Assis sur son trône, le visage défait et le regard perdu, Voldemort s'était tu. Muré dans un silence de plomb depuis maintenant plus d'une trentaine de minutes, il avait cessé de feuilleter le Grimoire de Merlin, horrifié par les mots de la prophétie qu'il pouvait encore entendre résonner dans sa tête.

« Vivez ! Mais ne vous réjouissez-pas. Car la nuit la plus noire du siècle le plus sombre, marquera l'extinction de cette nouvelle génération. Prenez garde aux feux et aux pleurs, car une fois violée la magie se meurt. Mais dans le cri d'un astre divin, alors cette fois… la magie s'éteint. »

« La magie s'éteint… » des mots à peine croyables qui n'avaient cependant jamais semblé plus réels qu'à cet instant. Et pourtant, ce n'était encore rien comparé à ce qui les attendaient. Dès l'instant où l'Eclipse s'élèverait dans les cieux, dans un an, quatre mois et seize jours, le véritable sens de cette prophétie se révèlerait. Le véritable châtiment débuterait… Atterré, un sourire ironique creusa ses joues malgré l'effroi. L'éclipse qu'il avait mis des mois à prédire et en quoi il avait placé tous ses espoirs, serait celle qui anéantirait tout ce pourquoi il s'était battu. Toute l'œuvre de sa vie. Une prise de conscience toute aussi poétique que tragique, qui pour la première fois de sa vie, le laissait désemparé et perdu. A croire que les Dieux avaient eux aussi, un certain de sens l'humour.
La tête lourde, il jeta un coup d'œil distrait à la jeune sorcière et soupira. Elle non plus n'avait plus les mots. Assise sur les quelques marches menant à son trône, elle n'avait pas bougé, la tête plongée entre ses mains et le souffle court. Elle connaissait la date. Désormais et grâce à lui, elle connaissait enfin la date exacte de l'extinction de la magie ! Un soulagement mais aussi… un grand poids. Il ne restait qu'un an. Qu'une seule petite année et pour quoi ? Tenter de l'empêcher ? Tenter de sauver tout ceux qu'ils pouvaient ? A quoi bon … Tous étaient déjà condamnés ! Ils ne pourraient pas y échapper. Personne ne le pourrait. Et pourtant à cet instant, Hermione n'en éprouva pas plus de peine qu'à son entrée dans le château. Elle savait d'avance que leur répit ne serait pas long mais le sien… le sien prenait fin aujourd'hui. Apaisée dans son malheur et le cœur presque léger face à ce qui l'attendait, la jeune femme se redressa dans une dernière inspiration et fit face au Seigneur des Ténèbres. Il avait rempli sa part du marché. Il l'avait écouté et cru, et même plus encore ! Il avait répondu à la dernière question qui hantait son esprit. Ne restait plus qu'à honorer sa promesse.

Aussi, sans lutter ni même en éprouver la moindre honte, Hermione s'agenouilla devant lui. Surpris devant un tel acte, le Maître la regarda sans comprendre avant qu'elle ne lui tende son sac ensorcelé et ne déclare.

- L'Ordre à actuellement un réseau précis de sept lieux de repli, trois planques et deux zones de sûretés réparties en Angleterre, Irlande et Ecosse. Ils ont pour projet de se rendre en France d'ici un mois, afin de rassembler les derniers partisans de leur cause.

Bien que satisfait de la voir remplir sa part du contrat, Voldemort ne trouva cependant rien à en dire. A côté de l'extinction de la magie, les quelques soldats assez désœuvrés pour tenter de le contrer ne lui parurent pas plus dangereux qu'une bande de moldu. Mais elle honorait sa parole malgré tout ; un détail qui en ces circonstances, trouva étonnement grâce à ses yeux.

- Vous trouverez dans ce sac une liste complète et détaillée de tous les membres encore vivant de l'Ordre, ainsi que de leurs alliés et potentiels soutient. Continua-t-elle d'un ton monocorde. Y figurent également les localisations et plans exactes de leurs cachettes ainsi que leurs itinéraires et escales.

Intrigué, il le saisit et l'examina un court instant. Pas plus large que la paume de sa main, ce sac était de toute évidence ensorcelé d'un charme d'infinité. Un charme qui étrangement, attisa davantage sa curiosité que son contenu.

- Depuis quand le possèdes-tu ?

- Pardon ?

- Ton sac. Claqua-t-il.

- Je… je l'ai ensorcelé peu avant l'épisode du Tournoi des Trois Sorciers.

- Quel âge avais-tu ? Demanda-t-il.

Déstabilisée par le caractère quelque peu anodin de ses questions, la jeune femme hésita. Cette époque lui semblait dater d'une autre vie, à tel point qu'elle dû réfléchir à deux fois avant de répondre.

- 14 ans.

Quatorze ans… elle avait réussi à jeter un charme d'infinité à quatorze ans ! Tout aussi admiratif que contrarié par sa réponse, le Mage déglutit devant elle. Lui-même n'avait pas réussi cet exploit avant ses seize ans.

- Je vois. Souffla-t-il alors. Et quoi d'autre ?

- Je vous ai tout dit. Harry et Ron sont prévisibles et n'apprécient pas le changement. Je doute qu'ils décident d'établir d'autres bases de repli. Quand bien même, cela leur prendrait plusieurs semaines de repérages avant de…

- Non. Claqua-t-il subitement. Je parle de tes prouesses.

- Mes… prouesses ?

Elle ne voyait pas où il voulait en venir, pourtant c'était l'évidence même. Il se fichait de cette bande de rebelles. Non ce qu'il voulait c'était en savoir plus sur elle. Sur l'incroyable Hermione Jeanne Granger – la sorcière la plus brillante du Trio d'Or.

