Le corset délacé et ses chaussures à la main, Hermione soupira de fatigue devant son miroir et s'affala lourdement sur son lit. Sept heures… sept heures que ses pieds hurlaient à la mort et qu'elle peinait à respirer. Sept heures de joues crispées, de sourires forcés et de niaiseries diplomatiques. Sept heures auxquelles Hermione n'aurait jamais cru survivre. Mais elle ne rêvait pas. Elle avait dignement enduré plus de sept heures de danses, de rencontres, de conversations, d'intimidation, de traditions et de chant ! De quoi la vacciner contre l'envie d'assister à un Bal pendant longtemps ! Et pourtant… même si Krum avait tenté de l'embrigader, que Yaxley l'avait défié et que Bellatrix l'avait piégé, Hermione s'était surprise à en apprécier chaque instant. Qui l'aurait cru ?! Pas elle en tout cas ! Mais elle ne pouvait le nier. Malgré sa fatigue, elle souriait. Un sourire fier, satisfait, heureux et soulagé. Elle avait accompli ce qu'elle croyait jusqu'alors impossible. Elle était entrée dans le nouveau Monde. Plus encore, elle s'en était fait respecter. Désormais, les mangemorts, ministres et dignitaires la regardaient avec considération. Ils l'admiraient et la respectaient autant qu'ils respectaient leur Maître ! Ils l'acceptaient telle qu'elle était… telle que Voldemort l'avait accepté. Aussi, c'est victorieuse qu'elle s'était retirée après que tous se soient inclinés devant elle. Oui… la petite sang de Bourbe de Potter était belle et bien oubliée. Ne restait que ce qu'elle était devenue : la plus grange Initiée d'Honneur de l'Histoire.

- Oh très chère, je suis tellement fière de vous ! S'exclamait Narcissa en continue depuis leur retour dans sa chambre. Vous avez été éblouissante ! Somptueuse !

- C'est grâce à vous. Sourit-elle.

- J'aimerais bien ! Mais vous avez su briller pour vous-même ce soir. Dit-elle en lui caressant la joue.

Emut devant le regard de sa Tutrice, Hermione se releva et l'enlaça avec amour. Plus reconnaissante que jamais, elle la serra contre elle avec force et inspira son doux parfum dans un soupir de soulagement. Peu importe sa volonté ou sa discipline, elle n'y serait jamais parvenue sans elle… et ça, elles le savaient toutes deux.

- Merci. Merci pour tout…

- Merci à vous. Je… je n'ai plus mots ! Fit-elle rayonnante. Votre voix… votre voix est un cadeau du ciel ! Pourquoi ne chantez-vous jamais ?!

- J'ignorais que j'en étais capable ! Rit-elle amusée. Je… je n'ai pas chanté depuis des années.

- Et nous allons y remédier de ce pas !

- Tutrice…

- Nous allons organiser des répétitions de chants, des entraînements d'articulations, des exercices de repirations et peut-être même quelques représentations privées !

Bien entendu, il aurait été mal connaître Narcissa de croire qu'elle ne s'emballerait pas devant le nouveau talent de sa pupille. Aussi Hermione grimaça d'avance et roula des yeux au ciel. Décidément, elle n'avait pas fini de chanter…

- Est-ce vraiment nécessaire ? Demanda-t-elle désabusée.

- Evidement ! Les nobles vont se bousculer pour vous entendre, je vous le garanti. Et nous n'allons pas en rester là ! Votre voix a un potentiel incroyable !

- C'est un peu exagéré… dit-elle gênée.

- Hermione ! Vous avez un don et il est de mon devoir de vous aider à l'entretenir ! S'exclama-t-elle.

- Je n'irais pas jusque-là…

- Oh très chère… cessez d'être modeste ! Dit-elle en relevant son menton. Vous avez révélé au monde votre valeur aujourd'hui. Vous avez déjoué tous les pronostics.

- Le pensez-vous vraiment ?

- Oui ! Vous avez surpassé toutes mes attentes. Assura-t-elle. Vous… vous étiez né pour briller.

