Hello ! Bon j'ai pas pu résister alors... voici un autre chapitre pour cette semaine ^^ ! J'espère qu'il vous plaira :DDD ! N'hésitez pas à me le dire en commentaire !
BIZZEEE
Déjà plus d'une journée qu'Hermione attendait. Accroupie dans sa cellule, elle n'avait pas bougé depuis que Drago l'y avait mise, il y a de çà la veille. Une journée… une journée ! Une véritable éternité pour la jeune femme qui pouvait presque sentir le goût de sa victoire. Elle était à quelques étages de Voldemort. A quelques étages du seul Sorcier capable de comprendre ce qu'elle aurait à lui dire ! Et pourtant, personne ne l'avait encore mené à lui. Impatiente, elle tournait en rond dans sa cellule, tantôt prise d'urgence, tantôt désespérée à l'idée d'être tuée avant même d'avoir pu lui parler ! Mais elle ne pouvait pas perdre son calme maintenant. Elle devait rester concentrée. Rester fière et digne ! Le sort du monde en dépendait… aussi, elle avait ignoré les allées et venues hystériques d'une Bellatrix trop heureuse de la voir dans un cachot. Plus déjantée que dans son souvenir, elle s'était pavanée dans des rires macabre et promesses de tortures infâmes. Pourtant, Hermione ne l'avait qu'à peine regardé. Elle savait bien ce qui l'attendait ici ; les humiliations, les tortures, les viols et autres joyeux petits cadeaux que lui offriront les mangemorts avant de l'achever. Mais elle savait aussi que son destin ne lui appartenait plus depuis qu'elle avait entendu les prémonitions de la prophétie. Il était de son devoir en tant que sorcière de faire le nécessaire pour être entendu et écouté ! Pour prévenir le monde du fléau qui s'abattrait sur eux ! Ce qu'il adviendrait d'elle par la suite, lui importait peu...
Quelques minutes avec le Lord. C'est tout ce qu'elle demandait. Juste quelques minutes…
Et pourtant, elle pourrissait en cellule. A croire que personne n'avait assez de bon sens en ce bas monde pour lui offrir quelques minutes de son temps ! Après tout, même Harry et Ron ne l'avaient pas fait, alors pourquoi Voldemort se donnerait-il cette peine ?! Pourtant, elle voulait croire en ses chances. Ce qu'elle avait à offrir avait de la valeur et ses conditions étaient minimes. Le seigneur des Ténèbres serait un imbécile de ne pas lui accorder audience ! Et elle le savait, il n'était pas un imbécile.
Perdue dans ses pensées, elle n'entendit pas son voisin de cellule tousser à quelques mètres d'elle. Enfermé à peine quelques heures après elle, il s'était contenté de s'allonger sur sa paillasse et de rester muet. Était-il un traître aux yeux du Maitre ? Un résistant ? Ou un serviteur maladroit ? Elle l'ignorait et ne chercha pas à le savoir. Tous ceux qui entraient dans ces cachots n'avaient que peu de chance d'en sortir vivant un jour… elle inclue.
- Alors c'est vrai… Dit-il subitement d'une voix grave. Hermione Granger s'est rendue.
Surprise de l'entendre lui parler, la jeune femme déglutit à son ricanement. Caché dans l'ombre de leurs barreaux rouillés, elle ne vit de lui qu'un buste puissant recouvert de guenille, ainsi qu'une tignasse sombre et désordonnée. La théorie du serviteur maladroit semblait se concrétiser.
- Je n'aurais jamais cru que la rumeur serait vraie... Admit-il.
- Et c'est pour ça que tu es là ? Demanda-t-elle agacée. Pour avoir le privilège d'être le voisin de cellule de la plus grande traîtresse de l'Histoire ?
- « La plus grande Traîtresse de l'Histoire » … ça ressemble à un titre de la gazette.
- Alors vend l'exclusivité tant que tu le peux. Railla-t-elle. Mais je ne garantis pas de voir les premiers tirages…
La résilience de son ton fit sourire le jeune homme. Cela semblait prometteur…
- Puis-je demander pourquoi ? Insista-t-il.