- Est-il vrai que tu as produit du Polynectar à seulement douze ans ? Demanda-t-il.

- Heu… oui.

- Et que tu as fait l'exceptionnelle demande d'un retourneur de temps à tes treize ans pour suivre davantage de cours ?

- Oui mais…

- Et que tu l'as utilisé à la perfection pendant plus d'une année, sans jamais enfreindre la moindre loi temporelle ?

- Je n'irais pas jusqu'à dire que je n'ai enfreint aucune loi. Grimaça-t-elle mal à l'aise. Je… je m'en suis servie pour libérer Sirius Black, le parrain de Harry, et le sauver du baiser du Détraqueur.

Rien que ça… décidément, cette jeune femme ne connaissait pas l'ampleur de ses propres exploits.

- Les meilleures notes jamais enregistrées depuis ma propre scolarité, des prouesses magiques réalisées avant même ta majorité magique, un Patronus maîtrisé à la perfection depuis tes quinze ans et une mise en échec du plus grand Seigneur des Ténèbres pendant plus de dix longues années... Reconnaît que ça force le respect.

- Vous… vous avez gagné. Rectifia-t-elle du bout des lèvres. On ne peut pas dire que j'ai véritablement réussi à vous tenir en échec.

- Mais tu as survécu. Et grâce à toi, Potter aussi ; chose qui à mes yeux est l'un de mes plus cinglants échec...

Mal à l'aise, Hermione détourna le regard et frissonna à la rancœur de son ton. Aux vues de tout ce qu'elle avait accompli pour tenter de le déjouer, nul doute qu'il sera heureux de pouvoir enfin rectifier le tir.

- Ce qui est certain… c'est que je ne serais plus un obstacle dans votre traque contre Harry et le reste de L'Ordre. Souffla-t-elle.

- J'y compte bien.

- Puis-je cependant vous poser une question avant… avant que vous ne rendiez votre sentence ?

Sa requête ne le surpris presque pas aux vues de son caractère. Aussi, c'est presque heureux que Voldemort acquiesçât d'un signe de tête curieux.

- J'ai bien conscience que ce serait beaucoup vous demander de faire preuve de… de pitié à mon égard ; surtout après toutes mes tentatives pour vous tuer. Je sais aussi que mon ascendance de née-moldu, vous donne toutes les raisons du monde de laisser vos mangemorts me torturer, mais si je dois mourir je… je souhaiterais que cela soit de votre main.

Cette fois le mage ne trouva pas quoi dire, la surprise figeant ses traits dans une expression de pure stupeur. Elle ne l'implorait pas d'épargner sa vie ou celle de ses amis ; ni même de la relâcher avant l'extinction de magie. Non elle… elle souhait qu'il mette lui-même un terme à ses souffrances. Qu'il l'achève. De sa propre main. Une demande à laquelle il ne s'était pas attendu et qui l'ébranla devant la sincérité de son regard. Elle ne reculait pas devant la mort. Au contraire elle semblait presque… impatiente.

- Pourquoi ? Demanda-t-il simplement.

- Bien que votre idéologie me répugne en de nombreux points et que je désapprouve tout ce pourquoi vous vous battez, je ne peux nier que vos pouvoirs et vos exploits m'impressionnent sincèrement. Dit-elle dans un élan d'honnêteté. Vous avez accompli plus de prouesses que la majorité des sorciers de l'Histoire et avez réussi à prédire la date exacte de l'extinction de la magie alors… alors je crois que mourir de la main d'un Homme tel que vous serait un honneur… pour une sorcière telle que moi.

Voldemort avait entendu bon nombre de discours élogieux de la part de ses fidèles et de ceux qui cherchaient à s'en faire aimer… mais d'une ennemie ? D'une femme incarnant tout ce qu'il revendiquait comme un impur ? D'une femme qui s'était battue tout sa vie pour le faire tomber ? Jamais. A vrai dire, il n'avait même jamais entendu autant respect et sincérité, à tel point qu'une fois encore le Mage s'en trouva désarmé. Elle respectait sa réussite. Elle respectait sa puissance et ce sans même renier ses propres convictions. C'était déconcertant et pourtant… incroyablement digne. Sans trouver quoi dire, le Lord regarda le petit sac qui trônait encore dans sa main. Cette femme avait découvert la prophétie, trouvé le Grimoire de Merlin et accompli bon nombre n'exploit et pourtant… pourtant elle n'avait pas hésité à les lui remettre ainsi que tous les secrets des derniers résistants. Elle avait rempli ce qu'elle considérait être son devoir et ne demandait rien en retour. Rien si ce n'est une mort rapide de la main de l'homme qu'elle avait haï toute sa vie.

Oui. Hermione Jeanne Granger n'était pas la sorcière la plus brillante de sa génération pour rien.
Elle était également la plus digne.
Un constat qu'il ne pouvait plus nier.

- Depuis quand n'as-tu pas eu l'occasion d'être appréciée à ta juste valeur ? Demanda-t-il subitement.

- Qu… quoi ? Bafouilla-t-elle sans comprendre.

- Il est évident que Potter et Weasley t'ont apprécié et… utilisé afin d'être certains de m'échapper. Mais ils t'ont également rejeté dès l'instant où leurs sorts n'étaient plus l'une de tes priorités.

- Ils n'ont pas le courage d'accepter leur défaite. Dit-elle du bout des lèvres. J'imagine qu'il est plus facile de vivre dans le déni que d'admettre ses échecs.

