Hello ! Petite aparté en 2 points avant le début de ce chapitre :
- Je vous publie un peu en avance car je ne suis pas sûr d'avoir le temps demain XD
- Et je sais que je ne suis pas une pro en matière d'orthographe mais je voulais m'excuser pour les fautes (et il y en a) dont une récurrente que je viens de découvrir... ("elle sentie" - à la place de "elle sentit"). Malheureusement j'ai déjà sauvegardé 19 chapitres d'avance alors je vais essayer d'en corriger un maximum pendant mes relectures mais je m'excuse d'avance s'il en reste XD Promis je vais essayer de faire attention.
En tout cas bonne lecture ! Oh et accrochez-vous ;) la suite va être mouvementée !
Essoufflée dans sa colère grandissant, Hermione serra les dents. Epuisée, contrariée et à bout de nerf, elle regarda Voldemort faire les cents pas devant elle. Incapable de tenir en place, le Mage semblait lui aussi sur le point d'imploser. Un tableau étrange et inquiétant, qui avait contraint les Elfes à se cacher et vider les peintures de leurs portraits. Personne ne voulait assister à ça… et pourtant c'était bien une énième dispute qui faisait vrombir l'air autour des deux sorciers.
- C'est ridicule ! S'exclama Voldemort ahuri.
- Bien sûre que non !
- Les sirènes ne peuvent pas créer de prophétie ! S'acharna-t-il dépassé. Cela va à l'encontre même de leurs natures d'êtres hybrides !
- Votre avis n'est basé que sur les observations erronées d'un chasseur de sirènes trop frustré pour admettre l'idiotie de sa quête !
- Roy Almod a fait ses preuves au sein de la communauté Magique !
- Une Communauté Magique datant du Moyen-Âge ! Exulta Hermione scandalisée. En ce temps, les sorciers du monde étaient encore persuadés que la lumière du Soleil n'était que le résultat d'un Sortilège !
Ahuri par les propos insensés de son élève, Voldemort serra douloureusement les poings devant sa détermination. Une heure… une heure qu'elle n'en démordait pas et le contredisait ouvertement. Une heure qu'elle s'évertuait à donner du sens à des notions qui n'en avaient aucun ! Une heure qu'elle s'acharnait à parler sans écouter ! Une heure pendant laquelle il croyait bien devenir fou.
- Pour la énième fois… siffla-t-il les dents serrés. Les sirènes ne possèdent pas de magie prophétique ! Tu ne peux pas en déduire le contraire en te basant sur les photos d'une autopsie datant des années 20 !
- Ces photos nous montrent clairement que les sirènes possèdent deux cœurs ! S'écria-t-elle.
- Cela ne veut rien dire !
Borné… un enfant imbuvable, hypocrite, contradictoire et borné ! Voilà face à quoi Hermione soupira d'un air exaspéré. Bon Dieu, comment un homme à l'esprit si étroit pouvait-il s'élever au même rang que Merlin ?! Il était incapable de voir l'évidence même qui trônait sous ses yeux ! Incapable d'admettre qu'il avait tort ! Incapable d'entendre tout ce qu'elle s'évertuait à démontrer !
- Les Centaures, les nymphes, les phénix et même certaines espèces d'elfes possèdent deux cœurs ! Tous ont en commun la capacité de jouir de pouvoirs prophétiques, alors pourquoi pas les sirènes ?! Demanda-t-elle.
- Parce que leur magie est primaire ! Hurla-t-il la veine du front battante. Elle est reliée aux éléments les plus fondamentaux de ce monde et ne peut donc pas transcender les lois du temps et de l'espace !
- Alors elles peuvent prédire les catastrophes naturelles, les éclipses, les marées et les cycles lunaires sur plusieurs siècles, mais sont dénuées de magie prophétiques ?!
- Ce sont des sirènes ! Un exécrable banc de poisson qui ne sait lire que la magie des océans et des cieux !
- Vous vous trompez !
Se tromper ? Lui ? Le plus Grand Seigneur des Ténèbres de tous les temps ? L'être le plus puissant au monde ? Dépassé, Voldemort éclata de rire devant son arrogance. Les mains accrochées à ses boucles ébènes, il respira du mieux qu'il put dans son hilarité, tentant vainement de contenir la magie incendiaire de son orgueil. Mais la férocité de son regard… l'impertinence de ses propos… l'aplomb de ses revendications et l'ardeur de sa colère… tout chez elle lui hurlait de la congédier d'un sort. « Se tromper… » voilà bien des mots qu'il n'avait plus entendu depuis longtemps. Mais qu'ils viennent d'elle ? De cette sorcière aux idéaux utopiques ? De cette sang de bourbe à la langue trop pendue ? Non… il ne pouvait le tolérer. C'était un affront. Une insulte !
Les doigts crépitant de magie instable, Voldemort déglutit amèrement. Deux jours déjà qu'ils buttaient sur des technicités inutiles. Deux jours que leurs recherches sur les créatures magiques piétinaient à la lueur de leur incompréhension mutuelle. Il avait essayé de la raisonner ! De la convaincre d'abandonner cette piste vide de sens et malgré tout… malgré tous ses efforts, elle s'acharnait à croire des idioties. A croire des photos ! Existait-il démarche plus insensée ? Réflexion plus sotte ? A la regarder les joues rouges et les mains crispées sur son livre, il en douta sincèrement. Car c'est bien la lionne enragée qui se permettait de leur parler de la sorte, et non plus son Initiée.
