé de venir ici pour regarder un film quand on serait bien plus confortable à la maison… » râla Draco en s'asseyant avec réluctance sur son fauteuil, comme s'il craignait d'attraper quelque chose rien qu'en le touchant.
Le brun sourit avec tendresse et posa doucement sa main sur celle du blond.
"Ne t'inquiètes pas, tu vas vite comprendre."
"Mouais." grommela Draco en le regardant du coin de l'œil avec un air de doute. "Mais j'admet que je m'imaginait autre chose quand tu m'avais dit qu'on aurait une soirée juste pour nous deux…"
"Et qu'est ce que tu avais imaginé ?" demanda le brun, son sourire s'élargissant encore et ses yeux verts brillants de malice.
"A ton avis ?" fit Draco en haussant un sourcil et en lui adressant un sourire coquin.
"Pervers !" rit Harry avant de lui déposer un petit baiser sur les lèvres.
"C'est pour ça que tu m'aimes." Dit le blond avec un sourire charmeur.
Le brun poussa un soupir de bien être et posa sa tête contre l'épaule de son époux pendant que celui ci passait son bras autour de lui. Ils restèrent immobiles comme ça un instant, puis Draco prit le poignet de Harry et le tira à lui pour regarder sa montre.
"Qu'est qu'il y a ?" demanda Harry en le regardant avec curiosité.
"Hmm ? Oh, rien, j'ai juste hâte que ça commence pour qu'on puisse rentrer plus vite à la maison." Répondit-il avec une moue irrésistible qui fit comprendre à Harry qu'il lui cachait quelque chose.
Mais le brun n'insista pas et se focalisa plutôt sur un autre point essentiel.
"Hé ! Je croyais que tu allais m'offrir à manger avant de rentrer !" protesta-t-il vivement.
"Tu n'est qu'un estomac sur pattes." Se moqua le blond en déposant un petit baiser sur le bout du nez de Harry qui s'était plissé d'indignation devant la remarque totalement injustifiée (ou presque) qu'il venait de faire. "D'accord," soupira avec une feinte résignation le blond "mais tu me revaudras ça, et tu sais que je suis très exigent…"
Avant que Harry ait pu répondre à cette provocation lascive, les lumières baissèrent graduellement et les rideaux s'écartèrent pour révéler l'écran. Ils se calèrent tous les deux confortablement l'un contre l'autre alors que les annonces publicitaires commençaient à défiler.
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Pansy sortit de la cheminée du Manoir Malfoy en époussetant sa robe avec soin. Elle détestait vraiment voyager par le réseau de cheminette. Malheureusement les Malfoy avaient toujours eu quelques tendances paranoïaques (parfois justifiées) et le Manoir était bien entendu doté de boucliers anti-transplanage et la seule manière qu'elle avait de s'y rendre était soit ce moyen aussi salissant que désagréable, soit venir en calèche. Et pour aujourd'hui, ce dernier moyen de transport serait vraiment inutile étant donné qu'elle ne resterait ici que quelques minutes.
Elle sortit de son sac à main le message que lui avait envoyé Draco l'après midi même, l'invitant à un dîner chez lui. Elle avait été surprise mais heureuse de recevoir la missive du blond. Cela l'avait soulagé, elle avait vécu ces dernières semaines dans la crainte que Draco ait découvert qu'elle avait révélé à Harry les plans quelques peu… offensants qu'ils avaient manigancés avant que les deux ex-ennemis ne se fiancent. Elle n'avait pas pensé à mal sur le coup. Elle voulait juste un peu rire aux dépens de son ami en voyant la tête qu'il ferait quand il découvrirait ce qu'elle avait fait. Elle n'avait pas imaginé que Harry se mettrait dans une telle rage ! Il semblait si… inoffensif d'habitude !
Pansy ne pensait pas que Draco lui ferait du mal en représailles , bien sûr. Par contre, elle craignait son sens de l'humour et ce qu'il pourrait bien inventer pour lui faire payer le tour qu'elle lui avait joué. C'était hilarant quand il s'en prenait aux autres, il n'y avait qu'à voir ce qu'il avait fait à cette « pauvre » Susan Bones. Pansy n'avait jamais autant ri de toute ça vie en lisant les journaux qui s'étaient régalés de raconter en détail les malheurs de la blonde, photo à l'appui. Elle n'avait jamais aimé cette garce. Par contre, c'était beaucoup moins drôle quand elle en devenait la victime.
A ce moment de sa réflexion, et alors qu'elle s'avançait dans l'antichambre accueillant les visiteurs venu par cheminette au Manoir, un elfe de maison apparu et la salua bien bas, lui offrant servilement de prendre son manteau. La jeune fille le lui tendit avec négligence et se dirigea sans plus de commentaires dans le couloir menant au sous sol du Manoir. Draco lui avait demandé dans sa lettre, comme un service, d'aller chercher chez ses parents deux bouteilles de vin avant de venir pour dîner. Lucius avait une des meilleure sélection de vins et d'alcools divers de toute l'Angleterre et ça ne la surprenait pas qu'il lui demande de faire le choix parmis tous les millésimes plutôt que de laisser un vulgaire elfe de maison le faire. Ce qui la laissait perplexe, c'était que le blond ne soit pas allé les chercher lui même. Il lui avait vaguement expliqué dans sa lettre qu'il serait trop occupé à cuisiner lui même (un Malfoy qui cuisine ! Tous ses ancêtres devaient se retourner dans leur tombe !), une histoire comme quoi Harry ne voulait pas d'elfe de maison chez eux. Mais ça n'empêchait pas la jeune fille d'avoir un mauvais pressentiment, aussi était elle bien décidé à faire de cette visite au Manoir la plus courte possible.
Elle secoua vivement la tête pour chasser ces pensées paranoïaques et avança d'un pas un peu plus rapide dans les corridors obscurs, pressée d'accomplir sa mission et de pouvoir rejoindre le couple chez eux.
Pansy arriva enfin devant l'immense porte en chêne bloquant l'entrée de la cave. Elle était entrouverte et la brune n'eut aucune difficulté à la pousser pour entrer. D'un simple mouvement de baguette elle alluma les torches alignées le long de la pièce. Elle descendit un escalier puis se mit à parcourir les rangées innombrables de bouteilles, en sortant une de temps en temps pour en examiner l'étiquette.
Elle fut parcourue d'un léger frisson quand la fraîcheur qui régnait dans la cave pénétra la fine étoffe de sa robe d'été. Elle s'accroupit en relevant ses jupes pour ne pas les salir et baissa la tête pour mieux déchiffrer les inscriptions en lettre gothiques écrite sur une des bouteilles. La lumière vacillante ne l'aidait pas vraiment dans sa tâche, pas plus que les craquements sinistres qui sont l'apanage de toute les vieilles maisons, qui plus est un manoir vieux de plusieurs siècles. Elle faillit lâcher la bouteille quand elle entendit la lourde porte de la cave claquer. Elle se retourna d'un bond, nerveuse comme une biche ayant flairé un chasseur, et son souffle saccadé s'accéléra lorsqu'elle entendit des bruit de pas qui résonnaient de façon lugubre dans l'obscurité.
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Alors que sur l'écran géant en face d'eux Georges Clooney exposait à sa bande d'acolytes la manière dont il comptait voler la recette d'un casino, Harry prit son courage à deux mains (littéralement) et entoura les épaules de Draco de son bras, d'un geste qu'il espérait nonchalant, et posa délicatement sa main sur l'épaule du blond. Il avait l'impression d'être un gamin de 14 ans avec son premier rancard. Ce qui était ridicule étant donné qu'ils étaient mariés ensemble depuis plusieurs mois déjà et qu'il ne devrait pas se faire de soucis de voir rejeter un attouchement public. Draco n'avait pas peur, lui.
Il n'ignorait pas qu'il était inutile d'essayer de distraire le blond quand il regardait un film. Mais il espérait bien profiter un peu de la chaleur de son époux et de sa présence réconfortante. Les rendez-vous en amoureux étaient une nouveauté pour tous les deux, du moins ensemble, étant donné les circonstances peu romantiques de leur mariage. Mais ça ne voulait pas dire qu'ils en profitaient moins pour autant. Ils avaient peut être pris toute leur relation à l'envers de ce qui se faisait normalement, mais ils n'en étaient pas moins un couple de jeunes hommes amoureux qui profitaient de la vie.
Au bout d'un petit moment, Harry passa doucement sa main dans les cheveux soyeux de son époux et sourit de contentement. Il sentit alors Draco embrasser tendrement la main posée sur son épaule, puis lui embrasser le front. Le brun leva son visage vers celui du blond et leurs lèvres se rencontrèrent avec tendresse, leurs souffles se mêlant en même temps que leurs langues dans un balais sensuel qui le grisait mieux que de l'alcool. Leur baiser se prolongea longuement, leurs bouches se dévorant mutuellement langoureusement et sans se presser.
Le film totalement oublié, Harry entoura le cou de son époux de ses bras pour approfondir leur étreinte et il sentit la main droite du blonde lui caresser le torse, ses doigts agiles s'attardant comme par hasard sur ses tétons durcis par le désir. Puis elle remonta sur la joue du brun et leurs lèvres se séparèrent avec regret. Ils appuyèrent leurs fronts l'un contre l'autre et Draco lui adressa le sourire coquin qu'il réservait à leurs moments les plus intimes.
"Il est temps de se calmer mon cœur." Fit-il, légèrement essoufflé. "Il ne faudrait pas qu'on se donne en spectacle."
"Ca ne me gênerai pas plus que ça." Fit Harry d'une voix rauque.
Ils rirent tous les deux avec complicité et se blottirent l'un contre l'autre le plus confortablement possible, maudissant en riant l'accoudoir qui les séparait et que Harry refusait que le blond fasse disparaître d'un coup de baguette. Il disait que ça faisait partie de tout le charme de regarder un film au cinéma.