- Mais ce n'est pas ton cas.

- J'ai… j'ai laissé la peur me guider pendant trop d'années. Je refuse de me voiler la face plus longtemps.

Pertinente. Pertinente, intelligente et digne… Bon Dieu, si un seul de ses fidèles avaient eu le tiers de ses capacités il n'aurait pas eu besoin de rassembler des milliers d'ignares incompétents à sa cause.

- J'apprécie ton courage. Dit-il après un moment de silence. Tu fais honneur à ta maison.

Surprise devant un tel compliment, Hermione déglutie et le remercia d'un regard. Il n'était pas coutume d'entendre Voldemort apprécier la valeur d'une Sang de bourbe, mais encore moins celle d'une ennemie. Aussi elle esquiva un sourire dans son silence.
Elle ne pourrait peut-être pas être sauvée, mais ne regrettait rien.

- Ta sentence sera rendue ce soir. Déclara-t-il finalement.

Ça y est.

L'heure de sa mort venait de sonner.


A sa grande surprise, Hermione ne fut pas reconduite dans les cachots après la fin de son audience avec Voldemort. Guidée d'un elfe de Maison qui n'osa pas même pas la regarder, elle fut menée à travers les différents couloirs du château avant de la conduire jusqu'à ce qui fut autrefois, la salle commune de Gryffondor. Intriguée et profondément surprise, elle n'osa pas parler ; comme par peur de voir sa ballade écourtée - la dernière dans son ancien foyer. Emue, elle regarda chaque mur, chaque escalier et chaque voûte comme le plus beau des trésors. Tant de souvenirs… tant de rires et de larmes avaient habité ses couloirs désormais déserts. Pourtant et malgré la joie que lui procura son retour, Hermione dû se rendre à l'évidence. Aucun des merveilleux vestiges de sa salle Commune n'avait survécu à l'invasion des serpents. Entièrement redécorée, ils avaient drapé les murs de rideaux vert émeraude et aménagé l'espace de canapés en cuir, de meubles en bois sombre, de portraits de Salazar et d'une imposante bibliothèque portée sur la magie noire. Un endroit froid, lugubre et parfaitement étranger à celui qu'elle avait autrefois connu. Ne restait de l'empreinte de Gryffondor que l'écho lointain provenant de sa mémoire. Un écho qui même s'il était douloureux, lui réchauffa le cœur à la veille de sa mort. Sa salle commune avait peut-être disparue sous l'occupation de Voldemort, mais elle n'avait pas été détruire. Une vérité qui ne put qu'apaiser son cœur. Les tapis et meubles auraient beau être changés et les portraits remplacés, elle n'en restait pas moins son endroit préféré de tout Poudlard. Celui où elle avait véritablement grandi et prospéré...

- Veuillez me suivre, Miss. Vos quartiers sont prêts.

- Mes… mes quoi ?! Bafouilla-t-elle brusquement.

Ses quartiers ? Ne s'agissait-il pas d'une erreur ?! Paniquée, la jeune femme s'empressa de suivre l'Elfe en direction des Dortoirs. Pourtant et alors qu'elle s'attendait à y voir une rangée de lits, c'est bien une seule et immense chambre qui apparut sous ses yeux. Bien plus chaleureuse que ce qui faisait désormais office de salon, Hermione failli presque tourner de l'œil devant un pareil aménagement. Un imposant lit à baldaquin trônait, couvert de coussin dorées et de couvertures molletonnées. Des canapés, méridiennes et fauteuils entouraient un feu de cheminé crépitant, tandis que cartes, mappemondes et autre objets étincelants, reposaient fièrement parmi les étagères d'une bibliothèque plus grande encore que la précédente. C'était… c'était tout bonnement somptueux. A tel point que pendant un court instant, la jeune femme eut du mal à concevoir que Voldemort puisse avoir autant de goût. Intimidée par la chaleur réconfortante des lieux, elle n'osa s'avancer et resta logée dans l'encadrement de porte. Le mage ne pouvait pas vouloir qu'elle soit ici ! C'était… impossible ! Cette pièce aurait pu loger une véritable princesse, alors elle ?! Une Sang de bourbe sur le point d'être exécutée ?! Non, il devait y avoir une erreur. Pourtant l'Elfe ne sembla pas le voir ainsi et s'attela à faire apparaître vêtements et ustensile de toilettes non loin d'une imposante coiffeuse ornée d'or et d'émeraude.

- Heu… pardon, mais je… je crois qu'il y a erreur. Dit-elle gênée.

- Le Maître m'a lui-même ordonné de vous conduire ici Miss.

- Mais, je… je suis une prisonnière. Je devrais être dans les cachots.

- Il faut croire que le Maître a d'autres projets pour vous.

Soudainement pétrifiée par la voix qui s'éleva dans son dos, Hermione sursauta violement dans un frisson. Elle connaissait cette voix. Elle connaissait cette femme.

- Allons. Intima Narcissa Malfoy en entrant devant elle. Ne restez pas là.

Incapable de trouver les mots, Hermione ne trouva pas la force de s'exécuter. C'était elle. La Grande Narcissa Malfoy née Black. Sœur de Bellatrix Lestrange, femme de Lucius Malfoy et mère de Drago. Une personnalité toute aussi controversée qu'impressionnante, qui la laissa bouche bée devant elle. Malgré son âge avançant, elle ne semblait pas avoir changé d'un souffle. Toujours ces mêmes cheveux blond et bruns merveilleusement bien coiffés, et ses robes de dentelles si finement cousue… La dernière fois qu'elles s'étaient rencontrée, Bellatrix l'avait torturé de sa dague ensorcelée, marquant sa chaire et ce jour comme l'un des pires de son existence. Pourtant, elles étaient là aujourd'hui. Toutes deux dans la même pièce, sans baguette en joug, menace ou embuscade. Un état de fait presque aussi surprenant qu'aucune de deux ne chercha à attaquer l'autre.