Né pour briller… était-ce vrai ? Hermione l'ignorait mais elle l'espéra sincèrement. Car après des années de défiance, de mépris et d'insultes, elle savait d'avance qu'elle ne pourrait plus supporter une telle vie. Pas après avoir goûté à ça : l'admiration et le respect…

- Qui aurait cru qu'un cœur aussi blessé que le votre aurait tant de belles choses à chanter… comme quoi, même la plus brute des pierres précieuses peut se transformer en un somptueux bijoux. Il suffisait juste d'un peu d'aide et d'une opportunité.

Oh Seigneur...

Une opportunité…
Une opportunité.
Une opportunité !

C'était ça ! Un cœur blessé avait toujours de belles choses à chanter ! Un cœur blessé avait toujours de belles choses à chanter ! Il suffisait juste d'un peu d'aide et d'une… opportunité. Ebranlée, Hermione resta bouche bée devant sa Tutrice. Ils étaient passés à côté… depuis le début, le cœur prophétique les avait tenus en échec ! Mais pas à cause de sa magie instable ! Non… A cause d'eux !

- Oh Merlin…

- Qu'y-a-t-il ?

Elle avait trouvé.
Elle avait trouvé !

Elle savait comment faire parler le cœur de la Reine-Mère…


Le souffle court, Hermione courrait à toute jambes dans les couloirs du château. Elle devait trouver son Maître. Elle devait lui dire ! Seigneur c'était si évident ! Et pourtant ils n'avaient rien vu… Ils n'avaient rien vu alors que c'était là ! Depuis le début, c'était sous leurs yeux ! Quelle idiote ! Elle aurait dû le comprendre ! Dumbledore s'en était servi pendant la Coupe des Trois Sorciers ! Il avait compris l'ultime secret des sirènes ! Et eux ? Ils n'avaient fait qu'agiter leurs baguettes et brasser de l'air… Partagée entre la rage et la stupéfaction, la jeune femme ignora les griffures de la pierre sous ses pieds-nus et s'engouffra dans la bibliothèque. Ouvrant les portes à la volée, elle trouva les lieux plongés dans une obscurité tamisée avant que son regard ne le trouve enfin… son Maître.

Assis dans son fauteuil, Voldemort sirotait un dernier verre non loin de la cheminée. Epuisé malgré son immortalité, il fixait les flammes de l'antre d'un air lointain, le regard vague et étrangement sombre. Pourtant, il ne lui suffit que d'une seconde pour sursauter violement à son entrée. Délesté de sa chemise, elle le vit se relever d'un bond devant elle, torse nu et baguette en main. Une image qui l'intimida autant qu'elle la fit soudainement frissonner. Seigneur… elle avait presque oublier véritable sculpture d'Appolon qu'était son corps.

- Hermione ?!

- Maître !

- Que se passe-t-il ?

Inquiet qu'elle ait pu être attaquée, il s'avança jusqu'à elle d'un pas rapide et l'examina avec attention. Pourtant, malgré ses cheveux défaits, ses pieds nus et son corset délacé, c'est d'un sourire radieux qu'elle l'accueillit. Un sourire qu'il ne comprit pas, jusqu'à ce qu'elle déclare subitement :

- J'ai trouvé !

- Trouvé quoi ?

- Le cœur ! Je… je sais pourquoi il ne réagit pas à notre magie ! S'exclama-t-elle.

- Quoi ?