Draco enlaça ses doigts avec ceux de son époux et, dans l'obscurité de la salle de projection, contempla rêveusement le visage de son mari uniquement éclairé par les lueurs diffuses provenant de l'écran.
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Le sang de Pansy s'était glacé un instant dans ses veines avant de repartir brutalement et rapidement quand elle entendit des bruits de pas sourds s'approcher d'elle lentement. Elle savait que sa peur était stupide et irrationnelle, mais elle ne pouvait s'empêcher de l'éprouver.
En un instant, une foule de scénarios plus horribles les uns que les autres se succédèrent dans son esprit. Elle savait que les parents de Draco étaient sortis pour la soirée et que celui ci l'attendait avec Harry chez lui. Elle pouvait sentir tous les poils de son corps se hérisser alors que la crainte de connaître l'identité de son mystérieux visiteur la faisait frissonner. Sa tête lui disait de ne pas paniquer, qu'il y avait une explication rationnelle à la présence de quelqu'un, un humain était donné le bruit des pas, dans la cave des Malfoy pendant la nuit. Mais son instinct de conservation était plus fort que sa raison. Il y avait eu trop d'évènements inexplicables récemment, trop de meurtres irrésolus et trop de soupçons régnaient dans le monde sorcier pour qu'elle se sente en sécurité, même dans la propre maison des parents de son meilleur ami. Elle qui la veille s'était moquée de la paranoïa qui s'était emparée de toute la communauté sorcière d'Angleterre se sentait prise d'une peur panique.
La jeune femme se releva lentement, écoutant toujours attentivement les bruits de pas se rapprochant d'elle. Elle changea sa prise sur la bouteille et serra sa main sur le goulot, espérant pouvoir s'en servir d'arme improvisée. Elle avança prudemment en direction de la sortie du cellier, frissonnant quand elle distingua une immense silhouette sombre qui se mouvait avec hésitation dans la semi-obscurité des lieux.
Pansy prit une profonde inspiration et brandit la bouteille comme un gourdin en s'élançant vers l'intrus pour tenter de l'assommer. Elle était presque parvenue à son but quand une torche éclaira le visage surpris de ce dernier. Et elle ne put faire autrement que de reconnaître le visage constellé de tâches de rousseur et les yeux bleus écarquillés d'étonnement qui la fixaient. Dans sa surprise, elle lâcha la bouteille qui se brisa sur le sol bruyamment et fit un faux pas qui l'aurait fait s'étaler par terre la tête la première si le jeune homme avait eu de moins bons réflexes et n'avait pas tendu les bras pour la retenir de justesse.
« Mais qu'est ce que tu fais là ? » s'exclamèrent-ils d'une même voix.
Ron répondit le premier, son visage ouvert exprimant toute la stupéfaction qu'il éprouvait de la voir là.
"Harry m'a donné rendez-vous ici… Enfin, pas vraiment ici, dans cette cave," se reprit-il "il m'a dit de le rejoindre chez Malfoy. C'est un elfe de maison qui m'a conduit jusqu'ici. Je comprends vraiment pas ce qui se passe. Je…"
"Hum… Weasley ?" l'interrompit la jeune fille.
"Oui ?"
"Est ce que tu pourrais me lâcher s'il te plait ?"
Pansy étudia avec intérêt l'onde rouge qui se répandit sur tout son visage du jeune homme, en partant de ses oreilles pour remonter à la racine de ses cheveux quand il constata que ses mains entouraient toujours la taille de la brune. Il avait de très grandes mains, parsemées de tâches de rousseur, de longs doigts forts aux ongles courts et carrés, au toucher très agréable… pour un Weasley.
L'air rêveur qu'avait prit le visage de Pansy s'effaça aussi vite qu'il était apparu quand elle réalisa la portée des paroles qu'il venait de prononcer.
"Potter t'as donné rendez-vous au Manoir ?" demanda-t-elle, un doute affreux pointant dans son esprit.
"Oui, ça m'a étonné moi aussi, mais dans son message…"
"Son message ? Il t'as envoyé un message ?" s'exclama-t-elle.
"Ben… oui ?"
"Il ne t'a donc pas demandé de venir lui même, face à face ?" insista-t-elle.
"N… non. Je ne l'ai pas vu en personne depuis plus d'une semaine…"
Pansy fit brusquement volte face et se précipita en courant vers la porte de sortie de la cave. Elle tenta de l'ouvrir en tournant la poignée, qui refusa de bouger, puis en poussant le battant avec son épaule. Ses tentatives restant vaines, elle se recula et lança tous les sorts de déverrouillage qu'elle connaissait. Elle poussa un gémissement de frustration quand elle réalisa qu'elle ne pourrait pas en venir à bout et se retourna vers un Ron qui la regardait avec un air éberlué.
Alors que Pansy baissait son regard sur le sol avec découragement, elle vit un objet qu'elle n'avait pas remarqué en rentrant. C'était un simple panier en osier, du genre qu'on emmenait lors de pique niques. Un parchemin était posé innocemment dessus et elle le regarda avec toute la crainte qu'un homme préhistorique pouvait ressentir en voyant un tigre à dent de sabre affamé. Elle tendit sa main avec hésitation, redoutant ce qu'elle allait lire. Elle le prit, l'ouvrit et lut ces mots écrits de la main familière de son meilleur ami.
« Ma chère Pansy,
Je suis heureux que tu ais pu répondre à mon invitation et j'espère que tu apprécieras le programme que j'ai prévu pour toi. Je suis sûr qu'il est inutile que je t'explique pourquoi tu te retrouve dans une telle situation, tu es une jeune femme intelligente et j'imagine que tu n'as pas oublié le tour pendable que tu m'a joué il y a quelques temps et qui a failli mettre à mal la relation que j'entretiens avec mon cher et tendre. Tu comprendras certainement que je ne pouvais pas te laisser t'en sortir aussi facilement, tu es ma meilleure amie et je ne t'en veux pas du tout, mais à ce niveau là c'est devenu une question de principe.
Dans ce panier vous trouverez de quoi vous nourrir ainsi que des couvertures pour que votre nuit se passe avec un minimum de confort. Quoi que tu puisses en penser pour l'instant, je ne suis pas un monstre, ma douce.
Gypsie vous ouvrira la porte à la première heure demain matin, et ne te fatigue pas à l'appeler, elle a pour ordre de ne vous faire sortir avant sous aucun prétexte. J'espère que tu apprécieras pleinement l'effort que j'ai fait pour te trouver un compagnon qui sera, je le pense, à ton entière convenance.
Sans rancune et avec toute ma tendresse,
Draco. »Un long cris résonna alors dans tout le Manoir, faisant sursauter jusqu'aux fantômes habitant le grenier.
"DRACOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOO !"
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Blottis l'un contre l'autre, le bras de Draco entourant ses épaules et le sien enlaçant la taille du blond, Harry n'avait jamais autant apprécié une séance de cinéma. Et même maintenant, alors qu'ils sortaient de la salle pour se diriger vers le restaurant où Draco avait promis de l'emmener, le brun ne pouvait retenir le sourire niais qui s'affichait sur son visage.
Une fois dans la ruelle bordant le cinéma, ils transplanèrent discrètement à une adresse que lui avait donné son époux auparavant et ils se retrouvèrent dans un petit restaurant chaleureux dans lequel il n'avait jamais mis les pieds au plein cœur de Londres. Mais si l'on pouvait en croire l'empressement des serveurs à prendre leurs vestes et à les conduire vers une table isolée, ce n'était certainement pas le cas pour son époux.
Bien installés à la petite table discrète que leur avait présentée le serveur, ils commandèrent leur repas et le brun examina leur environnement avec curiosité, appréciant les tons crème et orangés de la salle, qui lui donnait un air chaleureux et intime.
"Tu aimes ?" demanda Draco en souriant.
"Beaucoup. Comment as-tu connu cet endroit ?"
"Mon père nous y emmenait souvent a mère et moi. C'est son restaurant préféré."
Harry ne put s'empêcher d'être soulagé d'apprendre que ce n'était pas le lieu de rendez-vous où son mari avait rejoint tous ses ex, ça aurait enlevé beaucoup du romantisme de leur soirée.
"Le film n'était pas mauvais." Dit Harry, changeant de sujet et regardant Draco par en dessous.
"Pas mauvais ? Je te trouve dur là ! Il était vraiment bon." Fit le blond, une lueur amusée brillant dans ses yeux.
"Mouais." fit Harry avec sur son visage une moue mi rieuse mi jalouse. "Tu dis ça juste parce que tu as adoré le casting."
"J'admet que cette charmante brochette d'acteurs était très… appétissante." Rit doucement Draco.
Harry lui jeta un bout de pain en représailles, faisant semblant de bouder à cette remarque.
"Hé !" protesta le blond en levant les mains devant son visage pour se protéger des projectiles. "Ne joue pas les hypocrites, je t'ai vu baver en regardant ce blondinet. Brad trucbidule…"
"C'est vrai que Brad Pitt est vraiment très beau." Rit le brun, ses yeux couleur de prairie brillant de malice. "Je dois avoir un truc pour les blonds…" ajouta-t-il d'une voix plus basse mais ne dissimulant pas le plaisir qu'il avait de taquiner son cher et tendre.
"Et personne ne niera que tu as très bon goût." Fit Draco, un sourire séducteur sur les lèvres.
Il posa tendrement sa main sur celle du brun au travers de la table et caressa du bout des doigts la peau de son époux. Harry porta sa main à ses lèvres et les embrassa doucement, faisant se fermer à demi les yeux argents du blond.
"Mais permet moi d'ajouter que Julia Roberts était super sexy." Ajouta ce dernier en riant, son sourire s'agrandissant encore quand, pour le punir de cette remarque, le brun mordilla férocement le doigt sous ses lèvres.