- Le Maître m'a personnellement chargé de vous installer. Dit-elle d'une voix étonnement douce à son égard. Venez maintenant. Nous avons beaucoup à faire.

Quartier ? Installer ? Bon sang, mais que se passait-il ?! Désemparée, la jeune femme ne trouva rien d'autre à faire que d'obtempérer et suivit Narcissa d'un pas hésitant jusqu'au rebord du lit. Occupée à faire le tri dans les affaires de toilette et autres vêtements de bain, Hermione cru halluciner à la vue de brosses à cheveux, épingles et autres objets de beauté. Ce n'était pas possible… c'était… c'était inconcevable. Elle était la prisonnière de Voldemort, pas l'invité d'un Hôtel cinq étoiles. Et pourtant, ni ses halètements surpris et doutes ne vinrent perturber la tâche de la Malfoy.

- Bien. Dit-elle après plusieurs minutes de classements minutieux. Je vais préparer votre bain. En attendant, je vous prierais de bien vouloir vous restaurer.

Manger ? Elle… elle allait pouvoir manger ?! Cette simple idée tordit son ventre dans une crampe douloureuse, éveillant ses papilles depuis trop longtemps engourdies. Depuis quand n'avait-elle pas mangé de véritable repas ? Elle-même ne savait plus ! Aussi, à peine Narcissa eut-elle le temps de s'engouffrer dans la salle de bain qu'un Elfe apparut soudainement, un imposant plateau entre ses mains. Un plateau qui rien qu'à sa vue, donna un vertige à la Sorcière. Des fruits frais, œufs brouillés, toast et autres exquises préparations se présentèrent à elle, réveillant un appétit plus grand qu'elle n'en avait jamais eu.

- Veillez à ne pas manger trop rapidement. Lui conseilla l'Elfe. Après une longue période de privation, le corps met du temps à se réhabituer à une bonne alimentation.

Débectée, Hermione ne sut pas quoi répondre, incapable de croire qu'elle n'allait pas passer ses dernières heures dans un cachot froid et le ventre vide. Et pourtant, c'était bien réel. De nouveau seule, elle s'avança fébrilement vers son repas, incertaine quant à son droit d'y toucher. Était-ce un piège ? Un teste ? Une dernière épreuve avant sa mort ? Elle l'ignorait et pourtant tout portait à croire le contraire. Peut-être le Mage Noir avait-il eu pitié finalement ? Peut-être était-ce là une forme de récompense pour sa coopération ? De dernier réconfort avant sa mort imminente ? Une fois encore elle n'eut aucune réponse à ses interrogations, mais choisi de croire à sa chance. Timide, elle porta une première fraise à ses lèvres et crut regoûter au sens même de la vie. Les saveurs explosèrent dans sa bouche, la transportant pendant un court instant vers un pur moment d'extase. Du sucre… des vitamines… des calories… tout ce dont son corps avait été privé pendant plus de quatre ans de fuite et de mal nutrition. Au diable ses doutes et suspicions ! Si elle devait mourir, autant que cela soit le ventre plein ! Aux anges, elle goûta à tous ce qu'on lui apporta. Veillant à bien mâcher et à ne pas se goinfrer, elle savoura chaque bouchée comme le plus exquis des cadeaux, renouant avec son palet et l'étrange sensation de satiété qu'elle n'avait plus connu depuis des années. Pendant ses cavales, il lui était arrivée de devoir voler dans les marchés pour ne pas mourir de faim et s'écrouler sur ses jambes. Des actes dont elle n'était pas fière, mais qui avaient été les seuls à l'avoir maintenue en vie pendant aussi longtemps.

- Miss Granger ? L'appela Narcissa depuis la salle de bain.

Tout en veillant à ce que sa bouche ne soit pas couverte de miette, Hermione se précipita à sa rencontre, encore incertaine quant à la suite des évènements. Intimidée, elle entra dans une salle de bain presque aussi grande que la chambre, restant une nouvelle bouche bée devant une telle quantité de marbre et la taille de la baignoire. Décidément, les adeptes de magie noire ne lésinaient pas sur le luxe…

- Veuillez ôter vos vêtements je vous prie.

Mal à l'aise devant une telle requête, Hermione senti son corps se raidir à l'idée de se déshabiller devant une femme telle que Narcissa. Pourtant et malgré la douceur de son ton, son regard n'en resta pas moins exigeant et poussa Hermione à obéir dans un silence gêné. Ses vêtements étaient déchirés, troués et sals depuis longtemps malgré tous ses efforts pour les garder le plus intacte possible. Aussi, elle ne fut pas longue en s'en débarrasser et pour la première fois de sa vie, éprouva une profonde honte de son apparence. Elle se savait maigre et blessée, pour ne pas dire décharnée; à tel point que c'est les joues roses de gêne, qu'Hermione vit le regard aiguisé de Narcissa la détailler sous tous les angles. Pourtant elle ne vit en lui ni dégoût ou moquerie… mais seulement du choc. Un profond et étonnant choc, que seule une femme pouvait porter sur le corps meurtri d'une si jeune fille. Sans rien dire, elle tourna tout autour d'elle, détaillant chaque entaille, chaque plaie et différentes nuances d'hématomes que portait sa peau. Il n'était pas inconnu que Narcissa n'avait jamais rien éprouvé d'autre qu'une profonde indifférence pour les individus tels qu'Hermione ; mais à cet instant précis et face au récit infâme que racontait son corps, la Malfoy senti sa gorge se serrer. Elle était si jeune… si frêle. Une chute semblait capable de lui rompre le cou ! Mais elle se tenait là. Debout avec pour seul témoignage de son malheur, plus de cicatrices et de plaies qu'elle ne pouvait en compter. Bouleversée, elle se détourna le souffle court avant de brusquement saisir une floppée d'onguents et de potions de guérison. Elle en avait déjà versé plus de la moitié dans l'eau du bain mais doutait même que le reste suffise…

- Bien, heu… veuillez-vous asseoir Miss. Je vais appliquer ces crèmes directement sur votre peau.

