Oh Seigneur…
Oh Seigneur…
C'était lui.
Elle ne rêvait pas ! C'était… c'était bien lui.

Victor Krum.

Vêtu d'un élégant costume brun, Victor la détailla de haut en bas, incrédule et intimidé. Pétrifiée de surprise, Hermione bafouilla sans trouver quoi dire, les joues soudainement plus pâles devant son premier coup de cœur d'école. Ebranlée, le souvenir de leur dernière rencontre l'assailli brusquement, laissant la peur et la honte la gagner dans un frisson. Par Merlin… il n'avait pas changé. Toujours aussi grand, imposant et viril, elle se sentit rougir devant sa révérence et déglutit. Cinq ans qu'ils ne s'étaient pas vus. Cinq longues années qui remontaient au mariage de Billy et Fleur Weasley… un jour de fête, transformé en catastrophe qui avait marqué le début de sa fuite avec Harry et Ron. Le début de la fin d'une ère d'insouciance. Aussi, la jeune femme ne sut comment réagir et le salua du mieux qu'elle put. Ne manquait plus que Ginny et Neville, et ce bal se transformerait en une réunion d'anciens élèves…

- Krum. Dit Drago d'une voix plus dure. Quelle surprise.

- Oui, je… je ne m'attendais pas à être invité.

- On se demande pourquoi.

Cinglant face au russe, le Malfoy gonfla le torse à mesure que ses traits se durcirent. Surpris devant une telle hostilité, Hermione sourit du mieux qu'elle put pour apaiser les tensions mais comprit d'avance que ce serait peine perdue… elle ne connaissait peut-être pas l'aimable Drago depuis longtemps, mais savait reconnaître ses airs de cruautés. Le regard ancré sur sa nouvelle cible, il serra les poings et fit claquer sa langue avec condescendance. Un tic qu'il avait gardé de leur première année et qui sonnait sa joie devant une proie. On aurait pu croire que les exploits sportifs de Krum lui auraient suffi pour oublier les querelles du passé. Mais oublier, n'était pas Malfoy. Aussi, Hermione n'ignorait pas que la loyauté de Victor avait été remis en doute pendant la guerre… hautement critiqué, vivement discrédité et presque condamné pour ses liens avec la Resistance, il avait dû se cacher pendant plus d'un an avant que son nom ne soit lavé par la réputation de sa famille. Mais pour beaucoup de Mangemorts, cela ne changeait rien. Regardé comme un traître et considéré avec dédain, il peinait à remonter dans l'estime de cette nouvelle société. Et pour cause ! Nul ne le savait avec précision, mais il avait été l'un des premiers informateur de la Résistance - pour ne pas dire le plus important. Une vérité que la jeune femme s'efforça d'oublier devant lui, mais dont la rumeur avait bien failli lui coûter la vie…

- Je suis heureux de voir que ton nouveau rôle te convient. Lui dit-il poliment.

- Oui, je… je m'y suis faite.

- Et toi ? Demanda Drago de sa naturelle insolence. J'ai entendu dire que l'équipe de Quidditch s'était passée de tes services cette année.

- C'est le cycle de la vie. La nouvelle génération prend le pas sur la précédente.

- Vingt-six ans, c'est un peu tôt pour prendre sa retraite. Se moqua-t-il.

- Drago !

- Je n'ai pas à me plaindre. L'entraîneur me forme pour prendre sa relève à la prochaine saison.

- Nous sommes très heureux pour toi ! Assura-t-elle avec force.

Se retenant de surenchérir sous le regard assassin d'Hermione, le Malfoy sourit dans une grimace et fini son verre d'une traite. Mieux fallait éviter de faire une scène… c'est donc le regard mauvais qu'il toisa Victor en silence. Qu'il aurait aimé pouvoir traîner ce fourbe devant le Maître et le faire châtier pour son arrogance. Mais le manque de preuve avait joué en sa faveur… de quoi l'enrager davantage.

- Drago, pourquoi n'irais-tu pas voir où se trouve Narcissa ?

Englué dans son mépris, Drago sentit le talon d'Hermione lui paralyser un ultime orteil et grimaça sous le joug de sa colère. Décidément, il avait sous-estimé son désir de soirée sans esclandre... Aussi, il roula des yeux devant elle et s'inclina respectueusement.

- Bonne idée. Lui dit-il. Il y a… un peu trop de populace à mon goût. Oh et Krum ! Ravi que tu aies pu être recyclé dans ton domaine. Je suis sûr qu'à défaut de jouer, tu seras parfait sur le banc des remplaçants !

Honteuse, la jeune femme serra les dents avec hargne et regretta de ne pas lui avoir brisé le pied. A croire qu'il ne pouvait passer plusieurs heures sans que son naturel de petit héritier rancunier ne reprenne le dessus… Pourtant et alors qu'un nouveau silence s'installait entre eux, Hermione commença à amèrement regretter sa diplomatie. Laissée seule avec lui dans l'écho de leurs souvenirs communs, elle sentit leur malaise s'épaissir et déglutit. Bien entendu, il fallait que les journalistes cessent de la harceler au moment où elle était le plus désespérée ! A croire qu'une telle farce avait été organisée...

- Excuse-le. Fit-elle alors. Il a encore un peu de mal à se montrer… civilisé.

