Le corps endoloris après une nuit agitée, Hermione s'étira dans la grimace de ses membres engourdis. Deux ans qu'elle dormait sur un lit de camps, entre fuite et planques insalubres. De sa tente autrefois chaleureuse, ne restait qu'une toile usée, un plancher grinçant et un froid oppressant. Mais à cette heure, son confort lui importait peu. Car aujourd'hui… aujourd'hui, était le grand jour.

L'adrénaline au cœur, elle rassembla le reste de ses affaires et contempla une dernière fois son refuge. Tant de souvenir y résidaient. Sa cavale avec Harry et Ron, leurs pleurs, leurs rires, insomnies et doutes. Ils avaient tout partagé, tout vécu, tout traversé ! Mais cela remontait à une autre vie… voire une petite éternité. Déjà 6 mois qu'elle n'avait plus de leurs nouvelles. 6 mois passés à errer, tantôt exilée et chassée. 6 mois à contempler la déchéance de son existence et la réalité de leur ignorance à son égard. Pas une lettre. Pas un mot. Pas une excuse ou la moindre nouvelle. Un parfait et complet silence, plus cruel encore que le plus puissant des doloris. Mais elle avait assez pleuré pour eux… ils avaient choisi leurs vies. Et elle, la sienne.

Aussi, c'est la gorge serrée qu'elle défit sa tente d'un coup de baguette et laissa la morsure du froid se rassasier de sa peau. A peine vêtue d'un jean troué et d'une veste trop large, elle entoura son corps de ses bras. Mais ils étaient trop maigres et ses côtes trop apparentes pour ne serait-ce que la réchauffer. Depuis quand n'avait-elle pas mangé un vrai repas ? Ou dormi ailleurs que sur un lit en bois ? Elle ne savait plus. Pourtant, elle était certaine d'une chose. Aujourd'hui marquerait sa fin ou sa renaissance. Sa mort, ou sa vie. Mais dans les deux cas, elle le savait… elle ne dormirait pas dans sa tente ce soir.


Le cœur au bord des lèvres, Hermione déglutit devant l'imposante silhouette du château qui se devinait devant elle. Plus sombre et lugubre que jamais, Poudlard ne lui avait jamais semblé plus étranger qu'à cet instant. Fini le chant des oiseaux, le grondement du sol cogneur, les rires des élèves et les farces des fantômes… ne restait qu'un monument froid, imposant et habité par le mal en personne. Habité par Lord Voldemort.

Deux années s'étaient écoulées depuis qu'elle l'avait fui avec les restes des membres de l'Ordre du Phénix. Blessés et vaincus ils avaient traversé la forêt Interdite, des mangemorts à leurs trousses et la honte aux cœurs. Tant étaient morts ce jour-là… tant d'amis, de collègues et de frères d'armes. Et pourtant, c'est sur leurs traces de sang qu'elle marchait aujourd'hui. Un pèlerinage macabre qui la fit tressaillir à chaque pas, la rapprochant un peu plus de l'antre du monstre qu'elle avait haï toute sa vie. Il lui était étrange de se dire qu'elle n'y revenait pas en tant que prisonnière, une baguette sous la gorge dans l'attende d'une future torture. Et pourtant, elle doutait qu'autre chose l'y attende… mais elle devait essayer. Elle devait lui parler ! A cette pensée, un sourire ironique creusa ses joues. Parler à Voldemort… L'homme qui n'avait pour but que d'exterminer « sa race » de né-moldu. L'homme qui avait tué et torturé plus que personne en ce bas monde. L'homme que ses amis cherchaient désespérément à tuer depuis plus d'une décennie ! L'homme qui les avait toujours tenus en échec… Car oui. Voldemort avait bel et bien gagné leur guerre.