- Prend garde Granger. Ma patience à ses limites.
- Je vous demande simplement de me croire !
- Toi ?! Ou ces immondes clichés inutilisables ?! Demanda-t-il.
Mais enfin, qu'y avait-il de mal à explorer toutes les possibilités ?! Certes ces photos n'étaient pas de très bonne qualité, mais elles offraient une piste ! Et pas la moindre qui plus est ! Un deuxième cœur serait une réponse à leurs questions ! Plus encore, ce serait une avancée incroyable ! Mais les sirènes étaient malignes… quasiment impossible à attraper, leurs corps se désintégraient en moins de quelques minutes après leurs morts. Aussi, ces « clichés inutilisables » n'étaient autres que les seules images viables de l'anatomie d'une sirène avant que son corps ne disparaisse ! Mais pourquoi le Mage Noir le plus puissant de la terre les croiraient-elles, quand son orgueil avait tellement mieux à faire ?!
- Vous ne pouvez pas nier qu'il existe une possibilité. Dit-elle le cœur battant.
- Bien ! S'exclama-t-il. Par respect pour ton insupportable détermination, je te l'accorde ! Il existe une possibilité ! Ce que je nie en revanche c'est la déduction absurde que tu en fais !
- Si les sirènes ont effectivement deux cœurs et des pouvoirs prophétiques, elles pourraient nous éclairer sur les circonstances de l'extinction de magie ! Et peut-être nous guider vers un moyen de l'empêcher ! Insista-t-elle.
- Parce que tu crois sincèrement qu'elles accepteraient ? Dit-il moqueur.
- Il faut essayer !
- Et comment exactement ?! S'écria-t-il ahurit. Tu veux te présenter devant la Reine-Mère et lui demander de disséquer l'une de ses filles ?
Dis sur ce ton, n'importe qu'elle idée aurait pu sembler stupide…
- Non, je…
- Et si par je ne sais quel miracle tu arrivais effectivement à trouver une sirène mourante, à l'autopsier avant qu'elle ne se désintègre et à prouver qu'elle possède une magie prophétique, que feras-tu après ?
- Je…
- Tu plongeras au cœur du Lac Noir, demandera une audience et suppliera la Reine pour qu'elle te révèle ses secrets ?!
L'ironie vicieuse de son sarcasme n'échappa pas à la jeune femme. Aussi, c'est honteuse qu'elle détourna le regard. Il se riait d'elle et de ses idées, mais se trompait lourdement s'il pensait être capable de la décourager. Cette piste était la plus prometteuse, audacieuse et concrète qu'ils aient trouvé depuis deux jours, et elle refusait de la jeter aux oubliettes sous prétexte que Voldemort refusait de se mouiller un peu !
- Ça a marché pour vous. Vous avez accepté de m'écouter ! Cingla-t-elle amer. Pourquoi pas elles ?
- Ne confond pas ma pitié avec de la clémence. Siffla-t-il durement.
Pitié. Un mot craché avec mépris et condescende. Un mot qu'Hermione ne s'était pas attendu à entendre et qui la frappa en pleine figure. Pitié. Oui, Voldemort avait eu pitié… pitié d'une pauvre Sang de Bourbe implorant pour qu'il mette fin à ses jours. Une pitié qui ne semblait pas l'avoir encore quitté à ce jour, et qui ébranla la jeune femme aussi violement que la douleur de sa marque.
- Accepte-le. Ta théorie est risible, insensée et impossible à prouver…
Risible… insensée… impossible à prouver. Des mots qu'Harry et Ron avaient eux-mêmes prononcés, avant de sortir le fouet.
- Et quand bien même… renchérit-il. Je refuse de me lancer dans une chasse aux sirènes à un an, trois mois et onze jours de la fin du monde ! Les premiers chasseurs de l'Histoire ont mis plus d'un siècle avant d'en attraper une et tu voudrais qu'on abandonne tout ? Au risque de déclencher une guerre entre nos peuples ?!
Il refusait de la croire. Il refusait de l'aider. Mais pire que tout… il faisait preuve de lâcheté. Un constat qui dans son silence consterné, écœura la jeune femme.
- Non… siffla-t-il entre ses dents. Je ne laisserais pas les océans sombrer dans le chaos pour le caprice d'une pauvre sotte désœuvrée.
La gorge serrée, Hermione ne trouva pas quoi répondre à ses insultes. Elle avait l'habitude d'être dénigrée, sous-estimée et moquée. Mais jamais encore par un Mage de son importance… jamais encore par un homme qu'elle haïssait autant qu'elle respectait.
- Alors… le sujet est clos ? Dit-elle du bout des lèvres.
- Clos, oublié et enterré ! Je ne veux plus t'entendre en parler.
- Mais…
- Il suffit ! Exulta-t-il brutalement.