- Ce n'est rien. Je… je suis simplement heureux de te voir.

Frissonnant à la chaleur de son accent, Hermione avala une gorgée d'alcool et s'efforça de ne pas trembler. D'aussi loin qu'elle se souvenait, Victor avait toujours tenté de la charmer. Malgré les filles s'évanouissant devant lui et sa horde de fans hystériques, il n'avait jamais cessé de la regarder, de l'inviter ou de la complimenter… des initiatives qui avaient toujours mis Ron hors de lui et qui n'avaient jamais véritablement abouti. Non pas qu'elle ne le trouvait pas à son goût ! Il était un jeune homme très beau, charmant et respectueux ! Mais… malgré sa galanterie, Hermione ne leur avait jamais trouvé de points communs. Elle avait eu beau l'accompagner au bal d'Hiver, danser et sourire, elle n'avait jamais ressenti ce petit plus… et ce même quand il l'avait embrassé par surprise au détour d'un couloir ! Un souvenir qui la laissa plus gênée que jamais lui et qui la poussa à contempler ses pieds.

- Je suis désolé pour le Quidditch… dit-elle. Je sais que c'est ta passion.

- Ce n'est pas grave. Ce n'est pas comme si je n'avais pas d'autres projets.

- J'espère que tout se passera bien pour toi. Tu… tu le mérite.

Silencieux face à elle, Krum la détailla une fois de plus. Comme incertain quant à ce qu'il devait dire, il se mordit la lèvre et soupira avec force, un air étonnement triste sur le visage.

- Je… je t'avoue que je ne comprends pas trop ce que tu fais là.

- Je suis Initiée d'Honneur. Assister à des bals est devenu l'une de mes obligations…

- Je ne parle pas du bal.

- Je ne comprends pas…

- Pourquoi tu es là Hermione ? Demanda-t-il d'une voix plus basse. Pourquoi tu… tu t'es rendue ?!

Déstabilisée par son soudain changement de ton, Hermione se raidit devant lui et cessa de sourire. Il n'était pas malin d'aborder un tel sujet pendant un rassemblement de fidèles de Voldemort… Pourtant, sa réaction ne la surprit pas outre mesure. Bien qu'il ait été élevé dans la magie noir, Victor avait toujours été un fervent allié de la résistance. Ami de Harry et des Weasley, il n'avait pas hésité à risquer sa vie pour leur fournir contacts, informations, plans et cachettes. Même après leur défaite, il ne s'était jamais avoué vaincu et avait continué ses investigations à leurs profits. Mais la Guerre était finie. Il n'y avait plus de cause pour laquelle se battre. Plus de combat à mener. Plus rien à espérer. Mais cela aurait été mal le connaître d'espérer qu'il s'y résigne. Abandonner face à l'adversaire, n'était pas Russe.

- J'ai fait ce qui me semblait juste. Claqua-t-elle durement. Il n'y a rien d'autre à savoir.

- Mais… et Harry ? Et Ron ? Tu… tu les as trahis. Siffla-t-il outré.

- Je le répète. J'ai fait ce qui me semblait juste.

- Juste ?! Tu as vendu leur localisation ! Dit-il du bout des lèvres. Tu… tu as compromis leur sécurité. Tu aurais pu les faire tuer. Et tout ça pourquoi ? Des bals ?

Sentant son poing se resserrer autour son verre, la sorcière déglutit dans sa colère montante et le regarda sans rien dire. Eh bien, il ne manquait pas de cran ! La provoquer ici… c'était osé. Pour ne pas dire profondément stupide. Pourtant, ce n'est pas ça qui l'offensa. Non, ce qui la mit hors d'elle fut bien son regard. Son jugement. Qui croyait-il être ? Son ami ? Son confident ? Ils ne s'étaient pas vus depuis plusieurs années ! Ils n'avaient rien échangé de plus que des futilités et niaiseries infantiles ! Et pourtant… il semblait revendiquer le droit de la juger. De l'interroger. Un constat qui au-delà de la colère, insulta Hermione au plus profond de son âme. Il pensait la connaître. Après seulement deux danses et un baiser d'adolescent, il pensait connaître sa vie, ses motivations et de ses choix. Il pensait être en mesure de la juger. De la culpabiliser. Mais il se trompait amèrement... Il ne savait rien d'elle il y a cinq ans, et ne savait rien d'elle aujourd'hui.

- Tu te trompes. Cingla-t-elle durement.

- Mais…

- Je n'ai pas vendu leur localisation pour survivre ou avoir un titre.

- Alors pourquoi ? Demanda-t-il sans comprendre. Qu'est-ce que ce monstre t'a promis en échange de ta loyauté ?!