Harry se redressa, se pencha en avant, passa sa main derrière la nuque de Draco pour le rapprocher de lui et l'embrassa fougueusement. Il se fichait éperdument qu'ils se trouvent dans un lieu public et que tout le monde pouvait les voir. Pour ce que ça lui importait, le serveur aurait pu se balader nu en dansant la macaréna. La seule chose importante à l'instant c'était qu'il était amoureux, que la personne pour laquelle il éprouvait ces sentiments l'aimait elle aussi en retour, et qu'il était probablement la personne la plus heureuse d'Angleterre.
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"Mmmmmh… alors, audace ou vérité ?" demanda Ron d'une voix rendue confuse par l'abus d'alcool.
Pansy n'arrivait toujours pas à croire que Draco ait pu lui faire ça. Et la quantité astronomique de vin et de boissons alcoolisées en tout genre qu'elle avait absorbé depuis qu'ils s'étaient rendus compte qu'ils étaient bloqués ici jusqu'à ce que le blond daigne les délivrer n'aidait pas à la cohérence de ses pensées. Ils en avaient été même réduits à jouer à Audace ou Vérité pour passer le temps, de peur que leurs cerveaux ne se ratatinent complètement. Pathétique.
"J'arrive pas à croire qu'il ait pu me faire ça." Gargouilla-t-elle entre deux gorgées d'un excellent Madère qu'elle ne prenait même plus la peine de boire dans un verre.
Ron leva ses yeux bleus luisants vers elles et il tenta de froncer les sourcils d'un air sévère, mais ne réussit qu'à se donner un air constipé. Pansy réalisa alors qu'elle devait vraiment être très, très saoule, parce qu'elle le trouvait trop mignon avec cette tête là. Elle tenta de détourner son regard de ce visage innocent mais il ne fit que tomber sur les épaules larges du rouquin qui tendaient délicieusement le t-shirt blanc qu'il portait. Une voix minuscule au fin fond de son esprit lui hurlait que c'était un Weasley et qu'il n'était pas concevable qu'elle puisse penser à lui de cette manière, même si elle était fin saoule. Elle envoya se faire foutre la petite voix et continua de se rincer l'œil tout en tendant la main au hasard pour attraper une nouvelle bouteille.
"Ca fait au m… moins la trois million centiè… me fois que tu me répètes ça." Balbutia-t-il. "Qu'est ce qu'y a de si horribilile… hodiribl… pas bien d'être avec moi ici ?"
"C'est la pire torture qu'il ait pu trouver !" gémit-elle sans réfléchir, sa diction presque aussi claire que si elle avait été sobre, contrairement à celle de son compagnon. Visiblement il ne supportait vraiment pas l'alcool.
Les yeux de Ron se remplirent alors de larmes, ses épaules s'affaissèrent et les commissures de ses lèvres tournèrent ver le bas. Il avait l'air d'un chiot que son maître bien aimé avait abandonné sur le bord de la route.
"Toi non plus tu veux p… pas être avec m… moi ! D'abord Herminy… Hermani… mon ex petite amie et maintenant toi !"
Il prit sa tête dans ses mains et se courba en avant, posant lourdement ses coudes sur ses genoux. Une moue de déception passa furtivement sur les traits de la brune, comment voulait-il qu'elle profite de la jolie vue qu'il représentait si il se recroquevillait sur lui même comme un escargot. Elle se redressa difficilement à croupis et se dirigea vers lui avec des mouvements maladroits. Une fois assise à côté de lui, elle tendit la main et lui tapota l'épaule avec hésitation, ne sachant pas trop quoi lui dire.
"Mais non, mais non. Je disais ça juste comme ça… Je te jure qu'il n'y a pas de personne avec qui j'aimerai mieux être enfermée dans une cave sombre et humide, pleine de vermine et d'alcool."
"Tu dis ça juste pour me faire plaisir." Geignit-il.
"Je te promet que non. Ca me fait… très plaisir d'être dans ce lieu immonde toute une nuit entière rien qu'avec toi…" dit-elle piteusement.
Elle n'avait pas l'habitude d'essayer d'être gentille, elle n'en avait jamais eu besoin avec Draco, et ça lui coûtait un effort surhumain pour trouver des mots à demi réconfortants pour le rouquin. Si jamais cette situation devait être découverte par quiconque, et surtout par un certain blond de sa connaissance, elle accuserait le vin de cette perte momentanée de ses facultés.
"Vrai ?" demanda-t-il en relevant vers elle un visage plein d'espoir.
"Vrai." confirma-t-elle avec indulgence, l'alcool l'empêchant de retenir le sourire qui fit surface sur son visage.
Il lui dédia un sourire béat, qu'elle jugeait totalement niais mais qui lui fit étrangement chaud au cœur. Il posa sa tête sur son épaule dans un geste de familiarité qu'elle nierait jusqu'à son dernier souffle avoir apprécié.
"De tout façon, ça aurait pu être bien pire ! Regarde ce qu'il a fait à cette garce de Susan Bones. Je préfère mille fois être enfermée ici avec toi que d'être transformée en la sœur jumelle de Quasimodo devant toute la haute société Londonienne ! J'ai découpé et encadré les photos qu'on pris les journaliste présents à la soirée…" ajouta-t-elle d'un air rêveur.
"Guh ?" demanda Ron en tournant vers elle des yeux ressemblant étrangement à ceux d'un merlan frit.
"Laisse tomber." Dit-t-elle, résignée.
Elle laissa sa tête tomber sur l'épaule musclée (hmmmmmm….) du jeune homme. Autant en profiter puisqu'elle était à portée de main.
"Alors, audace ou vérité ?" demanda-t-il à nouveau, ses yeux brillant de joie.
Pansy poussa un long soupir exaspéré. La nuit allait être longue.
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Leurs souffle s'emmêlaient alors qu'ils s'embrassaient avec passion, leurs mains parcourant avec frénésie le corps de l'autre comme s'ils ne pouvaient se passer de toucher la peau de l'être aimé. Draco poussa un gémissement quand Harry tourna son attention vers son cou et qu'il suça délicatement juste en dessous de la mâchoire. En retour, le blond pinça doucement un téton cuivré entre ses doigts ce qui fit se cambrer le corps du brun.
Quel meilleurs moyen de finir une soirée que se jeter l'un sur l'autre dès qu'ils étaient arrivés, franchement ?
Harry écarta les jambes de son époux avec lenteur, mordillant l'intérieur de ses cuisses jusqu'à ce que le blond pousse de petits miaulements de plaisir qu'il trouvait délicieux. Le brun soupira de bonheur quand il se glissa confortablement dans le corps de son époux, leurs deux âmes semblaient entrer en communion en même temps que leurs deux corps alors qu'il entamait de lents mouvements de va-et-vient. Leurs halètements rauques résonnaient dans la pièce entre deux baisers passionnés qui le faisait se sentir encore plus proche de son époux qu'il ne l'était déjà.
Il caressait tendrement le flanc un peu tremblant et couvert de sueur de Draco, il pouvait sentir sur son dos les doigts du blond qui l'agrippaient avec force, ses ongles courts le griffant légèrement, comme s'il cherchait désespérément une prise pour retenir une chute qui semblait inévitable. Leurs deux corps dansaient à l'unisson sur un rythme qu'ils étaient seuls à pouvoir entendre et qui les propulsait inexorablement vers le plaisir.
Draco se tendit alors, tout son corps s'arquant délicieusement vers celui de Harry alors qu'il était ravagé par un orgasme puissant, ses lèvres rougies et gonflées par les baisers laissant échapper un gémissement rauque qui fit basculer le brun dans l'abîme familier du plaisir. Lorsque le brun repris conscience de son environnement, il se trouvait étalé sur le torse de Draco, sa tête calée au creux du cou de son époux, son oreille pressée contre sa peau tiède écoutant les battements de cœur effréné du jeune homme. Il pouvait sentir la main de Dray qui caressait lentement son dos et des frissons de plaisir résiduel lui parcouraient toujours l'échine.
Il releva a tête et embrassa tendrement le coin de la mâchoire qui était à sa portée et sourit en entendant le soupir de plaisir et de fatigue que poussa Draco. Il s'endormit avant même que le souffle du blond se soit apaisé, son bras passé avec possessivité autour de sa taille.
Ce sont de petits baisers le long de son cou qui réveillent Harry le lendemain matin. Sans même ouvrir les yeux, il tendit le bras vers le haut, agrippa fermement la nuque de son mari et l'embrassa langoureusement. Il ronronna presque de satisfaction alors que leurs langues s'entremêlaient joyeusement, le plus délicieux des bonjours que Harry ait jamais reçu. Malheureusement, après ce qu'il lui sembla comme seulement être quelques secondes, ils se séparèrent et Draco s'échappa de son étreinte qui s'était relâchée. Le brun fronça les sourcils de mécontentement et se dressa sur ses coudes, prêt à grommeler des reproches ensommeillés. Mais Draco n'était déjà plus là, et quand il entra à nouveau dans la pièce, il était habillé. Il jeta un regard noir à la robe vert sombre qui lui dissimulait injustement le corps de son mari. Il fit une moue qu'il espérait adorable dès qu'il vit que Draco le regardait, comme ça il espérait que ça convaincrait le blond de revenir au lit avec lui. Après tout, ils n'avaient pas vraiment besoin de travailler tous les deux, ils avaient bien assez d'argent chacun pour se garantir une vie oisive sans problèmes. Ils pouvaient très bien passer leurs journées au lit sans rien faire d'autre que perfectionner leurs aptitudes à se… satisfaire mutuellement.
Il contempla cette idée avec délice pendant quelques instants, ses yeux se voilant et un sourire béat apparaissant sur son visage. Son expression de plaisir s'altéra légèrement quand il vit en pensée la discussion qu'il devrait avoir avec son père à ce propos. Finalement ce n'était pas une si brillante idée que ça.
C'est alors qu'il se rappela qu'il devait parler de quelque chose avec Draco. Il avait remis cette conversation à plus tard pendant toute la semaine, mais maintenant il ne pouvait plus reculer… même si il avait très, très envie de ne pas aborder le sujet.
