Helloooo ! Merci beaucoup pour vos premiers commentaires ! Je suis tellement contente que les débuts vous aient plu ! J'espère que la suite ne vous décevra pas ;) à très vite !
- Mais… Je… je ne comprends pas. Bafouilla Hermione la bouche pâteuse devant la carrure imposante du Seigneur des Ténèbres.
Souriant devant elle et sa gêne, le Mage lui tendit une main qu'elle contempla de longues secondes avant de comprendre qu'il souhaitait qu'elle se relève. Mal à l'aise et incapable de formuler la moindre question, elle le laissa la remettre sur ses jambes branlantes et déglutit, prête à faire face au visage reptilien qui avait hanté ses cauchemars pendant plus de 10 ans. Pourtant et alors qu'elle s'attendait à frémir d'horreur, la finesse des traits qu'elle avait deviné dans l'obscurité se révéla plus douce encore. Une mâchoire carrée, une peau d'albâtre, des boucles noirs de jais et un regard plus profond que la nuit elle-même… tel était le Voldemort qui se présentait à elle en ce jour. Un Voldemort tout aussi puissant que mystérieusement humain. Plus perturbée que jamais, Hermione se retînt de le dévisager plus longuement, consciente qu'il pourrait y voir une forme de défiance ou d'insulte. Mais un millier de questions se bousculait déjà en elle. Comment ? Par quelle sorcellerie ? Quel charme ? Était-ce seulement possible ?! Ou s'agissait-il d'un piège ? D'une conspiration ? Elle le crut un court instant, pourtant le Mage sembla le deviner. Aussi, c'est d'une voix des plus mélodieuses qu'il déclara :
- Excusez la mise en scène mais… quand Drago m'a informé que vous étiez prête à m'offrir Potter sur un plateau d'argent, je n'y ai pas cru.
- Je… c'est…
- Une stratégie relativement risquée ? Reprit-t-il. J'en ai conscience mais je dois dire que vous ne m'avez pas déçu.
- Alors… vous allez m'écouter ? Demanda-t-elle sans y croire.
- Eh bien, je suis familier des langues bien pendues et des bavards en tout genre mais… vous êtes bien la seule qui semble avoir des choses intéressantes à dire.
C'était inconcevable. Depuis plus d'une heure, elle conversait avec le Mage Noir le plus puissant de tous les temps mais n'avait rien vu d'autre qu'un serviteur. Une image faite pour la mettre en confiance et lui délier la langue. Un stratagème à l'efficacité étonnante, qui rosie ses joues de honte. Seigneur… elle n'avait rien vu. Telle une enfant, elle s'était laissée aveugler sans jamais douter. Et pourtant… c'était évident ! Cette carrure, cette voix, cet intérêt soudain pour Harry et Ron… il a su la tromper. Un art qui elle dû le reconnaître, l'impressionna malgré sa fierté quelque peu blessée. Pour autant, la jeune femme n'en eu que faire. Car malgré ses niaiseries et récits sentimentaux envers le Survivant, il voulait en entendre de plus. Voldemort voulait l'écouter. Un cadeau qu'elle n'aurait jamais cru mériter… Prête à fondre en larme, Hermione dû garder son calme pour ne pas flancher. Enfin… enfin ! Après tant de doutes et de douleur, elle ne resterait plus dans le silence ! Elle serait écoutée ! De quoi étreindre son cœur dont les battements paniqués s'apaisèrent peu à peu…
- Merci… sincèrement je… je m'efforcerais de ne pas vous faire perdre votre temps. Assura-t-elle la gorge serrée devant lui.
- Bien. Dit-il. Dans ce cas sortons d'ici.
Il la libérait ? Comme ça ? Sans garde, ni chaîne ou baguette plaquée contre sa gorge ? La croyait-il si inoffensive que cela ? Perdue dans ses doutes Hermione hésita à le suivre, intimidée à l'idée d'entrer dans un repère de mangemort à la suite de leur Maître. Pour autant, lui ne l'attendit pas. Déjà hors des cachots, ce n'est que lorsque qu'il disparu de sa vue que la jeune femme s'empressa de lui engager le pas, les mains tremblantes et une sueur au front. Grand Dieu, cela lui semblait irréel ! Irréel et impensable ! Et pourtant, cela arrivait. Un véritable miracle à ses yeux, qui malgré sa peur lui fit remercier le ciel de mille prières.