Qu'il était naïf… naïf et bête. Et après il se demandait pourquoi elle n'était pas allée plus loin avec lui ? C'était risible. Mais sa curiosité elle, était réelle. Il voulait savoir. Il voulait comprendre ! Mais il n'y avait rien à comprendre... Elle avait fait un choix. Elle avait pris sa vie en main et n'avait pas à s'excuser pour ça. Et puis, que pourrait-elle regretter ? Elle était heureuse, en bonne santé et reconnue à sa juste valeur ! Jamais la résistance ne lui avait offert un tiers de cela en plus de dix ans de bons et loyaux services ! Et elle devrait se sentir coupable ? Se confondre dans la honte et l'horreur, juste pour satisfaire ses idéaux ? Non… elle avait assez rampé. Elle avait assez supplié. Aussi et malgré sa rage, Hermione ne put s'empêcher de sourire face à lui. Il pensait peut-être qu'elle avait tout prévu et planifié ? Qu'elle avait fait un marché avec Voldemort pour grimper dans les échelon de la société ? Mais il faisait erreur… Son seul souhait avait été de mourir dignement de la main d'un Sorcier qu'elle respectait pour son pouvoir. Son seul souhait avait été d'être écouté, afin qu'elle puisse accomplir son devoir ! Quelque chose que Krum ne pourrait de toute évidence jamais comprendre...

- Je vais être franche avec toi Victor. Le Maître ne m'a rien promis.

- Quoi ?! Mais… pourquoi tu…

- Parce que je le voulais. Dit-elle froidement dans un sourire. Contrairement à ce que la Résistance pense, je n'ai pas été torturé, envoûté ou ensorcelé. J'ai donné toutes leurs localisations gratuitement, sans promesse ni contrepartie… et ce uniquement parce j'en avais décidé ainsi. Personne ne m'y a contrainte.

Choqué devant la froideur de sa satisfaction, Victor eu un mouvement de recul et déglutit dans une sueur froide. Elle pensait chacun de ses mots. Pire encore, elle en était fière… et ne regrettait rien. Un constat qui lui glaça le sang autant qu'il lui brisa le cœur.

- Alors tu les as vraiment trahis. Souffla-t-il.

- Oh Victor… Rit-elle amusée. Ne perd pas ton temps à me faire la morale. Nous savons tous les deux que la loyauté est une notion très relative. Tu en sais quelque chose, il me semble ?

Livide devant cette menace à peine déguisée, Krum serra les dents et baissa la tête. Mieux valait ne pas tenter le diable au milieu d'une réunion de démons…

- Par… pardon si je vous ai offensé honorable Initiée. Ce n'était pas mon intention. Déglutit-il mal à l'aise en regardant autour d'eux.

- Je l'espère. Dit-elle froidement. Mais il est préférable de ne plus aborder le sujet. Comme je l'ai dit, j'ai fait ce qui me semblait juste.

- Je… je suis juste un peu surpris. Insista-t-il à voix basse. J'avais espéré que tu fasses quelque chose…

- Comment ça ?

- Pour eux. Je veux dire… J'aurais cru qu'avec ta nouvelle position tu essayerais de les aider. Avoua-t-il. Harry et Ron sont quand même tes plus anciens amis. Ils pourraient avoir besoin de toi.

Sidérée, Hermione sentit ses nerfs flancher sous ses mots et le regarda bouche bée. Comment osait-il… Comment pouvait-il seulement imaginer… et sous-entendre une telle chose ?! Il voulait qu'elle trahisse le seul Homme au monde qui ait accepté de l'écouter ? De la respecter ? Qu'elle trahisse Narcissa et ses enseignements ? Son dévouement et sa tendresse ? Pour… pour eux ? De résistants bêtes, cruels et incultes ? Pour des « amis » qui ne lui avaient rien offert à part des cicatrices et des cauchemars ?! C'était insensé. Pire encore, c'était stupide ! Voldemort l'avait recueilli, soigné, nourrit, habillé, logé et instruit ! Il avait pris le risque d'être défié et discrédité pour lui faire une place dans son monde ! Et il voudrait qu'elle le renie ? Non… elle ne pouvait l'imaginer. C'était trop odieux, trop affligeant, trop… prévisible. Soudainement plus méfiante, la jeune femme le regarda d'un air nouveau et sentit son échine frissonner. Une Rebelle sous couverture au cœur même de la Résidence du Seigneur des Ténèbres... une Agent infiltrée, élevée au rang d'Initiée d'Honneur… ce serait la renaissance de leur cause, de leurs espoirs et de leurs chances. Ce serait une avancée spectaculaire et triomphante. Ce serait un plan idéal. Un plan qu'Harry et Ron seraient parfaitement capable de tenter.

Non… ils n'auraient pas osé. Envoyé un espion au Bal ? Pour la recruter ? La convaincre de se rejoindre à eux ? Après tout ce qu'ils lui avaient fait ?! C'était si risible qu'elle aurait pu s'étouffer de rire devant lui. Et pourtant, cette bêtise leur ressemblait. Aussi, c'est d'un regard bien plus tranchant qu'Hermione le toisa. Elle ignorait si ses doutes étaient fondés, mais ne pouvait nier la menace que représentait Victor Krum à cet instant précis. Il avait été un espion et un informateur précieux. Rien ne l'empêchait de le redevenir… rien n'empêchait Harry et Ron d'envoyer son flirt de lycée tenter de la raisonner.

- C'est amusant. J'avais besoin d'eux à une époque.

- Herm…

- Je souhaite qu'ils brûlent en enfer. Tous chacun qu'ils sont. Cingla-t-elle froidement. Et si pour ça je dois suivre mon Maître et les traquer jusque dans leur trou à rat, alors soit. Je répandrais moi-même les feux de toutes les magies sur leur planque et les regarderais frire un pas un… exactement comme j'ai fait frire les sirènes, et ce sans éprouver le moindre regret.