"Je voulais te parler d'un truc…"
"Quoi donc ?" demanda Draco sans se retourner en continuant à fouiller dans une tiroir à la recherche de boutons de manchette.
"Ca n'a probablement aucune importance, je veux dire, c'est juste quelque chose que j'ai vu et qui m'a un peu… surpris, et je pense pas vraiment qu'il y ait un sens caché ou quelque chose de suspect à ça mais…"
Harry repris sa respiration et leva les yeux vers son époux. Celui ci le regardait avec curiosité, se demandant visiblement à quoi il voulait en venir avec sa phrase interminable. Le brun rougit légèrement et Draco s'approcha de lui lentement, ses sourcils froncés de perplexité.
"Qu'est ce qu'il y a Harry ? Tu as un problème ?"
"Non ! Pas de problème… C'est juste que je…"
"Tu… quoi ?" insista le blond en s'asseyant sur le lit à côté de lui.
Prenant son courage à deux mains, Harry plongea ses yeux dans ceux préoccupés de son mari et se lança.
"Voilà, il y a quelques temps je… heu… suis entré dans le bureau de ton père. Pas pour espionner, promis !" ajouta-t-il vivement. "J'étais juste… curieux."
Un sourire amusé ourla les lèvres de Draco et ses yeux se plissèrent de malice, anticipant sans doute une quelconque confession embarrassante de son époux. Mais cette expression s'effaça au profit d'une autre, bien plus surprise et sombre au fur et à mesure que son époux continuait son monologue.
"Je l'ai vu qui discutait avec quelqu'un… avec Gaspard Flint… Il lui a donné une potion… Pas ton père, bien sûr… Flint lui a donné une potion et… ton père l'a menacé… enfin, il ne voulait pas que ma famille… enfin, les Potter quoi… bref, il voulait pas qu'on le sache. Alors je me posais des questions et…" Sa voix, qui avait baissé tout le long de son discours, s'étrangla enfin sur ce dernier mot, tous ses moyens coupés par l'expression altérée du visage de Draco.
"Quel genre de questions ?" demanda Draco, son visage aussi lisse et froid que du marbre.
"Euh… Je… hum… voulais savoir…"
Il n'eut pas le courage de continuer sa phrase quand il vit l'éclair de colère qui traversa les yeux du blond.
"Tu voulais savoir quoi ?" fit ce dernier d'une voix agressive. "Pourquoi est ce qu'il ne voulait pas que les Potter sachent qu'il avait en sa possession une potion ? Parce qu'il y a forcément quelque chose de suspect si Lucius Malfoy ne veut pas que les merveilleuses personnes de ta famille, les détenteurs de tout ce qui est bon et juste, sachent quelque chose à son sujet ?"
"Non !" protesta Harry avec un brin de mauvaise conscience. "Ce n'est pas ce que je voulais dire !"
"Qu'est ce que tu voulais dire alors ? Il ne t'es jamais venu à l'esprit que si il ne voulait pas que vous le sachiez, c'était tout simplement peut être parce que ça ne vous regardait pas !"
Une vague d'indignation parcourut Harry. Même si sa question avait été posée avec très peu de tact, il ne pensait pas mériter une répartie aussi violente.
"Hé bien, que voudrais tu que je pense ? Il lui dit précisément qu'il ne voulait pas que ma famille sache que cette potion était en sa possession ! Tu dois bien admettre que ça peut paraître suspect !"
Il regretta ses mots à la minute même où ils franchirent ses lèvres mais redressa la tête fièrement, refusant de s'excuser ou de les retirer. Après tout, il était totalement légitime de sa part de redouter quelque chose qu'on cherchait à lui cacher.
"Suspect ?" grinça Draco à travers ses dents serrées. "Alors maintenant mon père est suspect ?"
"Non ! Je…"
"Parce que son nom est Malfoy, bien entendu tout ce qu'il fait est suspect." L'interrompit-il avec aigreur. "Après tout, c'est bien connu que les Malfoy ne créent que des problèmes et sont de la mauvaise graine, n'est ce pas ?"
"Non ! Ce n'est pas ce que je voulais dire !"
Harry tenta de lui prendre le bras, son indignation se transformant en crainte. Il ne voulait pas se disputer avec Draco, surtout pas sur ce sujet. Mais le blond repoussa sa main d'un mouvement de coude et se leva du lit avec souplesse, ignorant totalement les paroles du brun en se dirigeant vers la porte.
"Ce n'est peut être pas ce que tu voulais dire, mais c'est ce que j'ai ressenti. Je pensais qu'après ce qu'on avait vécu tous les deux, on aurait surmonté ce genre de préjugés, mais je vois que je me suis trompé."
"Attends ! Dray…"
Mais le temps que Harry se précipite jusqu'à la salle à manger Draco était déjà parti, le bruit caractéristique d'un transplanage le seul témoin de sa présence dans la pièce quelques secondes auparavant. Il s'accrocha au battant de la porte, les épaules basses, et appuya sa tête contre le bois frais. Il lui laisserai le temps de se calmer, même si il avait très envie de lui courir après pour qu'ils s'expliquent. Ca ne servirait qu'à envenimer les choses dans l'état d'esprit où ils se trouvaient.
Il poussa un long soupir et ferma les yeux. Il aurait vraiment mieux fait de se taire.
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Ron avait l'impression que quelqu'un s'amusait à frapper ses tempes avec un marteau. Et c'était vraiment, vraiment désagréable. De plus il avait un goût dans la bouche qui lui faisait penser qu'on y avait déposé un rat mort en décomposition depuis deux semaines. Beurk ! Il n'avait qu'une seule envie : retomber dans l'abîme accueillant de l'inconscience et ne plus jamais se réveiller.
Malheureusement, il l'apprenait maintenant, la gueule de bois ne laissait pas de répit aux personnes malchanceuses qui devaient les supporter.
Il geignit tout haut, puis le regretta immédiatement quand le son lui vrilla les tympans. Il tenta alors de lever son bras pour presser sa main contre son front mais le membre était d'une lourdeur insoupçonnée jusque là et il ne réussit pas ce simple mouvement.
Comment s'était-il mis dans une situation pareille ? Les évènements de la veille lui revinrent alors en mémoire dans un flot désordonné. Il avait été attiré dans un piège par cette ordure de Malfoy qui les avait enfermé, lui et la délicieuse… euh, enfin cette peste de Pansy. Ca n'expliquait pas pourquoi il se trouvait allongé sur le dos par terre, un poids lourd le plaquant au sol.
Il entrouvrit un œil, puis le referma immédiatement quand il eut l'impression qu'une dizaine d'aiguilles se plantaient en même temps dans son globe oculaire. Mais il les rouvrit tous les deux en même temps quand son cerveau fatigué réalisa ce que ses yeux venaient de constater.
Pendant un centième de seconde il espéra qu'il avait imaginé ce qu'il avait vu, mais cet espoir fut pulvérisé quand il constata qu'il se trouvait bien enroulé, nu, dans un plaid prêté gracieusement par ce connard de Malfoy, le corps de Pansy Parkinson tout aussi dévêtu reposant sur le sien. Et ils étaient tous nu tous les deux. Complètement, genre, sans même un fil pour les couvrir et pour empêcher les contact de leurs peaux l'une contre l'autre. A l'exception bien sûr de la couverture qui les entourait, mais ça comptait pas parce qu'elle les empêchait pas de se… toucher et de… sentir…
Ron avait souvent fait ce genre de rêve, où il se retrouvait dans son lit avec une jeune fille éblouissante, totalement dévêtus, après une nuit de débauche où l'alcool avait coulé à flot et où le sexe avait été torride. Bien sûr, ces rêves n'impliquaient ni la dureté glaciale d'un sol en pierre, à peine adoucie par la présence d'une couverture entre son dos et lui, ni le goût de mort atroce qui lui envahissait la bouche, et encore moins sa tête qui menaçait d'imploser. Remarque, il n'avait jamais non plus imaginé se retrouver dans cette situation avec Pansy Parkinson. Pas qu'il ne la trouvait pas absolument torride comme fille avec ses longs cheveux noirs soyeux et son air arrogant qui lui donnait envie de la faire rougir de désir et…. Hum… Enfin bref, ce n'était pas exactement le scénario de ses fantasmes.
Est ce qu'il avait déjà précisé qu'il était complètement à poil ? Avec Pansy Parkinson ?
Dans quelle galère il s'était encore fourré !
Il récapitula ce dont il se souvenait de la nuit dernière : la réalisation qu'ils étaient enfermés, l'alcool, le jeu d'Audace ou Vérité… il n'admettrai jamais avoir pleuré… Par contre, le reste de la soirée restait cachée derrière un épais brouillard frustrant au possible, surtout étant donné la position actuelle dans laquelle il se trouvait.
Et d'autant plus qu'il risquait de perdre la vie une fois que la jeune fille se réveillerai. Et il n'aurait même pas l'infime compensation de se souvenir exactement de ce qui s'était passé.
Il se demanda un instant s'il arriverait à se dégager et à s'enfuir avant qu'elle ne reprenne conscience et ne l'égorge, après lui avoir fait subir des tortures aussi raffinées que douloureuses. Il s'imaginait déjà prendre la fuite vers le continent et ne jamais remettre les pieds en Angleterre. Il ne pourrait pas dire au revoir à sa mère, mais elle le lui pardonnerai sûrement si elle savait… En fait probablement pas. Elle se joindrait plutôt à Pansy dans sa chasse au rouquin. Charlie l'accueillerait sûrement en Roumanie si il insistait vraiment.
Il baissa à nouveau distraitement ses yeux vers la jeune fille, concentré uniquement sur ses pensées d'évasion, et un long frisson lui parcourut l'échine quand son regard rencontra celui noir comme l'Enfer, et bel et bien réveillé, d'une Pansy Parkinson aussi déroutée que folle de rage.