Malgré tout, Hermione ne devait pas perdre de vue à qui elle s'adressait. Voldemort avait peut-être fait preuve d'écoute à son égard, mais rien ne garantissait qu'elle y survive. Aussi, c'est la tête haute mais la gorge serrée qu'elle déboucha dans les couloirs de Poudlard. Ebloui par la luminosité du jour, la vue de son ancienne maison baignée par le lever du soleil lui serra douloureusement le cœur. Bon Dieu… cela faisait si longtemps. Si longtemps qu'elle n'avait pas arpenté son ancienne demeure sans entendre les cris de ses camarades mourant dans son dos. Deux ans qu'elle avait fui son foyer… un foyer en ruine, détruit et souillé par le sang de ceux qui l'avaient défendu. Un foyer qu'elle fut surprise de retrouver intacte. Reconstruit à l'identique, rien ne semblait avoir changé. Les gargouilles, jardins, fontaines et voûtes se dressèrent fièrement autour d'elle, doucement éveillées après une nuit d'hiver. Mais elle ne pouvait le nier… cette ressemblance n'était qu'apparence. La familière légèreté qui avait autrefois habité Poudlard, n'était plus que gravité et inquiétude. Les Elfes de Maison rasaient les murs, l'échine courbée et le dos fouetté. Le bruissement des branches d'arbres n'évoquait plus que l'écho de craquements douloureux et cris contenus. Tandis que les pavés, autrefois claires et chanteurs sous leurs chaussures, se voyaient désormais couverts de traces de sang éparses sur lesquelles marchaient fièrement le nouvel occupant des lieux : Voldemort. Un état de fait qui aurait sûrement retourné Dumbledore dans sa tombe mais dont tous devaient s'accommoder désormais. Oui… Poudlard aussi était bel et bien mort lors de la Bataille Finale. N'en restait plus qu'un trophée fièrement exposé par ses vainqueurs... Aussi, c'est le pas pressé qu'Hermione suivit Voldemort par-delà les couloirs. Inquisitrice, sa démarche frappait le sol de ses talons, le laissant avancer de son pas impatient. Forcée de trottiner sur ses frêles jambes pour tenir la cadence, Hermione s'essouffla dans son dos et le regarda rayonner dans son implacable indifférence. Majestueux et royale, sa carrure se découpait devant elle, fière et puissante dans ces couloirs déserts. Oui… il était le Maître des lieux… pourtant et plus ils avancèrent, plus la jeune femme commença à s'inquiéter du silence macabre qui régnait. Ses mangemorts étaient-ils partis ? Seraient-ils seuls ? Elle le redouta… pourtant, ce n'est qu'en passant les portes de la Grande Salle qu'elle regretta subitement la solitude effrayante des couloirs.
Des mangemorts.
Partout.
Rassemblés en rang dans la nouvelle Salle du Trône, ils attendaient leur Maître avec discipline, le dos droit et l'œil vitreux. Echappant quelques commentaires entre deux murmures, ils s'impatientaient, le cœur battant des échos de rumeurs qui n'avaient eu de cesse de les tenir en haleine. Pourtant et à la vue de leur Souverain, ils se turent tous d'un seul homme… du moins jusqu'à ce qu'elle leurs apparaissent. Intimidée, Hermione eut à peine le temps de passer les portes qu'une véritable vague de réjouissance malsaine envahit brutalement les lieux. Par Merlin… ils étaient tous là. Tous ceux qu'elle haïssait, détestait et maudissait corps et âme ! Ils étaient là… impatients et hystériques devant ce qu'ils croyaient être ses derniers instants de vie. Trop heureux à l'idée d'assister au procès de la Sang de Bourbe de Potter, elle essuya les cris avides et regard pervers de Mulciber, Rosier, Mcnaire, Nott, Carrow et Dolohov, avant que le rire vicieux de Bellatrix ne surpasse leur clameur dans une cri de pure extase. Ils voulaient la voir mourir ; Ils voulaient la voir souffrir…. Une certitude qu'elle put sentir résonner jusqu'au tréfond de ses os. C'était un nid de serpent. Que dire ! Un repère de démon ! Aussi, Hermione dût user de toutes ses forces pour ne pas tressaillir devant eux. Ebranlée devant cette foule de haine et de visages familiers, l'envie de fuir l'étreignit, mêlée à l'étrange besoin de tous les tuer un par un pour le mal qu'ils avaient répandu sur le monde ; mais une fois encore, elle se contint et avança du mieux qu'elle put dans le sillage du Mage. Qu'elle arrive ici en vie était un exploit trop grand pour qu'elle le gâche sous l'avidité d'une vulgaire pulsion vengeresse…
Sans rien dire, elle le regarda donc prendre son temps parmi la foule et s'assoir sereinement sur son trône. Un trône immense fait de velours, de bois et… d'os humain. Une image puissante, symbolique et effrayante qui l'intimida davantage que les rires et clameurs faisant rage dans son dos. Voldemort n'était pas seulement un Seigneur des Ténèbres. Non… il s'était fait Roi. Tout était parfait, calculé et planifié ! Son nouveau château, son nouveau visage, son nouveau trône… il ne manquait rien à la renaissance de son règne. Il ne manquait rien à son incontestable suprématie. Il ne manquait rien à son implacable victoire… Un détail tout aussi stupéfiant qu'impressionnant, qui la fit amèrement déglutir.
Elle n'avait pas droit à l'erreur.
- Du calme.
Il n'eut pas eu à élever la voix, ni même à paraître offensé par leurs cris. Non, Voldemort ne prononça ses mots que du bout des lèvres et pourtant ils résonnèrent tel un boulet de canon parmi ses fidèles soudainement muets.
- Bien. Dit-il. Il me semble que vous connaissez tous notre invité du jour. Miss Hermione Jeanne Granger.
A son appellation on entendit de nouvelles clameurs d'hystérie, tues cette fois par un geste de mains agacé de leur Maître. Décidément, il ne semblait pas d'humeur à la moindre réjouissance malsaine... De quoi rassurer un court instant la jeune femme, désormais brûlante d'une fièvre angoissée. Elle y était. Son procès allait débuter.
- Hermione Jeanne Granger, vous vous êtes rendue au Mangemort Drago Malfoy, ici même à Poudlard hier soir. Est-ce correcte ? Demanda-t-il.
Surprise devant l'aspect formel de cette question, l'intéressée respira un grand coup et se redressa devant son juge.