Pourtant, elle avait cru en leur chance. Elle s'en était même persuadée ! Quand Harry était revenu à la vie dans les bras d'Hagrid, elle n'avait plus eu le moindre doute ! Ils allaient gagner ! Mais les Dieux en avaient décidé autrement... Débarrassé de l'Horcrucx qui s'était accroché à lui, Harry avait cru que cela suffirait à mettre Voldemort en échec. Mais il avait eu tort… car c'était bien cela qui avait marqué leur ultime défaite. Sans cette partie de l'âme de Voldemort, Harry s'était retrouvé affaibli. Bien moins puissant, incapable de parler Fourchelangue et profondément désemparé devant une faiblesse magique qu'il n'avait pas anticipée, il n'avait pas tenu plus dix minutes devant lui. Ecarté d'un simple coup de baguette, ils n'avaient eu d'autre choix que de fuir. Un acte lâche, irréfléchi et honteux qui bien qu'il leur ait sauvé la vie, n'avait servi à rien. Exilé et en cavale, ils n'avaient pas compris comment leurs chances avaient pu les mener à une telle débâcle ! Du moins, Harry et Ron ne voulaient pas comprendre… Pourtant, cela crevait les yeux. L'Horcrucx de Voldemort n'était pas qu'un imprévu dans le destin d'Harry. Il était la seule et unique chose qui avait de lui un sorcier « spécial ». Démuni de cette dernière, une partie de la force et des pouvoirs de Voldemort l'avait quitté, faisant alors du survivant ce qu'il aurait toujours dû être : un sorcier de catégorie moyenne. Sans grande connaissance de magies théoriques puissantes ni même la moindre idée de stratégie, la légende de l'Elu était morte avec leurs espoirs, laissant le trio d'or à la merci de leurs ennemis les plus redoutables.

Mais c'était sans compter le déni toujours plus grand de ses « amis ». Convaincus qu'il restait une chance, Harry et Ron s'étaient lancé dans une quête impossible : celle de trouver un artefact magique suffisamment puissant pouvant anéantir Voldemort une bonne fois pour toute. Et là encore, elle y avait cru. Plus déterminée que jamais, elle s'était plongée dans tous les livres de magies divines, de légendes et de contes à la recherche d'un indice ! Une année entière passée à lire la moindre page du moindre livre de magie existant, jusqu'au jour où une lueur était apparue.

La légende du grimoire de Merlin.

Un livre rédigé de la main de Merlin lui-même, détenteur des plus grandes réponses aux questions magiques de ce monde et perdu depuis des millénaires. Bien entendu, Harry et Ron n'y avait pas cru… jusqu'à ce qu'elle décode une carte censée mener à lui. Et après des semaines de marches, de pièges, d'embusques et de peines dans les forêts impénétrables de Russie, ils y étaient arrivés. Caché au cœur d'une grotte perdu au fin fond d'un lac gelé et habité par la pire espèce de sirènes au monde, le livre reposait dans le secret de l'obscurité. Et si cette découverte avait signé le plus grand espoir d'Hermione, Harry et Ron eux, exultèrent d'horreur. Plus déçus que jamais de ne pas y trouver le descriptif d'une arme ou d'une potion capable d'anéantir Voldemort, leur frustration avait atteint son paroxysme. Allant jusqu'à maudire Merlin lui-même, ils refusèrent d'approfondir l'étude du grimoire et laissèrent cette joie à une Hermione désemparée. Blâmée de toute part pour les avoir entraînés dans cette « quête vide de sens », elle était rentrée à leur QG telle une pariât, marquant ainsi le début de la fin du Trio D'or. Isolée de tous, la culpabilité s'était mise à la ronger. Bien décidée à prouver qu'ils avaient tort, Hermione s'était donc mis en tête de percer les secrets de ce livre et de se racheter à leurs yeux. Mais les symboles anciens et langues oubliées n'était pas déchiffrables en un jour… très vite ses anciens amis et professeurs, bien qu'émerveillés par leur découverte, se mirent à leur tour à la blâmer pour son obsession. Pourtant, cela ne fit que galvaniser sa détermination. Elle devait trouver quelque chose ! N'importe quoi capable de les aider et leur prouver la valeur de ce livre ! Et elle avait trouvé…

Cachée dans l'épaisse doublure, une petite sphère bleutée lui était tombée sur les genoux un soir où elle perdait espoir.

Une prophétie.

Celle de la fin de la magie.

