Lorsqu'ils arrivèrent sur place, le vent fouettait les visages, et soufflait dans les branches dénudées des arbres produisant un bruit lugubre. De gros nuages noirs s'amoncelaient au dessus de leurs têtes. La police avait fermé la zone aux badauds et aux journalistes, qui se pressaient en quête d'un scoop. Justement un grand brun les accosta.
« Eh ! Une déclaration M'sieur, Dame ? » Mac mit sa main sur l'objectif de la caméra. « Non, et dégager le passage.
- Allez, donnez nous quelque chose ! » Clara se faufila sous le scotch jaune, et au moment de passer devant le journaliste lança un « Charognard » parfaitement audible. « Vous n'aimez pas les journalistes ? demanda innocemment Stella.
- Ça dépend lesquels… Mais ce genre là. J'ai déjà eu affaire à eux, ce ne sont que des vautours en quêtes de sensations fortes.
- Ils ne font que leur boulot.
- Ouais. Vous changerez sans doute d'avis lorsque l'un d'entre eux réussira à passer la barrière de sécurité et viendra piétiner tous vos indices… Juste pour pouvoir étaler en première page la photo du cadavre.
- Vous parlez en connaissance de cause ?
- oh oui ! »
Le corps était là, en plein milieu du parc. Comme si son assassin voulu que l'on le remarque. C'était un jeune garçon, il ne devait pas avoir plus de 15 ans… Il avait été entièrement déshabillé, et disposé les bras en croix. Ses cheveux roux étaient coupés très ras. Il avait les yeux ouverts, et son visage indiquait une intense frayeur. Les trois agents se penchèrent pour l'examiner.
« Les marques autour de son cou indiquent qu'il aurait été étranglé. De même que ses lèvres, regardez… » Il désigna le contour des lèvres, qui avait bleui. « Cyanosées. Manque d'oxygène. » Mac se redressa et observa autour de lui, le parc était quasi désert en plein mois de janvier. Son regard se reporta sur le corps du garçon, et quelque chose attira son attention.
« Qu'est ce que… » A la base du cou, quelqu'un avait dessiné un petit 4 à l'envers, avec une double barre. « Qu'est ce que cela signifie ? »Ses deux collègues se penchèrent à leur tour. Clara plissa le front, et son regard se perdit dans le vague.
« Quoi ?
- J'ai l'impression… je connais ce signe. Mais je ne parviens pas à me souvenir. » Elle secoua la tête. « Désolée. »
A cet instant Flack arriva, emmitouflé dans son manteau. « Alors ? Demanda Mac.
- Ben on a rien, pas de papier évidement, pas de trace des vêtements…
- qui l'a retrouvé ? » Le détective se tourna vers un jogger d'une cinquantaine d'années, qui les joues rougies par le froid, racontait son histoire au policier. « C'est lui. Il faisait son jogging, quelle idée d'ailleurs par ce temps… Enfin. Donc il courrait lorsqu'il a aperçu le garçon. Il a d'abord cru que c'était un clochard, qui avait été surpris par le froid puis il s'est rendu compte que le garçon était nu.
- il l'a touché ?
- pris son pouls, je crois. Je vous l'amm… » Flack s'interrompit en apercevant Clara qui revenait de la voiture, les bras chargés de produits. Il se tourna vers Mac. « C'est votre nouvelle recrue ?
- C'est elle, confirma t il. » Le garçon se dirigea vers elle, semblant oublier sa discussion avec Mac. Flack, se planta devant la jeune femme et sourit de toutes ses dents« Bonjour, je suis le détective Flack.
- Bonjour. Clara Malinia. Enchantée de faire votre connaissance… Maintenant excusez moi mais je dois me dépêcher » Du doigt, elle désigna les nuages noir, lui adressa un petit sourire avant de filer. Le garçon acquiesça, subjugué. Mac lui secoua l'épaule. « Oh !oh ! Cela vous intéresse de savoir de quoi ce jeune homme est mort… où vous préférez attendre le rapport d'autopsie ?
- Non, non bien sûr. » A regret, il reporta son attention sur le cadavre. « Je vous écoute …
- Mort sans doute dans la nuit. Strangulation. Et ceci… » Stella lui montra le 4. Le détective fronça les sourcils. « C'est quoi ?
- aucune idée. On ferait mieux de s'activer, avant que la pluie ne vienne tout effacer. » Comme pour souligner ses dire, un grondement menaçant se fit entendre. « Au boulot ! »
Quand ils rentrèrent au labo, deux heures plus tard, l'orage avait éclaté et tous les trois étaient trempés. Des éclairs blancs zébraient le ciel. Stella secoua la tête, projetant autour d'elle, des gouttelettes d'eau que la lumière de l'orage fit scintiller, lui donnant un air surnaturel. Mac la regarda, bouche bée, soudain frappé par sa grâce et sa beauté, Tellement frappé qu'il en oubliait les règles élémentaires de politesse et la dévisageait sans retenue. Soudain, ses yeux rencontrèrent le regard émeraude. « Qu'y a-t-il ? demanda sa collègue, avec une moue inquiète. Pourquoi me regardez vous ainsi ? » Il rougit, comme un enfant pris en faute. « Oh euh rien… Vous vous occupez des empreintes ?
- Oui. Comme toujours.