Merde, trop tard….
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Draco ajouta trois larmes de chimère dans le chaudron bouillonnant en face de lui. Concentré, il prit la spatule en bois et mélangea la décoction, sept tours dans le sens des aiguilles d'une montre puis deux tours et demi dans le sens inverse. La potion changea graduellement de couleur et d'un vert émeraude brillant elle passa à un marron boueux, de petites bulles grises explosaient à la surface, rajoutant à son aspect peu ragoûtant.
Le blond fronça les sourcils et pinça les lèvres devant le résultat. La semaine dernière il avait réussi à finir une fiole de la précieuse substance qu'il avait mise de côté afin de la tester, mais elle avait été retrouvée brisée par un elfe de maison alors qu'il venait faire le ménage, aussi Draco avait il été obligé de recommencer. Heureusement, il lui restait encore une grosse partie de la substance de base de la potion et il n'avait pas du tout recommencer du début, sinon ça lui aurait pris deux mois au bas mot pour en arriver là où il était. C'est sans doute ce stupide Elfe qui l'a faite tomber et qui n'a pas osé le dire de peur d'être puni, pensa le blond avec ironie.
Il jeta un sort sur le feu au dessous du chaudron pour que celui ci se réduise et que la potion n'émette plus qu'un vague frémissement. Il prit le parchemin sur lequel il travaillait et qui était posé sur la table en face du plan de travail et scribouilla quelques notes dans la marge. Il poussa un soupir et essuya d'un revers de manche la sueur qui perlait à son front.
Il était fier que Snape lui ait laissé la responsabilité de travailler seul sur leur nouvelle potion, ça prouvait à quel point il avait confiance en lui et en ses compétences en tant que maître de potion. Mais même cette idée ne parvenait pas à le distraire de l'humeur sombre qui était la sienne depuis ce matin. Et pourtant, l'idée de perfectionner une potion de polynectar qui transformerait une personne pour au moins trois heures n'avait cessé de l'enthousiasmer durant les six mois pendant lesquels il avait été accepté dans ce projet. Mais il ne parvenait pas à se sortir de la tête la dispute qu'il avait eu le matin même avec Harry.
Il était… blessé. Réellement et indubitablement blessé par le fait que le brun ait si peu confiance en lui et en sa famille après tout ce qu'ils avaient vécu ensemble. Et même le fait de révolutionner l'univers de la potion et le monde sorcier tout entier ne parvenait à alléger son humeur. Mais c'est vrai que ces derniers mois, il avait travaillé à cette version du polynectar en pensant à Harry, et en imaginant le bouleversement que celui-ci aurait sur les méthodes d'investigation des Aurors, et donc sur le futur métier de son époux. Ils pourraient alors procéder à des enquêtes requérant des infiltrations sans avoir la crainte de se faire découvrir au bout d'une heure. La Malfoy Corporation avait un contrat d'exclusivité de vingt ans avec les Aurors pour ce projet, qui devrait rester totalement secret pendant ce laps de temps.
Mais maintenant, penser à Harry avait plutôt tendance à le déprimer et à le déconcentrer. Ce soir, il faudrait qu'ils aient une sérieuse discussions tous les deux. Ca ne pouvait pas continuer comme ça et il n'avait aucune intention de laisser tomber le sujet. Il aimait Harry, plus qu'il ne l'aurait jamais imaginé, et il n'avait pas l'intention de laisser leur relation s'étioler à cause de ça. Il insisterait et persécuterait le brun jusqu'à ce qu'il comprenne que la famille de Draco était devenue sa famille à lui aussi, et que jamais il ne lui feraient du mal. Jamais.
Plongé dans ses pensées, ses yeux fixant le vide d'un air absent, il faillit avaler sa langue quand la porte du labo s'ouvrit violemment et vint percuter avec fracas le mur. Pansy se trouvait sur le seuil, échevelée et à bout de souffle, ses joues rouges de colère et sa robe chiffonnée témoignant de la nuit d'enfer qu'elle venait de passer.
Il dissimula tant qu'il le put le sourire qui menaçait d'apparaître sur son visage et tenta de se composer un air sérieux. Elle lui arracherait les yeux si elle croyait qu'il se moquait ouvertement d'elle. Mais il ne put s'empêcher de lui lancer une petite pique :
"Alors, bonne soirée Pansy ?"
Les yeux noirs de la jeune femme lancèrent des éclairs de fureur difficilement contenue et elle s'avança vers lui d'un pas long et décidé. Une fois en face de lui, alors qu'il constatait la présence surprenante d'une marque violette sur son cou (un suçon ?), elle s'effondra sur une des chaises du labo en prenant sa tête entre ses mains.
Draco fronça les sourcils devant cette scène inattendue. Il s'était préparé à voir débouler une Pansy ivre de rage et il se sentait perturbé par cet espèce d'abattement qu'exprimait la posture de la brune.
Il s'approcha d'elle prudemment, craignant un coup fourré de la part de son amie, mais tout de même inquiet et il posa doucement sa main sur son épaule. Pansy se saisit de celle ci d'une poigne de fer, tournoya sur elle même et bloqua le bras du blond dans son dos dans une prise aussi douloureuse qu'efficace. Draco lâcha un grognement qui était en partie du à la douleur et en partie pour dissimuler un rire de soulagement. Il était content d'une réaction qu'il pouvait mieux comprendre de son amie et même s'il se trouvait dans une position inconfortable, il préférait ça à une crise de larme incompréhensible et totalement étrangère à la personnalité de Pansy.
"Comment as-tu osé me faire ça ?" grinça-t-elle.
Cette fois ci le jeune homme ne dissimula plus le rire dans sa voix.
"Tu dois bien admettre que je t'ai bien eu. Et que c'était mérité après ce que tu m'avais fait."
Pansy grommela quelques paroles incompréhensibles, resserra un instant son étreinte avant de le relâcher avec un sifflement de mépris qui n'entama pas l'hilarité du blond. Il se retourna vers elle avec un sourire goguenard, ses yeux gris brillant de malice, tout en massant son épaule douloureuse. Elle lui jeta un regard exaspéré, ses yeux noirs ne pouvant s'empêcher d'exprimer le bizarre respect que lui avait inspiré le mauvais tour qu'il lui avait joué.
"Tu veux que je te serve à boire ?" demanda-t-il aimablement. "Je viens juste de faire du thé."
"Oui, merci." Répondit-elle calmement.
Alors qu'il prenait une première gorgée, assis face à face avec Pansy, la brune repris la parole sans le regarder.
"Tu vas être content, je suppose, de savoir que ton plan a si bien marché que j'ai couché avec Ron Weasley…"
Draco n'avait jamais auparavant essayé de respirer du thé brûlant, et il ne le recommandait à personne. C'était vraiment douloureux, et la façon qu'il avait de tousser comme s'il voulait recracher un poumon était des plus disgracieuse. Pansy se leva pour lui tapoter le dos pour l'empêcher de s'étouffer, le geste sans doute le plus inutile du monde.
"Tu… v… veux me tuer ou… quoi !" s'égosilla Draco en s'étranglant à moitié par la même occasion.
"Mais non, mais non." Fit elle d'un air peu convainquant.
"Dis moi… que c'est une blague." Dit il en plantant son regard larmoyant (hé ! ça fait mal de respirer du thé !) et en la prenant par les épaules pour la rapprocher de lui. "Dis moi que… tu me dis ça… uniquement pour me faire du mal !"
Un sourire maléfique se forma sur les lèvres de la jeune femme qu'elle ne tenta même pas de masquer et, les yeux brillants d'une lueur malsaine, lui dit :
"Bien sûr que non. C'est la vérité. Pourquoi est ce que je te mentirai pour te faire souffrir, mon Draco chéri ?"
"Non ! Tu n'as pas pu faire ça ! Pas avec la belette ! "gémit il, désespéré.
"Pourquoi tu dis ça ?" fit elle d'un air innocent. "Il n'est pas si mal que ça. Il est super bien foutu, très musclé part…"
"ARGH !" hurla Draco en plaquant ses mains sur ses oreilles. "Trop d'information ! Mon cerveau est en train de se liquéfier dans ma boite crânienne !"
"Et puis tu sais, il est vraiment très doué de ses mains. Il m'a fait…"
"Pitié ! Laisse moi mon innocence intacte !"
"Et en plus, tu le croiras jamais mais il est monté comme un…"
"C'EST LA MERE MICHELE QUI A PERDU SON CHAT…" beuglait-il à tue tête pour ne rien entendre, ses mains toujours collées contre ses oreilles.
Pansy, n'y tenant plus, éclata d'un rire joyeux et ses yeux se remplirent de larmes d'hilarité. Elle était pliée en deux quand le blond arrêta son manège et se pencha vers elle.
"Ha ha ha, très drôle." Fit il.
"Si tu avais vu ta tête ! J'aurai du prendre une photo !"
"Mouais… je suppose que je ne devrai pas espérer trop fort que tu ais inventé cette histoire avec Weasley, n'est ce pas ?"
"Non." soupira-t-elle, son humeur s'assombrissant brutalement. "J'ai vraiment couché avec lui."
"Mais pourquoi ?" gémit il pitoyablement.
"On était saouls."
Une lueur d'espoir s'alluma dans les yeux de Draco, qui s'éteignit aussi vite quand elle rajouta d'une voix douce après un court silence :
"Et puis, il n'est pas si mal… Il est gentil et mignon…"
"Depuis quand tu aimes les mecs gentils ? Et mignon ? Je devrai peut être rechercher pour voir si on t'a pas jeté l'impérius…"
Sans même lui prêter la plus petite attention, elle continua son énumération, les yeux dans le vague avec une expression rêveuse un peu bovine qui faisait peur à Draco.