Les mains moites et le front en sueur devant la cruauté de son sourire, Krum la détailla le souffle court. Il ne pouvait croire ses mots. Et pourtant, jamais il n'avait vu pareilles tortures danser dans ses yeux… Quand il avait appris sa nomination, il n'y avait pas cru. Comment aurait-il pu ? Elle était Hermione Granger. Son Hermione Granger. Sa douce petite anglaise qui passait ses journées dans la Bibliothèque. Il ne pouvait concevoir qu'elle les trahisse, lui et ses amis. C'était impensable ! Pourtant et face à elle… il dû se rendre à l'évidence. Belle, fière et insolente dans sa robe de bal vermillon, la douce sorcière qui lui avait appris à parler anglais n'existait plus. Ne restait que ce que ces serpents en avait fait : Une femme de leur monde… une sorcière cruelle et rancunière. Une fidèle de Voldemort. Une Initiée D'Honneur comme ils n'en avaient encore jamais vu.

- Harry et Ron font partie de mon passé. Conclut-elle. Aussi et à défaut de pouvoir les tuer j'aimerais ne plus jamais avoir à parler d'eux. Compris ?

- Compris. Mais… c'est décevant. Souffla-t-il.

- Et pourquoi ça ?

- Parce qu'eux parlent beaucoup de toi.

Ainsi, elle avait raison. Horrifiée Hermione faillit bien en lâcher son verre et se cogna à la table dans un geste de recul. Il les avait vu. Il leur avait parlé. Il… il avait été envoyé. Harry et Ron l'avaient envoyé ! Comment osaient-ils… comment osaient-ils l'approcher après tout ce qu'ils lui avaient fait ? C'était eux qui l'avaient renié et abandonné. C'était eux qui avaient remis sa loyauté en doute ! C'était eux qui l'avaient battu, affamé et humilié ! C'était eux qui avaient fait naître la haine dans son cœur ! Elle, n'avait rien demandé… rien à part le soutien et la foi de ses amis. Mais non ! A la place, ils l'avaient fouetté, torturé et laissé sans rien au milieu des bois. Ils avaient anéanti le reste de ses espoirs et détruit ce qu'elle avait chéri pendant plus de dix longues années : leur amitié… leur amour. Ils avaient tout pris et l'avaient laissé errer seule, vide et meurtrie. Et aujourd'hui… aujourd'hui ils revenaient dans sa vie, intéressés par ce qu'elle avait à leur offrir. Existait-il plus infâme ?! Plus arrogant ?! Non… cette fois ils s'étaient véritablement surpassés. Ils avaient atteint une bassesse qu'elle-même n'aurait pu imaginer ! Aussi, elle déglutit dans un grondement enragé. Ils allaient le payer… oh oui, ils payeraient cet affront ! Ils payeraient leurs vanités ! Ils payeraient leur stupidité ! Pourtant et alors que sa haine échauffait déjà ses mains d'un nouveau Feu Ancestrale, la voix de son Maître résonna avec force dans la Salle de Bal.

- Chers convives… il est temps qu'un autre devoir s'accomplisse ce soir !

Déconcentrée, elle vit Krum en profiter pour lui tourner le dos et s'éclipser alors que tous se réunissaient autour du Mage. Le souffle court, elle le regarda passer les portes en vitesse et se mordit la langue pour ne pas le foudroyer sur place. Victor n'était que le messager… la marionnette de leur ignoble machination. Il ne méritait pas de mourir ; ou du moins pas maintenant. Car même si leurs tentatives resteraient vaines, Hermione le savait. Elle n'en resterait pas là. Non, Harry et Ron venaient d'entamer un jeu dangereux … un jeu auquel ils regretteraient vite de s'être risqués.

- Initiée. Appela-t-il dans un sourire. Rejoins-moi.

Les mains encore tremblantes, Hermione s'efforça d'apaiser son cœur et sourit du mieux qu'elle put en s'avançant dans la foule. Elle devait se calmer… se ressaisir. Elle ne pouvait pas laisser les écarts de deux fous ruiner ses efforts. Ils pensaient peut-être l'avoir déstabilisé ; l'avoir atteinte ! Mais ils se trompaient. Elle serait plus forte que leur bêtise, plus maligne que leurs vices et plus puissante que leurs peurs ! Elle serait à la hauteur de ce que Krum raconterait d'elle demain… Aussi, elle respira avec force et s'arma de toute sa haine pour afficher son bonheur à la figure des mangemorts.

Oui, elle était l'Initiée d'Honneur de Voldemort.
Oui, elle avait trahi la Résistance.
Et oui, elle en était fière.

Prenant la main que lui tendit le Mage, Hermione respira avec force. C'était le moment. Aussi elle perdit le fil de ses pensées sous son regard abyssale et frémit d'impatience. Ce qui reposait sous son bras ne serait peut-être pas beau à voir, mais il officialiserait enfin son allégeance.
Il officialiserait sa renaissance.