- Oh ne… ne vous donnez pas cette peine.

- Si. Tonna-t-elle plus durement. Il le faut, c'est à peine si vous tenez debout !

Peu déterminée à lutter, Hermione déglutit et pris place devant les imposant miroirs. La guérir quelques heures à peine avant sa mort semblait profondément inutile. Pourtant à la vue de son propre visage, la jeune femme crut bien avoir nausée. Grand Dieu… était-ce possible ? Ce reflet était-il… bien le sien ? Plus pâle que jamais devant les contours creusés de son visage, Hermione se détailla véritablement pour la première fois depuis quatre ans. Des pommettes saillantes, des cernes violacés, des joues creusées, un regard éteint, une peau décolorée par les coups, des os apparents… était-ce vraiment ce qu'elle était devenue ? Meurtrie par une telle image, elle détourna le regard dans un frémissement de honte. Elle n'était plus rien. Son corps n'était plus rien. Harry et Ron, l'avaient réduite à rien…

- Puis-je ? Demanda Narcissa dans son dos.

- Ou… oui, je vous remercie.

Frissonnant de douleur au contact de la crème sur son dos, Hermione serra les dents pour ne pas bouger. Cette zone était de loin la plus sensible de tout son corps, mais aussi la plus à vif.

- Puis-je savoir pourquoi… pourquoi vous avez été fouetté ? Demanda Narcissa du bout des lèvres.

Hermione soupira dans une grimace à peine contenue. Elle ne voulait pas en parler. A vrai dire, elle ne voulait pas s'en souvenir. Mais Narcissa se donnait la peine de la soigner avec douceur. Aussi et même si elle avait toujours haï la vanité et le mépris de leur famille, ce simple geste suffisait à lui faire croire en la bonté de sa démarche. Et puis, elle était une femme dans un monde cruel. Elle aussi avait dû connaître la malveillance et le vice des hommes...

- Mes… mes anciens amis m'ont cru ensorcelé. Ils ont donc tenté de… de me soigner. Souffla-t-elle.

- Vous soigner ?!

- Ils… ils ont trouvé un vieil instrument. Déglutit-t-elle. Un fouet datant du Moyen-âge et ayant été enchanté pour briser les enchantements de magie noir dont certains moldus étaient victimes.

- Seigneur…

Livide, la Malfoy eut du mal à contenir son émotion devant un tel récit. Sa sœur était une excentrique à la dague aiguisée et son mari un homme au doloris facile mais ça… cette barbarie… ce qu'elle soignait n'avait rien de blessures de guerre, mais étaient bien les restes d'une torture lente et cruelle. Lacéré sur toute sa longueur, le dos d'Hermione portait les vestiges des « soins » de ses amis. Sanglantes, profondes, gonflées et encore imprégnées d'une magie infâme, les plaies de son dos suintaient abondement malgré la crème. Nul doute qu'il lui faudrait des mois, si ce n'est des années, pour véritablement s'en remettre.

- C'est… déconcertant. Souffla-t-elle alors. Que le survivant fasse preuve de tels procédés est véritablement effrayant.

Oui. Ça l'était… et encore ce n'était pas leurs coups qui avaient été les plus douloureux.
Mais bien leur incroyable indifférence face à son infinie souffrance.

- Bien, je… je ne pense pas pouvoir faire plus. Prenez votre bain et détendez-vous. Je reviendrais vous voir d'ici une heure pour vous habiller.

- M'habillez ? Tiqua Hermione.

- Ne vous en faîte pas, votre tenue est déjà prête pour la cérémonie.

La cérémonie ? Avait-elle à ce point fait pitié à Voldemort pour qu'il nomme son exécution de « cérémonie » ?! Probablement voulait-il que le monde entier se souvienne de ce jour ? Du jour où l'imprenable Hermione Granger, s'était rendue pour mourir de sa main… De plus en plus confuse, la jeune femme se retrouva seule face à l'immensité de sa baignoire. Charmée par la douce vapeur qui s'en dégageait, un délicat parfum s'éleva de l'eau emplit de laits et d'huiles de soin. Depuis quand n'avait-elle pas pris le temps de véritablement se laver ? La réponse lui fit honte, la poussant à s'engouffrer à toute vitesse dans l'eau frémissante. S'immergeant jusqu'au cou, la douleur de ses plaies s'apaisa presque instantanément, l'enivrant pour la première fois depuis des années d'un bien être insouciant. Très vite elle sentie de fines bulles crépiter le long de sa peau, massant ses membres endoloris et désincrustant chaque parcelle de son corps. Elle serait propre. Elle sentirait bon. Et même si cela n'était que pour mourir dans quelques heures, Hermione ne put s'empêcher de remercier le ciel entre deux sanglots émus. C'était du bonheur. De la décence. Du respect. De la considération. De la douceur. Trop de choses dont elle avait été privée au cours de toutes ces années. Aussi c'est dans un soupir d'aise qu'elle s'immergea complètement et se délecta du calme inespérée l'eau et des bulles contre sa peau.