- Décidément, c'est la seule question qu'on le veuille me poser !
- Reconnaît qu'elle est légitime. On ne peut pas dire que ta venue ici était… attendue.
- Je dois parler à Voldemort. C'est… essentiel.
Un silence suivit sa déclaration, avant de se briser d'un soupir étonnement plus grave de son voisin de cellule.
- Pour commencer, je te conseil de ne pas dire son nom de la sorte. Une fois offensé, le Maître n'écoute plus et punit. Dit-il.
- Ne te vexe pas mais je sais à qui j'ai à faire. Claqua-t-elle sèchement. J'ai passé ma vie à le combattre, à l'étudier et l'analyser. Je saurais quoi dire pour qu'il m'écoute.
- Vraiment ?
- Il le faut.
Sans rien ajouter, Hermione se redressa pour étirer ses membres endoloris. Elle avait vu juste et n'avait pas dormit dans sa tente… même si l'inverse aurait sûrement été plus confortable. Agacée par le fourmillement de ses jambes, elle marcha en long et en large, virant et tournant dans l'espoir de voir le moindre garde arriver pour elle. Mais pas âme qui vive ne semblait habiter les couloirs. Ne restait qu'elle et ce serviteur trop curieux.
- Pourquoi es-tu là ? Demanda-t-elle subitement.
- J'ai fait preuve de négligence et ai mal corrigé l'un de nos elfes de maison. Le maître n'a pas apprécié.
De mieux en mieux… elle se trouvait en compagnie du Régent des Elfes de Maison de Voldemort. Décidément, c'était son jour de chance.
- Est-ce que l'autre rumeur est vraie ? Demanda-t-il alors. Tu… tu vas vendre tes amis ?
Un rictus silla les joues de la jeune femme dans un rire à peine déguisé. Les rumeurs couraient vite.
- Non… Je ne vais pas vendre mes amis.
- Pourtant, Drago Malfoy a assuré au Maître que tu comptais lui donner la localisation de Potter et les noms des résistants.
- C'est exact. Dit-elle simplement.
- Je ne suis pas sûr de comprendre…
- Qui te dit qu'Harry et les résistants sont mes amis ?
Cette question dit d'un ton acerbe éveilla la curiosité de l'individu. Eh bien… cette héroïne de guerre était pleine de surprises.
- Alors ils t'ont trahi… et tu les trahis à leur tour. Comprit-il.
- J'imagine… oui. Mais pour être tout à fait honnête, leurs sorts m'aient égal.
- Eh bien ! Un deuxième scoop en quelques minutes ! La gazette va se régaler.
- Qu'elle le fasse. Ça n'a aucune importance.
- Vraiment ?
- Vraiment. Souffla-t-elle. Tout ce qui comptait avant n'a… n'a plus d'importance.
Incapable d'en rester sur ces mots, le jeune homme senti la curiosité l'envahir. Cette femme ne ressemblait pas à la Gryffondor impétueuse dont il avait entendu parlé. A vrai dire, elle semblait davantage désespérée que déterminée à vivre. Un détail qui ne manquait pas de se remarquer dans ces cachots résonnant des prières de grâce des condamnés. Aussi, il s'avança et vint s'accouder contre l'ombre de sa grille. Plongé dans l'obscurité, il ne distingua d'elle que ses jambes bien trop maigres et l'éclat d'une de ses boucles brunes. De quoi attiser son intérêt de plus en plus dévorant.
- Tu ne veux donc pas qu'il t'épargne ?
- Non, ça m'est égal.
- Tu es étrange.
- Je veux juste une audience ! Juste… quelques minutes ! Rien qu'une seule s'il veut ! Il… il faut qu'il m'entende ! Il faut qu'il sache ! Bafouilla-t-elle enragée.
- Savoir quoi ?!
Agacée, Hermione se mordit la lèvre. Bien entendu, il fallait que le seul individu assez curieux pour l'écouter soit lui aussi enfermé.
- Tu ne comprendrais pas. Personne ne comprend. Souffla-t-elle.