"Il est tellement maladroit que ça en devient adorable. Et il ne supporte pas l'alcool, c'en est risible…Je n'aurai jamais cru que j'aimerai…"
"… parce que là, je te trouve carrément irrationnelle." Puis réalisant ce qu'elle venait de dire : "Comment ça, aimer ?"
"Bien sûr c'est pas possible entre nous mais…."
"Oh non ! Nonononononon ! Ne me dis pas que tu veux sortir avec lui !"
Elle lui jeta un regard agacé qui lui fit arrêter ses lamentations.
"Je viens juste de te dire que rien ne pourrait se passer de plus entre lui et moi."
"Oui, c'est sûr. Tu est bien trop intelligente pour accepter de reposer tes mains sur lui. "Dit-il en hochant la tête sérieusement.
Pansy lui frappa violemment le bras, le faisant gémir comme un bébé.
"Mais non, espèce d'idiot ! C'est juste que je ne peux pas ! Pas que je ne veux pas."
"Comment ça ? Mais alors pourquoi ?" demanda-t-il, désarçonné, puis s'indignant au nom de son amie : "Quoi, c'est lui qui ne voudrait pas de toi ? Ce cloporte ? T'es mille fois mieux que lui ! Il mérite même pas de lécher les traces de pas que tu laisses derrière toi ce débile, minable…"
"Je te remercie pour ton soutien, et sache que j'apprécie que tu me tiennes dans une telle estime." rit-elle doucement. "Mais ça n'a rien à voir. C'est une question de principe."
"Principe ?"
"Tu sais que je me suis… rapprochée de Granger ces derniers temps. On peut même dire qu'on est devenues amies…"
"Et alors ?"
"Comment ça, et alors ? Hermione est son ex, et c'est mon amie ! On ne sort pas avec l'ex copain d'une amie, surtout si il a vraiment compté pour elle. Et Ron et elle ont été ensemble pendant un an au moins."
"C'est quoi cette règle idiote ? Et d'abord, où est ce que c'est écrit que tu doives la respecter ?"
"C'est une règle implicite ! Ca se fait pas, c'est tout."
"Je vois pas où est le problème. D'après ce que Harry m'a dit, elle l'a laissé tomber comme une vieille chaussette. Je vois pas en quoi elle aurait son mot à dire si tu le récupérait."
Pansy lui jeta un regard mi méprisant mi apitoyé que seules les femmes adressent aux hommes lorsqu'ils essaient en vain de comprendre les méandres de leur psychologie.
"Cherches pas à comprendre, tu risquerai de te faire un anévrisme. Le fait est que ce serait vraiment moche si je faisais ça."
"Vous les femmes, vous êtes vraiment trop bizarres. Je suis content d'être un homme, c'est beaucoup plus simple pour nous. Enfin, Merlin soit loué, je ne suis pas marié avec un représentant de votre sexe."
La seule réponse de Pansy fut de sourire comme si elle détenait tous les secrets du monde. Son visage prit alors cette expression lisse qu'elle arborait toujours, et quelqu'un qui l'aurait moins bien connu aurait pu s'y laisser prendre et croire que la situation ne l'affectait pas plus que ça. Mais Draco la connaissait depuis qu'il étaient en couche culotte et avait été son meilleur ami depuis cette époque.
Il se pencha vers elle, prit son menton entre ses doigts et leva son visage vers lui pour qu'elle le regarde dans les yeux. Il était sûr de pouvoir parler un langage qu'ils comprendraient tous les deux.
"Je peux me libérer cet après midi. Ce te dirait de faire du shopping ? Ils ont ouvert une nouvelle maroquinerie dans Diagon alley."
Pansy lui adressa un sourire rayonnant, ses yeux luisant.
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Le dos raide, Harry descendit de son balais et le pris d'une main sûre. Il avança d'un pas énergique vers le Terrier mais ses pensées étaient tournées vers l'intérieur et il ne prêtait aucune attention au paysage campagnard qui l'entourait, aux poulets qui s'ébattaient librement dans la cour, ni à l'humidité qui transperçait le bas de son pantalon alors qu'il foulait le gazon vert émeraude.
Il y avait des jours où on ferait mieux de rester couché toute la journée et Harry était en train d'expérimenter un de ces jours là. Entre sa dispute avec Draco et la convocation qu'il avait eu un heure auparavant chez ses parents, il avait la vague impression d'être tombé dans une autre dimension, un genre d'enfer personnalisé.
Arrivé devant la porte, il toqua et attendit avec impatience que quelqu'un lui ouvre. On ne mit pas longtemps à lui répondre, c'était Ron, les cheveux ébouriffés et les yeux rouges cernés de noir qui le fixait avec un air hébété.
"Harry ? Mais qu'est ce que…"
"Il faut qu'on aille chez Snape. Je dois vous parler à Hermione et à toi."
"Hermione ? Mais qu'est ce que…"
"Allons, dépêche toi !" fit Harry en lui prenant le bras et en l'entraînant vers la cheminée.
Une fois devant le foyer, il se tourna vers le rouquin, les sourcils froncés et s'exclama :
"Mais… Y a un suçon sur ton cou, non ?"
Le visage de Ron prit une teinte pourpre des plus seyantes et il jeta la poudre de cheminette dans le foyer sans desserrer les dents.
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Hermione griffonna quelques mots sur un cahier tout en feuilletant un livre de potion. Puis elle les relut et les barra en poussant un soupir. Elle repoussa une mèche de cheveux rebelle derrière son oreille et se résigna : elle n'arrivait pas à se concentrer sur ce qu'elle faisait. Ces derniers jours elle en semblait incapable et elle en connaissait très bien la raison. Depuis qu'elle vivait chez Snape, pour sa propre sécurité bien sûr, elle se sentait étrangement… bouleversée… distraite.
Pourtant, sa cohabitation avec le maître de potion se passait relativement bien étant donné le fait qu'ils ne se voyaient qu'aux repas, et lorsqu'il daignait la gracier de sa présence une demi-heure dans l'après midi pour lui donner des ordre de recherche c'était le bout du monde.
Elle aurait dû être satisfaite par cet arrangement. Bien que leurs relations se soient beaucoup améliorées, il n'était tout de même pas quelqu'un avec qui on aimerait passer tout son temps de libre. Et puis, elle était bien assez occupée comme ça avec les nouvelles recherches qu'il ne cessait de lui donner à faire tous les jours.
Mais elle ne pouvait s'empêcher de se sentir… déçue. Comme si, secrètement, elle avait attendu quelque chose de plus de sa part que cette indifférence polie.
Il faut dire que son opinion sur Snape avait quelque peu évolué depuis qu'elle avait pu explorer sa maison. Montre moi ta maison, je te dirai qui tu es. Un des proverbes préférés de son père. Et en explorant le domaine de Snape, elle avait entraperçu une facette de l'homme qui lui avait donné envie de mieux le connaître et de découvrir ce qui poussait une personne d'une apparence aussi froide à avoir un intérieur aussi chaleureux. Tout depuis les boiseries sombres jusqu'aux tapis d'orients aux couleurs chaudes semblaient inviter à l'apaisement et au confort. C'était bien éloigné de la personnalité apparemment glaciale qu'il affichait en permanence.
Elle était vexée qu'il ne lui permette pas de lui parler plus souvent, de le découvrir comme autre chose qu'un homme froid et aigri. Pourtant, elle avait eu l'impression d'avoir un peu avancé avec lui ces derniers temps, comme s'ils étaient liés par une connexion invisible mais néanmoins présente. Mais aujourd'hui ça lui paraissait n'avoir été qu'un illusion étant donné le manque d'interaction qu'il y avait eu entre eux ces derniers temps.
Cela l'affectait plus que ça ne le devrait et elle ne voulait vraiment, vraiment pas savoir pourquoi. Elle avait le sentiment que si elle fouillait un tant soit peu en elle même, elle tomberait sur quelque chose qu'elle n'était pas sûre de pouvoir assumer.
Au moment où elle commençait à désespérer de pouvoir un jour se concentrer sur son travail, la porte menant à sa chambre (qui accessoirement lui servait de bureau) s'ouvrit brutalement pour laisser place à un Harry au visage déterminé et à un Ron ahuri, suivis par un minuscule elfe de maison paniqué qui essayait de les retenir en poussant des glapissements aigus.
La jeune femme le calma rapidement avant de le faire sortir, puis se retourna vers ses deux amis en arborant une expression sévère.
"Est ce que je peux savoir ce qui vous amène et qui vous a poussé à traumatiser Giddy comme ça ?"
"Giddy ? "demanda Ron d'un air hésitant.
"L'elfe de maison." Répondit elle d'un air exaspéré en faisant un geste impatient de la main en direction de la porte. "Maintenant, expliquez moi."
Hermione croisa ses bras devant sa poitrine. Elle n'était pas vraiment en colère, mais l'expression gênée que les deux garçons affichaient lui paraissait irrésistible.
"Ben… Moi j'en ai aucune idée. C'est Harry qui m'a tiré de chez moi de force."
"Traître !" grommela le brun dans sa barbe et Hermione faillit pouffer de rire devant son air déconfit.
"Alors ?" dit elle en haussant un sourcil interrogateur.
Il lui adressa un regard entre ses cils, comme pour jauger de sa réaction, et se lança avec hésitation :
"Il s'est passé quelque chose. Mon… mon père m'a convoqué ce matin pour une discussion sérieuse à propos de son entreprise et…"
Il ne poursuivit pas sa phrase, ses sourcils froncés il examinait ses pieds avec concentration. Hermione eut un mouvement d'impatience.
"Qu'est ce que ça à voir avec toi ? De toute façon tu ne vas pas travailler dans la Potter&Black Compagnie, alors de toute façon ça ne te concerne pas."
"Oui mais cette fois c'est trop important pour que même moi je reste en dehors. On s'est rendu compte qu'il y avait eu… des mouvements irréguliers dans le transport des marchandises."
"Ton père travaille dans l'import export, qu'est ce que tu veux dire par « mouvements irréguliers » ?" demanda la brune sans perdre son calme.