Plus choquée que jamais, les images apocalyptique et messages prémonitoires ébranlèrent son âme au-delà de l'imaginable. Merlin lui-même avait protégé cette prophétie, afin de mettre le monde en garde. Afin de les sauver ! Aussi à la lueur du plus grand fléau magique, les aspects puérils de leurs guerres de territoires avec Voldemort lui parurent dérisoires. Ils devaient empêcher cela. Ils devaient empêcher la magie de s'éteindre ! Au-delà de l'urgence, il s'agissait d'un devoir ! Mais une fois encore, Harry et Ron n'y crurent pas. Devant la prophétie et le présage d'un tel cataclysme, ils soutinrent que cela n'était que folie et hérésie ; que cette prophétie datait de plusieurs milliers d'années et qu'elle devait être erronée. Une prophétie, erronée… Bon dieu, de toutes leurs stupidités celle-ci avait bien été la plus belle.

Elle avait tenté de leur expliquer. Pendant des mois, elle n'avait eu de cesse de les mettre en garde et de les harceler pour qu'ils comprennent enfin que le monde ne tournait pas autour de leur vengeance ! Que le monde ne tournait pas autour de Voldemort ! Mais ce fut pour eux les mots de trop. Considérée comme défaillante, folle et obsédée, l'Ordre du phénix estima qu'elle n'était plus apte à partir en mission. Puis… ils décrétèrent qu'elle n'était plus assez fiable et enfin, on remit en cause la confiance qu'ils lui portaient. Très vite la grande Hermione Granger, la sorcière la plus intelligente de sa génération et la plus dévouée à leur cause se vit reléguer au rang de folle alliée. Malheureusement, ses discours apocalyptiques ne l'aidèrent pas à remonter dans leur estime, à tel point que ses amis en virent à penser que le livre l'avait ensorcelé. Ainsi, ils tentèrent de lui reprendre, de le brûler, de la soigner… mais ils ne réussirent qu'à la meurtrir. Blessée dans sa chaire et de son âme, elle fut plus mal regardée que Bellatrix Lestrange elle-même ! Une ironie, dans la mesure où ses amis l'avaient mille fois plus torturé que la mangermorte.

Une décision avait donc été prise : Hermione devait partir.

Et c'est ainsi que la jeune femme avait été chassée et abandonnée dans une forêt avec à peine de quoi se vêtir et survivre. Ils s'étaient sûrement dit que cela lui remettrait les idées en place et qu'elle reviendrait vers eux, implorant leur pardon. Mais c'était sans compter la haine qu'ils avaient fait naître dans son cœur. Oui. Jamais Hermione n'en avait connu de plus grande haine qu'à l'instant où Harry et Ron l'avait abandonnée à son sort. Aussi, elle n'en doutait pas. Seule la nécessité de se faire entendre et de révéler la prophétie au monde magique l'avait empêché de brûler leur campement ! Ces traîtres, ces lâches, cette bande de rat désuets et empotés n'avaient jamais rien accompli sans elle ! Et ils la rejetaient ? Sans même lui laisser le bénéfice du doute ! Sans même l'écouter un seul instant ! Ils le paieraient. Oui, tôt ou tard, ils paieraient leurs orgueils ! Mais pas aujourd'hui…. Non, aujourd'hui elle rencontrait son destin et choisissait d'avoir foi.

Foi en l'unique Sorcier suffisamment puissant pour comprendre la gravité de la prophétie.

Foi en Lord Voldemort.


La tête haute Hermione marchait fièrement en direction du château. Le cœur serré, elle tenta vainement de faire abstraction des cris des corbeaux au-dessus d'elle. Mais comment aurait-elle pu ? La moitié d'entre eux dévorait les corps de traîtres pendus le long des fenêtres tandis que des charognards se chargeaient de ceux laissés dans le creux d'un ravin. Un accueil plus que chaleureux pour quiconque partageant une telle aversion pour la vie et la dignité humaine…. Mais elle ne devait pas se laisser intimider. Elle ne devait pas reculer. C'était maintenant ou jamais.

Très vite, elle arriva à moins d'une trentaine de mètres de l'entrée et sentie son corps frissonner. Elle venait de passer une barrière d'alerte magique. D'ici peu, une floppée de mangemorts se bousculerait pour lui lancer le premier doloris d'une longue série. Aussi, elle se stoppa et attendit, imaginant déjà le sourire de Bellatrix en voyant sa Sang de Bourbe préférée se rendre sans se battre. Pourtant et alors que le souvenir de ses propres cris lui revint en mémoire, c'est avec surprise qu'elle ne vit qu'une chevelure blonde franchir la porte d'entrée. Une chevelure et une stupéfaction qu'elle n'aurait jamais cru voir sur ce visage…

- Granger ?!