C'était maintenant que tout se jouait.
- Oui.
- Vous avez consenti à votre arrestation pour traîtrise envers le Seigneur des Ténèbres, association avec le fugitif Harry Potter, déshonneur envers le monde Magique et pratique impur de vos pouvoirs de née-moldu. Est-ce correcte ?
- Oui.
- Vous avez déclaré être en possession d'informations concernant le fugitif Harry Potter ainsi que sur ses alliés. Est-ce correcte ?
Tous deux connaissaient la réponse à cette question mais il voulait la tester. La juger aussi bien en privé, que face à une armée de chien galeux près à la tuer.
- Oui. Répondit-elle plus fort.
- Vous avez également assuré être prête à coopérer et à nous fournir ces informations, en contrepartie d'une audience privée avec moi-même. Est-ce correcte ?
A cette question, on entendit les mangemorts haleter de surprise. De toute évidence, aucun d'eux n'avait cru à la rumeur de sa « traitrise ». Et pourtant, elle ne faisait que commencer…
- Oui.
De nouveaux murmures, mais cette fois Voldemort ne les fit pas taire. Silencieux, il se contenta de l'étudier un court instant de ses pupilles incandescentes avant de soudainement appeler Drago à le rejoindre. Pétrifié mais contraint, on vit le jeune homme sortir des rangs, le dos droit mais les mains tremblantes. Sans adresser le moindre regard à son ancienne camarade, il se dirigea tête baissée vers son Maître et s'agenouilla devant lui, sa marque trônant fièrement sur son avant-bras gauche.
- Attestes-tu Drago Malfoy, de ta qualité de témoin au cœur de cette affaire ?
- Oui, Maître.
- Bien. Déclara-t-il soudainement. Dans ce cas et aux vues des circonstances Miss Granger, votre requête est acceptée.
Acceptée…
Acceptée.
Acceptée !
Il... Il acceptait de l'écouter ! Il accepter de l'entendre ! Le cœur au bord des lèvres, Hermione murmura ses remerciements tandis qu'on entendait déjà un vent de protestation naître au sein de l'assemblée.
- La séance est officiellement levée. Veuillez quitter les lieux.
Mécontents et indignés, on vit les mangemort se diriger malgré eux vers la sortie dans plus de grondements que n'en aurait fait un hippogriffe. Loin d'être satisfaits, certains crachèrent au sol tandis que d'autres lui jetèrent des regards plus éloquents que de doloris. Pourtant, Hermione n'en vit rien. Soulagée de ne pas avoir à partager l'un des plus grands secrets du monde devant une foule de meurtriers enragés, elle remercia le ciel et déglutit dans un dernier frisson. Quoi qu'il puisse arriver à la réouverture de ces portes, elle pourrait mourir en paix. Elle aurait accompli son devoir... elle aurait fait tout ce qui était en son pouvoir.
Ainsi, la salle se vida en une demi minute et alors qu'on entendait le verrou des portes s'enclencher, Hermione s'empressa de se saisir de son sac caché dans la doublure de sa veste. Elle n'avait pas de temps à perdre. Le livre de Merlin ainsi que la prophétie y reposaient avec soin, couverts par plus de charmes de dissimulation qu'ils en existaient au monde. Pourtant et alors qu'elle s'apprêtait à déblatérer tout ce qu'elle se languissait de pouvoir hurler à la figure du monde, le Mage Noir la devança.
- Avant que vous ne vous lanciez dans le discours de votre vie Miss, permettez-moi une question.
Désemparée devant la solennité de sa demande, Hermione frissonna devant le calme de son interlocuteur. Attentif, à l'écoute et concentré sur chacune de ses respirations, elle senti le Mage la sonder de toute part. Déstabilisée, elle crut un instant qu'il cherchait à pénétrer son esprit, mais une fois encore ses préjugés la trahirent. Jamais elle ne senti l'ombre d'une présence autour de son Occlumencie. Un détail tout aussi surprenant qu'inattendu venant de lui. Mais un détail, qu'elle ne sut interpréter comme bon ou mauvais signe...
- Bien… bien sûr. Bafouilla-t-elle incertaine.
- Vous êtes réputée pour être la sorcière la plus brillante de votre génération. Déclara-t-il. A vrai dire, il se peut même que vous soyez la plus brillante de ce siècle après moi-même. Cependant, je souhaiterais pouvoir attester de votre potentiel.
Troublée par cet étrange compliment aux allures d'honneur, Hermione ne sut pas quoi dire. Attester sa réputation de Miss-je-sais-tout ? Par Merlin… Rogue aurait sûrement eu un avis très prononcé sur la question.
- Comment ? Demanda-t-elle inquiète.
- Outre vos exploits largement reconnus dans le Monde Magique, vous avez réussi à me tenir en échec vis-à-vis de Potter pendant plus de dix ans. Ça force le respect mais… je sais d'expérience, qu'il ne faut pas confondre le véritable savoir avec de la chance. Déclara-t-il.