"Ca veut dire que quelqu'un s'est servi de la compagnie pour transporter des marchandises illégales, sans que mon père s'en rende compte."
"Quel… genre de marchandises illégales ?"
Hermione commençait à s'inquiéter, et si elle pouvait en juger par le front plissé du rouquin, Ron était du même avis qu'elle : cette histoire était très sérieuse. Harry leva brièvement les yeux du sol, son regard passant sur eux un court instant avant qu'il ne se baisse à nouveau, et il enfonça ses mains dans ses poches.
"De la drogue."
"QUOI !" s'exclamèrent Hermione et Ron à l'unisson.
"Quelqu'un s'est servi de la compagnie de mon père pour transporter de la drogue."
"Tu ne peux pas être sérieux !" s'étouffa la brune en s'asseyant lourdement sur une chaise. "Est ce que… vous avez des preuves ?"
"Malheureusement oui. Une enquête sérieuse a été effectuée et il n'y a aucun doute possible."
"Mais, comment vous en êtes vous rendu compte?" Intervint Ron. "Et depuis quand est ce que ça dure ?"
"Apparemment depuis plus d'un an au minimum. Et on s'en est aperçu parce que la Malfoy Corporation a fait une enquête de routine sur nous avant d'accepter de signer un contrat de partenariat. Ils ont remarqué des mouvements irréguliers, nous les ont signalés et mon père a mené une enquête approfondie. Les transports dans lesquels on a constaté des chiffres irréguliers correspondent à des arrivages massifs sur le marché de cette nouvelle drogue, vous en avez sans doute entendu parler, le RDD."
"Ben merde alors !" souffla Ron, ébahi.
"C'est horrible !" s'exclama Hermione.
"Le pire, c'est que la personne qui a fait ça l'a fait au nez et à la barbe de mon père. Il ne s'est rendu compte de rien !"
"Il n'avait… aucun soupçons ?" demanda la brune avec hésitation.
"Non, aucun. Pourtant il y a des sérieux contrôles des allées et venues des marchandises, non seulement par l'entreprise mais aussi par le ministère. Mais personne ne s'est rendu compte de rien."
A ce moment, Harry leva les yeux vers elle et elle fut frappé par leur couleur intense, comme celle qui apparaissait lorsqu'on jetait le sort de la mort. Elle frissonna discrètement, mal à l'aise avec l'intensité de ce regard.
"Papa pense que seul quelqu'un de proche de nous, proche de la famille aurait pu faire ça. Il suspecte tout le monde."
"Tu ne penses pas que ça pourrait être… les Malfoy eux même?" demanda Ron d'une voix hésitante.
Il eut un mouvement de recul quand Harry tourna vers lui un regard noir comme l'enfer.
"Si tu oses un instant soupçonner Draco…"
"Pas Draco !" s'exclama avec précipitation le rouquin. "Mais son père… Il a toujours trempé dans des affaires un peu louches alors…"
Hermione vit le doute s'inscrire sur le visage du brun. Puis un autre sentiment s'y mêla. De la douleur ?
"Ca ne peut être ni l'un ni l'autre. "Fit la brune avec fermeté. "Tu nous a dit que le trafic avait plus d'un an, la famille Malfoy n'est liée intimement à la tienne que depuis quelques mois. Et avant ça vous n'aviez pas assez confiance en eux pour leur livrer une lettre alors de là à ce qu'ils montent un trafic de drogue sur votre dos, ça paraît très peu probable."
Elle vit le soulagement s'inscrire sur le visage du brun, comme si une chape de plomb venait subitement d'être ôtée de ses épaules. Il n'avait certainement pas envie de se retrouver dans une situation dans laquelle il aurait à accuser la famille de celui qu'il aimait d'un tel crime.
"Et il n'a aucune piste sur qui cela pourrait bien être ?" interrogea la jeune femme.
"Aucune piste. Rien. Celui qui a fait ça est très intelligent et n'a rien laissé au hasard. C'est pour ça que papa et Sirius pensent que c'est quelqu'un proche de nous, quelqu'un qui aurait eu l'occasion et dont personne ne se serait méfié. Mais l'idée de regarder tout le monde d'un air soupçonneux me dégoûte."
"Je te comprends." Fit la brune en posant sa main sur son épaule. "Ca doit être terrible."
Il y eut un instant de silence pensif qui fut brisé par la voix hésitante de Ron :
"Je vais probablement poser une question stupide, mais qu'est ce que c'est le RDD ?"
"C'est une drogue, Ron." Fit Harry d'un ton un brin exaspéré.
"Merci du renseignement, je suis quand même pas totalement stupide ! Mais quel genre de drogue ? J'en ai jamais entendu parler."
"C'est une nouvelle drogue, introduite dans le marché il y a environ deux ans aux Etats Unis. Le nom complet est Red Devil Dust, mais en fait c'est un joli nom pour une variété améliorée de la méthamphétamine, une drogue moldue très répandue parce qu'elle n'est pas très chère. Le nom lui vient du fait que c'est une poudre aux reflets rougeâtres, cette couleur est due à certaines molécules contenues dans les écailles de dragon qui ont été rajouté au mélange initial avant d'être mis sur le marché sorcier."
La jeune femme prit à peine le temps de reprendre sa respiration avant de continuer son exposé.
"Les méthamphétamines, en général, engendrent, entre autre, l'irritabilité, la bouche sèche, la transpiration, l'hypertension, les palpitations, la nervosité, l'insomnie et les nausées. elles peuvent aussi causer la confusion mentale, l'anxiété sévère, la paranoïa, la violence ou un état de psychose. A long terme, il peut occasionner des hallucinations, des délires, et même des changements structuraux du cerveau engendrant des pertes de mémoire, des difficultés à exécuter des tâches complexes et des symptômes psychotiques permanents. Plus rarement, il provoquera une augmentation de la température, un collapsus cardiovasculaire, un accident vasculaire cérébral et même la mort. Les molécules contenues dans les écailles de Dragon rendent le RDDencore plus dangereux que la drogue moldue. Elle a des effets allucinogènes et psychotropes aggravés, notamment selon la race du dragon dont on a utilisé les écailles"
Les deux jeunes hommes la regardaient d'un air stupéfait et un peu craintif, comme si sa manie de parler comme un dictionnaire pouvait s'attraper. Mais la jeune fille n'y prêta pas attention. Quelque chose venait de lui revenir. Quelque chose d'important, d'essentiel même, mais qui lui échappait comme quand on a un mot juste sur le bout de la langue mais qu'on n'arrive pas à s'en souvenir.
"Chez les moldus on l'appelle la cocaïne du pauvre parce qu'elle est facile à fabriquer et ne coûte pas cher. Bien sûr, le RDD est plus coûteux étant donné les écailles de Dragon qu'il faut utiliser, mais étant donné que les dresseurs de dragon en fournissent aux marchands de potion assez facilement pour des potions plus innoffensives…"
Elle s'interrompit au milieu de sa phrase et ses yeux s'écarquillèrent quand elle réalisa ce qui lui avait échappé plus tôt. Un poing de glace se referma sur son estomac alors qu'elle se précipitait à son bureau pour rechercher les renseignements qui confirmeraient l'affreux doute qui venait de s'insinuer en elle.
Elle retrouva la liste au fin fond d'un classeur où elle l'avait posée distraitement plusieurs semaines auparavant et ses yeux scannaient nerveusement la feuille de papier toute simple.
"Hermione ?" fit Ron d'une voix un peu inquiète.
La jeune femme leva vers eux un visage exsangue, les mots de Pansy prononcés quelques il y avait quelques semaines à peine résonnant dans ses oreilles comme le carillon d'une église.
"Je… Il y a quelque chose dont je ne vous ait pas parlé, parce que ça ne paraissait pas essentiel sur le moment… Mais maintenant tout s'éclaire… Je n'aurai jamais cru…"
"De quoi est ce que tu parles Hermione ? "dit Harry d'une voix agitée.
Elle se tourna vers lui et le fixa d'un air sombre.
"Je crois savoir qui mène ce trafic."
"Quoi ?" s'exclamèrent ensemble les deux jeunes hommes.
La brune les fit taire d'un geste de la main.
"D'abord, il faut que je vous explique. Le jour de ton mariage, j'ai surpris une conversation entre Percy et Marcus Flint. En fait, c'était plutôt une dispute, à propos d'un secret. Enfin bref, j'étais curieuse de savoir ce qu'ils avaient en commun étant donné qu'il ne m'avait jamais semblé qu'ils étaient amis."
"Quel rapport avec l'histoire de Harry ?"
"J'y viens. Je me suis mise à enquêter avec l'aide de Pansy."
"Pansy, comment dans : Pansy Parkinson la meilleure amie de mon époux ?" demanda Harry avec stupéfaction. "Je ne savais pas que vous étiez dans de bons termes toutes les deux."
Curieusement, à la mention du prénom de la jeune femme, le visage de Ron s'empourpra lentement, devenant aussi rouge qu'une tomate bien mûre.
"Et bien oui. Cette histoire nous a rapproché. Enfin bref. On a recherché qu'est ce qui pouvait rapprocher Percy et Flint et elle a découvert quelque chose."
"Quoi ?"
"Qu'un homme roux s'était rendu au magasin d'ingrédients de potion des Flint et qu'il y avait fait des expériences. Elle a réussi à se procurer la liste des ingrédients utilisés grâce à un elfe de maison. Et ces ingrédients…"
"Sont ceux utilisés pour fabriquer le RDD." Poursuivit Harry, sa voix lente et basse, presque hésitante alors qu'il la suivait dans ses déductions.
Leurs regards se croisèrent et le silence qui envahi la pièce était si profond qu'on aurait pu s'y noyer.