- Comme vous le savez, j'ai pour coutume de marquer mes soldats d'une Marque indélébile, inaliénable et incorruptible, afin d'illustrer l'éternité de leurs loyautés à mon égard. Il semblait donc inconcevable que ma propre Initiée d'Honneur ne puisse bénéficier de ce cadeau. Déclara-t-il en prenant délicatement son bras bandé. Néanmoins, je ne pouvais décemment pas marquer mon Initiée comme une simple fidèle.

Surprises, l'assemblée et Hermione le regardèrent confuses. Il ne l'avait pas marqué de ses habituels crânes et serpents ? Était-ce plus hideux encore ? Paniquée, la jeune femme ne sut quoi penser et sentit son cœur s'emballer devant son sourire triomphant. Il semblait trop heureux pour ne pas s'en inquiéter…

- Son Titre, son Statut et son Rôle méritent d'être reconnus et respectés de tous. Continua-t-il. Mais ce n'est pas tout… les Mages Noirs de l'Histoire ont souvent nommé plusieurs Initiés à leurs côtés. Or, ce n'est pas mon cas. Je n'ai qu'une seule Initiée d'Honneur. Aussi, je fais devant vous le vœu solennel de n'en avoir aucune autre. Hermione sera à jamais, la Seule et l'Unique.

On entendit les jappements de la foule résonner dans l'échos des appareils photos en action. C'était une déclaration inédite. Un vœu officiel… Pourtant, Hermione ne sut comment réagir. L'Unique. Un mot si fort, si rare et si puissant… Elle serait la Seule. Devant le monde et à jamais, il s'engageait solennellement à ce qu'il n'en ait pas d'autre après elle. Une promesse étrange, inattendue et même… déstabilisante, qui la laissa pantoise et presque émue devant lui.

- Elle sera ma seule élève, ma protégée et mon héritage le plus précieux… jusqu'à la fin de mon règne.

Un règne éternel…

- Et pour que jamais personne ne l'oublie, je lui ai fait don d'une Marque tout aussi unique qu'elle. Une Marque qui symbolisera à jamais son rang et son importance au sein de notre Communauté.

Le souffle coupé, Hermione le vit dérouler le bandeau de soie rouge que Narcissa avait placé sur sa marque. Un bandeau qui lui sembla infini et qu'elle regarda tomber à ses pieds, avant que son bras ne se révèle enfin au monde. Un bras noirci de magie… dans la forme d'un fin serpent enroulé autour du monde. Subjugué par la beauté et les détails de sa Marque, la sorcière n'entendit pas les applaudissements en furie et les rafales de photos que l'on prit de son bras. Loin des crâne et serpents grossiers de ses soldats, c'est un véritable chef d'œuvre de finesse qui était incrusté sur sa peau. Un chef d'œuvre qu'elle regarda sans y croire, bouchée bée et reconnaissance. Tournant lentement autour de la planète Terre, le Serpent sifflait doucement contre elle, petit et joyeux d'être enfin exposé à la lueur du jour. Une vivacité qui la surprit… avant qu'elle ne le voie subitement remonter jusqu'à son coude. Retenant un cri paniqué, elle sentit les écailles froides de l'animal ramper lentement sur sa peau avant d'aller se loger dans le creux de son épaule et de s'installer tel un collier autour de son cou.

Oui sa Maque était Unique.

Sa Marque vivait.

Ne sachant comment réagir face aux acclamations des invités, Hermione sourit du mieux qu'elle put et regarda le Mage. Fière et amusé par son trouble, il effleura sa clavicule et caressa le serpent qui frémit sous les doigts de son Maître. Il était heureux. Et bien qu'elle ne l'aurait pas cru possible, elle aussi. L'unicité et l'étrangeté de sa marque était inhabituelle et… déconcertante. Mais elle était bien plus que cela. Elle était un cadeau ; un symbole représentant leur quête et leurs espoirs face à la prophétie qui ravagerait bientôt leur monde. Un monde qu'elle avait juré de sauver et qui l'avait mené jusqu'ici… jusqu'à son Maître.

- Merci… souffla-t-elle alors. Merci infiniment.

Caressant le serpent du bout du doigt, elle frémit à son contact froid et rit doucement devant son sifflement enthousiasme. Un son qui chanta aux oreilles de Voldemort.

- Je t'ai marqué en souhaitant qu'elle soit le symbole de ta honte. Lui dit-il du bout des lèvres. Aujourd'hui, je veux qu'elle soit le symbole de ta fierté.

Oui… pour toujours et à jamais, elle le serait.


- Hermione, je ne crois pas t'avoir présenté mon Ministre de la Magie. Déclara Voldemort en les guidant jusqu'à un homme resté dans l'ombre.

Surpris de revoir son Seigneur, Yaxley sursauta devant eux et s'empressa de les saluer avec respect. Agé de la cinquantaine, blond et les traits sévères, la sorcière fut étonnée de lui trouver une certaine ressemblance avec Lucius et répondit à son salut dans un sourire. Décidément, la tournée des ministres n'en finirait jamais…

- Heureuse de vous rencontrer Monsieur le Ministre.

- Moi de moi-même Honorable Initiée. C'est un plaisir.