Sans jamais la lâcher du regard, Voldemort se leva pour s'avancer jusqu'à elle. L'étudiant sous toutes les coutures, il lui tourna autour tel un charognard sur le point de dévorer une proie. Pour autant, une certaine admiration se dégagea de son silence. Cette femme... cette guerrière encore enfant... avait accompli bon nombre d'exploits. Et pourtant elle était si chétive, si maigre et si pâle qu'un cadavre aurait pu sembler en meilleur forme qu'elle. Vêtue de haillons trop grands et déchirés, les clavicules saillantes sous une peau couverte de bleu et d'éraflures sanglantes, les cheveux rapidement relevés en un chignon défait, elle semblait ne pas avoir eu de vie descente depuis des années. Non pas qu'il n'y soit pas pour quelque chose… mais son regard lui… son regard aurait pu rivaliser avec la vie elle-même. Malgré ses joues creuses et paupières violacés, il restait vif, aux aguets et attentif. Deux billes brunes parsemées d'or, dont la profondeur trahissait un savoir trop grand et un passé trop cruel. Oui, il devait l'admettre. Il était impressionné par la force et l'aura qui se dégageait de cette sorcière. Mais cela ne lui disait pas grand-chose sur elle... Ou du moins pas assez pour satisfaire sa curiosité grandissante.
- Je souhaiterais que vous répondiez à ma question en toute sincérité. Bien entendu si vous mentez, je le saurais.
- D'accord. Souffla-t-elle du bout des lèvres.
- Je n'ai pas manqué de remarquer votre surprise à l'aperçu de ma nouvelle « apparence ». Dit-il légèrement. N'ayez crainte, vous n'êtes pas la première à avoir douter de mon identité devant ce nouveau visage, néanmoins je m'interroge. Outre vos doutes, pourquoi étiez-vous surprise ?
Profondément intriguée par une telle question, la jeune femme se risqua à lui rendre son regard. A la lueur du jour ses traits n'avaient jamais paru plus nets, aussi Hermione n'eut pas le moindre doute. Il ne s'agissait pas uniquement d'un nouveau visage, mais bel et bien du sien : celui de Tom Jedusor. Harry lui avait déjà parlé du jeune homme ambitieux qu'il avait été pendant les années quarante. Un être doué de malice et de fourberie, capable de charmer n'importe qui ayant le malheur de susciter son intérêt. Un prodige à la magnificence princière, que même Dumbledore avait redouté. Un jeune homme dangereux, prêt à tout pour mettre le monde à ses pieds. Alors oui, elle avait été surprise. Surprise par sa beauté maléfique. Surprise par la blancheur effrayante de ses dents. Mais aussi surprise par l'unique procédé par lequel il avait pu accomplir un tel… exploit.
- Charmes de Transmutation physique et temporelle. Dit-elle en toute confiance. Sixième niveau de magie noire, proscrite par le Ministère de la Magie il y a plus de cinq siècles.
Sa réponse lui laissa échapper un sourire amusé. Décidément, elle n'était pas l'élève la plus brillante pour rien.
- Je vois que vous vous êtes aventuré au cœur des ouvrages les plus sombres de la réserve.
- Je pourrais me tromper mais… pour parvenir un tel résultat, il vous a fallu réécrire le sortilège de renaissance que Queudver a accompli pour vous redonner un corps lors du Tournois des Trois Sorciers. Continua-t-elle en le détaillant avec soin. Vous avez inversé les incantations, ajouté le sable d'un Retourneur de Temps et sacrifié la chaire de l'un de vos serviteurs. Après quoi, vous…
- Oui ? Demanda-t-il intéressé par sa vivacité d'esprit.
- Les… les sorts de Transmutation physique et temporelle sont réputés pour être d'une douleur qu'aucun homme ne peut imaginer. C'est pour cela qu'ils ont été proscrits. Cela revient à ressentir chaque cellule de notre corps muter sous la force d'une magie qui va l'encontre de l'ordre naturel des choses. Jusqu'alors, personne n'y avait jamais survécu…
- Et qu'en déduisez-vous ?
Le calcul était simple… mais effrayant. En réalisant cette prouesse Voldemort s'était inscrit lui-même dans un Panthéon très privé : Le Panthéon des Sorciers considérés comme les égaux de Merlin lui-même. Seules certains sorciers tels que Morgane, les Quatre fondateurs de Poudlard, Grindelwald, Dumbledore et Nicolas Flamel avaient réussi le prodige de l'égaler. Non pas pour leurs puissances, mais pour quelque chose de bien plus rare encore : la création de magie. Tout sorcier digne de ce nom sait que la magie est une entité indépendante, qu'elle ne fait que vivre à travers le sorcier, mais en créer soi-même… cela a longtemps été considéré comme impossible. Du moins, jusqu'à ce que Merlin redéfinisse les limites du possible en inventant presque l'intégralité des sortilèges de Métamorphose, suivit de près par Morgane, célèbre créatrice des trois Sorts Impardonnables. Dans leurs lignées, les quatre fondateurs de Poudlard avaient réussi à inventer leurs propres sortilèges de dissimulations et de protection afin de préserver l'école des moldus toujours plus curieux. Dumbledore et Grindelwald eux, avaient marqué une nouvelle ère de la sorcellerie en la mêlant à l'usage d'artefacts magiques de leur propre invention. Quant à Flamel et bien… il n'avait fait que créer la Pierre Philosophale et un élixir d'immortalité ! Tant de grands noms… tant d'Histoire ! Voldemort n'en avait jamais été bien loin, mais aujourd'hui… aujourd'hui il venait de franchir un cap.
- Allons… ne soyez pas timide Miss Granger. Sourit-il devant sa soudaine pâleur.