Ne prenant pas la peine de s'expliquer, la jeune femme jeta ses talons au sol et s'empressa de rejoindre leur table de travail. Flottant avec dédain dans son halo de magie bleutée, le cœur n'avait pas bougé depuis la veille. Toujours enfermé dans le silence de ses secrets, il trônait tel un roi muet. Un roi qui ne tarderait pas à chanter… Frissonnant d'adrénaline, Hermione le saisit à pleine main et frémit dans un jappement d'extase. Une fois encore, il épousait sa paume à la perfection, se nichant au creux de son poing comme un oisillon tombé du nid. Mais les apparences étaient trompeuses… elle l'avait compris. Comme si la Reine-Mère vivait encore dans ce cœur, il était resté froid, indifférent et arrogant à leurs efforts, devenant alors un symbole d'échec et de déception. Mais cette ère serait bientôt révolue. Oui, Hermione pouvait le sentir. Plus qu'une certitude, une force plus grande qu'elle résonnait jusqu'aux tréfond de son âme. Ils étaient passés à côté de l'essentiel. Ce cœur n'était pas qu'un simple artefact ! Il était vivant. Aussi, il était inutile d'espérer qu'il leur livre ses secrets sous la force ou la contrainte… non, il devait être écouté. Il devait chanter. Ne suffisait pour cela que d'un peu d'aide… et d'une bonne opportunité.

- Qu'est-ce que tu fais ?!

- Je sais comment le faire parler !

- Quoi ? Mais… mais comment ? Demanda-t-il sans comprendre.

Grâce à Narcissa... Et peut-être même grâce à Bellatrix, mais cela n'avait pas d'importance… non, ce qui comptait c'est qu'elle avait compris l'ultime énigme des sirènes ! Celle que seuls quelques sorciers avaient réussi à comprendre au fil des siècles ! Celle qui leur échappait depuis déjà bien trop longtemps.

- Juste avant de nous envoyer dans le Lac Noir, Dumbledore avait remis quatre Œufs d'Or aux champions du Tournois des Trois Sorciers ! Déclara-t-elle.

- Qu'est-ce que ce vieux fou à encore à voir là-dedans ?!

- Harry en a reçu un ! Un indice était caché à l'intérieur mais chaque fois qu'il tentait de l'ouvrir, il n'entendait que des cris distordus et hurlements insupportables !

- Et alors ?!

- Alors Cédric Diggory lui a donné la solution !

- Qui ?!

Formidable ! De toutes les personnes qu'il avait tuées, il fallait qu'il oubli la seule utile à leur cause…

- Cédric Diggory ! Répéta-t-elle outrée. Le Poufsouffle que vous avez assassiné juste après votre résurrection !

- Hermione, je n'inscris pas les noms de toutes mes victimes dans un calepin ! S'agaça-t-il.

- Et bien vous devriez ! Il avait conseillé à Harry de le plonger dans l'eau !

- Dans l'eau ?

- Oui !

- Et en quoi tout ceci à un rapport avec le cœur Prophétique ? Demanda-t-il confus.

- Mais enfin, c'est évident ! L'Œuf d'Or a été fabriqué par les sirènes ! Il ne pouvait délivrer son message que sous l'eau ! En toute logique, cela veut dire que le cœur…

- … doit être plongé dans l'eau.

- Exactement !

Bon Dieu…
L'eau.
Existait-il plus banal ? Plus simple ? Non… et pourtant plus il y pensa, plus le Mage perdit ses couleurs.
L'eau… bon sang, mais bien sûr !

Ils avaient trouvé. Ils avaient trouvé la faille, le piège, l'ultime secret des sirènes. Un secret dont la réponse était aussi simple qu'affreusement idiote. Une réponse qui pétrifia Voldemort devant son élève. Bouche bée, il contempla le cœur briller au creux de sa paume et déglutit dans sa migraine. C'était si évident… si facile… si bête qu'ils n'y avaient même pas pensé. De quoi lui faire amèrement serrer les dents de honte. Par Merlin… il aurait dû le deviner. Il aurait dû le savoir ! Tout ce qui rapprochait de près ou de loin des sirènes ne pouvait être détaché de leur élément le plus primaire ! Et pourtant, c'est aveugles et sots qu'ils avaient passé ces dix derniers jours à tenter l'impossible. Mais rien n'aurait jamais marché… ils auraient bêtement continué à désespérer et auraient immanquablement échoué. De quoi lui faire l'effet d'une gifle et lui donner une leçon qu'il n'avait pas reçu depuis longtemps…

- Il faut descendre au Lac Noir !

- Inutile. Claqua-t-il.