Pourtant et à juger sa désagréable grimace, il n'en pensait pas un mot. Les yeux plissés et les lèvres pincées devant elle, la jeune femme ne manqua pas de remarquer le tic nerveux de sa joue et haussa un sourcil curieux. A croire que même le deuxième homme le plus influent du pays ne savait pas cacher son mépris… Sang pur de bonne famille, riche investisseur, fidèle de Voldemort depuis plus de trente ans et aujourd'hui Ministre de la Magie, il ne faisait aucun doute que sa simple condition de sang de bourbe devait lui donner la nausée. Pourtant, Hermione préféra ne pas s'en offusquer et sourit d'avantage. De ce qu'elle avait entendu dire, Yaxley avait été l'un de ses plus fervents détracteurs, allant jusqu'à s'attirer les foudres de son Maître quelques jours à peine après l'annonce de sa nomination. De quoi rendre leur rencontre plus amusante encore.

- Mon Ministre m'a fait part de certaines… inquiétudes venant de nos homologues américains. Annonça le Mage dans un sourire.

- Des inquiétudes ?

- Ils n'ont pas apprécié votre zèle avec les sirènes. Cingla le Ministre les dents serrées. Ils… ils réclament votre destitution afin que vous soyez traduite en justice.

Les Américains ? La traduire en justice ? Était-ce sérieux ?! Prise de court, elle regarda Voldemort qui préféra garder le silence, avant de se retourner vers Yaxley dont le masque de politesse était tombé. Franchement hostile, il la toisa dans un rictus à peine contenu et renifla avec dédain. Une attitude qui après cette longue et épuisante soirée, éprouva sa patience et irrita ses nerfs.

- Que leur avez-vous dit ? Demanda-t-elle froidement.

- Je leur ai assuré que… bien que leurs craintes soient indéniablement justifiées, leurs réclamations étaient odieuses. Ils insistent néanmoins pour que le Maître leur accorde audience.

Formidable… en plus d'être craint par le monde Sorcier il fallait qu'elle ait le Comité d'Ethique et de Protection de la Magie sur le dos. A croire que cette soirée n'en finirait jamais !

- Et qu'avez-vous décidé ? Demanda-t-elle.

- Rien pour le moment. Lui dit Voldemort. J'attendais d'obtenir ton avis sur la question.

Surpris de voir son Maître demander conseil à une Sang de Bourbe repentie, Yaxley faillit s'étouffer devant eux et se racla la gorge entre deux gorgées de Cognac. Une réaction moqueuse à peine déguisée, qui horripila Hermione dont le regard se durcit froidement devant lui. Elle pouvait endurer les ragots d'une foule, la haine de Bellatrix, la défiance des Aurores, les remarques cyniques des émissaires, la vulgarité de certains journalistes, les clins d'œil lubriques des vieux aristocrates et même le piège odieux de Victor Krum ! Mais l'irrespect ? Non… elle n'en avait plus la patiente. Et quand bien même elle n'avait pas à l'avoir. Elle était l'Initiée d'Honneur de Voldemort ! Cela ne voulait-il donc rien dire pour eux ? N'avaient-ils aucun respect pour le protocole qu'ils s'acharnaient à préserver ? Pour les coutumes et les traditions qu'ils s'évertuaient à honorer ? Elle n'avait pas à supporter leurs rictus moqueurs et murmures insultants. Elle n'avait pas à tolérer leur arrogance et à courber l'échine ! Et certainement pas venant d'un homme dont le seul exploit fut de ramper pendant plus de trente ans pour obtenir une place au Ministère… ainsi, sa poitrine se gonfla d'orgueil et ses lèvres se pincèrent devant lui. Puisqu'il ne semblait pas familier avec la notion de respect hiérarchique, soit ! Elle se ferait une joie de la lui enseigner.

- Et vous ? Que recommandez-vous cher Ministre ?

Si l'aplomb de sa question surpris son fidèle, Voldemort lui, esquiva un sourire vainqueur. Il s'était assez disputé avec elle pour reconnaître ses aires de Gryffondor offensée. Aussi, il savait d'avance que Yaxley serait le parfait instrument de son œuvre. Condescendant, arrogant et vaniteux… il n'y échapperait pas. La lionne s'apprêtait à rugir.

- Eh bien, leur influence ne peut être ignorée. Ils pourraient constituer un front ennemi, rassembler des sympathisant et se liguer contre notre Seigneur. Déclara-t-il.

- Une telle folie les exposerait à de fortes représailles. Claqua-t-elle vivement. Je doute que nos homologues soient prêts à perdre tous les avantages économiques, stratégiques et commerciaux que notre Maître leurs accordent grassement depuis deux longues années.

- Voyons Miss… Soupira-t-il amusé. Ce genre de représailles seraient peu efficaces contre la révolte d'un continent tout entier.

"Peu efficaces ?" Intéressant choix de mots…

- Insinuez-vous qu'une révolte brouillonne et isolée à l'autre bout du monde, serait capable de renverser notre Maître ? Demanda-t-elle brusquement.

Déstabilisé par une telle interprétation de ses propos, Yaxley écarquilla les yeux dans un halètement confus. Un spectacle dont la jeune femme se délecta dans un frisson jubilatoire.

- Non… je… bien sûr que non !

- C'est ce que vos doutes sous-entendent. Insista-t-elle. Manqueriez-vous de foi envers notre Maître, Yaxley ?

- Non ! S'exclama-t-il outré.