- Vous… vous avez réalisé l'un des plus grands exploits de la magie. Vous avez survécu à la légendaire Douleur A Laquelle Personne Ne Survie, autrefois nommée le Grand Supplice : l'Epreuve des Dieux. Souffla-t-elle du bout des lèvres sans y croire.
En arrivant à une telle prouesse, Voldemort n'avait pas uniquement réussi à inverser la malédiction des Horcrucx ou l'apparence reptilienne de sa renaissance, il avait inversé l'impact du temps sur son corps. Il avait transgressé plus d'une centaine de lois naturelles et de ce fait, avait accompli ce que même Flamel n'avait pas réussi à faire : l'immortalité... sans condition ni limite.
L'immortalité, en son sens le plus pur.
Plus besoin d'élixir de pierre Philosophale, de sang de Licorne ou d'Horcrucx...
Il était devenu ce qui se rapprochait le plus d'un Dieu vivant sur Terre.
Un être Eternel. Intemporel...
Bouleversée par une telle révélation, Hermione sentie son esprit s'engourdir sous l'assaut des milles questions qui l'assiégeait. C'était inédit. Plus encore, c'était impensable. Il avait réussi… après tant d'années et d'échecs, il avait finalement atteint son but : l'invulnérabilité. Plus aucune loi du temps ne s'appliquerait à lui désormais. Plus aucun homme, sorcier ou créature ne pourrait l'atteindre. Il était devenu invincible. Tout puissant et presque… Divin. Et dire que quelque part en Irlande, Harry et Ron vagabondaient avec le reste de l'Ordre, persuadés qu'un soulèvement était encore possible… persuadés qu'ils pouvaient encore le vaincre. Mais ils n'auraient pas pu d'avantage se tromper. Si la guerre s'était finie il y a deux ans de cela, le sort du monde s'était scellé lors de l'ultime renaissance de Voldemort. Il ne pourra pas être vaincu. Jamais !
Il avait gagné… pour l'éternité.
Presque impressionné par la rapidité de son raisonnement, le Mage Noir lui sourit avec satisfaction. Oui, elle était brillante. Plus brillante que le reste du monde en tout cas… car mis à part elle, personne et pas même ses mangemorts n'avait encore compris ce qu'impliquait son nouveau visage. Beaucoup ne voyait en ce dernier qu'une magie d'esthétique, mais ils se fourvoyaient. Pour autant, il ne souhaitait pas le leur faire comprendre pour l'instant. Ces nouveaux traits ne l'habitaient que depuis quelques semaines; et puis, désormais plus rien ne pressait. Après tout, il aurait bien assez d'occasions de les faire ramper devant sa magnificence.
- Bien ! S'exclama-t-il. Dumbledore serait fière de votre assiduité. Mais dites-mois Miss Granger… maintenant que vous savez à quel rang de magie je me suis élevé, avez-vous peur ?
Elle comprenait où il voulait en venir. Néanmoins et malgré l'incommensurable respect que lui inspira son exploit, Hermione n'en éprouva pas moins d'inquiétude. Il était peut-être devenu surpuissant, invincible et immortel, il n'en resterait pas moins l'une des milliers de victimes du fléau prédit. Seule sa magie faisait de lui ce qu'il était. Mais sans elle… que resterait-il de l'insubmersible Voldemort ?
- Oui. Dit-elle alors. J'ai peur mais… en toute honnêteté, ce n'est pas votre puissance que je redoute.
- Alors que redoutez-vous ? Demanda-t-il cette fois franchement surpris.
- Qu'elle ne suffise pas à nous sauver.
« Il est dit que dans des temps immémoriaux, les Dieux eurent pitié la faiblesse des hommes et leur firent un don : une étincelle divine, recueillit aux cœurs même des astres forgeurs de Dieux. Détenteurs de ce cadeau, les hommes devinrent alors capables de maîtriser les éléments, de modifier leurs destins et de soumettre la vie et la mort, se nommant pour les plus puissants : sorciers. Mais alors que le monde tombait sous l'éclat de leur avidité, la pureté de leur magie se tarie, pervertie par leur cruauté devenue plus insatiable que jamais. Offensés, les Dieux assistèrent peu à peu à la décadence de leur monde… ce même monde qu'ils avaient désespérément tenté d'embellir. Dans leurs colères, ils décidèrent donc de maudire cette magie devenue infamie. Ainsi, pendant la nuit plus noire du siècle le plus sombre de l'humanité, la magie divine offerte en cadeau s'éteignit… laissant ainsi errer les carcasses nues et salies de honte des sorciers redevenus hommes.
Leurs cœurs s'apaisèrent à l'éclat de leurs nouvelle faiblesse et le monde prospéra, mais même la malédiction des Dieux ne put éradiquer la magie de leurs âmes. Un jour, un nouveau sorcier naquît, engendrant dans sa lignée une nouvelle génération de sorciers. Mais la crainte d'être de nouveau maudit étreignit leurs âmes. Rejetés de tous ceux nés sans magie, les sorciers se retirèrent du monde connu, vivant caché et perfectionnant leurs arts à la lueur de leurs connaissances grandissantes.
Mais tout comme leur magie, la malédiction du fléau divin vit toujours.