- Malfoy.

Désemparée, Drago la regarda abasourdi. Hésitant, il crut d'abord voir un fantôme avant que la jeune femme ne s'avance d'avantage, le regard franc et curieux. Deux ans s'étaient écoulé depuis qu'ils s'étaient vus à la bataille finale. Deux ans pendant lesquelles sa famille avait prospéré au côté du Seigneur des Ténèbres, devenant par la même occasion l'une des familles les plus puissantes du monde magique. A le regarder, il ne semblait pas avoir changé. Toujours ces cheveux blond platine, cette figure sévère sculptée dans une peau d'albâtre et ces yeux d'un gris anthracite. Il est certain qu'à côté de lui, l'image qu'elle renvoyait ne devait pas être des plus glorieuses, mais peu lui importait. Elle avait fini de haïr les Malfoy depuis bien longtemps déjà…

- Mais… qu'est-ce que… qu'est-ce que tu fais là ?! Hurla-t-il horrifié devant elle.

Indifférente à sa question, Hermione fut surprise de ne voir personne arriver à sa suite. N'y avait-il donc plus de chien de garde ? De mangemorts avides de tuer ? Ou de trappeurs prêts à la vendre ? Après tout, n'était-elle pas l'une des cibles de choix de cette guerre ?

- Où est la cavalerie ? Demanda-t-elle. Je m'attendais à un véritable assaut.

- Sois heureuse que ce ne soit que moi ! Tonna-t-il. N'importe qui d'autre t'aurait déjà tué...

A cet instant, Hermione ne sut pas ce qui la choqua le plus. Qu'il ne la mette pas en joug de sa baguette ou qu'il lui réponde d'un ton des plus cordiales… sûrement les deux. Après tout, n'avait-t-il pas toujours voulu la voir morte ?

- Et pas toi ?

Agacé, le Malfoy ne répondit pas et claqua la porte avec vigueur. Il n'aimait pas l'idée qu'elle soit là… aller savoir quel plan Potter préparait. Mais il ne put que relever un sourcil devant l'air étonnement docile de sa vieille ennemie. Elle ne semblait pas être venue se battre.

- Pars avant de te faire tuer. Dit-il alors en regardant tout autour d'eux. Et si c'est une diversion pour attaquer, prévient Potter qu'il perd son temps ! Cela fait bien longtemps que toute riposte est devenue inutile.

- Je sais mais ce n'est pas une diversion et… je n'ai pas l'intention de partir.

Cette fois, le Malfoy parut franchement intrigué. Cela faisait longtemps qu'il n'avait pas vu l'impétueuse Hermione Granger, pourtant elle ne ressemblait en rien à la femme dont il avait le souvenir. Plus maigre que jamais, elle arborait un regard las, un visage creusé et des vêtements troués. La cavale ne l'avait de toute évidence pas épargné mais ce qui le choqua le plus fut bien l'éclat de son regard. Il était vide. Vide du feu qui l'avait autrefois habité et qu'il avait tant de fois jalousé.

- Que dois-je comprendre ? Demanda-t-il alors. La grande Hermione Granger se rendrait-elle ?

Il avait fini sa phrase d'un sourire moqueur. Et pourtant, il n'avait jamais été plus près de la vérité.

- C'est exact.

- Pardon ? Dit-il sans y croire.

Oui. L'heure était venue. Sans attendre qu'il le fasse lui-même, Hermione s'avança jusqu'à lui et soupira. Elle n'aurait jamais cru devoir en arriver là mais son sort importait peu désormais. Seul le destin du monde comptait. Aussi, elle le regarda avec le plus grand calme et lui tendit sa baguette. Un geste fort, symbolique et inattendu qui laissa le jeune Malfoy profondément choqué devant elle.

- Fais ce que tu as à faire. Dit-elle.