- Et le Maître ?
- Bien que ça me coûte de le dire, il… il est le seul sorcier assez clairvoyant pour saisir l'ampleur de ce que j'ai à lui montrer. Le seul sorcier assez puissant et intelligent pour comprendre la gravité de ce qui se prépare ! Il… il a déjoué la mort, le destin, la fatalité et a renversé le monde ! J'ai eu beau chercher et espérer… je ne connais aucun sorcier capable de l'égaler.
Un court silence suivi ses mots... De toute évidence, le jeune homme ne s'attendait certainement pas à un éloge déguisé du plus grand Seigneur des Ténèbres.
- Tu dois vraiment être désespérée pour n'implorer qu'une minute de son temps, en échange de ta vie et de celles de tes… anciens amis. Fit-il remarquer.
- C'est le cas.
- Et… tu penses qu'il t'écoutera ?
- Je l'espère. Murmura-t-elle.
- Et dans le cas contraire ?
Elle ne voulait pas y penser. Elle ne voulait pas l'imaginer ! Ce serait… ce serait la fin. La fin de tout.
- Eh bien… j'aurais failli. Failli en tant que sorcière. Failli à mon devoir et… tout serait fini.
Merlin l'avait prédit. Les Dieux l'avaient prédit. Personne ne pourrait y échapper...
- Pourquoi te tourner vers lui ? L'Ordre n'était-elle pas ton refuge et le socle de tes espoirs ?
- Elle l'était… mais ils n'ont pas voulu m'écouter. Ils m'ont renié et traité de folle. Dit-elle dans un rire désabusé. Ils ont même cru que j'étais ensorcelée ! A croire que je ne leur étais utile que tant que je me pliais à leurs plans.
- Intéressant… souffla-t-il. Je ne pensais pas ça de Potter et de ses « principes ».
- Eh bien tu tiens ton troisième scoop : Harry Potter n'est qu'une vaste blague !
Tant de rancœur, de haine et de colère… de quoi le faire frémir dans un frisson dont il se délecta.
- Que… que t'est-il arrivé pour que tu en viennes à les détester à ce point ? Ça ne peut pas être seulement dû à une simple divergence d'opinion. Demanda-t-il.
- C'est compliqué à expliquer…
- Tu as mieux à faire ? Rit-il.
Il marquait un point… et puis, quitte à mourir dans la honte et la traîtrise, autant qu'un homme sur terre connaisse sa version de l'histoire. Après tout, Harry et Ron ne se gêneraient pas pour raconter la leur.
- J'avais besoin d'eux. J'avais… j'avais besoin qu'ils me fassent confiance. Souffla-t-elle alors. Je pensais… je pensais pouvoir les convaincre mais plus j'essayais plus je baissais dans leur estime, jusqu'au jour où ils m'ont jugé compromise. Je n'avais plus leur confiance ni même… leur respect. Ils ne comprenaient pas pourquoi je ne validais plus leurs stratégies d'attaques, ni ne les aidaient à chercher un moyen de détruire Voldemort. Ils en ont donc déduit que j'avais perdu la tête et que j'étais devenue un obstacle.
- Et ils t'ont renié.
- Non, pas au début. Ils… ils ont essayé de me soigner et c'est à cet instant que j'ai compris.
- Compris quoi ?
- La cruauté. Dit-elle.
La gravité de ce mot l'interpella. Jamais il n'avait encore entendu quelqu'un en parler avec autant… de tristesse.
- Ça a commencé par des potions, puis des baumes et des sortilèges. Je l'ignorais en ce temps mais ils étaient persuadés qu'un mangemort m'avait jeté un sort pour que je compromette leur quête. J'ai tenté de les convaincre. Je… je les ai même suppliés mais rien ne marchait. Ils ne m'écoutaient plus.
- Ils t'ont torturé. Comprit-il.
L'entendre aussi simplement que cela ébranla la jeune femme. D'une certaine manière, oui. Ils l'avaient torturé. Mais ça avait été bien pire...
- Je connais la torture. Elle a pour but de te faire souffrir. Mais eux, ils… ils étaient persuadés de m'aider. Et ça n'a rendu leurs actes que plus cruels encore.