Le grondement de sa voix et les étincelles de magie qui explosèrent depuis ses mains la contraignirent au silence. Pourtant Hermione ne voulait pas se taire. Elle avait tant de choses à dire. Tant de choses à hurler ! Mais elle devait s'aplatir. S'aplatir devant un sorcier grossier, imbus de lui-même, obstiné et insultant. Un sorcier au comportement abjecte et changeant ! Il ne méritait pas qu'elle rampe devant lui en implorant son pardon. Il ne méritait pas qu'elle se ronge les joues pour garder le silence ! Et pourtant la chaleur irradiante de sa marque lui rappela douloureusement son impuissance… une chaleur insolente et humiliante qu'elle exécra au-delà de tout. Le souffle court, Hermione serra les dents à s'en briser la mâchoire, la langue brûlante des mots qu'elle rêvait de lui cracher à la figure. Mais elle n'était pas en mesure de lutter… aussi, c'est le cœur battant de rage et les joues rouges d'indignation qu'elle referma durement le livre qu'elle étudiait avidement depuis deux jours. Il ne voulait pas écouter ses arguments. Il ne voulait pas l'aider. Soit ! Elle irait elle-même chercher les preuves de ce qu'elle avançait.
- Puis-je parler ? Demanda-t-elle les lèvres pincées.
- Tout dépend de ce que tu as à dire… gronda-t-il menaçant.
- Mon cours de danse commence dans trente minutes. Il serait inconvenant d'arriver en retard. Je vous demande donc l'autorisation de me retirer.
Son insolence n'avait donc aucune limite ?! Enragé, le Mage sentit sa magie s'embraser au ton de sa voix et contînt avec peine son envie de lui faire payer son mépris. Cette petite sotte n'avait donc aucun respect ? Aucun bon sens ?! Il avait déjà tué des hommes pour moins que ça et pourtant elle s'obstinait ! A croire que même la plus primaire des intelligences lui manquait.
- Pars. Cingla-t-il.
Sans un mot, Hermione se leva, saisit son livre et tourna les talons sans un regard. Nul doute que sa marque la torturerait pour un tel comportement mais à cet instant, elle s'en ficha éperdument. Elle avait quelque chose à prouver. Et même Voldemort ne serait pas en mesure de l'arrêter…
Le cœur battant, Hermione s'empressa de faire l'inventaire du peu d'outil dont elle disposait. Sa trousse de secours magique éparpillée devant elle, elle compta deux ciseaux chirurgicaux, un nécessaire de couture, trois scalpels et plus d'une centaine de potions de soins. Bien que les blessures à répétition d'Harry et Ron l'aient aidé à se former, elle savait d'avance que ses maigres connaissances médicales et son matériel d'appoint ne l'aideraient pas à accomplir sa tâche… et pourtant elle devrait s'en contenter.
Plus déterminée que jamais, elle s'attela à soigneusement ranger ses livres et outils dans le petit sac accroché à ses hanches. Une paire de botte au pied, elle déglutit à la vue de son corset et abandonna l'idée de s'en défaire. Narcissa l'avait tellement bien lacé que même un sortilège mettrait plus d'une dizaine de minutes avant de l'en libérer ! Or, elle n'en avait pas le temps. Désormais, chaque seconde comptait ! Et pour cause… son subterfuge ne tromperait pas sa Tutrice très longtemps. Aussi et dès l'instant que Voldemort comprendrait son mensonge, elle n'aurait plus que quelques instants pour faire ses preuves. Probablement les derniers de sa vie, mais Hermione n'avait que faire de la colère de son Maître. Elle s'était laissée torturer pendant des semaines pour tenter de convaincre ses amis ! Désobéir à Voldemort n'était donc qu'un faible prix à payer, comparé à ce qu'elle était prête à endurer pour prouver ses dires.
Les sirènes avaient deux cœurs. Deux cœurs ! Elles possédaient donc de la magie prophétique et pouvaient l'aider à mieux comprendre le fonctionnement de leur prophétie. Elles pouvaient lui apporter des réponses ! Pourquoi Voldemort s'acharnait-il tant à croire le contraire ?! C'était idiot ! Stupide même ! Et pourtant elle serait seule ce soir… seule à tenter l'impossible. Le souffle court, Hermione se regarda une dernière fois dans son miroir et se sentit frissonner. Elle allait le faire. Elle pouvait le faire ! Et pourtant… c'était de la folie. De la pure et incroyable folie ! Mais elle n'avait pas le choix. Abandonner n'avait jamais fait partie de son vocabulaire. Elle avait combattu un mage Noir, braquer une banque, remonter le temps et avait même chevaucher un Dragon, un Sombral et un Centaure ! Elle n'était pas le genre de femme à renoncer uniquement parce qu'on le lui demandait. Elle n'était pas le genre de femme à s'aplatir devant plus fort qu'elle ! Et Voldemort ne faisait pas exception à la règle. Alors oui... elle lui prouverait qu'il avait tort. Elle lui prouverait son intelligence. Et plus important encore… elle lui prouverait qu'elle valait mieux que sa pitié. Et ce même si c'était la dernière chose qu'elle faisait.
Avancer… avancer et respirer.
Avancer et respirer.
Avancer et respirer.
Elle avait une heure. Une heure si elle était chanceuse. Une heure si Narcissa continuait de s'atteler à la confection de sa robe de bal. Une heure si les Dieux ne l'abandonnaient pas ce soir. Une heure pour réussir…
Emmitouflée de la tête aux pieds et invisible aux yeux de tous, Hermione déglutit au détour d'un couloir et s'engouffra rapidement dans le parc. Heureusement pour elle, Harry avait oublié de lui reprendre sa cape d'invisibilité après leur quête en Russie. Une aubaine dont elle avait bien l'intention de profiter et qui lui fit esquiver un sourire. Quelle ironie... il n'avait que peu d'avantage contre Voldemort et il fallait qu'il oublie le plus important de tous au fond du sac de la Futur Initiée de son ennemi. L'imbécile. Et après, il se demandait encore comment il avait pu échouer ? A croire qu'il faisait exprès d'être aussi stupide.