Vivez ! Scandèrent les Dieux. Mais ne vous réjouissez-pas. Car la nuit la plus noire du siècle le plus sombre, marquera l'extinction de cette nouvelle génération. Prenez garde aux feux et aux pleurs, car une fois violée la magie se meurt. Mais dans le cri d'un astre divin, alors cette fois… la magie s'éteint. »
Abasourdi, on n'eut jamais vu Voldemort plus troublé qu'à cet instant. La gorge sèche et la bouche pâteuse, il passa une main sur son visage défait, les images de la prophétie dansant encore devant lui. Quand Hermione lui avait présenté la Sphère Prophétique, les mains tremblantes et le souffle court, il s'était tout imaginé. Mais certainement pas ça… Des villes s'écroulant sous les flammes, des pays dévastés par les eaux, des populations en cris et en pleurs, l'effondrement de tout ce qui avait un jour été construit par l'homme… tout cela perdu. Perdu à jamais comme prix à payer pour une malédiction aussi vieille que le monde. Non… il ne pouvait pas le croire. Comment aurait-il pu ?! L'extinction de la magie ? Un fléau Divin ? Des sorciers redevenus hommes ? Cela ne pouvait être que fantaisies et fabulations ! Et pourtant, logé entre les mains d'Hermione, le Grimoire de Merlin ne pouvait qu'annihiler son déni naissant. Un livre mythique, légendaire, aux secrets et révélations les plus incroyables que l'on puisse imaginer… et elle l'avait trouvé. Elle. Hermione Granger. Désemparé face à toutes ces données, Voldemort siffla entre ses dents et déglutit amèrement. Il n'avait aucune envie de croire en ce qu'il venait de voir. Aucune envie d'écouter d'avantage de prédictions maudites de la bouche de cette Sang de Bourbe ! Mais avait-il seulement le choix ? A ce stade, il ne savait plus. A vrai dire et à cet instant, il eut l'impression de n'avoir jamais rien su.
Muette face au choque du Mage, la sorcière ne dit rien, incertaine quant à la suite des évènements. Allait-il la croire ? La renier ? La tuer ? Elle l'ignorait mais pour la première fois depuis qu'elle était arrivée à Poudlard, l'inquiétude l'avait quitté. Elle avait réussi. Il avait vu. Apaisée en son âme et conscience, elle soupira d'aise et le regarda haleter d'incompréhension. Ce qu'il déciderait ne dépendrait plus d'elle. Ce qu'il adviendrait de la sphère ne dépendrait plus d'elle. Elle avait transmis le message, la prophétie et le livre à un Homme capable de les déchiffrer. Capable de les comprendre et peut-être même… capable d'empêcher l'inéluctable. Ainsi, elle pourrait reposer en paix. Ainsi, sa vie n'aurait pas été vide sens.
Le cœur lourd, Hermione replaça la sphère dans l'écrin qu'elle lui avait fabriqué. Ses volutes bleutées portaient en elles les pires horreurs qu'attendraient le monde. Pourtant à l'apparition de ces images, la jeune femme n'avait osé les regarder. Ces avant-goûts d'enfer et de désespoir hantaient bien assez ses cauchemars pour qu'elle veuille davantage les graver dans son esprit. Et pour cause, elle les connaissait déjà par cœur. Chaque mot, chaque souffle, chaque bride de cette prophétie maudite était devenue une rengaine la suivant à chaque heure, chaque minute, chaque seconde de son existence. Elle avait tenté de l'ignorer et de l'oublier mais cette urgence… cet incommensurable sentiment d'urgence et d'effroi ne l'avait jamais quitté, obscurcissant ses nuits et ternissant ses jours pour ne laisser devant elle que l'ombre dansante de la fatalité et de la mort. Une urgence qu'elle pouvait sentir ronger le cœur de Voldemort un peu plus à chaque seconde. Insatiable, cette urgence dévorait tout. L'esprit, la foi, les rêves, le champ des possibles, la raison et peu à peu l'âme même de son hôte. Elle connaissait ça. Elle-même s'était laissée dévorer telle une proie incapable de se dégager des crocs de son bourreau...
- Non… non, non, non ! Hurla-t-il entre ses dents.
Enragé, Voldemort prenait peu à peu conscience de tous les enjeux que cette prophétie remettait en cause. Sa puissance, ses pouvoirs, ses ambitions, son immortalité… rien de ce qu'il avait accompli ne survivrait à ce fléau. Rien ! Ne substerait qu'un grand vide là où sa vie aura cessé d'exister. Un vide magique, humain, corporel, spirituel… un total et absolu néant auquel il était déjà prédestiné. Non, il ne pouvait le tolérer. Pas maintenant qu'il avait réussi. Pas maintenant qu'il avait gagné ! Il était le Seigneur des Ténèbres, le Sorcier le plus puissant de cette terre ! Et pourtant, c'était bien sa puissance qui l'achèverait. Car dans sa quête constante de gloire et de pouvoir, il avait corrompu son corps et son âme, les infiltrants de la magie la plus vile et sombre qui soit. Une magie qui bientôt s'éteindrait, pour ne plus rien laisser de lui.
- C'est impossible… souffla-t-il les yeux fous.
D'une certaine façon, sa réaction rassura la jeune femme. Il la croyait. Du moins, il commençait à la croire. Un début inespéré, qu'elle n'avait jusqu'alors pas eu l'audace d'imaginer.
- Parle ! Tonna-t-il soudainement. Quand l'as-tu trouvé ?
- Il y a un peu moins d'un an, dans une grotte immergée sous un lac, quelque part dans les landes oubliées de Russie Orientale.
- Pourquoi y étais-tu ?!