- Mais…

Avant même qu'elle n'ait le temps de riposter, elle le vit brandir sa baguette d'un coup de poignet agacé et eut un mouvement de recul. Fulminant de colère, il jeta un rapide coup d'œil sur le salon et hocha la tête d'un mouvement décidé. Plus de dix Jours… ils avaient perdu plus de dix jours ! Alors non… il ne perdait une seule minute de plus.

- Aguamenti !

Hurlé avec rage, on entendit le sort résonner dans un grondement sourd avant qu'un puissant jet d'eau ne jaillisse subitement de la baguette de sureau. Une eau qui très vite, se répandit en masse à leurs pieds et pétrifia la jeune femme de stupeur. Serpentant au sol, l'eau se glissa sous les tapisseries, les chaises et armoires avant d'envahir peu à peu les étagères et de faire flotter les meubles. Une eau dont le niveau monta à une vitesse affolante et qui ne tarda pas à leur arriver à mi-genoux. Horrifiée, Hermione eut à peine le temps de réagir et balbutia d'épouvante. Ce n'était pas possible. Il… il ne pouvait pas faire ça ! C'était un véritable raz-de-marée… pour ne pas dire un tsunami qui s'abattait sur eux ! Et pourtant son Maître souriait devant lui, tel un Dieux des Tempêtes heureux devant le carnage qui se préparait.

- Mais c'est de la folie ! S'écria-t-elle.

- Non, très chère ! C'est de la magie.

Et en plus il en riait… bon sang ce Sorcier était inconscient ! Certes les ouvrages étaient tous protégés par plus de sorts qu'elle ne pouvait en compter, mais inonder la Bibliothèque de Poudlard ?! C'était insensé ! Dément même ! Le Lac Noir n'était qu'à quelques minutes du Château ! Ils auraient pu y descendre et y plonger ! Ou simplement s'immerger dans l'une de leur baignoire ! Ils auraient pu agir de manière réfléchie et s'éviter pareille folie ! Mais non… pourquoi faire simple quand ils pouvaient faire compliqué ? Pourquoi se baigner au lac quand ils pouvaient tout simplement inonder la Bibliothèque la plus précieuse du Monde Sorcier ?! Paniquée, Hermione vit les pans de sa robe flotter tout autour d'elle et frissonna sous la froideur de l'eau. Ce malade allait les noyer ! Il allait les tuer ! Et pourtant c'était lancé… la baguette de sureau crachait sa magie à un rythme infernal, rien ne pourrait l'arrêter ! Aussi, c'est les mains tremblantes qu'elle s'accrocha aux étagères et haleta avec peur. L'eau montait trop vite, à tel point qu'elle n'aurait bientôt plus pied. Pourtant, loin de partager ses peurs Voldemort lui, souriait franchement face à son œuvre. Peu lui importait de devoir inonder le château. Il voulait des réponses… et ils les voulaient maintenant. Et puis, autant éviter les ivrognes partis se souler près du lac après la fermeture du bar ! Confiant, il cala donc sa baguette entre ses dents et nagea jusqu'à elle à grandes brasses. Au moins, elle aurait son bain de minuit, mais ils devaient faire vite. L'eau inondait déjà deuxième étage de la bibliothèque et ne tarderait pas à les submerger.

- Accroche-toi à moi ! Hurla-t-il à sa hauteur.

- Quoi ?!

- On plonge !

- Mais…

- Maintenant !

Mais une fois de plus, ses protestations restèrent vaines. Sans attendre son approbation, il agrippa sa taille et l'immergea complètement sous l'eau glacée. Brusquement en apnée, Hermione le maudit entre ses dents et voulu le frapper pour remonter en surface mais il était trop tard… entraînée malgré elle vers le fond sous la poigne de son Maître, elle s'efforça de rester calme et déglutit sous la lourdeur de son corset. Si elle avait su, elle serait venue en pyjama. Peu libre dans ses mouvements, elle nagea du mieux qu'elle put avant que Voldemort ne les immobilise au sol et ne se tourne vers elle. Placée au même endroit qu'il y a quelques minutes, Hermione eut du mal à croire en ce qu'elle vit. C'était fait… la Bibliothèque était intégralement immergée sous l'eau.