Disparaissant dans l'air obscur de la nuit, la jeune femme s'empressa de rejoindre les berges du Lac Noir et frissonna devant l'étendue d'eau glacée qui se présenta à elle. Tout était si calme et si paisible, qu'il semblait difficile de croire qu'un peuple de créatures marines pullulait au cœur de ces eaux. Et pourtant… elle les avait vu. Pire encore, elle s'était laissée ensorceler pour rester attachée plus de six longues heures à l'un de leurs autels ! Dumbledore n'avait pas été peu fier de cette épreuve du Tournoi des Trois Sorciers… et pour cause, il avait réussi à obtenir leur entière coopération pendant toute une journée. Bien entendu, l'idée de pouvoir malmener quelques sorciers avait attendri leurs jugements, mais ce soir, elle y voyait plus qu'un simple exploit de négociation. Oui elle y voyait aussi une chance, qu'elle n'avait certainement pas l'intention de laisser passer.
Le cœur lourd de souvenirs, elle se précipita vers l'ancienne cabane de Maintenance de Rusard, située non loin du pont sur lequel les élèves s'étaient regroupés pour le tournoi. Toute aussi délabrée que dans son souvenir, elle fut heureuse de voir que Voldemort ne s'était pas donné la peine de la réhabiliter après sa Victoire. A vrai dire et à juger les tuiles brisées et serrures rouillées, il ne l'avait probablement même pas fait fouiller, laissant pourrir sur place débris de barques et autres vestiges du peu d'activités nautiques des élèves. Aussi c'est pleine d'espoir qu'Hermione s'empressa d'y entrer d'un sortilège informulé. Rusard n'avait jamais été organisé, professionnel ou simplement propre… se contentant d'errer dans les couloirs, de semer des emballages de gâteaux et d'entasser tout ce qu'on lui demandait de ranger dans des endroits aussi insalubres qu'étroits, il avait toujours été l'archétype du concierge fainéant et incompétent. Un aspect de sa personnalité qu'elle avait toujours méprisé jusqu'alors, mais qui ce soir allait probablement la sauver…
Entourée de rames brisées, de coques de bateaux fendues et d'élises magiques rouillées, Hermione s'empressa de fouiller le sol à la recherche de son trésor. Agé et gringalet, il ne devait pas l'avoir traîné très loin ! Aussi, elle tâta le sol boueux du bout de sa baguette et s'avança lentement à la lueur de son lumos. Une nausée à la gorge, elle se pinça le nez sous la pestilentielle odeur de poison en décomposition et frémit à la morsure du froid. Pourtant et alors qu'elle s'enfonçait plus profondément dans le débarras, un tintement effleura sa botte. Lourde, bruyante et exempte de rouille malgré les années, la vue de la chaine magique contre sa chaussure la fit frémir de joie, décuplant son adrénaline et réaffirmant ses espoirs. Elle l'avait trouvé… elle l'avait trouvé ! La saisissant à pleine main, Hermione sentit le sort de Dumbledore réagir à son contact et soupira dans un soulagement profond. Son ancien Directeur ne s'était pas donné la peine d'ôter son charme après l'épreuve. A croire que le manque de conscience professionnelle, de sécurité et d'organisation de son ancien corps professoral avait ses avantages !
Pressée, elle replaça sa cape et courut à toute jambe vers le pont. Elle n'avait plus une seule minute à perdre. Cette chaîne était unique. Un cadeau qu'elle avait cru détruit, mais qui dans sa chance n'avait fait que l'attendre pendant toutes ses années. Aussi, c'est le souffle court qu'elle la déroula de tout son long et effleura les mots gravés à même le métal : Hermione Granger – 3e Sorcière immergée de l'épreuve du Tournoi des Trois Sorciers. Oui… un cadeau inespéré. Loin d'être banale, cette chaîne avait été ensorcelé avec son sang afin de l'entraîner au cœur de la cité des Sirènes du Lac Noir. Une chaîne magique, protectrice et incorruptible, qui l'avait plongé dans un état second et lui avait permis de respirer sous l'eau jusqu'à ce que Krum ne vienne la sauver. Une chaîne qui lui avait offert un allé simple jusqu'aux sirènes il y a presque sept ans de cela ! Et qui allait recommencer…
Se délestant de sa cape, Hermione ôta ses talons et desserra du mieux qu'elle put son corset. Elle devait avoir assez de mobilité en cas d'attaque ; elle arma donc sa baguette et se jeta plusieurs sors de protections, d'éveil et de conscience. Nul doute qu'elle n'arriverait à rien si la Chaîne la replongeait dans un semi-coma. Son sac accroché à sa taille, elle contrôla une dernière fois ses outils, prit de grandes inspirations et s'assit sur le rebord du pont avec précaution. Elle allait le faire… elle allait le faire ! Aussi, elle sentit l'air froid de l'eau chatouiller ses pieds et déglutit dans un frisson.
C'était de la folie…
De la pure et incroyable folie !
Voldemort allait probablement la tuer pour une telle désobéissance et pourtant… jamais sa marque n'avait été aussi apaisée. Tout en lui jetant un coup d'œil, elle réajusta une dernière fois son bandage et esquiva un sourire. Oui… Elle commettait un affront mais ne doutait pas de ses capacités. Elle ne doutait pas d'elle ! Un dernier détail qui lui redonna confiance avant qu'elle ne referme l'anneau de la chaîne autour de sa cheville.