- Clara, vous descendez avec moi, on va voir le légiste. »
Le corps du garçon était étendu sur la table d'autopsie. Le médecin s'activait au dessus, en marmonnant des paroles inintelligibles.
« Alors qu'est ce qu'on a ? » Le médecin sursauta. « Mac ! J'ai cru que ce cadavre me répondait.
- Ce pourrait être utile. Mais je doute que cela n'arrive un jour… Vous avez réussi à en tirer quelque chose ?
- Strangulation. Il est mort dans la nuit, je dirai vers 4/5 H00 du matin. Je suis en train de faire des analyses toxicologiques… Il a peut être été drogué.
- Violences sexuelles ? » Le légiste secoua la tête. « Il y a une chose qui m'a parue bizarre.
- Depuis quand bizarre est il un terme scientifique ? Plaisanta Clara.
-« Depuis que les meurtriers s'amusent à couper les cheveux de leur victime après les avoir étranglées.
- Ah oui. C'est « bizarre ».
- C'est tout ?
- C'est tout… pour l'instant. Je vous préviens dès que j'en sais plus sur les analyses »
Clara et mac remontèrent au laboratoire, rejoindre Stella. Elle essayait de retrouver l'identité de la victime grâce à ses empreintes digitales. A en juger par son regard, cela n'avait pas du être fructueux. En les entendant arriver, elle leva les yeux : « Quoi de neuf ?
- Mort par strangulation, entre 4 et 5H00 du matin. Pas de trace de lutte, où de violence sexuelle. Le seul détail : le meurtrier lui a coupé les cheveux après sa mort. Clara vous allez pouvoir faire les relevés d'empreintes sur le corps. Oh ! Vous m'écoutez ? » La jeune femme sursauta. « Excusez moi, je pensais à autre chose.
- C'est ce que je voix, railla t il. Peut on savoir à quoi ?
- C'est cette marque… Je suis sûre de l'avoir déjà vue. Mais je n'arrive pas à me souvenir d'où. Ni ce qu'elle signifiait.
- Ça va peut être vous revenir. En attendant vous n'avez qu'à aller l'analyser, Lindsay ira avec vous. Stella et moi allons étudier les empreintes relevées sur place… Enfin, celle qui n'ont pas été effacées par l'averse. »
Les deux filles passèrent des heures, penchées au dessus du corps traquant le moindre indice, jusque sur la plus petite parcelle de peau. Dans la tête de Clara, tout se mélangeait… ce 4 à l'envers… les cheveux rasés… le sourire de ce détective ce matin… bon dieu pourquoi pensait elle à lui ? « Très bien, ma fille, concentre toi tu vas faire n'importe quoi. » Comme pour confirmer ces dires sa main dérapa, heurtant la table. «Merde (en français » Lindsay releva la tête « Ça va ?
- Oui. Un faux mouvement. » Danny entra alors dans la pièce. « Woaw ! Deux jeunes filles pour lui tout seul… Ce gamin ne sait pas ce qu'il manque ! » Lindsay eut un regard navré pour son collègue. « Danny… cessez de prendre vos fantasmes pour la réalité ! Et ne m'y mêler pas par pitié ! » Le jeune scientifique eut un sourire malin, et sortit. Tombant nez à nez avec Mac et Stella qui descendaient aux nouvelles. « Danny. Qu'est ce que vous faites là ?
- Oh euh bien je cherchais Hawques en fait. Mais on dirait qu'il n'est pas là.
- on dirait bien en effet. » Mac regarda le garçon s'éloigner puis se tourna vers les filles. « Alors ?
- Le 4 a été tracé au charbon de bois.
- Et ?
- Et rien. Ce type est méticuleux, au possible. Pas une trace, pas une empreinte même partielle… Et vous ?
- On a une demi empreinte de chaussure. Ce serait du 42.
- Ben ça c'est génial… ce correspond à la moitié de la population de New-york !
- On a aussi le résultats de l'analyses toxicologiques : ce garçon n'a pas été drogué.
- On ne sait toujours pas qui c'est ? » Une voix les fit sursauter : Flack venait d'entrer dans la pièce. Il se joignit à la conversation.
« - Non. Il n'est fiché nulle part. Et aucun ado roux n'a été signalé disparu ces dernières heures. Soit on ne s'est pas encore rendu compte de sa disparition… soit
- On s'en moque complètement. Vous n'avez pas de témoins ? Un ado de 15 ans tout seul au beau milieu de la nuit, ça doit attirer l'attention non ?
- Pas à Manhattan. Et puis le parc était désert… » L'équipe se regarda sombrement, lorsque le téléphone du policier sonna. Clara retint un sourire, en reconnaissant la musique. « C'est le commissariat devina –t-elle. Il lui jeta un regard étonné. « Comment le savez vous ?
- La sonnerie. C'est la marche funèbre.
- En effet, sourit il. Don Flack n'avait pas l'habitude de se laisser déconcentrer lorsqu'il travaillait mais il ne pouvait pas détacher son regard des yeux gris clairs. Gênée, Clara baissa les yeux. Et Stella toussota. « Vous allez peut être répondre ? » Le jeune homme rougit, et décrocha en vitesse. « Flack…OK… J'arrive. » Il se retourna vers les 4 experts. « Je dois y aller, on a besoin de moi. Je vous préviens dès que j'en sais plus sur lui. »