- Harry et Ron espéraient que le Grimoire de Merlin renferme un moyen de vous détruire.
La simplicité avec laquelle elle avoua avoir conspiré pour le tuer le débecta presque autant que le reste de cette journée. Malheureusement et au point où il en était, c'est à peine s'il releva l'affront.
- Quelle chance… railla-t-il. Leurs prières ont été exaucé.
- J'en doute. Grimaça-t-elle. Ils n'ont pas saisi l'ampleur de la prophétie. A vrai dire, ils n'ont rien saisi du tout. Ils ne comprennent pas que la fin de la magie…
- … signe la fin de ce monde. Dit-il sombrement.
Oui… car tels étaient les enjeux de cette prophétie. Il ne s'agissait pas que de l'extinction de la magie, mais bien de l'extinction globale de tout ce qui y était lié de près ou de loin. La nature, les océans, volcans, marées, étoiles, monument et autres vestiges de l'humanité… tous étaient liés aux forces magiques de ce monde. Que ce soit à travers des charmes de conservation, construction, protection, restauration, transformation, destruction… les sorciers pratiquaient la magie sur le monde depuis l'aube de leur existence ! Qu'elle soit minime et dévastatrice, elle avait infiltré l'essence même de leur planète ! Mais sans magie… ce ne serait pas qu'une extinction de leur civilisation, ce serait la fin de la civilisation humaine. Même les Moldus ne pourraient y réchapper ! Après tout, leurs races n'avaient eu de cesse de se mélanger et de se fréquenter ! A tel point qu'il était rationnellement impossible d'imaginer qu'il puisse encore exister une seule lignée de pur moldu, n'ayant jamais été approché par la magie. Ainsi, même eux viendraient à disparaître.
Une extinction Globale.
La fin du Monde.
Les poings serrés, Voldemort fixa Hermione avec gravité. Il comprenait mieux les raisons de sa venue… à vrai dire, il comprenait même pourquoi mourir lui semblait être un faible prix à payer en échange d'une simple audience. Et elle avait raison... face à cela, plus rien n'avait la moindre importance. Aussi, c'est avec peine que le Mage calma sa respiration. Lui qui avait atteint les sommets se trouvait une nouvelle fois au bord du précipice. A la différence que cette fois, il s'agirait de son dernier saut.
- Quand ? Demanda-t-il gravement du bout des lèvres.
- Je l'ignore. Répondit-elle. Dans son grimoire, Merlin a laissé les ébauches d'un calendrier mais… sans objets astronomiques et prophétiques précis, on ne peut en déterminer de date exacte.
- Epargne-moi ta modestie. Claqua-t-il.
- Qu... quoi ?
- Tu as trouvé le livre. Tu l'étudies depuis des mois ! S'agaça-t-il violement. Alors ne me fais pas perdre mon temps avec tes doutes d'exactitudes.
- Je…
- Une réponse Granger ! Tonna-t-il plus fort. Je veux une réponse !
Pétrifiée devant l'aura qui se dégagea de sa colère, Hermione balbutia entre deux hésitations. Il s'agissait de la date de la fin du Monde ! Elle ne pouvait se permettre de donner une date approximative ! Cela ne ferait que précipiter leur chute ! Pourtant et face au regard rougeoyant de Voldemort, la jeune femme hésita à s'entêter. Elle ne voulait pas être porteuse de cette nouvelle… mais ses calculs ne l'avaient jamais trompée. Une fierté, devenue aujourd'hui le pire de ses fardeaux. Visiblement contrariée, la sorcière serra les dents et déglutie. Par Merlin, ils allaient tous mourir ! Qu'est-ce qu'une fichue date y changerait quoi que ce soit ?! Agacée qu'on lui force la main, Hermione rendit son regard noir au Seigneur des Ténèbres ; mais avant même qu'il n'ait le temps de la punir pour cet affront, il la vit s'approcher pour lui montrer une page précise. Des symboles et autres écriteaux codés avaient noircis les couches de vieux parchemins, pourtant une sorte de quadrillage reposait en son centre. Porteurs de traits et de rond, tous s'alignaient dans un schéma graphique précis. Un schéma que la jeune femme avait passé des mois à retranscrire et traduire, avant qu'un créneau temporel ne se définissent enfin.
- Il est question de la nuit la plus noire du siècle le plus sombre. Dit-elle. Cela… parait un peu vague mais j'ai fait des recherches.
- Et donc ?
- J'ai inséré cette donnée dans tous les domaines de magie existant. L'astronomie, la divination, la Magie temporelle…
- Granger ! S'impatienta le Mage.
- Enfin bref, j'ai continué jusqu'à ce qu'un élément concorde à la prédiction mais je n'ai jamais rien trouvé. C'est là que j'ai compris que mon absence de réponse était en réalité… une sorte de réponse à elle toute seule ! Expliqua-t-elle. Il n'est nulle part fait mention d'une telle nuit ou d'un tel siècle dans notre base de connaissance magique actuelle mais… il existe un autre domaine capable de nous aider.
- Lequel ?
Dire ces mots à Voldemort était assez ironiques. Pourtant, ils étaient bels et bien les seuls capables de dessiner les contours d'une réponse.
- L'histoire moldue. Souffla-t-elle.
- Pardon ?!
- Il est question d'extinction de la magie. Expliqua-t-elle. En toute logique, cela signifie que toutes nos informations sur le sujet ont été écrites et répertoriées par des sorciers redevenus « hommes » ou en l'occurrence… moldu.