De la folie.
De la folie.
De la folie !
Pourtant, Hermione sourit quand la magie de la chaîne s'éveilla sous sa peau.
Elle allait le faire…
Elle allait le faire…
Et elle le fit.
Car dans l'obscurité de la nuit, on n'entendit que son léger sursaut quand la chaîne l'entraîna soudainement sous l'eau.
Confuse et les joues roses de honte, Narcissa trottina timidement jusqu'aux portes de la bibliothèque. Bon Dieu, mais où avait-elle la tête ?! Vingt minutes ! Vingt minutes de retard ! Certes la confection de la robe de bal de sa pupille prenait tout son temps, mais de là à ne plus voir les heures filer ?! Ce n'était pas correct ! Ni même convenable ! Quelle éducation pouvait-elle donner à son élève, si elle-même ne faisait pas preuve de la plus grande des rigueurs ?! Essoufflée dans sa course, la Malfoy désespéra en imaginant les remontrances du Maître à son égard. Nul doute qu'il ne se gênerait pas lui faire remarquer son manque de ponctualité. Pourtant et alors qu'elle frappa doucement aux portes, Narcissa fut surprise de les voir s'ouvrir sur un Voldemort en pleine lecture…. Et seul. Loin de s'attendre à sa venue, il releva la tête les sourcils froncés, avant de rageusement soupirer et de serrer les dents.
- Narcissa… Dit-il dépassé.
- Maître ?
- Qu'est-ce que mon insupportable Initiée a encore fait ?!
Déstabilisé par son agacement, la Malfoy s'avança respectueusement dans la bibliothèque mais ne parvînt pas à comprendre sa colère. C'était elle qui était en retard, pas Hermione.
- Heu… rien Maître. Souffla-t-elle. Au contraire, c'est moi. Je… je me dois de vous présenter mes excuses pour mon retard.
- Ton retard ?
- Oui, nous… nous avions une leçon mais je me suis laissée déborder. Cela ne se reproduira plus je peux vous l'assurer.
Narcissa ? En retard pour leur leçon ? Cette fois, le Mage ne put cacher sa profonde incompréhension. Décidément, quelque chose ne tournait pas rond chez les femmes aujourd'hui.
- Mais… enfin c'est absurde. Hermione est partie te rejoindre il y a presque une heure déjà !
Les yeux écarquillés devant une telle nouvelle, Narcissa ne sut comment réagir. Faisait-elle erreur ? Ou était-elle devenue aveugle ?! Elle ne le cru pas. Car malgré ce que son Maître semblait affirmer, Hermione ne l'avait jamais rejoint. A vrai dire, elle ne l'avait même pas croisé !
- Je ne comprends pas. Dit-elle mal à l'aise. Nous nous étions mis d'accord pour que je vienne la chercher ici.
- Et bien elle doit probablement t'attendre dans votre salle répétition… Soupira-t-il affligé.
- Je suis désolé Maître, mais je… j'en viens. Elle n'y était pas. Insista-t-elle.
Alarmé devant l'évident malaise de sa fidèle, le Mage n'apprécia pas la tournure de leur discussion. Hermione était partie pour leur répétition. Il en était certain ! Alors pourquoi ne l'aurait-elle pas rejoint ?! Cela n'avait aucun sens! Cherchait-elle à l'agacer d'avantage ? A le défier devant sa Tutrice ? Cela aurait pu correspondre à son tempérament d'enfant insolente ! Et pourtant… plus leur silence perdura, plus un étrange pressentiment le saisit.
- Et sa chambre ?!
- Vide. Dit-elle inquiète. C'est d'ailleurs pour ça que j'étais persuadée la trouver ici.
Agité, Voldemort se leva d'un bond et déglutit en sentant une nouvelle rage l'envahir. Elle n'était pas ici. Elle n'était pas avec Narcissa, et ne semblait nul par ailleurs. Un constat qui plus il y pensait, plus commençait à lui faire craindre le pire. Cette petite peste était plus instable qu'un Feudeymon ! Mais de là à partir se cacher ? A fuir pour ruminer sa colère ?! Ça ne lui ressemblait pas. Ou du moins… pas tout à fait. Paniqué, il chercha du regard le livre qui les avaient menés à se hurler dessus pendant plus de deux jours, mais ne fut presque pas surpris de le voir disparu avec elle. Un détail qui suffit à le faire éclater de rire dans sa stupéfaction. Non… elle n'aurait pas osé. Elle n'aurait pas osé ! C'était impensable ! Inimaginable ! Inconcevable même ! Mais c'était Hermione Granger… la sorcière la plus téméraire qu'il ait jamais connu. Et une Gryffondor. De quoi l'horrifier d'avantage à mesure que l'évidence de sa stupidité le frappait peu à peu.
- Par Merlin… siffla-t-il ahuri.
- Maître ?
- Elle est folle. Cette gamine est complètement folle !
La rage au cœur il accourut en direction de la sortie, une Narcissa paniquée derrière lui. Si jamais elle avait osé… si jamais elle s'était risquée à une telle folie… Bon Dieu. Il ne pouvait l'imaginer. Car au-delà de l'inconscience, ce qu'elle s'apprêtait à faire relevait du suicide.