Subjuguée, elle vit quelques livres, plumes, rouleaux de parchemins et feuilles volantes flotter tout autour d'eux dans l'eau scintillante. Une vision étrange et silencieuse qu'elle n'aurait jamais cru voir un jour et qui pourtant, la laissa émerveillée. Comme si elle découvrait les vestiges d'une civilisation enfouie, elle se surprit à contempler chaque murs et objets et fut impressionnée. Oui… l'eau donnait au monde une beauté insoupçonnée et mystérieuse. Une beauté qu'elle ne s'était pas attendu à voir en de tels lieux et que même Voldemort détailla dans un sourire. Ce qu'ils vivaient était unique… et ne tarderait pas à l'être d'avantage. Sa baguette en main, le Mage invoque un lumos maxima et se tourna vers son élève. Majestueuse dans sa robe couleur de sang, il vit ses cheveux flotter tout autour d'elle dans des volutes quasi fantomatiques et frissonna devant l'éclat de son regard. Oui… le Titre de Déesse Rouge n'aurait pas pu mieux lui convenir. Aussi, il resserra son emprise sur sa taille et regarda ses mains. Immobile, le cœur gisait là plus brillant que jamais sous l'éclat de l'eau. Pourtant et alors qu'ils le contemplaient avidement, un écho retenti… lointain et faible ils crurent l'imaginer, mais alors que l'air commençait à leur manquer il retenti de nouveau. Plus fort, il grandit peu à peu, jusqu'à ce que le cœur ne s'anime soudainement devant eux. Arraché à même la poitrine de la Reine-Mère il a plus de dix jours de cela, l'eau sembla l'éveiller à tel point qu'il reprit subitement vit et les ébloui de son éclat. Battant avidement au creux de sa paume, Hermione le sentit vrombir dans un rythme puissant, projetant sa lueur bleutée tout autour d'eux et réchauffant les eaux de sa magie ardente. Elle avait raison. Depuis le début, l'eau était la réponse. L'eau avait toujours été la réponse…

C'est alors que le cœur s'éleva de lui-même depuis sa main. Auréolé de lumière, ils le virent rayonner entre eux jusqu'à qu'un murmure ne s'éveille… tel un chant étouffé, il devînt plus fort avant d'envahir les eaux de sa puissance et de les assourdir de son cri. Mais ce n'était pas de la simple magie. Non, c'était plus présent… plus oppressant… plus vivant !

C'était… une prophétie.

Une prophétie qui sous les eaux, se révéla à eux.

"Condamnés à périr, la magie s'éteindra à la mort de la dernière lumière de la nuit plus noire du siècle le plus sombre de l'humanité. Ce qui vivait alors, mourra. Ce qui prospérait alors, dépérira. Et tous ceux se croyant dignes de magie, se verront frapper du fardeau que les Dieux leur ont promis. Nul ne pourra l'empêcher. Nul ne pourra lutter. Nul ne pourra y résister… ainsi la malédiction s'accomplira et le monde renaîtra.

Mais dans sa pitié, il est dit qu'un Dieux créateur pleura pour les hommes et que de sa larme naquit un enfant… Un enfant que les sorciers virent s'écraser au cœur des océans et sauvèrent d'une mort certaine par les eaux. Touché de voir son fils sauvé et ému devant la bonté des Sorciers, ce Dieu décida alors de les honorer. Laissant trois autres larmes couler depuis ses joues divines, il les cristallisa de son feu et les offrit à son fils... Trois sphères de pure magie, destinées à sauver du Fléau Divin ceux qui s'en montreraient dignes.

L'une d'elle se vit offerte au Sorcier le plus puissant du Pays. L'autre, fut échangée contre la pitié des créatures de nuits. Quant à la dernière, elle fut volée et perdue au gré des vents et de l'Océan… condamnée à reposer entre les mains des bannis et sillonneurs de fonds.