- A ce point ?
- Oui… Avoua-t-elle le regard perdu dans le vide. Je… je n'étais plus rien pour eux. Alors ils m'ont traité comme tel : Un être dénué de conscience et de sentiment qu'il faut sauver de lui-même, non pas pour que cet être aille mieux, mais pour qu'ils servent leurs intérêts. A ce stade, ils ne valaient pas mieux que Voldemort lui-même.
A ces mots, le jeune homme se mordit la langue. Il ne s'était pas attendu à un tel discours, mais encore moins à un tel comportement de ceux qui prônait la paix et le bien.
- Et tu es parti ?
- Non. Tonna-t-elle peinée. Dans ma naïveté j'ai… continué d'espérer et de subir tout ce qu'ils m'infligeaient. Je ne voulais pas croire que mes amis, mes frères, pouvaient être si insensibles à ma douleur. Jusqu'au jour où je me suis réveillée seule après un sommeil magique de plusieurs jours. Le campement avait disparu. Le feu était éteint. Il… il ne restait rien. Ils étaient partis.
- Ils t'ont abandonné ? Comme ça ?
A cette question, Hermione explosa de rire. Elle avait arrêté de se surprendre de leur manque de dignité et de décence depuis longtemps… mais voir encore des gens en être bouche bée, ne pouvait que la plonger dans une profonde hilarité. Si le monde savait ce qu'elle savait… et avait vu ce qu'elle avait vu, Voldemort aurait gagné la guerre bien avant qu'elle ne commence.
- Il… il y avait une note accrochée à ma tente. Dit-elle alors. Un simple bout de papier déchiré avec inscrit : « Nous ne pouvons plus attendre. Il est temps que tu te sauves toute seule. Reste en vie si tu le peux. H&R ». Ils n'ont même pas eu la décence de signer leurs noms au complet. Ces lâches…
- Quand était-ce ?
- I mois.
- Et tu penses pouvoir les retrouver après 6 mois ? Demanda-t-il surpris.
Sa surprise ne l'étonna pas. La majorité de ces « amis » avaient passé leurs vies à la sous-estimer - à l'image du monde entier d'ailleurs. Mais elle n'était pas aussi faible que tous le pensaient. Elle avait beau avoir des doutes et des peurs, Hermione connaissait sa valeur. Pendant trop longtemps elle avait nié ses talents, ses pouvoirs et son importance mais... cette ère était révolue. Ne restait plus que la sorcière forte et téméraire que la guerre avait fait d'elle. Une sorcière prête à tout pour réussir sa mission.
- C'est moi qui ai planifié, trouvé et répertorié chacune de leurs planques. Je connais leurs plans, parcours et sais exactement où ils se rendront. Ils me pensent trop instable pour les retrouver mais ils se trompent. J'ai élaboré leur plan de fuite, d'attaque, de retraite, d'urgence… je sais même qui est en mesure de leur venir en aide à l'instant même où je te parle. Alors oui. Je saurais où les retrouver.
Pour des informations précieuses, cette fille en avait à revendre. Mais plus il l'écoutait, plus le jeune homme réalisait l'évidence que le monde avait manqué jusqu'alors. Cette gamine n'avait pas été que l'alliée de Potter. Elle avait été le Trio D'or - à elle tout seule.
- Donc… Tu étais la seule chose qui empêchait le Maître de les trouver.
- Il faut croire. Mais ils n'ont jamais pensé cela de moi. Déclara-t-elle la gorge serrée. Pour eux j'étais le rat de bibliothèque de l'équipe. La Miss-je-sais-tout qui passe sa vie dans les bouquins et qui ne sert qu'à réciter des formules et enchanter leurs tentes. Et pourtant sans moi… ils se seraient fait tuer à l'entrée de la chambre de la pierre Philosophale il y a plus de 10 ans de ça.
- J'en ai entendu parlé. Souffla-t-il lointain. C'était impressionnant pour des enfants d'à peine 11 ans.