- Convoque nos soldats et ordonne à dix d'entre eux de fouiller le château. Tonna-t-il brusquement en s'engouffrant dans les couloirs. Dis aux autres de me rejoindre au lac le plus tôt possible !
- Mais… mais que se passe-t-il ?!
- Ta pupille va se faire tuer ! Voilà ce qu'il se passe !
- Quoi ?! Mais…
- Dépêche-toi ! Hurla-t-il. Nous devons la trouver avant les sirènes !
- Les sirènes ?!
Mais Narcissa eut aucune réponse de son Maître. Ne l'écoutant plus, il disparut dans les escaliers, la laissant seule et démunie face à ce qui semblait être une tragédie.
Plongée dans la plus glaçante des obscurités, Hermione se laissa lentement guider jusqu'au fond du Lac. Bon Sang… si seulement elle n'avait pas ôté sa cape ! La froideur de l'eau la transperçait de toute part, se rassasiant de sa peau et pétrifiant ses membres entrainés malgré elle dans des eaux plus froides encore. Bien entendu, la nature avait doté les sirènes d'un sang chaud. Un sang qu'elles ne pouvaient rafraîchir que dans des eaux aux températures à peine supportables pour le commun des mortels ! Et telle une idiote, elle y allait en robe… de quoi la faire pouffer de rire devant sa stupidité. Pourtant et devant les milliers de créatures marines qu'elle vit au-dessus d'elle, la jeune femme perdit rapidement son sourire. Le souffle court malgré sa capacité à respirer, elle traversa coraux, bancs de Strangulots et algues enchantées dans un frisson effrayé, et remercia les cieux en sentant la magie de la chaîne la protéger. Seigneur… si le Lac Noir lui avait paru terrifiant en plein jour, la nuit semblait sortir tout droit des enfers. Omniprésentes, les ombres des créatures dansaient langoureusement dans les reflets verdâtres des courants, plus imposantes et menaçantes que jamais. Invisible pour la moitié d'entre eux, la jeune femme fit de son mieux pour ne pas y prêter attention. Et pourtant, elle pouvait déjà sentir le trouble que sa présence inattendue provoquait dans le silence oppressant des eaux. Frétillant d'inquiétude autour d'elle, les créatures et autres animaux du Lac l'encerclèrent dans des échos de claquements de canines et glissements d'écailles. De quoi la faire frémir, jusqu'à ce que les colonnes immergées de l'autel des sirènes n'apparaissent peu à peu sous ses yeux. Eclairés de son lumos, les contours de grottes aux autres constructions primaires se dessinèrent devant elle, ravivant son adrénaline et réanimant sa foi.
Elle pouvait le faire…
Pourtant et alors que la chaîne s'accrochait d'elle-même à son ancien emplacement, Hermione ne put cacher sa peur grandissante. Seule et sans défense dans l'obscurité du Lac, elle resta immobile pendant de longues minutes dans l'attente de voir une sirène l'approcher. Mais il n'en fut rien. A tel point qu'après un long quart d'heure, la jeune femme commença à reconsidérer ses options. Peut-être devrait-elle lancer un sort ? Simuler une attaque ? Une telle tentative lui laisserait à n'en pas douter quelques marques de crocs… mais avait-elle le choix ? Le cœur battant, elle leva sa baguette mais n'eut le temps de prononcer le moindre le mot. Car alors que le froid la dévorait, elle sentit les pics aiguisés d'un trident s'appuyer subitement contre son dos. Figée d'effroi, les reliefs lumineux d'une queue de poisson se mirent à scintiller sur sa droite, dévoilant enfin ce qu'elle était venue chercher.
Une sirène.
Plus effrayante que dans son souvenir, la créature nagea lentement tout autour d'elle, son trident tenu fermement entre ses mains palmées. Les cheveux rouges, la peau grisâtre et les crocs en avant, Hermione déglutit devant elle et leva les mains en signe de paix. Un geste qui n'aurait sûrement pas beaucoup d'impact, mais qui rétrécit les yeux en fente de la créature.
- Hermione Granger. Siffla-t-elle dans l'écho de sa voix d'outre-tombe.
- Je viens en paix.
Surprise d'entendre ses mots aussi clairement que si elle avait été à l'air libre, elle vit la sirène la jauger de haut en bas avant que son regard ne se porte sur sa chaîne. Intriguée, elle nagea tout autour avant de remonter jusqu'à elle, une expression de mépris soudainement collée sur ses fossettes écailleuses.
- Cet objet n'est pas censé exister. Cracha-t-elle. Albus Dumbledore s'était engagé à le détruire il y a plusieurs années de cela.
- Je sais…
- Alors que viens-tu faire ici ? Demanda-t-elle hargneuse. Les sorciers ne sont pas les bienvenus dans ces eaux.
- Je ne veux pas vous offenser. Je cherche juste des réponses.
Intriguée, la sirène s'avança étrangement face à elle, humant par la même occasion son parfum qui ne fit que rendre ses crocs plus menaçants encore. Ecœurée par le bruissement humide de sa peau écailleuse, Hermione déglutit en sentant ses griffes visqueuses parcourir la peau de son torse et se mordit les lèvres pour ne pas frissonner d'horreur. Oui... les moldus se fourvoyaient. Les sirènes n'avaient rien de sublimes femmes aux voix enchanteresses. Elles n'étaient qu'une race étrange et primitive, sortie tout droit des cauchemars du monde. Une race cannibale, connue pour leur appétit insatiable et leur goût pour la chair fraîche. Aussi, Hermione ne se leurra pas. A regarder la taille de ses dents et le frémissement de ses narines fendue, cette sirène ne faisait pas exception au reste de son espèce. La détaillant tel un corps jeté en pâture à la mer, elle s'imaginait probablement comment la dévorer plutôt que de s'inquiéter de ce qu'elle avait à lui dire. Mais elle devait gagner du temps. Elle devait la faire parler.