- Comment vous sentez-vous ?

Encore engourdie après s'être assoupie plus d'une heure dans son bain, Hermione sourit doucement à Narcissa. Emmitouflée dans un peignoir plus doux qu'elle n'en avait encore jamais connue, la jeune femme se laissa installer devant la coiffeuse où était rangées brosses à cheveux et rubans. Face à son reflet un peu plus présentable, elle insista pour se préparer elle-même mais fit face au refus catégorique et irrévocable d'une Malfoy qui s'était déjà retroussée les manches.

- Vos cheveux ont-ils toujours été si longs ? Demanda-t-elle impressionnée devant sa chevelure tombant jusqu'à son bas du dos.

- Je l'ignore. Souffla-t-elle. J'ai failli les couper il y a deux ans pour des questions d'entretiens mais je… je n'en ai jamais eu le cœur.

D'une main experte et délicate, Narcissa s'activa à démêler les derniers nœuds et à réformer ses boucles désormais plus volumineuses. Gênée devant tant de soins, Hermione chercha vainement à l'aider mais fut ordonné de ne plus bouger. Il était si étrange que l'on prenne soin d'elle... Que Narcissa Malfoy prenne soin d'elle ! Si on lui avait dit ce qui l'attendait alors qu'elle s'apprêtait à se rendre, elle n'y aurait jamais cru ! Et pour cause ; elle, la Sang de Bourbe la plus méprisée et chassée du monde magique, traitée avec respect par l'une des fidèles les plus célèbre de Voldemort ?! Quelle folie était-ce là ?! Et pourtant, cela lui fit tellement de bien… Parler de cheveux, de teint de poudre, de coiffure… cela paraissait sortir d'un autre univers. Ginny avait bien tenté de préserver leur féminité, mais les fuites et planques au milieu des bois ne les avaient pas aidés dans cette quête. Et puis, ce n'est pas comme si l'apparence comptait quand tout le monde cherchait à vous tuer…

En moins d'une demie heure et sous le regard minutieux de Narcissa, Hermione se vit méconnaissable. Les joues plus roses et le teint plus net, la jeune femme se contempla sans y croire. Ses cheveux autrefois emmêlés et broussailleux, tombaient en délicates ondulations dans son dos tandis que ses cernes autrefois proéminant avaient laissé place à une peau lisse et sans imperfection. Ebranlée devant son nouveau visage, elle ne put que bafouiller d'infinis remerciements avant que Narcissa ne lui tende une robe. Longue et noire, la finesse de la dentelle la subjugua. Il s'agissait d'une robe d'exécution, certes… mais dont la simplicité et la beauté lui coupèrent le souffle. Incapable d'en détacher le regard, Hermione l'effleura du bout des doigts frissonna. Quel plaisir de se dire qu'elle ne mourrait pas en haillons.

- La taille est déjà fine mais je risque de devoir la reprendre au-dessus de vos hanches. Lui dit-elle.

- Est-ce vraiment nécessaire ?

- Le soin du détail très chère ! Se scandalisa-t-elle. Là est toute la différence entre un simple habit et une tenue digne de ce nom !

Amusée par son ardeur vestimentaire, la jeune femme capitula et ne le regretta pas. Tombant jusqu'à ses pieds dans un froissement délicat, la robe couvrit son buste et ses bras de sa fine dentelle et coutures haut de gammes. Resserrée avec soin à la taille, elle mit en valeur sa minceur tout en cachant son dos et les ecchymoses trop apparents de sa peau blafarde. Aussi, c'est sans y croire qu'Hermione se contempla. Elle ressemblait de nouveau à un être humain. A une femme. Et même… à une belle femme. Un miracle qu'elle n'aurait jamais cru espérer un jour.

- Parfaite. Sourit Narcissa fière de son œuvre.

- Merci. Sincèrement, je…

- Ce n'est pas nécessaire.

- Non, je le pense. Narcissa… je… je vous dois des excuses.

Surprise par un telle initiative, Narcissa ne trouva pas quoi dire devant la sincérité de son regard. Elle n'avait fait que la préparer ; cela ne valait pas une remise en question de leur relation ! Et pourtant, la Malfoy put le sentir. Le peu de soin qu'elle lui avait prodigué valait bien plus pour elle que toutes leurs querelles et combats passés.

- Je… je vous ai toujours jugé vous et votre famille mais j'avais tort. Et puis… il est temps que je vous remercie. J'ignore s'il vous l'a dit, mais Drago m'a offert la possibilité de partir. Dit-elle alors du bout des lèvres. Il m'a donné une chance de ne pas me rendre à votre Maître et… même si ça ne veut plus dire grand-chose ce soir, ça m'a touché. Il n'avait pas à le faire mais il était prêt à prendre ce risque pour moi.

- Miss, je…

- Merci. Insista-t-elle. Merci infiniment pour vos soins, votre douceur et ces derniers instants. Et si jamais je n'en ai pas l'occasion, s'il vous plaît… remerciez Drago pour moi. Il aura été un ennemi redoutable mais aussi un… un ami inattendu. Je ne l'oublierais pas.