- Pensez-vous que les Américains puissent sérieusement menacer la suprématie de notre Maître ?

- Mais enfin, non je…

- Alors la question est réglée.

- Je… je veux seulement dire que leurs influences seraient…

- Ne perdez pas votre temps cher Ministre. Cingla-t-elle dans un soupir. Il est évident que vous ne maîtrisez pas votre sujet. Quand attendent-ils notre réponse ?

Les narines dilatées et la veine du front saillante sous sa peau en sueur, Voldemort vit Yaxley chercher ses mots, conscient que le moindre écart serait susceptible de coûter la vie. Aussi, c'est les poings serrés de frustration qu'il finit son verre cul-sec et déclara les dents serrées.

- D'ici la fin de la semaine.

- Bien. Je ne vois aucune raison de ne pas accéder à leur requête.

Sidéré, le Ministre la dévisagea sans retenue. Elle… elle ne pouvait pas prendre une telle décision. Elle n'était qu'une Initiée ! Elle n'en avait pas le droit ! Pourtant et alors qu'il se tournait vers son Mage dans l'espoir d'y voir un soutien, ce dernier se contenta simplement d'approuver ses dires d'un hochement de tête silencieux. Une approbation qui suffit à pâlir ses joues déjà blafardes.

- Vra… Vraiment Maître ? Demanda-t-il sans y croire. Vous acceptez ?!

- Bien sûr. Dit-il enfin. Je refuse que mon Initiée soit discréditée par la menace d'un procès intenté depuis l'autre bout du monde.

- Mais…

- Il ne faudrait pas que cette affaire s'ébruite et nuise à la réputation de notre Maître. Tonna Hermione. Les américains parlent plus qu'ils n'agissent mais sont de natures instables. Il est urgent de leur rappeler leur place. Ainsi, veuillez leurs transmettre nos disponibilités au plus vite. Il est essentiel de convenir à un arrangement.

Il ne pouvait pas le croire. Elle… elle osait lui donner un ordre. A lui ?! Lui, le Ministre de la Magie de Grande-Bretagne ? Non, c'était une farce. Une comédie, un complot ! Et pourtant son regard était franc et ses attentes explicites. Une insolence dont la simple vue lui brûla la gorge de haine et le fit trembler de rage. Cette sale petite garce… ce rat des rues… cette infâme catin… Comment osait-elle revendiquer le moindre droit en sa présence ? Comment osait-elle seulement respirer devant lui ?! C'était une insulte ! Un outrage ! Le souffle court, il parvint à peine à parler sans lui cracher à a la figure et dû user de toutes ses forces pour lâcher sa baguette cachée dans sa poche. Par Merlin… un seul sort suffirait à lui faire payer son impertinence ! Un sort qui dansait déjà sur ses lèvres avides de sang, mais que son Maître annihila d'un grondement sourd. Pétrifié par la soudaine douleur de sa marque, Yaxley sursauta devant eux et frémit sous la chaleur irradiante de son bras. Il n'avait rien dit… mais était déjà allé trop loin. Il n'était pas en droit de lutter contre sa volonté. Il n'était pas en droit d'hésiter. Un rappel à l'ordre cuisant, douloureux et éloquent, qui lui fit ravaler sa fierté en moins de quelques secondes et baisser le regard.

- B… bien. Je leur… je leur ferais connaître votre décision. Siffla-t-il la peur au ventre.

- A la bonne heure. Se réjouit Voldemort.

- Dois-je… dois-je délivrer un message ? Se risqua-t-il à demander.

- Oui ! S'exclama Hermione plus fort. Faites savoir à nos homologues que dans son incroyable bonté, l'Initiée d'Honneur du Seigneur des Ténèbres accepte de ne pas leur faire payer leurs infames menaces et se fera une joie de participer à leur entretien avec leur Maître.

Cette fois, Yaxley ne trouva même pas la force de rétorquer. Ahuri par son audace et l'aplomb de ses mots, il la fixa sans trouver quoi dire, osant à peine respirer devant la froideur d'une telle déclaration. Elle… elle était sérieuse. Elle voulait qu'il leur dise cela. Mais… mais c'était inconscient ! Insensé ! Ils allaient déclencher un incident diplomatique ! Entrer en guerre !

- Mais… vous…

- Ajoutez également que toute nouvelle menace de leur part serait en revanche très mal reçue, et que l'Initiée du Seigneur des Ténèbres se trouverait dans l'obligation de réagir. Continua-t-elle.

- Réagir ?!

- Le sort des sirènes devrait suffire à leur donner un aperçu.

- Mais…

- Rappelez-leur pour quelle raison on me nomme la Déesse Rouge. Tonna-t-elle. Rappelez-leur que remettre en cause ma légitimé, c'est remettre en cause celle de leur Seigneur. Et surtout… rappelez-leur que ni lui ni moi ne sommes réputés pour notre clémence. Nous acceptons d'entendre les réclamations de nos sujets, mais exécrons l'insubordination. Cela vaut pour nos homologues, mais également pour le reste du monde… me suis-je fait comprendre cher Ministre ?