- Les sirènes ne doivent rien aux sorciers. Siffla-t-elle à quelques centimètres de son visage.
- L'avenir du monde en dépend. Insista-t-elle.
- Et pourquoi devrais-je te croire ? Les Sorciers n'ont apporté que mort et désolation sur mon peuple !
Prise d'une soudaine rage, Hermione vit les écailles de sa queue passer du vert à un bleu vif. Un signe de colère et de danger, qui plus qu'un mauvais présage, prédisait une attaque imminente.
- J'ai besoin que vous m'aidiez !
- Le Maître que tu sers avait promis de nous aider lui aussi… et regarde autour de toi ! Sa Magie Noire a infesté nos eaux et a empoisonné nos coraux. Il nous a trahi.
La gorge serrée, Hermione déglutit en sentant son trident effleurer son bras marqué. De toute évidence, les sirènes haïssaient Voldemort presque autant qu'il les méprisait. Un dégoût commun, qu'Hermione fut surprise de partager un peu plus à chaque seconde. Elle s'était toujours dit que les sirènes étaient des créatures incomprises ; que leur réputation de tueuses enragées n'était que le fruit de rumeurs et de mythes… mais à voir la créature l'étudier de part en part, la jeune femme commença à douter de ses opinions. Elle ne semblait pas en quête d'écoute ou de compréhension. Au contraire, elle paraissait ravie ! Pour autant, elle n'eut pas le temps d'y penser car alors qu'elle se mettait cruellement à sourire, le sens de ses mots la frappa. « Il nous a trahi ». Nous. Contrairement aux apparences, cette sirène n'était pas seule… et sa joie n'en était que plus grande. Paniquée, Hermione tenta d'ordonner ses pensées mais déchanta à la vue de nouvelles ombres approcher. Tapis dans l'ombre, elles rasèrent la roche des fond marins dans des ondulations impatientes, les reflets bleus de leurs nageoires s'intensifiant à mesure que leur proie se dessinait devant elles.
- Je ne vous veux aucun mal ! Je vous le jure, je… je veux juste une réponse ! Dit-elle anxieuse.
- Et que veux-tu savoir sorcière ?
- Vous êtes des créatures puissantes. Vos pouvoirs sont encore méconnus et dépassent l'entendement ! Alors… il faut que je sache. Avez-vous le don de prophétie ?
Surprise par une telle question, la sirène eut un geste de recul et la détailla de son regard étroit. Nul n'avait encore posé une telle chose… ou du moins, nul n'avait survécu à la réponse.
- Pourquoi cherches-tu à le savoir ?
- Je vous l'ai dit… l'avenir du monde en dépend.
Silencieuse, la sirène grimaça et tournoya tout autour d'elle, laissant ses sœurs se rapprocher à tel point qu'Hermione ne vit plus qu'un horizon d'ombres ondulante. Grand Dieu. Elle était encerclée… encerclée par des sirènes affamées et offensées. Aussi, l'évidence la frappa. Bien qu'elle ait espéré un entretien civilisé, les sirènes ne la laisseraient jamais remonter en surface. Elles voudraient en faire un exemple. La châtier pour obtenir vengeance ! Oui… à cet instant, Hermione le compris. Elle n'était rien d'autre qu'une brebis prête à être saignée au beau milieu d'un banc de piranha.
- Il se pourrait que certaines de nos reines aient ce don… dit-elle alors après un silence.
- Vraiment ?!
- Exacte. Mais ne t'attend pas être à être digne de ce pouvoir. Cracha-t-elle.
- S'il vous plaît ! Implora-t-elle. C'est très important ! Je dois comprendre ce qui…
- Suffit ! Scanda-t-elle menaçante. Je ne veux plus t'écouter.
- Mais…
- Vous… les Sorciers êtes les créatures les plus infâmes qui puissent exister. Vous ne méritez pas que l'on vous écoute. A vrai dire, vous ne méritez rien !
Galvanisées par la colère grandissante de leur meneuse, les sirènes commencèrent à faire claquer leurs nageoires contre la roche. Enivrées par l'écho résonnant de leurs propres clameur, Hermione vit leurs écailles s'iriser dans des teintes violines. Celle qu'elles revêtaient avant un festin.
- Les êtres de ton espèce ne sont bons qu'à ramper sur la terre, vils, sals et destructeurs. Et pourtant, c'est nous qui sommes traitées de monstres ! C'est nous que l'on chasse et qu'on oublie !
- Je… je suis désolée pour votre peuple. Dit Hermione mal à l'aise. Vraiment je…
- Non ! Tu ne le penses pas. Tu ne penses rien ! Mais je peux te le dire aujourd'hui, l'ère de notre décadence touche à sa fin. Un jour viendra où vous disparaîtrez dans le chaos que vous avez créé… et nous les sirènes, reprendrons le contrôle de nos océans ! Nous régnerons en maître absolus et festoierons sur les restes de vos carcasses, comme tel aurait toujours dû être le cas !