La gorge serrée, Narcissa senti sa poitrine s'oppresser à ses mots. Même si elle ne l'avait jamais particulièrement aimée ou respectée, elle ne put rester de marbre devant sa reconnaissance. Par Merlin, elle était si jeune… si belle… et si prête à mourir. Une somptueuse enfant malmenée par la vie qu'on s'apprêtait à mener à l'échafaud. Déstabilisée, la Malfoy ne put que lui sourire avec tendresse et acquiescer gravement. Oui, elle savait ce que son fils avait fait et n'en était pas surprise. La guerre l'avait changé lui aussi. La Guerre les avait tous changé. Mais elle eut une certitude. Quoi qu'ait pu être leur passé avec Hermione Grange, eux non plus ne l'oublieraient pas…

- Quoi qu'il arrive ce soir Miss Granger, gardez la foi. Lui souffla-t-elle.

- J'ai déjà reçu bien plus que je n'espérais.

- N'espérez-vous donc rien de mieux ?

- Non Madame… Dit-elle le cœur léger. Quoi qu'il arrive ce soir, je suis prête.


Immobile devant les portes de la Grande Salle, Hermione senti son cœur s'emballer. Elle y était. L'heure de sa mort avait sonné. Le souffle court à l'écho des centaines de murmures impatients qui s'élevaient non loin d'elle, la jeune femme tritura nerveusement la manche de sa robe. Elle savait ce qui l'attendait derrière cette porte. Elle savait que le glas de la fatalité allait s'abattre sur elle et les restes encore décents de son corps. Pourtant, elle n'en éprouvait ni crainte, ni inquiétude. Au contraire un profond calme l'habitait, mélange de résignation et de reconnaissance. Bien qu'elle ait encore du mal à y croire, Voldemort avait insisté pour qu'elle soit nourri, soigné et préparé pour ce soir. Il avait cherché à lui rendre le réconfort et la dignité dont elle avait été privée. Et rien que pour cela, mourir ne la dérangeait pas. Car aussi surprenant que soit après tout ce qu'il s'était passé, tout ce qu'elle avait vécu et enduré, cette dernière soirée avait bien été la plus agréable qu'elle ait eut depuis des années.

- Prête ? Lui demanda Narcissa du bout des lèvres.

- Plus que jamais.

Et c'est ainsi qu'on la fit entrer dans la fosse aux serpents.

Tous alignés devant le trône, les mangemorts parurent plus calmes que lors de sa première apparition. Pourtant et malgré les ordres que leur Maître avait donnés, sa vue déclencha étonnement bien plus de haine qu'elle ne s'y était attendue. Murés dans un silence de plomb, les fidèles la fixèrent avec plus de rage et de mépris qu'elle n'en avait jamais reçu. Les poings tremblants, ils la virent s'avancer d'un pas mesuré au milieu de la foule, la tête haute et le regard fière. Une attitude presque plus outrageante à leurs yeux, que la robe et les soins que le Maître lui avait octroyés. Les dents serrées et le regard fou, Bellatrix semblait sur le point d'imploser, à tel point qu'Hermione fut surprise de la voir contenir tout le dégoût qu'elle lui inspirait. Quant aux autres, et bien… elle ne doutait pas que chacun de leurs coups d'œil suffisait à rivaliser avec tous les doloris du monde. Pourtant, la jeune femme choisie de ne pas s'en soucier. Si Voldemort acceptait de lui accorder l'ultime grâce qu'elle lui avait demandé, elle n'aurait plus jamais à faire face à ses chiens de garde. Un dernier espoir qu'elle chérissait avec ferveur et qui la poussa à s'avancer dignement vers son bourreau.

Debout devant son trône et habillé de son imposante robe de Sorcier, le Seigneur des Ténèbres ne la quitta pas du regard, contemplant alors sa lente ascension ainsi que sa nouvelle apparence. Il lui était agréable de constater qu'elle semblait en meilleur santé que lors de leur dernier entretien, pourtant il ne put nier sa surprise devant l'élégance de son reflet. Le regard franc, le teint lumineux, le dos droit et la tête haute, elle n'avait cure de la véhémence de ses mangemorts, se contentant de les ignorer dans une parfaite indifférence. Aussi, les voir le menton tremblant de haine devant elle lui fit esquiver un sourire. Ils auraient beau la mépriser pour son sang et ses convictions, il ne faisait pas le moindre doute qu'elle seule représentait plus de valeur et d'honneur que toutes les familles de sangs purs réunies en ces lieux. Un constat dont il se délecta.

Arrivant à sa hauteur, Hermione déglutit face à l'imminence de sa fin. Il était étrange de se savoir sur le point de mourir, pourtant et devant l'homme qui lui avait offert ses derniers soins, sa reconnaissance n'en fut que plus grande. Aussi c'est avec un grand respect et à la surprise de tous, qu'Hermione Granger s'agenouilla d'elle-même devant le Mage. S'ils la voyaient, Harry et Ron chercheraient sûrement à user une nouvelle de leur fouet pour lui faire passer son hérésie, mais jamais aucune décision ne lui avait paru plus réfléchie que celle-ci. Voldemort n'avait jamais eu la moindre obligation de prendre soin d'elle après leur passé de guerre et de défiance. Pourtant, il l'avait fait. Et rien que pour cela, Hermione ne ressenti aucune honte à lui témoigner sa gratitude. Un geste qui répandit murmures et galvanisa la haine des fidèles, mais qu'elle fut fière d'assumer pleinement et qui fit brièvement sourire le Mage.

Le temps des réjouissances ne faisait que commencer…

- Hermione Jeanne Granger, vous avez été convoqué en ce jour afin d'être reconnue coupable de traîtrise envers le Seigneur des Ténèbres, association avec le fugitif Harry Potter, déshonneur envers le monde Magique et pratique impur de vos pouvoirs de née-moldu. Déclara-t-il solennellement. Reconnaissez-vous les faits ?