Ses mots résonnèrent en lui. A vrai dire ils eurent même beaucoup de sens... à tel point qu'ils laissèrent le mage bouche bée devant elle. Jamais il n'aurait eu pareille idée. Jamais.
- Je me suis plongée dans les Légendes et Prémonitions Antiques répertoriées par les Moldu. Une en particulier, a attiré mon attention. Dit-elle en lui tendant un recueil de légendes.
- Que dit-elle ?
- Il est question d'une nuit aussi noire que la mort, mettant un terme au siècle le plus sombre de l'histoire de l'humanité. Récita-t-elle. Les différentes civilisations de l'époque lui ont toutes données un nom différent mais il est sans cesse question d'une nuit si terrible, qu'elle a marqué la fin d'une ère d'horreur et de tragédie.
- Cela ne répond toujours pas à ma question. Gronda-t-il.
- Pas dans son intégralité, mais ça donne un point de départ ! Regardez.
Sans lui demander une quelconque autorisation et sous son regard outré, Hermione se saisit du livre qu'elle lui avait donné et s'empressa de lui montrer une page annotée. Le récit d'une légende Maya y figurait, avec entourés en rouge les termes les plus éloquents et… effrayants.
- Il est dit que « le monde saura quand l'ère de malheur prendra fin, quand le vent tournera au point d'en disperser les étoiles, que les eaux monteront jusqu'à réveiller les morts et que des feux se mettront à tomber des cieux. Et en la dernière nuit de tragédie, le sol s'ouvrira afin que les Dieux vengeurs reprennent leur dû et châties tous ceux en ayant vécu. »
- "Leur dû"… répéta le Mage songeur. La magie. Les Dieux vengeurs reprendront la magie et puniront tout sorciers en ayant abusé.
- C'est également ce que j'ai pensé, mais lisez la dernière ligne ! Insista-t-elle.
- « Ainsi le Soleil autrefois disparu revivra sous la bénédiction des Dieux, afin qu'aucun homme n'ignore de prier pour sa grandeur… » Dit-il. Mais… c'est ridicule, le Soleil ne s'est jamais éteint.
- Pas pour nous, mais pour eux le moindre vent contraire était un signe de mauvais présage !
Elle disait vrai… leur interprétation des signes divins était biaisée par leurs croyances païennes. Pour autant, un seul évènement était susceptible d'expliquer un tel phénomène.
- Une éclipse. Dit Voldemort convaincu. Il est fait référence à une éclipse.
- Les moldus ne peuvent percevoir que les éclipses planétaires. Il s'agirait donc…
- D'une Eclipse magique. Répondit-il gravement.
Ainsi une réponse se dessinait… une réponse qui déjà ne plaisait pas à Voldemort.
- On… on peut donc en déduire que dès l'instant où le Soleil cessera de briller sur le monde Magique, une série de catastrophes naturelles dévastera la terre avant que…
- … que les Dieux ne reprennent leur dû, la dernière nuit avant que le Soleil ne réapparaisse enfin.
A ses propre mots, Voldemort déglutit durement dans son malheur. Les Eclipses magiques étaient des phénomènes rares et hautement attendus par toute la communauté des Sorciers. Correspondant à un alignement précis d'étoiles aux propriétés encore mal comprises par les Astronomes les plus renommées, le Soleil s'éteignait pour une durée indéterminée, plongeant le monde Sorcier dans l'obscurité la plus totale. Jamais encore observée par les sorciers contemporains, il était dit qu'un tel alignement ne se produisait que tous les millénaires, marquant le commencement d'un renouveau magique à la puissance inégalable… du moins en théorie. Car de toute évidence, la prochaine ne marquerait non pas un début, mais bien une fin.
- La prochaine éclipse... Souffla-t-il les dents serrés. La prochaine éclipse marquera le début du fléau.
- Ne reste plus qu'à la prédire, mais aucun sorcier n'y ait encore parvenu à ce jour. Il faudrait des instruments astronomiques, des cartes d'étoiles et…
- Nul besoin. Claqua-t-il durement.
Surprise par la dureté de son ton, Hermione se renfrogna devant lui, inquiète à l'idée que ce flot d'informations ne l'ai retranché dans un nouveau déni. Pourtant, seule de l'indignation envahi son regard. Une indignation si grande, qu'elle put presque entendre ses dents grincées sous le poids de sa colère. Non, il ne s'agissait pas de déni. Mais de rage. De rage et d'incrédulité, mêlées à une fatalité dont l'ampleur lui fut facile à imaginer. Pour autant ce n'est que quand il se tourna vers elle, qu'elle comprit le fond de son refus. Il n'avait nul besoin de prédire l'éclipse… pour la simple et bonne raison, qu'il l'avait déjà fait.
Il connaissait la date de l'extinction de la magie.
- Combien de temps ? Demanda-t-elle alors du bout des lèvres.
A sa question, le Mage ne voulut pas répondre. Sûrement pour ne pas avoir à prononcer la date de leur mort à voix haute… pour ne pas avoir à réaliser l'éminence de leur fin. Mais ils n'avaient pas le temps d'être sentimental. Car outre l'échéance de leur existence, Voldemort dû se rendre à l'évidence. Ils n'avaient aucun moyen de l'empêcher.
- Un an. Le Soleil s'éteindra dans précisément un an, quatre mois et seize jours.