Attentive à chacun de ses mots, Hermione frissonna à l'effleurement de ses écailles sur sa peau. Il ne lui restait que peu de temps avant qu'elle ne serve de repas. Pourtant et à la lueur de ce qu'elle venait d'entendre, la jeune femme n'eut plus le moindre doute. Cette sirène était ancienne. Assez ancienne pour savoir que son peuple n'avait pas toujours subi le joug des sorciers… assez ancienne, pour savoir qu'une ère prendrait bientôt fin… et assez ancienne pour revêtir le titre évident de Reine-Mère du Lac Noir. Le souffle court, elle déglutit sous le poids de sa propre révélation. Grand Dieu… la Reine-Mère du Lac Noir. Comment n'avait-elle pas pu le voir plus tôt ? C'était évident ! Et pourtant, cela ne changeait rien. Bien qu'elle ait de la pitié pour son peuple, elle ne pouvait se laisser intimider par la vieillesse ancestrale de cette créature.
Elle n'en avait pas le droit.
Le sort du monde en dépendait.
- Maintenant que tu le sais Sorcière, implore une dernière fois la clémence des Dieux… car tu t'apprêtes à les rencontrer.
Bientôt… oui. Mais pas ce soir. Car alors que la sirène levait son trident pour l'éventrer, Hermione profita de sa proximité pour la pétrifier d'un sort informulé. Figé devant elle, la créature n'eut le temps d'alerter ses filles et se retrouva démunie, une baguette sous le menton et un regard de feu devant elle. Voldemort avait raison. Les sirènes étaient de viles créatures aux esprits étroits. Des créatures qu'Hermione n'avait plus l'intention de supplier. Elle avait une mission à accomplir et ne reculerait pas. Même devant une Reine.
- Je sais que ce sort ne vous retiendra pas longtemps et que vous filles me dévoreront dès l'instant où je tenterais de m'enfuir. Déclara-t-elle du bout des lèvres. Mais ne vous méprenez pas… je ne suis pas n'importe quelle sorcière.
La rage au cœur, Hermione sentit les sirènes frétiller tout autour d'elle, prêtent à l'étriper de leurs griffes acérées. Mais elles se trompaient si elles croyaient ne voir en elle qu'une sorcière inoffensive. Elle n'était plus la jeune fille impressionnée qui était descendue il y a sept ans de çà pour l'épreuve du Tournoi. Elle n'était plus une enfant. Et elle n'était certainement plus idéaliste. Car alors qu'elle menaçait la Reine de ce banc à la vue de toutes ses filles, Hermione comprit qu'elle ne pourrait rien obtenir d'elle ici-bas.
Elle comprit qu'elle allait devoir se salir les mains...
- Sachez-le. Je suis comme vous. Dit-elle. Je suis prête à tout pour sauver mon peuple et je ne laisserais pas une maudite sirène se mettre en travers de ma route. Alors entendez bien mes derniers mots votre Altesse… vous allez me donner les réponses que je cherche, et ce même si je dois traîner votre carcasse hors de ces eaux.
Elle crut voir ses pupilles s'écarquiller. D'effroi ? De Surprise ? Elle l'ignora, mais sourit. Car désormais elle savait comment prouver à son Maître qu'elle avait raison. Elle savait comment révéler les derniers secrets de la prophétie. Aussi c'est sans la moindre hésitation et à la vue de toutes se filles, qu'Hermione commit l'impardonnable… et transperça de son poing le thorax de la Reine.
Comme si le temps s'était soudainement figé, un étrange silence suivi son affront... jusqu'à ce que la gravité de son acte n'ébranle tout le Lac. Horrifiées, elle entendit les sirènes hurler d'hystérie ; pourtant aucune ne l'attaqua, de peur que cela ne signe l'arrêt de mort de leur mère. Une mère qui bien que pétrifiée, suffoqua sous la poigne de la sorcière et balbutia sous la douleur de sa plaie. Pourtant, Hermione n'en eu que faire. Euphorique, un flot d'adrénaline parcourir son échine dans un frisson d'excitation. Elle n'était pas faible. Elle n'était pas inoffensive ! Aussi, elle sourit en sentant les côtes brisées de la sirène érafler son poignet. Car alors même que la honte et la peur aurait dû la ronger, Hermione ne perçut que sa joie. Une joie frénétique, intense et indescriptible qui ne fit que croitre à mesure que ses doigts enserraient avidement les cœurs de la créature.
Deux cœurs.
Des cœurs vivant et bouillonnants, qui portaient en eux l'unique magie capable de les sauver.
Elle avait vu juste. Cette sirène était une Reine ancienne, dotée de pouvoirs prophétiques. Des pouvoirs qui n'étaient désormais plus une supposition erronée ! Des pouvoirs qui l'enfiévrèrent un peu plus à mesure que leurs magies se répandaient au creux de son poing.
- Comment… oses-tu ? Siffla-t-elle entre ses dents.
- La réponse est simple votre majesté. J'ose.
Oui. Elle osait. Car plus que de simples cœurs, ce qu'elle tenait entre ses mains était la dernière réponse à toutes leurs questions.
La dernière étape avant l'ultime compréhension.
Le dernier pas avant la rédemption !
Des cœurs précieux et inestimables, qu'Hermione n'hésita pas à arracher de la poitrine encore battante de la Reine-Mère.
Alors ? Qu'en pensez-vous ? De toute évidence, Voldemort commence à déteindre sur Hermione... et ce n'est que le début ;)