Ainsi s'égarèrent les larmes Divines. Mais il est dit que réunies sous l'astre fatale, à la mort de la dernière lumière de la nuit plus noire du siècle le plus sombre, la promesse du Dieu Créateur s'accomplirait.
Ceux qui s'en montreraient dignes, survivraient."


- Trois prophéties… Par Salazar, c'est à peine croyable. Souffla Voldemort ahuri.

Assis l'un en face de l'autre, Hermione et le Mage Noir intégraient lentement ce que le cœur leur avait révélé. Trempés jusqu'aux os, la figure pâle et la bouche pâteuse, ils ressassaient chaque mot, chaque verbe, chaque intonation et virgule avec un soin proche de l'obsession. Et pour cause… ce qu'ils avaient appris ce soir… ce qu'ils avaient découvert dépassait l'entendement. Dépassait même le concevable ! Trois sphères prophétiques ? Forgées depuis les larmes d'un Dieu créateur ? Dispersées aux quatre coins du monde ?! Et renfermant le secret de survie de leur espèce ?! C'était… c'était… incroyable. Mais était-ce possible ? Là était toute la question. Aussi les deux Sorciers hésitaient. Ils avaient tellement espéré… tellement attendu de réponse ! Mais maintenant, après avoir passé plus d'une heure à évacuer l'eau de la bibliothèque et à retourner ces mots dans leurs têtes, ils ne savaient plus quoi en faire. Oui, ils avaient eu une réponse… mais également une énigme. Une énigme plus prometteuse encore que tous ce qu'ils avaient découvert jusque-là, mais qui dans son écho laissa planer de nouveaux doutes.

- Essayons de récapituler. Dit Hermione d'une petite voix. Nous savons que trois prophéties ont été créées. L'une d'elle a été offerte à un puissant sorcier…

- Merlin. Dit-il convaincu. Ça ne peut être que lui.

- Et ça expliquerait pourquoi il en avait une dans son grimoire.

- Donc, nous en avons une sur trois.

- Et le cœur ? Demanda-t-elle.

- Une prophétie de second rang gardée précieusement par la Reine-Mère. Elle ne voulait pas que les sorciers découvrent un moyen de survivre à l'Eclipse… on sait désormais pourquoi. Grimaça-t-il.

- Donc… il nous en reste deux à trouver.

Deux… deux prophéties perdues depuis des millénaires quelque part dans le monde. En temps normal, Voldemort n'aimait pas employer de dictons moldus mais aux vues des circonstances : autant chercher une aiguille dans une botte de foin.

- C'est insensé… désespéra-t-il. Nous n'avons plus qu'un an, deux mois et seize jours !

- Nous pouvons y arriver !

- Et comment ?

Une serviette en main, Hermione se pinça les lèvres et déglutit dans un silence gêné. Elle voulait qu'il garde espoir… mais n'avait aucun plan. Epongeant distraitement ses cheveux, elle le regarda se lever et faire les cents pas dans ce qui restait du salon. Sans dessus dessous, l'évacuation de l'eau avait laissé la Bibliothèque dans un état méconnaissable. Jonché de livres et de parchemins mouillés, le sol n'était plus qu'un labyrinthe de meuble renversés et de tapis trempés. Un triste spectacle qui ne prendrait que quelques coups de baguette à ranger, mais qu'aucun d'eux n'avait encore trouvé la force de faire. Et pour cause…. Ils étaient dépassés, pour ne pas dire complètement perdus. Ils s'étaient attendus à une réponse claire ! Pas à une chasse aux trésors ! Et pourtant, tel était ce qui les attendaient… une insupportable, impossible et intolérable quête.

- Nous… nous avons des indices. C'est déjà ça. Les créatures de nuits ne peuvent être que les vampires.

- Ce n'est pas une surprise. Nous savions que leur espèce était potentiellement concernée.

- Mais pour la troisième…

- « Elle fut volée et perdue au gré des vents et de l'Océan… condamnée à reposer entre les mains des bannis et sillonneurs de fonds… » Récita-t-il agacé.