- Oui et bien… ça a marqué le début de l'histoire de ma vie : la courageuse Hermione Granger – la né-moldu qui a sauvé le Survivant ! Railla-t-elle désabusée. J'ai toujours tout prévu, tout planifié, tout tenté pour aider et être utile mais ça n'a pas suffi. Ils m'ont renié malgré tout.
- Etonnant que tu ne les aies pas tués toi-même. Fit-il remarquer.
- Ils ne méritent pas que je perde le peu de temps qu'il me reste à vouloir les tuer… Voldemort le fera pour moi.
- Tu parles comme une Serpentard. Railla-t-il.
- Non... Dit-elle tristement. Je parle comme une femme salie et abandonnée par les seuls en qui elle croyait. Et le pire est que je ne demande rien à part une minute d'audience avec l'homme destiné à me tuer ! Une seule et unique minute… Grand Dieu, est-ce trop demandé ?
Le jeune homme ne répondit pas, comme perdu dans ses pensées. Ce qu'elle lui apprenait changeait la donne… et pas des moindres. Il y avait quelque chose chez elle ; quelque chose qu'il n'aurait pu nommer, mais qu'il ne put s'empêcher de trouver… sauvage. Presque brutale dans ses mots, la franchise de son regard et l'ardeur de sa détermination le frappaient en pleine visage, hérissant son échine qu'il senti trembler d'impatience. Elle n'était pas ce que tous disaient d'elle. Elle n'était pas cette sale Sang de Bourbe inintéressante et encombrant que Potter promenait constamment avec lui. Non, elle… elle était plus que ça. Un détail qui après mûre réflexion, le fit se déclarer d'un ton étonnement confiant
- Je ne pense pas que ce soit trop demandé. Le Maître acceptera de t'écouter. Tu… tu as l'air d'avoir un tas de choses à dire.
- Que les Dieux t'entendent. Souffla-t-elle. J'ai passé ma vie à tenter d'expliquer la magie à deux ignares. M'adresser à un homme dont l'intelligence n'est plus à prouver me changera.
- Pardon mais… tu ne sembles pas le craindre ? Souleva-t-il. Il a pourtant tenté de te tuer.
Harry et Ron aussi… et pourtant elle n'éprouvait plus qu'une profonde rancœur et pitié à leur égard. A croire que l'on ne sait jamais d'où viennent nos véritables ennemis.
- C'est vrai. Je l'ai craint toute ma vie mais… je crains davantage le fléau qui risque de s'abattre si je n'arrive pas à le convaincre.
- Vraiment ?
- Peu m'importe qu'il soit Voldemort, un tyran ou un meurtrier ! J'ai perdu trop de temps à le combattre, trop de temps à croire en une cause perdue ! Il… il a gagné ! L'accepter une bonne fois pour toute, voilà ce qui mettra fin à cette guerre inutile.
- Et tu es prêtes à l'accepter ? Toi, une née-moldue ? Demanda-t-il sans y croire.
En disant cela, Hermione reniait toute sa vie. Toutes ses convictions et ses sacrifices. Mais la fierté n'avait plus de place dans son cœur. Harry et Ron ne le comprendraient probablement jamais, mais elle ne voulait pas perdre ses chances à cause d'un orgueil mal placé. Fini de se voiler la face. Fini de croire en une utopie. Fini le déni…
- En toute honnêteté, je suis prête à tout.
Le jeune homme ne dit plus rien, méditant chacun de ses mots. Grand Dieu… il s'était trompé. Au premier abord, cette femme semblait brisée, prête à attendre la mort comme un cadeau et profondément résilié... et peut-être était-ce le cas. Mais elle avait de la valeur. Une valeur qu'il n'aurait jamais soupçonnée et qui pourtant le frappait à mesure que son discours résonnait en boucle dans son esprit. Prête à mourir pour une cause plus juste que sa propre vie, elle n'implorait ni ne se plaignait de son sort. Elle l'acceptait, autant qu'elle acceptait la défaite de l'Ordre et ses propres échecs. Une attitude noble, qu'il n'avait que rarement vu au sein de ce château… ou au sein de ce monde. Une attitude et une détermination qui le firent frémir. Tant de potentiel dans un corps si frêle. Tant de volonté dans une résilience si grande. Elle était un paradoxe vivant ! Le genre d'énigme que seul Voldemort lui-même, était à même d'apprécier à sa juste valeur.