Livide, Yaxley la regarda dans un effroi qu'il n'avait jusqu'alors jamais connu. C'était à peine croyable et pourtant il ne rêvait pas. Hermione Granger, la Sang de Bourbe la plus connue de l'Histoire, le menaçait ouvertement… pire encore, elle menaçait tous ceux qui seraient assez fou pour la sous-estimer. Il aurait dû en rire ! S'esclaffer à gorge déployée et la châtier d'un Doloris bien senti ! Et pourtant, il ne trouva même pas la force de détourner le regard. Pétrifié sur place, il sentit son cœur s'écraser au fond de ses intestins et déglutit dans une sueur froide. Il s'était trompé… ils s'étaient tous trompés. Il avait naïvement cru que la Gazette avait exagéré ses prouesses et que les journalistes avaient créé sa réputation de toute pièce ! Il avait cru qu'elle n'était qu'un trophée ! Qu'un symbole de puissance et d'échec pour la Résistance ! Mais face à elle ce soir… il ne put qu'amèrement comprendre son erreur. Elle n'était pas qu'un outil servant à appuyer le pouvoir de Voldemort. Elle n'était pas qu'une ombre se cachant sous la jupe d'une Tutrice. Elle était bien plus… Elle était cet Être de douleur et de cauchemar que les Créatures Magiques du monde entier redoutaient... cette Sorcière dont le pouvoir de destruction n'avait d'égal que sa beauté… Cet Ange des Ténèbres capable de dompter les feux de l'Enfer. Elle était la Déesse Rouge… Terreur des eaux et Fierté du Mal. Elle était ce que Voldemort lui-même n'était pas ! L'incarnation de la Mort dans un corps de luxure. Menaçante dans sa robe couleur de sang, intransigeante dans son regard de feu et cruelle dans son sourire carnassier, il frissonna devant elle et déglutit la gorge sèche. Aussi, le Ministre en fut convaincu. Elle ne venait pas de formuler un ordre, mais une promesse. Un vœu que les sirènes avaient payé de leurs vies. Un vœu inscrit dans leur sang déjà dilués à travers les eaux du monde. Un vœu auquel personne ne réchapperait et qu'il sentit se graver au fer rouge dans son âme. Elle ne reculerait devant personne. Oui... quitte à déclencher une guerre et à noircir les océans de leurs sangs, elle offrirait à leur misérable monde une Déesse digne de lui. Aussi, il ne put ignorer la terreur qui venait de s'inscrire dans son cœur. Une terreur qu'il n'aurait jamais imaginé ressentir devant elle et qui pourtant se préparait déjà à alimenter ses cauchemars. Une terreur qui lui ouvrit les yeux et lui coupa le souffle. Ce n'était pas une Initiée d'Honneur qui était né ce soir, mais une nouvelle Maîtresse des Ténèbres.

Aussi et alors que son Ministre se décomposait sous ses yeux, Voldemort exulta de fierté dans un sourire triomphant.

Enfin. Enfin, elle devenait une véritable Initiée ! Enfin, elle revendiquait sa place et son pouvoir à ses côtés ! Enfin, elle assumait son rôle ! En extase, le Mage se mordit la langue pour ne pas rire aux éclats devant les tremblements nerveux de Yaxley et contempla Hermione dans un sourire exalté. Il savait qu'une telle provocation à l'égard de leurs homologues causerait trouble et discorde, mais s'en contreficha. Il était le Seigneur des Ténèbres. Quiconque osant remettre en doute ses décisions devait être châtié… en particulier si ces fous s'en prenaient à son Initiée. Aussi, c'est plus heureux que jamais qu'il resserra son emprise sur sa taille et frémit au sifflement de son serpent. Elle mettrait le monde à genoux, fière et invulnérable à son bras. Elle répandrait le chaos qu'il avait infiltré dans son âme et arracherait les cœurs de leurs ennemis.

Elle serait le joyau de son règne.

- Je… je..

- Je vous laisse le soin d'y ajouter les formules de politesses ! Je ne vais pas vous apprendre votre métier. Conclut-elle d'un ton léger.

- Merlin… Maître, je…

- Il suffit Yaxley. Trancha-t-il durement. Mon Initiée a parlé.

- Mais nos homologues vont…

- Obéir. Ajouta-t-elle vivement. Tout comme vous, n'est-ce pas cher Ministre ?

Piégé, il oscilla dans un vertige et bafouilla sous l'étau de leurs regards. Il ne pouvait lutter… il n'en avait pas le droit. Il ne pouvait que subir leur exigence et trembla d'avantage devant leurs joies. Deux joies vicieuses, froides et moqueuses qui le transpercèrent de part en part.

- Oui… bien sûr Honorable Initiée. Souffla-t-il d'une voix blanche.

- Formidable ! S'exclama le Mage. Nous comptons sur vous Yaxley.

- Bien Maître.

- Venez très chère, votre Tutrice vous attend.

Et ce fut tout. Insensibles à la détresse de leur Ministre, les deux Sorciers lui tournèrent le dos et le laissèrent sur place, confus et étrangement bouleversé par ce qu'il venait d'arriver. Pourtant il eut une certitude. Si son Maître régnait sur le monde depuis déjà plus deux ans, le règne de la Déesse Rouge lui… ne faisait que commencer.


Hellooo... Deuxième chapitre de ce bal et beaucoup de rebondissements ! Et encore, ce n'est pas fini !

Lisez-vite la suite ;)