Désemparé, Drago regarda ses mains entaillées de toute part et contempla sa baguette sans y croire, presque effrayé par son geste. Il avait longtemps espéré une telle opportunité pour se faire apprécier de son Maître, mais ainsi ? Sans combat ? Sans riposte ? Il ne put y croire. Mal à l'aise, il regarda les alentours et déglutit. En son âme et conscience, Drago détestait l'idée d'arrêter un autre de ses anciens camarades d'école. Beaucoup trop d'entre eux s'étaient retrouvés pendu par sa faute. A vrai dire, presque tous l'avaient été… mais lui non plus n'avait pas le choix.

- Si je la prends, il… il n'y aura plus de retour en arrière.

- Je sais. Je suis prête.

Prête à mourir ? Grand Dieu, que lui était-il arrivé pour arriver là ?! Était-elle devenue folle ?! Pendant un instant, Drago le crut mais son regard lui dit le contraire. Elle savait parfaitement ce qu'elle faisait.

- Bon sang mais qu'est-ce que tu cherches Granger ?! Demanda-t-il subitement agacé par sa résilience.

- Prend ma baguette.

- Non. Pas avant que tu m'aies répondu !

- Pourquoi ça compte pour toi ?! S'énerva-t-elle. Tu devrais être heureux de voir la Miss-je-sais-tout se rendre à ton Maître !

Il la regarda un instant, incertain quant à sa propre hésitation. C'est vrai, il aurait dû en être heureux. Mais pas comme ça. Pas… dans la résilience.

- Ce n'est pas tous les jours que l'on voit un héros tomber. Souffla-t-il alors.

Son honnêteté la prit de court, s'alliant à la douleur que lui fit l'écho de ses mots. « Un héros tomber ». Si seulement il pouvait dire vrai. Malheureusement, rien ne serait plus jamais aussi simple...

- Mon combat contre Voldemort s'achève aujourd'hui. Dit-elle du bout des lèvres. Alors s'il te plaît Drago… prend ma baguette.

Perturbé à l'entente de son prénom dans sa bouche, le jeune homme resta pantois un instant. Même s'il l'avait haï pendant des années, il n'aurait jamais imaginé qu'il serait celui qui la mènerait à la potence. Un constat déstabilisant qui lui laissa un goût amer alors qu'il saisissait de sa baguette avec regret.

- Si c'est ce que tu veux… qu'il en soit ainsi. Hermione Jeanne Granger, je t'arrête pour traîtrise envers le Seigneur des Ténèbres, association avec le fugitif Harry Potter, déshonneur envers le monde Magique et pratique impur de tes pouvoirs de née-moldu.

Tout en parlant, un poids s'ôta de la poitrine de la jeune femme. Ça y est… le moment était venu.

- As-tu la moindre requête avant que je te conduise en cellule dans l'attente de ton jugement ?

Un jugement ? Une requête ? Eh bien, Voldemort avait civilisé ses mangemorts !

- Transmet à ton maître que je lui demande audience.

- Qu'est-ce que tu veux dire ? Demanda-t-il incertain.

- Que je souhaite m'entretenir avec lui sur un sujet qui relève de la plus haute importance.

- Il refusera de t'épargner… et ce peu importe ce qui tu lui diras. Dit-il subitement.

- Ce n'est pas ce que je veux. Tout ce que je demande, c'est un entretien de quelques minutes. Après quoi il… il sera libre de faire ce qu'il veut de moi. Je ne riposterais pas.

Intrigué et presque attristé de la voir à ce point résilié, Drago déglutit. Ce qu'elle demandait lui semblait impossible.

- Il appréciera sans doute ta résignation mais… je doute qu'il accepte.

Cette éventualité n'avait pas échappé à Hermione. Elle savait d'avance que Voldemort préférerait la voir pendue et dévorée par ses corbeaux que de s'entretenir avec elle. Du moins, si elle n'avait rien à offrir en retour. Or, la jeune femme était loin d'être sans ressource... Un détail qu'elle n'avait pas l'intention de cacher.

- Dans ce cas, fait lui savoir que je suis prête à fournir les localisations et stratégies de Harry Potter, Ron Weasley ainsi que les noms de tous les membres et alliés de l'Ordre du Phénix.

Cette fois, Drago ne trouva pas quoi dire. Il ignorait ce que Potter et Weasley avaient pu lui faire pour qu'elle propose de les vendre en échange d'un simple entretien avec Voldemort, mais était certain d'une chose : Hermione Granger n'avait plus rien de la femme qu'il avait connue.