- Merci. Lui dit-elle alors soudainement.
- De quoi donc ? Demanda-t-il profondément surpris.
- De m'avoir écouté. Souffla-t-elle. Personne… personne n'avait pris cette peine avant toi. Et puis, je doute pouvoir en dire autant à ton Maître alors merci. Au moins, quelqu'un connaîtra mon histoire.
- Et où se termine-t-elle ?
- Je l'ignore. Je ne pensais pas arriver dans ces cachots en vie alors… peut-être ai-je encore une chance ?
Un sourire effleura les lèvres du jeune homme. Une chance, disait-elle. Une chance… oui. Elle aurait une chance. Restait à voir si elle saurait la saisir. Satisfait au-delà du possible, il lui jeta un dernier regard. Toujours assise à même sa paillasse, elle fixait un fin rayon de soleil traversant la seule fente de sa cellule. Comme happé par son regard, il vit une lumière briller au creux de ses pupilles caramel. Elle espérait. De vivre ou de mourir il l'ignorait encore, mais décida qu'il était temps de le découvrir.
Oui.
Il était temps que l'intrigante Hermione Granger obtienne son audience.
Il était temps qu'elle rencontre celui pour qui ses espoirs vivaient encore.
Un fin sourire au creux de joues, le jeune homme se redressa de toute sa hauteur. Bien plus grand qu'elle ne se l'était imaginée, Hermione fut surprise de voir sa silhouette se dessiner peu à peu contre les barreaux de son cachot. De larges épaules, de longs bras musclés et des jambes robuste s'affichèrent devant elle découpées dans l'ombre de l'obscurité. Intimée, elle distingua les prémices de ses traits ; pourtant et alors qu'elle tentait vainement de le détailler, l'écho de sa voix la fit soudainement frissonner.
- Je n'aurais pas cru dire cela un jour Miss Granger… mais c'est un réel plaisir de vous rencontrer.
Incertaine, elle ne comprit pas ce qu'il chercha à lui dire, ni même pourquoi le ton de leur conversation venait soudainement de se formaliser. Ou du moins, ne voulait-elle pas comprendre... Pourtant son cœur s'emballa peu à peu à mesure que l'éclat de ses dents se révéla. Immaculées, carnassières et parfaites dans leurs sourires enchanteurs, elles lui firent redouter le pire.
- Qu… quoi ?
C'est là qu'elle la vit : la baguette de Sureaux. Jetée dans le vide sans parachute, Hermione tomba de dix étages devant lui, perdant le peu de couleur que ses joues avaient encore réussies à préserver. Cela ne se pouvait pas… c'était impossible ! Et pourtant, jamais on n'eut vu sourire plus radieux que celui de Voldemort quand il fit disparaître ses guenilles d'un coup de poignet pour revêtir sa robe de sorcier. Ce n'était pas un mirage. Ce n'était pas un cauchemar. C'était… c'était lui. Celui qu'elle avait à la fois tant attendu et tant redouté. Le seul pour qui elle était prête à accepter sa mort...
- Seigneur… souffla-t-elle dans un vertige. Vous… vous…
- Allons ma chère, ne perdez pas vos mots maintenant. Il me semble qu'au contraire, vous vous languissez d'une audience. Dit-il trop heureux.
Tout aussi aisément que son changement de tenue, le Lord fit disparaître les barreaux séparant leurs deux cellules. A la fois horrifiée et déstabilisée, Hermione n'arriva plus à parler, incapable de trouver quoi répondre. Et pourtant, elle lui avait presque déjà tout dit… à lui, ce prisonnier qui n'en avait jamais été un.
A Lord Voldemort en personne.
- C'est… c'est vous. Dit-elle sans y croire.
- C'est moi. Et il me semble, que vous avez beaucoup de choses à me dire.