"Je n'ai… pas fait le rapprochement tout de suite parce que les ingrédients de base de la méthamphétamine sont très communs et peuvent servir à créer beaucoup de chose, entre autre dans des médicaments pour le traitement de la congestion nasale, de la narcolepsie et de la dépression. Mais si c'est bien ça… ça veut dire que…"
"Non. C'est impossible."
La voix ferme de Ron avait raisonné dans la pièce comme une coup de tonnerre. Son visage fermé exprimait tout l'entêtement que le fils de Molly Weasley pouvait bien retirer des gênes maternels.
"Enfin tu dois bien admettre que c'est troublant !" s'exclama Hermione en se tournant vers lui.
"Peut être, mais ça ne veut rien dire. Je veux dire… c'est Percy ! Il ne ferait jamais quelque chose comme ça !"
La voix du rouquin trembla légèrement avec ses dernières paroles, ses yeux pleins de doute fixés sur la feuille d'ingrédients que la brune tenait serrée dans son poing. Son indécision faisait mal à Hermione et elle aurait aimé faire quelque chose pour tout arranger. Malheureusement, les faits étaient là, Percy semblait bien mêlé jusqu'au cou à cette histoire de trafic de drogue.
"Il en avait les moyens Ron." Fit elle d'une voix douce. "Il est assez proche des Potter pour avoir organisé le transport de la méthamphétamine et Flint a les contacts pour se procurer des écailles de dragon afin de terminer le mélange…"
Ron se contenta de secouer la tête, ses lèvres plissées et ses yeux clos, comme pour ne pas admettre la réalité.
"Il faut que nous soyons sûrs." Dit Harry d'une voix claire. "Il faut aller voir Percy et le confronter à nos soupçons. Même si il nie, il aura au moins un moyen de s'expliquer."
"Au fait, "demanda la brune, prise d'un doute subit, "est ce que Ginny est toujours chez lui ?"
"Oui. On n'a pas eu de nouvelles d'elle depuis qu'elle y est allée. Mais ça fait à peine dix jours… "rajouta le rouquin rapidement en voyant les regards un peu effrayés que ses deux amis échangèrent. "Il ne ferait jamais de mal à Ginny !"
"Est ce que tu connais son adresse ?" demanda Hermione à Ron.
"Ou… oui. Mais je refuse de croire qu'il soit mêlé à cette histoire. Je suis sûr qu'il aura une explication tout à fait logique. Et je suis persuadé que Ginny se porte comme un charme !"
Hermione planta ses yeux bruns dans ceux de son ex petit ami et lui dit :
"Je l'espère moi aussi."
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L'Ombre ne réussit pas à entendre le reste de leurs paroles, mais ça n'avait aucune importance. Quelques secondes plus tard elle put entendre la porte de la chambre d'Hermione chez Snape claquer alors que les trois jeunes gens sortaient de la pièce.
Il n'y avait rien eu de plus facile pour l'Ombre que de cacher des micros chez Snape. Il avait suffit d'envoyer un vase de fleur anonymement à la jeune convalescente pour qu'il puisse avoir des oreilles sur place.
La plus grosse faiblesse des sorciers, surtout des Sangs Purs, c'était de mépriser toutes les inventions moldues et de ne jamais se tenir au courant de leurs plus récentes technologies. Et si on pouvait compter sur Snape pour quelque chose, c'était bien d'avoir les barrières de protection magiques les plus performantes autour de sa maison. Mais malheureusement pour lui, et heureusement pour l'Ombre, il avait suffit qu'elle introduise discrètement l'appareil d'espionnage moldu pour que tout l'édifice de protection de ce crétin s'effondre.
Même la petite Granger, qui pourtant avait été élevée dans une famille moldue, n'y avait vu que du feu et s'était cru en sûreté. Pauvre enfant naïve. La faiblesse de leurs esprits sans finesse faisait rire l'Ombre.
L'Ombre n'était pas faible, ça non.
Et il était temps qu'elle agisse. Ils étaient bien trop près de la vérité et il fallait faire quelque chose pour les empêcher de l'atteindre. L'Ombre n'avait jamais vraiment voulu tuer toutes ces personnes, mais à trop se montrer curieux, il fallait s'attendre à de graves conséquences.
Elle éprouva un instant de pitié pour eux, mais se débarrassa vite de ce relent d'humanité.
L'ombre se leva, prit sa baguette et sortit de la pièce.
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Harry était très nerveux, il ne savait pas vraiment à quoi s'attendre. Ils avançaient dans un silence de plomb, aucun d'eux n'ayant le courage de le briser. Ils avaient transplanés à l'adresse que leur avait donné Ron et se retrouvaient dans un quartier résidentiel, de jolie maisons bordaient une allée de cyprès. Il s'arrêtèrent devant l'une d'elles, distincte des autres par son jardin bien entretenu où poussait une variété étonnantes de plantes que Harry reconnaissait comme étant souvent trouvées dans les potions.
Il sentait son cœur cogner contre sa poitrine et il essuya ses mains moites contre son jean. Ils n'avait pas vraiment prévu à l'avance ce qu'ils allaient lui dire, et il se voyait mal accuser de but en blanc le frère de son meilleur ami de trafic de drogue.
Le brun laissa Hermione frapper à la porte. Ils n'attendirent que peu de temps avant que celle-ci ne s'ouvre mais cela parut infiniment long pour Harry. Percy était de l'autre côté et il haussa les sourcils d'étonnement en les voyant mais il leur fit signe d'entrer. Harry ne prit pas même le temps de regarder l'intérieur tant il vibrait de tension à l'idée de la confrontation qui allait survenir.
"Salut ! Je ne savais pas que vous deviez passer."
"Ce n'était pas prévu. "Répondit rapidement la brune. "Nous sommes venu ici pour un sujet sérieux."
Visiblement elle n'avait pas le même problème que Harry et avait déjà décidé de ce qu'elle allait lui dire.
"Ha ?"
"Oui. Est ce que tu sais à quoi servent ces ingrédients." Dit elle en lui tendant la liste qu'elle avait conservée avec elle.
Le sourire de Percy se ternit au fur et à mesure de sa lecture et son visage avait prit un teint de cendre quand il fut arrivé à la dernière ligne. Il leva vers eux un regard dont il cru pouvoir lire les sentiments mêlés. Il y avait de la crainte, un peu de colère mais surtout… du soulagement ?
Il posa lentement la feuille de papier sur un table proche et s'assit lourdement sur une chaise. Il ôta ses lunettes et frotta ses yeux d'un geste las, puis les remit en place avant de les regarder à nouveau.
Harry pouvait sentir à ses côtés Ron se tendre comme un ressort, lui qui n'avait pas décroché un seul mot depuis qu'ils étaient partis de chez Snape. La tension régnant dans la pièce semblait crépiter entre eux comme un courant électrique et le brun se surprit lui même à retenir son souffle.
"Oui. Je sais à quoi servent ces ingrédients."
Harry glissa sa main dans sa poche et frôla de ses doigts le bois rassurant de sa baguette. Hermione parut désarçonnée qu'il ne nie pas. Mais elle se repris rapidement et attaqua à nouveau :
"Nous savons que tu t'es servi de ces ingrédients au magasin de Flint et que donc tu as fabriqué du RDD. Nous avons un témoin. Nous sommes aussi au courant pour le trafic d'importation de méthamphétamine en Angleterre…"
"Non !" l'interrompit Percy d'une voix forte. "Ce n'est pas ce que vous croyez!"
Il se leva brusquement et, par réflexe plus qu'autre chose, Harry braqua sa baguette sur lui d'un geste menaçant. Cela ne troubla le rouquin qu'un bref instant avant qu'il ne se tourne à nouveaux vers Hermione en tendant vers elle un bras, la suppliant de comprendre.
Les trois amis se rapprochèrent les uns des autres pour former un bloc hostile. Même Ron, dont il avait senti le tressaillement de protestation quand il avait sorti sa baguette, fit front avec eux dans leur méfiance contre son frère.
"Vous ne comprenez pas… Vous n'avez pas tous les éléments…"
"Dis nous où est Ginny !" intervint le brun.
En ne la voyant pas apparaître avec tout le bruit qu'ils faisaient, Harry avait commencé à craindre pour elle. Il n'avait jamais vraiment cru que Percy pourrait faire du mal à sa petite sœur, mais maintenant…
"Ginny ?" fit Percy, complètement dérouté.
"Dis nous où elle est ou tu vas le regretter !" s'enflamma le brun, sa peur pour la petite rousse prenant le dessus sur sa raison.
Il crut un instant entendre un craquement derrière lui, mais fut distrait par le geste d'incompréhension que fit le jeune homme roux en face de lui avec son bras et qui renversa la chaise sur laquelle il s'était assis précédemment. Cet instant de distraction lui fut fatal.
"Ca, ça m'étonnerai." Fit derrière eux une voix rauque, inconnue de Harry.
Le brun eut à peine le temps de se retourner et de mettre un nom sur la silhouette trapue, le visage taillé à la serpe et les épais sourcils bruns de l'homme derrière lui avant que celui ci ne le fige d'un stupefix qui le fit basculer en arrière et perdre connaissance.
Marcus Flint.
Fin du chapitre 12
Il est évident que je ne cautionne ni n'approuve l'usage de quelque drogue que ce soit. Les renseignements sur la méthamphétamine écrits dans ce chapitre sont véridiques (bien que j'ai inventé le RDD) et peuvent être trouvé sur ce site: http / www. parlonsdrogue. com/ fr/ accueil/ index. php (enlever les espaces).
Bon, j'ai appris qu'on ne pouvait plus répondre aux reviews dans les posts, donc je vais simplement remercier tous ceux qui m'ont laissé une review! Ca m'a énormément encoragé quand j'étais dans les affres de l'angoisse de la page blanche, merci beaucoup!
Laissez votre adresse e-mail dans votre review si vous n'avez pas de compte Ffnet et que vous voulez me poser des questions, j'y répondrai le plus rapidement possible.
Bisou à tous et à la prochaine!