C'était lancé.
Plus rien ne pour l'arrêter.

- Oui.

- Avez quelque chose à dire pour votre défense, avant la proclamation de votre sentence ?

Elle y réfléchit un instant mais dû se rendre à l'évidence. Tout avait déjà été dit. Aussi c'est sans remord qu'elle fixa son bourreau dans un regard entendu. Résonnaient entre eux les terribles prémonitions de la prophétie. Un écho plus assourdissant que jamais et qui à lui seul contait déjà tout ce qu'elle aurait pu vouloir raconter.

- Non. Je… je n'ai rien à dire.

- Bien. Je souhaiterais que le témoin Drago Malfoy me rejoigne pour le verdict.

Prêt à honorer son rôle, Drago s'avança rapidement vers son Maître. Solennel, droit et impénétrable, il s'agenouilla brièvement avant de se positionner à ses côtés et faire face à la jeune femme. La mâchoire serrée, il n'osa pas la regarder dans les yeux mais ne trembla pas à la question du Mage.

- Drago Malfoy, attestes-tu sur l'honneur de la véracité de ton témoignage ?

- Oui Maître.

- Bien. Dans ce cas, il est temps. Miss Granger, veuillez-vous lever. Déclara-t-il.

Son cœur s'emballa mais ses jambes ne tremblèrent pas. Elle était prête. Peu importe le châtiment, la peine ou le procédé… elle était prête.

- Miss Granger, vous avez été reconnue coupable de traîtrise envers le Seigneur des Ténèbres, association avec le fugitif Harry Potter, déshonneur envers le monde Magique et pratique impur de vos pouvoirs de née-moldu.

Les mangemorts trépignèrent, plus impatients que jamais et prêts à lui sauter à la gorge au présage de sa mort certaine. Pourtant et alors qu'un vent de frénésie s'élevait parmi la foule, Hermione resta impassible.

- Lors de votre audience vous nous avez fourni les localisations, plans d'attaques et noms des membres de l'Ordre du Phénix. Une telle coopération est aujourd'hui saluée par la Cour, mais ne peut excuser la gravité de vos crimes. Ainsi, une peine exemplaire se doit d'être rendue.

Une respiration.
Puis deux.
Ses dernières…

- Hermione Jeanne Granger, pour vos crimes et défiance envers le Seigneur des Ténèbres, la Cour a estimé que la mort serait trop douce à votre égard. Ainsi et par la présente, je vous condamne solennellement à me servir pour le reste de votre misérable existence.

Un silence.
Puis deux.
Les premiers, d'une sentence à laquelle personne ne put croire.

- Vous m'obéirez loyalement, me servirez avec dévouement et mettrez votre savoir à mon entière disposition dans nos ultimes affrontements contre la Résistance menée par Harry Potter.

Il ne pouvait pas… il ne pouvait pas l'épargner. C'était impossible ! Et pourtant le poids de ses mots s'entendit dans la stupéfaction outrée de ses mangemorts.

- Vous serez également initiée aux arts les plus noirs de la magie par mes soins, en gage d'humiliation envers vos principes et pratiques avancées de Magie Blanche. Vous logerez ici même dans ce château et revêtirez le titre honorifique « d'Initiée d'Honneur », afin que personne dans le Monde Magique n'ignore votre trahison envers la Résistance et votre nouvelle allégeance.

Il la gardait en vie. Il la gardait auprès de lui. Il en faisait son élève. Elle ne pouvait y croire… et ne fut pas la seule, car alors que tous ses fidèles semblaient sur le point de tourner de l'œil, on entendit Bellatrix s'effondrer au sol dans un malaise. Le souffle coupé, Hermione ne sut comment réagir. Devait-elle pleurer ? Crier ? S'indigner ? Le maudire ? Le remercier ? Elle ne savait plus. Jamais elle ne s'était imaginée un autre scénario que celui de sa mort. Et pourtant sa sentence venait d'être rendue… celle de vivre, en tant qu'alliée et élève du plus grand Seigneur des ténèbres de tous les temps. Incapable d'esquiver le moindre geste, elle vit Voldemort s'avancer jusqu'à elle et la toiser de sa hauteur. Elle ignorait pourquoi il avait pris une telle décision, ou quels étaient ses projets à son encontre, mais était certaine d'une chose : il se délectait de ce spectacle.

- Veuillez me présenter votre bras Miss.

Sa requête ainsi que sa baguette levée suffirent à compléter son horreur.

- Comme ultime affront à votre personne et en signe d'allégeance envers moi-même, je vous fais don d'une marque unique comme symbole de votre nouveau rang de servante des Forces du Mal. Puisse-t-elle être la honte et déshonneur de votre existence.

A bien y réfléchir, peut-être la mort aurait-elle été plus douce. Car à peine eut-il posé sa baguette sur sa peau, qu'une douleur semblable à celle des feux de l'enfer se mit à se rassasier de sa chaire. Une fièvre au front et l'estomac retourné d'une nausée, Hermione sentie la magie noire de son nouveau Maître s'infiltrer en elle à mesure que sa Marque se dessinait peu à peu sur sa peau. Une marque sombre, décisive et mortelle, qu'elle ne put voir s'achever… car alors que sa sentence résonnait encore en elle, Hermione n'en comprit véritablement le sens que lorsqu'elle s'évanouit dans de nouvelles ténèbres.


Et voilà ! :))) J'espère que ce chapitre vous a plu ! N'hésitez pas à me donner vos avis en commentaires ! J'ai hâte de lire vos retours ;) A très vite !

BIZZEEEEEE