- C'est assez vague. Concéda-t-elle.

- Vague ?! Hermione, c'est incompréhensible ! S'exclama-t-il.

Elle aurait voulu le contredire, trouver un lien, une piste ou avoir ne serait-ce qu'une hypothèse ! Mais après la soirée qu'ils avaient passée et leur baignade improvisée, c'est à peine si la jeune femme arrivait encore à respirer sans s'écrouler de fatigue. Tremblante sous le tissu humide de sa robe et les ruissellements de ses cheveux dans sa nuque, elle soupira avec force et se frotta les yeux. Oui, c'était incompréhensible. Mais ils avaient encore le temps ! Ils savaient où chercher, vers qui se tourner et peut-être qu'après plus d'investigation l'énigme se résoudrait d'elle-même ! Du moins, elle l'espérait…

- Nous devrions nous reposer. Souffla-t-elle.

- Je ne peux pas.

- Maître…

- Non Hermione ! Tonna-t-il brusquement. Je… je ne peux pas.

Frissonnant devant la dureté de son ton, la jeune femme se mordit la langue et ne répondit pas. Il détestait rester dans le flou… et elle comprenait sa frustration. Mais s'acharner dans le vide ne les aideraient pas à trouver plus réponses. Pourtant, Hermione préféra s'abstenir de toute commentaire et le regarda fulminer en silence. Elle le connaissait assez pour savoir quand il ne fallait pas insister. Aussi, elle se contenta de l'observer et déglutit davantage. Toujours torse nu et tremblant de rage, il rabattait constamment ses cheveux humides en arrière, agacé par ses boucles qui ne cessaient de goutter sur son visage. Le corps encore luisant, l'eau perlait sur sa peau d'albâtre tel un millier de petit diamant brillant à la seule lueur du lustre. Une image majestueuse et étrangement hypnotique, qui lui rappela le soir où il avait vainement tenté de la rejoindre dans le Lac Noir… un soir qui, comme celui-ci, resterait à jamais gravé dans sa mémoire.

- Permettez que je me retire ? Demanda-t-elle alors épuisée. Je… je doute vous être d'une grande aide dans mon état.

Mécontent, il la regarda se lever dans une grimace et soupira. Après les divers évènements de ce soir, il était évident qu'elle tombe de fatigue… aussi, il ne dit rien et serra les dents. Ils avaient besoin de repos. Mais allait-il le trouver ce soir, avec cette énigme en tête et leur délais ridiculement court ? Rien n'était moins sûr.

- Entendu. Grinça-t-il. Je t'attendrais demain matin à l'aube.

- Bien Maître.

- Oh et… Hermione ?

- Oui ?

- Bravo.

- Pourquoi ? Demanda-t-elle sans comprendre.

- Pour ce soir. Tu… tu as été épatante.

Touchée, Hermione ne sut que répondre. Elle avait reçu beaucoup de compliments et d'éloges ce soir, mais aucun d'eux ne l'avait autant ému qu'à cet instant. Simples et réservées, ses félicitations la transpercèrent en plein cœur et lui ôtèrent les mots de la bouche. Il n'avait pas besoin de longs discours et le savait. De toute, sa fierté était la plus grande. Une évidence que Voldemort ne chercha pas à cacher et qui rougit ses joues devant lui.

- Merci Maître. Dit-elle du bout des lèvres. Vraiment, je… merci pour tout.

C'était dit et cela suffit à ce qu'ils se comprennent. Aussi, ils n'eurent rien à ajouter. Agrippant sa robe à bout de bras, Hermione quitta la bibliothèque dans le sifflement léger et heureux de son serpent logé au creux de son cou. Un sifflement qui fit doucement sourire Voldemort et qu'il sentit résonner en lui jusqu'à très tard dans la nuit…


Hello ! Chapitre un peu plus court mais pas moins important pour la suite ;) que pensez-vous de cette nouvelle prophétie ? Et de cette nouvelle énigme ?